« Arrête de me mater, on a des trucs à accrocher veux-tu. » et je l'avertis Andy, je me trémousse même plus du haut de l'échelle où je suis grimpé de longues minutes plus tôt alors que lui il est resté sagement au sol. Y'a rien de marrant à attendre après lui quand je suis à bout de bras, que le vent qui passe d'un côté à l'autre de la terrasse en extérieur menace de me faire foutre le camp en bas à tout moment. Des guirlandes de lumières, des banderoles aussi, c'est la foire là, c'est la totale qu'on a décidée de mettre en place pour l'ouverture de la nouvelle section du DBD qui aura lieu un peu plus tard en juillet.

Et malgré mon avertissement, c'est pas bien compliqué de sentir le regard du Rivera qui brûle sur moi, sur ma peau, ma nuque même, comme si y'avait quoi que ce soit de sexy à lorgner sur un cou. Come on dude, t'as oublié tous les squats que je fais chaque matin, déjà, ou? « Et parlant d'accrocher, raccroche ta mâchoire, j'suis pas un agneau, et t'es pas un loup féroce. » mon regard se vrille vers lui par-dessus mon épaule, avant que je lui tende la main pour qu'il me donne le reste des conneries qui siègent sur la table et que Deklan a choisies lui-même. Y'a des semaines de ça, complètement wasted sur Ebay en les payant avec la carte de crédit du café. On fera avec, on a sûrement de quoi donner un look sympa au final. J'espère.

Puis, une fois les derniers auto-collants appliqués au mur extérieur où on fait tenir ces décorations-là, je finis par lâcher la bombe, par retirer l'air sérieux trop outré pour l'être vraiment de mon visage d'ange, de porcelaine diraient même certains. « Qui y croit? » à mon discours, à mes conneries, à mes remontrances, à comment je m'amuse à piquer Andy alors que je suis le premier à jouer les aguicheuses rien que parce que notre dynamique est probablement le truc qui m'amuse le plus dans ce bas-monde depuis des années maintenant. « On sait tous les deux que tant qu'à se faire séduire, autant que ça soit par un douchebag bien viril, hum? » mon ton est moqueur à souhait, ma voix qui prend dans les aigus sur la fin, le rôle de la demoiselle en détresse que je me verrais bien interpréter du haut de mon échelle si un jour y'avait un type à la Iron Man qui débarquait dans le coin. Parce que, soyons honnêtes. Le gars, il avait tout ce dont on peut rêver. Un cerveau de génie, un charisme à en souffler, du fric pour des millénaires. Il était pas laid non plus, fallait dire que le trio de la barbe bien taillée, de la mâchoire carrée et des muscles malgré ses nombreux tours au compteur, ça a du style. Je ferais pas mon difficile pour lui, je le laisserais agir comme un vrai salaud avec moi rien que parce que ça me fascine pur et dur de voir comment il est condescendant, comment il en a rien à faire des autres, qu’il roule juste sur ses idées à lui, sur ses propres opinions, sur sa façon de faire, et celle des autres qu’il envoient chier. Ouais, lui, c’est le mien.

« Arrête de me mater, on a des trucs à accrocher veux-tu. » Genre c’est possible que tu fasses autrement. Tu sais qu’il adore ça en plus donc tu te fais plaisir tous les jours autant que tu peux. Only my eyes have this pleasure. Yeah. Right. Tu le touches dès que tu peux aussi. Tu te démerdes toujours pour lui virer son t-shirt prétextant qu’on est en Australie et qu’il fait chaud. Le con il se met toujours torse nu aussi. He loves that so much. And you do too.

« Et parlant d'accrocher, raccroche ta mâchoire, j'suis pas un agneau, et t'es pas un loup féroce. » Ca te fait grave marrer comme il insiste le gars. Il aime tellement ça c’est jouissif de le voir. Tu fais le bon assistant malgré tout parce qu’il a besoin de toi apparemment et t’aimes plutôt ce feeling. Être utile. Surtout quand tu donnes ton coup de main de bon coeur parce que tu l’aimes ce batard.

« Qui y croit? »

« Definitly not me. »

Le gars il appuie. Il pousse. Tu l’arrêtes pas. Ton putain de sourire toujours sur tes lèvres. Tu passes toujours un bon moment avec ce connard blindé de fric.

« On sait tous les deux que tant qu'à se faire séduire, autant que ça soit par un douchebag bien viril, hum? »

« That line describes you perfectly. Oh wait. That was me? »

T’éclates de rire et tu le pousses de l’échelle quand il arrive sur la dernière marche. Sauf qu’en même temps tu l’attrapes par le bras pour pas qu’il se casse la gueule. Cos I want to touch him yeah. On va dire ça. Et puis t’étudies ce que vous avez fait jusqu’à maintenant, y’a encore des trucs à accrocher. T’es pensif alors qu’il est parti vous chercher à boire et quand tu récupères ton nouveau verre, tu prends la parole.

« That look cheap as fuck but if you put it just there… »

Tu montes en même temps de quoi tu parles.

« …it’s gonna look seriously good with that thing next to it. »

Une pause alors que t’es encore en pleine réflexion. Tu t’approches vers un détail, un petit truc, tu pointes du doigt.

« What’s that shit anyway? »

You have no idea but it looks good and sometimes we don’t really need any explanations to enjoy a good view. Way more than good. Yeah if there’s Matt’s ass in the middle, agreed. More than good. Way more. Gotcha.

Tu penches la tête pour essayer de deviner.

« Looks like an asshole. »

Tu plaisantes même pas en plus. Mais peut être que tu vois des culs partout en fait Andy.

« Not one that I’ve seen before. »

Tu tournes la tête vers Matt.

« Is it yours? »

Le sourire de con qui revient sur tes lèvres. Need to check if so…

Et il me pousse de l'échelle le con, pas des masses, pas assez pour que ce soit dangereux, mais suffisamment pour que je perde pied, et qu’il s’élance pour me rattraper au vol. C’est que ça aurait bien l’air d’une scène de comédie romantique avec la bonne musique, le bon éclairage. J’éclate de rire, le laisse derrière le temps d’aller vider dans nos verres le pichet de Margarita qui avait fait office d’argument ultime pour l’obliger à rester m’aider aujourd’hui. J’ai pas eu à insister tant que ça quand il m’a vu dans mon t-shirt – that t-shirt – mais quand même, on est jamais trop prudent.

« That look cheap as fuck but if you put it just there… » « Name of your porn- » « …it’s gonna look seriously good with that thing next to it. » « - oh yeah, I get what you're saying. Good thinking man. »

Je le laisse prendre ses aises, surtout maintenant qu’il m'a filé l’idée de l’agencement que je suis en train de finaliser de mon côté. Son attention passe de ça à autre chose, je regarde pas tout de suite, occupé à me battre avec le ruban à coller, une autre connerie qui veut pas tenir. Mes doigts sont pris dedans, je contemple le fait de tout arracher au moins 40 fois avant de finir par appliquer, glorieux, le résultat relativement final ni vu ni connu sur les briques.

« What’s that shit anyway? » je le laisse s’emporter, trop fier de ma réalisation que j’ai bravée contre vents et marrés pour faire autre chose que l’admirer l’oeil ému. « Looks like an asshole. » bon, bon, ça y est, Andy fait dans la métaphore classy et bien graphique. Je suis curieux, mais j’ai surtout soif, alors mes prunelles, elles se vrillent d'abord sur mon verre bien avant que sur les idioties qu’il déblatère. « Not one that I’ve seen before. Is it yours? » son regard brûle sur ma nuque, je fais volte-face direct.

« It’s another useless something drunk Deklan thought would look insane by the window, I guess. » ma voix est presque lasse, presque sérieuse. Si c’était pas le sourire en coin qu’on partage l’un l’autre parce que damn qu’on est des cons avec tous nos sous-entendus qui prennent de court qui que ce soit nous écoute trop longtemps.

« Maybe he’s trying to tell me something and I’m too dumb to hear it. » mes sourcils dansent, je tends la main dans l’angle pour qu’il me donne l’objet de son intérêt de dernières deux secondes. « Give it to me now. » ce n’est que lorsque ses doigts frôlent les miens que j’arbore l’air du conquérant, l’air le plus lourd et/ou charmeur que j’ai en stock. « Knew you’d love to hear this one from me. Consider it as an early Christmas gift. »

La terrasse qui était plongée sous le soleil de fin d'après-midi commence à s'assombrir direct. Et avant même que je le réalise, y'a un énorme coup de tonnerre qui gronde, et l'averse se déchaîne à peine une seconde après. « Dammit. » et je me grouille, je fais que ça, à tenter de ramasser le plus de trucs susceptibles d'être détruits par la pluie, avant de presser Andy à me suivre à l'intérieur.

« It’s another useless something drunk Deklan thought would look insane by the window, I guess. » Fucking Deklan. D’où il a le droit de mettre de la merde pareil où il veut ? Faut que tu te calmes quand même Andy, c’est pas chez toi le DBD, même si tu squattes beaucoup trop l’endroit pour ton bien. Pas de ta faute. Tu te sens bien ici. Pourquoi t’en priver ? Nope. Tu t’en prives pas. Tu en abuses. En plus tout le monde est queer af ici. T’as oublié Matt. Je répète. Tout le monde est queer af.

« Maybe he’s trying to tell me something and I’m too dumb to hear it. »

« He is. »

« Give it to me now. »

Tu lui donnes sans bronché, un sourire en coin sur tes lèvres parce t’aime beaucoup trop ces mots là dans sa bouche. Ce con sort justement toutes ses queer vibes qu’il a sa disposition. All of him really.

« Knew you’d love to hear this one from me. Consider it as an early Christmas gift. »

« Give me your dick as an early Christmas gift. »

Ca t’aimerait beaucoup plus. Et comme si Zeus or whatever dieu qui peut gérer la météo était pas d’accord, il se met à pleuvoir de fou d’un coup. Nope, ça c’est Tornade. Ton X-Men préféré. Pas seulement parce que son personnage est joué par Halle Berry au cinéma et que tu trouves cette femme magnifique. Mais ouais, c’est vraiment un des meilleurs personnages. Tu voudrais pouvoir gérer le temps toi aussi parce qu’avec ton métier de photographe, la météo c’est super important. C’est vrai que contrairement à elle qui déchaîne tous les éléments pour que l’air devienne lourd avec trois tonnes de nuages, toi tu laisserais un ciel bleu éclatant. Sauf quand t’as besoin d’une atmosphère pesante. Là tu serais à fond sur la tempête. Clairement Tornade c’est la meilleure. Un vrai fantasme de pouvoir gérer la météo.

« Dammit. »

Mais ouais là t’as pas trop le temps de rêver que tu récupères un max de merdes qui sont sous ton nez afin de pas tout niquer les décos que vous avez mis en place. Sérieux. Tout ça pour rien ??? Ca fait quelques heures que vous êtes là dessus et en deux secondes y’a tout qui est ruiné par l’averse ? Le karma est vraiment dégueulasse avec vous aujourd’hui. C’était même pas prévu en plus. Tu comprends pas. Tu regardes souvent la météo parce que tu fais attention à comment tu t’habilles et là clairement t’es trempé. Tu avais prévu des trucs plus tard mais vu ton état et ce déluge t’es clairement pas motivé. Et puis faut dire que tu te sens si bien ici que tu vas poser un lapin au mec qui veut te pisser dessus d’après ses messages. No thanks man. Pas trop dans ces trucs là toi.

« Why do you have such a bad karma ? What did you do in your life ? »

Cos obviously, it’s all on him. Il sait tout autant que toi, que tout est mort dehors. Y’a plus qu’à tout refaire. Et tu enlèves ton t-shirt because you can.

Pour une fois, que je pouvais quitter le travail tôt, je comptais bien profiter de mon temps libre pour faire un tour en ville. Rien de bien extraordinaire, mais aujourd’hui il fait réellement beau et j’ai tout simplement envie d’en profiter pour flâner. Une fois sortie du bureau, je prends le chemin en direction de Logan City. Mes écouteurs sur les oreilles, je chantonne au rythme des chansons qui s’enchaîne de manière assez éclectique. Un pur bonheur. Tout ce dont j’avais besoin. Une après-midi de libre à ne rien faire. Enfin… C’était sans compter sur la météo australienne et cette curieuse habitude qui fait que dès que je ne suis pas au travail, le mauvais temps s’invite au tableau. Au fur et à mesure de ma marche, je vois que le ciel ne cesse de s’assombrir. J’accélère le pas, ne voulant finir tremper, mais bien entendu les nuages sont bien plus rapides que moi.

L’averse se met à tomber d’un seul coup, sans prévenir. Comme si le ciel venait de se déchirer au-dessus de ma tête. Rapidement, je jette un regard autour de moi et finis par apercevoir la devanture du Death Before Decaf au coin de la rue. C’est sans réfléchir que je me mets à courir dans cette direction, au moins là-bas je pourrais me mettre à l’abri le temps que tout cela se calme. Je pourrais même en profiter pour m’offrir une tasse de leur meilleur thé et une de ses pâtisseries qui me font toujours envie lorsque je passe devant.

C’est en trombe que je finis par entrer dans le café et je tombe nez à nez avec deux hommes en train de discuter des décorations entre les bras. Je les observe un instant et finis par reconnaître l’un d’entre eux. « Eh ! But you’re the guy with the expensive shirt ! » Je lui souris grandement et me rapproche de lui. « And you’re not even wearing it. I’m disappointed dude. » Il m’aura soûlé pendant plusieurs minutes avec sa fameuse chemise, il a même fini par la quémander à l’un de ses amis et voilà que je le recroise sans. Je l’aurais imaginé porter le fameux vêtement nuit et jour. Pour lui faire honneur ou quelque chose comme ça. Mon regard fini par se poser sur l’homme présent à côté de shirt guy et mon cœur semble louper un battement soudainement. De suite, je sens mes joues rougir. Well done Elora. C’est pas possible de devenir aussi timide à chaque fois. Pourtant, prise d’un élan de courage, je finis par dire à mon shopping addict. « All your friends are that cute ? » Mon regard se pose à nouveau sur le brun qui me sourit. « Would be nice to see you both again. » Et voilà que je finis même par leur faire un clin d’œil avant de reprendre mon chemin vers le comptoir. « Have fun with… » D’un geste de la main, je montre ce qu’ils ont entre les mains. « All your stuff. » Et je m’arrête au comptoir pour passer ma commande, sans me retourner. Sinon je vais bien trop rougir et ils doivent certainement déjà me prendre pour une folle.

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J’ai mon t-shirt collé à ma peau, mes cheveux pareil. Et Andy lui il s’enlève le sien le plus naturellement du monde à la seconde où on entre à l’intérieur, où tous les regards se braquent sur nous. Il était tellement un habitué du café que j’étais certain que les clients croyaient qu’il bossait ici, ou qu’il avait des parts. Et au nombre de fois où il débarquait par l’entrée menant vers mon appart en haut, clairement, il avait le visage aussi familier pour eux que n’importe quel autre membre du team. « Why do you have such a bad karma ? What did you do in your life ? » je secoue la tête de la négative, if only he knew toutes les merdes que justement, j’ai cumulées. La liste est longue, ça prendra plus de temps à gratter ces éléments-là qu’à rescaper les décorations noyées. « Do you have the whole day or I should book a few more hours on your busy bee schedule for you to know everything I did wrong in my life? » j'éclate de rire, c'est pas trop le temps de tuer le mood non plus.

Deklan a l’air super dépité quand je lui montre de loin l’état de presque la moitié de ses achats impulsifs. En soit, je pense pas qu’il ait dépensé assez de fric pour que ça le fasse chier autant qu’Andy a l’air pissed, mais c’est tout de même nul. J’allais proposer de finalement oublier le plan de décorer la terrasse pour aller dans l’annexe et la décorer à la place quand y’a une blonde qui vient errer autour de nous, qui lance deux trois piques à Andy m’occasionnant un sourire en coin à mon tour. Elle rougit aussi, mais ça je le vois pas, je suis occupé à retirer à mon tour mon t-shirt pour le tordre au-dessus de l’évier derrière le comptoir du bar. « All your friends are that cute ? » « I’m not sure “cute” is the kind of attribute that would make me feel strong and manly right now. » entre les banderoles de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel qui dépassent de la poche de mon jeans, et mon t-shirt que je m’acharne à remettre et qui me colle toujours autant à la peau malgré l’essorage, je me sens pas au top de mes capacités viriles on va se le dire.

« Would be nice to see you both again. » mon sourcil se hausse, mon sourire s’agrandit, mes yeux la suivent alors qu’elle va vers la caisse payer son dû. « Come by anytime, we’re always here. » Andy peut pas vraiment nier, c’est vrai qu’il est toujours dans le coin qu’il fasse pas genre son indépendant. On est presqu’exclusifs lui et moi à force. « Sometimes we’re even dry, and cuter. » puis, du menton, je pointe sa commande avant d’ajouter « Next one’s on me. » - et encore, elle se moque en filant par la porte du café.

Ma tête se tourne vers Andy la seconde d’après. « Beer? » et là, c’est une lueur d’excitation pure et dure qui illumine mon regard. « I’ve worked on new mixes! » Matt le chimiste, Matt le nerd, Matt l'enfant qui s’emporte avec les sortes de houblon, qui s’amuse avec les différentes saveurs à ajouter à mes barils.

Matt fait genre le gars il a la pire vie, en vrai t’as pas vraiment idée. Maintes et maintes fois vous vous marrez tous les deux, le peu de temps qu’il reste vous discutez sérieusement. Même si c’est pas souvent, quand vous arrivez à ce level là, c’est du lourd. Mais genre, vraiment. Mardi y’a quelques semaines t’as mis sur le tapis le sujet de cette boîte de nuit dans laquelle tu es réticent à mettre les pieds depuis des lustres. Mais vaut mieux pas que tu repenses à ça, t’es bien là, t’es avec ton bro à te manger une averse. Manger c’est un bien grand mot parce que t’es le plus heureux à avoir une raison de te foutre torse nu. Malgré tout ça, t’aimerais bien booker ce rendez vous avec lui pour en savoir plus sur tout ce qu’il a fait de si bad dans sa vie. Mais vous êtes interrompu par une blonde. Même fille que l’autre jour à la boutique avec la chemise. Mille deux cent dollar la chemise payé aux frais de ton ami, tu t’en souviens bien, elle aussi, elle en parle. Matt et elle ont clairement un moment là, tu les mates silencieusement. Matt est hot af, tu comprends tout à fait pourquoi elle crush sur lui, d’ailleurs là t’as les yeux braqué sur ce connard que t’aime fort. Moult conneries sortent de sa bouche et tu aimes beaucoup trop ça.

« Mais quand tu veux. »

Matt qui répond la même chose quand elle dit qu’elle veut vous revoir tous les deux. Mouillé, vous êtes tout mouillé et ton ami s’empêche pas de faire la réflexion alors que tu retiens fort de faire une boutade très douteuse sur le même sujet lié à l’H2O, sauf qu’elle est déjà partie.

Maintenant vient l’heure de boire un coup et plus encore. Mai dernière t’as fait explosé ton record, t’es venu et t’as bu beaucoup trop de fois pour ton bien. Mémorable, complètement mémorable, surtout que Matt ne dit rien pour te contrer, comme s’il était heureux que tu vides tout ses stock. Mon boy je vais le rendre heureux tous les mois comme ça.

« Montre moi tout ça ! »

Mixes, il a attiré ta curiosité avec sa phrase, tu veux tout goûter tout tester. Matt sait que tu es toujours là pour tout ce qui est gratuit, surtout pour la vue du putain de beau barman qui est là pas aussi souvent que tu voudrais, le blond, celui qui est loin dans le placard.

« Mais tu sais que la bière c’est pas ce que je préfère. Mets moi une tonne de sucre en plus dedans. »

Même pas peur pour ta santé. Tu fais des test régulièrement parce que tu es si actif sexuellement il faut ce qu’il faut, tu veux pas de maladies, pas encore.

« Mec, c’est quand la dernière fois que t’as baisé ? »

Matt est célibataire depuis un moment et c’est une question tout à fait normal venant de toi quand on te connait. Maria elle s’appelait la dernière ? Maria quelque chose, elle était Latina de ce que tu te souviens, t’avais approuvé fort. Mais y’avait eu aussi une Alex qui bossait pendant les rénovations.

« Me propose si jamais… »

Mille neuf cent trente deux c’est le nombre de fois où tu as proposé tes fesses à ton ami et seulement pendant le mois qu’il vient de s’écouler. Matt loves it.

« Montre moi tout ça ! »  son enthousiasme qui évidemment m’arrache un éclat de rire et un bon, un franc. Il avait toujours l’œil brillant au moindre verre que je posais sous ses yeux, et sans même qu’il le réalise, il était devenu le goûteur officiel du DBD à force de tremper ses lèvres dans les divers drinks que je concoctais, des fois des succès qui lui donnaient le goût d’en redemander avec sa voix larmoyante de gars convaincu, d’autres fois des fails monumentaux qu’il se gênait pas pour m’annoncer. Andy était à l’origine de 95% de la cartes des boissons qu’on offrait au-delà des bières, et je faisais bien gaffe de pas le lui mentionner de peur qu’il me demande d’ajouter une photo de lui dans son plus simple apparat sur le menu pour lui en donner le crédit.

Je m’affaire derrière le bar, il se pose tout devant la bouche en cœur. « Mais tu sais que la bière c’est pas ce que je préfère. Mets moi une tonne de sucre en plus dedans. » distrait le temps d’attraper une bouteille et une autre, le shaker à leur suite, j’hoche de la tête et lui évite du houblon pour improviser de quoi plus dans son palais, me gênant pas pour me couler une pinte en à côté parce que moins de bière pour lui, ça voulait nettement dire plus de bière pour moi. « Mec, c’est quand la dernière fois que t’as baisé ? »

Et ça, ça me fait rire. Parce qu’il fallait pas chercher trop loin dans les raisonnements d’Andy, qu’il fallait pas tenter de suivre son train of thoughts tellement il sautait du coq à l’âne bien souvent. Ça m’amusait plus qu’autre chose, pas du tout heurté, encore moins gêné, quand je fais glisser son verre sous son nez avant de gober une gorgée de ma rousse bien amère. « Un gentleman dévoile jamais son historique. » surtout quand il est composé de nuits en solos et d’absence de dates en bonne et dûe forme. Ouais, pas très glorieux pour un proprio de bar. Y’avait du flirt pour sûr, de la drague à foison, mais du charnel, là par contre, c’était pas tant du domaine du récurrent ni même du plausible. Oh well. « Me propose si jamais… »

J’ai arrêté de compter le nombre de fois où il s’est proposé – et mon ego en est presque triste, faut l’avouer. « Si tu monopolisais pas mon appart aussi souvent pour tes propres séances, peut-être que j’aurais plus à te raconter t’sais. » tentons la première tactique de diversion qui me vient à l’esprit dans ce cas, comme ça, on finira peut-être la soirée à boire des verres et à pas parler de mon absence de sex life. Ouais, à d’autres Matt, t’es cute ; et naïf. « J’dis ça, j’dis rien. »

Le verre est servi rapidement parce que Matt est doué comme ça. T’espères que c’est aussi bon mais t’es confiant. Il te fait tellement de trucs qu’il improvise tout le temps. T’aimes ça chez lui. Il te fait des surprises tout le temps. T’as presque l’impression des fois qu’il mixe des trucs ensemble juste pour finir certaines bouteilles. It’s exactly what he does. Et tu t’en fou parce que ça goûte bon 100% du temps. Sugar + alcohol is all I need. T’es pas difficile et t’es allergique à rien. Il peut pas te tuer par mégarde avec un jus d’ananas ajouté au milieu. T’as un ami qui est allergique à ce fruit et c’est souvent compliqué en soirée. It’s fucking annoying. Shut up and enjoy not having any allergies. « Un gentleman dévoile jamais son historique. » S’il dit rien c’est qu’il a rien touché depuis un baille. C’est ce que tu en conclus, même si c’est pas vrai. T’es triste pour lui. Même si y’a pas besoin.  « Si tu monopolisais pas mon appart’ aussi souvent pour tes propres séaneces, peut être que j’aurais plus à te raconter t’sais. » Confirmation qu’il baise pas. C’est triste.  « J’dis ça j’dis rien. »

« You could fuck her. »

Tu marques une brève pause.

« The blond one. She was already fucking you with her eyes. »

Tu sais ce que t’as vu.

« You tell me when you need your room and I’ll make sure it’s available for you to give her good. »

Sourire en coin sur tes lèvres. Elle avait l’air jeune en plus la miss. The more it’s wrong, the best it is. You’re so fucked Andy. Et puis y’a le blond, le barman qui entre. Il vous jette un coup d’oeil, fait un vague signe de tête dans votre direction et il file de son côté. T’as l’impression qu’il a peur de toi et c’est justifié.

« When is this one coming out the closet? »

Ton gaydar est puissant. T’es beaucoup trop sûr de toi à son sujet. Et la façon qu’il a de jamais te parler ou t’approcher confirme juste absolument tout.

« You could fuck her. » « Your friend? » que je réplique, sur le même ton que lui, à peine honteux de pointer le fait qu’ils avaient bien l’air de se connaître, et que d’office, c’était pas du tout moi le type qui allait chopper les amies de mes potes.

J’étais beaucoup trop vieux jeu, beaucoup trop attaché aux ridicules règles de base que jamais je me verrais flirter officiellement et concrètement avec une ex, ou même juste une ancienne conquête d’un de mes amis. Encore moins s’il s’agit d’Andy. « The blond one. She was already fucking you with her eyes. » il précise, je rigole un peu, il s'éclate de plus belle quand je m’arque sur le comptoir, déterminé à clarifier l’histoire avant même qu’on passe à autre chose. « Did you? » and not only with your eyes. J’attends d’avoir la réponse, j’attends patiemment sans faire d'effort parce que soyons honnêtes, le commerce est calme, c’est l’entre-quart, y’a pas grand-chose qui se passe avant qu’on soit remplis à nouveau de clients pour le roulement du soir. Et donc, j’ai tout mon temps pour les potins. Encore mieux quand ils ne me concernent pas et qu’ils sont all about Andy.

Je tente de m’en sortir en lui mettant la faute de ma vie sexuelle en chute libre – volontairement, on s’entend, quand tu bosse dans un bar, c’est pas les occasions qui manquent – mais Andy en a vues d’autres et il se gêne pas pour me le roucouler à l’oreille. « You tell me when you need your room and I’ll make sure it’s available for you to give her good. » je pose une paume sur son épaule, l’autre vient se placer contre mon coeur, alors que ma tête se secoue de la négative et que je feins l’émotion à plein nez. « Such good soul. »

Ash qui entre dans le décor une poignée de minutes plus tard. Et Rivera le manque pas lui non plus, persuadé qu’il est gay depuis jour un, incapable de lâcher le morceau malgré le fait que je le relance absolument pas sur ses fabulations. Limite il m’étonne de pas avoir les couilles d’aller lui demander de lui-même. Ça lui ressemble pas. « When is this one coming out the closet? » je soupire, hausse les épaules, n’ai absolument rien à ajouter parce que ce sont pas mes affaires, ce sont celles du Baxton. Il pourrait bien aimer se taper que des licornes que je dirais rien s’il fait un bon boulot à s'occuper l’annexe et qu’il s’assure que ma nouvelle acquisition me foute pas en faillite. « Let him live his life as you're living yours. » battant des cils avec exaggeration, je gobe d’un trait le reste de ma pinte, non sans me détester de garder un coup d’oeil curieux dériver un peu plus longuement que les autres sur Ash qui finit de compter sa caisse.