Le visage en sang, les côtes qui te font mal. Tu te demandes encore par quel miracle ce videur n'en as pas finis avec toi. Peut-être que ça aurait mieux valus pour tout le monde que tu meurs. Pour venger Charlie, Léo, Prim et toutes ces personnes que tu as blessées en t'en prenant si violemment à ces trois-là. Tu ne sais pas comment t'as réussis à te sortir de ce bâtiment. Apparemment, t'as un ange gardien ou simplement un coup de bol. Les moments de bonheurs que tu as pu ressentir en trente-huit ans d'existence se comptent sur les doigts d'une seule main. Ta naissance n'était déjà pas un moment heureux, comment le reste aurait-il pu l'être ? Avec le temps, t'as appris à ne pas t'en tracasser. Tu as toujours vécus pour toi principalement. Rares sont les personnes qui ont eu le privilège de se voir accorder ta confiance. Traversant les rues désertes de Brisbane, tu arrives péniblement devant l'hôpital de la ville. Assis par terre, dos contre le mur, tu tentes de comprendre ce qu'il s'est passé ce soir. Le meilleur ami de la rouquine est venu te trouver, il fallait s'y attendre après tout, il t'as cherché alors que tu lui as répété maintes et maintes fois de foutre le camp. Mais non, il n'a pas écouté et les coups sont partis tout seuls. En deux coups de poings, le garçon est tombé dans les pommes, pourtant inconscient, t'as continué de distribuer les coups sur son corps inanimés. Charlie est arrivée. Elle t'as hurlée dessus, a essayée de t'éloigner de Léo mais en vain. Un démon avait pris possession de ton corps et le coup est parti tout seul sur le visage de la rouquine. Jamais encore tu n'as frappé une femme. Encore maintenant, t'es sous le choc de ce que tu lui a infligé. Ces images ne cessent de tourner en boucle dans ta tête comme si quelqu'un avait effacé tout le reste de ta mémoire. Et Primrose, elle n'avait rien demandée. Pourtant, elle aurait sans doute dû prévoir ta venue elle aussi. C'est elle qui a lancée les hostilités en venant avouer à Charlie ce qu'il s'est passé entre son petit ami, toi, et la prostituée de vingt-quatre ans. Elle ne cherchait qu'à se donner bonne conscience de toute façon, t'en es certain. Ces coups que le videur t'as infligé, tu les as mérités. T'aurais même mérité de mourir. Ton coeur se serrer. T'ignore si c'est le contre coup de tout ce qu'il s'est passé ce soir ou bien est-ce dû à ta maladie. Ta respiration est saccadée. Ton coeur bat vite, trop vite. Ce n'est pas le contre coup. C'est ta maladie qui fait des siennes. Soudainement, le visage de Maddie apparait devant ton regard. "Maddie.." Murmures-tu à voix à peine audible. Ta colocataire n'est pas là. Elle a quittée l'appartement le jour où tu lui as avoué la vérité sur son accident. T'ignore si elle sera en mesure de te pardonner un jour. T'espère que oui, t'es pas prête à la perdre. Jamais. Cette année passée près d'elle restera à jamais gravée en toi. Tu commences à parler tout seul. Personne ne se trouve en face de toi. Tes yeux se ferment de temps en temps, comme si Morphée était en train de venir t'acueillir dans ses bras.
FEATURING @John Williams & Heïana Brook Hello, sir ... ? OH MY GOD ! You're hurt ! You should... No, you have to go to the hospital, now ! What ? Did you really believe that you have any choice ?
I'm singing in the rain... Singing in the rain ... ♫ La chanson était appropriée, une fine pluie ayant juste commencé à tomber des cieux nocturnes surplombant Brisbane. La jolie voix, légère et mélodieuse qui fredonnait cette musique bien connue n'appartenait à nulle autre qu'à Heïana, qui venait de terminer son service au St Vincent Hospital. Heureusement qu'elle avait prévu d'amener son parapluie avant son embauche, sans quoi elle aurait été bien dépourvue à la sortie ! Bien protégée par le tissu déployé, elle n'était du tout incommodée par les intempéries de ce soir d'hiver, d'où sa joyeuse envie de chantonner. Après tout, sa journée s'était superbement bien passée: trois naissances déroulées sans encombres, quelques jeunes parents à conseiller, quelques consultations données. Le temps était doux, la pluie trop légère pour être réellement embêtante, de bonnes lasagnes l'attendaient à la maison, Moana leur avait prévu une soirée film... Rien de bien exceptionnel, mais tout avait été agréable jusque-là. Ce genre de journées, Heïana ne pouvait que sortir le coeur léger et la tête dans les nuages. La demoiselle tourna sur elle-même, son épaisse chevelure noire volant au vent. Elle marchait d'un pas sautillant, dansant, et poursuivait son chant avec enthousiasme. Mais le destin s'apprêtait à la renvoyer vers son lieu de travail, bien plus rapidement que ce qu'elle aurait pu imaginer.
Alors que la jeune femme continuait de danser et de chanter, elle aperçut au loin une silhouette. Peut-être à une cinquantaine de mètres, pas plus. Au final, il y avait moins de deux minutes à pied entre la personne affalée contre un mur et l'entrée des urgences. Surprise et ressentant une étrange boule se nouer dans son ventre, Heïana arrêta aussi sec ses jeux artistiques - pour le peu qu'ils pouvaient l'être dans leur spontanéité - et accéléra le pas pour rejoindre la personne assise contre un muret longeant le trottoir. Ses pupilles se rétrécirent lorsqu'elle constata que son pressentiment était juste; l'homme qu'elle approchait semblait en sacré mauvais état. Finalement, la sage-femme arriva auprès de lui, et s'accroupit à ses côtés, ses sourcils froncés par l'inquiétude. Monsieur ? Vous m'entendez ? Première chose, vérifier qu'il était conscient. En fonction de cela, sa réaction serait différente. La demoiselle glissa sa main gauche dans celle du blessé - mon Dieu, que de sang sur son visage ! - et reprit : Si vous êtes bien éveillé, serrez ma main. Tant pis pour le parapluie, la Tahitienne ne pouvait plus se permettre de le tenir au-dessus d'eux. D'un geste souple, elle le referma de sa main libre et le déposa devant elle, alors qu'elle s'agenouillait pour être plus stable auprès du blessé. Heïana passa ses doigts près de son visage pour ramener une mèche de cheveux derrière son oreille, ne voulant pas être gênée dans sa vision périphérique. Fouillant rapidement dans son sac à main, elle en sortit un mouchoir, et une petite gourde d'eau. La professionnelle de santé mouilla le tissu et commença à l'appliquer sur le visage de l'inconnu, afin d'essuyer le sang qui avait commencé à sécher, espérant lui apporter aussi un peu de fraîcheur. Et dire qu'il n'y avait qu'elle dans le coin... Alors qu'ils étaient tout prêt de l'hôpital ! Un comble.
Coeur brisé, coeur en miettes. L'esprit qui divague, tu te surprends à rêver. Tu te retrouves dans une grande maison qui semble être la tienne. Sur les meubles, on peut voir des cadres qui y sont posés et certains cadres portent des photos de toi et Maddie. Sur ces photos, vous semblez heureux et très amoureux. Tu te trouves à la cuisine, en train de préparer le petit déjeuner pour deux. Quelques minutes plus tard, Maddie arrive avec un ventre légèrement arrondi. Elle est enceinte et c'est toi le père, tu ne le crois pas. Il s'agit vraiment d'un rêve mais qui deviendra peut-être réalité un jour. Ça ne dépend que de toi, il te faut juste la force de lui avouer ce que tu ressens pour elle. Si tant est qu'elle puisse vouloir te parler encore. Une semaine s'est écoulée depuis qu'elle a appris cette effroyable nouvelle et qu'elle a quitté l'appartement. Petit à petit, les affaires de la jeune femme disparaissent de l'appartement. Bientôt ça sera comme si elle n'avait jamais vécue là-bas. Assis par terre, dos au Saint Vincent Hospital, tu prie pour que personne ne te trouve à temps et que tu viennes à mourir. Au fond, c'est tout ce que tu mérites. Après ce que tu as fait à Léo, à Charlie et à Primrose, c'est la moindre des choses. Tu ressembles bien trop à ton père, tu ne mérite pas de vivre. Le videur aurait dû terminer ce qu'il a commencé et en finir avec toi. Peut-être que la vie te donne une seconde chance. Une chance de tout refaire autrement mais en mieux cette fois, ça ne devrait pas être trop compliqué. Dehors, la pluie tombe à torrent mais tu t'en fiches. T'es bien incapable de te lever pour aller te mettre à l'abri. Certaines personnes passent devant toi, ne s'arrêtant pas afin de te venir en aide. Les gens sont tellement égoistes de nos jours, c'est fou quand même. Il est tard, tu ne rêves que de rejoindre ton lit. Tu as longuement hésité entre rejoindre ton appartement et l'hôpital, tu as choisis la seconde option même si tu n'oses pas rentré. Les médecins, les infirmiers, ils vont tous te demander ce qu'il s'est passé pour te retrouver rouer de coups. Tu ne veux pas raconter à qui que ce soit ce qui a pu se passer ce soir, tu veux juste le mettre dans un coin de ta tête et oublier. Mais jamais tu n'oublieras, c'est impossible. Chaque fois que tu fermeras les yeux, tu reverras le corps inanimé de Léo tandis que tu le bats presque à mort. Chaque fois que tu penseras toucher un temps soit peu de bonheur, tu reverras ton poing frappant violemment le visage de Charlie. Tu trembles, t'as froid. Serait-ce la fin pour toi ? Ou bien serait-ce la pluie qui te fait grelotter à ce point ? Monsieur ? Vous m'entendez ? La voix d'une femme se fait entendre à quelques centimètres de ton oreille. Ce n'est pas Maddie, comment aurait-elle devinée que tu serais là ? Tu ne réponds pas, bien trop faible pour émettre le moindre son. Elle te prend la main, un frisson te parcoure l'échine. Si vous êtes bien éveillé, serrez ma main. Tout doucement, tu sors la main de la demoiselle. Tu ne sais pas si elle a pu le sentir mais c'est tout ce que t'es capable de faire. Tu sens que la jeune femme t'essuie le visage. "Qu'est-ce que .. vous .. faites ?" Réussis-tu à dire péniblement. Même en compagnie de la demoiselle, tu ne penses qu'à Maddie. T'aimerais tellement qu'elle puisse être présente et ne même temps, tu ne veux pas qu'elle te voit dans un tel état. Tu vas lui faire peur, c'est certain. "Maddie .." Murmures-tu avant de fermer les yeux, épuisé par cette nuit qui fut très éprouvante. Aussi bien physiquement que moralement.
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Ouf, l'homme était toujours bien conscient; même si ça avait été léger, il venait de serrer la main d'Heïana, qui se sentit déjà rassurée. S'il avait été inconscient, elle aurait couru jusqu'à l'entrée des urgences pour aller chercher des secours, c'est ce qui aurait été le plus efficace... Mais qui aurait aussi laissé présager d'une situation bien plus dangereuse pour la santé du pauvre homme qui était à terre. Super. Restez avec moi. Tenez le coup. Ajouta la demoiselle pour encourager le peu de force mentale qui restait au blessé. Il paraît que parler permet de souvent aider les personnes en faiblesse, leur faire garder un lien avec la réalité, quand elles étaient conscientes. Alors qu'elle essuyait le sang sur son visage, il trouva la force de lui demander ce qu'elle faisait. J'essaye d'aider, simplement. Répondit-elle avec douceur, mais aussi avec fermeté. Hors de question qu'elle le laisse sur le bas-côté, comme un moins que rien. Comment vous appelez-vous, Monsieur ?
Elle essaya de prendre certaines constantes de l'homme, vu qu'il avait de la difficulté à répondre, à être cohérent et surtout, à rester conscient. Le pouls s'affolait, il fallait vite l'emmener aux urgences. Elle sortit son propre portable de son sac, et composa le numéro des urgences. La Tahitienne était bien consciente qu'elle n'était pas assez forte pour porter l'homme seule jusqu'à l'hôpital, aussi proche soit-il; et le blessé n'aurait probablement pas assez de force pour marcher. Après cinq minutes d'attentes, qui parurent une éternité, on décrocha enfin. St Vincent Hospital, j'écoute ? Oh, c'était Kate. Parfait, la demoiselle s'entendait super bien avec, et lui faisait confiance. Salut Kate, c'est Heïana. Je suis à environ cinquante mètres de l'entrée des urgences, je suis avec un homme blessé. Il est encore conscient, mais c'est juste. Pouls rapide et désordonné. Qu'ils viennent avec un brancard. Oui. Merci. Les infirmiers seraient là dans très peu de temps.
Peu après, l'homme donna un nom. Maddie. La sage-femme fronça les sourcils, elle connaissait une fille qui avait ce même prénom. Une de ses acolytes de jeux en ligne, qui utilisait son véritable nom pour servir de pseudonyme sur internet. Pourquoi pas, après tout, mais Heïana ne se le serait jamais permis. Bien que détestant s'incruster dans l'intimité des gens, la jeune femme se le permit, cette fois. Excusez-moi, énonça-t'elle sans plus en dire. Elle plongea alors une main dans la poche de veste du blessé, et en sortit un portable. Bingo. Il n'y avait même pas de mot de passe dessus. Quelle veine ! Aussitôt, la jeune femme fouilla dans le répertoire, pour trouver cette fameuse Maddie. Et là, ce qu'elle vit la stupéfia: juste sous le numéro de cette demoiselle, se trouvait un pseudo, qui ne pouvait pas être un prénom, ou en tout cas très rare. "Ohana". Cela ne pouvait pas être une coïncidence. Tremblante, la Tahitienne demanda, d'une voix hésitante: Boxman ... ? C'est toi ?! C'est Ohana. Je suis la personne près de toi. Oh mon Dieu... La sage-femme était tellement sous le choc qu'elle en oublia d'appeler Maddie, pour l'instant. Quelle rencontre totalement absurde, dingue ! Pour un premier rendez-vous amical, on avait connu plus tranquille...
Super. Restez avec moi. Tenez le coup. Les yeux qui se ferment tout seuls, tu es à bout de force. Épuisé, fatigué, tu as envie de dormir. Envie de fermer les yeux mais tu n'es pas certain de pouvoir les rouvrir prochainement. Une larme coule sur ton visage lorsque celui de Maddie apparait soudainement devant ton regard. Elle te manque. Tu ne peux pas mourir sans lui dire ce que tu ressens pour elle, tu ne peux pas la laisser. Alors tu vas te battre pour elle avant tout. "J'essaie, je te promet .." Les mots sont difficiles à sortir de ta bouche. T'as mal partout. Les côtes, la tête, la mâchoire. Mais aussi le coeur, c'est lui le plus douloureux. Ce soir, t'as perdus Charlie pour de bon. Elle te déteste et tu ne supporte pas cela. Mais elle a raison, tu n'es pas un mec bien. Tu ne la mérites pas et elle n'aurait jamais dû sortir avec toi. Ça aurait évité toutes ces péripéties, néanmoins, Charlie restera à jamais dans ton coeur. Elle t'as changée, chose que tu pensais impossible à réaliser avant que cela se produise. La femme en face de toi te demande ton nom. "Euh.. je .. euh .. john, jcrois qu'c'est ça .." Tu as du mal à parler. Tu as envie de dormir. Ton lit, tu veux ton lit ou n'importe quel autre lit mais tu veux t'allonger. La pluie tombe à torrent. Tes cheveux, tes habits. T'ignores si ce sont les coups ou le froid dû à la pluie qui te fait trembler mais t'as froid. "J'ai froid .." Dis-tu en tentant de rouvrir les yeux mais en vain. Tu ne vois toujours pas le visage de la demoiselle, t'essaie d'imaginer ce à quoi elle peut ressembler. Ta main serre toujours la sienne ce qui t'empêche de tomber sur le côté. Tu l'entends vaguement appeler quelqu'un. Certainement les secours mais tu ne fais pas attention à ce qu'elle dit. Ton esprit divague. Il te montre des choses qui ne sont pas là. Maddie par exemple, elle ne cesse d'apparaitre et de disparaitre devant ton regard. Les larmes aux yeux, tu murmures son prénom. Tu veux la voir, la serrer dans tes bras et lui demander pardon. Tu n'es rien sans elle. Ton coeur bat au ralenti, ton souffle est saccadé. La jeune femme fouille dans tes poches. "Qu'est-ce que .." Pas le temps de terminer ta phrase, elle attrape ton smartphone. Boxman ... ? C'est toi ?! C'est Ohana. Je suis la personne près de toi. Oh mon Dieu... C'est pas possible, elle ne peut pas être là. Ohana est censée être à Tahiti. C'est encore ton esprit qui te joue des tours, c'est certain. Il ne peut pas en être autrement. "Ohana ne peut pas être là .. Elle habite dans les iles.. tu mens.." Pourtant, au fond de toi, tu sais que c'est elle. Ohana, tu ne connais pas son véritable nom, est là devant toi. C'est sa voix, tu la reconnais. Tu ne parviens plus à faire la distinction entre réel et imaginaire. Ton esprit mélange tout. "J'ai mal Ohana.. J'ai envie de dormir.." Tu serres sa main plus fort et tentes à croire que c'est elle qui s'occupe de toi. "Les secours arrivent .. ? S'il te plait, préviens Maddie. Dis lui où je suis.." Ta main se pose sur son visage, les larmes coulent le long de tes joues. T'as mal. Ton coeur se serre. T'as juste envie de crever à cet instant.
FEATURING @John Williams & Heïana Brook Hello, sir ... ? OH MY GOD ! You're hurt ! You should... No, you have to go to the hospital, now ! What ? Did you really believe that you have any choice ?
John. Alors voici l'identité réelle de ce cher Boxman, que la demoiselle avait connu sur des plateformes de jeu vidéo et sur le réseau social Discord. Autant dire qu'elle n'aurait jamais imaginé le rencontrer dans de telles circonstances. D'ailleurs, elle avait voulu lui organiser un rendez-vous surprise avec la complicité de Maddie, car ils s'étaient toujours dits qu'un jour ils se verraient, et la jeune femme avait dit à Ohana que cela ferait véritablement plaisir à Boxman. Alors, quoi de mieux qu'une surprise pour cela ? La jeune femme ne doutait pas que le joueur, sous sa carapace de gros dur et de dragueur invétéré, aurait réellement été touché de leur intention et de leurs efforts communs pour fomenter ce gentil complot. Mais une fois arrivée à Brisbane, la Tahitienne n'avait absolument pas eu le temps de mettre tout ça en place. Déjà, il avait fallu gérer le déménagement lui-même, avec le transports de pas mal d'effets personnels par avion; en ce qui concernait les meubles, elle avait tout acheté sur place avec sa soeur, et les avait fait livrer par les magasins. Après, il avait fallu monter le tout, décider comment agencer la maison, puis prendre ses marques. Entretien d'embauche, débuts au St Vincent Hospital, suivre la cadette dans ses démarches pour entrer à la fac, faire des rencontres aussi inattendues que plaisantes - ou pas d'ailleurs - ... Autant dire qu'Heïana avait été bien occupée, et n'avait pas eu le temps de se connecter sous le pseudo d'Ohana pour parler à Maddie, et donner des nouvelles à Boxman. Et voilà la fameuse rencontre, telle que la Polynésienne ne l'aurait jamais imaginée. Son ami de jeux en ligne à terre, blessé et sérieusement mal en point.
Forcément, elle n'avait rien pour tenir chaud au pauvre homme, il faisait plutôt bon jusque-là! Mais c'est vrai qu'avec la nuit tombant, le temps se rafraîchissait. Courage, les secours vont arriver, murmura la demoiselle, angoissée de sentir le pouls irrégulier de son ami. D'ailleurs, lorsqu'elle lui annonça son identité, il ne la crut pas dans un premier temps. Mais si, tu sais bien que je devais déménager... Lui dit-elle avec un doux sourire. Non pas qu'elle veuille vraiment qu'il retienne ces informations, mais il était important de lui parler, pour qu'il garde conscience. La demoiselle eut une idée, pour essayer de réchauffer John. Elle se glissa derrière lui, et après quelques acrobaties, réussit à s'asseoir dans son dos, l'entourant de ses bras. On dit que la chaleur humaine est la plus efficace de toutes, alors pourquoi pas. Au fait, je m'appelle Heïana... Enchantée, John. Lui sussura-t'elle à l'oreille, sincère et inquiète pour lui.
Lorsqu'il lui demanda d'appeler Maddie, elle opina du chef. Oui, bien sûr. La main de la jeune femme se pose sur celle du blessé, qui avait cherché le contact de sa joue. Alors qu'il semble commencer à partir, Heïana cherche sa colocataire dans sa liste de contacts, et l'appelle aussitôt. Elle réussit à l'avoir, et lui expose clairement les choses, son stress cependant perceptible dans ses mots : Salut Maddie. Non en effet, ce n'est pas John. C'est Ohana. Non non, ce n'est pas une blague, ne raccroche pas ! Ecoute. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous mais... On est devant St Vincent Hospital. Il est sérieusement amoché, je l'ai trouvé là. J'ai appelé les brancardiers pour qu'ils le transportent aux urgences. Viens dès que tu peux. Merci. La sage-femme raccrocha, et rendit le téléphone au blessé, le glissant dans sa poche. Pour le rassurer, elle déclara: Maddie vient au plus vite. Courage, John.
A cet instant, les brancardiers apparaissent, au pas de course. Enfin. Quoiqu'ils avaient été rapides, en réalité. Heïana les laissa déposer son ami sur la civière, et les suivit pour pouvoir donner les éléments qu'elle connaissait à l'équipe médicale, alors qu'on envoyait John en soins. Une fois sa déposition faite, la Tahitienne ne s'attarda pas aux urgences : Maddie saurait prendre soin de leur ami.
Heïana, Ohana. C'est la même personne. Il s'agit de cette fille rencontrée sur la pateforme de jeux en réseaux et sur Discord également. C'est Maddie qui t'as poussée à rejoindre les réseaux sociaux, sur le coup tu n'en voyais pas trop l'intérêt mais finalement, elle a eu raison de te forcer à rejoindre Discord. Ohana est une fille qui vit dans les îles, du moins tu le croyais jusqu'à aujourd'hui. Mille et une questions te tournent dans la tête mais tu n'as pas le courage les lui poser, peut-être plus tard. Tes yeux se ferment petit à petit. Tu n'arrives même pas à la regarder, t'aimerais voir son visage mais tu ne peux pas. Depuis le temps que vous vous connaissez, il serait enfin temps de vous voir. T'angoisse. Cette première vraie rencontre est loin d'être parfaite et ton état doit certainement lui faire peur. Le visage en sang, couvert de bleus. Il fait noir, t'as froid. La pluie s'est soudainemen arrêtée de s'abattre sur vous mais vous êtes quand même trempés jusqu'aux os. T'as froid, tu tremble. Tu sers la main de ton amie Ohana. Tu n'arrives pas à croire qu'elle soit ici mais tu la crois. C'est elle, il n'y a qu'elle qui peut t'appeler comme elle vient de le faire. La jeune femme t'assure que les secours vont arriver. Tu ne sais même pas où t'es, ta vision se trouble. Tes yeux se ferment, la fatigue te gagne et tu tentes de te battre. Les forces te manquent. "Oui .. Mais je ne pensais pas te croiser ici .. Ou pas comme ça du moins.." T'aurais préféré l'inviter chez elle ou la croiser dans le parc, sur le plage. Mais pas comme ça, pas dans l'état dans lequel tu es. Heiana appelle Maddie. Tu n'entends pas ce qu'elle lui dit. Tu n'entends plus rien. T'es partis dans un autre monde. Il fait noir, t'es seul. Tu n'entends plus rien de ce qu'il peut se passer autour de toi. Charlie, Léo. Maddie. Heiana. Si tu disparaissais qui s'en soucierait ? Certainement pas la rouquine, ni son meilleur ami. Ton père non plus.si tu pouvais leur dire, aux médecins de te laisser partir, de ne pas te sauver. Mais c'est leur métier, ils sont obligés de le faire. La vie de tout le monde serait plus simple si tu disparaissais à tout jamais. Tout le monde ne s'en porterait que mieux, c'est certain. Même Maddie. La jeune femme t'en veut de lui avoir caché la vérité sur son accident, tu la comprends et tu ne peux pas lui en vouloir. T'as merdé, t'as déconné. Transporté d'urgence au bloc opératoire, les médecins et les infirmières se chargent de toi. Plongé dans un semi coma pour préserver ton coeur, tu plonges dans un profond sommeil.