In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. (Raeleah)

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In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti.

Machinalement, je relève les yeux de mon livre en entendant la porte d'entrée claquer; Raelyn est enfin rentrée de sa journée de travail au saloon. Minutieusement, je le replace à sa place de prédilection; calé entre la lampe dont la lumière a parfois des ratés, et la petite statuette ramenée par nos parents d'un de leur voyage à l'étranger. Mon regard se perd sur le visage fatigué de Rae, et je me précipite vers elle afin de m'enquérir sur la façon dont s'est déroulée sa journée. "Ma pauvre soeur, tu as encore assisté à des choses étranges aujourd'hui?" Malheureusement, je sais déjà quelle sera sa réponse, car celle-ci est toujours la même. Mal à l'aise, j'attends qu'elle m'explique ce qu'elle a bien pu vivre, sachant très bien que rien ne pourra être pire que ce qui est arrivé à nos pauvres parents depuis que la ville de Brisbane a sombré dans le chaos. Maman a très vite succombé à la malédiction qui s'est abattue sur nous ainsi que sur le reste de la population, possédée par l'esprit d'une femme qui désirait tuer chaque homme qui croisait sa route; notre père y compris. "Malheureuse!" lui avait-il dit avant de lui tirer dessus, et de retourner sa propre arme contre lui. Mon esprit s'égare, comme à chaque fois que je repense à ces tristes évènements. Ma soeur et moi avons été épargnées pour l'instant. Mais pour encore combien de temps? Mis à part nous deux, il ne nous reste personne à qui nous confier, plus aucune famille dans les environs. Mystère quant au reste de notre voisinage, nous n'osons même plus discuter autour de nous tant le malheur qui nous frappe tous nous plonge dans un profond désespoir. Marchant vers la cuisine, je laisse Rae se remettre de ses émotions et je nous prépare à toutes les deux du thé afin d'avoir de quoi nous réchauffer. Mes mains tremblent alors que je m'applique, celles-ci étant congelées par le froid, ce froid qui nous transperce tous sans la moindre explication depuis que les morts ont décidés de reprendre leurs droits sur le monde des vivants, ici à Brisbane. Malencontreusement, je fais tomber une tasse par terre et au moment même où je veux la ramasser, celle-ci se met à léviter sans s'éclater au sol; elle danse devant moi. Mortifiée, je trouve tout juste la force de hurler le prénom de ma soeur afin qu'elle me vienne en aide et assiste avec moi à ce spectacle horrifiant.

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La journée au saloon avait été éprouvante, comme l’était toutes les journées de travail. Mais depuis la mort de mes parents, j’avais dû affronter mes peurs, moi la pauvre jeune femme timide et qui sursautait au moindre bruit un peu brusque, j’avais dû le faire pour Leah. Parce que ma jeune sœur avait besoin de moi pour s’en sortir, et que je devais nous nourrir, il n’y avait plus personne pour le faire à ma place. L’épidémie de peste de 1860 avait emporté nos grands-parents lorsque nous n’étions encore que des gamines, en au début de l’année nos parents avaient suivi lors des événements. Je ne savais pas comment qualifier les choses autrement, mais aujourd’hui j’avais l’impression de vivre dans une peur constante. Quand je pousse la porte de notre modeste demeure, j’entends les pas de Leah qui la portent dans le couloir alors que je raccroche mon écharpe. Je l’observe ma petite sœur, elle ne manque pas de courage malgré son jeune âge. Elle en possède peut-être même plus que moi. J’espère qu’elle aura le temps de grandir. « Ma pauvre sœur, tu as encore assisté à des choses étranges aujourd'hui ? » Je lui lance un sourire rassurant, maternel, avant de poser une main sur son épaule. Un client est entré dans le bar aujourd’hui, les yeux injectés de sang et une carabine à la main. Je me suis accroupie derrière le bar en pleurant et en pensant que mon heure était venue, mais le sheriff l’a rapidement maîtrisé. Je ne l’aime pas le sheriff, il me tourne autour avec des yeux de vautour, mais depuis plusieurs semaines déjà pour nous mettre à l’abris j’hésite à céder à ses avances. Mais tout ça, ma jeune sœur n’a pas besoin de le savoir. Je ne veux pas lui faire plus peur que nécessaire. Alors je lui adresse un sourire, triste et peu convaincant. « Aucun incident aujourd’hui, la journée a presque été bonne. » Tandis qu’elle se dirige, je frotte mes mains l’une contre l’autre, tentant de me débarrasser du froid. « Je vais allumer un feu ! » Je crie pour qu’elle m’entende. Et pour briser le silence aussi, qui est dur à supporter depuis que la maison est vide.

Alors que je commence à empiler quelques bûches dans notre cheminée, un cri me glace le sang. Un cri de Leah. Mon cœur rate à un battement, et le peu de courage que je possède se mobilise. Je trébuche sur le tapis en me relevant mais me redresse, et cours pour rejoindre ma sœur dans la cuisine. Cette tasse qui danse pourrait être faire rire en penser à un phénomène magique, mais je sais qu’il n’en est rien, alors la peur me prend au ventre. Mais j’attrape un balai, que j’éclate sur la tasse qui tombe en morceau par terre, avant de prendre ma sœur dans mes bras. « C’est rien Leah, ça va aller. » Mais alors que j’essaye de m’en convaincre, j’entends un grincement dans la pièce d’â côté, un grincement qui s’intensifie, et je reste paralysée, une main derrière la tête de ma sœur. Mes jambes tremblent et je suis incapable de bouger.

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La petite brune était chaque fois en joie lorsque sa soeur passait le pas de la porte après sa journée de travail. Cela voulait dire que rien de grave n'était arrivé, qu'elle avait été épargnée encore aujourd'hui. Mais n'avait-elle pour autant rien vu d'étrange au saloon? C'est ce que la jeune femme lui demanda, arborant une mine inquiète quant à la pâleur du visage de Rae. « Aucun incident aujourd’hui, la journée a presque été bonne. » Leah observa sa soeur avec un air contrit, sachant très bien qu'elle lui mentait ouvertement. Raelyn avait beau penser qu'elle était dupe depuis tout ce temps, c'était loin d'être le cas. Les rumeurs allaient bon train dans la ville, tels les chuchotements des morts que l'on pouvait entendre si l'on se concentrait un peu et que l'on faisait abstraction des bruits environnants de la vie quotidienne. La jeune femme hocha la tête, comme si elle avalait les salades de sa soeur - une habitude à présent - avant de se diriger vers la cuisine afin de leur préparer du thé. Elles avaient les mêmes gestes quotidiens, ceux-ci les rassuraient toutes les deux au milieu de ce gigantesque chaos qui régnait autour d'elles. « Je vais allumer un feu ! » La La voix de sa soeur s'éleva de l'autre pièce, et Leah ne prit même pas la peine de répondre, car allumer un feu était systématiquement ce que Rae faisait pendant qu'elle préparait le thé; les habitudes vous disais-je. Mais alors que la brunette s'attelait à la tâche, sa maladresse lui fit faire tomber une des tasses destinée à leur tea time et son regard suivit le mouvement inlassable de celle-ci vers le sol où... elle ne s'écrasa pas. Au contraire, la tasse s'éleva dans les airs, dansant et tournant sur elle-même comme pour narguer la jeune femme qui n'en finissait pas de pâlir. Elle laissa échapper un cri perçant, rameutant sa soeur qui brisa la tasse d'un coup de balai avant de se précipiter vers elle. « C’est rien Leah, ça va aller. » Oh comme elle aurait aimé la croire. Tétanisée, Leah se laissa aller dans les bras de sa soeur, en proie à une peur panique. "J'ai peur." Souffla-t-elle tout en laissant ses yeux grands ouverts, de peur de ce qui pourrait arriver si elle les fermait, rien qu'un instant. Un grincement survint dans la pièce d'à côté, les faisant sursauter toutes les deux. La jeune femme se détacha de la blonde, penchant la tête en direction du bruit. "Ils... Ils sont... Ici?" Un bruit sourd lui confirma ce qu'elle pensait, et elle se précipita vers la source du bruit en faisant abstraction de sa peur. Elle était ici chez elle et il était hors de question qu'elle se laisse intimider dans sa propre maison. Arrivant dans le salon, elle constata que tous les fauteuils avaient été déplacés et retournés. Un frisson la parcourut, mais la colère prenait le pas sur la panique ressentie quelques secondes plus tôt. "Sortez d'ici!" Cria-t-elle en portant son regard dans tous les sens, criant après des ennemis invisibles. Un rire se fit entendre, et elle déglutit difficilement. "Rae... Il faut qu'on se défende!" Lança-t-elle d'une voix mal assurée.

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Une partie de moi pensait que Leah avait conservé assez d'innocence pour croire à ce que je lui racontais, croire que j'avais passé une journée formidable et que le seul incident à déclarer était une bagarre qui aurait éclaté à cause d'une partie de poker. Croire que tout irait bien, et que je serai toujours là pour la protéger. Je ne pouvais pas lui faire ce genre de promesse, moi qui était si petite et fluette que ça en devenait ridicule, moi dont les jambes tremblaient comme des feuilles au moins phénomène paranormal, et moi qui pleurait encore la mort de nos parents parfois le soir dans mon lit, lorsque j'étais sure qu'elle ne m'observait pas. Elle aurait dix huit ans bientôt, et à ce moment là il faudra bien que j'accepte de la laisse sortir, vivre sa vie, trouver un travail. Je n'étais pas prête, cherchant à la protéger tant que c'était encore possible.

Alors je la serre dans mes bras parce que c'est tout ce que je peux faire, je lui mens en disant que ça va aller, alors me mes mains sont secouées pas des tremblements. Je passe ma main dans ses cheveux, essayant de lui offrir une chaleur humaine rassurante, à défaut d'être notre mère. « J'ai peur. » D'une voix mal assurée, je lui réponds. « On est en sécurité ici... T'en fais pas. » Comme pour me contredire, c'est le moment que le destin choisi pour nous plonger à nouveau dans l'horreur. Le grincement s'intensifie, et ma soeur se détache pour glisser un œil dans la pièce. « Ils... Ils sont... Ici ? » Je secoue vivement la tête de gauche à droite, refusant l'évidence. Pas dans la maison. Pas dans le dernier endroit où nous étions encore en sécurité. Je reste tétanisée mais Leah trouve plus de courage que moi, se détachant de mes bras pour foncer comme une furie vers le salon. Je la suis, mon envie de la protéger est bien plus forte que la peur, et retiens à peine un sursaut d'horreur en voyant le mobilier renversé et retourné. Les bûches que j'avais à peine empilées les une sur les autres ont complètement été renversée dans la cheminées et sur le tapis. « Sortez d'ici ! » Le courage de Leah déteins sur moi, mais pas autant qu'il le faudrait. Un rire atroce se fait entendre et je sens les larmes me monter au visage. « Rae... Il faut qu'on se défende ! » Je hoce la tête doucement, mon balai toujours emprisonné entre mes doigts, prête à me défendre en cas d'attaque. « C'est chez nous ici, dégagez ! » Mais comment se battre contre un ennemi invisible. J'entends le bruit d'un vase qui se brise, puis un courant d'air frais me frôle la nuque et soulève mes cheveux blonds quelques secondes. J'attrape ma sœur pas le poignet. « Leah il faut qu'on s'enferme quelque part ! Comment tu veux te défendre contre ça ? » Je me souviens de la scène au saloon, à laquelle j'ai assisté accroupie derrière le bar les larmes aux yeux. J'ai honte, mais je suis morte de peur.

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Leah n’aurait jamais pensé que les évènements lugubres qui avaient lieu autours d’elles pourraient un jour arriver jusque dans leur maison. Elles avaient pourtant tout fait pour l’éviter ; elles avaient payé un espèce de chaman qui avait béni la maison en brûlant de la sauge tout en récitant des incantations incompréhensibles, et elles avaient versé du sel dans chaque pièce afin d’éloigner les mauvais esprits. Elles-mêmes portaient une croix autour du cou, destinées à empêcher une quelconque possession. Les deux sœurs n’avaient pas traîné à se protéger de la sorte, assistant chaque jour à de nouvelles tragédies dans leur entourage. La moitié de la ville avait mis un temps considérable à avaler toutes ces histoires de fantômes, plutôt tentés de rationaliser tout ça plutôt que de croire que des phénomènes paranormaux s’abattaient sur Brisbane. A présent, le doute n’était plus possible ; le monde des morts avait fusionné avec celui des vivants, et ils venaient tous avec des idées revanchardes en tête. La tête enfouie contre sa sœur, la brune réalisait que leurs protections n’avaient plus le moindre effet contre ces forces obscures, et les larmes lui montèrent aux yeux alors qu’elle comprenait que la fin était peut-être plus proche que prévu finalement. « On est en sécurité ici... T'en fais pas. » Raelyn se voulait rassurante, mais sa voix tremblante dénotait avec le ton qu’elle voulait donner. Le bruit grinçant ne cessait de se faire entendre, et Leah décida de prendre son courage à deux mains et d’aller voir ce qu’il se passait. Peut-être n’en sortirait-elle pas vivante, mais il n’était pas question de se laisser faire dans sa propre demeure. Elle se mit à leur hurler de sortir de chez elles, tout en contemplant le joyeux borde qu’ils avaient mis ; le mobilier renversé, les bûches étalées dans la cheminée. Elle attrapa le tisonnier tout en disant à sa sœur qu’il fallait qu’elles se défendent, récoltant un hochement de tête rassurant de la part de Raelyn qui se saisit de son balai avec un peu plus d’assurance. « C'est chez nous ici, dégagez ! » Un vase se brisa, les faisant sursauter toutes les deux. Et soudain, les yeux de Leah s’écarquillèrent alors que les longs cheveux blonds de sa sœur se soulevaient avec lenteur, signe que quelque chose lui rôdait autour, avant de retomber d’un coup. Choquée, elle sursauta encore lorsque la jeune femme lui attrapa le poignet avec force. « Leah il faut qu'on s'enferme quelque part ! Comment tu veux te défendre contre ça ? » Au moment même où elle terminait sa phrase, les bûches s’enflammèrent dans un bruit sourd, illuminant la pièce. On pouvait clairement voir des ombres danser tout autour d’elles, et un frisson parcourut l’échine de la brunette. Le feu était intense, pourtant le froid régnait toujours dans la pièce. « Je… Je sais pas. Mais je veux pas me cacher, il faut qu’on trouve quelque chose. C’est chez nous ici. » Lança-t-elle, la voix enrouée par les larmes. Cette maison était le dernier vestige de leur famille, elle ne voulait pas abandonner tout ça. Soudain, une ombre se détacha du mur et commença à se muer en quelque chose de tangible, un nouveau rire effroyable résonnant dans la pièce. Un spectre ! Celui-ci ressemblait à un homme, même s’il semblait avoir suivi une bactériothérapie ayant mal tournée puisque sa peau avait l’air couverte de furoncles. Afin d’ajouter un peu plus d’horreur au tableau, il était unijambiste ; sa jambe coupée au niveau de la cuisse luisait encore d’une couleur pourpre. On pouvait apercevoir un bout de cervelle, et il avait l’air d’avoir été éventré car on pouvait nettement apercevoir quelques organes ; un bout d’estomac, sa vésicule… Il prit la parole avec froideur, murmurant ces paroles : « Vous allez mourir. Comme vos parents. » Horrifiée, la brune ne pouvait quitter ce spectacle horrible des yeux. Le spectre avait un accent russe, et l’air d’avoir bossé dans la campagne toute sa vie, le genre kolkhosien datant de l’ex-URSS, mais ça, Leah ne pouvait pas le savoir puisque l’URSS n’avait même pas encore été fondée à cette époque. Effrayée, elle s’empara de la main de Raelyn afin de se diriger à nouveau vers la cuisine ; elles pourraient peut-être y trouver des armes. Son regard se perdit sur les ustensiles, passant de la cocotte-minutte – ancêtre de l’auto-cuiseur- bien trop lourde à la collection de couteaux que son père avait conservé toutes ces années. « Qu’est ce qui pourrait le blesser ? Du fer, non ? Prends le sel ! » Lança-t-elle, paniquée.

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Nous avions tout fait pour éviter ce qu'il était en train de se passer. Leah et moi même avions pris la situation très au sérieux, ne lésinant pas sur les moyens pour garder les esprits et la malédiction éloignée de notre cottage. Toutes mes maigres premières payes au saloon étaient passées dans les services d'un chaman qui n'avait fait que se moquer de nous, puisque nous n'étions de toute évidence pas en sécurité entre nos propres murs. La croix que nous portions autour de notre cou était une amulette qu'il nous avait vendu pour quelques pièces d'or de plus, le tout pour un coût exorbitant. ll avait senti la peur chez nous, comme un vautour et avait décidé d'en profiter pour nous soutirer jusqu'à notre dernier dollar. Nous n'étions que deux frêles gamines à peine sortie de l'adolescence, il aurait dû avoir honte mais depuis que les morts hantaient la ville j'avais appris une chose : dans ce type de situation, c'est chacun pour soit. Sans Leah je n'aurais pas tenu. Sans elle, j'aurais marché jusqu'à la côte pour me jeter du haut d'une falaise, pour ne plus avoir à supporter ça, ne plus avoir à être forte. J'étais fatiguée, je n'avais rien d'une battante et rien d'une héroïne. Je me levais tous les matins la peur au ventre avant de me rendre au saloon, et cela m'usait. Les bûches s'allument dans la cheminé et je sursaute en poussant un cri apeuré. « Je… Je sais pas. Mais je veux pas me cacher, il faut qu’on trouve quelque chose. C’est chez nous ici. » Leah avait raison. Cette maison, c'était tout ce qu'il nous restait de Papa et Maman. Je refusais de penser à la tragique façon dont ils avaient trouvé la mort tous les deux, fermer les yeux et imaginer papa tirer sur maman avant de se suicider me donnait envie de fondre en larme, pas d'être forte. Et là il fallait que je sois forte. Avant que je n'ai le temps de lui répondre, une voix vient troubler le silence de la pièce. Une voix d'outre tombe qui s'exprime d'une étrange façon. « Vous allez mourir. Comme vos parents. » Je sens les larmes qui me montent au yeux, mais je les refoule, je ne veux pas paraître plus faible que ma si courageuse petite soeur. Mais lorsque l'affreux spectre apparaît, je suis prise d'un haut le corps et mon rythme cardiaque s'emballe. Il est si horrible que mes jambes se paralysent à sa vue, et encore une fois c'est Leah qui me sort de ma torpeur et m'attrapant mon bras pour me tirer vers la cuisine. « Qu’est ce qui pourrait le blesser ? Du fer, non ? Prends le sel ! » Je regarde autour de moi. Les couteaux ne pourront rien contre le spectre, le chaman nous a prévenu et il devait dire la vérité à ce sujet non ? Sur l'étagère, j'attrape le pot de gros sel que nous avons acheté pour protéger la maison. « Du feu Leah, il faut du feu ! » Je réfléchis un instant avant de regarder la tête du balai auquel je suis toujours agrippée, et sa tête en paille. Cela brûlerait très bien. Dans la cuisine nous ne gardons pas d'allumette, mais je repense aux bûches qui ont pris feu de façon spontanée. Sauf que le spectre est devant le salon, et l'idée de l'affronter m'empli d'horreur. « Il faut l'éloigner de la cheminé. Il faut que tu fasse diversion pour l'attirer ailleurs, le temps que je mette le feu au balai. » Je ne sais pas d'où me vient cette illumination, mais je suis presque sure que ça peut marcher. Mes jambes tremblent mais à présent c'est l'adrénaline qui contrôle mon corps.

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Leah commençait sérieusement à se demander si ce type n’avait pas joué au charlatan en leur vendant des choses qui ne leur serviraient finalement à rien, en dépit de leur prix exhorbitant. Elle s’en voulait, car c’est elle qui avait poussé Raelyn à dépenser tous ce qu’elles avaient dans ces protections. Elle décida mentalement de venir hanter cet homme si elle venait à mourir ce soir. Cela commençait toujours comme ça ; des meubles renversés, des courants d’air et une sensation de froid… la brune savait que les choses allaient partir en vrille. Elle en avait suffisamment entendu que pour savoir à quoi s’attendre par la suite. Sa sœur voulait fuir, mais elle ne voulait pas abandonner cette maison, car celle-ci était le seul vestige restant de leur famille, tout ce qui lui restait de ses parents. Elle fit savoir sa pensée à la blonde, qui hocha la tête comme si elle comprenait ce qu’elle voulait dire. La jeune femme savait que sa sœur ne la laisserait pas tomber, mais la voir ainsi accepter de rester pour l’aider lui réchauffait le cœur. Lorsque le spectre à l’air affreux fit son apparition, les deux sœurs devinrent livide face à tant de laideur. Il était clairement effrayant, et n’avait pas l’air d’être ici pour plaisanter. Et en effet, il leur annonça d’une voix lugubre qu’elles allaient trouver la mort, comme leurs parents. Qu’est ce que ça voulait dire ? Que Leah allait tirer Rae avant de retourner son fusil contre elle ? Elles n’avaient aucune arme à feu ici, alors c’était raté. La brunette observait la chose qui flottait devant elles, sentant son cœur battre à tout rompre. Il lui avait fallu du temps pour croire en toutes ces histoires qu’elle entendait depuis un certain temps, mais là ça devenait compliqué. Un putain de spectre, dans son salon. Finalement, elle se mit à courir en direction de la cuisine afin de trouver de quoi s’armer contre cette saloperie mystique, proposant à sa sœur de trouver du fer ou du sel. Son esprit fonctionnait à vive allure, et pourtant ses pensées se mélangeaient tant la panique prenait possession d’elle. « Du feu Leah, il faut du feu ! » Je D’un geste, Leah se retourna en direction de la cheminée dans laquelle brûlait un feu vivace, avant de reporter son attention sur Raelyn. « Il faut l'éloigner de la cheminé. Il faut que tu fasse diversion pour l'attirer ailleurs, le temps que je mette le feu au balai. » La brune secoua la tête. « Tu me demandes de faire l’appât là ? Sérieusement ? » Les larmes aux yeux, Leah observait sa sœur, avant de comprendre que c’était la seule solution. Soupirant, elle glissa une accolade à la blonde en lui murmurant un « Si jamais ce truc prend possession de moi, je veux que tu me tues. C’est compris ? » Essuyant rapidement une larme, elle serra le bras de sa sœur avant de lui prendre le pot de sel des mains et de courir en direction du spectre, arrachant la chaîne qui la protégeait, se rendant ainsi vulnérable. La seule solution à ses yeux pour attirer son attention. « Hé le macchabé, par ici ! » Cria-t-elle avant de disparaitre vers le couloir, sans trop savoir où aller. Tout ce qu’elle voulait, c’était le faire sortir du salon pour laisser le champ libre à Raelyn.

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Avec tout ce qu’il se passe dans le coin ces derniers temps, on pourrait penser que nous sommes tous devenus des spécialistes dans la gestion des phénomènes paranormaux, pourtant la vérité c’est que chacun fait comme il peut. Chacun gère les choses à sa façon, et Leah et moi tentions simplement de garder la tête hors de l’eau, de continuer à gagner un peu d’argent pour nous nourrir et entretenir au minimum la maison, même si de la poussière s’entassait déjà dans certaines pièces. Les journées au saloon étaient épuisantes, autant physiquement que mentalement, la peur y était pour beaucoup, et une fois rentrée à la maison j’avais souvent à peine assez de force pour garder la face et agir en adulte face à ma courage petite sœur. Nous étions réellement différentes, au-delà de nos crinières contrastant l’une avec l’autre, elle était le feu et j’étais la glace, c’était à se demander si ce n’était pas le hasard et non la génétique, qui avait fait de nous des sœurs. Comme si dans une autre dimension quelqu’un tirant les ficelles avait trouvé ça drôle de nous réunir ici. Mais nous étions une famille, et jamais je ne l’abandonnerai. C’est pourquoi j’étais dévastée aujourd’hui, d’être obligée de la mettre en danger pour se débarrasser de l’anomalie dans notre maison. « Tu me demandes de faire l’appât là ? Sérieusement ? » Je peine à retenir des larmes, non, je ne veux pas qu’elle fasse l’appart. Mais je n’ai aucun autre choix. Nous n’avons aucun autre choix, je ne la laisserai pas être celle qui va au-devant de la créature avec un balai enflammé. « Je ne te demanderais pas ça si je pensais qu’il y avait une autre solution. » Ma voix est enrouée, parce que je retiens des larmes. Leah comprend, et nous nous serons dans les bras l’un de l’autre, avant qu’elle ne se recule. « Si jamais ce truc prend possession de moi, je veux que tu me tues. C’est compris ? » Je suis prise d’un haut le corps à l’idée de devoir tuer ma propre sœur. Mais je hoche la tête, ne répond pas mais lui lance un regard qui lui dit que j’attends la même chose de sa part. Je colle une dernière fois mon front au sien et la laisse se reculer, la regardant arracher sa croix et hurler en direction du spectre, un mauvais pressentiment au creux du ventre. « Hé le macchabé, par ici ! » Je me sors finalement de ma torpeur, hors de question de la laisser prendre des risques pour rien et me poste derrière la porte du salon, collée au mur et guettant la sortie du spectre de la pièce. Il finit par tomber dans le piège et suit ma sœur, alors que j’en profite pour courir jusqu’à la cheminé et allumer le balai qui prend feu instantanément. Le spectre se rend compte qu’il est tombé dans un piège, mais il est trop tard et lorsqu’il fond sur moi je brandis la torche improvisée dans sa direction, et il s’enflamme pour être réduit à l’état de poussière. Mon cœur bat à mille à l’heure, et quand Leah revient au salon, je suis encore en train de fixer le tas de cendre, choquée.

Mais d’un coup le feu dans la cheminé s’éteint, comme mon balai torche, et d’autres ombres commencent à se former. D’abord une, puis deux, puis cinq, et je laisse échapper un hurlement. J’attrape ma sœur par la main et commence à courir, pour quitter la maison en claquant la porte et nous réfugier dans le cabanon du jardin, dont je boque la porte en poussant un vieux meuble en bois devant. Je me tourne vers Leah. « Leah on va mourir. » Mes yeux s’emplissent de larmes, alors que je tente de faire fonctionner mon cerveau. « Mais qu’est-ce qu’ils nous veulent ? » Je marque un temps de pause, mon visage dans mes mains, avant de relever le visage vers eux. « Tu crois que… Un sacrifice pourrait les faire partir ? » Je n’ai pas envie d’égorger un pauvre animal innocent, mais l’idée me terrorise moins que de servir de nourriture au spectre, ou que de voir ma sœur mourir devant mes yeux. Je semble trouver un courage nouveau ce soir, dans ces circonstances.

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La situation tournait peu à peu au cauchemar et Leah commençait vraiment à tomber à court d’idées face à ce spectre à l’allure absolument horrible et aux paroles sinistres. Il leur avait annoncé un avenir funeste, mais les deux sœurs ne comptait pas mourir ici ou dans ces circonstances. Elles avaient déjà trop perdu, trop donné à ces fantômes de l’au-delà que pour y laisser leurs vies aujourd’hui. Elles allaient se battre, comme le suggérait la lueur enflammée qui dansait dans les prunelles de la brunette. Si elle devait mourir, ça ne serait pas sans une sacrée bagarre contre ces revenants venus les hanter. Raelyn finit par lui donner l’esquisse d’un plan, lui proposant de détourner l’attention du spectre pendant qu’elle irait enflammer son balai afin d’en finir avec lui. Déjà, elles n’étaient pas certaines que le feu allait lui faire quoique ce soit. Ensuite, cela sous-entendait qu’elle allait devoir faire le lapin et jouer aux appâts face à une figure démoniaque. Chouette. Faisant sa remarque à voix haute, Leah se mordit la lèvre en constatant qu’elle avait blessé sa sœur. « Je ne te demanderais pas ça si je pensais qu’il y avait une autre solution. » La brunette hocha la tête en se laissant aller dans les bras de sa sœur afin de la rassurer et de lui montrer qu’elle ne lui en voulait pas. « Je sais. Puis je cours plus vite que toi. » Ne put s’empêcher de lâcher Leah dans une vaine tentative de détendre l’atmosphère lugubre qui régnait dans la maison alors que ce spectre flottait dans le salon, presque amusé de la situation et de leurs maigres tentatives de se sortir de là. Lentement, la brune se détacha du corps tremblant de Raelyn afin de lui faire sa dernière demande, au cas où les choses tournaient mal : en finir avec elle. Ces paroles firent pâlir la blonde, mais elle ne se déroba pas et hocha la tête afin de lui confirmer qu’elle ne la laisserait pas tomber. Rassurée, Leah s’empressa de retourner au salon en prenant soin d’arracher la croix qu’elle avait au cou, sa seule protection envers une possession probable. C’était un risque énorme, mais c’était sans doute la seule chose qui motiverait le revenant de s’intéresser à elle. Et en effet, le spectre fondit sur elle pour l’attraper, la main fantomatique tendue vers elle. Il s’arrêta à quelques centimètres de son cou, se retournant vivement alors que Raelyn était occupée à mettre le feu à son balai. Un mince sourire se posa sur ses lèvres en constatant que sa sœur avait réussi à mettre leur plan en œuvre. Le spectre se dirigea à toute vitesse vers Rae, mais il était trop tard ; cette dernière l’enflamma d’un geste héroïque et il fut réduit à l’état de poussière en quelques secondes. Les deux sœurs s’observèrent avec une lueur d’espoir dans les yeux, mais celle-ci s’éteignit presque aussi vite que le feu de la cheminée. Leah pâlit à nouveau en comprenant que c’était loin d’être terminé. Des ombres commençaient à s’élever et à danser sur les murs, tout autour d’elles. La pièce fut plongée dans l’obscurité la plus totale et un frisson parcourut l’échine de la jeune femme dont le sang s’était glacé. Dans un hurlement, la blonde attrapa la main de Leah et l’enjoignit à courir avec elle vers l’extérieur. Ensemble, elles atteignirent le cabanon du jardin qui ne payait pas de mine mais qui était encore suffisamment robuste. Mais serait-il efficace contre ces démonstrations immatérielles ? « Leah on va mourir. » D’accord. Les larmes montèrent aux yeux de la brunette qui secoua la tête avant de se diriger vers la petite lucarne qui donnait vers l’extérieur. « Arrête de dire ça… Il faut pas abandonner. » Sa voix tremblait et n’était pas des plus assurées, mais elle pensait chaque mot. « Mais qu’est-ce qu’ils nous veulent ?... Tu crois que… Un sacrifice pourrait les faire partir ? » La bouche de Leah se mit à trembler en songeant à cette perspective. Egorger un pauvre animal ? Lentement, elle tourna la tête vers sa sœur. « Je m’en occupe. » Et sans plus de cérémonie, elle sorti par la porte arrière du cabanon et se dirigea à toute jambe vers la rue. Elle observa les alentours en se demandant où elle pourrait bien trouver un animal, quand soudain elle aperçu un homme promener sa.. chèvre ? Leah arqua un sourcil, se demandant comment on pouvait bien décider de domestiquer une chèvre. Soit. Sans demander son reste, elle fonça vers l’homme en hurlant des insanités, histoire de lui faire croire qu’elle était possédée et qu’elle allait le tuer. De peur, il lâcha la corde qui était reliée à l’animal et Leah s’en empara avant de soulever la chèvre – dieu que ce truc était lourd – et de s’enfuir en courant en criant des excuses au monsieur qui l’observait, mort de peur. Elle revint toujours en quatrième vitesse vers le cabanon où Raelyn l’attendait, claqua la porte derrière elle et releva le menton vers sa sœur. « Voilà. On fait quoi maintenant ? » Son regard passait de la biquette aux ombres qui se rapprochaient du cabanon, incertaine de la suite des évènements.

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In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti
Raelyn Blackwell & @Leah Baumann – Univers alternatif

Je n’ai pas envie d’abandonner ma sœur, je n’ai pas envie de lui demander de prendre les risques énormes que je lui impose, mais je n’ai pas le choix en fait. Parce que c’est la solution qui lui garantit le plus de chances de survie au fond, comme à moi. Parfois il faut savoir prendre des risques, et finalement nous avons plus à perdre à rester prostrées dans notre coin et à attendre sagement la mort sans lutter, Leah a raison. « Je sais. Puis je cours plus vite que toi. » La tentative d’humour glisse sur moi tant j’ai peur et je lui répond d’un sourire triste. Je n’ai pas sa maîtrise d’elle-même, je préfère me taire et mon concentrer que de m’effondrer et d’avoir fait perdre des risques immenses à ma sœur pour rien, pour que nous trouvions toutes les deux la mort au final.

Nous pensons la vaincre, la mort, pendant quelques secondes en tout cas je sens l’euphorie montrer en moi alors que le spectre tombe en poussière au sol. J’ai envie de sauter dans les bras de ma sœur, de la faire tournoyer, mais la joie est de courte durée, et les ombres qui se forment doucement, bien plus nombreuses cette fois ci, nous annoncent qu’à défaut d’être derrière nous le pire n’est pas encore arrivé. Alors je courre, en emportant ma sœur, en ayant l’impression que quelqu’un d’autre a pris le contrôle de mes jambes, quelqu’un avec beaucoup plus de courage que ce que je n’en possède. Mais il s’effondre et je m’effondre lorsque nous nous enfermons dans la cabane. « Arrête de dire ça… Il faut pas abandonner. » Encore une fois c’est Leah, ma petite sœur plus courageuse que moi qui me ramène à la réalité et m’aide à mobiliser le peu de sang-froid qu’il me reste. Je me secoue les puces et acquiesce finalement d’un signe de la tête, accrochant mon regard au sien pour retrouver du courage. Je donne la dernière idée qu’il me reste, surtout pour ne pas laisser le désespoir m’emplir et m’emporter complètement. Un sacrifice. Parce que le chaman en avait parlé lorsqu’il était venu, nous expliquant comment il avait sacrifié la moitié d’un troupeau de vaches d’un paysan, avec la promesse que cela sauverait l’autre. Difficile de savoir si c’était vrai et si ça avait fonctionné, mais nous n’avons de toute façon pas l’embarras du choix, et je suis prête à laisser une chance à cette solution. « Je m’en occupe. » Sans que je n’ai le temps de réagir, Leah part en courant et disparait de la cabane, et de longues minutes commencent pour moi. Mais elle finit par revenir, alors que j’étais presque morte de peur, une chèvre d’une taille raisonnable entre les bras. Je ne reste pas à comprendre et relève les yeux vers elle. « Voilà. On fait quoi maintenant ? » Je regarde la chèvre, qui commence à pousser des cris, l’âme en peine mais résolue. Si c’est la seule façon de nous sauver ma sœur et moi, alors je vais le faire. J’attrape une pioche, accrochée aux murs de la cabane, avant de relever les yeux vers Leah. Je vais le faire parce que je veux conserver son innocence. « Ferme les yeux Leah. Retourne-toi. » Je sais qu’elle n’a pas été épargnée par la vie et qu’elle n’est plus une enfant, mais je ne veux pas faire ça sous ses yeux. Lorsqu’elle s’exécute je serre les dents, et crie en regardant le plafond. « Esprits, je vous offre ce sang en offrande, pour que vous laissiez notre maison en paix. » Je ferme les yeux, lève d’une main la pioche et vient rajouter la deuxième pour m’empêcher de trembler et pour me donner la force nécessaire. D’un coup j’abats la pioche dans le coup de la chèvre, qui s’arrête de crier, morte sur le coup. Quand Leah se retourne, je regarde mes mains et ma robe, pleines de sang, en essayant de ne pas pleurer. « Et maintenant ? Comment on sait si ça a fonctionné ? » Il faudrait sortir. Mais si ça n’a pas marché, je ne donne pas cher de notre peau, avec cinq spectres qui ont eu le temps de se former.

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Les deux jeunes femmes essayaient à peu près tout ce qui leur venait à l'esprit; le sang, les incantations... Rien ne semblait fonctionner. Les protections étaient inutiles, le chaman de la ville les avait bien eues. A l'heure qu'il est, il devait déjà avoir quitté la ville avec le pactole qu'il avait du réunir en escroquant les pauvres gens désespérés et sans défenses. Leah aurait aimé que ces spectres se déchaînent sur lui, au moins il l'aurait mérité. Mais non, allez savoir pourquoi ils avaient décidé de s'en prendre à elles, les deux dernières descendantes de la famille Blackwell. Une grande partie de la famille avait été décimée par la peste, et ceux qui avaient survécus n'avaient pas fait long feu face au chaos qui régnait désormais à Brisbane. Peu à peu, tous les habitants sombraient du côté obscur de la mince frontière qui séparait les deux mondes, et la brune savait que ça serait bientôt leur tour. Au moins, elles rejoindraient leurs parents, comme l'avait annoncé le spectre dans le salon. Une fois que Raelyn eut compris qu'elles ne pourraient rien faire face à lui, elle attrapa sa main pour courir de toutes ses forces vers la cabane au fond du domaine. Là non plus, elles n'avaient aucune protection, mais elle se garda bien de dire quoique ce soit; sa soeur était suffisamment terrorisée comme ça. Finalement, après quelques secondes, la blonde suggéra l'idée d'un sacrifice, et si celle-ci répugnait Leah, elle ne demanda pas son reste et s'en alla en courant à la recherche d'un animal à sacrifier pour la cause. Quelques minutes plus tard, elle revint à la cabane avec une chèvre; Dieu merci, sa soeur était encore en vie. L'air interrogateur, elle lui demanda ce qu'elles devaient faire à présent. « Ferme les yeux Leah. Retourne-toi. » Rae s'était emparée d'une pioche et Leah comprit sans peine ce qu'il allait se passer. Elle obtempéra en fermant les yeux, sentant une larme couler le long de sa joue. Elle n'appréciait pas vraiment ce qui s'avérait pourtant être une nécessité, une question de survie. « Esprits, je vous offre ce sang en offrande, pour que vous laissiez notre maison en paix. » La chèvre commençait à crier, comme si elle sentait que sa fin était proche. Leah mit sa main devant sa bouche lorsqu'elle entendit le coup frapper, réduisant ainsi la pauvre bête au silence. Lentement, elle se retourna, contemplant la scène macabre avec les lèvres tremblantes. « Et maintenant ? Comment on sait si ça a fonctionné ? » La brune avait bien du mal à détacher son regard du sang qui ornait à présent la robe de sa soeur, pourtant elle se ressaisit lorsqu'elle lui posa cette question. Oui, comment savoir? Sans un mot, elle s'approcha de la fenêtre qui donnait côté jardin. "On ne voit rien d'ici... On n'a pas le choix. On doit aller dehors et les affronter si ça n'a pas marché." Elle soupira. "J'ai l'impression qu'on est maudite. Tu sais, comme ces histoires que les parents nous racontaient quand ils rentraient de leurs voyages... Sur ces esprits qui venaient hanter les profanes." C'était l'impression qu'elle avait, toute sa famille était morte et ça allait être leur tour. Mais Leah n'était pas prête à mourir.

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Je détestais ce que j'étais en train de faire. Je détestais le fait de faire souffrir cette pauvre bête qui n’avait rien demandé à personne, qui n’aurait surement pas fait de mal à une mouche. Moi non plus en temps normal, en fait. Je n’étais pas une violente plus qu’une courageuse, et je n’avais pas un gabarit me permettant de tenir tête à grand monde. Mais j’avais par contre un instinct de survie développé, bien plus que la majorité des gens, je m’en rendais compte ces derniers mois alors que tous les matins je me faisais violence pour réussir à sortir de chez moi, et je m’en rendais compte à présent aussi alors que ma vie était directement menacée. Alors quand j’abats le poignard dans la gorge de cette petite chèvre innocente, quand son sang gicle autant sur son pelage blanc que sur mes bras, sur ma robe, sur mon visage, je me contente de ravaler ma salive et mes larmes et de durcir mon cœur pour éviter qu’il se brise. Parce que ma vie, et surtout celle de Leah sont en jeu. Et je n’ai pas l’intention de laisser ma faiblesse nous mettre en danger. Lorsque nos parents sont morts, nous laissant toutes les deux sans aucun parent proche, je suis devenue responsable. La chef de famille. Et j’ai des responsabilités de ce fait. « On ne voit rien d'ici... On n'a pas le choix. On doit aller dehors et les affronter si ça n'a pas marché. » Je n’ai pas envie de ressortir mais elle a raison, on ne pourra pas rester cachées ici et attendre notre heure. Il faut qu’on réagisse, il faut qu’on reprenne notre vie et notre maison en main. « J'ai l'impression qu'on est maudite. Tu sais, comme ces histoires que les parents nous racontaient quand ils rentraient de leurs voyages... Sur ces esprits qui venaient hanter les profanes. » Dans un premier temps je hoche la tête sans réellement comprendre l’importance des paroles de Leah. Oui c’est vrai, je me sens maudite, mais quel est l’intérêt de le soulever. Je me redresse, ignorant le corps sans vie de la bête, avant de pousser doucement la porte du cabanon. Dehors, pas une lumière, pas un bruit, si ce n’est l’écho de mon cœur qui bat à cent à l’heure. Leah sur mes talons je me dirige vers la maison.

Les ombres ne sont pas visibles, pas de spectre dans le salon. Est-ce que cela aurait marché ? Les paroles de Leah me reviennent en tête. « Attends… » Elle a parlé de profanes, des voyages de nos parents… Et si ? Non, impossible. « Leah et si c’était justement quelque chose que nos parents avaient ramené de voyage ? Un objet qu’ils n’auraient pas dû toucher ou emporter ? Et si on était réellement maudites ? » Je me sens idiote d’un coup, de croire à ces choses-là. Je n’ai pas su profiter de nos parents de leur vivant, je n’ai pas su m’asseoir avec eux et prêter attention à leurs histoires pour lesquelles Leah se passionnait. Je le regrette, parce qu’aujourd’hui il est trop tard, ils ne sont plus là. Et aussi parce que cela pourrait nous sauver la vie. « Qu’est-ce qu’ils ont ramené ? » L’idée est saugrenue, mais si c’était vrai ? Je regarde rapidement autour de moi, ignorant que les spectres peuvent revenir d’un moment à l’autre, si le sacrifice n’a pas fonctionné.

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Maintenant que le sacrifice avait été accompli, les deux jeunes femmes s’observaient sans trop savoir quoi faire. Bouger, ne pas bouger ? Le calme régnait à l’extérieur, mais peut-être était-ce une illusion afin de les forcer à sortir. Dans tous les cas, il fallait qu’elles en aient le cœur net. Elles n’allaient tout de même pas rester coincées dans cette cabane pour le reste de leur vie, il fallait qu’elles agissent, qu’elles fassent quelque chose. Leah se posta à la fenêtre afin de vérifier si la voie était libre, mais elle ne voyait rien ; elles allaient devoir y aller à l’aveugle. Raelyn poussa doucement la porte et s’avança vers l’extérieur, directement suivie par Leah qui ne comptait pas laisser sa sœur se jeter potentiellement dans la gueule du loup toute seule. Elles regardaient tout autour d’elles, mais le calme semblait avoir reprit ses droits dans la maison. Peut-être que ce sacrifice avait fonctionné finalement. « Attends… » La brune s’arrêta net, levant un regard interrogateur vers sa sœur. « Leah et si c’était justement quelque chose que nos parents avaient ramené de voyage ? Un objet qu’ils n’auraient pas dû toucher ou emporter ? Et si on était réellement maudites ? » La jeune femme resta muette quelques secondes, le temps d’ingérer ce que Raelyn venait de lui dire. Si elle disait vrai, alors ça voulait dire que l’animal avait été tué pour rien et qu’elles étaient sur le point de subir une nouvelle attaque si elles trouvaient la source de la malédiction. « Je… C’est possible, oui. Ils sont allés dans des endroits où les esprits sont très forts. » Admit la brune en commençant à fouiller la pièce, tentant de se rappeler d’un objet ramené récemment par ses parents. « Qu’est-ce qu’ils ont ramené ? » Raelyn réfléchissait à voix haute, et la brunette s’efforçait elle aussi de se souvenir. Soudain, se regard se posa sur la statuette qui trônait sur un petit meuble. Elle s’en empara et jeta un œil interrogateur à sa sœur. « Il y a ça. » Et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, plusieurs ombres réapparurent autour d’elles, accompagnées de rires lugubres et d’un froid glacial. « Raelyn, il faut détruire ce truc. » Annonça Leah, mais à l’instant où son bras se leva pour fracasser la statuette, une force invisible l’envoya valser contre le mur avec violence, et Leah retomba au sol, inconsciente.

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L’idée est peut être idiote, mais il faut tenter le coup. Si le sacrifice n’a pas fonctionné, nous le saurons bien assez rapidement, et à ce moment-là nous n’aurons que peu de temps pour agir. Ce n’est plus le moment de s’inquiéter de passer pour une idiote, s’il y a la moindre chance que la situation soit causée par un souvenir ramené de l’intérieur des terres par nos parents, alors il faut vite trouver quoi. Parce qu’ils en ramènent des choses, mais de mon côté je n’y prête jamais attention. Mais je sais que Leah si, et qu’elle chérit encore chaque petite babiole ramenée par nos défunts parents. Pour une fois qu’être la lèche botte se révèle être utile… « Je… C’est possible, oui. Ils sont allés dans des endroits où les esprits sont très forts. » Alors que nous entrons dans la maison, le calme semble être revenu. Je me surprends à penser que peut être je me trompe, peut être que le sacrifice a résolu notre problème, au moins temporairement. J’observe Leah fouiller la pièce, elle semble se rappeler de quelque chose puisque je la vois fondre vers les étagères, pour revenir avec une horrible statuette. Quelle idée de décorer le salon avec cette atrocité. Je ne l’avais jamais réellement regardée à vrai dire, et maintenant que je le fais, j’ai presque l’impression que quelque chose de malfaisant s’en dégage…« Il y a ça. » Oui c’est ça, j’en suis sûre, même si je ne saurais pas expliquer ce que je ressens, cette aura si particulière dégagée par l’objet. Mais je n’ai pas le temps de me poser plus de questions que ça, puisque déjà les ombres recommencent à apparaître tout autour de nous. Les rires s’élèvent, me tirant des frissons dans le dos. « Raelyn, il faut détruire ce truc. » Je hoche la tête et sans attendre Leah lève le bras pour l’écraser sur la figurine, mais elle est projetée contre le mur avant de pouvoir le faire. Sans réfléchir, c’est dans sa direction que je cours. « LEAH ! » Je tombe à genoux devant ma petite sœur, donc le coude fait un angle inquiétant, et prend sa tête entre mes mains. Je sens une larme glisser sur ma joue, mais alors que mon cerveau se remplit d’inquiétude, je sens des mains invisible de refermer autour de mon cou. Je pousse un hurlement, ou en tout cas j’essaye puisque je suffoque, et en donnant des coups au hasard je parviens à toucher quelque chose, et la pression sur ma nuque se dégage. Je revois la statuette, et fonce dans sa direction, quand quelque chose me fait trébucher. Cette fois ci le spectre est bien visible, il a repris sa forme démoniaque solide, et à nouveau, il tente de m’étrangler. A plat ventre je me débats, tentant de tendre la main vers la statuette, mais qui est trop loin pour que je l’atteigne.

Alors que je suis sur le point de tomber dans l’inconscience, mes yeux se posent sur le manche à balai que j’ai utilisé tout à l’heure puis laissé là. Réunissant ce qui me reste de forces je m’en saisis, et l’abats sur la statuette, qui se brise en mille morceau. Dans un hurlement terrifiant, les spectres tombent en poussière, tous en même temps, et l’air recommence à circuler dans ma gorge. En larme, je me diriger vers ma sœur pour me laisser tomber à côté d’elle, prenant sa main dans la mienne. Nous sommes sauvées. Je sens son cœur qui bat dans les veines de son poignet. Elle est vivante. C’est cette pensée que j’emporte, avant de sombrer dans l’inconscience.

RP terminé In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. (Raeleah) 2340009788

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