Ca faisait maintenant plus de deux ans que ce cauchemar avait débuté. Deux ans qui en paraissaient dix. C'était interminable. Elle avait vu ses amis et par la suite ses compagnons de galère tomber les uns après les autres. Ca faisait au moins trois mois qu'elle n'avait pas croisé âme qui vive et ça devenait de plus en plus éprouvant. Parfois, elle se demandait comment ils en étaient arrivés là. Comment elle, en était arrivée là. Elle n'avait rien demandé à personne. Peut-être n'aurait elle jamais dû quitter son Espagne natale. Peut-être que là-bas la situation était différente. Peut-être qu'ils vivaient dans l'ignorance totale de ce qu'il se passait ici en Australie. Non ce n'était pas possible. S'ils étaient sains et saufs et étaient protégés de cette catastrophe, il n'y avait pas de doute quant au fait qu'ils étaient forcément au courant de la situation en Australie. Peut-être plus maintenant, tous les moyens de communication étaient à présent totalement coupé et il n'y avait aucun moyen de recevoir ou d'émettre quoi que ce soit, mais ne serait-ce qu'au début. Quand tout a commencé, pas de doute, ça avait probablement fait la une de tous les journaux dans le monde. Elle imaginait que suite à ça, les pays avaient fermé leurs frontières, avaient trouvé un moyen de se barricader afin que cette gangrène ne les atteigne pas. Elle s'imaginait aussi que de l'extérieur, tout le monde devait penser qu'il n'y avait plus un seul vivant en Australie et d'ailleurs, c'était peut-être vrai. Elle-même se posait la question. Personne n'avait jusqu'à présent réussi à mettre la main sur Bambi-Crystal afin de l'arrêter. Elle avait toujours son armée de morts-vivants sous son contrôle et les survivants se faisaient de plus en plus rares. Il devenait de plus en plus compliqué de garder espoir que la situation s'améliore et que la vie reprenne son cours.
Ca fait bientôt deux semaines qu'elle erre sur la route, à la recherche d'un havre de paix, d'une quelconque communauté de survivants. Elle regrette amèrement de n'avoir pas réussi à convaincre Isaac de rester avec elle il y a un an de ça. Si seulement elle avait fait un petit effort, elle ne serait pas toute seule à l'heure actuelle. Oh, elle s'était demandé à plusieurs reprises à quoi ça pouvait bien servir de se battre encore et toujours. Il y avait même eu quelques moments critiques durant lesquels l'idée d'en finir lui avait traversé l'esprit. Une idée qu'elle avait rapidement chassée puisque si elle avait pu survivre aussi longtemps, c'est qu'elle pouvait tenir un peu plus et si elle pouvait tenir un peu plus, elle avait des chances de retrouver un jour une vie normale. De voir la fin de ce cauchemars. Elle ne saurait dire quand elle avait réellement quitté Brisbane et avait commencé à marcher vers le nord. La route vers le sud lui semblait bien plus encombrée et donc elle n'avait pas réfléchi bien longtemps. Elle ne savait pas ce qu'elle allait bien pouvoir trouver là-bas, mais elle avait déjà fait le tour de la ville suffisamment de fois pour savoir qu'à Brisbane, il n'y avait plus rien pour elle, les supermarchés avaient quasiment tous été pillés, de même pour les habitations, les hôpitaux ou les collectivités. Ca faisait des mois qu'elle marchait. Il y avait des jours où elle ne trouvait rien à manger, d'autres qui lui permettaient de faire des provisions pour un moment. Elle était amaigrie, mais elle avait décidé de ne pas s'arrêter de continuer et de voir sur quoi elle pourrait bien tomber. Elle avait finalement atteint la forêt tropicale de Daintree. Elle n'était pas sûre que ce soit une bonne idée de s'enfoncer seule là dedans, mais il était trop tard pour faire marche arrière. Un pistolet à sa ceinture et une machette à la main, elle avançait sans but, le thalamus à l'affut de la moindre information sensorielle qui pourrait lui indiquer une quelconque présence. Elle avançait sans bruit tel un chat. Jusqu'à ce qu'elle entende le feuillage bouger à sa droite. Sa main se porte immédiatement à son pistolet, un réflexe vital dans cet environnement hostile. Elle retient sa respiration, vise et ... "Qu'est-ce que tu fais là !" lance t-elle à l'homme qui vient d'apparaitre au milieu de cette jungle. "T'es tout seul ? T'approche pas !" ajoute t-elle nerveusement, sans pour autant baisser son arme. Elle ne fait pas confiance à n'importe qui et s'il faut tirer, elle tirera sans hésiter.
Lorsque tout ceci avait débuté, vous étiez une dizaine dans la bande. Certains faisaient partis de tes amis depuis plusieurs années, Anna était là elle aussi. D'autres, tu les avais croisés sur la route. Ils s'étaient retrouvés et tu avais jurés de ne jamais les abandonnés. Malheureusement, on ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie. Un à un, les uns après les autres, tout le monde était tombés. Tout le monde sauf toi. Même Anna n'était plus là. La tristesse et le désespoir n'avaient cessés de remplir ta vie depuis que tu t'es retrouvés seul. Chaque jour, tu te débrouillais pour chasser, pour manger. Toi qui n'a jamais tenus une arme à feu, une arbalète ou tout autre ustensile qui pourrait viser à tuer qui que ce soit, tu te surprends à les utiliser et à aimer cela. T'aurais tellement vivre ailleurs qu'en Australie. Peut-être qu'Anna et toi fileraient des jours heureux et commenceraient à créer cette vie que vous vous étiez imaginés à l'époque. Les quelques membres qui composent ta famille se trouvaient tous en Australie. Tu n'as pas de nouvelles ni de ta mère, ni de ton beau père. Cela dit, tu gardes tout de même espoir. Au fond de toi, t'es certain qu'ils vont bien et qu'ils se sont trouvés un coin isolé afin de se mettre à l'abri. Tu refuses de penser au pire, c'est ta mère tout de même. Ta cousine et ton cousin, tu les as vu se transformer sous tes yeux. Vous étiez ensemble, c'est le coeur lourd que tu as décidé de les tuer afin qu'ils ne puissent faire de dégâts trop important. Ça t'as déchiré le coeur mais ce n'était rien comparé au moment où t'as dû tirer une balle en plein dans la cervelle de ta dulcinée. Le coeur lourd, le coeur en miettes, t'as continué à avancer. Tu te retrouves seul, sans même savoir où tu vas. Tes nuits ne durent jamais plus de deux heures, trois tout au plus. Ça fait deux semaines que tu erres de route en route, de chemin en chemin. Deux semaines que tu ne manges pas à ta faim, ça se voit. Tes forces manquent, tu es faible et le visage amaigri. Plus d'une fois, tu as faillis abandonner. Plus d'une fois, tu as faillis baisser les bras et laisser ces créatures de l'enfer te transformer en l'un des leurs. Chaque fois, cette promesse que tu as fait à Anna lorsque tout cela avait débuté te reviens en mémoire "Si l'un de nous doit disparaitre, l'autre doit continuer quoi qu'il arrive !" C'est dur de continuer à vivre, à te battre en sachant que plus jamais tu ne reverras ta cousine, ton cousin, ni même la femme que tu as aimé et que tu aimes encore. Tous les jours, tu penses à eux et si tu te bats encore aujourd'hui, c'est pour eux avant tout. À ton cou, il y a le pendentif qu'Anna portait quotidiennement. Une fois, on a faillis te l'arracher. La colère s'est emparé de toi et le voleur n'a pas fait long feu face à toi. Ce collier est le souvenir concret qui te rattache à elle, interdiction de le perdre ou que l'on te le prenne. Pas tant que tu seras vivant. L'autre jour, sur ta route, tu as croisé une chapelle et un CHANOINE. Il t'as beaucoup aidé à garder espoir. En échange de ses bons conseils, tu lui as proposé de se joindre à toi mais il ne voulait pas laisser sa chapelle. C'est à regret que tu as repris la route, toujours sans but précis. Au beau milieu de la forêt, t'entends des bruits de pas. D'un geste habile, t'attrape ton arme soigneusement agrippé à ta ceinture et avance sans faire le moindre bruit, ou le moins possible. Le bruit d'un pistolet retentit, t'as à peine le temps d'esquiver la balle. "Oh calme ! Je cherche pas les ennuis !" Dis-tu en levant les bras pour montrer ta coopération. Il s'agit d'une jeune femme bien trop mignonne pour se servir d'une arme. "ouais, je suis seul. J'ai perdu l'entièreté des membres de mon groupe .. et toi ?" Le regard qui inspecte les environs, il ne semble y avoir personne derrière toi, ni sur les côtés. "Je pose mon arme, si tu poses la tienne. Je te promets que je ne te veux aucun mal !" Tu comprends qu'elle soit sur la défensive, tout le monde l'est dans ce monde. Toi y compris.
Le coup est parti tout seul et sur le moment elle s'en veut. Elle s'en veut parce qu'elle aurait pu lui tirer dessus si elle avait visé quelques centimètres à côté et que ça aurait été dommage de le tuer avant de savoir ce qu'il avait à offrir. Elle s'en veut aussi parce qu'un bruit de détonation c'est le meilleur moyen de rameuter les sbires de Bambi-Crystal et ils n'avaient pas besoin de ça. Surtout lorsqu'ils étaient au beau milieu de la forêt. Forêt qu'Itziar ne connaissait absolument pas. Si une horde de zombies arrivaient sur eux, elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle pourrait bien se cacher. Tirer c'était donc une erreur de débutant. Erreur qu'elle jure qu'elle ne refera plus. Cependant, ce n'est pas pour ça qu'elle baisse tout de suite son arme. Loin de là. Si elle a tiré, ça veut dire que le type en face aussi peut tirer et elle ne veut pas prendre le risque de ne pas pouvoir se défendre si cette idée lui traversait l'esprit. Elle ne baisserait son pistolet que quand elle serait convaincue qu'il n'a pas de mauvaise intention et qu'elle peut lui faire un tantinet confiance. Pour l'heure, c'était donc un interrogatoire auquel il avait droit. On n'était jamais trop prudent. Elle l'avait appris à ses dépends durant ces deux dernières années. D'après ses dires, il est seul. Visiblement lui aussi a vu les siens tomber les uns après les autres. Du moins, c'est ce qu'elle en déduit quand il dit qu'il a perdu l'entièreté des membres de son groupe. Il lui retourne la question ensuite et elle n'est pas sûre de devoir répondre. Après tout, peut-être qu'il est en train de lui mentir et qu'il a tout un groupe de mecs baraqués qui attendent un peu plus loin dans les broussailles et qui ne demandent qu'à se jeter sur elle au moindre signe du jeune homme. Elle le toise donc un instant, son arme toujours pointée dans sa direction et prête à tirer en cas d'urgence. "J'suis toute seule aussi. Ca fait un moment que j'ai plus croisé personne." Lui répond-elle finalement. Se disant que de toute façon, s'il n'est pas seul et s'il est mal intentionné, c'est déjà trop tard pour elle.
Elle se limite cependant sur les détails. Elle est seule, elle n'a pas vu âme qui vive depuis un moment. Pour l'instant, c'est tout ce qu'il a besoin de savoir. Elle ne va pas lui dire d'où elle vient, ni par où elle est passée. Pas tant qu'elle ne sera pas sûre qu'il dise la vérité. "Si tu veux que je pose mon arme, il va falloir que tu poses la tienne et que tu mettes tes mains en évidence. Tu me veux pas de mal, si tu dis vrai ça devrait pas te poser de problème de faire ça. Une fois que je serai sûre qu'il y a pas de danger, je baisserai mon pistolet. Pas avant." Lui répond-elle. Ce n'est probablement pas ce qu'il s'attendait à entendre, mais elle a survécu pendant deux ans, elle ne comptait pas mourir aujourd'hui parce qu'elle aurait baissé sa garde assez longtemps pour qu'il lui tire une balle en pleine tête. Même pas en rêve. Ca ne lui posait aucun problème de rester un moment comme ça. Elle le laisse donc réfléchir à ce qu'il veut faire. Ne le lâche pas du regard une seule seconde, mais garde cependant ses sens à l'affut du moindre bruit, du moindre mouvement suspect. "Comment t'es arrivé jusqu'ici ? T'as une planque avec des vivres ? Ou à la limite un endroit sûr pour passer la nuit ?" Lui demande t-elle ensuite. S'il ne lui veut pas de mal comme il le dit, il répondra probablement à ses questions. Ca pourrait être le début de quelque chose. Le début d'un bout de chemin qu'ils pourraient faire ensemble. A moins que ce ne soit que du bluff et qu'il attend qu'elle baisse sa garde pour lui tomber dessus et récupérer le peu de munitions et de vivre qu'elle avait sur elle.
Coup de fusil qui retentit au loin, la balle passe à quelques centimètres de ta tête, tu l'as échappé belle. Ton regard se porte sur la jeune femme en face de toi. Les traits tirés, la mine fatiguée. Elle semble être aussi effrayée que toi. Rien d'étonnant, ce monde est effrayant. Il n'a plus rien à voir avec celui que vous avez connus autrefois. Tu tremble, t'as peur. Depuis que tout cela a commencé, tu ne cesses de vivre dans la peur. Tes camarades sont tous tombés, un à un. Anna aussi, elle est partie, elle n'est plus là. La boule, t'as continuée à avancer même si tu as eu envie de lâcher prise et d'abandonner plus d'une fois. Pourtant, t'es toujours là. Les vêtements sales, la barbe mal rasée, les cheveux ébouriffés dans tous les sens. Tu te méfies de tout et de tout le monde, même de cette demoiselle en face de toi. Il fut une époque, lorsque tout était calme et paisible, tu lui aurais simplement adressé un simple salue de la tête et tu aurais continué ton chemin. Aujourd'hui, ce n'est plus aussi vrai qu'avant. Tu veux connaitre son histoire, ce qui lui est arrivé. Tu viens déjà de lui avouer que tu étais seul. Si la solitude ne t'as jamais dérangé jusqu'à présent, elle commence à te peser. Personne à qui parler, à qui te confier. Personne pour te rassurer. "J'suis toute seule aussi. Ca fait un moment que j'ai plus croisé personne." Apparemment, la jeune femme se trouve être seule également. Peut-être est-ce un piège ? Ses amis sont te tomber dessus à un moment ou à un autre. T'attends, cinq minutes passent puis, dix minutes. Personne ne vient, elle dit donc la vérité. Petit sourire en sa direction. "Vu que nous seuls tous les deux, peut-être pouvons-nous s'allier ? À deux, on ne sera sûrement pas de trop." Pour les tuer, les éliminer bien évidement. Pas de grands discours, vous allez à l'essentiel. "Si tu veux que je pose mon arme, il va falloir que tu poses la tienne et que tu mettes tes mains en évidence. Tu me veux pas de mal, si tu dis vrai ça devrait pas te poser de problème de faire ça. Une fois que je serai sûre qu'il y a pas de danger, je baisserai mon pistolet. Pas avant." Elle a raison. Doucement, tu déposes ton arme à tes pieds et lève bien haut les mains. Ainsi, elle peut constater ta bonne foi et ta coopération. Ton coeur s'emballe, il bat vite, trop vite même. La peur te gagne. C'est peut-être un traquenard, après tout, c'est possible. Tu ne lâche pas la demoiselle du regard, tu reste à l'affut du moindre bruit, du moindre mouvement. "Comment t'es arrivé jusqu'ici ? T'as une planque avec des vivres ? Ou à la limite un endroit sûr pour passer la nuit ?" Trop de questions soudainement. Tu prends tout de même la peine de lui répondre étant donné que ce sont les mêmes questions qui te brûlent les lèvres. "J'ère de jour en jour, j'essaie par tous les moyens de rester en vie mais c'est compliqué.. Pas de planque, pas d'endroit sûrs, j'improvise sur le moment. Et toi ? C'est quoi ton histoire ?" L'ambiance entre la jeune femme et toi semble s'apaiser. Tu prend le risque de baisser les mains, croisant les bras sur ton torse sans jamais lâcher la demoiselle du regard.
Personne ne semble débouler de nulle part. C'est un face à face entre elle et le jeune homme qui prend place à ce moment précis. Personne ne bouge, personne ne dit rien pendant de longues minutes. Il n'y a pas un bruit à part le vent qui vient par intermittence chatouiller les feuilles dans les arbres. Le type en face d'elle finit par reprendre la parole. Il conclu qu'ils font tous les deux cavaliers seuls, que de ce fait, ils devraient s'allier. Il marque un point. Survivre à deux était plus simple que survivre seul. Quoi que. Ca faisait un moment qu'elle était seule et elle ne s'était pas trop mal débrouillée. Il ne baisse toujours pas son arme cependant et elle ne donnera aucune réponse avant d'être vraiment sûr qu'il est bien intentionné. Elle ne répond donc pas, se contentant de pointer du menton l'arme qu'il a dans la main avant de lui explique ce qu'elle est d'accord de faire ou non. Quand elle le voit finalement poser son arme, c'est presque un soupir de soulagement qui s'échappe de ses lèvres. Il disait vrai. Il ne lui voulait aucun mal et il était prêt à se mettre à nu pour lui prouver sa bonne foi. Elle ne lâche pas son arme tout de suite cependant, elle se dit qu'il y a une infime chance que ce soit du bluff, qu'aussitôt qu'elle aura baissé son arme, ses acolytes débouleront de nulle part. C'est seulement quand une coccinelle vient se poser sur sa main qu'elle détourne son attention et baisse son arme. Cet insecte est censé porter chance. C'est ce qu'on lui a toujours dit et elle ne peut s'empêcher de voir ça comme un signe. Là au milieu de nulle part, alors que c'est le chaos depuis plus de deux ans, une coccinelle apparait et décide de se poser sur sa main. Tout à changé autour d'elle, mais c'est comme si cette coccinelle, avec sa couleur rouge et ses points noirs n'avait jamais été impactée par ce qui se passait depuis deux ans. Itziar ne peut donc s'empêcher de l'observer, baissant complètement sa garde jusqu'à ce que finalement, la petite bête reprenne son envol. "Désolée d'avoir pointé mon arme sur toi, mais de nos jours on n'est jamais trop prudent. Enfin, j'imagine que tu comprends ?" S'excuse t-elle. Depuis deux ans, chaque situation est une situation à risques. Chaque situation est une question de vie ou de mort. Elle prend ses précautions. Elle n'a pas survécu deux ans pour mourir parce qu'elle n'aura pas été assez prudente.
Pendant qu'elle le braquait il avait répondu aux questions qu'elle lui avait posées. Selon elle, ça prouvait une fois de plus son honnêteté. Visiblement, après des mois d'errance à ne croiser personne, la chance semblait lui sourire et elle espérait que la suite soit un peu plus douce. Il n'a pas de planque lui non plus, il est seul, il ère. Leur situation semble similaire en tous points et elle n'hésite pas à lui répondre quand il lui demande son histoire à elle. "Je viens de Brisbane. Pendant un bon moment j'avais tout un groupe, puis ils sont tombés les uns après les autres, ça fait un an que je suis complètement seule. Alors j'ai décidé de monter vers le nord. Je me disais que je trouverai un moyen de transport, n'importe lequel, mais rien alors j'ai marché jusqu'ici. J'avoue que je sais plus vraiment quoi faire ni où aller." Elle s'était dit que si elle ne trouvait pas une seule voiture en état de marche, elle finirait par tomber sur un champ où elle pourrait au moins un canasson, mais non. La marche, elle n'avait pas eu d'autre choix que ça. "J'aurai bien aimé trouver une cachette avec des vivres, ou un bunker ... Un bunker ce serait le pied, mais je crois que c'est qu'un rêve." Il n'y avait rien, rien sur des centaines de kilomètres à la ronde, tout avait été pillé semble t-il. "Tu viens d'où toi ? Et tu comptais aller où ?" Qui sait, peut-être qu'il avait une meilleure idée qu'elle.
Personne ne déboule. Personne ne vient se mettre entre vous. Tu n'es pas tombé dans un piège. La demoiselle a l'air sincère. À l'époque, jamais tu n'aurais pu -ne serait-ce que- penser qu'une jeune femme aussi charmante qu'elle puisse être remplie de mauvaises intentions. Jamais tu n'aurais douté d'elle. Aujourd'hui, rien est plus pareil. La peur, la panique, l'angoisse rythment ta vie depuis que tu t'es retrouvé seul. Tout tes amis, ta petite amie, ils ont tous disparus. Ils sont morts et tu te retrouve seul à errer de route en route, de forêt en forêt. Tu ne sais jamais si aujourd'hui ne serait pas le dernier jour de ta vie. Pendant un moment, tu as longtemps pensé à mourir afin de rejoindre ta dulcinée partie loin de toi. Les jours sont difficiles. Trouver à manger ou un abri pour y passer quelques heures afin de récupérer ton sommeil perdu n'est pas facile à trouver. Ça fait plusieurs jours que tu n'es pas tombé sur quelqu'un alors avec elle, tu y vois une bénédiction. Un signe du destin. Peut-être ne seras-tu plus seul. La jeune femme vient de te tirer dessus, enfin juste à côté. Le coeur qui bat vite, tu poses ton arme par terre en guise de bonne foi. Tu ne lui veux aucun mal, tu n'es pas ce genre de types. "Désolée d'avoir pointé mon arme sur toi, mais de nos jours on n'est jamais trop prudent. Enfin, j'imagine que tu comprends ?" Bien sûr que je comprends. De nos jours, il faut rester sur nos gardes. Chaque fois que tu fais trois pas, tu regardes en arrière. Toujours peur que quelqu'un te suive afin de te sauter dessus pour te dépouiller le peu d'affaire que tu possèdes. "T'en fais pas, je suis pareil. Mieux vaut rester prudent de nos jours." Tu lui lances un petit sourire. Elle n'a pas l'air méchante, juste sur ses gardes. Comme toi et n'importe qui dans ce monde. Ça fait six mois que t'es seul. Six mois que tu n'as plus fait confiance en qui que ce soit. Si jamais tu dois continuer la route avec elle, la confiance se gagnera petit à petit. "Je viens de Brisbane. Pendant un bon moment j'avais tout un groupe, puis ils sont tombés les uns après les autres, ça fait un an que je suis complètement seule. Alors j'ai décidé de monter vers le nord. Je me disais que je trouverai un moyen de transport, n'importe lequel, mais rien alors j'ai marché jusqu'ici. J'avoue que je sais plus vraiment quoi faire ni où aller." Le monde est drôlement petit. Elle vient de Brisbane, tout comme toi. Vous avez quasiment le même parcours à quelques détails près. "T'es de Brisbane ? Moi aussi. J'avais une bande de potes ainsi que ma femme avec moi mais ils sont tous tombés un à un également .. ça fait six mois que je sillone les routes sans trop savoir où je vais.." Toi et le sens de l'orientation, ça fait deux. Même si tu ne le devrais pas, tu as une idée folle en tête. Continuer de faire la route ensemble. Du moins, pendant un temps. Mais à deux, on est plus fort et on peut surveiller tous les côtés. "J'aurai bien aimé trouver une cachette avec des vivres, ou un bunker ... Un bunker ce serait le pied, mais je crois que c'est qu'un rêve." Tu lui souris. "Moi aussi. J'ai rien mangé depuis une journée .. et j'ai à peine fermé l'oeil cette nuit .. ça te dit qu'on fasse un bout dde chemin ensemble ? T'as aucune raison de me faire confiance et j'en ai pas non plus de te faire confiance. Mais à deux on peut lutter contre ces .. monstres .." Tu soupires. Une question te vient subitement. "T'en as tué combien toi ?"
Il fallait être prudent. Elle ne le savait que trop bien. Elle avait commis plusieurs erreurs en deux ans. Principalement parce qu'elle n'était pas assez prudente. Les conséquences avaient été désastreuses à chaque fois et elle s'en était mordue les doigts. Maintenant, elle était probablement un peu trop prudente. Malgré elle. Elle aimerait bien voir le bon chez les gens sans imaginer ce qu'ils pourraient cacher. Comme avec le jeune homme en face d'elle. Il n'a pas l'air méchant. Au contraire. Lui aussi semble souffrir de la situation, survivre tant bien que mal. Pourtant, elle est méfiante. Elle n'arrive pas à lui laisser le bénéfice du doute. Elle a besoin d'avoir le contrôle. Juste au cas où. Il semble comprendre que ce n'est pas contre lui. Pas personnellement en tout cas. Que c'est plutôt le contexte dans lequel ils survivent depuis deux ans qui veut ça. Lui aussi il est prudent, c'est ce qu'il lui dit. Il est prudent, mais il est aussi un peu moins méfiant qu'elle ou alors, il fait ce qu'il y a de plus intelligent. Se braquer l'un et l'autre avec leur arme respective ne mène nulle part, il en faut forcément un pour baisser la sienne, montrer sa bonne foi et débloquer la situation. Il en faut un plus téméraire que l'autre et aujourd'hui, le plus téméraire c'est le type juste en face d'elle.
Quand elle est satisfaite et considère qu'il ne représente aucune menace, elle daigne répondre à ses questions. Elle lui explique d'où elle vient. Elle mentionne ses amis qui sont tous morts les uns après les autres en deux ans. Elle lui explique comment elle est arrivée là. Comment le dépit l'a poussée à marcher pendant si longtemps. Elle ne sait pas trop si ce sont des choses importantes à mentionner. Après tout, s'il s'avère qu'ils vont faire un petit bout de chemin ensemble, elle aura tout le temps de lui raconter tout ça, encore plus en détail. Elle n'en revient pas quand il lui dit que lui aussi il vient de Brisbane. Ca semble irréel. "C'pas vrai ?! Même quand c'est le chaos le monde reste tout petit. Ca en serait presque ironique en fait. J'suis sûre qu'on s'est jamais croisé à Brisbane et là, au milieu de nulle part, on tombe l'un sur l'autre." Lui lance t-elle. Ca la ferait presque rire. Est-ce que c'est ça qu'on appelle le destin ? Elle ne sait pas trop. Elle n'était pas certaine que s'il s'agissait du destin il y aurait des morts-vivants dans l'équation. "Tu penses qu'il reste combien de personnes en vie en Australie ? J'ai l'impression de croiser personne. Alors, c'est que soit tout le monde est mort, soit ils sont tous cachés quelque part et là clairement on loupe un truc." Lui demande t-elle. Elle ne savait pas vraiment lequel des deux cas valait le mieux. Dans les deux le résultat était le même, elle était seule au milieu de nulle part. Ca n'avait donc pas grande importance. Pas pour l'instant en tout cas. Pour l'heure, il semble autant en difficulté qu'elle et lorsqu'il lui dit ne rien avoir avalé depuis hier, elle hésite un instant avant de retirer son sac à dos et fouiller dedans. Elle en sort une barre de céréales, un peu écrasée et probablement périmée, qu'elle tend au jeune homme en face d'elle. "Tiens, mange ça, c'est pas grand-chose, mais c'est mieux que rien." Elle avait pu manger une boite de maïs et une petite conserve de thon ce matin et pouvait donc se séparer d'une barre de céréales. "Tu proposes de marcher vers où ?" Lui demande t-elle, acceptant implicitement sa proposition de faire un bout de chemin ensemble. Elle est en train de remettre son sac à dos sur ses épaules quand il lui demande combien elle en a tué, elle hausse les épaules dans un premier temps avant de prendre la parole pour lui répondre. "J'en ai pas la moindre idée, je crois que j'ai arrêté de compter au bout de six mois. Et toi ?" Elle ne savait pas ce que ça pouvait changer. De toute façon, elle n'avait pas d'autre réponse pour lui. Elle avait arrêté de comprendre, ce n'était pas un mensonge.
Depuis que ces créatures ont pris possession du pays, tu fais très attention de rester sur tes gardes. Le moindre bruit dans les feuillages, le moindre souffle du vent. Tu reste à l'affut de tout. Lorsque t'as de la chance et que tu réussis à trouver une cabane pour y passer la nuit, tu fais le tour en inspectant minutieusement l'intérieur comme l'extérieur. La jeune femme qui se trouve juste en face de toi est la première personne que tu rencontre depuis au moins deux semaines. La première personne encore normale. Des zombies, t'en croises tous les jours. Au début, t'as bien faillis y rester plus d'une fois mais, maintenant, t'as développé des techniques digne des grands maitres d'art martial. Une flèche dans la tête et c'est terminé. Lorsque tu t'es retrouvé seul, tu ne te donnais pas quinze jours pour survivre. Ça fait bientôt trois mois que tu sillonnes l'est de l'Australie. Trois mois que tu ne sais pas où aller, trainant ici et là dans l'espoir de tomber sur quelqu'un qui pourra te venir en aide. T'es complètement perdu, désemparé. Il te faudrait quitter le pays et recommencer ta vie ailleurs, sur un autre continent. Mais qui te dit que ce n'est pas la même chose ailleurs ? C'est peut-être même pire. T'es pas méchant, pourtant la demoiselle se méfie de toi et elle a raison de le faire. Tu te méfies d'elle également, mais peut-être pas autant qu'elle peut se méfier de toi. Tu capitules, baissant ton arme et la déposant à tes pieds. Tu souhaite simplement lui montrer que tu ne lui veux aucun mal. Tu n'es pas ici pour te battre, tu le fais déjà bien assez avec ces créatures venues tout droit des enfers. "C'pas vrai ?! Même quand c'est le chaos le monde reste tout petit. Ca en serait presque ironique en fait. J'suis sûre qu'on s'est jamais croisé à Brisbane et là, au milieu de nulle part, on tombe l'un sur l'autre." En effet, le monde est ridiculement petit. L'un comme l'autre, vous venez de Brisbane. Il ne te semble pas l'avoir déjà rencontré mais cette époque te semble tellement loin aujourd'hui. "Jpense qu'on s'est jamais rencontré non. Mais tu sais, là-bas, j'étais quelqu'un de foncièrement chiant. Mon lieu préféré c'était la librairie." Et oui, t'étais loin d'être quelqu'un de drôle à cette époque. Très fidèle envers ta femme, t'évitais le plus possible de fréquenter les bars, ainsi que les boites de nuit. Tu n'avais qu'une toute petite poignée d'amis à Brisbane. "T'es retourné là-bas .. ? Histoire de voir tous ces lieux que tu aimais fréquenter détruit et ravagés par ces monstres .. ?" Lui demandes-tu avec une pointe de curiosité dans la voix. Tu n'as jamais remis les pieds mais voir ta ville natale détruite et entièrement ravagé ne te plairait pas. T'avais tous tes souvenirs là-bas. Aujourd'hui, il ne doit plus rien rester dans cette ville. Simplement des gravats des immeubles, maisons, bâtiments détruits. Voir cette si belle ville ravagée te briserais le coeur. Ça fait des jours que tu n'as rien mangé, la jeune femme te tend une barre de céréales. T'en pleurerais de joie tellement tu es touché par son geste. "Merci beaucoup !" Tu prends la barre de céréales et la déguste en prenant ton temps. Ce n'est pas grand chose mais c'est déjà mieux que rien. Puis, elle accepte de faire un bout de chemin ensemble. À deux, on est plus fort c'est certain. Lorsqu'elle répond à ta question, un rire s'échappe de tes lèvres. Tu n'as pas compté non plus. C'était pas toi le "tueur" de la bande, c'est ton cousin qui aurait dû survivre au lieu de toi. Mais non, il est mort en te sauvant la vie. Putain de Wren, il aurait mieux fait de te laisser crever tiens ! "j'ai pas compté non plus à vrai dire .. mais jsuppose que j'en ai tué plus de deux cents en trois mois .." Vous marchez, côte à côte, sans trop savoir où vous allez. Vous vous contentez de suivre le sentier qui défile sous vos pieds. Tu crois rêver lorsque vous tombez sur une petite maison abandonnée. "On va faire un tour ? Y'a peut-être des vivres ou je sais pas quoi ?" Tu restes néanmoins prudent, observant les alentours minutieusement.
Elle se dit que ça doit probablement être le destin. Après tout, comment expliquer que si loin de Brisbane et dans un monde complètement dévasté, elle tombe sur quelqu'un venant du même endroit qu'elle. Qui plus est, quelqu'un qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Ce n'était pas comme s'ils s'étaient donné rendez-vous ici. C'était le hasard, elle était tombée sur lui comme elle aurait pu tomber sur n'importe qui d'autre. Elle y voyait un signe. Elle ne savait pas lequel, ni même ce que ça pouvait bien changer, mais il se disait que ça voulait probablement dire quelque chose. Elle rit quand il lui dit qu'il était quelqu'un de chiant à Brisbane. Elle rit et elle se rend compte que ça fait des mois que ça ne lui était pas arrivé. En même temps, les occasions n'avaient pas été nombreuses, elle avait plutôt tendance à pleurer sur son sort maintenant, même si elle s'était résignée et s'était fait une raison. Ca faisait du bien de rire, c'était simple, rire de tout et de rien, c'était son quotidien avant tout ça et ça lui manquait énormément. Elle avait beau être une éternelle optimiste, elle avait bien du mal à garder espoir que les choses aillent en s'arrangeant ces derniers temps. "Il y a rien de chiant à passer son temps à la librairie. Après c'est sûr qu'on ne fréquentait pas les mêmes endroits du coup puisque je passais mon temps entre la fac' et le bar où je travaillais." Lui explique t-elle. Elle n'était pas forcément une grande amatrice de livres et d'ailleurs, elle n'avait jamais réellement pris le temps de se poser pour lire. Ce n'était pas son truc à elle. Elle, elle avait besoin de bouger, la lecture, c'était beaucoup trop calme pour elle, ça demandait de s'arrêter bien trop longtemps et ça la lassait très rapidement. Il en fallait cependant pour tous les goûts et ce n'était pas plus chiant qu'autre chose, ce n'était simplement pas sa tasse de thé.
Elle hoche la tête quand il lui demande si elle est retournée là-bas. Ce n'est pas tant qu'elle y est retournée, c'est plutôt qu'elle n'avait jamais quitté la ville jusqu'à ces derniers mois. Elle ne savait pas trop pourquoi elle ne s'était pas aventurée à l'extérieur avant, peut-être qu'elle avait peur. Rester à Brisbane, malgré le chaos avait quelque chose de rassurant. Elle connaissait la ville, elle savait où se trouvait les supérettes, où trouver des bâtiments pour se cacher, l'extérieur de la ville, c'était l'inconnu et c'était effrayant. "J'étais à Brisbane jusqu'à ce que je décide de me mettre en route vers le nord. Donc j'ai malheureusement eu l'occasion de voir la ville tomber en ruines petit à petit. C'est pour ça que je suis partie dans un sens, parce que finalement, il n'y avait plus rien à exploiter là-bas et je comptais pas me laisser mourir ... Pas après avoir survécu si longtemps. Et toi ?" Lui répond-elle en lui retournant sa question. C'était intéressant de voir la vision de chacun, comment chacun se débrouillait dans ce merdier. Elle en profite pour lui offrir une barre de céréales. Peut-être qu'elle le regrettera plus tard, mais pour l'heure, c'est ce qu'elle trouve normal de faire et elle ne réfléchit pas plus de deux secondes avant de lui tendre. Il semble apprécier le geste et sur le moment, ça lui fait plaisir. C'est sa bonne action du jour, ça n'a jamais fait de mal à personne, normalement. "En même temps, il y en a de plus en plus, ça devient compliqué parfois. C'est dur de se dire que c'était des gens comme nous avant." Répond-elle quand il parle du nombre de zombies qu'il a tué. Elle avait remarqué que ça allait crescendo et ça ne manquait pas de l'inquiéter. Elle se disait qu'il y allait avoir un moment où elle se trouverait complètement submergée et ne pourrait plus rien faire qu'abandonner. Ce qu'elle n'avait absolument pas envie de faire. Enfin, pour l'heure, elle n'était plus seule et marchait à côté de Lukà, restant tout de même sur ses gardes quant aux différents bruits qui pouvaient provenir d'autour d'eux. Il était facile de se faire surprendre et c'était souvent fatal. Quand ils tombent sur une maison abandonnée, elle sent l'espoir pointer le bout de son nez. L'espoir d'avoir un toit au-dessus de sa tête ne serait-ce que pour une nuit, l'espoir de trouver quelque chose à manger, l'espoir d'un peu de tranquillité. Elle ne veut pas s'emballer, mais c'est difficile. "Oué on y va, on pourrait peut-être même dormir là ce soir si c'est suffisamment safe et qu'il y a moyen de se barricader à l'intérieur." Répond-elle, avant de le suivre vers la maison, pleine d'espoir.
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