« Chut Molly, personne ne doit savoir qu’on se trouve ici… » enfermée dans ce placard depuis trois jours, j’ai faim, non, je crois pas avoir faim… J’ai pas soif non plus, ni chaud, ni froid… je suis bien mais ne ressent aucune sensation. Je sais juste qu’il faut se taire, qu’il faut se cacher, ils sont méchants dehors, c’est Molly qui me l’a dit mais Molly il faut toujours qu’elle se fasse remarquer… Molly pourquoi tu pleures, Molly pourquoi tu ris fort, Molly pourquoi ton cou est tout rouge ? Il s’est passé quoi Molly ? elle ne me répond jamais, elle dit que c’est les autres, qu’ils sont méchants… c’est pour ça que Molly me dit qu’elle ne veut pas qu’on se fasse remarquer mais c’est toujours Molly qui se fait remarquer… « Mais chuttteeeuh ! » je bascule contre mes genoux et j’entends monter dans les escaliers. Je mets ma main devant la bouche de Molly parce que je l’entends qui commence à pleurer. Je lui fais non de la tête, j’ai peur moi, j’ai très peur. La porte de la chambre s’ouvre et Molly disparait sous mes yeux ! Elle a encore fait ça ! Moi, j’y arrives pas. J’arrive pas à disparaitre quand j’veux, comme je veux. Pourtant, ca fait déjà trois jours que j’ai pris cette balle dans la tête. Trois jours que mon sang colle sur mon front et que Molly m’empêche de le laver. Ca fait plus peur, qu’elle me dit toujours. J’entends marcher derrière, j’entends le plancher qui grince sous les pas de cette personne. C’est pas un homme, c’est plus petit, un dirait une femme. Je sens rien, j’entends juste, j’ai plus d’odorat. J’suis morte. J’suis un fantôme ? Je sais pas. J’ai dix ans et j’suis morte… J’ai dix ans ? Non, j’ai pas dix ans… c’est Molly qui me dit ça. Je crois que Molly me hante encore… qui ? J’ouvre la porte « AAAAAH ! » je cris, avec mon trou dans le crâne. Elle m’a fait peur cette dame. Elle est belle mais qu’est ce qu’elle m’a fait peur ! « Lache ton arme ! » c’est la même arme qui m’a fait ce trou dans le crâne. Vu sa tête, je crois qu’elle a peur aussi, mais pourquoi ?
FEATURING @Noa Jacobs & Heïana Brook A vivre au milieu des fantômes, on devient fantôme soi-même et le monde des démons n'est plus celui des étrangers mais le nôtre, surgi non de la nuit mais de nos entrailles ~ Antoine Audouard
Heïana n'en pouvait plus. Tellement de cris, tellement de malheurs, tellement de dangers depuis quelques jours. Toutes ces agonies, ces pleurs et ces âmes blessées... La jeune femme de vingt-cinq ans tenait son gros ventre de femme enceinte de plus de sept mois d'une main, une carabine dans l'autre. Le monde était devenu fou. Depuis plus d'un an, des catastrophes survenaient dans la région: inondations, tempêtes, incendies, sécheresses de plusieurs mois... La population perdait tout, mois par mois : biens matériels, troupeaux, habitations, proches. Jusque là, Madame White avait été épargnée, son mari comme elle touchés d'une incroyable chance. L'on murmurait que c'était grâce à la particulière dévotion de la jeune mariée à la religion chrétienne, et que beaucoup devraient suivre son exemple. Elle-même n'en savait trop rien, mais pieuse de nature, elle avait continué à prié avec d'autant plus d'intensité, une fois les intempéries meurtrières arrivées.
Mais Abel était parti. Oh, il n'était pas mort, et si Dieu le veut, il lui reviendrait. Pourvu qu'il revienne. La jeune femme n'était pas sûre de se remettre de la mort de son époux. Non, il était parti combattre les aborigènes, qui auraient maudit la ville de Brisbane, ce qui expliquerait la longue litanie de catastrophes naturelles s'étant abattues sur la cité... Jusqu'à la dernière. Les morts réapparaissaient sous formes fantomatiques, errant dans les rues, dans les maisons, partout. La plupart était pacifiques, inoffensifs et quand ils réalisaient qu'ils étaient vus, ils disparaissaient tout simplement pour à nouveau se matérialiser plus tard, plus loin. Quelques-uns se montraient agressifs, en colère, et créaient de mini-catastrophes: ils déplaçaient les aiguilles des horloges à l'envers, cassaient des vases, faisaient claquer les portes, désorientaient les bêtes. Mais rien de si dramatique, pour l'instant.
Non, le danger le plus important venait des humains vivants. Ces nouvelles apparitions contre-nature avaient rendu folle la population brisbanaise, et de plus en plus d'extrémistes de tous bords - superstitieux, religieux ou laïcs - créaient des tensions inutiles, hurlaient au loup et déclenchaient de véritables émeutes, renforcées par la faim et l'insécurité de cette dernière année. Heïana, elle, ne craignait pas les esprits. Elle avait toujours été sensible aux phénomènes paranormaux, comme sa mère, et sa grand-mère avant elle. Bien sûr, elle avait toujours tu cela; les chasses aux sorcières ne dataient pas d'époques si éloignées après tout...
C'est dans cette situation de tension extrême, enceinte jusqu'aux dents et isolée dans sa grande maison qu'Heïana crut entendre du bruit. Elle se leva de son lit, passa une robe de chambre sur sa longue chemise de nuit, prit la carabine posée près du meuble de repos conjugal et partit en direction de la nuisance sonore. Après quelques instants de recherche, elle se décida à ouvrir un placard. AAAAH, hurlèrent deux personnes cachées dans cet endroit, avant que l'une d'elle ne reprenne, Lâche ton arme ! Décontenancée, ayant du mal à les voir dans la pénombre, Heïana recula posa prudemment son arme sur la table basse derrière elle. Elle avait du mal à distinguer l'âge des deux personnes cachées dans le placard, sûrement une plus âgée que l'autre. Mais surtout, elles semblaient bien inconsistantes, pâles, et dégageaient une aura... Des fantômes ? Je ne vous veux pas de mal, déclara la jeune femme avec un certain aplomb malgré la situation. Que faites-vous ici ? Demanda-t'elle ensuite avec plus de douceur, alors qu'elle allumait une lampe à pétrole pour y voir plus clair en cette sombre nuit.
C’est encore flou pour moi, j’ai des trous de mémoire, je sais pas bien comment ça s’est passé, comment j’en suis arrivée là. Je sais juste qu’on m’a tiré dessus, mais qui ? C’était où ? Molly me dit que c’est la faute aux adultes, la faute au vieux Brighton. Mais je sais pas qui c’est ce vieux Brighton. Quand je vois cette arme dans les mains de la femme, je sais que c’est ça qui m’a fait ce trou, je vois encore l’arme braqué sur moi mais c’est comme si je ne voyais qu’un canon entre mes deux yeux et qu’ensuite… plus rien. Le coup de feu et le noir complet. Mais autour de tout ça, tout était noir aussi. Impossible de savoir. Et si c’était elle ? « Je ne vous veux pas de mal, Que faites-vous ici ? » me demanda-t-elle en allumant sa lumière. Le feu me faisait du bien, comme si ca me réconfortait… J’avais peur mais en même temps cette flamme me détendait. « Quoi qu’est ce que j’fais ici ? » j’hausse les épaules. « Je sais même pas où je suis… » je tourne la tête pour regarder Molly, elle fait pas la maline, elle a l’air d’avoir peur et d’un coup, de nouveau, elle disparait. « mais c’est pas possible ça !! » je regarde autour de moi, me laisse pas toute seule Molly, revient… « Molly !! » je sors complétement de ce placard et me met à la lumière, la chaleur caressant mon visage, pour une fois, je ressentais quelques chose. Etais-je attirée par les flammes ? « t'es qui ? » elle a pas l’air bien méchante même si elle me regarde bizarrement, j’ai l’impression qu’elle y voit pas très clair encore. « C’est chez vous ? J’crois qu’on m’a tué dans cette maison… » j’en sais trop rien mais y a une odeur de mort dans le coin, d’un mort récente, de sang qui a coulé, qui a été projeté contre les murs. « Tu connais le vieux Brighton ? » qui ne tente rien n’a rien, si ca se trouve, c’est son père ? Je sais pas…
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Heïana n'en revenait pas; deux jeunes femmes, sans aucun doute mortes et revenues sous forme fantomatique, lui faisaient face. Mais les deux esprits avaient-ils bien conscience d'être morts ? Parce que bon, il n'était pas habituel que les êtres vivants parlent avec ceux qui avaient trépassé; d'ailleurs, les rares fois où c'était arrivé à la brune, c'est soit parce qu'elle en avait convoqué elle-même par spiritisme, ou bien lorsque cela arrivait par hasard, qu'un esprit apparaissait auprès d'elle et se rendait compte qu'elle le voyait, il avait plutôt tendance à être surpris. Est-ce-que le mauvais sort jeté par les indigènes avait rendu les défunts moins timides envers ceux qui leur avaient survécu ? Rien de certain, d'autant plus lorsque l'une des deux apparitions, l'air effrayée, disparut. Décidément, c'était à ne rien y comprendre. La femme enceinte décida de s'asseoir sur un gros coffre à vêtements, bien assez haut pour également servir de chaise, alors qu'elle continuait à fixer la seule morte qui était encore présente. Bien qu'un peu méfiante, elle baissa le canon de sa carabine vers le sol, pour montrer qu'elle n'était pas hostile.
Cependant, son sang se glaça lorsque la femme lui parla du "vieux Brighton". Ses yeux verts s'écarquillèrent sous la stupeur. Qui était cette demoiselle, morte de surcroît, pour connaître ce vieux fou ? Quelqu'un aurait-il vu quelque chose ? C'était mon oncle, grimaça la jeune femme avec une espèce de grimace écœurée. Apparemment, elle ne le portait pas dans son cœur. Je ne le côtoyais que très peu, mes parents s'étant disputés avec lui il y a des années.. Je ne sais pas ce qu'il lui a pris, mais il a débarqué ici il y a près d'une semaine, alors que j'étais avec mon mari en train de dîner. Il a commencé à hurler des choses incompréhensibles, il avait les yeux injectés de sang; la folie l'avait attrapé semble-t'il. Il a menacé de m'éventrer parmi le lot d'insanités qu'il a proféré, et a voulu se jeter sur moi... Abel lui a mis un coup de fusil dans la tête avant qu'il ne me fasse du mal. La jeune femme passa une main sur son ventre arrondi, le caressant doucement. Dieu qu'elle avait eu peur ce soir là; si stressée qu'elle en avait eu des contractions précoces, le médecin lui ordonnant alors de rester au repos. Elle releva les yeux sur le fantôme: Tu le connaissais ?
Molly t’es où ? Pourquoi tu reviens pas… tu m’as laissé seule ici avec cette femme que je connais pas… elle a pas l’air bien méchante mais tu peux pas me dire de me méfier des adultes si tu me laisses seule avec eux… reviens Molly s’il te plait… Elle me fait peur avec sa carabine, cette arme à feu, elle est comme celle qui m’a fait mal, celle qui m’a arraché au monde des vivants. Pourquoi je suis encore là si je suis morte ? Tout ça c’est la faute au vieux Brighton, j’espère qu’il va mourir lui aussi ! J’espère que quelqu’un lui règlera son compte. « Molly on peut tuer les vivants ? » je souffle en espérant qu’elle revienne… je sors de mes pensées et elle est encore là. Je lui ai parlé mais j’écoute pas ce qu’elle me dit… la pauvre. Son oncle, je crois que c’est ça ? Je me recule, elle est peut-être, non elle est surement dangereuse aussi. Elle me fait peur. « Je ne le côtoyais que très peu, mes parents s'étant disputés avec lui il y a des années. Je ne sais pas ce qu'il lui a pris, mais il a débarqué ici il y a près d'une semaine, alors que j'étais avec mon mari en train de dîner. Il a commencé à hurler des choses incompréhensibles, il avait les yeux injectés de sang ; la folie l'avait attrapé semble-t ‘il. Il a menacé de m'éventrer parmi le lot d'insanités qu'il a proféré, et a voulu se jeter sur moi... Abel lui a mis un coup de fusil dans la tête avant qu'il ne me fasse du mal. » Il est mort alors ? «Tu le connaissais ? » Je pointe du doigt le trou qui se trouve juste au-dessus de mes deux yeux. « C’est lui… Il m’a fait ça… Je suis venue ici parce que j’avais peur. J’étais terrifiée, dehors. Ma maison brûlait, je chercher à me réfugier quelques part. Je n’avais nulle part où aller. Je suis arrivée ici et c’est comme s’il m’attendait… il m’a regardé droit dans les yeux et il m’a dit « - Regarde moi bien en face. Il faut que tu t'y fasses. » et le coup est partie. Il a pris son arme et il l’a pointé juste là… et bim. Je suis tombée à terre, j’y voyais plus rien, j’entendais plus rien, je ne ressentais plus rien… et je me suis reveillée ici, plus tard, dans ce placard. Je ne ressens toujours rien…» je suis morte, je suis morte, c’est donc ça dont il parlait ? Il faut que je m’y fasse. « Tu es sa nièce… » je la regarde, je sens la colère qui s’empare de moi. La colère ? Comment est-ce possible ? Je ne ressens plus rien. « Il m’a tué ! » je me met à hurler dans la pièce. « MOLLY VIENT ME CHERCHER ! » je ne veux plus être ici. « LAISSEZ MOI TRANQUILLE ! » Je me lève assez brusquement et sans contrôler mes gestes, je renverse la lampe à huile au sol, le tapis commence à prendre feu.
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C'est avec horreur que la femme enceinte étouffe un cri d'horreur et de tristesse mélangés lorsque l'apparition fantomatique lui annonce que c'est son oncle, surnommé par beaucoup "le vieux Brighton" qui lui avait fait cela. Comment était-ce possible? Ce vieil avare taciturne et revêche n'était certes pas aimé de grand-monde, et il n'aimait personne d'autre que lui-même d'ailleurs, mais de là à tuer quelqu'un... En plus, si ce meurtre avait réellement eu lieu, toute la ville en aurait entendu parler ! Et ce ne serait alors pas Abel qui aurait eu à descendre cet homme pour protéger Heïana, le vieux aurait été coffré par le shérif bien plus tôt que cela. Pourtant, le fantôme semblait formel en pointant du doigt le trou persistant sur son front, pile entre ses yeux. Ou alors, aurait-il existé, il y a longtemps, un autre homme surnommé "le vieux Brighton" ? Après tout, si cette défunte n'avait pas de notion du temps, peut-être qu'elle était morte il y a des années de cela, qui sait... En tout cas, Heïana n'aurait pas su expliquer cette situation, c'était tellement dingue ! Elle écoute avec attention la triste histoire de la jeune fille qui lui fait face. Je ne sais pas si c'est bien mon oncle qui vous a infligé ça, mais je suis désolée pour vous... Murmura-t-elle, réellement touchée par l'histoire du spectre.
Cependant, la suite des événements ne fut pas si calme. Heïana sentit l'ambiance se glacer brusquement, se tendre; l'aura qui entourait le fantôme, à peine perceptible, se fit dangereuse, menaçante. Que lui prenait-il ? Soudainement, le fantôme se met à hurler, comme si il perdait raison; quoi que, y-a-t-il encore une notion de folie lorsque l'on est mort ? Il y avait suffisamment d'éléments pour en douter. La plus vivante des deux glapit de peur lorsque l'apparition devient de plus en plus agressive, lui ordonnant de la laisser tranquille. Mais c'est vous qui êtes appar... La femme enceinte n'eut pas le temps de terminer sa phrase que, dans son éclat de rage, son interlocutrice avait fait tomber une lampe à huile, commençant à brûler le tapis. Comment cela était possible ? Les fantômes ne sont pas sensés avoir de consistance, et donc ne pas pouvoir bouger les objets... Sauf en cas de vieux spectres, dont la puissance a augmenté au fur et à mesure des années passant. Enfin bref, le moment de disserter sur les apparitions d'outre-tombes n'était pas venu, mais était plutôt propice à chercher une solution. Vous êtes dingue ou quoi ?! Cria Heïana avec fureur, alors qu'elle court vers sa commode. Elle en ouvre le tiroir, en sort un gros paquet en tissu d'un kilo, et revient vers le foyer... Versant dessus une espèce de poudre blanche. Du bicarbonate. Trop coutumières des accidents domestiques dans son entourage et dans les nouvelles relayées par la presse, la jeune femme en avait toujours sous le coude, c'était réputé très efficace contre les départs de feu. En espérant que ça étoufferait celui-là...
Incontrôlable, totalement incontrôlable, j’avais moi-même perdu mes moyens. Accusant directement cette femme d’être coupable elle aussi de ma mort. Si son oncle m’avait tué, elle devait être comme lui, une meurtrière, folle à lier aussi. C’était bien son époux qui avait mis fin à la fin du vieux Brighton, pourquoi ne serait-elle pas capable d’une telle chose. Je deviens folle, je veux m’en aller mais j’y arrive pas, je ne contrôle pas ça. Molly ne m’a jamais expliqué comment faire, apparaitre et disparaitre. Ca fait tellement longtemps que j’attends dans ce placard et qu’elle vient me rendre visite de temps en temps, elle vient, elle repart et moi je suis toujours ici. Je renverse cette lampe à huile et j’ai aucune idée de comment c’est possible. Même pousser une pote pour l’ouvrir m’est impossible, je passe à travers chaque objet que je vois. Je flotte dans les airs, je ne sais plus la sensation de s’assoire sur un fauteuil moelleux, de dormir sur un lit ferme. Je n’ai plus la chance de ressortir quoi que ce soit. Même les flammes qui me bruleraient si proche encore vivante ne m’atteignent pas. Elle panique, elle a peur pour sa maison, peut pour sa vie, peur pour son enfant. Une poudre blanche sortie d’une commode calme les flammes. «NON ! » je ne suis pas d’accord. Je la regarde, c’est une sorcière. Comment peut on contrôler le feu si facilement ? Je n'avais jamais vu de sorcière auparavant, mais je savais quelles existait, maman m'en parlait souvent et me disait toujours de me méfier de ceux qui maîtrisent les éléments... ils sont dangereux pour tous, dangereux pour nous. « Tu devrais brûler aux enfers, Sorcière ! Sorcière ! » Molly apparait à nouveau juste à côté de moi et alors qu’elle est là, les flammes repartent de plus belle, se propageant aussi vite que la vitesse de la lumière. « Tu vas mourir et tu ne feras plus jamais de mal à personne ! Ni toi, ni ta famille ! » Et Molly referma d’un geste de la main la porte juste derrière elle, l’empêchant ainsi de prendre la fuite. « JE VEUX PARTIR D’ICI MOLLY AIDE MOI ! »
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Sorcière ?! Non mais ça va pas ou quoi ? Voilà bien le fantôme d'une fille au mental étriqué et arriéré ! Si sa situation n'avait pas été si critique, Heïana lui aurait bien servi une leçon de morale. A cet instant, l'autre spectre réapparaît, et alors que la seule femme vivante de la pièce se dirigeait vers la sortie, elle lui barre la route en fermant la porte grâce à ses pouvoirs surnaturels. Heïana tire de toutes ses forces, frappe sur la porte, essaye de dégonder le loquet, mais rien. Elle hurle de peur, de frayeur, de colère, elle appelle au secours, tambourine sur la porte de ses poings, mais personne ne l'entend.Je vais mourir, se dit la jeune femme, alors que les larmes commencent à couler sur ses joues. Désespoir. Colère. Incompréhension. Fureur. Tristesse. Haine. Et tant d'autres sentiments encore qui montent, qui montent, qui montent dans le coeur et dans le corps de la future maman. Je ne veux pas mourir ! hurle-t-elle au fond de son coeur, pensant avant tout à son enfant. Elle se tient le ventre, qui est douloureux. Elle arrivait vers la fin de sa grossesse après tout, à un gros mois près. Elle se retourne face aux apparitions surnaturelles: Pourquoi faites-vous ça ?! Mon bébé... Je ne peux pas le laisser mourir !
Mais les flammes sont hautes déjà, et l'atmosphère, suffocante. Regardant les femmes spectracles, sachant qu'elle ne peut plus grand-chose d'autre que ce qu'elle s'apprête à faire, elle déclare: Vous me croyez sorcière ? Eh bien, à cause de vous, je vais en devenir une. Je vous maudis! Toutes les deux ! Jusqu'à la fin des temps, restez dans cette maison, ne quittez jamais ce placard, et revivez à l'infini cette scène ! Disputez-vous, déchirez-vous, criez et pleurez ! Là sera votre juste punition ! La femme enceinte tousse, l'air commence à l'intoxiquer. Les larmes dévalent ses joues plus vite que les vagues d'un torrent ne se déchaînent. Elle regarde autour d'elle. Elle ne veut pas mourir par le feu. Criant de désespoir et d'une espèce de courage entremêlés, elle court aussi vite qu'elle le peut, protège son visage de ses bras, et saute par la fenêtre. Un bruit sourd, quatre mètres plus bas. Le choc a été dur, violent. Heïana gémit de douleur, quoi qu'elle ne sent déjà plus une bonne partie de son corps. Derrière elle, la maison est ravagée par le feu. Une partie du quartier s'approche, on entend des cris, des pleurs de désolation. Plusieurs personnes s'approchent d'Heïana, dont le prêtre local. Elle pense: Quand le prêtre vient me lire les derniers sacrements, je jette un coup d'oeil, aux dernières vues d'un monde qui a été très injuste avec moi.Est-ce possible que se soit une sorte d'erreur ? C'est dur d'arrêter la terreur qui monte. Est-ce vraiment la fin, pas un rêve fou ? Quelqu'un, s'il vous plaît, dites moi que je rêve. Ce n'est pas si facile d'arrêter de crier. Mais les mots m'échappent lorsque j'essaye de parler. Les larmes coulent, mais pourquoi suis-je en train de pleurer ? Après tout je n'ai pas peur de mourir... Juste de ne pas me rappeler ton visage, une fois au paradis. Dans son dernière souffle, la jeune femme murmure: Abel...