“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
Je suis l’homme le plus chanceux du monde. J’ai la chance de partager ma vie depuis maintenant presque dix ans avec la femme que j’aime. Et il y a huit ans elle m’a offert le plus beau des cadeaux qui puisse exister. Elle était enceinte. Alors oui je ne vais pas vous mentir, cette grossesse était un accident au début, elle n’était clairement pas voulue. Nous étions ensemble depuis seulement un an et demi. C’était tôt. Beaucoup trop tôt pour songer à fonder une famille à deux. Pourtant je savais que j’en avais envie, mais au final on ne se connaissait que depuis un an et demi et on nous demander de nous projeter dans l’avenir tous les deux. Avec un enfant. J’ai toujours voulu une famille. Mais je dois vous avouer que le jour où elle m’a appris sa grossesse, j’ai flippé. J’avais seulement vingt-deux ans et je me sentais pas prêt à avoir un enfant. Pas tout de suite. Je voulais attendre encore un peu. Alex était elle aussi terrifiée et même bien plus que moi. Je crois même qu’elle avait peur que je me barre et que je la laisse seule, enceinte. Penser ça de moi serait mal me connaître. Cet enfant nous l’avions fait à deux, alors j’étais prêt à assumer mes actes même si ça me faisait une peur bleue. Mais je savais que tous les deux on pouvait le faire, j’avais confiance en nous. Parce que cette femme, je l’ai aimé au premier regard. Qu’est-ce que c’est cucul comme phrase. Mais en même temps c’est la vérité. Je n’ai jamais été aussi heureux de ne pas être un bon conducteur. Parce que c’est comme ça qu’on s’est rencontrés. Je lui ai rentré dedans dans un parking. Et en croisant ses yeux, je me suis tout de suite dit que cette fille, je ne voulais pas la laissait passer. Alors j’ai eu le culot de l’appeler pour lui demander si elle acceptait de venir boire un verre avec moi. Je m’étais préparé psychologiquement à me prendre le râteau de ma vie. Parce que je ne pensais pas qu’une fille aussi belle qu’elle accepterait un rendez-vous avec moi. Mais pourtant elle a dit oui. Et à ce moment-là je me suis promis de ne pas tout faire foirer. Et voilà neuf ans plus tard, on en est là. On est mariés, parents de Nathan un petit garçon adorable hyperactif et plein de vie, et dans quatre mois nous serons parents pour la deuxième fois. Hier c’était l’échographie du cinquième mois et le médecin nous a confirmé que cette fois nous allions avoir une fille. Une petite fille. Mon Dieu. Je suis déjà fou amoureux d’elle rien qu’en y pensant. J’ai hâte de la voir pointer le petit bout de son nez. J’espère qu’elle aura les yeux de sa mère. Parce que c’est bien l’une des choses que j’aime le plus chez Alex. Je pourrais la regarder dans les yeux pendant des heures sans jamais m’en lasser. Encore une phrase cucul. Moi qui m’étais promis de ne jamais sortir de genre de chose. Mais il s’est avéré que je suis apparemment très romantique quand je suis amoureux et ça, je l’ai découvert au fil de ma relation avec Alex. Je suis prêt à tout pour la voir sourire et pour la rendre heureuse. Et je pense que j’ai plutôt bien réussi. On est bien tous les deux. Ça fait maintenant cinq ans qu’on est mariés. Il y a eu des bons tout comme des mauvais moments. On s’est disputés. Plus d’une fois. Tout n’est pas toujours tout rose, même quand on est fous amoureux l’un de l’autre. Mais pourtant on est toujours là, tous les deux. À tous mes amis qui m’ont dit que notre couple ne durait pas. À mes parents qui m’ont dit que notre histoire ne pouvait pas durer longtemps parce que nous sommes trop différents l’un de l’autre. Je suis content qu’on leur prouve le contraire. Parce qu’on est ensemble depuis neuf ans et demi. Neuf longues années qu’elle me supporte et que je la supporte. Et je l’aime toujours autant qu’au premier jour. Si ce n’est pas plus. Maintenant elle n’est plus seulement ma petite amie. C’est ma femme, et la mère de mon enfant. Enfin de mes enfants, mais le deuxième n’est pas encore né.
Depuis quelques semaines j’essaie de ne pas rentrer trop tard du travail tous les soirs. Maintenant qu’elle est de nouveau enceinte je suis aux petits soins avec elle et je fais tous pour qu’elle se fatigue le moins possible. Il est vingt-trois heures, le coup de feu est terminé il ne reste plus que quelques clients qui sont en train de terminer leur dessert. Mes collègues sont assez nombreux pour s’en sortir sans moi pour la fermeture. Et puis de toute façon je n’ai de compte à rendre à personne puisque je suis patron de mon restaurant alors si je veux partir plus tôt, je le fais. Je leur souhaite bon courage pour la fermeture et pour ce weekend, parce que je sais qu’ils travailleront samedi et dimanche. Mais pas moi. J’ai décidé de m’autoriser un weekend de repos pour profiter de ma femme et de mon fils. Et on en profitera certainement pour passer voir mes parents dans la journée de Dimanche parce qu’ils n’arrêtent pas de se plaindre en me disant qu’ils ne voient pas leur petit fils assez souvent. L’inconvénient de mon travail, c’est que les jours où je travaille je ne vois que très peu mon fils. Mais je m’arrange toujours pour le voir un minimum. Par exemple j’ai été le chercher à la sortie de l’école tout à l’heure, et je sais que vu l’heure quand je vais rentrer il sera certainement en train de dormir. Ce que me confirme le silence dans lequel est plongé notre maison quand j’arrive. Je pose mes clés sur la petite table prévue à cet effet, j’enlève mes chaussures. Après la journée que je viens de passer, je suis fatigué mais pourtant j’espère qu’Alex ne dort pas déjà, elle. Je ne l’ai quasiment pas vu de la journée. En montant je vois de la lumière dans notre chambre, donc elle est encore debout. Je lui souris. « Salut princesse. » Elle est assise sur le lit, l’ordinateur allumé très certainement en train d’écrire un article. Je referme la porte derrière moi pour éviter de faire trop de bruit et de réveiller Nathan. Huit ans. Il a déjà huit ans et c’est un petit garçon très malin qui sait ce qu’il veut et qui est prêt à tout pour l’obtenir. Ce trait de son caractère vient clairement de moi, il a hérédité de mon côté déterminé et perfectionniste. « Ça a été ta journée ? » Je lui demande, tout en m’installant à ses côtés sur le lit je regarde son écran d’ordinateur. « T’écris un article ? » Même si je suis loin d’être un passionné de sport, je lis chacun de ses articles. Parce que je suis fier d’elle, de ce qu’elle est devenue. Elle n’a pas toujours eu la vie facile et pourtant elle a réussi à s’en sortir. Elle est forte. C’est aussi pour ça que je l’aime.
“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
Il a plus de onze ans je posais mes valises à Brisbane, pour fuir ma vie, ma famille et pour tenter de me reconstruire loin de mon père et de son contrôle. Loin de ma mère et de sa dépression qui commençait à m'affecter beaucoup trop. J'arrivais à Brisbane, jeune et avide d'expérience, et j'en ai connu des expériences. J'en ai fais des conneries, et je pensais qu'à travers la fête, l'alcool, je pouvais trouver le bonheur. Mais au fond, je n'étais pas heureuse, beaucoup trop de doutes m'empêchaient d'être sereine et disponible pour le bonheur. J'étais ce genre de fille dans les soirées qui buvaient bien trop pour essayer d'être cool, pour essayer de s'amuser, mais au fond, j'avais peur. Peur de ne jamais être accepté, de ne jamais être aimé parce que je n'avais jamais connu ça. Le sentiment d'être aimé, protégé, de compté aux yeux d'un autre. Et j'étais, comme beaucoup de personnes de mon âge, totalement perdue. Alors si à l'époque, quelqu'un avait eu l'audace de me dire que je serais une femme heureuse, une femme mariée, une maman comblée avant mes trente ans je lui aurais sûrement ris au nez, voir même engueulais d'avoir osé se foutre de ma gueule ainsi. Parce que je n'avais rien d'une femme que l'on pouvait aimer, que l'on voulait comme femme, et pire comme mère pour ses futurs enfants. Et pourtant, je suis là, dans le lit conjugal, celui que je partage désormais avec un seul et même homme depuis presque dix ans, mon fils allongé à coté de moi, endormi depuis un petit moment maintenant. Parce que, oui, j'ai un fils. Huit ans qu'il est arrivé dans ma vie, huit ans qu'il a fait de moi une mère, huit ans qu'il me comble de sourire, d'amour et de fatigue. Et pourtant, notre histoire à tout deux n'avait pas très bien démarré. D'abord passé inaperçu, j'ai longtemps nié l'évidence, bien malgré moi. Mais un jour, c'est tombé comme un couperet, et j'étais enceinte de ce petit. Impossible de faire marche arrière, j'avais 21 ans, j'étais bien plus connu dans les soirées étudiants qu'à la fac ou je n'allais pas. Pas d'études, pas d'avenir. Un métier de barmaid pour agacer mon père et parce que je trouvais ça amusant, mais je n'étais pas prête à ça. J'ai même pensé partir pour ne pas avoir à assumer, parce que c'était trop. Juste trop. Trop de responsabilité, trop d'attentes, trop tôt. Et j'ai paniqué, comme beaucoup l'aurait fait dans mon cas non ? Et puis, Caleb a découvert, Caleb a comprit et malgré sa propre peur, il m'a soutenu, il m'a rassuré et il m'a aimé. Et dans ses yeux, j'ai vu qu'il croyait en nous, en moi. Il a su faire et dire exactement ce dont j'avais besoin, il me connaît tellement que parfois ça me fait peur de le voir anticiper mes besoins avant même que je me rende compte de ce dont je désire. Il sait qui je suis, il connaît mes faiblesses et il a réussi à me donner espoir, amour et courage. Et avec sa force, et sa douceur, nous avons pu surmonter le choc et accepter ce que la vie nous donnait. Et Nathan est entré dans notre vie, dans ma vie et maintenant je ne peux imaginer ma vie sans lui, sans eux. Ils me donnent une force incroyable, les yeux tournaient vers l'avenir que je veux passer avec eux. Je regarde la photo de notre mariage encadrée au mur, et je souris toute seule. Caleb, Nathan et moi. J'avais tout ce qu'il me fallait pour être heureuse. Mon mari, si parfait, si doux et ce fils que je chérie chaque jour, parce que je sais que trop bien ce que l'absence d'amour peut faire sur un enfant. Je l'entends qui tousse un peu, et je me tourne vers lui. Malade ce soir, je l'avais gardé vers moi, le temps qu'il s'endorme. Il dort toujours, et par précaution je passe une main sur son front. Je suis peut être un peu trop protectrice avec lui, sans doute, il a huit ans maintenant et je dois accepter qu'il ne soit plus mon petit bébé. Mais on ne me changera pas, je reste une angoissée de la vie et si Caleb arrive à me détendre et à me calmer, et si avec la maturité, je prends confiance, je reste une mère protectrice et inquiète pour lui. Je quitte le lit et je le porte pour l'emmener dans sa chambre, et je remarque à ce moment, qu'il n'est vraiment plus un petit bébé. Huit ans quand même et il dort alors autant dire qu'il ne m'aide pas. Je le pose dans son lit et après avoir déposé un baiser sur son front, je rejoins la chambre un peu essoufflée. Et je regarde l'heure, 22h48 et je repense à cet article que je n'ai toujours pas bouclé. Je m'installe dans notre lit, et c'est à ce moment que je la sens. Je peux dire ''la'' maintenant depuis hier. Et je sais que l'article va attendre encore quelques minutes, parce que je pose l'ordi et je pose une main sur mon ventre légèrement arrondi. Le sourire aux lèvres, je me détends. Je n'ai pas pu apprécier ma première grossesse, je n'ai pas pu découvrir les premières sensations de mouvements, ce premier lien qui se construit avec le bébé et je pense que je suis un peu trop à l’affût de tout les signes comme pour combler ce que je n'ai pas eu avec Nathan. Je reste quelques minutes ainsi, silencieuse et la sensation de mouvement s'arrête. Je récupère mon ordinateur, lutte quelques secondes pour trouver une position confortable et je me plonge dans mes notes. J'adore mon boulot, j'adore ce que je fais, j'aime la vie que je mène enfaîte. Oui, je peux dire sans soucis que je suis heureuse, parce que je sais que j'ai tout ce dont j'ai besoin et même plus que ce que j'aurais pu rêver. Je me suis émancipé de mon père, de ma famille, pour me construire ma propre famille. Je suis indépendante, fière de celle que je suis devenue avec Caleb. Je suis une femme, une mère, une bonne journaliste, et plus important je me sens aimée. J'entends la porte d'entrée qui s'ouvre et je relève la tête de mon ordi, attendant l'arrivée de mon chef cuisto préféré. Il passe la porte et je vois son sourire. Sourire que je lui retourne. Je vois aussi ses cernes et la fatigue sur son visage, je ne sais toujours pas comment il fait pour tenir chaque jour dans sa cuisine. Si lui est d'une patience extrême et d'un sang-froid à tout épreuve, c'est pas mon cas et je sais que je tiendrais pas vingt minutes dans une cuisine en plein couvre-feu. Je regarde l'heure, je sais qu'il rentre tôt pour moi, et pourtant, il est vraiment tard à l'horloge. Je ne l'ai pas vu aujourd'hui et comme à chaque fois que je le vois, je me sens heureuse. « Hey bel inconnu, je commençais à me sentir seule, j'ai failli appeler mon amant pour me tenir compagnie dans ce grand lit. » Je lui souris en me moquant un peu de lui, parce que je suis d'humeur taquine ce soir. J'aime l'embêter, me moquer de lui, plaisanter avec lui, c'est signe que l'on s’entend bien, que l'on se comprends aussi. Je l'embrasse quand il s'installe à mes cotés, tout en me demandant comment a été ma journée. « Moi ça a été. J'ai bien meilleur mine que toi. Dure soirée ? » La cuisine sa passion, son métier et je dois dire que je ne comprends pas comment j'ai pu garder ma ligne avec lui qui cuisinait tout les jours des dîners de gala pour deux. Quand il fallait tester une recette, il était capable de faire plusieurs fois le même plat pour juger quel serait le meilleur résultat. Et qui se retrouvait à goutter cinq, six fois le même plat ? Et bien c'était moi. Heureusement, le sport a sauvé ma ligne et je pense qu'il doit apprécier que je sois sportive même si pour le traîner avec moi c'est tout un moment de grand débat. Je le vois qu'il s’intéresse à ce que je fais, et je sais au fond qu'il s'en préoccupe uniquement pour moi, parce que lire les exploits d'un sportif dont il n'a jamais entendu parler, c'est pas son kiff. Et pourtant, il lis mes articles, parce qu'il est comme ça, altruiste, généreux et je pense amoureux aussi. « J'essaye mais y'a rien qui ressort de bien ce soir. Entre ton fils malade et ta fille qui commence à bouger, j'ai l'esprit un peu occupé. » Je sais qu'il va réagir à mes paroles. Si je suis une mère inquiète, lui c'est un papa-poule. « Tu m'as manqué. » Cette fois, je lui dis avec un vrai sérieux, et je viens me blottir contre lui. « Par contre tu sens la bouffe chéri. » Je rie un peu, mais il sent réellement la nourriture, heureusement que les nausées se sont enfin calmées. Je me sens si bien avec lui, c'est un bonheur que je souhaite à tout le monde.
“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
Moi-même en me mettant en couple avec Alex je pensais pas que l’on serait encore ensemble presque dix ans plus tard. Je ne dis pas que je n’ai pas tout de suite cru en nous, mais disons qu’au début je ne pensais pas au futur et je me disais que seul l’avenir nous dira tout ce que le futur nous réserve. Et quel futur ! Je suis marié à la plus belle femme du pays, voire même de la terre à mes yeux. Je suis père d’un petit garçon que j’aime par-dessus tout et pour qui je serais capable de tout. Nathan c’est une vraie pile électrique, nombreuses sont les fois où sa maitresse a demandé à nous rencontrer pour nous parler de son comportement en classe. Non pas qu’il soit méchant ou irrespectueux, mais simplement parce qu’il ne tient pas en place et qu’il éprouve ce besoin de constamment attirer l’attention sur lui. Il me ressemble sur beaucoup de points mais ça, il ne le tient clairement pas de moi. Moi à l’école j’étais ce petit garçon qui était incapable d’aligner deux mots correctement sans bégayer alors croyez-moi quand je vous dis que je me mettais en retrait et que je ne parlais presque pas pendant les heures de cours. Justement parce que je ne voulais pas attirer l’attention sur moi. Et lui c’est tout l’inverse. Dès son plus jeune âge quand il a commencé à parler je lui ai tout de suite appris à bien articuler. Je ne voulais pas qu’il ait le même problème que moi et j’avais envie qu’il sache parler normalement sans galérer par la suite comme moi. Il m’a fallu des années d’orthophoniste pour corriger ce défaut. Je ne voulais surtout pas que mon fils ait à subir ça. Alors il y a quelques mois quand Alex m’a annoncé qu’elle était de nouveau enceinte, je vous explique pas mon état. J’étais fou de joie. Cette fois c’est différent. Parce que ce deuxième enfant est voulu, on en a parlé il y a plusieurs mois et on a tous les deux pris la décision d’arrêter toute contraception. La première fois – même si je n’aime pas dire ça – sa grossesse est arrivée sans qu’on le veuille. C’était un accident. Aucun de nous deux n’était prêts à assumer une telle responsabilité. On avait peur alors on a pas profité de ces petits moments magiques que peut nous offrir une grossesse. Quand je la vois dans notre lit, je ne peux m’empêcher de lui sourire. « Hey bel inconnu, je commençais à me sentir seule, j'ai failli appeler mon amant pour me tenir compagnie dans ce grand lit. » Je prends un air choqué, m’arrêtant au pallier de la porte. « Ah merde. » Je grimace et puis je reprends. « Tu l’as déjà appelé ? Je peux repartir et vous laisser le lit si tu préfères être avec lui… » Heureusement que je lui fais complètement confiance. Je sais qu’elle n’a pas d’amant, si c’était le cas elle ne me dirait pas ça comme ça. Et puis on est comme ça nous, on rigole, on se taquine, on se fout l’un de l’autre. « Moi ça a été. J'ai bien meilleur mine que toi. Dure soirée ? » Maintenant installé à ses côtés, je me tourne pour la détailler du regard pendant un petit moment tout en restant muet. « Qu’est-ce qui te dit que t’as bonne mine ? » J’essaie de rester sérieux, mais c’est presque impossible. « Si ça te fait plaisir de penser ça. » Je hausse les épaules, mais je finis tout de même par rire un peu pour lui montrer que je ne suis effectivement absolument pas sérieux. Je ne l’ai pas vu de la journée alors j’ai besoin de l’emmerder un maximum ce soir. « Non plus sérieusement ouais c’était une longue soirée au boulot, il y avait beaucoup de monde. » Mais je ne me plains pas parce que je vis de ma passion et ça il y a peu de personnes qui peuvent s’en vanter. Alex peut également le dire parce que maintenant elle est journaliste sportive. Elle est payée pour parler de la chose qu’elle aime le plus au monde. Qui est d’ailleurs, la chose que j’aime moi le moins au monde. Le sport. J’y connais rien, ça m’énerve et ça ne m’intéresse absolument pas. Mais ce n’est pas pour autant que je ne la soutiens pas dans sa carrière. Je lis tous les articles qu’elle écrit, même si je ne comprends pas toujours tout et même si je ne sais pas toujours exactement de qui il parle. « J'essaye mais y'a rien qui ressort de bien ce soir. Entre ton fils malade et ta fille qui commence à bouger, j'ai l'esprit un peu occupé. » Quand elle me dit que Nathan est malade je m’apprête à lui demander pourquoi sans même la laisser finir sa phrase mais elle me dit par la suite que notre fille commence à bouger. Et là mon inquiétude s’envole l’espace d’un instant et je me mets à sourire bêtement. « Attends, elle bougeait tout à l’heure sérieux ? » Je m’approche d’elle pour poser une main sur son ventre. J’attends. Mais rien ne se passe, aucun mouvement à signaler. Avec la chance que j’ai elle va bouger à chaque fois que je suis au boulot. « Nathan est malade ? Il a quoi ? Il allait bien tout à l’heure pourtant. » Je la bombarde presque de questions mais je ne bouge pas pour autant ma main plaquée sur son ventre rond.
J’essaie de passer le moins de temps possible au restaurant depuis quelques années. J’aime mon métier, vraiment. Mais j’aime beaucoup plus ma femme et mes enfants. Je ne veux pas la laisser tout gérer à la maison alors j’ai dû apprendre à déléguer. Au début j’ai eu beaucoup de mal à le faire parce que je suis un contrôle freak qui veut pouvoir tout gérer tout le temps et en plus perfectionniste. Alors autant vous dire que j’ai dû faire du travail sur moi-même. Mais ma famille est devenue ma priorité numéro un. Ma femme vient se blottir dans mes bras, je la serre contre moi et dépose un doux baiser sur son front. « Tu m'as manqué. » Je lui souris à nouveau. Je suis tellement bien avec elle, je suis heureux et je me sens tellement chanceux qu’elle soit ma femme. Bientôt dix ans que je partage ma vie avec une seule et même femme et je n’ai jamais ressenti l’envie ni même le besoin d’aller voir ailleurs. Je ne peux clairement pas tout gâcher, j’aime beaucoup trop cette femme pour ça. « Tu m’as manqué aussi. » Pourtant ce n’est qu’une journée. Mais les jours où je travaille, je la vois si peu que j’ai l’impression qu’on a pas passé un moment à deux depuis beaucoup trop longtemps. « Je travaille pas ce weekend. Il faudrait qu’on aille voir mes parents Dimanche, ils arrêtent pas de râler parce qu’ils nous voient pas assez. » Je soupire. Je ne leur en veux pas parce qu’ils ont raison, on ne va pas les voir souvent, on est tellement occupés. Je les appelle presque une fois par semaine pour leur donner des nouvelles, je fais ce que je peux. Mais j’entends bien leurs remarques c’est pour ça que je préfère la prévenir qu’on ne va pas pouvoir passer un dimanche tranquille. « Par contre tu sens la bouffe chéri. » Sa remarque me pousse à rire. Je sais qu’elle a raison, j’ai passé la journée entière en cuisine. « Désolé. » Je dis, toujours en riant un peu. « Il faut que j’aille prendre une douche de toute façon. » Je l’embrasse avant de quitter le lit conjugal pour partir en direction de la salle de bain pour enlever cette odeur de nourriture, je peux tout à fait comprendre que ce n’est pas forcément hyper agréable pour elle. Il y a quelques semaines quand elle avait encore ces fameuses nausées il y avait tout un tas d’odeur qu’elle ne pouvait vraiment plus supporter. Heureusement que ce moment est terminé. Je la rejoins environ quinze minutes plus tard et je me laisse tomber sur le lit en soupirant doucement. « C’est mieux comme ça ? » Je lui demande en riant un peu.
“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
« Tu l’as déjà appelé ? Je peux repartir et vous laisser le lit si tu préfères être avec lui… » « Je le regarde grimacer et prendre un air faussement outré. « Hum, attends je réfléchis. » Et je fais semblant d'hésiter. Juste pour l'embêter un peu. Caleb c'est mon mari, mais il est tellement plus. C'est la personne avec laquelle je me sens la plus sereine, la plus posée, la plus rassurée et ça me permet de jouer avec lui. « Puisque tu es là, je vais me contenter de toi ce soir. » Je tapote le lit pour lui faire signe de me rejoindre, et je l'embrasse quand il s'installe à coté de moi. Il me questionne sur ma journée, et j'en profite pour lui faire remarquer qu'il a une petite mine ce soir, du moins qu'il a moins bonne mine que moi.« Qu’est-ce qui te dit que t’as bonne mine ? Si ça te fait plaisir de penser ça. » Je lui tapote l'épaule gentiment en guise de réponse. « Non plus sérieusement ouais c’était une longue soirée au boulot, il y avait beaucoup de monde. » C'est à mon tour de prendre un air sérieux, sauf que je sais bien mieux le tenir que lui. « J'avais un programme alléchant pour toi, mais vu que j'ai mauvaise mine, et que tu es fatigué, je vais aller me coucher tant pis pour toi. » Et je regarde, avant de lui sourire légèrement. On se connaît mutuellement, on a grandit ensemble. On est bien ensemble, notre couple est fort et c'est ce qui nous permet de pouvoir nous charrier, nous taquiner sans crainte, sans risque.
Il me questionne sur mon article, voyant l'ordi ouvert à coté de moi, mais je n'ai pas grand chose à lui dire sur cet article qui n'avance pas, alors je lui parle de ses enfants, enfin de son fils et de sa futur fille. Et je le vois réagir rapidement. Un sourire béat sur le visage, il s'approche de moi et prends d'assaut mon ventre. « Oui, oui tu sais c'est normal. Et puis je ne me permettrais pas de plaisanter avec ça, quoique je sais que tu pourrais être vexé de savoir qu'elle ne veut pas se manifester quand tu es là. Et cette idée me plaît plutôt bien. » Il laisse sa main sur mon ventre attendant désespérément un petit geste, qui ne vient pas. Et cette situation m'amuse, parce que je sais qu'il est frustré de passer à coté de ça, à coté de pas mal de choses à cause de son boulot. Et si je devrais éviter d'alimenter sa frustration, je fais tout l'inverse, parce que j'aime le voir être au petit soin quand il se met à culpabiliser de rater des choses. Méthode tellement mesquine, mais je l'assume totalement. Sa main sur mon ventre, une légère déception de ne pas avoir pu réellement vivre ce moment, il se remet en mode papa-poule que je connais, et il me questionne sur son fils. Et, il me prouve encore qu'il est réellement investi dans son rôle de père. Et, si je pensais avoir trouvé le petit-ami parfait à l'époque, j'ai enfaîte compris que j'avais trouvé l'homme parfait. Carrière exemplaire, mari exemplaire, père exemplaire. S'en est même parfois frustrant tant il dégage une perfection à tout niveau et j'ai l'impression de cumuler tout les défauts que lui n'a pas. Autant dire que j'en ai un paquet ! « Il avait un peu de fièvre, il toussait, il était pas en grande forme ce soir. Mais il s'est endormi prêt de moi sans soucis. Par contre, il a rien voulu manger. Et je t'interdis de me dire encore que c'est plutôt signe de bonne santé de sa part de refuser de manger ce que je cuisine. » C'est sur qu'entre la cuisine Française spécialité de son père chef cuisinier, et une cuisine plutôt Italienne à base de pâtes de sa mère, le petit a développé un goût du luxe que j'ai bien du mal à satisfaire en l'absence de Caleb. Déjà qu'il s'estime heureux ce petit, je lui épargne la nourriture British et je fais des efforts mais Caleb a donné à notre fils des habitudes culinaires que je ne peux satisfaire, et le petit ne se fait pas prier pour me le signifier. Sacré caractère ce petit, je crois qu'il tient ça de moi, alors je dois bien assumer un peu.
Je me blottis contre Caleb, après l'avoir bien charrié, j'ai besoin de le sentir prêt de moi. Je pose ma main contre lui, sa main toujours sur mon ventre, et je profite de ce moment. Ces petits moments à deux, ces moments de complicité, simples, en silence, juste son corps contre le mien, juste lui et moi. Je sens son cœur battre, j'entends sa respiration, et je profite de la sérénité de cet instant. Je sais que j'ai tellement besoin de lui dans ma vie, c'en est même presque flippant tant je serais perdue sans lui.« Je travaille pas ce weekend. Il faudrait qu’on aille voir mes parents Dimanche, ils arrêtent pas de râler parce qu’ils nous voient pas assez. » Blottie dans les bras de Caleb, profitant de ce moment, je l'entends m'annoncer le programme pour le week-end, non sans pouvoir retenir une légère remarque, sans once de méchanceté juste une constatation. « Donc dimanche à Warwick, je note. Mais tu sais qu’ils peuvent venir eux aussi non ? » Ses parents, histoire banale d’une famille normale. Une belle-mère d'une gentillesse extrême et toujours souriante, un beau-père plutôt silencieux mais présent, un couple amoureux et fier de leur fils, seul garçon de la famille. Un couple qui m'a vu débarqué dans la vie de Caleb et qui n'a jamais été méchant envers moi. Je devrais les remercier de m'avoir accueilli avec aussi peu de réticences, mais je sais que s'ils n'ont pas évoqué leurs doutes à mon sujet, c'est avant tout parce qu'ils ne croyaient pas en notre histoire et qu'ils s'attendaient à me voir sortir de la vie de leur fils aussi vite que j'y étais entré. En même temps qui y croyait ? Personne. En tout cas, tout son entourage s'attendait à nous voir rompre à tout moment lors de nos premiers mois ensemble. Lui c’était le jeune étudiant sage, déterminé à réussir, exigeant, issu d'un milieu très modeste qui devait bosser pour s'en sortir. Moi, j’étais la dévergondée, fêtarde qui n’avais aucun avenir. Je buvais, je fumais, je sortais. Et puis j’étais riche, enfin ma famille était riche et je sais que pour eux, je n’avais jamais eu à cravacher pour réussir. Je ne connaissais pas la valeur du travail et de la vraie vie et pour une famille de paysans, le travail c'est quelque chose d'important. Et ça se voit avec Caleb et toute la détermination qu'il a mit pour réussir dans la vie. Je comprends vraiment leur vision des choses, j'ai vu la détermination de leur fils pour réussir, pour réaliser ses rêves et je sais qu'il tient ça d'eux. Mais je sais aussi, que quand je suis arrivée dans la vie de Caleb, certaines personnes ont pu se dire que je risquais d’entraîner le bon et sage Caleb du côté de la force obscure. Moi, la fille à la gueule de bois, fumeuse et barmaid à ses heures perdues pour s'amuser. Je n'avais pas le profil de la belle-fille idéale. Loin de là. Mais, ils s'attendaient tellement pas à me voir rester dans le paysage que j'ai jamais réellement eu du problème avec eux. Un mal pour un bien au final. Et puis, pour leur grand malheur 'bon j'exagère peut être le trait avec grand malheur', j’ai épousé leur fils, et nous leur avons montré que notre histoire n'était ni vouée à l'échec, ni improbable. Je sais que je ne suis pas une belle-fille parfaite, je n'étais pas une fille parfaite déjà alors en soit ça reste logique ! J'ai eu une relation compliquée avec mes parents toute ma vie, alors difficile de construire une relation stable avec des beaux-parents après ça non ? Mais j'ai réussi à me faire accepter dans ce clan Anderson, à leur montrer que je pouvais être quelqu'un de bien avec Caleb. Et, je pense pouvoir dire que je rends heureux leur fils, du moins j'essaye. Et désormais, notre couple est solide et ce que nous avons construis, Caleb et moi, plus personne ne peut le remettre en question. Et j’avoue que c'est un peu une fierté aussi pour moi de leur avoir montré qu'ils avaient eu tord de ne pas faire confiance à leur fils et à son jugement. Ils lui ont appris à être un homme bon, à voir au delà des apparences, et je leur dois ça. Leur fils est quelqu'un de bien et c'est eux qui l'ont élevé. J'aurais aimé qu'ils soutiennent peut être un peu plus notre relation au début, j'aurais aimé qu'ils nous prennent au sérieux, mais je ne peux pas les blâmer, après tout, est-ce que Caleb et moi, on prenait tout ça réellement au sérieux aussi ? A 19/20 ans, peut-on prendre les choses avec sérieux ? Et puis, il a eu l'annonce qui a changé ma vie, celle de Caleb et aussi un peu la leur. J'étais enceinte de leur fils et je n'avais pas l'intention de partir. Nous allions être parents tout les deux ensemble, et pour ceux qui avaient cru au caractère éphémère de notre relation, cette annonce avait mit un sacré coup dans leur théorie de rupture imminente. Et ils ont comprit que je ferais partie du paysage pour un bout de temps et qu'il était peut être temps pour tous, de nous prendre au sérieux et d'accepter ce couple improbable que nous faisions à l'époque. Je crois qu'à partir de ce moment, ils m'ont intégré à leur famille. Est-ce parce que je devenais réellement la petite-amie de leur fils, ou la mère de leur futur petit-enfant et qu'il fallait peut être mieux pour eux que désormais, je reste dans les parages ? En tout cas, sa famille a finit par se faire à cette idée, Caleb m'avait choisi, c'était moi, avec mes défauts. Et même si l'annonce de la grossesse n'a pas été simple, ni pour eux, ni pour nous. Depuis la naissance de Nathan, je suis bien obligée de reconnaître qu'ils ont toujours été là et qu'ils font de super grands-parents. Et Nathan les adore. Il n'a qu'eux comme grands-parents et je suis reconnaissante de les savoir présents et investis, sans être étouffants. Mais un dimanche en compagnie de belle-maman et beau-papa alors que nos dimanches à trois sont rares avec le restaurant et mon boulot qui peut m'emmener à suivre des événements sportifs c’est un peu frustrant. Mais je m’en accommode. Ma relation avec eux est désormais bonne et je sais que ça compte beaucoup pour Caleb. Alors j’irais avec lui dimanche, passer cette fameuse journée à table, à manger beaucoup trop et à parler de Caleb, de son restaurant. A parler de Nathan, de sa ressemblance avec son père tout en écoutant les conseils parentaux de belles mamans qui a élevé quatre enfants parfaits. Attention, je n’ai aucune rancœur ou sentiment négatif envers eux. J’apprécie leur présence et ce qu'ils font pour Nathan. Mais au fond de moi, je crois que voir cette famille heureuse, soudée et unie, me rappelle toujours à quel point la mienne est éclatée et c'est sans doute un peu pour ça aussi que malgré les 'presque' dix années passées avec eux, je reste toujours dans une certaine retenue avec eux. J'ai ce moment de mélancolie, devenu rare avec le temps mais toujours ancré en moi, en repensant à ma famille. Je suis devenue mère mais je n'ai jamais fais le deuil de la relation avec ma propre mère. Je lui fais une petite remarque sur l'odeur de nourriture qui s'est imprégnée en lui avec la longue journée de travail, un sourire qui accompagne cette remarque. Un moyen de changer de sujet pour qu'il ne ressente pas cette légère mélancolie qui me gagne doucement. Et il file sous la douche me laissant seule sur le lit. J'en profite pour ranger mon ordi, passer voir mon fils et préparer le sac pour le week-end. Je cherche à m'occuper l'esprit pour oublier que je n'ai pas eu de nouvelles de ma mère depuis plusieurs mois et qu'elle ne sait donc pas que j'attends à mon tour une petite-fille. Je m'installe dans le lit attendant le retour de Caleb. Et, je l'entends qui sort de la salle de bain, les cheveux encore mouillés. « C’est mieux comme ça ? » Me dit-il en riant. Je lui fais signe de me rejoindre dans le lit. « J'aimerais bien qu'on amène Nathan en Angleterre cet été pour qu'il puisse voir mes parents, une fois. » Je ne sais même pas si d'ici là je serais encore autorisé à prendre l'avion, mais je lance cette idée comme ça, parce que je porte ça en moi depuis trop longtemps. Caleb le sait, Caleb sait tout de moi et même si c'est un sujet que l'on n'aborde plus, construire ma propre famille n'a pas permis de guérir toutes les blessures liées à mon passé. « Demain, je m'arrange pour tout boucler et être libre à treize heures que l'on passe la journée ensemble et tu préviens tes parents que l'on arrive demain en fin de journée, ça devrait faire plaisir à ta mère et puis faut lui annoncer que c'est une fille. » Je m'allonge sur le lit, la tête contre lui, les yeux fixant le plafond. Je tiens sa main et je joue avec sa bague. « Tu pensais qu'on y arriverait ? Toi et moi mariés, avec un fils parfait et une fille à venir ? »
“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
Rentrer pour pouvoir profiter un peu de ma famille, c’est toujours la chose que j’attends le plus quand je passe une longue journée au boulot. Et encore plus depuis que ma femme est maintenant enceinte de notre deuxième enfant. Vous devez certainement vous dire qu’on a mis du temps avant d’en faire un deuxième et c’est plutôt pas faux. On a été assez long. Mais j’avais l’impression que ce n’était clairement pas le bon moment pour grandir notre famille avant. Entre moi qui passais des heures et des heures à travailler dure au restaurant pour qu’il commence à avoir sa petite réputation, et Alex qui commençait tout juste son travail de journaliste sportif. J’ai dû mettre le peu d’économies que j’avais dans mon restaurant, j’avais l’impression d’être incapable de subvenir aux besoins de ma famille. Parce qu’il faut savoir que de base, je ne roule pas sur l’or. Je viens d’une famille aux revenus modestes, j’ai dû travailler dur pour arriver là où j’en suis. Je n’ai pas tout de suite pu me verser un salaire grâce au restaurant. J’avais d’abord des employés à payer et encore des tas de choses à mettre en ordre. Il a fallu attendre que le chiffre d’affaire du restaurant décolle bien pour qu’il commence réellement à être rentable. Et maintenant financièrement on s’en sort plutôt pas mal, on peut même dire qu’on s’en sort très bien. Alors je suis plutôt fier du chemin que nous avons tous les deux parcourus. Quand j’avais des périodes de remises en question, quand je n’étais pas sûr de pouvoir réussir à atteindre les objectifs que je m’étais fixés, elle était là pour moi. Elle me soutenait, elle m’épaulait et elle était la seule à me montrer que je pouvais y arriver. Je lui dois beaucoup j’ai beaucoup de chance qu’elle ait acceptée de devenir ma femme. Elle est parfaite. Je sais que beaucoup ne seraient pas d’accords avec moi, mais ses défauts ne me dérangent pas je l’aime comme elle est et pour rien au monde je ne changerais quoique ce soit chez elle. « Hum, attends je réfléchis. Puisque tu es là, je vais me contenter de toi ce soir. » Je souris à sa réponse tout en m’installant à ses côtés dans le lit, lui rendant par la suite son baiser. « Promis, j’essaierai d’être à sa hauteur. » Être à la hauteur de son fameux amant imaginaire, bah oui voyons. Elle enchaîne en me faisant remarquer que j’avais l’air fatigué, en soit elle n’a clairement pas tort. Je suis super fatigué mais je ne compte clairement pas dormir pour de suite, j’ai bien envie de profiter un peu d’elle et de la soirée. Enfin, de la nuit parce qu’en fait il est déjà quasiment minuit. Les journées passent si vites quand je travaille, elles passent même beaucoup trop vite. Je n’ai quasiment pas pu voir mon fils de la journée. Les inconvénients d’être cuisinier. « J'avais un programme alléchant pour toi, mais vu que j'ai mauvaise mine, et que tu es fatigué, je vais aller me coucher tant pis pour toi. » Oh. Un programme pour alléchant pour moi ? Intéressant. Je me redresse et puis je la regarde l’air de rien. « Qui a dit que j’étais fatigué ? C’est pas vrai je suis en pleine forme moi. » Vrai et faux en même temps. Je suis fatigué oui mais je suis pas non plus au bout de ma vie, mon sommeil peut facilement être repoussé. « Oh et, je t’ai pas encore dit à quel point tu es magnifique ce soir Madame Anderson ? La grossesse te réussie bien, tu es radieuse. » J’en rajoute, je tente de me rattraper comme je le peux. Non parce que si elle avait vraiment un tout autre programme pour moi, j’ai clairement envie de savoir ce qu’elle avait derrière la tête…
À force de passer autant de temps au restaurant et donc loin d’Alex j’ai l’impression de louper plein d’étapes importantes dans sa grossesse. Comme par exemple, elle vient de m’annoncer que notre fille commençait à bouger. Et je n’ai toujours pas eu l’occasion de la sentir. Je pose ma main sur son ventre, et j’attends. « Oui, oui tu sais c'est normal. Et puis je ne me permettrais pas de plaisanter avec ça, quoique je sais que tu pourrais être vexé de savoir qu'elle ne veut pas se manifester quand tu es là. Et cette idée me plaît plutôt bien. » Ma main ne bouge pas, restant sur son ventre attendant désespérément le moindre petit geste, même un mouvement ne serait-ce que minime, je l’attends mais il ne vient pas. Ça me frustre, et rien que pour ça j’ai l’impression d’être un mauvais mari et même un mauvais père pour cette mini-Alex qui va voir le jour dans quatre mois. « D’accord, elle se fait déjà désirer et elle a clairement pas envie de bouger quand je suis là. » Je continue à faire passer ça sur le ton de la rigolade mais en soit ça me déçoit et me frustre vraiment de ne pas pouvoir être tout le temps là. Si je m’écoutais j’arrêterais de travailler pour passer tout mon temps avec elle et pour pouvoir être là à chaque étape importante de la grossesse. En tout s’il y a bien une chose que je ne loupe pas c’est les échographies. Je me débrouille toujours pour me libérer et pour pouvoir l’y accompagner. Parce que je trouve ça tellement important. Et aussi parce que bien sûr ça me fait vraiment plaisir. C’est le premier contact que nous les pères on a avec notre enfant. Les femmes portent le bébé pendant neuf mois elles. Et même si la première grossesse a été plus compliquée pour nous, même si elle n’était pas forcément désirée, je n’ai jamais loupé une échographie non plus. Et je me souviendrais toujours de la première fois que j’ai entendu son cœur battre. C’est surtout là qu’on a réalisé ce qui allait se passer : nous allions devenir parents. Une responsabilité que ni elle ni moi n’étions prêts à assumer mais pourtant, on a pas eu le choix. Nathan est très vite arrivé. C’était vraiment difficile au début, on avait tous les deux pas franchement confiance en nos capacités respectives à être de bons parents. Quand il est né je n’avais que vingt-deux ans, et Alex vingt et un. Je venais à peine de finir mes études, je commençais tout juste à travailler, j’avais plein de rêves et d’ambitions pour mon avenir dans la cuisine. Et j’ai même cru que je n’allais jamais m’en sortir et pourtant j’ai tout réussi : je suis patron et chef cuisinier de mon propre restaurant, je suis marié à la femme que j’aime qui est la mère de mes enfants, un petit garçon adorable bien qu’il ait déjà son petit caractère, et une petite fille qui s’ajoutera au tableau dans quelques mois. Je suis heureux et j’ai réussi. Je suis fier de nous, fier de ce qu’on a bâti elle et moi. Tout n’a pas été tout rose tout le temps mais on s’est battus pour obtenir ce qu’on voulait. Et d’ailleurs en parlant de Nathan, Alex me dit qu’il était malade ce soir ce qui m’étonne puisqu’il semblait aller bien quand j’ai été le chercher à la sortie de l’école un peu plus tôt dans la journée. « Il avait un peu de fièvre, il toussait, il était pas en grande forme ce soir. Mais il s'est endormi prêt de moi sans soucis. Par contre, il a rien voulu manger. Et je t'interdis de me dire encore que c'est plutôt signe de bonne santé de sa part de refuser de manger ce que je cuisine. » Parlons-en de la cuisine d’Alex. Ce n’est franchement pas catastrophique, vraiment. Je connais des personnes qui cuisinent bien plus mal qu’elle. Mais disons qu’elle n’est pas non plus très franchement douée. Ce qui me fait toujours bien rire et je ne me gêne pas de la taquiner sans arrêt à ce sujet. « Peut-être qu’il a fait semblant pour pas être obligé à manger un énième plat de pâtes préparé avec amour par sa mère ? Et franchement je le comprends… » Encore une fois, je la taquine. Elles sont très bonnes ses pâtes. Enfin c’est des pâtes quoi. Je sais pas s’il réalise qu’il a de la chance, elle pourrait l’obliger à manger de la gelée et à boire du thé tous les jours à 16h mais elle ne le fait pas. Ah, ces stéréotypes sont des British, non sérieusement moi je ne m’en lasse pas, même au bout de presque dix ans de relation.
L’idée de me dire que nous allons passer un weekend tranquille en famille me réjouit. Parce que ça n’arrive pas si souvent que ça. Entre mon travail et celui d’Alex nous sommes tous les deux très occupés. Mais je pense qu’après la naissance du bébé il va falloir qu’on lève tous les deux le pied pour pouvoir être bien plus présents que d’habitude à la maison. Nathan commence à être grand, il a huit ans et il n’arrête déjà pas de nous parler de sa future petite sœur et de toutes les bêtises qu’il a envie de lui apprendre. Il a tellement hâte d’être grand frère. Il me fait penser à moi quand j’ai appris la naissance de Primrose. J’étais tellement heureux d’avoir une petite sœur sur qui j’allais pouvoir veiller. « Donc dimanche à Warwick, je note. Mais tu sais qu’ils peuvent venir eux aussi non ? » Je hoche la tête. Elle a raison, c’est clairement plus souvent nous qui allons chez eux que l’inverse. Je mets ça sur le compte de leur âge ce qui est en soit assez ridicule parce qu’ils ne sont pas si vieux que ça en soit. Mon père n’a que cinquante-cinq ans donc en fait ils sont tous les deux loin d’être si vieux. Je sais qu’entre mes parents et Alex ça n’a pas été très facile au début. Pas que mes parents lui ont mené la vie dure, non pas du tout. Mais ils n’ont fait aucun effort pour l’aider à se sentir à sa place dans la famille. Ils disaient qu’elle et moi ce n’était pas une histoire qui était faite pour durer. Ils restaient agréables et très gentils avec elle à chaque fois qu’ils la voyaient, mais ils ne voulaient pas qu’elle soit bien intégrée à la famille. Jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte, là ils ont compris qu’au final on allait peut-être rester ensemble pendant un petit moment. Et la preuve, presque dix ans plus tard elle est toujours dans ma vie. Et je compte bien ne jamais la laisser partir, je l’aime beaucoup trop, je me suis habitué à sa présence quotidienne à mes côtés. « Oui oui je sais… la prochaine fois c’est eux qui viendront. Et surtout, la prochaine fois que j’ai un weekend de libre on en profite pour rester avec Nathan. On pourrait l’emmener dans un parc d’attraction ou un truc dans le genre non ? » À voir si à ce moment-là elle se sentira à rester capable de marcher toute une journée. Parce qu’une grossesse je sais que c’est fatiguant je l’avais bien vu lors de sa première. Surtout vers la fin, elle était tout le temps fatiguée. Et honnêtement quand je la voyais comme ça j’étais vraiment content d’être un mec et donc de ne pas avoir à porter cet enfant. Parce qu’on a beau dire tout ce qu’on veut, mais les femmes elles ont beaucoup de mérite. Juste après cette conversation je quitte la chambre quelques minutes pour me doucher et je franchis à peine le pallier de la porte qu’Alex me fait signe de la rejoindre dans le lit. Je referme la porte derrière moi et je la rejoins dans le lit lâchant un léger soupir de satisfaction. Etre allongé, après une longue et dure journée, ça fait vraiment du bien. « J'aimerais bien qu'on amène Nathan en Angleterre cet été pour qu'il puisse voir mes parents, une fois. » Son idée m’étonne énormément. C’est la première fois depuis des mois qu’elle me parle de ses parents. En fait c’est un sujet de conversation qu’on évoque à peine tous les deux. J’ai déjà rencontré ses parents et ça m’a permis de mieux comprendre toutes ces histoires qu’elle m’a racontées. Son père est une personne odieuse et je suis bien content qu’il soit loin de nous. Surtout loin d’elle, loin de notre fils et de notre future fille. Je prends sa main et j’entrelace nos doigts. « T’es sûre que tu veux que Nathan rencontre ton père ? » Cette décision lui appartient, mais je veux qu’elle y réfléchisse bien avant de prendre une décision définitive. « Et est-ce que tu crois vraiment que ton père a envie de rencontrer son petit-fils ? » Honnêtement du peu que je connais le monsieur, j’aurais carrément tendance à dire qu’il n’en a rien à foutre. Ce qui est vachement triste. On parle de rencontrer son petit-fils et je ne suis pas sûr que ça soit quelque chose qu’il attend ni même qu’il désire. Si on peut épargner ça à notre fils, moi ça ne me dérange pas au contraire. « Demain, je m'arrange pour tout boucler et être libre à treize heures que l'on passe la journée ensemble et tu préviens tes parents que l'on arrive demain en fin de journée, ça devrait faire plaisir à ta mère et puis faut lui annoncer que c'est une fille. » Elle s’allonge puis se blottit dans mes bras, je la serre un peu plus contre moi. « D’ailleurs il va falloir qu’on commence à réfléchir pour lui trouver un prénom à notre fille. » Je souris doucement. J’ai tellement hâte de la voir en vrai, je suis sûre qu’elle va être magnifique et je suis déjà amoureux d’elle. Je l’aime déjà inconditionnellement alors qu’elle n’est même pas encore née alors c’est pour vous dire. « Tu pensais qu'on y arriverait ? Toi et moi mariés, avec un fils parfait et une fille à venir ? » Pour beaucoup notre couple était voué à l’échec alors le fait qu’on soit encore mariés, heureux et fou amoureux dix ans après c’est comme un certaine satisfaction. « Honnêtement ? » Je la regarde, et je continue. « Je savais vraiment pas où ça allait mener toi et moi. Pourtant je savais que je t’aimais et ça, personne ne pouvait m’en faire douter. Quand j’ai compris que t’étais enceinte et que tu m’as confirmé que tu l’étais vraiment, crois-moi quand je te dis que j’ai vraiment flippé. On était pas ensemble depuis si longtemps, on était trop jeunes. Je croyais en nous mais ça n’empêche que je ne savais vraiment pas où on en serait huit ans après…» Donc en fait, non je ne pensais pas vraiment qu’on y arriverait elle et moi. Ou du moins j’en étais pas sûr à 100%. Mais une chose était claire pour moi : je l’aimais.
“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
Il vient de rentrer et à peine m'a t-il rejoins dans la chambre qu'un petit jeu se met en place entre nous. On pourrait se contenter de se raconter nos journées respectives, ou même juste de s'allonger l'un avec l'autre, vu l'heure ce serait une chose logique et évidente. Mais, ce n'est pas nous ça. On s'est connu la vingtaine à peine passée pour lui et pas encore atteinte pour moi. On a grandit ensemble et si la lassitude ou l'habitude aurait pu modifier notre couple, je mets un point d'honneur à rester la chieuse, sa chieuse. Et à garder entre nous, ce lien si spécial. Il me fait rire, il me rassure et moi je l'embête, c'est ce que je sais faire de mieux. L'embêter et l'aimer. Je sais le faire réagir, j'ai toujours su comment provoquer une réaction chez lui. Et ce soir, alors que je vois sa fatigue, je ne peux m'empêcher de m'amuser avec lui, de le taquiner et il court dans mon jeu avec un peu trop d'enthousiasme. « Regarde ça, espèce de beau parleur. Obligé de faire du chantage pour obtenir un compliment de la part de son mari. C'est moche de mentir pour arriver à ses fins Monsieur Anderson. » Quelques secondes plus tôt il me disait que j'avais une mauvaise mine et cette fois, il vantait les effets de la grossesse sur moi, juste parce qu'il était intéressé par le potentiel programme que je lui avais réservé. « Puisque tu n'es pas fatigué, il y a encore le nouveau dressing à monter. » Et je rigole, parce que je sais que ce n'était clairement pas le programme qu'il attendait que je lui annonce.
Après ce petit moment de taquinerie entre mari et femme, je redeviens un peu plus adulte, et je lui parle de ma journée, et de ses enfants. Et notamment de sa fille qui se manifeste de plus en plus. Je vois la façon dont il me regarde quand je lui annonce cela, son enthousiasme, sa fierté. Il pose délicatement une main sur mon ventre et il attends. Longtemps. Mais rien. Et si je me moque de lui en premier lieu, je finis par me sentir triste pour lui quand je décèle sa déception. « D’accord, elle se fait déjà désirer et elle a clairement pas envie de bouger quand je suis là. » Je sais qu'il se culpabilise ne rater ça, et je voudrais le rassurer. « Tu sais que tu es un papa formidable. » Je le pense sincèrement, j'ai une chance énorme de l'avoir dans ma vie, et eux, ont une chance énorme de l'avoir comme père. Il est tellement à fond, impliqué dans ma grossesse. Je pense même qu'il connaît mieux la date de mes prochains rendez-vous que moi. Ma première grossesse, il s'est investi même quand moi je n'en étais pas capable, le temps d'accepter la réalité de la chose. Il a été là, présent à chaque moment malgré ses peurs, malgré ses doutes. Il aurait pu partir, il aurait pu me laisser et vivre sa vie. Mais il s'est accroché à moi et il s'est transformé en futur papa exemplaire. Et si à l'époque, les émotions étaient mitigées, entre la peur, la crainte, l'angoisse, l'appréhension mais aussi l'excitation de réaliser qu'il allait arriver et changer nos vies. Cette fois, c'était beaucoup plus simple pour lui comme pour moi. Même si certaines angoisses inhérentes à chaque grossesse, continuaient de venir me faire douter par moment, cette fois, nous étions prêt à vivre cette aventure. Prêt à accueillir cette petite fille, tout les trois.
Il me parle du programme du week-end, de ses parents, et du fait qu'ils ne nous voient pas assez. Et visiblement, nous n'avons pas la même vision du « pas assez ». Ils sont proches les uns des autres, ils ont vécu avec des valeurs familiales fortes et je sais aussi que c'est pour ça que Caleb est aussi prévenant, et bienveillant avec nous. Ils forment une famille soudée et je ne pourrais jamais interférer entre eux ou priver Caleb de ses parents ou Nathan de ses grands-parents. Mais cette belle famille soudée et forte, me pousse à me rappeler comme la mienne est tout l'opposée. Mais pourtant, j'ai pas encore totalement tournée la page définitivement d'une possible relation avec mes parents. « T’es sûre que tu veux que Nathan rencontre ton père ? Et est-ce que tu crois vraiment que ton père a envie de rencontrer son petit-fils ? » Bon d'accord, il marque un point là Caleb. Mon père, j'ai choisi de fuir Londres, pour le fuir. Cet homme qui après avoir apprit ma grossesse à vingt-un ans, m'a coupé les vivres avant de me poser un ultimatum ; revenir à Londres élever Nathan dans notre cellule familiale dysfonctionnelle (pour reprendre le contrôle sur ma vie et la sienne) ou rester à Brisbane mais me débrouiller seule pour survivre. Et Caleb avait raison, encore une fois. « De toute façon cet été, je ne pourrais même pas monter dans un avion ça règle le problème. » Je tente de lui sourire et de trouver une parade pour repousser cette idée. C'était une pensée complètement folle, vouée à l'échec. Mon père n'avait jamais émit le souhaite de voir Nathan, ou même de me voir. C'était une pensée difficile à accepter, mais au fond, plus Nathan restait loin de cet homme, mieux c'était pour lui et je le savais même si j'avais parfois envie de croire que les choses pouvaient changer. « Ma mère ne sait même pas que je suis enceinte. » Voilà ce qui au fond me tracasse, je suis devenue mère sans elle, et je m'apprête à avoir une petite-fille et elle est toujours hors de ma vie, incapable de s'émanciper de mon père. Je tente de changer de sujet et je lui parle du programme pour le week-end, avançant notre arrivée chez sa famille, pour que lui puisse profiter de ses parents, et pour Nathan. Je m'allonge vers lui, cherchant la chaleur de son corps. « D’ailleurs il va falloir qu’on commence à réfléchir pour lui trouver un prénom à notre fille. » Il me sourit et je lui souris en retour. « Notre fille. Ça sonne vraiment bien, te connaissant tu as déjà une idée pour le prénom non ? » J'avais besoin de ça, de ce changement de sujet. Il est tellement à fond, j'aime son enthousiasme, son optimiste. J'aime qu'il soit capable de me faire partager son bonheur. Et je l'imagine, avec sa fille, il va être si gaga. Et, je sens qu'elle risque de lui faire tourner la tête, et je plains d'or et déjà, les futurs mecs qui oseront s'en approcher. Je vois comme il est protecteur avec ses sœurs, avec moi, alors avec sa fille je n'ose pas imaginer. Et je rie doucement à cette pensée, il ne va jamais supporter la période adolescente de notre futur fille et j'espère pour lui qu'elle ne fera pas un quart de ce que j'ai pu faire. Je me sens obligée de partager avec lui la raison de ce petit fou-rire que j'ai. « Tu crois que tu vas survivre à la période des premières sorties, des premiers petit-copains ? » Je me moque ouvertement de lui, tentant de le faire paniquer quelques secondes à l'idée que sa fille risque d'être convoitée un jour ou l'autre. Je le regarde attendant sa réaction, pour me moquer de lui. Mais au fond, je le charrie, mais c'est aussi ce que j'aime chez lui, son coté protecteur, attentif aux autres et à leur bonheur.
Je joue avec sa bague et je reprends mon sérieux, pour lui demander s'il croyait en nous, en notre famille il y a huit ans. Je l'écoute me répondre avec sincérité, sans tenter d'édulcorer la réalité. Il aurait pu me dire, qu'il y croyait totalement, qu'il n'avait jamais douté, que nous deux c'était une évidence. Mais j'aurais su qu'il me mentait et surtout, ce n'était pas sur ça qu'était basé notre relation. Il a toujours su me rassurer, mais sans jamais me mentir et encore aujourd'hui il est honnête avec moi. « Sans toi, je ne sais pas ce que je serais devenue Caleb. » Une révélation simple mais tellement forte. Il m'est impossible de savoir réellement ce que je serais devenue sans lui, mais lorsqu'il est entré dans ma vie, j'étais bien perdue et il m'a aidé à me découvrir, à me construire. Il était celui dont j'avais besoin. Et en tant qu'Anglaise, j'aurais pu croire aux princes dont les médias parlent, mais je ne suis ni romantique, ni patriotique, alors les princes charmants, qu'ils soient de la Maison de Windsor ou d'ailleurs, je n'y ai jamais cru. Et pourtant, Caleb est entré dans ma vie et dix ans plus tard, je ne vois pas ma vie s'écrire sans lui. Prince ou pas, il est celui que j'ai choisi, celui dont j'ai besoin. Il n'a pas de chevaux, pas de château, mais pour rien au monde je ne voudrais le changer. « J'aimerais te dire que moi je croyais en nous, mais je croyais pas en grand chose. Et encore moins en ma capacité à être mère. J'ai réellement paniqué à l'époque. Tu as peut être flippé mais tu as géré, chéri. Comme toujours. » J'ai depuis bien longtemps acté que de nous deux, il est le plus fort. Il est celui qui sait gérer les situations compliquées et surtout qui sait me gérer dans les situations compliquées. Il est mon pilier, et si c'était déroutant au début, de le sentir si important pour moi. Désormais c'est quelque chose que j'ai compris et j'ai appris à lâcher prise avec lui. A être moi et à ne pas avoir peur de me montrer entière avec mes qualités et surtout mes défauts. « Je t'aime. » Allongée contre lui, je lui murmure ces quelques mots que je ne lui dis sans doute pas assez mais je tente de lui montrer chaque jours. Je me détends enfin totalement, laissant mon corps se relâcher et s'enfoncer dans le matelas. J'attrape sa main et je la dépose doucement sur mon ventre, espérant lui faire ressentir les mouvements de sa fille. Elle bouge je la sens légèrement mais je ne lui dis rien, pour ne pas le décevoir s'il venait à ne pas la sentir. Et l'air de rien je reprends la discussion entre nous. « Et si tu avais su tout ça, tu aurais signé quand même ? » Je lui souris, lui montrant que je cherche à alléger la discussion. Je me redresse un peu, me rapprochant encore de lui. Le regard plein de malice. Je passe une main sous son tee-shirt, pour profiter de son torse étonnamment musclé pour quelqu'un qui fait si peu de sport. Je me mets à califourchon sur lui, position qui met plutôt bien en avant la forme arrondie de mon ventre de femme enceinte. Et je le regarde un sourire aux lèvres qui ne laisse que peu de place aux doutes concernant mes intentions futures. « Réfléchis bien à ta réponse. » Et je viens l'embrasser avec passion, tout en laissant mes mains se balader sur son corps que je connais par cœur. « Maman, papa, j'ai envie de vomir. » Les joies d'être parents. Je me laisse tomber sur le lit, littéralement coupée dans mon élan et je regarde Caleb visiblement tout aussi frustré que moi. « Il a rien mangé ce soir, c'est pas ma nourriture, pas ma faute. Il doit vraiment être malade. Allez courage super papa. » Et je ne peux m'empêcher de rire quand il se lève pour rejoindre son fils, je sais qu'il a beau être un père parfait, là tout de suite, il doit maudire l'envie de vomir de Nathan.
“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
Même si je lui ai dit le contraire, comme tous les jours je trouve Alex particulièrement jolie. Je me souviens encore de la première fois que je l’ai vue, l’une des premières choses qui m’a frappée, c’était sa beauté. Je l’ai tout de suite trouvé tellement belle. Son rire, son sourire, ses yeux. Elle était parfaite. Elle l’est toujours. Elle avait dix-neuf ans, moi vingt et au début aucun de nous deux ne prenait tout ça vraiment au sérieux. Je ne dis pas que je ne l’aimais pas parce que c’est totalement faux. Mais on ne se prenait pas trop la tête au début. Sauf que plus on passait du temps ensemble plus je m’attachais et je me suis très vite rendu compte que cette relation allait finalement être bien plus sérieuse qu’elle n’était censée être. Et on en passait du temps à deux…croyez-moi. Peut-être même un peu trop, je passais voir mes parents beaucoup moins souvent qu’avant de la rencontrer, je les appelais de temps en temps. C’est peut-être aussi une des raisons pour laquelle au début mes parents avaient peut-être un peu de mal avec Alex au début. Mais en même temps c’était seulement le commencement de notre relation et on ressentait tous les deux ce besoin constant d’être l’un avec l’autre, tout le temps. Et voilà où on en est dix ans plus tard. Toujours aussi amoureux qu’au premier jour. Je pense même que je l’aime encore plus qu’au début de notre histoire, elle m’a offert le plus beau cadeau qui puisse exister : un enfant. Alors non il n’était pas prévu, mais ça ne nous a pas empêché de lui donner tout l’amour qu’il mérite. « Regarde ça, espèce de beau parleur. Obligé de faire du chantage pour obtenir un compliment de la part de son mari. C'est moche de mentir pour arriver à ses fins Monsieur Anderson. » Je lâche un petit rire tout en secouant la tête de droite à gauche. « Tu sais très bien que je suis hyper nul pour mentir. » Et ça c’est vrai. Dès que je suis obligé d’inventer un mensonge je suis gêné je panique et je raconte des choses qui n’ont aucun sens. Bon après tout dépend de la nature du mensonge bien sûr. Mais là en l’occurrence quand je lui dis que je la trouve belle je suis extrêmement sincère. « Puisque tu n'es pas fatigué, il y a encore le nouveau dressing à monter. » Elle rigole, et moi je la regarde avec un air presque suppliant. Bah oui bien sûr je vais monter un dressing à minuit. Bizarrement, pour ça je me sens fatigué. « Ça fait à peine une heure que j’ai fini de bosser, toi vas-y monte-le ton dressing. » Bien sûr que je suis tout sauf sérieux en lui disant ça. Je ne me vois pas laisser ma femme enceinte de cinq mois de notre deuxième enfant monter elle-même ce dressing. « Ça attendra demain, ou la semaine prochaine je sais pas on verra. » Parce que je ne suis pas un très grand bricoleur alors dès qu’il y a quelque chose à faire à la maison je le repousse au lendemain jusqu’à ce que je n’ai plus le choix de m’en occuper.
J’apprends par la suite que les mouvements de notre fille sont de plus en plus réguliers, sauf quand je suis là bien évidemment. Ça me déçoit vraiment parce que j’ai réellement cette impression désagréable de louper des tas de choses pendant cette grossesse ça me fait même presque culpabiliser. Alors pour compenser j’essaie de lui montrer que je suis présent avec plein de petites attentions, en lui cuisinant des petits plats, ou même tout simplement en retenant les dates de tous ses rendez-vous. Ce qui me permet aussi de m’organiser plus facilement au restaurant. « Tu sais que tu es un papa formidable. » Je ne me considère pas comme un mauvais père non du moins j’espère vraiment que je ne le suis pas. Je m’occupe de mon fils aussi souvent que je le peux, je l’emmène à des sorties des activités. J’ai même peut-être un peu tendance à être un papa poule qui protège un peu trop ses enfants. « Je sais oui. » Et je ne dis pas ça d’un ton prétentieux. J’ai des défauts mais je sais qu’être un mauvais père n’en fait pas partie. Même si j’ai eu de nombreuses périodes de doute, comme n’importe quel nouveau parent je pense. Surtout quand il était encore bébé, je ne me sentais jamais à la hauteur. Quand il pleurait j’avais toujours un peu de mal à comprendre ce qu’il voulait, s’il avait faim, s’il fallait le changer, s’il était fatigué… On a galéré au début avec Alex. On avait l’impression qu’on était les pires parents du monde. Alors que c’était loin d’être le cas. Et puis maintenant voilà où on en est. Je n’ai aucune peur pour cet enfant qui va bientôt arriver, ou du moins j’ai beaucoup moins de craintes. On l’a déjà fait une fois, et au final on s’en est plutôt bien sortis. Même si ça n’a pas été facile tous les jours. Et puis la conversation devient beaucoup plus sérieuse d’un coup. Bien trop sérieuse même. Alex me dit qu’elle aimerait aller en Angleterre cet été pour que notre fils puisse rencontrer ses grands-parents maternels. Il ne les connait pas. Et moi-même je ne connais que très peu mes grands-parents. Nous avons été en Angleterre une fois il y a quelques années pour que je puisse les rencontrer. Et honnêtement je ne demande pas à passer plus de temps avec eux. Surtout son père. Elle m’avait beaucoup parlé de lui avant et le fait de le connaître réellement ne m’a pas aidé à l’apprécier plus. La manière dont il parlait à Alex, même à sa propre femme me rendait complètement fou. J’ai très vite un peu mieux compris pourquoi elle a quitté le nid familial dès qu’elle le pouvait. « De toute façon cet été, je ne pourrais même pas monter dans un avion ça règle le problème. » Je secoue la tête, je ne suis pas d’accord avec elle. Si elle ressent le besoin d’aller en Angleterre pour que notre fils puisse rencontrer ses grands-parents on le fera et je refuse qu’elle abandonne cette idée si vite. « Non non ça règle pas le problème. » Je me redresse. « Si t’as envie d’aller en Angleterre pour que Nathan puisse rencontrer tes parents on le fera. Cet été ça risque de pas être possible mais on peut y aller un peu plus tard pour qu’ils puissent aussi rencontrer bébé numéro deux. » Oui, parce qu’on a pas encore de prénom. « Je disais pas ça pour que tu penses que c’était une mauvaise idée… » Parce que ça reste sa famille, et même si son père n’est clairement pas quelqu’un de bien, il reste malheureusement son père. Même si honnêtement je ne pense pas que son père ait la moindre envie de nous voir débarquer mais bon, ça je le garde pour moi. « Ma mère ne sait même pas que je suis enceinte. » Je la serre un peu plus contre moi, geste qui se veut réconfortant. Sa famille, qui n’en est même pas vraiment une, je sais que ça reste un point très sensible pour elle. Et moi je suis là, avec ma petite famille parfaite. Bon même si en soit la famille Anderson est tout sauf parfaite, mais en comparaison à la sienne je ne peux vraiment pas m’en plaindre. « Tu devrais essayer de l’appeler…» Je marque un temps de pause avant de reprendre. « Appelle-la et invite-la à venir passer une ou deux semaines ici. Ça pourrait te permettre de renouer un peu avec elle, et elle pourrait faire la connaissance de son petit-fils, je suis sûr que ça lui ferait plaisir. » C’est une idée juste comme ça, parmi tant d’autres mais au fond je ne sais même pas si sa mère accepterait de venir ici si longtemps sans son mari. Je ne la connais pas assez pour ça et il n’y a que ma femme qui pourra m’éclairer là-dessus. « Notre fille. Ça sonne vraiment bien, te connaissant tu as déjà une idée pour le prénom non ? » Je réfléchis un instant. Elle me connait bien, oui j’ai déjà quelques idées je l’avoue. « J’aime bien pas mal de prénoms mais... J’aime bien Jude par exemple. Et toi t’as déjà des idées ? » Je ne suis pas le seul à pouvoir choisir le prénom de notre future fille, elle doit déjà y avoir réfléchit un peu. Et d’un coup, elle se met à rire. Toute seule. Je souris, amusé par son comportement et je la regarde. « Quoi ? » Qu’est-ce qui peut bien l’amuser autant ? J’ai dit ou fait quelque chose ? « Tu crois que tu vas survivre à la période des premières sorties, des premiers petit-copains ? » Oh mon dieu, je me suis pas encore préparé à ça. Je lui donne une petite tape sur l’épaule, amusé. « Pas de copain avant dix-huit ans, t’es folle toi. » En soit, je ne vais pas pouvoir contrôler sa vie entière et ce n’est pas non plus on but. Même si je suis très protecteur, je la laisserai quand même vivre sa vie.
Est-ce que je croyais en nous il y a huit ans ? Voilà la question qu’Alex vient de me poser. Oui et non. Oui je pensais sincèrement qu’elle et moi on pouvait vraiment construire quelque chose. Mais je ne savais pas si ce quelque chose en question était fait pour durer. « Sans toi, je ne sais pas ce que je serais devenue Caleb. » Je la regarde, et je lui souris. Je sais que quand on s’est rencontré elle n’était pas dans la meilleure période de sa vie, elle était perdue, elle ne savait pas qui elle était, ni ce qu’elle voulait dans la vie. « Je suis sûr que tu t’en serais très bien sortie, même sans moi. » Et je le pense vraiment. Elle aurait réussi à trouver son chemin, trouver ce qu’elle aime. Parce que moi je continue à dire qu’elle est bien trop difficile avec elle-même. Toute la réussite de sa vie, c’est elle qui l’a construite, pas moi. Elle a beaucoup de mérite. Malgré tous les obstacles de sa vie, elle est devenue une femme incroyable. Et c’est grâce à elle, et elle seule. « J'aimerais te dire que moi je croyais en nous, mais je croyais pas en grand chose. Et encore moins en ma capacité à être mère. J'ai réellement paniqué à l'époque. Tu as peut être flippé mais tu as géré, chéri. Comme toujours. » Encore une fois elle m’accorde tous les mérites, certes elle avait encore plus peur que moi, mais elle a elle aussi réussi à gérer la situation qui était totalement inattendue dans nos vies. « Si j’ai réussi à gérer comme tu le dis c’est parce que moi je ne doutais pas en ta capacité d’être une bonne mère. » Malgré le fait qu’elle n’est pas grandi dans le meilleur environnement familial, je savais qu’elle pouvait le faire. Je n’en ai jamais douté. « Je t'aime. » Je souris à nouveau. J’aime entendre ces mots. Si vous saviez à quel point je l’aime cette femme, sans elle je ne me vois pas vivre. Elle me comble de joie et de bonheur tous les jours. « Je t’aime aussi. » Je lui murmure avant de venir l’embrasser doucement. Ce genre de moments simples sont toujours les meilleurs. Elle prend ma main et la place sur son ventre. Je crois que moi j’ai abandonné l’idée de la sentir bouger un jour. Je caresse son ventre tout en profitant de ce moment de silence et de tendresse. Et puis ma main se fige. « Elle vient de bouger là, non ? » Je souris. Je suis presque sûr d’avoir senti quelques mouvements. Légers certes, mais quand même des mouvements. C’est incroyable. Sentir son enfant bouger dans le ventre de sa mère, je trouve que c’est l’une des meilleures sensations au monde. « Et si tu avais su tout ça, tu aurais signé quand même ? » Elle me sourit, se rapproche de moi pour se mettre à califourchon sur moi et je sens sa main s’immiscer sous mon t-shirt. Ce regard et ce sourire que je connais très bien, je comprends tout de suite ce qu’elle a derrière la tête. Oh, ce programme de fin de soirée me plait vraiment, vraiment beaucoup. Je la regarde dans les yeux et je laisse mes mains venir se poser sur ses fesses. « Réfléchis bien à ta réponse. » Je lui souris et je viens lui murmurer à l’oreille. « T’épouser c’est la meilleure décision que j’ai jamais prise. » Je lui rends son baiser alors que mes mains caressent ses fesses et je les laisse remonter dans son dos, le caressant du bout des doigts. Je m’apprête à enlever mon tshirt quand une voix d’enfant vient nous interrompre. « Maman, papa, j'ai envie de vomir. » Et merde. Frustré, je soupire. Est-ce que ça fait de moi le pire père du monde si je vous dis que le premier truc auquel j’ai pensé c’est dire à mon fils d’aller vomir et de nous laisser tranquille ? Oui, clairement ça ne donne pas une bonne image de moi. « Nate, qu’est-ce que tu fais debout il est minuit passé. » J’échange un bref regard avec Alex. « Il a rien mangé ce soir, c'est pas ma nourriture, pas ma faute. Il doit vraiment être malade. Allez courage super papa. » Elle rit. Hahaha très drôle. Je soupir une dernière fois avant de me lever moi aller rejoindre mon fils. « Bon allez, viens je vais te donner un médicament. » Je dis à l’intention de Nathan, l’air complètement blasé. Avant de quitter la chambre je me retourne pour regarder une dernière fois ma femme qui semble assez amusée par la situation. Je pars en direction de la cuisine avec mon fils, je lui donne du Vogalène. « T’as mal quelque part ? » Il me regarde et hoche positivement la tête. « Oui au ventre. » Super. Le programme de la soirée s’annonce beaucoup moins agréable maintenant. Je lui donne un antidouleur et je pars prendre sa température, 37.6°C. Je le raccompagne dans sa chambre, laissant une bassine au pied de son lit et je laisse une petite lumière de sa chambre allumée. Un peu plus de dix minutes plus tard, je rejoins Alex dans la chambre. « Il a mal au ventre. » Je lui annonce d’un air presque dépité, je reprends ma place à ses côtés. C’est bien dans ce genre de moment que l’on voit les aspects négatifs d’être parents.
“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
Et après avoir réglé l'histoire du dressing, enfin repoussé à plus tard le montage du dressing, une tâche qui n'a vraiment rien d'urgent. De lui avoir laissé le temps de prendre une douche pour se débarrasser de l'odeur de nourriture avec laquelle il était en train d'embaumer notre chambre, et d'avoir acté que nous passerons notre week-end de libre avec ses parents qui visiblement se plaignaient de ne pas avoir assez leur fils et leur petit-fils, j'avais eu un petit coup de blues, réalisant que mes parents n'avaient jamais ressenti le désir de nous voir … C'était pas forcément simple à gérer comme sentiment et je tentais souvent de faire abstraction de tout ce que je ressentais quand il s'agissait de ma famille, mais avec Caleb auprès de moi, je pouvais me laisser aller et je savais qu'il saurait accueillir mes doutes sans me juger, sans me prendre pour une folle non plus. Et qu'il ferait tout pour m'aider à me sentir mieux. Et ça ne ratait pas, après avoir émit des questionnements sur mon besoin soudain de voir mes parents, il avait proposé une piste de réflexion pour trouver une solution à ce manque que je ressentais. « Tu devrais essayer de l’appeler… Appelle-la et invite-la à venir passer une ou deux semaines ici. Ça pourrait te permettre de renouer un peu avec elle, et elle pourrait faire la connaissance de son petit-fils, je suis sûr que ça lui ferait plaisir. » Elle n'a jamais pu se battre pour moi, elle n'a jamais réussi à surmonter le contrôle de mon père sur sa vie et l'emprise qu'il a sur elle. J'ai essayé, mais je n'avais pas la force pour nous deux. Et quand je suis tombée enceinte, elle n'a rien fait pour m'aider, pour me protéger des menaces de mon père. Elle n'a même pas tenté de me rassurer. Non, elle a juste suivis mon père dans sa décision de me mettre la pression au sujet de cette grossesse et je lui en voulais encore. Mais pourtant, elle a été une mère pour moi, avant qu'elle ne soit détruite par le narcissique qu'elle avait choisi d'épouser. Elle a été une vraie mère quand j'étais enfant et j'aurais aimé pouvoir retrouver cette femme, j'aurais aimé pouvoir partager ma vie avec ma mère. Pouvoir me tourner vers elle quand j'avais des doutes, mais elle n'avait jamais pu être là pour moi depuis plusieurs années maintenant. Et si c'était toujours douloureux d'y repenser, la réalité restait toujours la même. J'ai fuis ma famille, Londres, l'Angleterre et nos relations ont fini par se détériorer jusqu'à en arriver à une situation comme celle d'aujourd'hui. Ou je suis enceinte de cinq mois et que ma mère n'est même pas au courant de cette nouvelle. « Je pense que les hormones me rendent nostalgique, mais au fond tu as raison, mon père nous déteste, depuis qu'on a perturbé son image de famille parfaite. Et ma mère ça fait des années qu'elle ne me porte aucun intérêt ni à moi, ni à Nathan. Elle n'étais pas là quand on a eu besoin à la naissance de Nathan, elle n'a jamais été là. C'est juste douloureux par moment. Mais je dois juste me concentrer sur l'essentiel, notre famille. Toi, Nathan et bébé numéro deux. » Reprenant ses termes, pour nommer cette petite chose qui grandit en moi et dont on a découvert le sexe hier. Et ce bébé numéro deux, c'est notre petite fille, l'agrandissement de notre famille, désirée et attendue. Et je me concentre sur eux, comme je viens de lui dire. Je me concentre sur ce que je peux contrôler, sur ce qui est primordial : eux. Ma famille, celle que j'ai construis avec Caleb. Caleb, Nathan et cette petite fille dont nous n'avons pas encore évoqué le prénom et je trouve le moment particulièrement bien choisis pour en discuter, ça me permet de me concentrer sur des choses réelles, sur des choses importantes et pas sur un hypothétique intérêt de ma mère pour moi. « J’aime bien pas mal de prénoms mais... J’aime bien Jude par exemple. Et toi t’as déjà des idées ? » Si j'ai des idées ? Depuis hier et l'annonce officiel du sexe, j'ai tout un tas de prénom qui se bouscule dans ma tête mais pas de réelles idées fixes ou de préférences. « Je n'ai pas de coups de cœur encore mais tout un tas de prénoms divers et variés, allant des prénoms Lena, Emma, Charlie, Haley et c'est qu'une toute petite liste. Mais Jude j'aime bien aussi. J'avais songé à Jade, mais Jude j'aime bien. » Et on parle de notre fille, et je commence à réellement réaliser que je vais avoir une petite fille. Une fille qui va grandir et qui va sûrement rendre fou son père. Et je partage cette pensée avec lui. « Pas de copain avant dix-huit ans, t’es folle toi. » Et je ne peux m'empêcher de rire à sa remarque, et à son geste à mon égard. Parce que je sais qu'il me réponds avec un certain humour mais qu'en réalité il va sûrement jamais survivre à la période adolescente de sa fille. Aux premières histoires, à ses premiers copains, à son premier petit-copain. A ses premières sorties. « J'espère réellement pour toi, qu'elle aura ton tempérament et pas le mien, parce que je suis pas sûre que tu puisses la maintenir enfermée à la maison jusqu'à ses dix-huit ans. » Je suis en mesure d'en rire, parce que nous avons grandis ensemble, il sait que je n'étais pas la personne la plus sérieuse de la terre. Que je n'avais pas un mode de vie des plus responsables avant de le rencontrer, et maintenant que je suis mère, je ne supporterais pas que mes enfants aient ce même comportement irresponsable et abusif. Et je ferais tout pour les protéger sans les priver de vivre des expériences par eux mêmes. Les protéger des dangers en les responsabilisant pas en les privant de vivre comme l'avait fait mon père. « Tu vas jamais tenir, tu la feras enfermer au couvent avant ses 16 ans, pour que personne ne l'approche. T'imagines si elle a le corps de rêve de sa mère, elle va faire des ravages. Et je t'interdis de demander à Nathan de faire fuir les hommes autour de sa sœur. » Et je plaisante en lui disant tout ça, mais j'ai comme l'impression qu'au fond, ce sera des idées qui lui passeront par la tête le jour ou sa fille demandera pour sortir, pour découcher. Et si j'en rigole aujourd'hui, je suis même pas sûre d'être capable de vivre tout ça avec sérénité moi non plus. « Tu me promets de ne tuer aucun de ses petits copains ? Tu peux tuer mes amants mais pas les copains de ta futur fille, deal ? » Et je me moque toujours de lui, je le charrie, je rigole et je l'embrasse pour qu'il ne puisse pas faire semblant d'être vexé. Mais entre nous, je suis sûr qu'il va pas être tranquille quand sa fille aura l'âge de plaire aux mecs, non ça c'est sur. Et je ne le serais pas non plus. On finira vieux avant l'heure, mais ensemble.
Et après avoir parlé de l'avenir, nous parlons du passé, de notre passé. Si aujourd'hui entre nous c'est fort, c'est clair, c'est solide et logique, ça n'a pas toujours été le cas. Parce que je n'étais pas la personne la plus stable du monde loin de là. Et il avait tenu longtemps notre couple pour deux, pas que je ne l'aimais pas, bien au contraire, mais j'avais bien du mal à me montrer sérieuse et raisonnable. Alors il l'avait été un peu pour nous deux. Il avait cru en nous au point de réussir à me faire croire que c'était possible. Il avait aussi cru en moi et c'était la plus belle preuve d'amour qu'il avait pu me donner. Me montrer qu'il croyait en moi, malgré mes erreurs, mes doutes, mes incertitudes et ma capacité à paniquer quand les choses devenaient sérieuses. Il m'a toujours vu plus forte que je ne le suis, il a toujours cru en moi et si aujourd'hui, je peux prendre les épreuves avec plus de calme et de sérénité, et si je ne me laisse plus envahir par mes doutes, c'est grâce à lui et quoiqu'il puisse dire, je sais que sans lui à mes cotés, j'aurais fini par me perdre. « Si j’ai réussi à gérer comme tu le dis c’est parce que moi je ne doutais pas en ta capacité d’être une bonne mère. » Et encore une fois, il me montre qu'il croyait en moi à l'époque. Personne, mais vraiment personne, n'aurait pu voir en moi une bonne mère. Personne sauf lui. Bon il était aveuglé par l'amour, mais sans lui, je n'aurais pas tout ce que j'ai aujourd'hui. Une famille, un mari, un fils, une fille à venir, un travail dans lequel je m'épanouis, une vie de rêve en somme. Je lui dis que je l'aime, et il le sait mais à ce moment, j'ai envie de lui dire ces quelques mots. Et je profite de ce moment de calme avec lui, sa main qui me caresse le ventre avec tendresse, je me lasserais jamais de lui. « Elle vient de bouger là, non ? » Je le regarde et je souris devant sa surprise. Je vois dans son regard, sa joie, sa fierté, son émotion et je sais que j'ai une chance immense d'avoir réussi à épouser cet homme. Et malgré les années, un enfant non prévu, nos deux carrières, c'est toujours aussi fort entre nous. J'ai l'impression d'avoir trouvé ma moitié, celui qui me complète réellement. Je peux parfois douter sur pleins de choses, mais mes sentiments pour lui n'ont jamais été un sujet de mes doutes. Parce qu'il me suffit de le regarder, de sentir sa main sur mon ventre, de l'avoir prêt de moi pour savoir ce qu'est l'amour. Et j'ai toujours autant d'attirance pour cet homme qui est devenu mon mari. Il me fait toujours autant d'effets, quand il me regarde avec tendresse et affection. Et de percevoir ce bonheur dans ses yeux, ne me laisse pas indifférente. De toute façon il ne m'a jamais laissé indifférente à dix-neuf ans comme à vingt-neuf. Je quitte ma position, pourtant confortable et agréable, pour une autre position, pour combler un tout autre désir, une idée en tête et qu'il ne tarde pas à déchiffrer. A comprendre. A califourchon sur lui, je m’imprègne de son corps, il est à moi et je ne me prive pas pour en profiter. Et il me rejoins bien vite dans ce moment de partage, profitant des parties de mon corps auxquelles il peut avoir accès. « T’épouser c’est la meilleure décision que j’ai jamais prise. » Il prolonge encore un peu le baiser, tout en faisant remonter ses doigts sur mon dos et je frisonne parce qu'il me connaît et qu'il connaît chaque parcelles de mon corps, chacun de mes points sensibles et je lâche un petit rire alors que nos bouches se séparent et que ses mains quittent mon corps pour venir enlever son tee-shirt et me donner accès à ce que je désire, lui. « Maman, papa, j'ai envie de vomir. » Et je me laisse tomber sur le lit, à la place que j'occupais quelques minutes plus tôt avant de grimper sur mon mari avec une idée bien précise en tête. Je soupire bruyamment pour évacuer la frustration que je ressens. Ce n'est pas la première fois que Nathan vient perturber nos plans, mais ça reste toujours aussi frustrant même si cette nuit, il a une bonne raison. Bien plus facile à l'excuser que les fois ou il débarquait en criant qu'il y avait des monstres sous son lit et qu'il sautait sur le lit en s'installant entre nous. J'entends la frustration de Caleb et ça me fait sourire, je le taquine un peu riant de ce moment avant qu'il ne quitte le lit pour aller s'occuper de son fils. Après tout, c'est lui qui a acquiescé quand je lui ai dit qu'il était un papa formidable, il n'a plus qu'à assumer son rôle maintenant. Je suis seule dans notre lit, et je les écoutes, cherchant à entendre leurs conversations. Parce que même si à l'heure actuelle je préférais que ce soit de moi que Caleb soit en train de s'occuper, je reste attentive quand il s'agit de la santé de mon fils. J'entends Caleb s'activer dans la cuisine, j'entends aussi Nathan lui dire qu'il a mal au ventre, et je sais que notre nuit et nos plans risquent d'être bien compromis. Nathan est un petit garçon adorable, vivant, énergique, mais malade c'est un tout autre enfant et je commence déjà à renoncer à l'espoir d'avoir une nuit de folie avec mon mari. Et voilà que la petite chose en moi commence elle aussi à se manifester comme pour me rappeler que dans quelques mois, ils seront deux pour nous perturber dans nos soirées romantiques. Et je souris toute seule, une main sur le ventre pour profiter de ces sensations si spéciales mais qui me rendent pourtant si sereine. Et je sais que vivre ces moments, c'est aussi un moyen de me défaire du traumatisme de ma première grossesse, et je veux profiter de chaque moment, même si je ne regrette pas que les nausées se soient enfin arrêtées. Caleb finit par revenir dans la chambre, seul et je suis presque surprise qu'il ait réussi à recoucher Nathan, dans son lit, aussi rapidement. « Il a mal au ventre. » Son air dépité en dit long, et lui aussi a compris ce que ça signifiait pour nous. « On risque de passer une super nuit alors. » C'est avec une ironie non dissimulé que je fais cette remarque. « J'irais voir dans quelques minutes s'il dort.» Et je regarde Caleb, et je ris parce qu'il a son petit air tout triste, comme si on venait de le priver de dessert. Enfin c'est plutôt vrai pour Nathan ça, mais ils ont la même expression, pas les mêmes exigences en revanche mais je suis le dessert de Caleb et Nathan vient de bien nous refroidir tout les deux. « Tu sais que bientôt ils seront deux à se relayer pour nous priver de notre intimité ? On devrait les donner tu en penses quoi ? Nathan est beau on devrait réussir à trouver sans problème. » Il sait que je plaisante, que je ne pourrais pas vivre sans eux, que j'aime Nathan, que je l'aime réellement. Et que j'aimerais cette petite fille. « Et puis s'ils n'étaient pas là, on aurait tout le temps pour essayer d'en faire pleins d'autres des bébés. » Sous-entendant bien-sur qu'on pourrait s’entraîner encore et encore, sans interruption. « Mais, demain on va chez tes parents, et si Nathan est encore malade ta mère s'en occupera elle sera contente et je te promet une soirée de folie dans ta chambre d'ado, je suis sur que tu n'aurais jamais rêvé avoir une telle bombe dans ton lit à seize ans. » Je m'approche de lui et je me faufile au coin de son épaule, faisant passer son bras autour de mon corps un peu plus imposant qu'à l'accoutumée, laissant sa main retomber sur mes hanches. « Et puis savoir que tes parents seront juste à coté, j’avoue que ça risque d'être bien trop plaisant de te provoquer mon chou. » Méchante moi ? Provocatrice ? Non je suis juste une femme amoureuse de son mari, jeune, en pleine santé et qui profite de sa vie avec un homme parfait. Et qui ne rate jamais une occasion de jouer avec son mari, comme avant, comme nous l'avons toujours fait. On entretient l'amour, le désir, on entretient notre couple. Et puis, je suis enceinte alors vraiment ils doivent bien se douter que je ne fais pas que jouer au Monopoly avec leur fils donc même si Caleb venait à être un peu trop bruyant dans son ancienne chambre, après tout nous sommes un couple marié. Nous vivons dans les règles, même si ça n'a pas toujours été le cas, mais je suis loin d'être catholique... Et, cette idée qui germe dans mon esprit, me fait vraiment trop sourire, imaginer la tête de Caleb au petit déjeuner le lendemain, avec ses parents gênés, honteux ne sachant quoi dire. « D'ailleurs tu m'as jamais dis, ta mère t'a déjà surpris, seul ou avec une fille ? » Je suis beaucoup trop amusée par cette conversation que je sais gênante pour lui. Mais en attendant d'être sur que notre fils se rendorme réellement et ne risque pas de débarquer à un moment encore plus gênant et frustrant que la dernière fois, je m'amuse à perturber un peu Caleb, en embrouillant son esprit d'allusions sexuelles accompagnées d'allusion de sa mère, le laissant se débrouiller avec ça alors que je profite de sa présence contre moi et que je n'ai besoin de rien de plus pour finir la journée avec le sourire.
“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
Les parents d’Alex ont toujours été un sujet assez tabou. Elle n’en parle que très peu, et je sais que son père a fini par laisser des traces en elle. C’est bien pour ça que j’étais plus qu’étonné quand je l’ai entendu me parler de son envie de se rendre en Angleterre pour les voir. Depuis quand elle a cette idée en tête ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais même si je ne suis pas franchement fan de mes beaux-parents, si elle veut qu’on aille à Londres pour les voir, on ira. Je ne les ai pas beaucoup vu, c’est à peine si je les connais mais je ne demande pas franchement à les connaître plus que ça. Son père est un homme tellement toxique que je comprends tout à fait qu’elle soit venue à Brisbane pour le fuir. « Je pense que les hormones me rendent nostalgique, mais au fond tu as raison, mon père nous déteste, depuis qu'on a perturbé son image de famille parfaite. Et ma mère ça fait des années qu'elle ne me porte aucun intérêt ni à moi, ni à Nathan. Elle n'étais pas là quand on a eu besoin à la naissance de Nathan, elle n'a jamais été là. C'est juste douloureux par moment. Mais je dois juste me concentrer sur l'essentiel, notre famille. Toi, Nathan et bébé numéro deux. » Je grimace doucement quand je l’entends me dire que son père la déteste. Le pire c’est qu’elle a certainement pas tort, cet homme est un véritable enfoiré qui n’a aucun respect pour sa femme ni même pour sa propre fille. Quelque fois je me sens presque coupable de devoir lui exposer ma petite famille parfaite quand je sais qu’elle n’a plus aucun contact avec la sienne. Même si la famille Anderson est loin d’être parfaite, nous on est des grands adeptes des non-dits. Mais si on compare ma famille à celle d’Alex, je sais que j’ai beaucoup de chance. Et maintenant sa mère qui semble ne plus porter aucun intérêt à sa famille et son petit-fils. Ça me fait mal au cœur, vraiment. Je ne peux pas lui dire que ce qu’elle dit n’est pas vrai parce qu’on sait tous les deux qu’elle a raison. Dans un geste réconfortant je l’embrasse doucement sur le front et je la prends dans mes bras. Parce que c’est tout ce que je peux faire, lui montrer que je suis là pour elle. J’ai quand même envie de lui dire que si elle a vraiment envie d’aller voir ses parents à Londres, moi je ne suis pas contre cette idée bien qu’elle ne m’enchante pas forcément. Mais je n’insiste pas plus que ça. Je la serre dans mes bras encore un instant. J’aimerais tellement pouvoir l’aider, l’aider à avoir eu une famille bien plus à l’écoute pour elle, des vrais parents. Parce qu’elle n’en a pas vraiment eu. Mais je ne peux rien faire et c’est frustrant. Alors tout ce que je fais c’est la serrer dans mes bras. C’est bête et ça peut paraître si peu mais en même temps qu’est-ce que je peux faire de plus ? Mais elle change de conversation en me parlant de notre future petite fille me demandant si j’avais des idées de prénoms. J’ai environ un million d’idées de prénoms, mais j’ai bien sûr des petites préférences et j’aimerais connaître les siennes. « Je n'ai pas de coups de cœur encore mais tout un tas de prénoms divers et variés, allant des prénoms Lena, Emma, Charlie, Haley et c'est qu'une toute petite liste. Mais Jude j'aime bien aussi. J'avais songé à Jade, mais Jude j'aime bien. » J’écoute ses propositions et je me retrouve à sourire comme un con. S’il y a dix ans on m’avait dit qu’à trente ans je serais marié amoureux et heureux avec la même femme depuis dix ans, papa d’un petit garçon incroyable et bientôt papa pour la deuxième fois, je ne l’aurais jamais cru. Parce qu’on a eu de la chance Alex et moi. J’ai trouvé la femme de ma vie en une fois. La première fois que je suis tombé amoureux. C’était la bonne. Franchement, quand notre relation a commencé je crois que j’aurais eu du mal à le croire si on m’avait dit qu’Alex était la femme de ma vie et la mère de mes futurs enfants. On s’est trouvés et on a eu beaucoup de chance. Enfin c’est surtout moi qui suis chanceux de pouvoir l’appeler ma femme. « J’aime bien Lena. Et Haley aussi. » En vérité il y a encore tellement d’autres prénoms que j’aime, que si on me demande d’en faire une liste elle serait interminable. Mais nous connaissant il vaut mieux qu’on y réfléchisse dès maintenant parce qu’on peut être assez indécis tous les deux quand on s’y met. « J'espère réellement pour toi, qu'elle aura ton tempérament et pas le mien, parce que je suis pas sûre que tu puisses la maintenir enfermée à la maison jusqu'à ses dix-huit ans. » Mon dieu. Moi aussi j’espère qu’elle me ressemblera. Parce qu’elle a totalement raison, ma femme je l’aime. Je l’aime plus que n’importe qui sur terre mais quand elle était jeune elle était tout sauf une petite fille parfaite. Elle m’a même embarqué dans des soirées complètement folles et dans des situations que je n’avais jamais vécues auparavant. Mais elle m’a certainement aussi permis de profiter un peu plus de ma jeunesse parce que je pense que sans elle, je serais encore ce Caleb ultra casanier qui n’aime pas sortir de sa zone de confort. Bien que je le sois toujours. Mais juste, carrément moins. « Oh mais elle me ressemblera, je le sens. Elle peut pas être comme toi. Parce que, je t’aime hein mais je veux pas voir ma fille sortir autant que tu l’as fait. » Je lui avoue en riant. Il en est même hors de question. Je ne pourrais pas l’empêcher de vivre de sortir ou même de rencontrer des garçons, mais Alex était dans l’excès et je n’accepterais pas qu’un de mes enfants suive son chemin. Que ce soit Nathan ou bébé numéro deux. « Tu vas jamais tenir, tu la feras enfermer au couvent avant ses 16 ans, pour que personne ne l'approche. T'imagines si elle a le corps de rêve de sa mère, elle va faire des ravages. Et je t'interdis de demander à Nathan de faire fuir les hommes autour de sa sœur. » Je grimace en entendant sa dernière phrase. Moi qui comptais demander à Nathan de garder un œil sur sa sœur. Oh et puis de toute façon il le fera peut-être de lui-même après tout. Depuis qu’on lui a dit qu’il allait avoir une petite sœur il n’arrête pas de parler d’elle. C’est tellement mignon. Il me fait penser à moi quand j’avais appris que ma mère était enceinte de Prim, j’étais tellement heureux d’avoir une petite sœur. « Tu me promets de ne tuer aucun de ses petits copains ? Tu peux tuer mes amants mais pas les copains de ta futur fille, deal ? » Elle rit, je la regarde un instant sans rien dire, un sourcil levé. « Eh, c’est quand même la deuxième fois de la soirée que tu me parles de tes potentiels amants. Je te suffis plus ça y est ? T’as fini par te lasser de moi ? Après je te comprends, dix ans avec le même mec c’est long… » Bon bien sûr je ne suis absolument pas sérieux et le ton de ma voix le prouve. « Non c’est vrai je te dis ça parce que maintenant qu’on en parle, si je suis fatigué ce soir c’est pas à cause du boulot. J’étais même pas au restaurant ce soir… » Encore une fois, c’est faux mais je ne fais que marcher dans son jeu. Je lui parle comme si j’étais en train de lui annoncer que je la trompais alors que c’est loin d’être le cas. Et elle le sait. Je la taquine, comme on a toujours fait. Ça fait bien dix ans qu’Alex est la seule femme que j’ai touchée.
Je me sens tellement chanceux d’avoir cette femme à mes côtés. Si vous saviez à quel point je l’aime et pourtant, les choses n’ont pas toujours été faciles entre nous. D’ailleurs, ce « nous » absolument personne n’y croyait. Tout le monde me disait que c’était éphémère et que notre couple ne pouvait pas durer dans le temps. Parce qu’on était si différents, parce que c’était un amour passionnel et fort, très fort. Et on a tendance à dire que ces relations-là ne durent jamais. Sauf que c’est faux. Nous on est toujours là, et je l’aime encore plus qu’hier et un peu moins que demain. Putain c’est tellement cliché. Mais merde, c’est la vérité. Je l’aime comme je n’ai jamais aimé et je ne savais pas qu’on pouvait autant aimer une personne. J’ai ma main sur son ventre et je sens notre fille bouger. Ce qui me fait immédiatement sourire. Parce que c’est la toute première fois que je la sens bouger. C’est donc la première fois que j’établis un contact avec ma fille. Ce premier contact qui peut paraître futile mais qui est primordial à mes yeux. Et ma femme change de position et vient se mettre à califourchon sur moi. Ok, ça, ça me plaît. Je la regarde un instant et nos lèvres finissent par se retrouver alors que je laisse mes mains se balader sur ce corps que je ne connais que trop bien. Mes mains sont posées sur ses fesses alors que je les laisse remonter doucement dans son dos, caressant celui-ci du bout des doigts. Je la sens frissonner, ce qui me fait sourire doucement. J’enlève mon t-shirt et mes lèvres retrouvent presque instantanément les siennes, laissant cette fois-ci mes mains s’immiscer sous sa nuisette. Jusqu’à ce que Nathan ne débarque dans notre chambre, nous annonçant qu’il avait envie de vomir. Je soupire. Et à l’instant précis, je maudis mon fils et sa soudaine envie de vomir. Un jour Nathan, tu comprendras qu’interrompre tes parents dans ce genre de moment, c’est vraiment pas cool. Et Alex rit, elle doit sentir ma frustration et ça semble l’amuser. J’emmène Nathan dans la cuisine et lui donne les médicaments nécessaires. Et puis il me dit qu’il a mal au ventre. Je pense que ma super nuit de folie avec ma femme, je peux l’oublier. C’est dans ce genre de moment que je me demande presque pourquoi je veux tant avoir des enfants. Et puis je le raccompagne dans sa chambre, lui demandant de se rendormir. « On risque de passer une super nuit alors. J'irais voir dans quelques minutes s'il dort.» Oh bah oui on va passer une nuit géniale. Je sais qu’elle dit ça pour m’embêter, et je lui réponds avec un simple sourire tout en levant les yeux au ciel. Ce n’est malheureusement pas la première fois que Nathan nous interrompt. C’est ça les joies d’avoir des enfants. « Tu sais que bientôt ils seront deux à se relayer pour nous priver de notre intimité ? On devrait les donner tu en penses quoi ? Nathan est beau on devrait réussir à trouver sans problème. » Nous priver de notre intimité. Je grimace. Les premiers mois avaient été le pire avec Nathan. Il pleurait beaucoup, et si vous saviez le nombre de fois où il nous a interrompu comme ça… « Bébé numéro deux on pourra la donner à Romy, c’est une petite fille elle sera complètement gaga avec elle. Et Nathan… je sais pas pour lui. Tu proposes qu’on le donne à qui ? » Est-ce qu’on est des parents horribles ? Non parce qu’on est pas sérieux, jamais je ne pourrais abandonner mes enfants. « Mais sinon plus sérieusement… » Je lâche un rire, et je continue. « Je suis sûr que si on demande à Romy de garder Nathan une nuit ou un weekend elle le ferait avec plaisir. Ça pourrait nous permettre de nous retrouver un peu… » Je souris et je m’approche un peu plus d’elle pour poser doucement mes lèvres contre les siennes. Parce que j’ai vraiment envie de retrouver ma femme, juste elle et moi comme avant. Et oui pour être tout à fait franc j’ai envie de pouvoir profiter d’elle mais surtout de son corps sans la possibilité de se faire interrompre à tout moment par notre fils. « Mais, demain on va chez tes parents, et si Nathan est encore malade ta mère s'en occupera elle sera contente et je te promet une soirée de folie dans ta chambre d'ado, je suis sur que tu n'aurais jamais rêvé avoir une telle bombe dans ton lit à seize ans. » Je souris à sa remarque, et elle vient s’immiscer dans mes bras laissant, ma main caresse ses hanches. « De toute façon à seize ans j’avais jamais eu une fille dans mon lit tout court. » Je lui dis, en riant. « Ce weekend mes parents s’occuperont de Nathan, et moi je m’occuperai de toi fais-moi confiance. On reprendra là où on s’est arrêtés ce soir. » Je lui fais un clin d’œil le sourire toujours collé au visage parce que je suis toujours comme ça même dix ans plus tard. Quand je suis avec elle, quand on est juste tous les deux je passe mon temps à sourire parce qu’elle me fait toujours autant craquer. « Et puis savoir que tes parents seront juste à coté, j’avoue que ça risque d'être bien trop plaisant de te provoquer mon chou. » Je ris en l’écoutant parler. On a toujours été comme ça, on se provoque, on se chauffe, on se cherche. Ça m’amuse. « Tu veux jouer à ce petit jeu ce week-end ? Ok, d’accord pas de soucis. On va jouer, Clarke. » On ressemble à un jeune couple qui ne sont ensemble que depuis quelques semaines et qui sont encore dans la phase lune de miel quand tout est tout beau et tout rose. Sauf que nous ça fait dix ans qu’on est ensemble. Pourtant j’ai encore l’impression de l’avoir rencontré hier. Notre amour est toujours fort et fusionnel, comme au début. Je la désire toujours autant qu’avant. Rien n’a changé. « D'ailleurs tu m'as jamais dis, ta mère t'a déjà surpris, seul ou avec une fille ? » Mais on a beau être ensemble depuis dix ans, elle me surprendra toujours avec ce genre de question. Je me mets à rire, me remémorant un souvenir, qui à l’époque était tout sauf amusant pour moi mais pour ma mère aussi. « Je sais que ça va te faire rire mais crois-moi sur le coup c’était tout sauf drôle. » Même si, maintenant j’arrive à en rire. « Je venais tout juste d’avoir dix-huit ans, il restait plus que quelques semaines de lycée. J’étais avec une fille depuis…deux semaines je crois. Un truc dans le genre. C’était ma première copine. » Oui je sais, première copine à dix-huit ans pour un mec ça fait assez tard, ne me jugez pas s’il vous plaît. J’essaye de me remémorer un peu plus en détail cette journée-là, parce que c’était quand même il y a douze ans. Et merde là je prends un sacré coup de vieux dans la gueule. « Je me souviens qu’un après-midi de la semaine on avait sport et littérature et je lui avais proposé de sécher les cours de l’après-midi pour qu’on aille chez moi. » Oui, j’ai déjà séché des cours. Mon image d’élève parfait en avait pris un coup. « Elle avait accepté, donc je l’ai emmenée chez moi, on était dans ma chambre et...on commençait à se chauffer un peu tu vois. Normalement personne était censé être chez moi en plus alors c’était le moment idéal. » Je souris, amusé par la situation, parce qu’avec du recul et douze ans plus tard c’est plus drôle d’autre chose. « Et j’te jure, j’étais vraiment à deux doigts de conclure. Et ma mère est entrée dans ma chambre, parce qu’elle avait entendu du bruit et j’étais censé être en cours. Alors déjà je me suis fait engueuler parce que j’avais séché les cours, et aussi parce que j’avais ramené une fille sans leur demander l’autorisation. J’étais tellement gêné je te jure. Et frustré aussi. Super frustré. » Je sais qu’elle va éclater de rire. Et je la comprends, c’est une situation assez amusante quand on n’est pas concerné.
“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
Blottie contre lui, je me sens en sécurité et je ne laisse pas mes doutes et mes états d'âmes venir gâcher ce moment. Ma famille restera toujours comme une zone d'ombre dans ma vie, je ne pourrais jamais réellement combler les manques, mais avec Caleb j'arrive à voir les choses plus sereinement et je ne laisse plus mes blessures guider ma vie. Et tout naturellement, nous parlons de notre futur fille. Avec Nathan, nous n'avions pas réellement eu la possibilité de vivre ces moments à deux, de partage, de projection, de rire parce que la situation était totalement différente. Mais avec cette petite fille, nous vivons chaque étape de ma grossesse, nous partageons tout. Nos joies, nos craintes, nos envies, nos espoirs et nos appréhensions. Comme tout futurs parents normaux non ? Enfin je sais pas si on peut se caractériser comme étant des parents normaux, après tout, on est quand même en train d'imaginer notre futur fille, sans prénom, même pas encore née, en phase d'adolescence. Est-ce réellement normal ça ? Je sais pas vraiment, tout ce que je sais en revanche, c'est que l'idée d'imaginer mon mari complètement paniqué à l'idée de voir sa fille grandir est beaucoup trop amusante. « Non mais sérieusement, si elle est comme moi, je te promets d'être celle qui l'enferme dans sa chambre, et s'il faut je suis prête à barricader sa fenêtre et sa porte pour la garder avec nous. Hors de question qu'elle soit comme moi. » Faut pas pousser quand même, et je réalise que je me moque de lui mais finalement, je pourrais bien être celle qui risque de la protéger un peu trop parce que je sais. Je sais les dangers des fréquentations, je sais les dangers des soirées, je les tentations de la jeunesse. Et finalement, je serais comme lui aussi paniquée à l'idée que notre fille puisse se laisser emporter dans des expériences dangereuses. Qu'elle prenne de la drogue, qu'elle fasse de mauvaises rencontres, qu'elle tombe enceinte. Et je crois que je me fais flipper en voulant l'embêter lui mais je ne veux pas que ma fille vive la même vie que moi. Je ne regrette pas, mais je sais que dans ma vie d'excès j'ai eu la chance de tomber sur des personnes bienveillantes et en réfléchissant un peu à ma période pré-Caleb, j'aurais pu réellement mal tourner et je ne veux pas de ça pour ma fille ou pour Nathan. Jamais. « On va bien les éduquer nos enfants et ils seront tout les deux sérieux et calmes comme toi. On aura pas besoin de les enfermer. » Je n'aurais pas à barricader sa fenêtre, il n'aura pas à la conduire au couvent et on va réussir avec eux, parce qu'on est pas comme mes parents, et que nos enfants n'auront pas besoin de combler un manque en se laissant tenter par toutes les conneries possibles et imaginables.
« Eh, c’est quand même la deuxième fois de la soirée que tu me parles de tes potentiels amants. Je te suffis plus ça y est ? T’as fini par te lasser de moi ? Après je te comprends, dix ans avec le même mec c’est long… » Mes potentiels amants, c'est le sujet le plus facile pour le faire réagir. Sa jalousie m'amuse réellement. Ce petit air sur son visage, son sourcil levé, son air faussement vexé ou inquiet. Il est jaloux, il l'a toujours été et au fond, j'espère qu'il le sera toujours. Pas maladivement jaloux, parce qu'il a confiance en moi, du moins je pense, sinon je me permettrais pas de le provoquer. Mais ce petit air qui me prouve qu'il tient à moi, dix ans qu'il me le prouve, dix ans que je ne me lasse pas de lui. Ni dans la vie de tout les jours, en tant que mari, en tant que père de mon fils mais aussi dans mon lit, en tant que seul et unique amant. « Non c’est vrai je te dis ça parce que maintenant qu’on en parle, si je suis fatigué ce soir c’est pas à cause du boulot. J’étais même pas au restaurant ce soir… » Je le regarde faussement énervée et je me redresse un peu. « Je t'ai déjà dis que tu pouvais avoir des maîtresses uniquement si c'est moi qui les choisit, hors de question qu'elles soient plus sexy que moi. Et je suis à peu près sur de n'avoir choisi personne pour toi cher mari. Bon seule consolation pour moi, belle ou pas, je sais au moins qu'elle sent la bouffe, parce que merde tu puais en rentrant. » Je me rallonge sur le lit en soufflant bruyamment. « Caleb tu abuses, j'avais un super plan pour toi mais puisque tu as déjà été satisfait tant pis pour toi, je refuse d'être un deuxième choix. » Je souris, et je me rapproche de lui, sa main sur mon ventre, mon corps contre lui, nous profitons de ce moment. Juste tout les deux, enfin tout les trois avec les mouvements de notre fille qui se font ressentir. Tout est parfait et je sais la chance que j'ai d'avoir cet homme dans ma vie. Moi la jeune fille paumée, fêtarde à outrance, avec une construction émotionnelle instable, une famille toxique et une vie sans aucune responsabilité. J'ai eu la chance de trouver Caleb, j'ai eu la chance qu'il soit si mauvais conducteur, j'ai eu la chance qu'il voit au delà de mes défauts et j'ai eu la chance qu'il soit là avec moi, me donnant confiance, assurance et en m'aimant tout simplement. Et le voir sourire, le voir subjugué par ce moment, par ce premier contact avec sa fille, me prouve que j'ai réellement un homme parfait dans mon lit et dans ma vie. Priorité au lit parce que là tout de suite, c'est de lui dont j'ai envie, de lui dans notre lit. Plus que mon mari, plus que le père de mes enfants, je vois l'homme que je désire depuis dix ans. Et si je m'amuse à l'embêter avec les potentiels amants, au fond, je n'ai besoin que de lui, il me comble totalement. Et je lui montre mes intentions, ce fameux plan que j'avais pour lui, et il n'est pas question de dressing ou d'amant, juste de nos deux corps qui se cherchent. Finalement c'est ça que je veux depuis qu'il m'a rejoins dans le lit après sa douche. Lui et moi dans un mot de passion et d'amour, juste nous deux en oubliant le reste autour. Mon désir ayant décidé de s'exprimer pleinement. Son corps débarrassé de son tee-shirt, et ses mains sur ma peau qui ne font que renforcer encore un peu plus l'intensité du moment. Je n'ai besoin de personne d'autre que lui, parce qu'il sait y faire avec moi. Et c'est lui et moi dans notre lit, jusqu'à ce que Nathan débarque sans même s'annoncer, et parle de son envie de vomir. Et bien si vous cherchez le moyen parfait pour climatiser un tel moment, je vous présente Nathan, huit ans. Et Caleb quitte le lit, quitte notre chambre pour s'occuper de Nathan. Quel plaisir d'avoir des enfants. Heureusement que je l'aime et qu'il est beau. Et je rigole en imaginant Caleb devoir gérer la transition entre ces deux moments au combien différent. Il finit par revenir, reprendre sa place et je lui fais la remarque que bientôt ils seront deux pour débarquer dans la chambre au pire moment. Et quand je lui propose de donner nos enfants, il se prends au jeu et propose des pistes concrètes. Quand je vous dis qu'il est parfait, même dans l'humour il est sur la même longueur d'onde que moi. « Nathan on peut le donner à Jasper, ça l'obligera à quitter un peu son boulot et lui qui aime courir, ça devrait pas le déranger de courir après ton fils. » On est réellement deux parents en train de chercher à donner leurs enfants, mais on est plutôt gentils, on choisit des personnes de confiance pour eux, c'est plutôt responsable de notre part non ? Tout ça, pour du sexe. « Mais sinon plus sérieusement… Je suis sûr que si on demande à Romy de garder Nathan une nuit ou un week-end elle le ferait avec plaisir. Ça pourrait nous permettre de nous retrouver un peu… » On ne s'est jamais réellement perdu, et je pense que ma condition actuelle suffit à le prouver en soit, mais je vois ce qu'il veut dire et je le ressens aussi dans ce baiser qu'il me donne. C'est une solution moins radicale que de donner nos enfants, je le conçois volontiers. « Oui c'est une bonne idée, mais fait ça rapidement, avant que je ne devienne une baleine, parce que je sais ce dont tu as envie et c'est pas d'un corps tout déformé, même si c'est de ta faute. » Et puis finalement, ce n'est pas dans un week-end hypothétique et non programmé encore que j'ai envie de profiter de mon mari, et je lui propose tout simplement de laisser sa mère s'occuper de notre fils ce week-end, après tout, je vais passer mes congés avec ma belle famille, autant profiter de leur présence pour en tirer du positif non ? Et lorsqu'elle jouera à la grand-mère parfaite, ce qu'elle est pas loin d'être en plus, moi je compte bien profiter de son ancienne chambre. Et c'est une alternative qu'il semble apprécier et adopter plutôt rapidement. Ajoutant même que nous reprendrons là ou Nathan nous avait coupé ce soir. Alors comme ça, il compte s'occuper de moi. C'est une promesse que je saurais lui rappeler. Et on est reparti dans une petite discussion pleine de sous-entendues. « Tu veux jouer à ce petit jeu ce week-end ? Ok, d’accord pas de soucis. On va jouer, Clarke. » Il emploie mon nom de jeune fille, et ça me fait sourire, parce que je sais ce que ça signifie, je sais à quoi ça renvoie. Nous, plus jeune, non mariés, vivants dans le pêché et on se privait pas, oh non. Il veut jouer, et je connais ce jeu, j'aime ce jeu. Certains diraient qu'on a passé l'âge, mais on est jamais trop vieux pour ce genre de jeu. Croyez moi. « On peut jouer, tu sais que j'aime jouer et puis c'est pas mes parents après tout, c'est toi qui devra gérer leurs regards mais on fixe des règles. Pas de coups bas sous la table devant Nathan, c'est la règle Anderson. A moins que tu veuilles déjà expliquer à notre fils tout ça en détail. » Je rigole en l'imaginant devoir expliquer à son fils de huit ans la partie intimité entre un homme et une femme. Et on a l'air de deux amoureux, deux ados qui se découvrent et se testent sauf que c'est loin d'être le cas. Je connais tout de lui, il connaît tout de moi et nous avons beau être deux adultes responsables dans la vie. Lui chef d'un restaurant, moi journaliste sportive, parents d'un enfant en bonne santé qui semble épanoui, on reste par moment ces deux jeunes amoureux et que j'aime notre relation. Je sais que je suis une privilégiée, que notre complicité, que nos envies soient toujours les mêmes, que nous avons toujours envie de rire des mêmes choses, et que nous avons ce désir l'un pour l'autre qui ne faiblit pas. « Mais je note donc que ça ne te dérange pas que tes parents nous entendent. Et puis ça pourra aussi donner des idées à tes sœurs, tu es un vrai modèle pour elles. » Comment le déstabiliser ? Glisser une petite allusion à ses petites sœurs, et le laisser les imaginer en compagnie d'un homme. Imparable, amusant aussi. Pour moi en tout cas. A vrai dire, je ne sais même pas si les jumelles ont quelqu'un dans leur vie, je ne sais même pas si Caleb le sait lui même. Je crois que c'est des choses auxquelles il préfère éviter de penser, mais elles ont dix-huit ans maintenant et à l'image de Primrose, ce sont de très belles femmes, ça déplaît fortement à Caleb et c'est d'ailleurs sûrement pour ça que ça m'amuse autant. J'aime un peu trop torturer mon mari.
Et c'est à ce moment que la discussion a prit une tournure des plus intéressante, et amusante, pour moi. Parce que déjà quand quelqu'un commence par un 'je sais que tu vas rire mais c'était pas drôle', c'est sur que ça va être drôle. « Sécher le sport, comme ça ne m'étonne pas. » Je le coupe pour me moquer de lui, mais il reprends son récit et je sens que j'ai pas fini de me moquer de lui. Je rigole à ses remarques, 'se chauffer un peu tu vois', oh oui oui je vois très bien Caleb. 'Et j'te jure j'étais vraiment à deux doigts de conclure.' Et je sais pas s'il se rends compte du double sens plutôt amusant de son expression, mais je ne le coupe pas je le laisse finir, je veux la chute même si j'ai déjà une bonne idée de la scène. Et je ne peux m'empêcher de rire avant même qu'il termine. C'est plus fort que moi enfaîte, c'est une occasion bien trop belle pour me moquer de mon mari, je ne peux pas laisser cette opportunité passer. « Genre la première chose qui a dérangé ta mère c'était que tu avais séché les cours ? » C'est la première chose que j'arrive à dire entre deux fous-rires. « Désolé je suis en train d'imaginer la scène et c'est beaucoup trop drôle. Parce que je sais exactement qu'elle tête tu devais avoir, ta tête de frustré, la même que tout à l'heure. Mais comment j'ai pu passer à coté de cette anecdote avant ? A croire que c'est l'histoire de ta vie d'être à deux doigts de conclure et de finir super frustré. » Je tente d'imiter sa tête de frustré alors que j'insiste sur le 'super frustré' tout en essayant de calmer mes rires. « Tu as fini par conclure avec elle quand même ? Ou tu as du te contenter d'un petit plaisir en solitaire ? » Et alors que je l'embrasse pour me faire un peu pardonner de me moquer de lui avec un peu trop d'enthousiasme, Nathan nous appelle depuis sa chambre.« J'y vais, je vais essayer de l'endormir mais n'en profite pas pour t'amuser tout seul, tu seras frustré autant que moi ce soir. » Un dernier baiser et je quitte la chaleur de notre lit. « Ne t'avises pas de t'endormir avant mon retour ou demain, je pourrais bien être trop fatiguée et si dans dix minutes, je ne suis pas revenue c'est que ton fils aura eu raison de moi. » Et c'est à mon tour de quitter la chambre pour aller prendre soin de mon fils malade. Et quand il me voit arriver, il me regarde avec un regard désolé et triste. « Maman, je suis fatigué mais j'arrive pas à dormir, j'ai essayé vraiment, mais j'ai mal au ventre, j'aime pas être malade. » Et je sais qu'il veut que je reste vers lui le temps qu'il s'endorme, qu'il sente qu'en cas de soucis il n'est pas seul. Parce qu'il n'aime juste pas se sentir mal comme ça. Je m'assois sur le bord de son lit et je le sens venir se coller contre moi, je lui caresse les cheveux avec tendresse. « Tu peux dormir Nathan, je suis là. » Et je regarde mon fils. Mon mari, mon fils, j'ai réellement une vie de rêve.
“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
J’aimerais pouvoir changer le passé d’Alex, lui permettre d’avoir eu des parents, des vrais, qui tiennent à elle et qui se sont occupés d’elle quand elle était plus jeune. Mais malheureusement ce n’est pas de mon ressort. Alors je me contente de la prendre dans mes bras et de la serrer contre moi. Si je ne peux pas changer son passé pour le rendre meilleur alors je peux faire en sorte qu’elle ait la vie de rêve qu’elle mérite. Et c’est ce que j’essaye de faire tous les jours depuis dix ans. J’ai envie de la voir sourire, j’ai envie de l’entendre rire, je veux tout simplement la savoir heureuse. Mon bonheur dépend du sien, si elle ne va pas bien, je ne suis pas bien non plus. Et quand elle est heureuse, je le suis aussi. Et je pense que c’est ça l’amour, le vrai. Faire passer les besoins de l’autre avant les siens. Mais notre conversation dévie sur un sujet bien plus amusant et bien plus plaisant. Nous parlons de notre petite fille, celle qui va arriver dans quatre mois. Alex s’amuse à me dire que je ne vais pas survivre à la période où elle commencera à sortir et à rencontrer des garçons. Et elle n’a pas tort. Je me souviens de la fois où Prim m’a présenté son premier petit ami. Le pauvre, je lui ai fait passer un interrogatoire entier en lui posant questions sur questions sans même lui laisser un moment de répit. Je voulais être sûr et certain que ce garçon était quelqu’un de bien et qu’il n’avait pas de mauvaises intentions avec ma sœur, je voulais simplement m’assurer qu’il voulait son bonheur. Et je sais que je serai certainement comme ça avec bébé numéro deux. J’ai toujours été protecteur avec mes sœurs, alors je le serai aussi avec ma fille je n’en ai aucun doute. « Non mais sérieusement, si elle est comme moi, je te promets d'être celle qui l'enferme dans sa chambre, et s'il faut je suis prête à barricader sa fenêtre et sa porte pour la garder avec nous. Hors de question qu'elle soit comme moi. » Au moins on est d’accord là-dessus. Hors de question qu’un de nos enfants vive dans l’excès comme Alex a pu le faire quand on s’est rencontrés. « Cool ! Donc du coup tu seras la mère chiante et exigeante et moi le papa cool c’est ça ? » Je lui demande, en souriant. Mais je la taquine plus qu’autre chose. Je ne me vois pas comme le papa cool et elle comme la mère chiante et exigeante. Surtout que je suis moi-même chiant et exigeant je le sais. Je suis déjà exigent avec moi-même alors je le suis forcément avec les autres. « On va bien les éduquer nos enfants et ils seront tout les deux sérieux et calmes comme toi. On aura pas besoin de les enfermer. » Honnêtement j’espère qu’elle a raison. Mais après tout il faut tout de même les laisser faire des erreurs. Parce qu’on apprend beaucoup de nos erreurs et on met tout en œuvre pour ne pas les reproduire. Ensuite pour la deuxième fois de la soirée ma femme me parle de ses amants. Enfin de ses potentiels amants, parce que je sais très bien qu’elle n’en a pas. Enfin du moins je l’espère. Surtout elle ne me le dirait pas toujours aussi ouvertement. J’ai toujours été très jaloux avec Alex. Mais j’ai toujours eu en tête que la jalousie c’est la plus belle preuve d’amour. Tant qu’elle n’est pas excessive voire même maladive. Alors, juste pour l’embêter je lui dis que de toute façon moi aussi j’ai une maîtresse. Encore une fois, c’est totalement faux. Mais lui faire croire le contraire m’amuse. Elle se redresse et elle me regarde d’un air énervé. « Je t'ai déjà dis que tu pouvais avoir des maîtresses uniquement si c'est moi qui les choisit, hors de question qu'elles soient plus sexy que moi. Et je suis à peu près sur de n'avoir choisi personne pour toi cher mari. Bon seule consolation pour moi, belle ou pas, je sais au moins qu'elle sent la bouffe, parce que merde tu puais en rentrant. Caleb tu abuses, j'avais un super plan pour toi mais puisque tu as déjà été satisfait tant pis pour toi, je refuse d'être un deuxième choix. » Oh merde. Si elle avait vraiment un plan pour nous ce soir je n’ai pas envie de tout gâcher. Je souris, amusé, je me rapproche encore un peu plus d’elle et je l’embrasse. « Non attends, qui a dit que j’ai été satisfait ? Parce que oui d’accord, elle est super canon mais elle carrément moins souple que toi. » J’essaye de me rattraper comme je le peux parce que moi je le veux ce programme qu’elle avait prévu pour nous ce soir. Ça m’intéresse. Ma main est posée sur son ventre et alors que je ne m’attends plus à avoir la chance de sentir notre fille bouger, j’ai l’impression de sentir un petit mouvement. Et tout de suite, je souris. Parce que c’est la toute première fois que j’arrive à être présent quand elle daigne bouger. Notre fille, c’est déjà une diva moi je vous le dis elle commence déjà à se faire désirer. Parce que ça fait déjà apparemment plusieurs jours qu’Alex avait senti les premiers mouvements et à chaque fois que je posais ma main sur son ventre, c’était trop tard. À croire qu’elle le faisait exprès et qu’elle voulait me faire patienter encore et encore.
Mais cette conversation sur nos amants hypothétiques ne s’éternise pas plus que ça et tant mieux, ce qui suit et bien plus attrayant. On s’embrasse, je profite de son corps en laissant mes mains se balader sur celui-ci. Je sais très bien ce qu’elle a derrière la tête pour la suite de notre soirée. En même temps le message qu’elle me fait passer n’est pas franchement compliqué à décrypter. Dix ans qu’on partage le même lit et je peux vous assurer que je ne m’en lasse pas. D’elle, de son corps. Parce que je la connais par cœur et maintenant je connais très bien ses points sensibles, je sais comment la faire craquer. Et elle aussi d’ailleurs. Mais malheureusement pour nous notre fils débarque dans notre chambre et décide de nous interrompre. Et ce n’est ni la première et certainement pas la dernière fois que ce genre de chose risque de nous arriver. Voilà mais quelle idée d’avoir des enfants aussi. À contre cœur et sans la moindre envie, je laisse ma femme seule dans notre lit pour m’occuper de Nathan. Je lui donne des médicaments et je le raccompagne jusque dans sa chambre. Et j’espère très sincèrement que son mal de ventre et son envie de vomir ne va pas durer bien longtemps et qu’il va très vite se rendormir. J’aimerais bien reprendre là où j’en étais avec Alex. Et dès que je retourne prendre ma place dans notre lit, on commence à se dire qu’on devrait peut-être songer à donner nos enfants pour pouvoir être tranquilles. Nous sommes des parents horribles qui parlons de donner leurs enfants, juste pour du sexe. Enfin « juste pour du sexe », désolé mais pour moi c’est très important dans un couple… « Nathan on peut le donner à Jasper, ça l'obligera à quitter un peu son boulot et lui qui aime courir, ça devrait pas le déranger de courir après ton fils. » Sa réflexion me fait rire. Nathan c’est une vraie pile électrique, il tient difficilement en place. « Écoute moi ça me va. Jasper récupère Nathan, Romy bébé numéro deux. Au moins ça reste dans la famille et on pourra leur rendre visite quand on veut. » Je viens vraiment de parler de nos enfants en disant « ça » ? Mon Dieu j’ai l’impression d’être le pire père de toute l’histoire de l’humanité. « Oui c'est une bonne idée, mais fait ça rapidement, avant que je ne devienne une baleine, parce que je sais ce dont tu as envie et c'est pas d'un corps tout déformé, même si c'est de ta faute. » La fin de sa phrase me fait à nouveau rire. Mais elle n’a pas tout à fait tort sur tout le reste. Même si honnêtement, enceinte ou pas, elle restera toujours magnifique et parfaite à mes yeux. « Eh j’te rappelle qu’on est deux pour faire un gosse ! » Je lui dis, comme pour me défendre. « Mais ouais, j’appellerai Romy demain et je lui demanderai de garder Nathan le week-end prochain. Elle pourra pas me le refuser. » En soit, si elle peut tout à fait. Si elle a quelque chose d’autre de prévu ou même tout simplement si elle n’en a pas envie. Mais elle ne refuse jamais de passer du temps avec lui. Au contraire, il lui arrive même de me demander si je ne veux pas lui laisser quelques heures. Et franchement moi non plus je ne refuse jamais dans ce genre de moment. Elle fera une excellente mère un jour, j’en suis persuadé. Mais ce petit week-end en amoureux ça ne sera pas pour tout de suite parce que demain nous partons chez mes parents. Le point positif c’est que Nathan soit encore malade ou pas demain, mes parents vont vouloir passer tout leur temps avec lui et le couvrir de cadeaux. Alors tant mieux moi ça me va, au moins ça nous permettra de reprendre là où on s’est arrêtés il y a quelques minutes. « On peut jouer, tu sais que j'aime jouer et puis c'est pas mes parents après tout, c'est toi qui devra gérer leurs regards mais on fixe des règles. Pas de coups bas sous la table devant Nathan, c'est la règle Anderson. A moins que tu veuilles déjà expliquer à notre fils tout ça en détail. » Je souris en l’écoutant parler. Parce que ça me rappelle beaucoup de souvenirs. Quand on était plus jeunes pendant ces repas de famille, on s’amusait tout le temps à se chercher l’un l’autre. Je prenais un malin plaisir à avoir les mains un peu trop baladeuses pendant que nous étions à table avec mes parents. Ça m’amusait. Et c’était ça notre petit jeu à l’époque. On se chauffait toujours dans des situations qui n’était pas forcément adéquates. On était jeunes, on était ensemble depuis quelques mois, on se découvrait, on apprenait encore à se connaître. « Ouais ouais. Elle est nulle ta règle. Tu dis ça juste parce que tu sais que tu peux pas me résister. » Nathan est beaucoup trop jeune pour commencer à se poser des questions sur le sexe, il n’a que huit ans. J’espère qu’elle ne va pas me dire qu’elle va me prouver qu’elle peut me résister en prônant l’abstinence pendant je ne sais combien de temps. Elle en serait capable. Mais elle ne tiendrait pas bien longtemps j’en suis sûr. « Mais je note donc que ça ne te dérange pas que tes parents nous entendent. Et puis ça pourra aussi donner des idées à tes sœurs, tu es un vrai modèle pour elles. » Quand elle me parle de mes sœurs, je fais les gros yeux et je me mets à rire. Elle sait comment me calmer. « Elles ont dix-huit ans je pense pas qu’elles ont besoin de moi pour penser à ça... » Je ne sais même pas si elles ont un copain, et franchement je ne suis pas sûr d’avoir envie de le savoir. Je préfère rester dans l’ignorance pour certains sujets.
Je ne sais pas comment on en est arrivés là mais me voilà en train de lui raconter le jour où ma mère m’a surpris au lit avec une fille. Sûrement le moment de mon adolescence le plus gênant. Et je l’entends rire à certaines de mes remarques, certaines expressions que j’emploie. Et une fois mon histoire terminée, elle part même carrément dans un fou rire. Je m’en doutais. Je savais qu’elle allait en rire mais en même temps je ne peux pas la blâmer. « Genre la première chose qui a dérangé ta mère c'était que tu avais séché les cours ? » Et elle se remet à rire de plus belle. De mon côté, je secoue la tête en souriant, amusé. « Non non ! Elle m’a surtout engueulé parce que j’avais fait venir une fille sans leur demander l’autorisation. » Et honnêtement oui, si je lui avais demandé de sécher les cours pour aller chez moi j’avais clairement ça en tête. « Désolé je suis en train d'imaginer la scène et c'est beaucoup trop drôle. Parce que je sais exactement qu'elle tête tu devais avoir, ta tête de frustré, la même que tout à l'heure. Mais comment j'ai pu passer à coté de cette anecdote avant ? A croire que c'est l'histoire de ta vie d'être à deux doigts de conclure et de finir super frustré. » Ouuch. Allez prend ça dans la gueule Caleb. Je ne peux m’empêcher de rire avec elle, mais je la pousse doucement. « J’temmerde Anderson. Je vais arrêter de conclure les choses avec toi et on va voir qui finira par être super frustrée à la fin. » Elle rit toujours, elle ne s’arrête pas. Je n’aurais jamais dû lui raconter cette histoire elle va encore m’en parler pendant des semaines et des semaines. « Tu as fini par conclure avec elle quand même ? Ou tu as du te contenter d'un petit plaisir en solitaire ? » Je la regarde et j’attends quelques secondes sans rien dire. « Pas cette fois-là non. Mais quelques jours plus tard on a été chez elle et là on a eu personne pour nous empêcher d’aller jusqu’au bout. » Voilà, j’espère que cette petite histoire l’aura bien amusée. Je sais que oui. Et nous n’avons de toute façon pas le plus de plus épiloguer là-dessus parce que Nathan nous appelle de sa chambre. Bon il ne s’est donc pas rendormi. C’est Alex qui se lève en me disant qu’elle m’interdisait de m’amuser seul et de m’endormir. Je me redresse et je lève les mains comme pour lui promettre que je ne ferai rien. Et j’entends Nathan lui dire qu’il n’arrive pas à dormir et qu’il a toujours mal au ventre. Je profite de son absence pour envoyer un message à ma cousine lui demandant ses plans pour le week-end prochain. Et j’espère tout simplement qu’elle me dira qu’elle n’a rien de prévu, comme ça on pourra lui laisser Nathan et passer un week-end en amoureux, juste tous les deux. Comme ça fait bien trop longtemps qu’on a pas fait. J’attends encore quelques minutes et ne la voyant toujours pas revenir, je quitte à mon tour notre chambre pour partir les voir. Je reste à la porte mais je les regarde, elle lui caresse les cheveux et il a les yeux fermés. Je ne sais pas s’il s’est vraiment endormi, mais je les regarde en souriant doucement. Ma femme, et mon fils. Je suis l’homme le plus chanceux.
“I will take your pain and put it on my heart. I won't hesitate. Just tell me where to start. I thank the oceans for giving me you. You saved me once and now I'll save you too. I won't hesitate for you”
Blottie dans les bras de mon mari, nous parlons de nos enfants, enfin de notre fils, Nathan et de notre fille à venir. De l'éducation que l'on veut pour eux, enfin de ce que l'on ne veut pas surtout. Et on se taquine mutuellement à savoir qui aura le mauvais rôle quand il s'agira de gérer la période adolescence. Je le charrie, mais je sais que sans lui je n'aurais jamais pu réussir à devenir la mère que je suis actuellement, et même la femme que je suis. Il est mon équilibre, celui qui me donne de la force quand je vais mal, celui qui me fait rire, celui qui me rends heureuse, celui qui me permet de voir les choses avec sérénité. Je n'ai pas une vie parfaite, mais j'ai tout ce dont j'ai besoin pour être heureuse. Peut-être qu'en faite, c'est ça, une vie parfaite finalement. Un fils en bonne santé, une fille à venir, un mari avec qui je me sens entière, aimée et avec qui la complicité semble inébranlable, et en bonus, un métier dans lequel je m'épanouis professionnellement. Je suis une femme comblée et si j'ai tout ça aujourd'hui, je sais que Caleb n'est pas étranger à ma réussite. Il est le premier que j'ai aimé, et que je continue d'aimer, ne voyant pas ma vie sans lui. Sans notre famille, sans notre quotidien et sans nos moments d'intimités. Il y a huit ans, j'ai failli renoncer à tout ça, par peur essentiellement de ne pas réussir à gérer, de ne pas être la femme qu'il lui fallait, de ne pas être à la hauteur. J'ai vraiment failli renoncer à lui, à nous, mais il m'en a dissuadé.Il m'a empêché de faire la plus grosse erreur de ma vie, parce qu'il a toujours su trouver les mots pour me rassurer, pour m'apaiser. Je suis peut être, celle que l'on pense la plus à l'aise de nous deux, surtout à l'époque de notre rencontre. Il était timide, incertain, renfermé. J'étais la fille dévergondée, riche et instable. Et pourtant, je pense que sans lui, je n'aurais jamais pu me trouver réellement. Et surtout, j'aurais sans aucun doute mal tourné parce que je ne pensais pas mériter tout ça. Je ne pensais pas pouvoir aimer comme je l'aime. Et surtout, je ne pensais pas qu'on puisse s'attacher à une fille comme moi, après tout, mes parents, mes propres parents n'avaient pas réussi à me prouver que je valais la peine d'être aimé, alors si eux ne le pouvait pas, qui aurait pu m'aimer ? Caleb l'avait fait. Caleb, Caleb et toujours Caleb. Est-ce qu'un jour j'aurais pu imaginer pouvoir aimer un homme ou quiconque autant que je l'aime lui ? Absolument pas, et ça m'aurait sûrement fait peur plus qu'envie. Parce que par moment, ce n'est pas raisonnable, mais l'amour n'est pas censé être raisonnable non ? Caleb partage ma vie depuis prêt de dix ans maintenant, dix années à n'avoir que lui en tête, à ne désirer que lui, à n'aimer que lui. Et notre fils bien entendu. Caleb m'a montré ce qu'était le bonheur, je ne connaissais pas tout ça. Je connaissais les règles, les faux-semblants, l'argent, les discours tout faits qui puaient le mensonge organisé, mais je ne connaissais pas le bonheur. Et j'ai vraiment failli tout lâcher par peur, mais aujourd'hui grâce à lui je sais que je peux surmonter mes peurs, et qu'il ne sera jamais loin de moi pour me relever si je venais à tomber. Je suis celle qui semble la plus à l'aise, mais de nous deux, c'est lui qui fait notre force. Et cette force qu'il me donne et qu'il donne à notre couple, nous permets de rire de beaucoup de chose. De se taquiner sans crainte, comme sur la question de l'éducation de nos enfants, sur nos hypothétiques amants inexistants et qui de toute façon ne pourraient jamais tenir la comparaison au milieu de notre couple, ou encore sur le choix des personnes à qui nous voulons confier nos enfants pour pouvoir consommer notre amour en tout liberté. Ensemble, on oublie parfois que l'on est adulte, lui le vieux de trente ans, et moi encore jeune du haut de mes vingt-neuf ans. On oublie que la vie attends de nous d'être responsables et sérieux. Et si lui est un chef tout ce qu'il y a de plus sérieux, ses employés pourraient sans doute parler de son côté presque tyrannique quand il s'agit de faire les choses bien. Ce que lui appelle bien, approche de la perfection pour les autres, et son coté exigeant en cuisine fait de lui l'un des chefs reconnus dans le monde de la gastronomie Française. C'est aussi un père sérieux, aimant, stressé parfois. Mais une fois tout les deux, nous pouvons perdre tout sens des responsabilités d'adultes, pour se retrouver et profiter de notre complicité intacte, et j'aime qu'il perde le contrôle quand je suis un peu trop proche de lui. J'aime quand il se laisse aller et qu'il me regarde avec ses yeux débordants d'amour et d'envie. Surtout d'envie d'ailleurs. Je suis une mère, mais je suis une femme avant tout et que l'on ose me reprocher de prendre encore du plaisir dans mon couple ! Que l'on ose me dire que désirer son mari est mal ! Que l'on ose me dire que pimenter sa vie par des petits jeux c'est plus de notre âge ! Moi j'aime mon mari et j'aime coucher avec lui ! Et que les gens dérangés s'en aillent, parce que moi je ne cesserais pas d'apprécier l'effet que je fais à mon mari ! C'est notre histoire, notre couple. Couple solide, famille heureuse, professionnellement épanouis et sexuellement aussi. Alors quand il parle de jouer, et quand je sais de quel jeu il parle, je ne peux qu'être partante et un peu excitée. « Tu sais que je n’ai aucune volonté pour tenter de te résister. Mais par contre je sais que je peux te faire craquer plus vite que moi. Tu es tout aussi faible que moi à ce jeu Caleb. » Et ce n’est pas tant que je ne peux pas lui résister, mais plutôt que je ne le veux pas. Parce qu’en réalité, si je dois le menacer de grève de sexe pour obtenir gain de cause je serais capable mais je me priverai moi aussi alors il n'y avait aucun intérêt non ? Pourquoi risquer de se priver d'une chose dont on a tout aussi envie l'un que l'autre ? Alors le jeu se limitera à savoir lequel de nous craquera en premier, parce qu'au fond, on sait qu'on finira par craquer tout les deux.
Et la conversation dévie sur sa première expérience gênante de prise en flag. Ce moment ou arrêté net dans son élan, il avait du jongler entre sa frustration et sa gêne immense. Et je ris, trop, beaucoup trop à l'entendre me raconter cet événement. Et il finit par rire avec moi et je ne peux m'empêcher de me moquer de lui. Il me pousse doucement pour me faire croire qu'il est vexé par ma remarque. « Tu aimes trop mon corps pour ne pas aller au bout des choses chéri. Je le sais et tu le sais, ne me menaces pas avec des menaces que tu ne pourras pas tenir. Et puis ton côté perfectionniste t’oblige à finir tout ce que tu entreprends pour mon plus grand plaisir. » Je rigole encore, imaginant le jeune Caleb, torse nu, rouge de honte. C'est pas gentil de ma part, mais il me donne beaucoup trop d'éléments pour que je refuse d'en profiter un peu. « Tu sais que j'en viens presque à regretter de ne pas avoir pu faire vivre un tel moment à mon père. J'aurais tellement aimé voir sa tête se décomposer et l'entendre me dire 'Alexandra Mary Clarke vous faites honte à cette famille'. Je crois que voir son dégoût aurait eu un coté encore plus jouissif qu'une partie de jambe en l'air. » Je rigole à l'idée d'imaginer mon père me hurler dessus, moi à moitié nue, me levant face à lui et le défiant du regard comme dans une ultime provocation, avec ce pauvre mec à côté incapable de réagir face à la tension du moment. Oh, oui, j'aurais presque aimé pouvoir faire subir un tel moment à mon père, pour me venger et lui prouver qu'il n'avait pas de contrôle sur moi ou sur ma vie. C'est un rire qui devient un peu moins franc en réalisant peu à peu la teneur de mes paroles. Nathan nous appelle depuis sa chambre et je reprends contenance, ne laissant pas à Caleb le temps de réagir. Je me lève, l'interdit de prendre du plaisir tout seul sans moi et je file dans la chambre de mon fils pour tenter de le calmer.
La vie est parfois faite de petit bonheur. Cette soirée avec mon mari, notre complicité dans notre lit, que ce soit dans le rire ou dans les taquineries était un bel exemple de moment de calme et de bonheur simple. Et maintenant, je partage un autre de ses moments, assisse dans le lit de mon fils, sa respiration qui traduit son état de somnolence avancée, et son apaisement je continue de lui caresser délicatement ses cheveux bouclés et je me laisse porter par sa respiration douce et lente. Il semble apaisé, et je me sens à mon tour apaisée, et calme. Peut être aussi un peu fatiguée. Et je vois Caleb apparaître dans le coin de la porte qui nous regarde en souriant. Je ne sais pas depuis combien de temps il est là à nous regarder mais je vois à son sourire qu’il est attendrit par l’image que nous lui renvoyons. Je dépose un dernier baiser sur le front de Nathan avant de me lever et de rejoindre Caleb sur le pas de la porte pour me blottir dans ses bras. « Il s’est endormi, mais demain matin je dois passer au bureau s’il ne va pas mieux tu pourras l’emmener voir le médecin avant de partir chez tes parents ?» C'est plus une information qu'une réelle demande et je sais qu'il n'y verra aucun inconvénient s'il juge cela nécessaire. « Tu sais que je t’aime et que j’ai besoin de toi auprès de moi ? » Étrange révélation à ce moment de la soirée, mais j'ai le droit de faire des déclarations de la sorte à mon mari sans avoir besoin d'une réelle excuse. Juste une envie de confier mon affection et mon amour, à défaut d'avoir pu lui témoigner physiquement dans l'espace clôt de notre chambre. « Enfin ce que je veux dire c’est que tu n’as pas intérêt de me quitter. Jamais Caleb. » Je passe mes bras autour de son cou, je lui souris et je l'embrasse. Je pousse un peu la porte de la chambre de Nathan pour éviter de perturber un sommeil qui a mit si longtemps à venir et je glisse quelques mots dans l'oreille de mon mari. « Si tu arrives à me porter jusqu'à notre lit, je pense qu'on pourrait peut être envisager de finir ce que l'on a commencé. A moins que tu n'en ai plus envie. » J'attrape ses mains que je fais glisser sous ma nuisette. « Nathan s'est enfin endormi, et il n'y a pas ta mère pour t'arrêter en pleine action. » Je ries à ma propre remarque, oui, oui Caleb, tu vas devoir t’habituer à mes remarques, je n'ai pas fini de me moquer ! « Alors, je sais que le lit conjugal c'est pas l'endroit le plus excitant, mais tu veux toujours de ta femme ? » Je n'ai pas renoncé à l'idée de profiter de mon mari, Nathan nous a perturbé un peu, mais ce n'était finalement que pour faire monter un peu plus le désir et l'excitation. « Prêt pour une nuit torride et pour tester ma souplesse de femme enceinte ? » Je le regarde sourire aux lèvres, les yeux brillants d'excitations pour lui. Ce week-end va être parfait, mais avant ça, je sais que cette nuit va être torride.