Il est midi et t’es dans le hall d’entrée de l’établissement où étudie Léo. Tu le connais depuis pas longtemps ce gars là. Vous avez couché ensemble après un stupide concours de châteaux de sable et t’avais gardé son numéros pour des raisons évidentes. La preuve, t’as pas mis bien longtemps à l’utiliser. T’as été un gars très occupé ces derniers temps. Occupé sur ton travail surtout. Etrange. Mais vrai. Ca t’a pas empêché de sortir mais t’as réduit considérablement. Tu vois tout l’argent que tu vas te faire avec ces shooting en freelance et ça te motive plutôt pas mal.

Tu regardes l’heure sur ton téléphone alors que y’a plein de jeune qui vont et viennent dans ce couloir. Tu te demandes où vous allez filer avec Léo pour faire votre affaire. Tu connais pas les lieux alors tu vas lui laisser la décision entière. Tu ne peux que lui faire confiance. T’es sûr qu’il va déjà avoir une idée. Il doit même déjà avoir utilisé les prémices. Un sourire en coin se forme sur tes lèvres quand la silhouette de Léo se fait voir. Tu te redresses du mur où tu t’étais adossé. T'es vêtu d'un jeans bleu foncé, des baskets et une chemise ouverte sur un tshirt blanc. Tu ranges ton téléphone dans ta poche et tu marches jusqu’à lui qui est aussi en train de venir jusqu’à toi.

« Did you behave ? »

Ta connerie te fait rire. Tu vas ébouriffer ses cheveux et tu lui fais signe de te suivre alors que tu sais pas du tout où tu vas. Tu veux juste pas rester dans ce hall parce que clairement c’est pas ici que vous allez vous adonner à vos activités.

« Where is your crush? The one you want to make jealous. »

Et tu ajoutes rapidement.

« There is always one. »

Tu parles de ton expérience, d’ailleurs à ce propos.

« I’m sure it’s one of your teachers. »

Parce que c’était ton cas quand tu étais encore à l’université. You’ve fucked him also. The good memories with him are linked to some other pretty bad ones though. Mais t’arrives bien à différencier tout ça dans ta tête. Tu compartimentes bien et sûrement trop aussi. Mais c’est ce qui te fait tenir debout depuis toujours.

« Vous n'oublierez pas de me rendre vos études sur l'ouvrage de Pinel. Je ne les prend plus après ce soir, minuit. » Immense soupir général, dans notre amphithéâtre. Amphithéâtre duquel je ne tardais pas à sortir, étrangement un peu trop pressé de rejoindre les couloirs du bâtiment. Je réajustais, sur mes épaules, le hoodie rose foncé dont la capuche cachait partiellement mes boucles de jais. Ma journée, qui s'annonçait chiante à en crever, venait de prendre un peu de couleur avec les sms que j'avais reçu de Andy. Andy, le spanish boy que j'avais rencontré à ce concours de châteaux de sable, avec ses jolies tablettes de chocolat, puis son joli sourire, puis son comportement un peu trop obscène pour être réel - qui m'allumait désespérément vite. Il n'était pas compliqué de deviner comment nous avions fini la journée.

Sac sur les épaules, de déambulais à travers les couloirs. Il ne me fallut pas bien longtemps avant de trouver le brun des yeux, adossé à un mur dans le hall d'entré. De toute façon, si je ne l'avais pas trouvé, il m'aurait sans doute suffit de suivre les regards des ados en chaleur pour tomber sur le photographe. J'aimais bien les idées de Andy. Surtout celle qu'il avait initié par sms. Son accent chantant me donna à sourire, même s'il mettait mes cheveux en bataille. Je tentais d'esquiver sa main, sourire au bord des lèvres, passais les doigts dans mes boulettes désordonnées et abandonnais la capuche qui les emprisonnait. « J'ai été sage, daddy. » J'accrochais mes mains aux bretelles de mon sac, regard de sale gosse accroché au visage. Nous marchions un instant et je réfléchissais déjà à notre destination. Les toilettes ? J'en avais pas envie. Trop obvious. Trop 'lieu de vices'. Nop. Les vestiaires ? Tout pareil. « Le prof d'Italien. Je fais pas d'Italien, mais je me suis débrouillé pour m'incruster aux cours de temps en temps. 'Pour la culture', j'ai dit. » La culture. Bien sûr Léo. « Pourquoi ? », ajoutais-je ensuite, toujours fendu d'un sourire. Et puis, je n'allais quand même pas lui parler de Clément. C'était pas vraiment mon crush. Nop. Je me plantais un instant dans le couloir, regardais de droite à gauche, faisais un signe de tête à mon aîné, vers les escaliers qui menaient à un endroit délaissé de l'Université.

« Alors, les photos ça t'occupe plus ? Tu viens combler tes journées vides avec des étudiants pêchés direct' à la sortie des cours ? » Regard éloquent, je lui marchais devant, dos au couloir qui s'étendait devant nous. Ma main trouvait à nouveau mes cheveux, passait sur le steristip fixé sur mon arcade. Je l'avais presque oublié, celui-là. Menteur. Mon arcade, puis mon œil, sous lequel vieillissait un joli coquard qui n'allait pas tarder à s'effacer complètement, comme un vestige du passé. Ça, et puis le grand bleu qui ceignait encore mes côtes. Les pires étaient les blessures invisibles. Celles que moi, je sentais dans mes faits et gestes. Celles qui m'empêchaient de jouer du violon, de dessiner. Ça devait revenir, bien sûr, avait dit le médecin. N'empêche que j'étais toujours incapable de jouer plus de dix minutes sans me faire mal. Nous arrivions bientôt aux marches, désertes. Je détestais leur silence et leur tranquillité, que j'avais envie de tuer dans l’œuf. Je montais une marche, savourais une seconde le fait d'être - pour une fois; plus grand que mon interlocuteur. « Y'a tout l'embarras du choix, dans ce bahut. Y'a même des placards, si t'es pas claustro'. » Des placards. Et puis quoi, encore. Y'avait que moi pour fit dans les placards.

« J'ai été sage, daddy. » Sourire qui te vient automatiquement aux lèvres. Ce gars il est tellement wild par rapport à son visage d’ange. T’adore juste trop ça. Keep on calling me that. Il doit se douter que ça te plaît. A qui ça ne plaît pas? Les gens qui sont pas aussi fucked up que toi Andy. Le prof d'Italien. Je fais pas d'Italien, mais je me suis débrouillé pour m'incruster aux cours de temps en temps. 'Pour la culture', j'ai dit. » Il te fait rire le con. Il est pire que toi. C’est même pas un de ses profs à lui. « Pourquoi ? »

« Maybe we could ask him to join us. »

Tu bluff, mais l’idée est plaisante. « Alors, les photos ça t'occupe plus ? Tu viens combler tes journées vides avec des étudiants pêchés direct' à la sortie des cours ? » Et il se cale devant toi, il te fait le show on dirait. Sa main dans les cheveux, il marche à reculons. Tu peux le mater à ta guise. You are gonna fuck him good.

« I wanted some dick and looks like it fell onto you. »

T’as pas de problème à avouer ça. Il était le premier sur ta liste. Tu le dis pas aussi directement ça par contre. Tu joues la carte du hasard. Mais c’est vrai un petit peu. T’as vu ses SMS en dernier sur ton écran et c’est lui que t’as contacté en premier. Comme il a répondu vite t’as pas eu besoin d’aller au prochain sur ta liste. Tu remarques bien évidemment qu’il s’est fait abîmé la tronche depuis la dernière fois. Impossible de louper son truc à l’oeil. Mais t’es clairement pas un gars relou. Chacun sa vie. Chacun sa merde. Life is a bitch and you only want his dick. Tu envahis pas les gens. S’ils veulent parler, ils le feront. En attendant, fucking and only fucking is good. Il s’arrête, tu t’arrêtes. Il est sur une marche. Il veut avoir le dessus ? Yeah you can fuck me too. Cos you love that.

« Y'a tout l'embarras du choix, dans ce bahut. Y'a même des placards, si t'es pas claustro'. »

« I wanna fuck in a classroom. »

Le bon gros fantasme de ton adolescence qui remonte dans ton esprit. Ta main va sur le hoodie de Léo. Tu commences à avoir envie de le toucher le gars. Faut que vous trouviez un endroit sous peu. Parce que t’as besoin et ça se voit.

« Do you think we can find an empty one ? »

J’suis grave en retard et le fait d’aller dans un amphiéthéatre à l’opposé de celui où je suis censé intervenir, ça m’a pas aidé. Je suis arrivée en plein partiel faut croire, moi qui entrais dans cette salle comme si j’étais chez moi, prêtre à dégainer mon ordinateur et me poser sur le pupitre. Et bon, quand bien même le silence ne m’avait pas choquée, ces trois profs qui survaillaient tout l’amphi pensait que j’arrivais en renfort. J’ai mis bien cinq minutes avant de comprendre que j’étais pas à ma place ici… une vraie cruche. Je remballais tout et sortie de la salle rapidement et cette fois sans claquer la porte comme une dingue.
L’université m’avait contacté il y a un mois déjà pour me demander de bien vouloir intervenir en tant que travailleur social auprès de leurs étudiants en psychologie. J’avais déjà par le passé pu faire une conférence et l’expérience m’avait marqué positivement, alors pourquoi pas répondre oui cette fois ci encore. Une fois de plus, on allait encore attendre Madame Noa Jacobs et j’allais sans doute devoir écourter mon intervention ou faire abstraction de certains points. Je verrai bien. Je demande à nouveau mon chemin dans les couloirs de cette énorme faculté. Moi qui n’y avais jamais mis les pieds pour mes études. Que ce soit pour le tourisme ou pour le social, j’avais fréquenté de petites écoles spécialisées. Rien à voir avec ces bâtiments et ces couloirs qui se croisent et s’entrecroisent.
Au bout de ce dernier couloir avant les prochains escalier, Andy… Andy ?! Je continue mon chemin mais j’ai aucune idée de ce qu’il peut foutre ici. J’étais pas au courant qu’il était encore étudiant ou quoi… Je sais pas si j’dois y aller ou si j’dois faire demi tour, j’ai clairement pas le temps de m’arrêter, en plus, il est pas seul et j’vais me sentir con devant lui j’crois. Con, parce que j’vais pas savoir quoi faire, j’vais pas savoir comment agir. J’ai pas à l’embrasser comme ça en public même si à chaque fois que j’le vois, c’est un de mes objectifs très clairement : bouffer ses lèvres qui me rendent folle ! mais là, nan j’peux pas, pas dans un lieu public ! Merde… Il est là, à deux mètres. « Andy… » c’est sortie tout seul et maintenant, j’sais pas quoi faire de plus. « hey… » je m’arrête à son niveau et j’regarde le jeune homme avec lui, super jeune ! « Salut… » et j’me sens si bête, j’fais quoi ? Deux secondes de silences… « Bon, je file, j’suis en retard. Bonne journée ! » et je m’approche quand même, juste pour un petit baiser sur la joue, genre bise amicale. Double cruche ! Je disparais aussitôt dans les escaliers à droite…

[soiler]Bonjour, aurevoir [/spoiler]

Et mon surnom qui lui arrachait un sourire. Et le mien qui répondait au sien, l'air innocent. C'était pas compliqué de comprendre qu'il kiffait ça, et c'était pas compliqué de comprendre non plus que je rentrais – très – délibérément dans le jeu. Je lui touchais deux mots à propos du prof d'Italien, ce mec qui prenait visiblement un peu trop de plaisir à remonter les manches de sa chemise devant les étudiantes – et puis moi, du coup, je faisais tache dans le décor planté par les soupirs hormonés des jeunes femmes en émois. Je ne causais pas un mot d'Italien – si, je savais dire 'ciao' – mais je connaissais tous les empereurs romains sur le bout des doigts, et puis j'avais au moins la satisfaction de passer une heure agréable, loin des vieux grincheux de psychopathologie. « On peut pas. Il est full on hétéro'. J'ai déjà essayé. » Je haussais les épaules, visiblement déçu. Bien sûr, que j'avais déjà essayé, sans faire trop de vagues en plus de ça. Mais il était marié le con, et puis il faisait bien comprendre que 'c'était pas son délire'. Du coup, moi, je me contentais de venir mater ses cheveux blonds et tout ce qui se trouvait en dessous.

« 'Content d'être l'élu de la matinée. » Enfin, de la fin de matinée. Petit sourire étalé sur le visage, je marchais à reculons sans cesser de le dévorer du regard. Nous atteignions les escaliers – les mêmes que ceux de Primrose et Clément et je détestais m'en rappeler – et je montais sur une marche, juste pour profiter d'un peu de hauteur. De ne pas avoir, au moins une fois, à lever la tête. Je faisais déjà ça avec Charlie. Une fois, j'avais blagué sur le fait de devoir m'acheter un escabeau. C'était un peu vrai. Sa destination rêvée me donnait encore à sourire. « A classroom. Alright, daddy. » Y'avait sa main sur la première barrière de tissu qui séparait nos corps et je réfléchissais déjà à l'emplacement d'une classe vide. A cette heure là, c'était pas difficile d'en trouver. Et puis y'avait cette brune qui venait le saluer d'un smack sur la joue. Elle avait l'air gênée. Elle avait l'air amoureuse. Mon regard surpris la suivit un instant, jusqu'à ce qu'elle tourne à l'angle. « Bah alors. » Je reposais mon regard sur l'hispanophone, regard rieur. Ma main venait jouer avec ses cheveux. « Your crush ? »

Ou autre chose. Peut-être quelqu'un d'important, ou peut-être pas. En fait, j'en avais pas grand chose à faire. « Y'a des classes vides à l'étage. On bouge. » Sans attendre mon reste, je détachais ma main de ses cheveux et grimpais les marches. Porte de droite, fermée. Porte de gauche, fermée aussi. Je finissais par ouvrir une porte de labo', avec ses paillasses froides. « No way. » Je ressortais de là en soupirant. Porte suivante, ce que nous cherchions. J'attrapais le col de Andy, le tirait avec moi dans la salle plongée dans le clair obscur. Mon poignet me faisait mal, mais ce n'était pas ce qui importait le plus. « J'espère que je ne vais pas regretter de manquer un peu du cours d'Italien. », ronronnais-je tout bas. Mais bien sûr que non. On semblait tous les deux atteint de satyriasis, inarrêtables.

Spoiler:

Noa. What. The. Fuck. Elle est là. Dans ton champ de vision. Et elle t’a vu. C’est d’ailleurs elle qui t’a vu en premier, qui t’a fait tourner la tête. Dans tous les sens du terme en plus. Not true. Mais du coup tu t’es arrêté de marcher parce qu’elle est juste là. Et elle a l’air perturbé. I’m too pretty she can’t think straight. Funny considering you’re both not straight at all. Et t’as le temps de rien dire qu’elle est déjà partie après t’avoir fait un bisou sur la joue. Ok. Pourquoi ton coeur bat plus vite Andy ? Not true. Yes true. No. But yes actually. T’as même pas bronché un seul mot. T’es perturbé. Autant qu’elle.

« See ya ! »

Parce que t’as quand même réussi à trouver le chemin des mots jusqu’à ta bouche avant qu’elle soit complètement hors de ton champ de vision. « Bah alors. » Oh god no. T’es en train de prier qu’il ferme sa gueule. « Your crush ? » Mais il ne le fait pas. Il en à rien à foutre. Et tu comptes pas lui répondre. Tu mets ta main en plein dans sa face pour le pousser un peu. Pas trop brutalement non plus. Juste assez pour qu’il comprenne qu’il doit la fermer là. Et il ne continue pas sur le sujet il veut baiser et toi aussi.  « Y'a des classes vides à l'étage. On bouge. »

« Yeah let’s move. »

Il fait quelques portes, tu le laisses. C’est son territoire. Il se démerde. Tu suis. Et puis quand il trouve le bon endroit il fait le gars qui veut prendre le dessus en te tirant comme sa bitch. Sauf que ça te plaît beaucoup. « J'espère que je ne vais pas regretter de manquer un peu du cours d'Italien. » Il te fait rire le gars.

« I’m gonna make sure you don’t regret anything. »

Et tu vas lui prendre ses lèvres alors que t’es déjà en train d’aller à la boucle de sa ceinture. You want some d and you will have it. T’en as pas eu tant que ça dernièrement mister Rivera. Tu t’es calmé tu t’en es même pas rendu compte. T’as un pote, s’il savait, s’il avait remarqué, il t’aurait déjà fait tout un speech sur le pourquoi du comment tu es en train de te ranger en te faisant des comparaison à des modèles mécanistes et autres conneries du genre. Nope. Tu réfléchis pas. Juste tu baises quand t’en as envie. Et tout porte à croire que tu baises plus la Jacobs qu’autre chose ces derniers temps. Et là. Même là. Elle traverse tes pensées alors que t’es en train de t’occuper de Léo. Tu rêves d’elle. Tu penses à elle quand tu baises. Andy. Faut commencer à arrêter de se voiler la face. No.

Et tu remets tes fringues correctement sur toi quand vous avez fini. Tu te passes une main dans les cheveux. T’es pas bavard parce que tu cogites comme un con que t’es. No.

Spoiler:

Ouais, c'était son crush pour sûr. C'était palpable ces trucs là. C'était un truc qu'on pouvait sentir à des kilomètres - que je pouvais sentir à des kilomètres. Sans me vanter, bien sûr. Mais les deux, là, ils avaient l'air beaucoup trop pas fluides dans leur rencontre. Ça, ça le faisait que dans les situations très très très gênantes, du style la fâcheuse rencontre d'un.e ex, la doublement fâcheuse rencontre d'un.e personne qui en savait un peu trop sur vous et qui vous voyait en compagnie d'une autre personne qui ne savait justement rien de vous ou... bref, la rencontre d'un crush. Et puis y'avait aussi l'art et la manière avec laquelle Andy m'avait fait fermer ma gueule sur ma remarque. Ça, c'était un bon indicateur, aussi. J'avais envie de poser la question à la nana, pour savoir ce que c'était, sa potion magique. Parce que d'après ce que j'avais compris - même si Andy et moi on ne passait pas trop de temps à papoter - l'hispanophone n'était pas du genre à trop tomber en amour toutes les deux secondes chrono'.

Et puis le manège se répétait, sans trop de blabla. Je nous trouvai une salle, le tirai avec moi dans la pièce dont les murs devaient êtres imbibés d'hormones d'adolescents en chaleur. « I’m gonna make sure you don’t regret anything. » Je retins un rire contre ses lèvres, parce que je savais déjà qu'il avait raison. Les cours d'Italien, c'était de la merde, au final. Je m'y faisais mortellement chier, même si le prof était mignon et que les cours étaient chill. C'était mieux d'être avec Andy. C'était doublement mieux d'être avec Andy, dans la salle habituelle du cours d'Italien. Et puis, c'était un truc de film de se taper un mec dans une salle de classe. Y'avait un goût d'interdit qui rendait le tout encore meilleur.

Je le voyais bien, qu'il avait pas l'air comme d'habitude, le gars. Il avait l'air... préoccupé. Ouais, préoccupé c'était le mot. Comme quelqu'un qui pense un peu trop pour l'activité qu'on venait de pratiquer. D'habitude, ça avait l'effet de vider la tête. Je repassai mon sweat, remis de l'ordre dans mes boucles - le combat contre ces cheveux des enfers était perdu d'avance - et passai une main sur le steritrip collé à mon arcade. Il s'était décollé à l'angle inférieur et j'en avais pas dans mon sac. « Hé, ça va ? T'as pas l'air bien. » J'attrapai mon sac pour farfouiller dedans. « J'ai du sucre, si tu veux, papy. Me tape pas un malaise, je saurais pas expliquer ta présence. » C'était pas à ce point, en vrai, mais je voulais tenter de désamorcer le malaise. « C'est la fille de tout à l'heure...? », que je risquai doucement. Ou un autre truc. Et si notre rencontre était justement là pour lui éviter de penser à cet autre truc, la mission avait visiblement échouée de façon lamentable.

Hé, ça va ? T'as pas l'air bien. » Hein ? Il est sérieux là ? Qu’est ce qu’il raconte tu vas très bien. T’es en train de te rhabiller, t’as pas vraiment envie de partir de ce côté là d’une post sex conversation. De quoi il se mêle ce petit con ? I’m very fine. What the fuck is he saying? « J'ai du sucre, si tu veux, papy. Me tape pas un malaise, je saurais pas expliquer ta présence. » Tu roules les yeux en l’entendant. Ca va. T’as eu peur qu’il soit vraiment sérieux sur ton état parce que tu comprends juste pas pourquoi il dit ça. I’m totally normal. All normal. Yeah minus your heart going faster since Noa crossed your way. Bullshit. Oh sweet sweet denial.

« Go fuck yourself. »

« C'est la fille de tout à l'heure...? »

Sauf que le gars, il a envie d’en parler. Tu comprends pas pourquoi. Il veut quoi ? Il veut t’analyser ? Il veut être plus qu’un trou que tu baises ? Il veut vraiment ? Qu’est ce qu’il veut ? Pourquoi ? Tu comprends pas.

« What’s with her ? Except that she’s a hot piece of ass. »

Cos she really is. Elle te rend dingue Andy tu comprends toujours pas comment c’est possible. T’as pas réalisé que les sentiments que t’as développé envers elle font qu’elle est encore plus attirante. In every fucking way. I just want to fuck her a lot. Shut up now. You’re cute.

« I think you’re too old for her. »

Tu marques une brève pause. Tu captes ton lapsus.

« Too young. You’re too young for her. »

Aussi t’as aucune idée si Léo aime les vagins mais c’est pas une question qui te traumatise. Il peut bien baiser qui il veut quand il veut lui aussi. Il le fait certainement vu son audace le gosse.

« She’s like 40 or something. »

Ca te fait rire. Mais genre. T’as un vrai beau sourire aux lèvres. Et genre. Tu te rends pas compte que tu parles d’elle. Encore.

« Kidding, she’s 36. I think… »

Yes she is and you know it very well. Don’t pretend you don’t really know. Don’t pretend you don’t pay attention to her cos you fucking do.

Andy avait l'air un peu trop pensif et pas assez loquace pour ce qu'on venait de faire. Ouais, y'avait les endorphines et tout ça, mais pas de quoi assommer un type comme l'hispanophone, que je tentais de tirer de sa cogitation en plaisantant à propos de notre rencontre avec la brune. « Go fuck yourself. » « Je préfère quand c'est toi qui t'en charge. » raillai-je en réajustant mon hoodie. Moi, j'étais un peu trop curieux pour le laisser filer comme ça.

« What’s with her ? Except that she’s a hot piece of ass. » J'eus un petit sourire, tirai sur le cordon de mon sweat en haussant les épaules. Y'avait qu'il avait l'air de la considérer un peu plus qu'un 'hot piece of ass'. La manière dont il l'avait regardé s'éloigner, et puis la manière dont il semblait fermer à l'idée d'en parler en disait un peu trop long. « C'est quoi, son prénom ? » S'il voulait pas me le dire, j'étais déjà prêt à fouiller dans Instagram. J'étais le meilleur agent du FBI des alentours, pour sûr. Meilleur que Happn quand il s'agissait de retrouver des gens. « I think you’re too old for her. » Je fronçai les sourcils. Et toi alors Andy, t'étais quoi ? « Too young. You’re too young for her. » « Mm-mh, à coup sûr elle préfère les mecs plus vieux comme toi, papy. », lançai-je en souriant.

J'attrapai ensuite mon sac, que j'avais lancé dans un coin de la pièce. « She’s like 40 or something. » « Elle les fait carrément pas. » Putain, 40. L'angoisse. Et moi, je paniquais déjà de passer la barre des trente alors qu'elle n'était même pas atteinte. Andy souriait un max en parlant d'elle. Le mec était amoureux, ça se sentait à 8000 kilomètres. Mais c'était peut-être pas un truc à lui dire comme ça. Ça se sentait dans la manière dont il parlait d'elle, et tout. « Kidding, she’s 36. I think… » Je haussai les épaules, me dirigeai déjà vers la porte. « Elle avait l'air contente de te voir et gênée en même temps. Comme une ado en crush. Avec le bisou sur la joue et tout. Me dis pas que t'as pas fait gaffe. On bouge ? » Ouais parce que j'avais envie de courir partout plutôt que de moisir ici. Les endorphines n'avaient peut-être pas d'effet sur moi.

« Tu veux qu'on aille boire un truc ou tu files déjà ? » Peut-être bien qu'il allait rejoindre cette fille. Et puis quoi ? Tout ce que ça allait impacter, c'était ma journée de cours nuls.

« Je préfère quand c'est toi qui t'en charge. » Bien sûr. Tu le comprends. C’est normal. C’est mieux. Tu peux pas le nier. « C'est quoi, son prénom ? » Il est sérieux à demander ce genre d’info ? Tu pensais pas qu’il serait du genre commère comme ça. Mais c’est vrai que tu le connais pas du tout le gars à par  son trou de balle qui t’es vraiment très familier à présent.  « Mm-mh, à coup sûr elle préfère les mecs plus vieux comme toi, papy. » Il essaie de te faire chier mais ça marche pas. T’en fou. Ca t’atteint pas. T’en as rien à faire de son avis sur ton âge. Il te baise malgré tout. Il aime. Il dit juste de la merde pour faire son petit intéressant. « Elle les fait carrément pas. » Le gosse est naïf. Ca te fair marrer de le voir courir à ce que tu dis. Il a la gueule du gosse naïf. Pas celle du gosse qui baise le premier gars rencontré sur la plage. Ce garçon est un assez grand mystère que tu n’as pas envie d’élucider pour autant.  « Elle avait l'air contente de te voir et gênée en même temps. Comme une ado en crush. Avec le bisou sur la joue et tout. Me dis pas que t'as pas fait gaffe. On bouge ? » Pourquoi il est obligé de dire ce genre de truc ? T’en as rien à faire de son commentaire de la situation qui s’est déroulé sous ses yeux un peu plus tôt. Tu vas même pas lui donner le plaisir de faire une quelconque remarque sur ça. Pas le temps. Pas l’envie. Ca lui donnerait beaucoup trop d’importance à lui et à tout ce sujet qu’il a abordé beaucoup trop longtemps à ton goût.

« Yeah I move. »

« Tu veux qu'on aille boire un truc ou tu files déjà ? »

Il a bien compris ce que t’as dit. Tu te tires. T’en as rien à faire ce qu’il fait lui. Vous êtes à la porte et tu t’arrêtes pas dans tes pas.

« I’ve got stuff to do. »

T’as eu ton orgasme, t’es content, t’as plus besoin de lui et de ses paroles super boring. Tu avances dans le couloir sans te retourner vers Léo mais avec un bref signe de la main vers derrière toi.

« Was fun. See ya. »

Pourquoi on dirait t’es en train de t’enfuir Andy? I’m not. Yeah you are.