La paroisse avait compris bien rapidement que la jeunesse d’Owen allait lui être un atout. Force de constaté que ses fidèles s’étaient renouvelés en deux ans, depuis qu’il était là. Si les plus âgés avaient en partir déserter l’Eglise de Redcliff pour aller dans d’autres demeures du seigneur plus conventionnelles, on y voyait à présent bien plus de jeunes couples, des familles avec enfant ou des personnes qui avaient, par curiosité remis un pied dans son église après avoir claqué la porte au seigneur depuis quelques temps. Owen apporté un souffle de jeunesse et un dynamisme à ses messes et à n’en déplaire à certaines personnes, d’autres les trouvaient bien plus modernes et adaptés à une époque contemporaine. Dire qu’un prêtre honorait encore ses offices en latin à l’autre bout de la ville. Owen le respectait mais lui ne maitriser que quelques bases, impossible pour lui d’en faire autant et entre nous, il s’ennuierait bien à le faire. N’empêche que bientôt, il faudrait presque pousser les murs pour permettre à tout ce qui le souhaitent de venir assister à ses messes et surtout lorsqu’il s’agissait de cérémonie tels les mariages, les baptêmes ou encore les enterrements. De plus en plus de croyants choisissaient de venir célébrer ces sacrements à Redcliff, ce qui faisait que l’agenda du prêtre était de plus en plus rempli et malheureusement, il n’arrivait plus à suivre le rythme. Entre les cérémonies, les réunions à droite et à gauche, les groupes de paroles avec les jeunes et dont il tien particulièrement, Baxton ne peut plus. Il savait que certaines tâches pouvaient être déléguée et si dans un premier temps, il avait du mal à l’admettre, il s’y trouvait contraint à présent. Alors qu’il s’était longtemps demandé qui pourrait bien vouloir prendre le relai de temps en temps, c’est lorsqu’il aperçut Heiana dans la nerfe de l’Eglise il y a quelques jours que la réponse lui semblait être évidente. Il lui avait bien entendu demandé si elle était partante pour lui donner un coup de main pour ça. Elle avait assez rapidement accepté, pour la plus grande joie et surtout un soulagement pour le prêtre. Il lui donna rendez vous plus tard pour que tout ça soit plus claire pour elle.
Le prêtre entra dans l’Eglise alors qu’un groupe de cinq, six personnes se donnait visiblement à cœur joie pour rendre ce bâtiment de pierre plus convivial et moins froid qu’il ne l’était. Les fleurs qu’il y avait un peu partout donnaient le sourire à Owen. Qu’il se sentait bien par ici. « Tiens, bonjour Miss Jewel, bon boulot, c’est vraiment très chouette. » fit-il a celle qui était allée récupérer toutes ces plantes offertes gracieusement par la fleuriste du quartier, dont le fils était l’un des plus fidèles croyant de Redcliff. Tournant ensuite les talons, Owen aperçut Heiana sur l’autre allée de bancs. Il coupa entre deux rangés pour la rejoindre. « . Merci, c'est que j'ai de bons professeurs. » et le prêtre hocha la tête derrière elle. « Je confirme. Y a du progrès et vous pouvez être fière de vous Marie ! Sans vous, cette Eglise ne serait pas aussi accueillante ! » c’était elle la main verte parmi toutes. Si Miss Jewel récupérait souvent des fleurs et des plantes, celle qui s’en occupait le mieux était bien Marie. « Votre succession est assurée en tout cas ! » s’amusa le prêtre, reposant ensuite son attention sur Heiana. « On peut se voir ou je reviens plus tard ? » demanda-t-il sans vouloir s’imposer à elle non plus.

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. « Merci pour votre proposition en tout cas, dit la sage-femme à l’homme d’Eglise, je ferai au mieux pour vous aider. » Le prêtre n’en doutait pas. Il devait quand même admettre qu’il était frileux pour demander de l’aide à quelqu’un a la base et surtout à une femme. Pas qu’il trouvait qu'elle n'avait pas sa place ici mais simplement pour le système ecclésiastique qu’il trouvait parfois hypocrite. Les femmes ne pouvant pas dévenir prêtre mais quand cela arrange on leur demande quand même de faire office de. Même si elles n'ont pas le même rôle exactement qu'Owen pourrait avoir lors d'un mariage, un enterrement ou un baptême, la finalité est la même, le sacrement est réalisé. « Merci à vous surtout d’avoir accepté… je commence un peu à être débordé de toute part et comme le temps est pas extensible... » Owen s'installa à la table ronde et invita Heiana à en faire de même. « On commence tout de suite par la partie un peu chiante… » il fallait quand même que Owen fasse signer quelques documents à la jeune femme. Il sortie quatre feuilles. « vous prendre le temps de lire tout ça. C'est en quelques sorte des droits de délégations. Et sachez que des que vous interviendrez pour une cérémonie, vous aurez une maigre rémunération. C'est pas grand-chose, c'est moins bien payé que le salaire minimum mais l’Eglise estime que vous donnez de votre temps par amour du Seigneur. » encore un système qu’il ne trouvait pas réglo et qui l'avait longuement fait hésité aussi. « la vous avez un rappelle sur comment mener une messe de mariage… la un baptême et la un enterrement » il sort tour à tour les document. « On en vient à la bureaucratisation de l’Eglise aussi. » ironisa le prêtre. « de toutes façons, dans un premier temps on fera tout en binôme si ça vous convient. Pour les deux prochains mois, je vous laisse pas larguée en pleine jungle. » ça faisait beaucoup d’information d'un coup. « vous voulez boire quelques chose ? » demande-t-il en se rendant compte qu’il ne lui avait rien proposer. « café, thé ou j’ai sûrement des sodas par ici aussi… »

« Je suis contente de pouvoir aider. Je ne bosse pas à temps plein, je n'ai pas d'enfants... Alors c'est le moment où jamais pour me consacrer un peu à la paroisse. »Il est vrai que lorsqu’on a pas de vie de famille et qu’on a beaucoup de temps libre, il est plus simple de se consacrer à une cause. La religion faisait partie entière dans la vie d’Heïana et elle avait su le prouver à plusieurs reprises au prêtre. Il avait remarqué sa générosité et sa bonté et il voulait, si elle était d’accord, en faire profiter les fidèles mais lui-même aussi. Elle serait une force à ses côtés.
Le prêtre avait déjà des idées précises des tâches qu’il pourrait déléguer à Heiana et il s’en réjouissait d’avance. Concernant les cérémonies dites religieuses : mariage ou enterrement, elle ne s’occuperait bien sûre pas des sacrements officiels, elle n’en avait pas les autorisations, n’était pas prêtre et malheureusement, son statut de femme l’en empêchait. Par contre, elle pouvait très bien faire les bénédictions, marier des jeunes couples lorsque l’un d’entre eux n’est pas chrétien mais qu’ils tiennent tout de même à avoir leur passage en église. Il est de même pour les enterrements lorsque la famille ne souhaite qu’une bénédiction pour le défunt sans pour autant allonger le temps en messe. La différence entre une bénédiction et une messe, mise à part que la messe devait obligatoirement être officié par un prêtre, c’est que lors d’une messe, on assiste forcément à l’eucharistie et seul un représentant de Dieu et de Jesus peut s’en charger. Owen aura toute la charge d’expliquer à Heïana les quelques erreurs à ne pas commettre lorsqu’un laïc assure ces cérémonies : comme ne pas se placer derrière l’autel par exemple.
Alors qu’Owen propose à Haïana une rémunération en échange de ses services, celle-ci refuse, laissant le prêtre surpris mais pas tant que ça en écoutant sa proposition. « Oh non, je n'ai pas besoin de rémunération. Vraiment. On ne pourrait pas plutôt en faire don à une œuvre que vous soutenez ? » une œuvre qu’il soutien… « Comme vous voudrez, mais dans ce cas, je vous laisse la peine de choisir vous-même l’œuvre à laquelle les dons seraient reversés. » il acquiesce. Il s’était un peu battu auprès de sa hiérarchie pour qu’elle soit récompenser un minimum en retour de sa bonne action, maintenant que ça avait été accepté, il ne pouvait pas refuser l’argent qui leur sera versé.
Le prêtre la laissa lire les différents documents et alla chercher un café comme demandé. « Tout va bien, pour vous ? » il leva son nez de la cafetière et répondit en souriant. «  tout va bien. J’ai une tête qui vous fait peur ? » s’amusa-t-il, il est vrai qu’il dormait peu ces derniers temps. Il retourne près d’elle avait le café chaud qu’il posa devant elle. « Vous imaginez pas comme de savoir que vous allez pouvoir m’épauler, ca me soulage ! » ca venait presque du cœur. « j’ai souhaité participer à la kermesse du quartier qui a lieu dans un mois, une fidèle à proposer de vendre des crêpes et d’utiliser les bénéfices pour un séminaire à organiser avec la jeunesse chrétienne. Si vous savez faire des crêpes et que vous êtes disponible, on pourra s’y retrouver ! » et ca changeait du contexte de l’Eglise aussi.

Lorsque Owen donna sa bénédiction pour que Heïana puisse reverser sa rémunération à une œuvre caritative, le visage de la jeune femme s’illumina. Le prêtre ne pouvait pas l’obliger à utiliser son argent pour elle, elle était libre d’en jouir de la manière qu’elle le désirait et si c’était pour le reverser en don à une association ou un organisme à vocation social, tant mieux. Il ne pouvait pas lui jeter la pierre, au contraire. « Mon choix est déjà fait. Est-ce-que l'on me donnera l'argent et je transmettrai, ou l'Eglise se chargera elle-même de donner les fonds à l'association désignée ? » Il était bien curieux de savoir ce qu’elle allait en faire, puisqu’elle semblait si sûre d’elle. « Vous me direz ! » ca allait aussi lui permettre d’en savoir plus à son sujet, lorsque l’on fait un donc, on s’oriente vers une cause qui nous tient à cœur et forcément, à laquelle on s’interesse. Ca reflète toujours en partie sa personnalité. Il savait déjà que Heïana avait bon cœur. « Et je préfère que vous faisiez ces dons vous-mêmes, pour des raisons logistiques, si je puis dire. » Owen avait réussi à débloquer une somme qui était dédiée à cette rémunération, il ne pouvait plus en changer la destination. « Et il serait injuste pour les autres associations que l’on décide de se tourner vers un tel et pas un autre… » la paix des ménages.
La jeune femme fit remarquer au prêtre sa petite mine et il devait avouer qu’il ne pouvait pas l’ignorer. Il voyait bien ses cernes chaque jour dans le miroir. « Depuis que je suis arrivé à Brisbane, il y a deux ans, je n’ai pas fais de pause, c’est vrai. » pas de vacances pour le prêtre. « J'espère ne pas être indiscrète mais... Vous êtes prêtre depuis longtemps ? Je n'ai jamais vu d'homme ayant consacré sa vie à Dieu aussi jeune que vous. La plupart avait déjà bien soixante ans à quatre-vingts ans passés. » et il comptait les années avant d’arriver à son tour à la soixantaine ou plus… « Ils ont surement commencé tôt aussi à leur tour. Mais vous avez raison, il est de plus en plus compliqué de trouver des personnes prêtes à s’engager dans cette voix. Mais, croyez-moi, au Vatican, lors de mes années d’apprentissage là-bas, il y avait de bien nombreux jeunes hommes, aussi jeunes que moi. » aussi jeune, il sourit. « J’exerce depuis deux ans en tant que prêtre titulaire, si je peux dire. C’est six longues années avant de pouvoir être affecté à une paroisse… presque aussi long qu’un médecin. » et il savait de quoi il parlait puisqu’il avait été dentiste avant de ne rejoindre les ordres religieux. « et vous, que faites-vous dans la vie ? » il se montrait curieux à son tour.

Owen ne doutait pas du bienfondé de l’intention de don d’Heiana et se doutait surtout que cet argent allait servir à la bonne cause. S’il demandait à savoir à qui elle ferait son don, c’était par simple curiosité et ça allait aussi lui permettre d’en savoir un peu plus sur Heiana, celle à qui il avait fait confiance pour lui demander officiellement de l’aide. « J'aimerais donner mon dédommagement pour mes services rendus à l'Eglise à l'orphelinat de Brisbane. Ou à un de ceux présents en Australie, s'il n'en existe pas dans notre belle ville. » Une belle œuvre et Owen n’avait pas vraiment d’idée à propos des orphelinat de Brisbane mais il ne doutait pas que même le Queensland en avait et sincèrement, ce serait étonnant qu’une ville comme la leur ne possède pas ce genre d’institution. « J’en ai pas la moindre idée, mais on pourra regarder ça ensemble, si vous voulez. Et… je pense qu’il est bien temps d’arrêter de se tutoyer, t’en penses quoi ? » qu’elle n’y voit pas là un affront ou un manque de respect mais le prêtre n’était pas toujours à l’aise avec ces formules de politesse. « On va être amené à se voir régulièrement, franchement, ca sert à rien de mettre ce genre de barrière entre nous. Y a pas de relation verticale ou quoi entre vous, toi et moi. » se reprit-il en souriant, pris à son jeu. Mais il ne mettrait pas longtemps à la tutoyer sans difficulté. « en tout cas, c’est une très belle cause que vous voulez défendre, que tu veux défendre ! » bah alors, monsieur Baxton, on a du mal à appliquer ses propres recommandations ? « Désolé, ca va rentrer ! » qu’il se sent idiot.
Owen avoua qu’il était peut être fatigué de ne s’être reposé ne serait-ce qu’une semaine depuis qu’il avait pris son poste à Redcliffe, il y a deux ans. « Ménagez-vous. Que ferons vos paroissiens si vous flanchez après avoir trop poussé ? » il sourit, pas certain d’être irremplaçable. « On trouvera quelqu’un pour prendre le relai. Mais promis, je vais faire en sorte de ne pas trop tirer sur la corde. J’vais lever le pied. » et en même temps, ca courrait pas les rues les prêtres à Brisbane pour autant, mais ils étaient quand même en nombre suffisant pour pallier à l’absence de l’un d’entre eux. Il fallait juste sortir un peu de sa zone de confort et aller dans des églises qui peuvent parfois se trouver à l’autre bout de la ville. Ils aimaient se mettre d’accord pour être affecté à une église ne particulier, ca fidélisait vraiment les croyants qui se déplaçaient pour les célébrations.
« Où sont affectés la plupart des prêtres ? En Europe, peut-être ? » il réfléchit un instant. « On est pas forcé d’aller à un endroit plutôt qu’un autre. Je viens de Brisbane, j’ai demandé Brisbane et je suis dans le secteur. Certaines régions manquent de prêtre, d’autres en ont beaucoup plus… En Europe bien sûr, les pays dont les croyants sont majoritairement chrétiens catholiques ont plus de prêtre. Il est rare qu’un Australien se retrouve à faire la messe à Paris ou à Rome si tu veux… » et il sourit en se rendant compte que cette fois, c’était venu tout seul, ce tu. « Le passage obligatoire reste le Vatican tout de même. Et avant ça, ici en Australie, il y a une école à Sydney, pour apprendre les bases de la religion, des cours d’histoires également… c’est un parcours riche et très intéressant, sur un point de vue théorique autant que pour trouver sa foi. » Owen ne regrettait pas toutes ces années qui l’avaient conforté dans ses différents choix. Même s’il lui arrivait encore de douter parfois.
Mais assez parlé de lui, il devenait curieux à son tour et demanda à Heïana ce qu’elle faisait dans la vie. « Je suis sage-femme » et il n’en était pas étonné. « Ca te correspond très bien. Ta douceur et ta générosité sont deux atouts parfaits pour exercer ce métier-là. »

Owen était ravi que le courant passe si bien avec Heiana et il sentait qu’il pouvait réellement lui faire confiance. De plus, qu’elle propose sans hésiter un instant de verser l’indemnité en échange de ses services à une association caricative, ça ne pouvait que conforter le prêtre dans son idée. Il n’y avait pas à dire, il avait parfaitement bien visé avec Heiana. Ils allaient pouvoir avancer main dans la main et c’était important. Il espérait que les paroissiens soient aussi charmés que lui ne l’était.
C’est alors qu’il explique son parcours pour devenir pape, passant de Sidney au Vatican pour revenir à Brisbane après un détour dans une ville plus au nord du Queensland. « Tu as déjà eu l'occasion de voir le Pape alors ? Peut-être même de converser avec lui ? »Owen répondit de la négative, secoue la tête légèrement. « Vu c’est un grand mot. Pour la Paque oui.. mais si non, il se fait bien discret. Surement bien trop occupé. Seul les privilégiés ont la chance d’échanger quelques mots avec lui. Mais nous sommes sous la coupe de bien d’autres grands hommes moins connu de tous mais qui le sont bien plus dans notre monde. De grand cardinaux, des évêques reconnus. » qu’il avait appris à connaitre au fur et à mesure. Owen n’étant pas un croyant de longue date, il avait encore à apprendre et son passage au Vatican fu très enrichissant bien sûre.
La jeune femme devait s’en aller et le prêtre ne la retint alors pas plus longtemps. Il lui laissa les documents en main propre pour qu’elle puisse prendre le temps de tout lire et ils auront l’occasion de se voir à nouveau pour la petite formation qui l’attendait. Comme Owen lui avait proposé, elle l’assistera pour bon nombre de cérémonie jusqu’à ce qu’elle se sente prête ensuite à faire les bénédictions sans sa présence.
Il la raccompagna jusqu’au cœur de la nef et retourna ensuite à ses occupations, jetant un œil ravi à cette église qui prenait vie avec toutes ces plantes.