| | | (#)Lun 1 Juil 2019 - 19:14 | |
| Ma tête, elle a envie d’exploser. Mes yeux, eux, ils arrivent pas à faire autre chose qu’à tenter de tout voir, tout le temps, sans aucune équivoque. Malgré ce qu’on peut penser quand on se tape volontairement des rafales d’épisodes de Walking Dead, ou qu’on se donne dans les dizaines de milliers de jeux vidéos sur les zombies, vivre dans un mode apocalyptique où des bouffeurs de chair ont pris l’humanité d’assaut, c’est pas aussi cool que la pop culture le dépeint. Maintenant que Brisbane est complètement envahi et qu’on doit lutter pour notre vie à chaque jour, y’a pas moyen de trouver du répit, d’être en paix, d’être calme. Même pas de pisser tranquille, à chaque fois, faut toujours s’assurer de regarder par-dessus son épaule, d’être alerte au moindre son suspect, au moindre bruit qui pourrait signaler une présence, qui pourrait nous confirmer que ouais, clairement, on est dans la merde.
« Mais Noa, sérieux, tu fous quoi? »
Malheureusement pour elle, j’ai absolument plus aucune douceur dans mes gestes. Mes doigts encerclent son poignet et l’attirent à moi rapidement, lui évitant de se retrouver happée par un zombie qui s’est détaché du lot qu’on vient tout juste de semer à la course, et qui apparemment a décidé que la Jacobs était au menu du jour.
« Me force pas à te cogner plus fort qu’eux. »
Menace comme tu veux Matt, y’a absolument aucune chance qu’elle te prenne au sérieux quand elle sait très bien que sans elle, t’es pas mal perdu. Mademoiselle qui a su prouver sa valeur un nombre innombrable de fois, Noa qui m’a sauvé les fesses bien plus souvent que mon orgeuil de con arriverait à l’assumer.
« Manie-toi, tout de suite, tu traînes pas là, c’est dangeureux. »
Mais là, dans l’instant, c’est la frousse de l’avoir presque perdue qui prend le relais, et en vitesse, je nous entraîne derrière une benne à ordures le temps qu’on entende les pas qui traînent lourdement sur le bitume s’éloigner de nous le plus loin possible. Maîtriser l’art de retenir son souffle le temps qu’il faut est devenu un art dans ce pays, un talent qui peut quotidiennement nous sauver la vie.
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| | | | (#)Mar 2 Juil 2019 - 18:35 | |
| C’est con, mais j’ai toujours imaginé qu’un jour, en cas d’invasion de zombie, j’allais etre tellement Badass avec un fusil à pompe ou j’sais pas, des flingues entre chaque main et bim bam bim boom, balles dans le crâne direct ! Mais c’était avant de devoir magner ces engins et de voir que j’étais incapable de toucher ces boules puantes ambulantes… Pourcentage de précision proche de 20 pourcents, clairement, à part faire beaucoup de bruit, ca servait à pas grand-chose. Et qui dit faire du bruit dit aussi attirer un milliard de ces merdes vers nous. Je pouvais pas me permettre de foutre ma vie en l’air à cause de mon incapacité à maitriser ces armes à feu. J’étais, à ma surprise, bien plus habile avec cette hache que j’avais récupérer dans le crâne d’un zombi, bien planté entre ses deux yeux. Depuis, elle ne me quittait plus. J’avais réussi à l’accrocher avec un vieux lacet et elle tenait dans mon dos aussi bien que le porte flèche de Robin des bois. Nan, mieux, l'arbalète de Daryl Dixon dans the Walking Dead ! Mais si seulement il savait à quel point il est mon modèle ce mec ! Je sais, il est fictif, mais j’ai clairement tout appris de lui. Mes heures passées devant cette série, un vrai dur à cuire. J’crois que j’peux carrément le remercier d’en être là aujourd’hui. Sans lui, j’serai peut être déjà crevée comme tous mes potes, toute ma famille. C’est dur à dire quand même, j’suis dure moi aussi… Daryl, si un jour tu m’entends, je voulais juste te dire merci ! Merci pour tout ! J’avais croisé la route de Matt un peu par hasard et c’était grâce à Judith, cette américaine avec qui j’avais partagé un bout de chemin. Elle a retrouvé Matt planqué dans des chiottes alors qu’un zombi tentait de lui chopper les pieds sous la porte. Elle lui avait sauvé la vie et sortie de là pour se faire bouffer le cul, sans mauvais jeu de mot. Une de ces immondes chose lui avait clairement croquer la fesse et elle s’était écroulé après ça. Elle m’avait montré la barraque énorme d’un couple un peu à l’écart de la ville : Jamie et Joanne. Je sais qu’ils s’appellent comme ça parce qu’ils avaient encore tous leurs papiers dans la barraque quand elle m’y a emmener. Depuis, c’est là qu’on se cache avec Matt. Lui et moi, on se quitte plus, c’est mort. On a fait comme un pact. On sort pas l’un sans l’autre, on prend pas de risque débile. On reste ensemble et on s’aide. Heureusement que j’étais là pour le guider dans les rues de la ville. Je connaissais Brisbane par cœur, du moins, c’est ce que je pensais avant l’invasion mais depuis, je connais tous les moindres recoins. A force de déambuler partout et de fouiller chaque maison pour trouver de quoi manger. « Je t’avais dis qu’il y avait toujours de la bouffe dans les… » merde ! Matt était en train de courir en ma direction alors que j’arborai fièrement ces quelques boites de conserves. « Mais Noa, sérieux, tu fous quoi? » Je cherche pas à comprendre, j’en lâche la moitié par terre et je me met à courir avec lui et en même temps, vu la poigne qu’il a dans ses doigts serrant mon poignet, j’ai pas trop le choix. « Me force pas à te cogner plus fort qu’eux. » Il m’étonnera toujours à parler en courant, quel cardio, moi j’peux pas. On va se mettre à couvert, derrière une poubelle géante et on a plus qu’à attendre que ca passe. Je reprends mon souffle après ce petit sprint. « merci… » est-ce qu’il fallait encore se faire des formules de politesse après avoir échappé à une Nième horde de zombie qui ont faim de chair fraiche ? Surement. « J’ai au moins des boites… » je dis en chuchotant, tout en reprenant mon souffle. « Cassoulet… » je sais pas ce que c’est, c’est écrit en français j’ai l’impression. « des haricots quoi… » j’hausse les épaules et range mes deux boites dans mon sac à dos. « Oh merde ! » je hurle alors que je sens juste au dessus de mois une main qui m’agrippe les cheveux, je lève à peine la tête qu’une de ces bêtes en décomposition se trouve dans la benne derrière laquelle on s’était caché.
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| | | | (#)Jeu 4 Juil 2019 - 19:46 | |
| Et j’ai la tête qui se secoue de gauche à droite de la négative, quand Noa me remercie alors qu’on sait tous les deux que ça sert à rien. Ici, maintenant, chaque tentative était mise de l’avant pour sauver sa peau. Peu importe ce qu’on faisait, où on était et avec qui, chaque geste, chaque parole, chaque pensée même, était axé sur la survie. Si elle est pas là, moi j’en crève. Et pas parce qu’on est dans une relation cucul au possible, rien de tout ça. Juste parce qu’elle assure mes arrières comme personne, et que je fais de mon mieux chaque jour pour assurer tout aussi bien les siennes.
Elle déblatère ses rations, les flanque dans son sac, moi j’ai les prunelles qui dérivent un peu partout pour essayer de m’assurer qu’on est bien en sécurité, qu’on a tout au moins une poignée de minutes à souffler avant de se relancer. Son « Oh merde ! » me confirme que rien, rien, absolument rien ne va comme il faut là. Et elle part vers l’arrière quand je lui hurle d’emblée dessus, à nouveau, j’ai l’impression que je sais que faire que ça aujourd’hui. Matt sérieux, t’es lourd. « Droite! » j’attends à peine qu’elle se dégage dans le sens que je lui ordonne pour brandir mon shot gun, le rutilant, le beau, le parfait, et éclater la cervelle du dégeulasse qui avait pris Noa dans sa ligne de mire en hypocrite.
J’avais mis du temps à lui trouver un nom, à mon arme, sauveur de vies on a daily basis. Superman ou Batman ou même Robin me semblait immature, Wonder Woman m’apparaissait un peu particulier à hurler en champ de bataille pour que Noa l’attrape si besoin. J’étais allé avec des trucs fun aussi, genre Hulk si je l’avais peint en vert ça aurait passé, ou même Thor si je m’étais laissé pousser un manbun. Y’avait un truc de vraiment cool à lui donner un nom à double sens, comme Nick Fury si t’insiste sur le Fury quand tu le dégaines. Même chose pour Punisher, ça avait de la gueule quand t'y penses. J’avais cogité, et comme il était noir, un truc genre Black Panther, Catwoman (riez-pas, j’ai eu l’idée complètement pété au seul joint trouvé dans les rues en plusieurs semaines) ou même Blade aurait fait crème. Il allait pas sous l’eau, on oublie donc Aquaman, mais les balles sont faites en partie en fer, Iron Man aurait pu être logique. Dans la catégorique logique, aussi, y’avait clairement Magneto qui avait un potentiel fun, et j’aurais même pu recouvrir mon shot gun d’aimants pour aller all in avec le nom. Flash si je dégainais plus vite, Daredevil si j’avais peur de rien – ce qui, malgré mon stoïcisme à toutes épreuves (lol la blague) était pas si vrai. Ghost Rider me semblait un mauvaise présage, Captain America était pas totalement vrai vu que le shot gun venait sûrement d’Asie ou d’un endroit louche en Russie. Ne restait que les deux seuls vrais héros : Wolverine et…
« Kick-Ass déçoit jamais. » que je constate, la cervelle de la cochonnerie de zombie étalée sur le mur de briques derrière notre cachette. « Des haricots tu disais? » et déjà, c’est comme si de rien n’était. Je range mon shot gun, lorgne vers le sac de Noa avec appétit. « J’crève de faim. »
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| | | | (#)Dim 14 Juil 2019 - 14:47 | |
| « Kick-Ass déçoit jamais. » et j’étais même pus étonné de l’entendre donner un nom à son nouveau jouet favori. Moi c’était un hache, lui un gun. J’sais pas bien combien de temps encore il allait tenir avec les balles qui lui restait. Je savais même pas s’il avait encore d’autres munition que celles de son réservoir… On s’était dit que j’lui apprendrait à manier les armes blanches. A force, on s’y fait et moi j’préfère ça à une arme à feu. J’suis incapable de viser un éléphant dans un couloir de bus. Avec une hache pas de problème, je prenais peut être plus de risque, on faisait du corps à corps mais les coups critiques se faisaient plus remarquer. « Kick-Ass a encore de beaux jours devant lui… » que je dis quand même en retirant un bout de cervelle que j’avais reçu sur mon épaule. Et de l’autre côté un mèche de cheveux qui m’appartenait pas. Si il y a encore quelques semaines, je faisais la nana dégoutté d’un rien, maintenant, voir des boyaux me faisait plus rien, du moins, quand ils appartenaient pas à quelqu’un que je connaissais. Car j’avoue que j’avais bien les boules de voir disparaître petit à petit chaque personne à qui je tenais. Heureusement, Matt était encore avec moi et compte sur moi pour plus jamais le lâcher. Le jour où il est plus là, j’suis grave dans la merde et pire, seule, j’vais finir par devenir complètement tarée. Manquerait plus que j’donne moi aussi un nom à un objet qui m’est cher et que j’le prenne pour un pote. Pas comme Kick Ass, mais plutôt comme Wilson dans Seul au monde avec Tom Hanks. Putain, cette scène où il perd son Wilson dans l’océan m’aura fait chialer comme jamais. « Des haricots tu disais. J’crève de faim. » Je hoche la tête et jete un œil derrière nous. « On a eu de la chance que j’trouve encore à bouffer…Maman disait toujours, « la vie, c'est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. » » et maintenant que la voie me semblait être libre, j’me relève à nouveau, fallait qu’on rentre dans la barraque qu’on avait trouvé à quinze minutes de marche. « aller, on se dépêche ! Plus vite on arrivera, plus vite tu pourras remplir ton bidon ! » et je savais que là, il allait mettre la deuxième vitesse. Jamais contrarier un Matt qui crève de faim. « Je passe devant… » je hate le pas, je sais que ca sert à rien de courir tant qu’on est pas suivi, tant que notre vie est pas en danger, c’est s’épuiser pour rien. Alors on y va en marchant, mais en marchant vite quand même, toujours rester à l’affut de ce qui peut venir sur soi. Et je m’arrête net, Matt me fonce presque dedans et il capte pas ce qu’il se passe. « chut… » à droite, un peu plus loin, trois mecs qui rodent dans le coin. Et s’il y a bien une chose qu’on a compris avec Matt c’est que s’il y a plus à craindre par ici… c’est pas les rodeurs… c’est bien les autres humains qu’on peut croiser… « on passe à gauche… » j’avais surtout pas envie de leur faire face. On pouvait quasiment être sûre de dire bye bye à notre haricot. J’ai pas fait tout ça pour ça…
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| | | | (#)Mar 16 Juil 2019 - 15:34 | |
| La plus récente vague d’attaque de zombies est derrière nous, mais je suis pas con (pas en ce moment du moins), je sais que la prochaine tardera pas. Dans ce monde-là, on est toujours pressés, on est toujours sur le qui-vive, toujours à compter les secondes, à leur multiplier les risques. Y’a pas moyen de s’en sortir indemnes si on est pas toujours alertes, si on n’y va pas minute par minute. Et cette minute-ci, je suis affamé. Noa me laisse lorgner vers ses provisions, mais juste un peu, pas trop, elle presse la fuite, je suis amplement d’accord avec elle. « Maman disait toujours, « la vie, c'est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. »? » elle me rend pensif à ressasser Forest Gump et son marathon sans fin, aidant la brunette à se relever et suivant ses pas le plus naturellement du monde. J’avais nulle part d’autre où être qu’avec elle ; quoique. « Damn fuck que je m’ennuie de regarder des films. » pensif, l’air nostalgique, Netflix qui me semble être un luxe quand j’en ai tellement abusé y’a de ça presque une existence entière. Elle me voit cogiter Noa, elle sait où je m’en vais dans 3… 2… 1… « Tu penses qu’il y a un cinéma abandonné encore accessible en ville? » j’ai complètement oublié la piaule qu’on a dénichée et qui devrait être notre cachette pour la nuit, j’ai zappé à ce point que je goûte déjà de l’hypothétique popcorn bien beurré sur ma langue.
« aller, on se dépêche ! Plus vite on arrivera, plus vite tu pourras remplir ton bidon ! Je passe devant… » comme si elle lisait dans mes pensées Jacobs, quand elle me ramène à l’ordre, qu’elle mise sur la bouffe, et que je trottine obéissant derrière elle non sans fixer le sac qu’elle porte sur son dos et les provisions qu’elle y a planquées. J’allais lancer une prochaine discussion où je la forcerais le sourire aux lèvres à énumérer ses films préférés, ceux qu’elle a détestés, rien que pour garder le côté bon enfant de la chose, rien pour que pour jouer encore un peu, me donner l’impression que je suis pas à même de crever à chaque coin de rue ces temps-ci, ces jours-ci, cette vie-ci. « J’ai toujours été fan de tes techniques de motivation. » mon ventre gargouille, j’entends que ça, non faux. J’entends ça, mais j’entends aussi d’autres voix un peu trop proches pour que ce soit bon signe, et des pas aussi. Un coup d’œil appuyé qu’on partage elle et moi, et voilà qu’on est clairement sur la même longueur d’ondes ; on déteste les autres humains. Ils sont sauvages, ils sont barbares, ils veulent autant survivre que nous, à n’importe quel prix. « on passe à gauche… » j’hoche de la tête sans équivoque, prend sa main au passage pour avoir l’assurance que si quique ce soit me tire ou la tire vers l’arrière, y’aura l’autre pour contrecarrer l’attaque. Et on marche, et on essaie de passer inaperçus, et on est mal, foutument mal, loin de tout, loin d’un monde où on a pas besoin de se méfier plus des vivants que des morts-vivants. « Regarde-moi bien en face. Il faut que tu t'y fasses. il faut qu'on s'y fasse, tous les deux.» je murmure, doucement, j’essaie de la rassurer, j’essaie de man up aussi. J’accroche mon regard au sien quand on a gagné en distance. Le Matt joueur n'est plus. Retour à la case départ. On a peur, bah ouais qu’on craint tout et toujours. Mais faut être fort, on a pas le choix, on l’a plus.
Dernière édition par Matt McGrath le Mer 17 Juil 2019 - 10:48, édité 1 fois |
| | | | (#)Mer 17 Juil 2019 - 4:10 | |
| Un cinéma abandonné en ville, bien sûre et même qu’on était plus très loin. Mais c’était pas la bonne idée d’aller faire un tour par là bas. « Si on considère pas tous ceux qui se sont fait piégé dans des salles en pleine séance… et qui rodent surement toujours pas là bas. Ouais, on est pas loin. Non j’irai pas chercher une vieille bobine de la Reine des Neiges au risque de me faire bouffer par quinze charognards. » que je dis toujours en avançant droit vers notre habitation de fortune. Mais l’idée était pas mal. Y a un tas de chose de notre vie d’avant qui me manquait, les cinéma ouais, Netflix ans chill depuis quand on a pas prononcé ces mots ? On en parle pas, on en parle pas parce que ça rappelle le passé, ca rappelle notre vie d’avant, la vie où on arrêtait pas de se plaindre pour des conneries. On a pas besoin de déprimer encore plus, on a pas besoin de ça, les souvenirs rendent faibles et là, on a pas besoin d’être faible. Il nous faut toute notre énergie pour survivre dans ce monde de merde. En vrai, ca sert à quoi de vivre ici ? Pourquoi on s’accroche encore autant à la vie alors qu’on n’a plus personne et que le monde cour à sa perte ? C’est quoi l’issue ? Faut que j’arrête de trop penser, tu vois, c’est moche de penser. Et la main de Matt me réconforte, je sais qu’il est là et c’est lui et moi encore. Jamais l’un sans l’autre. Il est ma couverture de survie, mon gilet par balle et c’est aussi valable à l’inverse. « Regarde-moi bien en face. Il faut que tu t'y fasses. il faut qu'on s'y fasse, tous les deux.» je hoche la tête, me pince les lèvres et j’suis en flippe, mais on est deux, c’est toujours ça, on est là ensemble et on se lâche pas. On s’en est toujours sortie tous les deux et c’est pas maintenant que ça va s’arrêter. « Me quitte pas… » que j’le dis en serrant un peu plus sa main. J’vois une porte ouverte sur un petit immeuble un peu plus loin. J’sais pas si c’est une bonne idée, j’sais pas si on doit vraiment entrer la dedans, si on risque pas de se faire prendre en traitre. « viens… » et je fonce quand même, j’entre et j’le lâche. Y a pas de bruit la dedans, c’est déjà bon signe. C’est éclairé par cette vitre brisée et le soleil qui tape en plein dedans. « On reste et on bouge pas ? Ca a l’air safe… » je chuchote parce que j’ai clairement pas envie qu’on nous entende. Ni de dehors ni de l’intérieur si jamais on est pas vraiment seul. Il y a rien qui me fait plus flipper que des inconnus que j’croise dans le coin. Qui sait ils sont peut être comme nous, mais ils ont surtout l’air d’avoir une attitude trop assurée pour pas nous chercher des embrouilles si on vient à se croiser. Et le temps passe, ca doit faire cinq à dix minutes qu’on est là et qu’on reste silencieux, sans bouger, pas un bruit dedans en tout cas. Puis, y a une ombre qui vient cacher le soleil qui tape sur la vitre cassée. Je retiens ma respiration et tapote sur l’épaule de Matt. Putain je flippe grave.
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| | | | (#)Sam 20 Juil 2019 - 23:11 | |
| Noa enlace ses doigts aux miens et je resserre l’étreinte du plus que je peux sans lui craquer les jointures. Elle a les mains moites, moi pareil, surement pire même. On a les phalanges toutes pétées par les combats à répétition, toute notre peau en fait est couverte d’ecchymoses douloureuses qu’on ravale avec orgueil, de coupures variées, de cicatrices éparpillées. Je compte plus le nombre de fois où on s’est retrouvés à deux contre trop d’adversaires, les coups d’œil qu’on a pu se lancer à la toute fin d’une bagarre quand on en menait pas large avant qu’on réussisse miraculeusement à s’en sortir. On s’en sortait toujours ; jusqu’au jour où ça serait pas le cas. On l’oublie jamais, d’où le pourquoi on est toujours autant alertes à ce point l’un l’autre, l’un pour l’autre.
« Me quitte pas… » « Toi, tu me quittes pas. » j’attrape ses yeux au vol, concède ce qu’on sait très bien tous les deux et dont elle me fait relativement l’honneur de ne pas le souligner trop souvent pour en érafler mon ego qui, soyons honnêtes, aurait bien besoin d’une cure d’humilité une fois de temps en temps. « Et puis, je suis trop froussard pour te lâcher du moindre centimètres et on le sait tous les deux. » gentiment, je pousse son épaule de la mienne, avant qu’elle se dérobe avec agilité. Le building qu’elle repère dans l’angle me fout une trouille sans nom, vous l’aurez bien deviné. Mais elle y fonce tellement tête baissée que je peux pas faire autrement que d’avancer à son rythme dans son sillage.
Puis on entre, puis on écoute, silencieux, attentifs. C’est le mode survie qui embarque – lol, il s’est jamais vraiment arrêté. Ses yeux sont par-dessus mon épaule, je fais pareil pour surveiller ses arrières. L’endroit est désaffecté, y’a pas une âme qui y vive. Ça pue le renfermé, il fait noir, les fenêtres sont barricadées, sauf une, là, sur notre gauche. La même qu’une silhouette semble avoir repéré elle également, et Noa qui me le fait savoir aussi vite que l’echo des quelques coups donnés dans la vitre résonne partout dans le hall où on est immobiles.
« T’as ta hache? » que je chuchote à son oreille, ma main s’assurant que mon shotgun est toujours à sa place sur mon épaule. « Okay, on bouge. » toujours à voix basse. puis, je lui fais signe de me suivre, alors qu’on se déplace sur la pointe des pieds pour grimper la cage d’escaliers dans la diagonale, celle qui nous permettra d’avoir une vue un peu plus haute sur la personne qui apparemment veut nous parler. Un étage supérieur, et je me penche à la fenêtre crottée, mes iris qui perçant contre la saleté pour remarquer ce qui semblent être un autre couple, un duo, j’arrive pas à voir si c’est deux gars, deux filles, ou un mec et une nana et honnêtement je m’en contrebalance. Ils ont juste pas l’air d’être des morts-vivants – mais ils peuvent tout de même être des fous à lier. La possibilité est pas écartée. « On leur parle d’ici, ou on les ignore et on les laisse crever dehors? » qui sait, peut-être qu’ils sont plus en sécurité là que nous, au final.
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| | | | (#)Dim 21 Juil 2019 - 9:25 | |
| La tension monte, je sais pas ce qu’il m’a pris de me réfugier dans cet immeuble qui a pas l’air safe du tout, un piège à rat ouais. Si on monte, on va y trouver quoi ? On en sait rien, on risque notre vie à chaque recoin de toutes façons. Il y a pas de planque idéale, il y a pas de petit jardin secret, de havre de paix. C’est fini tout ça, c’était bon avant, c’était bon quand on avait notre vie tranquille et sans soucis. C’était quoi nos soucis d’ailleurs ? Se demander combien de kilomètres on allait bien pouvoir faire avec un plein de 50 dollars ? Tenir une journée entière avec notre charge de téléphone ? Putain ce que Facebook me manquait ! J’ai peur, j’suis terrorisée et ca va, je tiens le coup parce que j’suis pas seule. Y a bien longtemps que j’aurai lâché l’affaire si non. Matt arrive bien moins à se contenir que moi mais il gère quand même, il a la tête sur les épaules et même si des fois sa maladresse à pu nous foutre dans de beaux draps, c’est aussi souvent grâce à lui qu’on se sort de situation délicates. « T’as ta hache? » je jete un œil derrière moi, j’l’ai toujours oui, c’est devenu mon nouvel accessoire fétiche, j’le quitte jamais comme ce pendentif qu’on m’a offert quand j’avais dix ans que j’ai gardé au moins cinq ans autour du cou jusqu’à ce que le collier lâche. « Okay, on bouge. » et j’le suis, on monte. J’ai aucune idée de si c’est une bonne issue mais on peut pas sortir maintenant, dehors y a peut être pire. « On leur parle d’ici, ou on les ignore et on les laisse crever dehors? » C’est le dilemme. On sait pas qui ils sont. Même si finalement, ils sont moins nombreux que ce que j’avais pensé. Ils ont l’air d’être que deux, comme nous. On pourrait être quatre peut être ? Non, on reste à deux ! J’ai confiance en Matt, j’ai confiance en personne d’autre que lui. « Attends deux minutes… » et on les entend toujours qui rodent en bas. L’un deux marche sans doute sur de la tôle, un truc qui fait du bruit. « Fais gaffe, Neal ! » Neal, on en tien déjà un. « tu connais un Neal ? » on sait jamais… « Ouais ca va, j’ai pas fais exprès ! » que le fameux Neal se défend. « c’est deux mecs… » du moins, c’est ce que le son de leurs voix renvoi. « Oh, y a quelqu’un ? » que Neal se met à crier. « mais t’es vraiment con ou quoi ? » dit l’autre bien plus discrètement. « Il y a quelqu’un j’te dis… » « mais non, t’as du rêvé… laisse tomber, on trouvera jamais personne… » il avait l’air grave déçu. Je regarde Matt. « j’les sens bien… » j’hausse les épaules et regarde vite fait par une fenêtre. C’est vrai qu’ils avaient pas l’air méchant. « ils sont même pas armés… » je chuchote et me baisse aussi vite. « NEAAAAAAL ! » et on entend des cris de douleurs énorme. « Merde ! » je me relève et regarde la scène sous mes yeux. « putain ! » il se fait bouffer juste devant son pote qui sait pas quoi faire ! « PAR ICI ! » je lui cri. Je sais pas si j’ai pris un risque ou pas. « défonce le Matt ! » avec son gun, il peut achever le zombi… quand à l’autre homme c’était déjà trop tard pour lui. |
| | | | (#)Dim 21 Juil 2019 - 12:48 | |
| Ça jacasse dehors, leurs voix s'élèvent, et Noa autant que moi reste attentive à leur conversation. Apparemment ils sont deux, deux gars, l'un c'est Neal, et l'autre c'est un paquet d'émotions et de discours larmoyants qui me font rouler de yeux parce que dude, dans un monde apocalyptique, t'as pas le droit de te lamenter à ce point de te retrouver tout seul - au contraire c'est ce que tu veux mon gars, d'avoir des alliés limités, de faire ta besogne qu'avec une ou max deux personnes de confiance.
Mon regard trouve celui de Noa quand elle chuchote. « j’les sens bien… » qu'elle dit, je suis pas sûr moi, mis à part elle, je sens personne en vrai, à en devenir parano à la fin. Mais je m'en plains pas parce que c'est ce qui nous garde en vie, que je laisse les autres crever et que ce soit que Jacobs et moi contre le reste. Apparemment, je reste trop longtemps perdu dans mes pensées à peser le pour et le contre - y'a pas de pour ici, c'est déjà plié, j'en veux pas d'eux, on reste à deux - quand ça hurle dehors, quand y'a un zombie qui s'élance sur NEEEEEEEEEEAAAAAAAAAALLLLLLLL pour en faire son buffet du jour, du soir, je sais même pas il est quelle heure pour être honnête.
Et Noa qui dévoile notre cachette au pauvre type rescapé qui voit son bro se fait bouffer devant lui. Je tourne la tête vers elle, horrifié, mais elle s'en contrefout, et surtout, elle use du meilleur argument pour me convaincre de laisser couler. « défonce le Matt ! » un hochement de tête, un gun que je recharge, mon oeil dans le viseur et un cri que je dédie à l'humain qui reste, qui se bat avec la porte d'entrée pour finalement réussir à l'ouvrir à la volée. « Dégage de là toi! » la prochaine chose qu'on entendra sera de puissants coups de feu, et mes balles qui explosent la tête, le torse, et la jambe du charognard qui s'écroule sur le pauvre cadavre à demi-mangé de Neal.
L'immeuble est de nouveau plongé dans le silence, jusqu'à ce que des pas précipités viennent nous rejoindre dans la cage d'escaliers. Je tourne rapidement, vise le nouveau venu, me place devant Noa et lui laisse pas le choix de coopérer. « T'as 15 secondes pour nous convaincre que tu mérites pas le même traitement que le zombie qui vient de manger ton pote. Go. » |
| | | | (#)Dim 21 Juil 2019 - 16:30 | |
| Je m’y ferai jamais trop à ces coup de feux, ca m’fait toujours sursauter. Un tir, deux… quatre. Matt rigole plus, il est concentré, il rigole jamais quand il Kick Ass entre les mains. Il l’a eu, il les a eu tous les deux et j’crois que j’ai bien compris son regard quand j’ai fais signe à l’autre de nous rejoindre. C’était plus fort que moi, j’ai dis que j’le sentais bien et de voir l’autre se faire bouffer et lui totalement en panique, j’pouvais pas le laisser comme ça. Matt a pas compris pourquoi j’avais fais ça. J’espère que j’me trompe pas, j’espère que j’ai pas fais une connerie. J’espère aussi que j’ai pas rameuté tous les rodeurs du coin, mais j’pense que pour ça, les coups de guns ont suffit à en faire venir une petite dizaine. Pour l’instant, rien ne bougeait vraiment autour de nous. Le seul bruit qu’on entendait, c’était les pas dans la cage d’escalier, il grimpait les marches quatre à quatre, comme s’il avait le feu aux trousses. Et une armoire à glace franchit la porte. Ce mec fait au moins deux mètres et la moitié en largeur. Wow, je fais un pas en arrière, il avait l’air plus petit que ça vue d’en haut. J’me fou derrière Matt, c’est lui qui est armé, c’est lui qui peut faire peur, même si clairement, j’ai pas l’impression que ce mec puisse nous faire quelques chose. Il a plutôt l’air d’être du genre à faire des calins à tout l’monde. Le videur de boite qu’on embauche juste pour sa taille mais qui en réalité, ferait pas de mal à une mouche. Mais on le connait pas, on sait pas c’qu’il a fait avant d’être ici. On a tous les mains sales, mais pas tous pour les mêmes raisons. Qui il est vraiment ? « T'as 15 secondes pour nous convaincre que tu mérites pas le même traitement que le zombie qui vient de manger ton pote. Go. » et Matt a l’air hyper convaincant, il me fait peur à moi-même. Je les regarde tour à tour et fais signe à ce mec d’ouvrir sa bouche s’il veut pas avoir une balle entre les deux yeux. Il lève les mains en l’air pour montrer qu’il a rien. « All good dude… » qu’il sort un peu trop familièrement à mon goût. Faut se méfier de ceux qui veulent trop être ton pote. « J’suis venu avec Neal… c’était mon cousin. Putain… » il était surement encore sous le choc quand même. « Le reste de ma famille est pas très loin. J’vais juste attendre que ca se calme dehors et j’me barre. J’vais rien vous faire, j’suis pas armé, j’ai rien sur moi. » et il fait le tour de lui-même pour montrer sa bonne foi. « Vous faisiez quoi dans l’coin ? » que j’lui lance en essayant d’en savoir plus. « On venait chercher à manger. Neal a tout dans son sac à dos… » décidément, il avait perdu son cousin et la bouffe, pas d’bol. A ce niveau-là, pour moi c’était kif kif. Je regarde Matt. « On reste pas là. » qu’il veuille rester safe, c’est une chose mais on le connait pas, on va pas rester avec lui. « fou toi de l’autre côté de la pièce, tu restes loin de nous ! » on va passer et lui il va rester là, s’il veut attendre que ca se calme dehors ok, mais il risque d’attendre longtemps. « On va en dégommer un ou deux dehors, tu sors pas tant qu’on est encore dans l’angle de cette fenêtre ! et si tu sors avant, on te défonce aussi ! » enfin Matt le fera. |
| | | | (#)Dim 21 Juil 2019 - 18:14 | |
| Si Noa lui avait pas fait un signe du menton et qu'il avait joué trop longtemps au jeu du gars qui reste silencieux et qui nous fixe, a deer in the headlight, je l'aurais tiré de suite. Je hais ceux qui parlent pas, autant qu'eux me haïssent parce que je parle trop. Question d'équilibre. « J’suis venu avec Neal… c’était mon cousin. Putain… » bah ouais, dans ce monde-là mon gars, famille pas famille, ils s'en foutent les zombies, ils mangeant qui ils veulent. T'auras as de traitement de charité, man up. « Le reste de ma famille est pas très loin. J’vais juste attendre que ca se calme dehors et j’me barre. J’vais rien vous faire, j’suis pas armé, j’ai rien sur moi. »
Ouh, mauvaise tactique. Mes mains se resserrent autour de Kick Ass, mes prunelles bougent pas même d'une fraction de millimètre de lui. Nous dire qu'il fera rien équivaut à mes oreilles à la déclaration de mort d'un seriel killer fou. Je le trust pas du tout. « Vous faisiez quoi dans l’coin ? » Noa qui lit dans mes pensées et qui essaie d'avoir le plus de détails sur lui possible avant que je lui éclate la cervelle. D'où il vient, est-ce que c'est dans la direction où on s'en va - et donc, c'est mort parce que s'il s'est tiré de là, c'est parce que c'était trop dangereux pour y rester? « On venait chercher à manger. Neal a tout dans son sac à dos… » et en plus il a pas de bouffe? Je retiens pas mon soupir, roule des yeux en prime.
« On reste pas là. » bien sûr qu'on reste pas là. Bien sûr que je la suis, elle se faufile vers la sortie, moi je suis dos à elle et face à lui. Mon fusil pas baissé, la cible que comporte sa tête. Il bouge pas et il est fair, il essaie rien, vaudrait mieux pas pour lui anyways s'il veut pas devenir de la chair à saucisses en 5 secondes top chrono. « On va en dégommer un ou deux dehors, tu sors pas tant qu’on est encore dans l’angle de cette fenêtre ! et si tu sors avant, on te défonce aussi ! » et le gars, je l'ignore complètement. Jacobs qui a tout dit, il se tient à carreaux, vaut mieux.
J'esquisse un pas, on file par la porte, y'a des zombies mais pas assez pour qu'on en ait peur. On est presque immunisés à force, c'est flippant. D'un geste de la tête je lui fais signe. « Grimpe sur mon dos. Et vise la tête. » de là où elle se trouvera, Noa pourra en frapper quelques uns pendant que j'en explose d'autres. Il fait presque nuit quand on a finalement quitté cette partie-là de la ville, qu'on sait absolument pas vers quelles autres aventures on se dirige, mais qu'on le fait ensemble et que c'est tout ce qui compte. |
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