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 people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b

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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptyDim 7 Juil 2019 - 10:22

(zone industrielle)
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@"Stephen Beckett"

La rousse reprend peu à peu goût à la vie, elle ose sortir en journée avec la seule idée en tête de se prélasser au soleil, elle ose lever les yeux au ciel et sentir les rayons de l’astre brûlant lui réchauffer le visage. Il reste encore quelques nuages dans sa vie, mais elle les souffles un à un avec toute la patience du monde. Ses amis sont là pour elle, son oncle l’est aussi et même Matt son patron s’y est mis aussi. Ils sont tous là pour elle, elle a enfin arrêté de pleurer et désormais elle avance la tête haute, fière d’être une femme libérée prête à affronter ce nouveau monde. Ses actions écologiques reprennent à nouveau place dans sa vie même si elle n’a pas réussi à rallier Léo à sa cause ce n’est pas grave. Yoko est occupée, Robin aussi, et tous ses amis pro-feuilles vertes aussi. Loin de la décourage, elle se conforte au contraire en se disant qu’elle sera obligée de rencontrer de nouvelles personnes. Si quelqu’un donne un peu de soi pour une journée à ramasser les mégots et autres détritus dans les rues c’est qu’il s’agit forcément de quelqu’un de bien. Lavée de tout hématome sur le visage et de toute contusion due à autre chose que son indécrottable maladresse, elle arpente joyeuse les rues de Redcliffe en direction de la zone industrielle desafectée. Le chemin est déjà tracé dans sa tête, son regard se perd donc de ci de là, tantôt sur le visage d’inconnus, tantôt sur les pavés cassés, tantôt sur les voitures et leurs conducteurs exaspérées. Peu importe, tout la fait sourire. Tout semble désormais avoir une saveur nouvelle, un parfum d’aventure, une effluve de bien être. Peut être que c’est réellement le cas ?
La foule de joyeux personnages s’amasse autour d’une même personne revêtant un magnifique gilet rouge fluo ; très fashion à Paris selon les dires. On leur explique le déroulé de la journée alors qu’il n’est que neuf heures du matin et qu’ils sont supposés arpenter les trottoirs jusqu’à trois heures de l’après midi au moins. Cette fois ci Charlie ne peut réprimer un rolling eyes mais elle se conforte en se disant que c’est pour la bonne cause et qu’après cette éprouvante journée elle pourra se perdre au fin fond du canapé de Léo et s’endormir devant Dark qu’elle aura regardé pour la cinquième fois sans rien comprendre. « Allez gros vas y, tu seras hyper sexy tu vas rendre toutes les filles folles de toi avec cet gilet ! » L’attention de Charlie a été perdue à jamais par l’organisatrice et son visage suit la source de tout ce vacarme. Un homme semble forcer un autre à rejoindre la mêlée et elle trouve leur duo amusant ; ils auraient pu venir tous les deux, ç’aurait été plus simple. La rousse ne les connaît ni d’Adam ni d’Eve mais qu’à cela ne tienne, elle se fait preux chevalier à ses heures perdues et plutôt que de défendre le pauvre âme elle va tenter de le rallier à sa cause avec les meilleurs arguments du monde. Cheveux au vent elle s’avance en sautillant presque, sourire sur les lèvres. « Venez tous les deux, vous serez à croquer dans ces gilets. En plus ils offrent le repas du midi. C'est à base de sandwiches de jambon et de fromage. Y’en a deux en fait, l’un qu’avec le jambon et l’autre qu’avec le fromage. Entre nous, c’est immangeable. Mais ! Vous allez vous tuer le dos toute la journée et remettre tous vos choix de ces vingt dernières années en question dans le but de sauver une petite tortue de l’intoxication. Ca vaut sûrement le coup, non ? » Tout son discours est basé sur du second degrés, son seul argument de vente reste son sourire à vrai dire. Elle espère qu’au moins un des deux cédera à la tentation car leur petit groupe a réellement besoin d’un peu plus de fidèles pour nettoyer les rues.
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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptyDim 7 Juil 2019 - 13:26

Qu’est-ce qu’il foutait à Redcliffe à neuf heures du matin ? A l’origine, qu’était-il censé faire ? Il ne savait pas, il ne savait plus, il ne connaissait même plus son propre prénom à vrai dire. Tout ce dont il se souvenait, lorsqu’il avait encore un but, c’était qu’il slalomait entre les passants empressés jusqu’à se retrouver plongé jusqu’au cou dans un rassemblement dont il ne comprenait pas la nature. Et dont il comptait bien s’extirper rapidement, avant qu’un bras ne lui agrippe soudainement l’épaule. « Mec, me dis pas que tu vas rentrer décuver chez toi alors que la planète t’attend ? » Oula. Steph ne comprend pas trop ce qu’il lui arrive, outre le fait qu’il a apparemment une assez bonne tête d’insomnie pour avoir l’air de sortir d’une cuite. Vous faites erreur, je ne — ça fait déjà cinq minutes qu’il est planté là avec ce gars qu’il ne connait pas, et qui lui crie dans la tourmente une série d’arguments concernant le pourquoi du comment que l’inaction écologique de Stephen est à l’origine de la sixième extinction de masse et de la continuation impunie des industries les plus polluantes au monde. Soit. Steph se sent incapable de se dégager, un peu comme quand on lui fourre des prospectus à la sortie du métro et qu’il se retrouve à écouter un bénévole lui parler pendant un quart d’heure alors qu’il n’a pas les moyens de donner un seul dollar à l’association susdite. Il jette un regard à la dérobée, mais personne n’a l’air disposé à lui venir en aide, et à voir croitre la masse de gens autour de quelque chose qu’il ne distingue pas, il a l’impression d'être tombé dans un guet-apens. « Et les loutres ? t’as pensé aux loutres ? Tout le monde aime les loutres. Imagine quand elles disparaitront, et que ce sera notre faute ! » Il n’a pas le courage d’empêcher l’autre énergumène de lui montrer sur son téléphone son diaporama tout prêt contenant environ deux cents photos d’animaux en voie de disparition. Soudain, une silhouette se détache et semble venir vers eux — peut-être pour lui tendre une main amicale dans la tempête ? « Venez tous les deux, vous serez à croquer dans ces gilets. En plus ils offrent le repas du midi. C'est à base de sandwiches de jambon et de fromage. Y’en a deux en fait, l’un qu’avec le jambon et l’autre qu’avec le fromage. Entre nous, c’est immangeable. Mais ! Vous allez vous tuer le dos toute la journée et remettre tous vos choix de ces vingt dernières années en question dans le but de sauver une petite tortue de l’intoxication. Ça vaut sûrement le coup, non ? » Elle est dans leur équipe. Mais son discours improvisé arrache malgré lui un sourire à Steph en même temps qu’il bafouille un « Je… » Ni une, ni deux, l’autre énergumène lui fourre le fameux gilet dans les mains, lève le pouce en l’air en direction de l’inconnue et lui assène une bonne claque dans le dos (« Eh bah voilà ! ») avant de s’éloigner vers ce qui semble être le centre de tout ce mouvement. Et voilà comment en quelques minutes, Steph est passé d’une journée qui s’annonçait tout à fait solitaire et banale à une glorieuse campagne pour la survie de la biodiversité. Un peu déboussolé, il suit la jeune femme qui est son seul point de repère. « Je suppose que l’argument de la tortue a eu raison de moi, » souffle-t-il sans bien se rendre compte d’à quel point il est facile à embobiner. Une voix l’interrompt, il regarde autour de lui pour en trouver la source, et se rend compte que le groupe a vachement diminué de dimensions depuis. Il fait, en fait, partie des rares rescapés. « Allez allez les gars on donne tout, on commence à avancer, pas l’temps de nous reposer sur nos lauriers ! Les retardataires nous rejoindront en route ! J’veux plus voir un mégot ici, c’est clair ? »

Steph a la vague impression d’avoir vendu son âme pour une bataille dont il ne connaît pas les enjeux — quelqu’un lui fourre sans préavis un sac plastique dans les mains avec un regard entendu. Le mouvement se met en branle et les escadrons se déploient, bien décidés à tordre le cou à la pollution urbaine, dans la mince mesure de leurs moyens humains. Il n'aime pas vraiment parler de lui-même aux gens, mais après tout, c'est elle qui l'a entrainé là-dedans... « Ça vous arrive souvent, de décider que votre journée sera consacrée à ramasser les ordures de gens qui n’ont pas le courage d’avancer dix mètres plus loin pour trouver une poubelle ? » En disant cela, plus pour lui-même qu’autre chose à vrai dire, il se penche pour attraper une canette de bière vide et la jeter dans son sac. Il se dit intérieurement qu’il y a de fortes chances pour que la jeune femme soit là de son plein gré, contrairement à lui qui s’était inexplicablement laissé embarquer dans cette affaire, à grands coups de slogans chocs et de photos d’animaux adorables. Faut qu’il arrête d’être aussi influençable — enfin, c’est une bonne cause, Steph, encore heureux que ta gentillesse (…) ne t’ait pas menée dans un plan de dealers. Qu’est-ce qu’il pouvait être con... « Dites-moi que je suis pas le seul sur qui l’argument de la tortue a marché ? » Fait-il en riant, constatant qu’ils sont en fait très peu nombreux pour une si grande surface. A s’y pencher de plus près, il voyait se dessiner un long, long chemin de mégots à parcourir.

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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptyDim 7 Juil 2019 - 16:56

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@Stephen Beckett

Elle prend rapidement l’inconnu sous son aile en s’en voulant aussitôt de l’avoir attiré dans la gueule du loup. L’écologie reste un gentil loup qui se contente de vous mordiller la peau à vrai dire, mais peut être qu’il avait d’autres choses à faire aujourd’hui et qu’elle vient de lui asséner le coup de grâce avec sa gueule d’ange et son sourire communicatif. Elle aurait réellement pu se retrouver dans sa situation, à accepter on ne sait trop quoi parce que deux personnes l’y ont incité. Au moins il a gagné un gilet pour la journée, c’est … une bonne chose ? L’inconnu de l’organisation les laisse tous les deux et elle se contente d’un petit rire à la vue de son visage décontenancé. Non apparemment il n’avait pas prévu de sauver des tortues aujourd’hui. « Je suppose que l’argument de la tortue a eu raison de moi. » Alors qu’elle s’était déjà retournée dans le but de rejoindre le groupe elle lui lance un sourire en coin, amusée par sa répartie. « Moi qui pensais naïvement que les sandwichs étaient la meilleure partie du plaidoyer. » C’est de la faute de Nemo, tout le monde s’est pris d’affection pour les tortues aimablement défoncées dans leur courant marin et plus personne ne s’intéresse à la nourriture. Fichu Disney ! On dit souvent que l’important reste l’arrivée mais à vrai dire personne ne le pense jamais - pas même elle l’indécrottable utopiste ; le moyen d’y parvenir est tout aussi important. L’organisatrice tente de motiver la troupe à base de mini-menaces ce qui n’a absolument aucun effet sur la rousse mise à part la laisser se décrocher la mâchoire dans un monumental bâillement. Elle aurait sûrement dû y songer à deux fois avant de sortir la veille au soir et de rentrer au lever du soleil. Le sac en plastique qu’on lui tend lui rappelle pourquoi elle est venue aujourd’hui et qu’elle n’est pas légitime à se plaindre à cause de quelques heures de sommeil en moins. Oh Charlie et sa sensibilité à fleur de peau sont de retour dans la partie. « Ça vous arrive souvent, de décider que votre journée sera consacrée à ramasser les ordures de gens qui n’ont pas le courage d’avancer dix mètres plus loin pour trouver une poubelle ? » La jeune femme continue son chemin les yeux rivés sur le sol pendant quelques secondes avant de se rendre compte que ces paroles ci lui étaient adressées. Elle est trop jeune encore pour avoir l’habitude d’être vouvoyée et la remarque de l’inconnu la fait rire. Charlie l’aime bien décidément. Elle aime la manière dont il réfléchit même si cela un arrière goût de pessimisme bien trop prononcé à son goût. Le monde entier semble pessimiste aux yeux de la rousse il faut dire, tous ne sont pas aussi aveuglés par la beauté du monde et l’espoir au fond de leur coeur. Certains sont réalistes ; elle a encore beaucoup de mal avec ce terme. « Certains prévoient des sorties à DisneyWorld et moi c’est à Redcliffe, il en faut pour tous les goûts je crois. » Si ce n’est pas elle qui le fait elle doute que beaucoup se dévoueront pour prendre sa place à vrai dire. Elle a foi en l’humanité mais pas tant que ça. « A vrai dire je prévois ça après avoir mangé du foie gras, un mal pour un bien. » Qu’elle rigole en jetant un oeil à son interlocuteur à peine plus grand qu’elle. Il est drôle avec son gilet trop petit pour lui et sa mine déconfite. Pas drôle au sens de risible ; drôle au sens d’attachant. « Dites-moi que je suis pas le seul sur qui l’argument de la tortue a marché ? » Cette fois ci elle rigole gaiement parce qu’il semble réellement déçu d’avoir cédé à l’argument de la tortue. « Mes méthodes de manipulations dignes de Guantanamo n’ont été testées que sur toi, t’es le patient zéro désolée de te l’apprendre. » Hey, vaut mieux l’argument de la tortue que du waterboarding quand même ! Il n’a pas réellement une tête à se retrouver à Guantanamo. Qu’aurait il bien pu faire, rater la poubelle avec sa canette usagée ? Infester le seul être humain d’Australie avec, le seul qui n’ait pas pensé à faire son vaccin contre le tétanos ? Ok. Probable. Peu vraisemblable, mais probable quand même. « Tu sais, si t’avais d’autres choses à faire tu peux toujours t’enfuir en courant. Je suis sûre que si je saute haut et que j’écarte les mains je pourrais cacher … Au moins deux de tes jambes ! C’est un bon début quand même, non ? Sinon je simule une attaque de panique devant un mouchoir, c’est moins drôle et je garantie pas l'efficacité de mes talents de comédienne. » Elle aura tenu à peu près deux minutes avant de s’imaginer ses plans sur la comète.
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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptyLun 8 Juil 2019 - 15:10

Le léger délai de réponse permet à Stephen d’analyser rétrospectivement ce qu’il vient de dire : rien d’affligeant. Il est tout à fait normal pour lui de vouvoyer les gens qu’il ne connaît pas (même si en l’occurrence, il n’y avait pas besoin d’être un devin pour comprendre que la jeune femme était étudiante, ou dans ces eaux-là…). Peut-être pour ça qu’il passe pour un gars bizarre. A creuser. « Moi qui pensais naïvement que les sandwichs étaient la meilleure partie du plaidoyer. » C’est pas idiot, à y réfléchir à deux fois. C’est toujours un repas pas terrible économisé en échange d’un autre repas immonde. Mais son cœur a flanché pour la tortue. Egoïstement, ça l’arrangeait même qu’il n’y ait pas des centaines et des centaines de personnes avec eux : la foule l’angoissait. « Certains prévoient des sorties à DisneyWorld et moi c’est à Redcliffe, il en faut pour tous les goûts je crois. » Oh, Redcliffe, c’était grosso-modo Disneyworld, de loin : un parc d’attraction, une poignée de riches venus faire leurs emplettes pendant l’escale, beaucoup de bruit… Elle est marrante, avec ce courage de vingt ans à se lever pour les grandes causes sur lesquelles la majorité ferme les yeux. Pas de quoi lui filer un coup de vieux (même si objectivement le mode de vie de Stephen se rapproche plus des quarante que des vingt…), mais ça lui fait drôle. Changer le monde, ou même simplement s’engager pour quoi que ce soit, ça n’a jamais été du genre de Stephen, à quelque âge que ce soit. Il est trop dans sa bulle pour que tout le vacarme du dehors l’atteigne franchement. Au milieu de ce groupuscule d’apôtres prêts à dévouer leur journée à la sauvegarde de la propreté de Brisbane, il a l’impression de mettre le pied dans un autre univers — la réalité. Drôle de dimension… « A vrai dire je prévois ça après avoir mangé du foie gras, un mal pour un bien. » « On peut pas être sur tous les fronts à la fois, » il dit, réellement amusé par le caractère à la fois léger et déterminé de la jeune femme. S’il en faut peu pour culpabiliser Steph, une hypothétique consommation non-éthique de foie gras ne lui fait ni chaud ni froid — sûrement parce qu’il n’aime pas ça, mais c’est un détail. Végétarien ou carniste, peu importe lorsqu’on a pris l’habitude de manger industriel et pas cher. « Mes méthodes de manipulations dignes de Guantanamo n’ont été testées que sur toi, t’es le patient zéro désolée de te l’apprendre. » Il rit, se sent à moitié con. Si elle veut tester ses capacités de racolage écologique, elle est probablement tombée sur l’être humain le moins difficile du pays, en témoigne sa faible résistance à laisser l’écolo de tout à l’heure lui déballer son discours millimétré... « Je suis pas vraiment un indicateur fiable, je pourrais m’enrôler dans l’armée en signant un papier sans y faire attention », qu’il réplique sincèrement, en pensant au nombre de fois où son étourderie lui avait couté des plumes. « Tu sais, si t’avais d’autres choses à faire tu peux toujours t’enfuir en courant. Je suis sûre que si je saute haut et que j’écarte les mains je pourrais cacher … Au moins deux de tes jambes ! C’est un bon début quand même, non ? Sinon je simule une attaque de panique devant un mouchoir, c’est moins drôle et je garantie pas l'efficacité de mes talents de comédienne. » Reculer ? Non, il est trop tard maintenant. Même si l’image de la jeune femme se démenant pour cacher sa désertion est plutôt drôle, puisqu’ils n’ont pas plus de cinq centimètres de différence. Et puis — outre le fait que son quotidien était assez peu diversifié —, il faisait partie des gens qui se laissent un peu porter par ce qu’il leur arrive, sans broncher. Aller contre les évènements n’est pas dans sa nature. Et puis, il fait bien plaisir à au moins une personne, plus la silencieuse planète, en restant, n’est-ce pas ? Il hausse les épaules. « Maintenant que je suis là… » C’est aussi simple que ça. Une feuille, baladée par le vent. Une feuille de bonne volonté, mais une feuille quand même : plutôt insignifiante, au fond. « Ça me dérange pas, vraiment, » qu’il insiste comme pour la rassurer, même s’il ne sait pas trop dans quoi il met les pieds, ni pour combien de temps. Il aurait pu se faire kidnapper qu’il aurait été aussi coopératif, tiens. « Je suppose que si tout le monde faisait ça… » Il laisse sa phrase en suspens, beaucoup moins prolixe que la blonde. Après, si le monde est rempli de gens qui, comme toi Steph, n’ont pas vraiment les yeux rivés sur des idéaux mais plutôt sur le sol, pas étonnant que le rassemblement ne dévale pas les rues à coup de centaines de milliers de personnes… Il note son bâillement. Au vu de son âge, elle n’a pas dû passer une nuit fraiche et réparatrice. « Il est toujours temps de sauver le monde après une bonne fête, n’est-ce pas ? » Qu’il se permet avec un sourire en coin, pas le moins du monde ironique au sens mauvais du terme, à la fois compréhensif et narquois. Pas franchement un super-héros, le Steph, mais toujours intéressé par ce qui pousse les gens à se lever le matin. Parce que parfois, il en faut, des prétextes, des envies ou des illusions, pour que la journée commence…

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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptyMar 9 Juil 2019 - 6:35

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@Stephen Beckett

Ce n’est peut être pas si mal qu’elle ait enrôlé l’inconnu dans la joyeuse troupe puisqu’il prend admirablement bien le changement radical de plan de sa journée. Quoi qu’il ait prévu, cela semblait bien plus attrayant qu’une journée ramassage de déchets avec un gilet fluo. Enfin, ça c’était avant que Charlie ne décide qu’ils allaient passer la journée ensemble et qu’elle allait tenter de lui faire voir le bon côté de ces journées chronophages. Ceci dit, elle a sûrement épuisé son seul argument avec les tortues dès le début de la journée, elle devra donc se contenter d’une bose dose d’imagination couplée à de l’improvisation totale. « On peut pas être sur tous les fronts à la fois. » Il la fait sourire avec ses remarques simples mais si justes. Elle qui parle beaucoup pour rien dire à cause de cette peur lancinante du silence, du vide et de la solitude. Peut être que lui aussi en a peur, peut être pas, mais elle trouve sa façon de gérer les choses infiniment plus mature en tout cas. La jeune femme a le don de rencontrer de belles personnes par hasard, de rapidement se lier d’amitié avec, et de les garder gravitant autour d’elle sans ne jamais s’approcher trop près de son coeur. Seuls les salops y ont un accès direct, à croire que sinon la vie serait monotone. « Je suis pas vraiment un indicateur fiable, je pourrais m’enrôler dans l’armée en signant un papier sans y faire attention. » Cette fois ci elle rigole réellement, s’imaginant la scène devant les yeux. Elle rigole aussi parce que c’est réellement le genre de frasques qu’elle pourrait commettre sans s’en rendre compte, se retrouver sur un porte avion au beau milieu de l’océan quand bien même elle a le mal de mer. Quitte à se tromper, la rousse serait sûrement engagée pour des années de durs labeurs sur les océans, c’est certain. « Mon patron me dit toujours de lire les petites lignes en bas des contrats, mais entre nous c’est ennuyant. Un jour on se retrouvera sûrement dans l’armée contre notre gré alors ! » Ou peut être que ça lui plairait. Ou peut être pas. Quand ça parle orientation la petite rousse perd toute assurance, ne sachant pas réellement à quoi l'amènent toutes les langues étrangères qu’elle a apprise et toutes ces magouilles politiques du siècle présent, dernier, et de tous les autres avant. Au moins dans l’armée, toute chair à canon est bonne à prendre, peu importe qu’elle sache parler chinois ou dothraki. « Maintenant que je suis là … Ça me dérange pas, vraiment. Je suppose que si tout le monde faisait ça … » Elle sourit tout en gardant les yeux posés sur le sol, parce qu’il ressemble à un mélange de beaucoup de personnes que Charlie apprécie. Un Alois / Tim / Terrence plus âgé mais pas plus sûr de lui pour autant. Il ne cesse de se rabaisser alors qu’ils ne se côtoient que depuis quelques minutes à peine. Elle a envie de lui crier qu’il n’est pas tout le monde et qu’il apportera une énorme pierre à l’édifice maintenant qu’il a décidé de rester. Ca y est. Charlie vient de trouver son nouvel oisillon, et elle vient de s’autoproclamer sa sauveuse officielle (alors qu’entre les deux elle est sûrement la plus fucked up). « Si tout le monde faisait ça je n’aurais pas à me lever à sept heures un dimanche matin, et entre nous ma vie serait bien nulle sans toutes ces heures de sommeil à rattraper ! » Qu’elle tente à nouveau de rigoler, infiniment plus à l’aise dans le registre de l’ironie et du second degré plutôt que dans la réalité concrète des choses. Elle préfère balancer ce genre de phrases plutôt que de dire “oui en effet si tout le monde faisait ça cela ne tuerait pas un million et demi d’animaux chaque année”. Or, ça serait faire face à la réalité des choses et ce n’est pas la spécialité de la rousse. L’ironie, c’est bien aussi ; on s’y fait rapidement. « Il est toujours temps de sauver le monde après une bonne fête, n’est-ce pas ? » Seraient les cernes sous ses cernes, sa peau blanchâtre, ses bâillements à répétition ou bien sa démarche fantomatique qui l’auraient mis sur la piste d’une soirée alcoolisé ? Probable, en effet. « En effet, ce sont les backstages du métier dont les films se gardent bien de parler ! » Imaginez les Avengers faire une grosse fête, que tout le monde boive plus que de raison et que la Terre soit attaquée pile à ce moment ? Il faudrait encore une fois prier pour que Carol Denvers vienne leur sauver les fesses. Certes, Charlie n’est clairement pas au niveau des Avengers, mais il fallait une comparaison percutante. « Très bien mon compagnon de déchets, de sauvetage de tortue et de sandwichs immangeables ; heureuse de te connaître. Moi c’est Charlie. » Elle s’arrête enfin dans leur longue marche monotone et lui tend vigoureusement sa main, un sourire sur les lèvres et des yeux rieurs. « Profites-en pour la serrer maintenant, je risque de toucher tous les microbes de la Terre ensuite. » Ils leur ont donné des gants, certes, mais Charlie a déjà perdu les siens. Faute à leur arrêt de quelques secondes à peine, le groupe est désormais loin devant et eux délaissés à l’arrière. Heureusement ce que ce n’est une sortie scolaire au beau milieu d’une ville inconnue car la jeune femme aurait vite fait de se perdre. Relevant les épaules au ciel, elle se résout à prendre un autre chemin. Il y a bien assez de choses à ramasser pour s’autoriser une dispersion de l’équipe. « On se la joue Batman et Robin et on se débrouille seuls ? On aura qu’à retrouver des gilets moches et visibles à dix kilomètres quand t’en auras marre que je parle trop. » Nouveau sourire enfantin.
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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptyJeu 11 Juil 2019 - 10:46

C'était quand même admirablement bien foutu, le hasard. Tout un tas d'atomes occupés à s'entrechoquer anarchiquement dans leur boite d'allumettes de monde, et il arrivait que la collision se révèle agréable. Pour le coup, Steph, en plus de ne pas savoir dire non, avait un amour fou pour Brisbane : c'était, outre les tortues, une facette de l'argumentaire écologique qui l'avait fait passer aussi rapidement de l'autre côté de la barrière. « Mon patron me dit toujours de lire les petites lignes en bas des contrats, mais entre nous c’est ennuyant. Un jour on se retrouvera sûrement dans l’armée contre notre gré alors ! » « Je pense que l’armée paierait plutôt pour qu’on ne s’y retrouve pas, mais soit, rendez-vous en caserne ! » Les petits caractères avaient sûrement été inventés pour des gens comme eux. Steph avait assez peu affaire à ce genre de papiers pour s’épargner de mauvaises surprises. Par contre, il avait bien remarqué les notices de médicaments indiquant, après quinze astérisques, que le remède a marché une fois sur quatorze dans le cadre de tests internes comprenant un échantillon représentatif de la population composé de trois salariés de l’entreprise. Pas de quoi s’en faire, donc : la santé est une priorité sociétale et non une question d’argent. « Si tout le monde faisait ça je n’aurais pas à me lever à sept heures un dimanche matin, et entre nous ma vie serait bien nulle sans toutes ces heures de sommeil à rattraper ! » Drôle de dimanche. Idéal pour une bonne et longue journée de repos passée à se prélasser dans des somptueux parcs de la ville… « On donne le jour du Seigneur et des lendemains difficiles à une bonne cause. Je trouve le sacrifice admirable. On dormira quand on brûlera en enfer ou qu’on comptera les nuages en haut, je suppose. » Ou quand on sera morts et bien enterrés, propulsés dans le vide, inexistants, privés de conscience, absolument disparus et destinés à nous effacer complètement de la mémoire de l’univers bien trop vaste pour nos esprits. Mais le trait d’humour devenait alors sensiblement sombre, quoique plus réaliste, et à défaut d’avoir un paysage idyllique aux effluves de rose sous les yeux, autant préserver un tant soit peu d’enthousiasme. « En effet, ce sont les backstages du métier dont les films se gardent bien de parler ! » Il aime bien cette idée de coulisses du monde réel. Tout cela est une vaste comédie : les employés de bureau, les ouvriers, les étudiants, les mômes, les artistes, les sourires, le small talk absurde ; c’est un jeu de masques qui tombent le soir, lorsqu’il n’y a plus aucun projecteur pour révéler votre visage fatigué, vos cernes et votre ennui. Et tout le monde trimballe cette maquette parfaite de lui-même avec soi pour cacher la grosse crevasse, celle qui gît derrière toute la bonne volonté et l’envie de vivre — crevasse qui est un tonneau des Danaïdes. Il ramasse une autre canette de bière. Décidément, d’autres que Charlie ont décidé de profiter de la vie avec un peu trop d’expansionnisme.

« Très bien mon compagnon de déchets, de sauvetage de tortue et de sandwichs immangeables ; heureuse de te connaître. Moi c’est Charlie. » Elle lui tend la main avec aplomb, il la serre amicalement. Les gens peuvent bien être des pantins soumis aux conventions, les manières de Charlie sont d’autant plus rafraichissantes. « Stephen. Steph, » qu’il répond du tac-au-tac. « Profites-en pour la serrer maintenant, je risque de toucher tous les microbes de la Terre ensuite. » Pas faux, il était peu probable que dans quelques heures ils soient aussi clinquants qu’à cet instant. D’ici la fin du nettoyage, ils commenceraient sûrement eux-mêmes à se métamorphoser en déchets, dans une lente et douloureuse mutation — mais toujours pour la gloire et la survie de la planète, alors on la ferme et on avance. Avancer ? Tiens, c’est vrai que les autres sont déjà loin. Il n’a même pas remarqué. Peut-être que cette sensation d’être en retard, ou tout du moins en décalage sur le reste du monde, fait partie de lui. C’est aussi un peu la peur primaire. Etre à la ramasse. Avoir laissé passer son heure. Le dernier bus pour la gloire est parti ! Reste plus qu’à trouver de quoi se distraire à l’arrêt, hein… jouer aux dés… remplir son sac…
« On se la joue Batman et Robin et on se débrouille seuls ? On aura qu’à retrouver des gilets moches et visibles à dix kilomètres quand t’en auras marre que je parle trop. » Il hoche la tête et rit à ses derniers mots. « Faut pas dire ça, si je réagis pas c’est que je préfère écouter que parler. » Il se sent en confiance, c’est assez rare avec quelqu’un qu’il ne connaît que depuis quelques minutes pour être souligné : alors il la prévient de ce qui déroute souvent les gens qui ne le connaissent pas, à savoir sa propension à avoir l’air inactif alors qu’il réfléchit profondément à ce qu’on lui dit. « Ou que je suis mort intérieurement. Mais bon, je suppose que tous les moyens sont bons pour nettoyer Brisbane.» Ajoute-t-il avec humour tandis que désormais, le groupe principal n’est plus à portée de vue. « D’ailleurs, Robin signale une porcherie à vingt mètres, » qu’il articule en plissant les yeux. Au pied d’une gouttière, c’est le paradis des immondices. Evidemment, la poubelle la plus proche n’est qu’à une vingtaine de mètres de l’endroit. Déprimant. La loi du moindre effort est encryptée dans l’ADN humain. « Tu— » pas trop tôt, mais bon, maintenant les présentations étaient faites… « —as d’autres projets pour enrôler les citadins pressés dans tes idées ? A voir comment ils nous regardent, on n’est pas des superhéros unanimes. » Ceux qui ne se contentent pas d’ignorer le trentenaire et l’étudiante leur jettent un coup d’œil à mi-chemin entre la pitié et l’ennui. Peut-être avaient-ils peur qu’ils leur sautent dessus, armés d’ordures et prospectus, pour gâcher leur dimanche, en bons bénévoles encombrants ? Dure vie de justiciers. Après, avec leurs gilets, ils passent difficilement inaperçus. Le soleil commence petit à petit à taper, et Steph ne compte déjà plus le nombre incommensurable de mégots que les gens laissent comme si ces vestiges de tabac faisaient partie intégrante du paysage urbain. « Tu ne veux pas un gant ? » Demande-t-il en remarquant que Charlie n’en a plus, disparu inexplicablement là où vont les objets célibataires et délaissés que les gens comme eux perdent à longueur de journée.

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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptySam 13 Juil 2019 - 7:31

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@Stephen Beckett

Elle l’aime bien, cet inconnu. Il n’hésite pas à parler de tous les sujets, de passer du coq à l’âne sans jugement aucun. Enfin si, justement, ils jugent beaucoup tous les deux alors qu’ils ne se connaissent même pas. Toute l’humanité en prend pour son grade, de 7 à 77 ans. Même les morts ne semblent pas à l’abri de leur ironie emplie de vérité que personne n’ose s’avouer. « Je pense que l’armée paierait plutôt pour qu’on ne s’y retrouve pas, mais soit, rendez-vous en caserne ! » Elle ne le connaît pas assez pour émettre des hypothèses sur lui mais elle elle serait une bien piètre soldat. Elle n’écouterait pas les ordres donnés dans le seul but de les mettre à genoux, déjouerait leurs pseudo entraînements pas réellement réalistes pour créer un pseudo esprit d’équipe, transgresserait au moins dix règles par demie journée sans s’en rendre compte, … Ils auraient bien vite fait de la renvoyer chez elle en comprenant que ce n’est pas parce que son oncle a su s’assagir dans la Royal Navy qu’il en aurait forcément été de même pour elle, bien au contraire. Vouloir mettre les êtres humains plus bas que terre ne les rend pas tous dociles. Elle ne sera jamais un gentil poisson quelconque se contentant de suivre le cours des rivières et de vivre sa vie, elle sera à jamais un Ouananiche un brin têtu se forçant à nager à contre courant et à éviter les pattes griffues d’ours en tout genre. Le problème c’est que sa face d’ange laisse présager tout l’inverse, tout comme ses plans pour le futur bien rangés. Seul le présent lui échappe. « On pourrait sûrement lancer des paris sur notre durée de vie là bas. Je nous donne … une semaine. Ils croiront à un malentendu les cinq premiers jours et tenteront de nous tuer les deux derniers sûrement. » Si armée rime avec utilisation d’armes mortelles alors ils auraient bien vite fait de se prendre une balle perdue. Heureusement qu’ils ne vivent pas aux Etats Unis et que ici toutes les armes ont été retournées au gouvernement. Voilà au moins une bonne raison pour Villanelle de profondément aimer ce pays qu’elle aime tant détester. « On donne le jour du Seigneur et des lendemains difficiles à une bonne cause. Je trouve le sacrifice admirable. On dormira quand on brûlera en enfer ou qu’on comptera les nuages en haut, je suppose. » Le sourire de la jeune femme s’efface momentanément et ses yeux délaissent l’asphalte pour le visage de l’inconnu quelques instants. Elle cherche à savoir s’il est sérieux ou s’il s’agit encore d’une phrase à prendre au second degré. Elle n’en sait profondément rien. Cela ne la dérange pas que les gens puissent avoir l’espoir d’un Nirvana, d’un Paradis ou bien même de champs Elysées ; mais elle ne pensait pas que Stephen aurait pu croire à ces choses là. Finalement, le besoin irrationnel de tout savoir prend le dessus et elle le question sans jugement moral. « Tu crois à tout ça ? Au Paradis et à l’Enfer, peu importe le nom qu’on leur donne ? » Les seuls références qu’elle pourrait utiliser à propos du Paradis et de l’Enfer sont dans la mythologie grecque, elle a toujours détesté au plus haut point les religions occidentales, et seulement à peine détesté les orientales.
Une fois les présentations passées elle se sent profondément heureuse d’avoir trouvé son acolyte pour le reste de la journée, elle que la solitude ronge de l’intérieur. Elle aime bien son effacement et sa manière de penser, ses prises de paroles toujours courtes mais emplies de bon sens. Il est un homme posé et elle une gamine un peu trop en quête de sensations, mais leur duo semble assez bien fonctionner. Enfin, elle s’emballe. Ils ne vont pas devenir amis à la vie à la mort, il sera sûrement bien heureux de la quitter ce soir lorsque ses oreilles commenceront à siffler. « Faut pas dire ça, si je réagis pas c’est que je préfère écouter que parler. » Cette réponse correspond à l’image qu’elle commence peu à peu à se faire de lui, l’homme de l’ombre qui donne toutes les meilleures idées. Charlie a toujours trouvé plus respectables ceux qui prenaient le temps d’écouter et d’analyser chaque mot, ce qu’elle n’a jamais eu le courage de faire. Elle se contente de tenter de parler et analyser en même temps mais autant que vous dire qu’il s’agit d’un combat perdu d’avance. « Ou que je suis mort intérieurement. Mais bon, je suppose que tous les moyens sont bons pour nettoyer Brisbane. » D’accord, cette fois ci elle rigole aussitôt. Elle a une tête d’ange mais l’humour noir fait parti de son quotidien et cette pique ci était particulièrement bien placée. « D’ailleurs, Robin signale une porcherie à vingt mètres. » « En fait je t’aurais plutôt vu en Bat - … Ah ouais. » C’est vraiment un gros tas de merde. Pardon, les références aux dinosaures de la pop culture étaient obligées d’y passer. Seulement elle a réellement été choqué de l’amoncellement de déchets en plein milieu de la rue, et du fait que tout un chacun passe à côté sans que cela ne semble réellement les gêner. Pourquoi pas y ajouter un verre de Starbucks au final même, personne ne le remarquera. Tel Napoléon à la conquête du col du Grand Saint Bernard, la rousse avance vers les déchets d’un air triomphant. Alors qu’elle va seulement se contente de toucher toutes les saletés d’inconnus trop paresseux pour faire deux pas de plus mais bref passons, heureusement que ses vaccins contre le Tétanos sont à jour. « Tu as d’autres projets pour enrôler les citadins pressés dans tes idées ? A voir comment ils nous regardent, on n’est pas des superhéros unanimes. » La plupart des superhéros ne sont pas unanimes à vrai dire, Batman le premier vu qu’il met sa vengeance personnelle avant la sauvegarde de la file à peu près 105% du temps. « A part les appâter avec des bonbons, je t’avoue que je suis à court d’idées. Mes desseins maléfiques de nettoyage complet de Brisbane sont un peu mis à mal là. Mais vu qu’on est des superhéros en civil notre réputation de justicier n’a rien à craindre. » Peter Parker doit bien se faire gronder par ses professeurs à l’université lui aussi alors qu’il les sauve à peu près deux fois par semaine de la fin du monde quand même. « Tu ne veux pas un gant ? » La jeune femme répond d’abord doucement de la négative avec sa tête avant d’aller décrocher le sac plastique de la poubelle (totalement vide) la plus proche. Ils n’auront donc pas à faire d’incessants et inutiles allers retours. « Je trouvais ça stupide d’essayer de se la jouer écolo pour la journée et qu’on nous donne des gants et des sacs en plastique tout sauf recyclable. Je suis peut être seulement qu’une relou mais bon tu vois. » Il ne voit sûrement pas et oui, elle est une relou. D’autres questions à poser à la Robin en carton ? Alors qu’elle s’accroupit pour commencer à faire glisser les déchets un à un, un sourire nouveau revient prendre place sur son visage. « Bon ça commence à devenir déprimant ce que je dis, c’est nul. Tu fais quoi dans la vie ? Je veux connaître toute la vie secrète de Batman, c’est un rêve de gamine. Même si à vrai dire on connaît tous sa vie secrète, comme pour tous les superhéros … Mais bon bref, la tienne est sûrement bien plus réjouissante que lui tout seul dans son immense château ! »
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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptySam 13 Juil 2019 - 13:03

Elle a du répondant, se prend au jeu, avec sa légèreté et son implication dans tout ce qu'elle dit, dans sa gestuelle aussi. « On pourrait sûrement lancer des paris sur notre durée de vie là bas. Je nous donne … une semaine. Ils croiront à un malentendu les cinq premiers jours et tenteront de nous tuer les deux derniers sûrement. » « C’est ça, mais on trouverait sûrement le moyen de tomber tous seuls dans un ravin ou quoi avant même qu’on nous retrouve. Parce qu’évidemment, on va déserter. » A vue d’œil, aucun d’eux n’avait la vocation militaire. Mais ça rassure un peu Stephen de se dire qu’il déserterait, qu’il aurait cette force, parce que c’était un peu un mensonge. En réalité, il attendrait peut-être passivement que la situation dégénère et qu’il se fasse jeter, ou qu’il meure. Restait à espérer que cette situation reste à l’état d’hypothèse fumeuse et que le choix ne se présente jamais. Charlie s’avance en conquérante vers les déchets : elle a cette manière absurdement géniale de prendre chaque action comme une étape monumentale vers un objectif glorieux. Lui qui n’a pas particulièrement cette patte de volonté dans ce qu’il fait, ça le laisse songeur. Il ne la connaît pas plus que ça, mais tous ces détails la rendent attachante, cette personnalité expressive, où transparaissent des brins d’autodérision mais aussi d’indécision. « Tu crois à tout ça ? Au Paradis et à l’Enfer, peu importe le nom qu’on leur donne ? » Elle a l’air inquiet, son sourire si communicatif disparaît, ça l’amuse. Il secoue la tête, hausse les épaules. « Le temps qu’on détermine si ça en vaut la peine, tout ça passera. C’est trop… abstrait. » Abstrait. C’est le seul mot qui lui vient pour exprimer l’espèce de silhouette fantomatique et vaporeuse qu’est devenue la spiritualité pour lui. Marrant de la part d’un gars qui passe seize heures sur vingt-quatre plongé dans ses pensées. Ces questionnements n’étaient pas propres à la jeunesse de Charlie : ils continueraient de l’ébranler jusqu’au bout. A elle de choisir si elle voulait trancher ou rester dans le vague… Le paradis et l’enfer. Le bien, le mal. Dans ce monde il ne les avait jamais vus. Il avait une répulsion naturelle à croire en quelque forme d’absolu que ce soit. Il ne voyait que du gris, des nuances, un peu d’obscurité dans les plus splendides lumières, et un infime chatoiement jusque dans la noirceur des limbes. Tout n’était qu’une valse-hésitation au moteur inconnu : l’entropie, un dieu, un hasard. Rien d’intemporel, rien de certain. Il a envie de dire que la seule chose en laquelle il croit, c’est l’art, et encore ce n’est pas une croyance, c’est un besoin presque physique, la seule chose qui lui paraisse échapper un tant soit peu au doute de l’existence. On avait passé la moitié de sa vie à lui enfoncer dans le crâne l’idée que son bonheur n’importait qu’à travers sa foi, qu’il n’était que l’instrument d’un gigantesque plan supra-humain, et que chacun de ses actes devait être déterminé pour aller dans la direction de ce ciel qu’il ne voyait pas. C’était une éducation qu’il n’arrivait pas à retranscrire en mots, peut-être parce qu’il ne s’en était jamais totalement détaché, et qu’à défaut de croire encore, il se pensait toujours inapte à accomplir quelque chose pour lui-même. « Pour faire court, pas vraiment. » Ça lui avait pris beaucoup de temps avant d’apprendre à dire ça, à formuler à l’oral cette rupture avec son passé. Mais là encore il ne savait pas dire non. Parce que non, ça effaçait tout. Non, c’était faire comme si ça avait toujours été le cas. D’ailleurs, c’était en arrivant à Brisbane — la grande ville — qu’il avait appris que les gens qui avaient fait la loi de sa vie passaient ici pour des fanatiques du porte-à-porte qu’il fallait esquiver sous peine de discours alarmistes ou de prospectus doucereux. Difficile d’expliquer que ces gens-là avaient été son seul modèle familial. Depuis le moment où les cadres stricts dans lesquels sa vie avait été confinée étaient tombés, l’univers de Stephen était devenu trouble et inconstant, comme si à partir de là plus rien ne pouvait se prétendre tout à fait réel, tout à fait juste, tout à fait crédible.

« En fait je t’aurais plutôt vu en Bat - … Ah ouais. » Lui qui avait eu la délicatesse de laisser le beau rôle à Charlie, voilà ce qu’il en était. Elle avait l’air beaucoup plus à même de porter le costume. Un peu jeune mais certainement plus déterminée. Il fallait des idées pour être un justicier. Après Heïana qui voulait faire de lui un Captain America, ça faisait beaucoup de personnes qui lui fourraient une cape entre les mains. Sauf que les responsabilités, il ne savait qu’en faire, alors il les gardait bêtement dans ses bras jusqu’à ce qu’elles tombent, jusqu’à ce qu’elles pourrissent, jusqu’à ce qu’on les lui reprenne avec un regard de reproche. « Je trouvais ça stupide d’essayer de se la jouer écolo pour la journée et qu’on nous donne des gants et des sacs en plastique tout sauf recyclable. Je suis peut être seulement qu’une relou mais bon tu vois. » La réflexion est pertinente ; la preuve, Stephen ne se l'est pas faite. « Manquerait plus que l’organisatrice de tout à l’heure brûle sa clope contre le mur et oublie son tri sélectif pour qu’on soit les seuls remparts de Gotham contre la pollution urbaine. » Le visage antipathique de cette femme à la voix étranglée lui revient vaguement. Elle doit être en train d’haranguer ses troupes, loin devant, sans pitié pour les oreilles agonisantes des passants. « Bon ça commence à devenir déprimant ce que je dis, c’est nul. Tu fais quoi dans la vie ? Je veux connaître toute la vie secrète de Batman, c’est un rêve de gamine. Même si à vrai dire on connaît tous sa vie secrète, comme pour tous les superhéros … Mais bon bref, la tienne est sûrement bien plus réjouissante que lui tout seul dans son immense château ! » Ah ? Dégageait-il autant de réussite que cela ? Sa vie était pourtant loin d’être des plus palpitantes — d’un point de vue extérieur, du moins. Socialement, Steph n’était pas quelqu’un qu’on pointe du doigt en se disant « voilà un homme qui a fait quelque chose ». Il avait trente ans passés, aucun diplôme, pas grand-chose à mettre sur un CV, des jobs minables entre deux commandes musicales. S’il avait vraiment du talent, les choses seraient radicalement différentes, n’est-ce pas ? Steph a beau passer la plupart de son temps à arracher des notes à ses instruments, il n’a pas conscience que c’est la seule voie qui pourrait lui permettre de faire quelque chose de sa vie. « Je fais de la musique, » qu’il répond pourtant, parce que c’est la seule chose qui soit fixe dans son existence. Les petits boulots passent, la passion pour la mélodie reste — mieux, elle le précède, elle passe avant sa personnalité. « J’ai viré Alfred quand j’ai déménagé de Gotham, et entre deux appels j’essaie de finir mes morceaux. » C’est sûr qu’un majordome serait superflu dans son appartement. « Mais si tu tiens vraiment à ce que je sois Batman, je peux te le vendre mieux. » A moitié moqueur, mais toujours bienveillant. Il fronce les sourcils, l’air tout à fait sérieux. « Disons que ce que je compose est en fait un ensemble de messages codés qu’à l’aide d’un protocole très sophistiqué, mes alliés sont capables de décrypter afin d’obtenir mes instructions. Le corps-à-corps et les combats, ça coute cher en effets spéciaux, alors je me tourne vers la coopération afin de tendre un guet-apens digne de ce nom au Joker. En parallèle, je planche sur un morceau qui me permettrait de l’endormir instantanément. » Pfiou. Décidément, quand Stephen décide de dire plus que trois mots, c’est pour raconter n’importe quoi avec un air absolument convaincu et nonchalant qui vous mettrait le doute. Pas mauvais acteur, pour un musicien fauché. Et cette mascarade lui permettait de passer rapidement sur l’ennui profond que représentait son quotidien d’un point de vue extérieur. Il a moins l'impression de parler à un enfant que d'en être un lui-même. Après, pas difficile de faire la conversation avec lui : il s'adapte à l'interlocuteur. « A part ça j’essaye de payer mon loyer avec des cours. Faut croire que même les héros n'ont pas de logements de fonction. » Conclut-il en guise de chute, se tournant vers la rousse. « Qu’est-ce que fait Robin dans la vie civile ? » Qu’il questionne sans forcer, un peu pour détourner l’attention de sa propre personne, aussi pour voir ce que cache Charlie sous ses aspirations idéalistes.

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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptyJeu 18 Juil 2019 - 18:53

La jeune femme pourra désormais se vanter auprès de ses oncles que si une guerre éclate et que tout le pays est appelé à prendre les armes, elle sait déjà avec qui s’enfuir. Pas qu’elle soit lâche, pas qu’elle ne pas pas patriote, mais parce qu’elle est profondément contre le principe de belligérance de pays ou même d’êtres humains entre eux. Il y a tant de choses contre lesquelles les Hommes pourraient se battre ou s’allier, et pourtant ils décident de s’entre tuer entre eux. Les plus riches seulement, puisque les pauvres se contentent de subir leurs erreurs au quotidien. Pouvons nous aussi parler des ONG contre la famine qui sont dans le top 20 des associations les plus riches au monde, et que ce fond constitue une “réserve de secours”. Une réserve de secours au cas où un milliard de personnes souffriraient de famine à l’heure actuelle dans le monde, donc, que c’est intelligent. Alors non, non Charlie ne ferait pas long feu dans l’armée quel qu’elle soit. Elle pourtant si avenante, si gentille, serait capable d’insubordination dès les premières heures. Et sur un casier de l’armée cela n’est que rarement bien vu une “insubordination”, personne ne va la décorer de quoi que ce soit puisque la vie n’est pas une série américaine. Elle rigole cependant aux quelques mots de Stephen, bien heureuse de ne pas parler pour une illuminée marginale. Heureusement qu’ils ne parlent pas politique, l’affaire serait bien longue et elle serait bien obligée d’en oublier la récolte de déchets pour toute la journée. « Un ravin, une rivière … Une branche qui traîne. Je pense que n’importe quoi suffirait à nous arrêter dans notre fuite à vrai dire. Au moins on aura essayé. » Charlie préfererait, de manière purement égoïste, mourir en tentant de réaliser quelque chose qui lui tient à coeur plutôt qu’en tenant un fusil. Ou en faisant n’importe quel autre travail lié à la guerre. Même si elle était assignée à la partie de traduction, peu importe pour quelle langue, elle n’irait pas. Ils ne communiquent pas les numéros gagnants du loto, ils communiquent en se prenant pour Dieu et en désignant qui devra voir le soleil se lever ou non le lendemain. Trop peu pour la jolie blonde, bien loin d’elles toutes ces idées malsaines. Heureusement qu’elle aime son oncle de tout son coeur et qu’elle a bien trop peur de lui demander en quoi consiste réellement toutes les années passées comme pilote à la Royal Navy. Pour larguer Little Boy et Fat Man aussi, il fallait des pilotes. Paradoxalement, pour sauver l’Humanité d’une explosion, ce sont aussi des pilotes qui ont aidé à refroidir le coeur de la centrale de Chernobyl. Oh que le monde est compliqué, pourquoi Charlie ne peut-elle pas se concentrer sur la tâche ardue de ramasser des canettes et des gobelets ? La réponse est parce qu’il la met en confiance avec son ouverture d’esprit et ses mots doux et qu’elle se sent capable de refaire le monde avec lui. Bien sûr elle ne créerait aucune utopie, elle a lu bien assez de livres pour savoir qu’elles tournent rapidement à la dystopie, et que ce n’est jamais joli à voir.

Les yeux tournés vers lui, elle ne se concentre plus sur rien lorsqu’il tente de répondre à sa question sur le bien et le mal, le jugement dernier et le peser de l’âme. Il n’a pas l’air aussi investi qu’elle dans l’affaire puisque des deux, il est désormais le seul à sourire. Ce n’est que lorsqu’il hausse les épaules de manière désinvolte qu’elle décoche un sourire à son tour. Il a ce don pour faire de n’importe quelle question une futilité. N’importe qui aurait pu croire qu’elle venait de lui demander s’il voulait manger du boeuf ou du poulet alors que la jeune femme était infiniment sérieuse en abordant le sujet ardu de la religion. Elle le rejoint cependant sur l’idée que tout n’est que bien trop abstrait. On nous dit de ne pas lire les écrits tels qu’ils sont, de les comprendre comme des métaphores or la particularité des métaphores c’est que chacun a sa propre interprétation. Boom, tuto express how to create a war. C’est cadeau, c’est ce que fait l’Humanité depuis toujours. C’est ce que subit la Planète Bleue (comme une orange) depuis à peu près toujours. Et à nouveau Stephen rejoint son avis après de longues secondes sans que personne n’ait osé continuer. « Moi non plus à vrai dire. » Elle aurait accepté qu’il y croit, bien sûr, mais au fond elle est contente que ce ne soit pas le cas car leur premier sujet de discorde ne sera pas basé sur le principe même de bien et de mal et, mine de rien, c’est une petite victoire personnelle et une Troisième Guerre mondiale évitée. La vie est fait de petits plaisirs alors que Charlie devrait simplement à ne pas poser de questions auxquelles elle attend une réponse précise et rien d’autre. Arrivera le moment où Stephen lui répondra autre chose que ce qu’elle avait prévu et elle se sentira bien sotte tout à coup.

Les sujets de discussion vont et viennent, tantôt sérieux et tantôt beaucoup moins, parfait exemple lorsque Stephen profite d’une ouverture pour partager sa haine envers l’organisatrice de la journée. La rousse rigole gaiement, parce que même si elle n’aurait pas osé formuler ces paroles à voix haute, elle n’en pense pas moins. Elle salue la référence à l’univers DC et regarde son partenaire de sauvetage de tortues avec un sourire niais pendant de longues secondes. Elle ne s’en veut plus tant que ça de l’avoir enrôlé dans cette journée de ramassage de déchets. « Au fond, je crois que si on est les derniers remparts de quoi que ce soit un jour je ne donne pas cher payé du reste de l’Humanité. » Même s’il s’agit d’un monde fictif créé dans des bandes dessinées, oui. En super héros elle se donnerait bien plus facilement le rôle de Kick Ass plutôt que n’importe quel Avengers ou même de la Justice League, des Quatre Fantastique ou de quoi que ce soit d’autre. Kick Ass, un ado raté qui survit miraculeusement grâce à l’aide de Hit Girl et son père, et qui est super mal fringué en plus de tout ça. Oui, elle serait cool en Kick Ass. We could rule the world. On a silver platter. From the wrong to the right light. To the open stream. With a crash and burn. We can make it better. Turn it upside down. Just you and me. Y’a même les paroles pour eux, dans un univers parallèles dans lequel quelqu’un oserait élever la voix.

Les jeunes de la jeune femme redeviennent momentanément ceux d’une enfant passionnée alors qu’il lui dit être musicien. Désormais elle ne peut pas arrêter de voir des millions de similitudes avec son meilleur ami, et se dire qu’elle aurait vraiment dû s’essayer à la musique elle aussi. Elle a envie de lui poser mille questions car il en dit trop et pas assez à la fois, mais la métaphore filée sur Batman l’en empêche. A défaut de pouvoir épancher sa curiosité, elle rigole néanmoins de bon gré, trouvant ses idées follement bien trouvées pour quelqu’un en improvisation totale. « J’espère que tes ennemis doivent au moins utiliser Enigma pour être capable de lire tes morceaux dans ce cas. » Elle avoue tout, elle ne connaît cette histoire que grâce à Imitation Game. L’important ceci dit, c’est qu’elle la connaisse désormais, non ? Qui plus est le rôle principal est tenu par Cumberbatch qui joue aussi dans le MCU, donc MCU et DC c’est un peu du pareil au même voyez vous. Oh oui, ces paroles peuvent elles aussi déclencher une Troisième Guerre mondiale, c’est bien vrai. « Je serais ravie d’entendre tous ces morceaux pour vaincre les forces du mal un jour en tout cas, d’autant que maintenant que tu me dis être capable d’entraîner le Joker dans un guet-apens je ne demande qu’à voir ! » Sauf s’il sous entendait qu’elle était le Joker, et là tout devient soudainement bien moins drôle. Elle se complaît davantage dans le rôle de Robin, n’importe lequel. « Tu composes pour quoi ? Quels instruments je veux dire ? Et tu joues aussi ? Je te verrais bien derrière une harpe, je ne sais pas pourquoi. » Les questions fusent dans sa tête mais son débit de parole, bien qu’accéléré, n’est pas suffisant. La jeune femme s’en rend rapidement compte et calme ses ardeurs. « Désolée, j’ai toujours trouvé la musique passionnante mais cela n’a jamais été mon fort. Mon meilleur ami joue du violon, c’est magnifique. » Il n’a sans doute pas envie de connaître la vie de Léo alors elle se retient de tout lui raconter, ne cessant pas pour autant de penser que son ami aux cheveux bouclés est l’être humain le plus incroyable qu’elle connaisse, bien loin devant Batman. Cela a aussi quelque chose à voir avec le fait qu’elle ne connaisse pas le défenseur de Gotham, oui. Alors que la conversation est retournée vers sa propre personne, elle trouve le sujet soudainement bien moins intéressant mais lui répond parce qu'il l'a déjà fait avant elle et qu'elle le lui doit bien. « Robin étudie les sciences politiques parce qu'il faut croire que tous les méchants n'ont pas une pancarte au dessus de leur tête avec écrit en lettre de sang et avec des néons bleus "je suis méchant". » Loin d'être acerbe, elle est la première à rigoler à ses paroles là. Ses études collent plutôt bien avec un Robin en puissance, elle est ravie d'avoir donné le leading role à Stephen. Elle imagine maintenant un Ben Affleck violoncelliste et cela lui donne matière à sourire au beau milieu de tous les détritus. « Et je crois que c'est le seul truc cool qu'il y a à raconter sur Robin ... Tu m'étonnes qu'ils changent tous les six mois de personnage. » Elle ne s'apitoie pas sur son sort, puisqu'à nouveau elle est la première à en rire. En vérité elle aimerait tellement en savoir plus sur la passion musicale de Stephen qu'elle reste volontiers en retrait.



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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptyJeu 25 Juil 2019 - 9:05

Tant mieux qu’elle ne croie pas, ça l’empêchera de lui demander comment elle est arrivée à garder intacte la flamme de la foi qu’on faisait brûler de force chez lui autrefois, et qui avait fini par calciner presque tout sens de la spiritualité dans son âme. « Dommage qu’il n’y ait pas de mur décoré pour les déserteurs. Les honneurs, c’est toujours pour ceux qui ont le ‘courage’ d’aller se faire tuer. » souffle-t-il presque pour lui-même. Ce serait un sacré pas en avant vers le bon sens. Pas que mourir l’angoissait singulièrement, mais il ne voyait pas de raison pour précipiter cette fin inévitable ; en outre, il avait toujours trouvé ironique cette pseudo-mémoire des combattants ; des noms en lettres dorées que personne ne lisait. La moitié de la littérature du XXème siècle s’était acharnée à démontrer l’absurdité de cette mascarade millénaire à laquelle se livraient inlassablement les hommes, comme si au bout existait une fin heureuse. L’un des héros de Cent ans de solitude ; « jamais il n'avait pu comprendre quel sens pouvait revêtir un combat entre deux adversaires d'accord sur les mêmes principes », synthétisait bien cette rage forcenée du genre humain à se mettre dessus pour des idées impalpables. L’échange n’avait rien d’équitable ; des cadavres contre des convictions. « Vous souvenez-vous d'un seul nom par exemple, Lola, d'un de ces soldats tués pendant la guerre de Cent ans ? », gueulait Bardamu dans Voyage au bout de la nuit ; la gloire, les paillettes, le sang, ça se confondait furieusement bien dans cette chose étrange qu’on appelait la guerre. Et même les plus terribles des combats passés, on finirait par en oublier les conséquences, n’est-ce pas, au seuil de la nouvelle bataille, la vraie cette fois, hein, celle qui mettra un point sur toutes les histoires inachevées, enfin ! Mais il n’y avait pas de réponse finale, et puis peut-être qu’ils avaient raison, qu’ils n’étaient que des lâches. Ou peut-être qu’eux n’avaient pas oublié qu’un zéro de plus sur le chiffre des pertes humaines ne pouvait pas être rayé, jamais. Pacifisme bancal. Elle reparle des remparts ; pourtant, aujourd’hui, ils sont bien la dernière muraille envers et contre tous les passants irréfléchis qui jettent leurs mégots, n’est-ce pas ? Ou alors se sont-ils arbitrairement attribué ce rôle ? Il ne sait plus, les identités se confondent, les masques et la réalité ne font plus qu’un. Héros du dimanche, héros quand même. Bowie le chantait bien.

Quand elle se prononce sur son envie de l’entendre — réaction naturelle chez à peu près tous ceux à qui un instrumentaliste révélait sa vraie nature —, il hausse des épaules. « J’ai pas grand-chose de fini, mais je t’épargnerai les codes secrets, ça rend pas très bien sinon. » Après tout, son boulot, c’était aussi de faire passer des mois de recherche comparables à ceux qu’avaient passés les Alliés à décrypter la machine allemande pour une simple mélodie trouvée sous le coup de la divine inspiration. Les gens ne voulaient pas des tracas et des partitions, ils voulaient seulement la musique, et ils avaient bien raison. « Tu composes pour quoi ? Quels instruments je veux dire ? Et tu joues aussi ? Je te verrais bien derrière une harpe, je ne sais pas pourquoi. » Prédiction surprenante, et étonnamment juste. Comme quoi l’instinct fonctionnait presque toujours mieux que la réflexion, du moins en ce qui concernait l’impression que vous donnaient les autres. « Désolée, j’ai toujours trouvé la musique passionnante mais cela n’a jamais été mon fort. Mon meilleur ami joue du violon, c’est magnifique. » « Les violonistes, des êtres d’exception, tu as fait un excellent choix, » rétorque-t-il avec amusement. Ceux qu'il connaissait avaient leur caractère spécifique. Il ne s’inclut pas dans le lot, bien sûr, puisqu’il a cette manie de se considérer comme pianiste malgré les vingt ans d’archet qu’il traine derrière lui. « Bien joué, je joue de la harpe, » fait-il, admiratif. Quoique l’instrument faisait partie de ceux qu’il n’avait pas commencés dans la petite enfance, il avait toujours eu une attraction mystérieuse pour ses sonorités et sa noblesse un peu antique. Malheureusement, s’il n’avait pas perdu la main, il pratiquait cependant beaucoup moins et n’avait que rarement composé exclusivement pour de la harpe. « Mais je me concentre plus sur le piano, le violon, la guitare. Surtout le piano. C’est pas aussi difficile que ça en a l’air, tout le monde ne débute pas à quatre ans. » Multi-instrumentaliste, il se comptait pas perdre cette habileté en mettant trop en avant l’instrument aux touches noires et blanches, mais force était d’admettre que le premier instrument qu’il avait jamais touché lui collait à la peau. Gaffe à ce que la pauvre harpe qu’il possédait ne s’empoussière pas trop.

Les mots ‘sciences politiques’ décollent des lèvres de la jeune femme, et Stephen ne les trouve pas moins abstraits et incompréhensibles qu’une équation mathématique de niveau doctorant ; déjà qu’il ne suivait pas l’actualité la plus basique, alors tout ce qui se rapportait au mot politique lui paraissait lointain, comme un écran de fumée derrière lequel on pouvait bien mettre ce qu’on voulait, puisque personne n’irait vérifier. Sciences politiques, ça devait au moins être une passion, n’est-ce pas ? Pourtant elle n’a pas l’air très emballée, parlant de ses études. Peut-être qu’une personnalité comme la sienne rechignait aux heures passées derrière un pupitre sous l’œil d’un être qui n’avait de légitimité que ce même nombre d’heures, décuplé par l’âge ; ou encore qu’elle s’en servait comme d’un parachute avant de se lancer totalement autre part, qui sait ? Les études avaient toujours été un monde étranger pour lui. Quand il était arrivé à Brisbane, quelle n’avait pas été sa stupéfaction en apprenant que dans les grandes villes, le diplôme jouait considérablement sur la possibilité d’entrer dans le monde du travail. Il ne s’en était pas formalisé, puisqu’il ne visait pas la stabilité mais la subsistance, et qu’il y aurait toujours quelque chose à faire auquel les sortants d’école ne s’abaisseraient jamais, armés de connaissances théoriques et d’illusions tenaces sur ce qui les attendait derrière les grilles universitaires. « Je t’avoue que je n’ai même pas idée de ce que ça peut bien vouloir dire. J’ai arrêté l’école à 14 ans et j’ai pas la télé chez moi, donc la politique, c’est assez flou. » Sa mère avait bien essayé de lui fournir un semblant d’instruction à la maison, histoire qu’il ait au moins le minimum légal. Observez le résultat : trente et un ans, frôlant l’illettrisme avec ses foutues difficultés à écrire, et pas plus d’envie que ça de s’ouvrir aux événements qui traversaient le monde en même temps qu’ils parlaient. Sa conscience politique était grandement limitée par l’esprit de bohème qui lui collait à la peau. L’écologie, passe encore, il voulait bien comprendre les sérieux enjeux engendrés par la destruction de l’environnement ; mais les discours, les manigances, les partis, le vote — tout ce que ‘sciences politiques’ évoquait pour lui — ça demeurait comme une belle peinture abstraite un poil trop moderne ; c’est mieux de loin que de près. « Et j’espère que personne ne va débarquer pour te remplacer par un autre Robin, parce que je n’ai pas mille trucs à raconter sur moi non plus, ça deviendrait redondant comme conversation. » Sa vie à lui se résumait en deux mots et un claquement de doigts, pas besoin d’en faire des romans. Jouer le rôle principal de sa propre existence était assez compliqué comme ça, sans les responsabilités de Batman. Ça l’intriguait de reconnaître dans le comportement de Charlie certains des mécanismes dont lui-même se servait afin de détourner l’attention de sa propre personne. Il ramasse distraitement ce qui ressemble à un emballage de tacos entamé pour le jeter dans sa poubelle. « Il doit y avoir beaucoup d’autres trucs cools sur Robin, j’en suis sûr. Une campagne électorale de prévue entre une cuite et un ramassage d’ordures. Une élue connectée à la réalité. A moins que personne ne veuille de cette réalité, mais t’auras mon vote, ne serait-ce que pour le courage de passer des études. » L’apprentissage académique ne lui disait pas grand-chose. Il avait toujours été fortement autodidacte, même lorsqu’il suivait encore des leçons, et il préférait la transmission naturelle des connaissance d’un tiers à un autre plutôt que le cadre artificiel et souvent forcé de l’école. Après, il n’était sûrement pas le mieux placé pour en parler, mais il se demandait ce que Charlie nourrissait comme rêves derrière le quotidien de l’université et des rencontres fortuites. Elle ne pouvait pas être aussi démunie de projets concrets que lui, n’est-ce pas ? Ou alors le futur était dans de beaux draps...

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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptyJeu 25 Juil 2019 - 13:02

Il a toujours les mots justes. Il n’est pas un optimiste, c’est certain, mais Charlie ne s’en formalise pas. Elle peut rêver pour deux, elle le fait depuis toujours, ce ne sera pas exceptionnel ni même innovant. Qu’il tente même de lui faire croire que le monde est en perdition et elle trouvera toujours quelque chose pour contrecarrer ses plans, même si au fond elle sera d’accord avec ses arguments. Paradoxe, paradoxe quand tu nous tiens. « Dommage qu’il n’y ait pas de mur décoré pour les déserteurs. Les honneurs, c’est toujours pour ceux qui ont le ‘courage’ d’aller se faire tuer. » Il y a aussi des murs pour les simples civils, victimes innocentes d’une guerre dont ils sont incapables d’en comprendre les enjeux. Il y a aussi des murs pour ceux qui les aident au péril de leur vie. Il y a des murs pour se protéger, des murs pour éloigner les autres loin de son cocon. Il y a tant de murs par delà les sept mers, faut-il vraiment se formaliser d’un seul ? L’analyser comme la partie pour le tout ? Le monde n’est pas une métonymie. Ce serait bien trop simple si tel était le cas. « Ils pensent faire le bon choix. » Défendre la patrie, défendre femme et enfants, défendre leur honneur. Oh l’honneur quel sujet pointilleux. Certains ne choisissent même pas d’aller sur le front, ils se font réquisitionner et on leur pose un fusil entre les mains “toi tu tueras, fils” et les voilà au premier rang de la guerre, devenus chair à canon. Un nom sur un mur est supposé calmer la veuve éplorée et l’enfant qui grandira sans le souvenir d’un père. Et après c’est Charlie la naïve de l’histoire ?

« J’ai pas grand-chose de fini, mais je t’épargnerai les codes secrets, ça rend pas très bien sinon. » Il lui fait penser à Léo, cet inconnu qui ne croit pas en ses talents. Il est peut être réellement nul dans ce qu’il fait pourtant elle persiste à croire que ce n’est pas le cas, qu’il se voile la face, qu’il saute lui même dans le vide de peur de s’élever et de connaître une chute mortelle. Charlie ne dit rien cependant, elle n’est personne pour le forcer à jouer de la musique - il n’a même pas d’instrument avec lui. Elle ne le recroisera sûrement jamais même si elle espère que cette supposition est erronée. Il lui plaît. Ils parlent de tant de sujets sérieux sans en savoir l’air, à ramasser des canettes dans la rue avec leur t shirt fluorescent. Ils ne sont pas très reluisants, non, mais l’habit ne fait pas le moine comme on dit. Ils sauvent des tortues, ne l’oublions pas. Stephen continue de lui même, lui assurant que les violonistes sont des êtres d’exception et le regard de la blonde se pose à nouveau sur lui avec un sourire. Elle le sait déjà que son meilleur ami est l’être humain le plus incroyable sur cette Terre, mais sa réflexion la fait sourire. Il s’évertue à congratuler un inconnu alors qu’elle même reste une inconnue. Peut être ne s’agit-il que de simple politesse qu’elle n’arrive pas à déceler, elle a envie de croire qu’il y a bien plus derrière ses douces et sages paroles. Il est si posé, si l’inverse d’elle. La preuve de leur différence arrive lorsqu’il lui avoue jouer de la harpe et que les yeux de la jeune femme s’agrandissent comme ceux d’un enfant à qui l’on vient d’avouer qu’ils partent à DisneyWorld. C’est un peu pareil. Pour une fois qu’une de ses suppositions aboutie, elle se doit de fêter ça. « Vraiment ? Ou tu me fais une blague ? Parce que je suis la fille la plus naïve du monde alors je suis susceptible de tout croire. » Elle sourit, elle rigole, mais ces mots lui font terriblement mal. La jeune femme a mis beaucoup de temps avant d’accepter ce trait de caractère, avant de se poser devant le fait accompli et s’avouer à elle même que oui, elle est définitivement trop crédule. Il ne s’agit que de musique, de passion et de hobbie … mais elle ne parle pas toujours de sujets aussi volatiles, notamment à cause de ses études. Ces dernières ne lui pardonnent aucun écart, et Dieu seul sait qu’elle n’en est pas à son coup d’essai de ce côté là. « Tu mets de côté un instrument pour te concentrer sur tous les autres de la Terre si j’ai bien compris alors ? » Cette fois ci elle rigole sans amertume, réellement impressionnée par sa faculté à pouvoir jouer d’autant d’instruments différents. Il doit définitivement être doué malgré ses airs de garçon timide. L’un n’empêche pas l’autre et heureusement.
Villanelle se sent soudainement bien bête à lui parler de ses études alors qu’il commençait à avoir quelques étoiles dans les yeux grâce à la musique. Ou peut être était-ce ses propres étoiles qu’elle transférait dans son regard ? Au delà d’être possible, cela semble plus que probable en effet. Pour une non aguerri, tout ce qui ressemble à un chant mélodieux ou une note de musique est réellement incroyable. Magique, pour ainsi dire. Non, magique. Tout simplement. Les sciences politiques cependant n’ont pas grand chose de magique, il faut bien l’avouer. Elle est passionnée de savoir comment le monde fonctionne, oui, mais elle est loin d’avoir des étoiles dans les yeux alors que ses cours se résument à qui a le plus berné qui. « La politique reste toujours floue même si on passe des années à l’étudier. » Cependant elle note les informations qu’il distille sans les relever. Il a l’air intéressé par beaucoup de choses pour un gamin qui a arrêté l’école (ne tombe pas dans les préjugés, Charlie, c’est souvent le cas). Elle a envie de le questionner sur tant de sujets maintenant qu’elle sait qu’il peut donner un avis sur ceux là déjà. Ses lèvres la démangent. La collecte de déchets paraît bien futile à côté. « Et j’espère que personne ne va débarquer pour te remplacer par un autre Robin, parce que je n’ai pas mille trucs à raconter sur moi non plus, ça deviendrait redondant comme conversation. » « Zut, on va devoir faire la promesse du petit doigt et se jurer de ne jamais se quitter. Je vois bien Batman faire ça et briser le petit doigt de n’importe lequel de ses Robin sans le vouloir en tout cas ... » Mais lui il est un Batman plus doux, plus gentil, il aura pitié de son pauvre petit doigt tout frêle, hein ? En tout cas le nouveau sourire qu’elle lui tend tente d’amener un maximum de pitié en lui, envers elle. Certes ce n’est pas le but premier (elle a juste envie de sourire parce que la situation la rend joyeuse), mais ce pourrait en être une conséquence directe et pas des moindres.
Finalement la discussion l’intéresse bien plus que ramasser des déchets et, au bout de quelques dizaines de minutes seulement, elle vient d’arriver au bout de sa patience. « Comment t’as commencé à jouer de la musique ? Et à jouer d’autant d’instruments, surtout. » Elle ne peut pas subtiliser toute la curiosité de son esprit, surtout pas à propos des douces mélodies qu’elle l’imagine déjà créer. « Désolée, je suis supposée répondre aux questions en premier du coup. » Elle s’assoit sur le perron de l’immeuble devant lequel ils se trouvent et pose ses avants bras sur ses genoux, le regard tourné vers son acolyte de sauvetage de tortues en détresse. « Robin ne souhaite pas se lancer en politique, parce que je ne suis clairement pas un requin. Je pensais me lancer dans le journalisme, éclairer des sujets dont personne n’a envie d’entendre parler. Je suis vraiment quelqu’un d’optimiste, tu vois … enfin peut être que tu vois pas vu qu’on se connaît pas vraiment … Mais bref, je suis un peu utopiste. Et je pense que ça me ferait du bien de faire face à la réalité au moins une fois dans ma vie. Si ça me fait du bien, je pense aussi que ça ferait du bien à d’autres personnes. Peut être que je suis encore trop idéaliste une fois encore, mais c’est en tout cas ce qui me donne le courage de finir mes études et de rendre plein de devoirs très très très ennuyants. » Elle n’a pas pu résister à son envie de terminer ce monologue avec un peu de légèreté, riant en même temps qu’elle parle de ces sujets “très très très ennuyants”, en insistant à chaque fois un peu plus sur l’énumération. « Tu vis de la musique toi du coup ? »
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Message(#)people are nothing but pawns on a chessboard led by an unknown hand | stephen b EmptyMer 31 Juil 2019 - 14:30

« Ils pensent faire le bon choix. » Bien sûr. On pense tous faire le bon choix. Il ne niait pas ça. Et puis la guerre, ça restait abstrait pour eux. Facile d’en parler d’ici. « Vraiment ? Ou tu me fais une blague ? Parce que je suis la fille la plus naïve du monde alors je suis susceptible de tout croire. » La naïveté, il ne l’avait jamais vu comme un défaut, plus comme une manière spontanée d’aborder la vie. Il n’y avait pas besoin d’être profileur pour deviner à l’attitude de Charlie qu’elle faisait partie de ces êtres enthousiastes qui cueillaient l’information comme elle s’en venait. Par chance, elle faisait face à un homme dont la capacité à mentir n’était certainement pas éloignée de celle d’une certaine poupée de bois — franc, trop franc, Stephen. A la limite, il savait dissimuler ; mais mentir de but-en-blanc serait la garantie d’une forte rougeur sur son visage, s’accompagnant de tous les signes de nervosité possibles et imaginables. « Non, je t’assure, tu es vraiment tombée sur le seul harpiste qui passait à Redcliffe par hasard. C'est scripté, tu devrais vérifier les micros dans les gilets, » plaisante-t-il à son tour. « Tu mets de côté un instrument pour te concentrer sur tous les autres de la Terre si j’ai bien compris alors ? » Ouch, touché comme on dit. Il se joint à son rire. Dit comme ça, c’était un peu moins clair que dans sa tête. « C’est vrai que t’avais pas beaucoup de chances de te planter, les trois-quarts des gens auraient sûrement eu ces instruments-là en tête. Mais le coup de la harpe était finement joué, j’admets. » Chapeau bas. « La politique reste toujours floue même si on passe des années à l’étudier. » Quelque part, étudier un sujet en profondeur comme dans le cadre d’une thèse, c’était surtout se rendre compte de l’infinité des niveaux de compréhension, des nuances, des strates de sens et des divergences d’opinion, voire de définition, qui existaient pour un même sujet. Charlie et lui semblaient d’accord sur ce point : la pratique plutôt que la théorie. Il avait beau avoir bouffé du solfège toute sa vie, ça n’était pas ça qui lui donnerait — si elle arrivait — l’occason de créer quelque chose de réellement nouveau. Tout au plus était-ce une assurance, un socle de connaissances pour ne pas tomber dans le vide. « Zut, on va devoir faire la promesse du petit doigt et se jurer de ne jamais se quitter. Je vois bien Batman faire ça et briser le petit doigt de n’importe lequel de ses Robin sans le vouloir en tout cas... » Tiens, sans le vouloir, elle l’avait sacrément bien cerné. C’était tout à fait lui, de casser les choses sans le vouloir alors qu’il était incapable de faire consciemment du mal à une mouche — enfin, c’est ce qu’on dit toujours, jusqu’à ce que le chaos des événements s’en mêle. « On se retrouvera bien un jour, même sans sacrifier ton petit doigt, » répond-t-il paisiblement (même si l’image de ses récentes retrouvailles indésirables avec Freya s’invite à son esprit. Foutu hasard.) « Mais si tu veux vraiment une assurance, on se retrouve ici dans cinq ans jour pour jour, si on a sauvé la planète d’ici-là. » Il se permet de la piquer légèrement sur son soudain découragement, mais c’est enfantin. Abandon, c’est son deuxième prénom.

Il s’arrête lui aussi lorsqu’elle commence à parler un peu plus longtemps, moins parce qu’il abandonne sa vocation nouvellement trouvée de sauveur de tortues que pour prêter une attention entière à ce qu’elle dit. Ses paroles sont teintées d’un mélange d’espoir et de réserve, le carburant d’une jeunesse qui se rend compte que sa place dans le monde se décide peut-être maintenant, à la croisée des chemins entre les illusions et conforts des années antérieures et le commencement des désabusements quant à la réalité — un peu plus crue, un peu plus raide — de l’extérieur. « Tu vis de la musique toi du coup ? » La réponse était évidemment oui, dans tous les sens du terme. La musique était non seulement son occupation à plein temps, mais aussi sa raison de respirer à chaque instant l’air plus ou moins pur de Brisbane. Pourtant, paradoxalement, il avait du mal à la considérer comme un ‘métier’, peut-être parce qu’elle avait toujours été une échappatoire et une expression avant d’être son moyen de subsistance financière. Ces doutes qu’il ne s’expliquait pas étaient d’ailleurs la raison pour laquelle il ne cherchait pas à ‘se vendre’ — ce qui avait des conséquences sur ses opportunités de carrière, sauf qu’il ne faisait pas carrière, que c’était simplement la vie un peu décousue qu’il se voyait mal quitter. « C’est ça, je donne des cours, j’ai des commandes parfois, et sinon je fais des choses destinées à rien. Je suis pas sorti de la bohème depuis que je suis ici. Je suis le gars qui va allait composter son ticket pour jouer dans les pianos des gares alors que je n’allais nulle part. » Cet état d’esprit porté par l’art et l’insouciance des richesses matérielles n’avait pas été qu’une passade des vingt ans chez lui ; la preuve, il en avait dix de plus, et il était difficile de déceler une évolution notable dans sa manière d’envisager sa vie. Pour une étudiante, qui avait, comme elle le disait si bien, des devoirs, il ne savait pas si ce quotidien était tangible. Il s’arrangeait toujours pour ne devoir que le minimum au monde extérieur ; la musique, il donnerait bien ça gratuitement, s’il pouvait le faire sans crever de faim (et il avait bien vu que la ville n'avait aucun scrupule à le faire). Ça le touche et le gêne en même temps qu’elle reporte la conversation sur lui ; mais elle a l’air sincère dans son intérêt, alors il se force à revenir sur ce sujet ô combien inintéressant, lui-même. « J’ai commencé dès que j’ai pu. Mes parents voulaient que je joue à l’église. Et je crois sincèrement que c’était la seule raison pour laquelle ils m’ont fait commencer. J’ai même fait de l’orgue, mais pour des raisons logistiques et spatiales évidentes, je n’ai pas réinvesti dans cet instrument. » Il hausse les épaules, évasif. Il parlait de cette époque avec détachement, comme s’il s’agissait de l’histoire d’un autre qu’on lui aurait narrée par hasard. « Et après ça m’a jamais lâché. J’étais centré uniquement là-dessus. Je ne sais pas s’ils comprenaient quoi que ce soit à l’art, je suppose que ça les arrangeait que ça m’occupe. » Vrai. Omissions, mais vrai. Son histoire avec la musique était inextricablement liée au désir de ses parents de le canaliser dans une activité ‘noble’, qui favoriserait à terme sa concentration et sa foi, en plus de leur donner l’orgueil d’avoir un fils plutôt doué. Ils n’avaient pas prévu qu’ils ne pouvaient contrôler la musique, que s’il s’y enfermait avec cet acharnement de dément, ce n’était pas pour s’élever spirituellement mais pour s’évader de son environnement insupportable. Il est décomplexé, a appris à parler de ça avec assez de distance, évitant les zones qui font mal pour dresser un tableau neutre, presque viable. « La harpe et la guitare, c’est venu plus tard, quand je suis parti. » Instruments d’émancipation, quelque part, même s’il n’était pas parti de son plein gré. Peut-être que s’il avait eu plus de temps, moins de galères, il aurait appris à jouer d’autre chose encore. Mais avec le recul, c’était peut-être mieux de se concentrer sur ce dont il possédait déjà des bases ancrées dans le corps. Autant profiter de l’investissement de ses parents et du sien, et pour la curiosité insatiable, on irait voir les concerts.

« Je ne t’imaginais pas en requin, rassure-toi. Plus en élue responsable, transparente, sur laquelle on fera des films une fois qu’elle aura révolutionné la politique. Mais plus j’y pense, plus je manque d’exemples. » D’une part, son manque de culture à ce niveau, d’autre part le fait qu’il y avait peu de représentants totalement blancs d’un point de vue moral. Logique systémique, engrenage : pourquoi ne pas faire ce que le voisin fait impunément ? Allons bon, ça ne l’intéressait pas, il avait juste dit ça pour la blague. Peut-être qu’il valait effectivement mieux que Charlie ne se perde pas dans ce monde houleux capable de corrompre les meilleurs. Le journalisme lui correspondait beaucoup mieux. Il l’imaginait tout à fait, maintenant qu’elle le disait, éditorialiste engagée sur les routes de la presse, à se démener pour ramener la vérité à sa feuille indépendante en attendant de se faire remarquer pour l’article d’investigation brillant qui la propulserait, qui sait, vers les hautes sphères de l’univers éditorial. Gratter du papier pour des causes qui vous tiennent à cœur, c’était sûrement plus épanouissant que de rendre trente pages sur un sujet imposé, sous l’œil critique d’un professeur dont les sensibilités politiques pouvaient, quoi qu’en en dise, complètement influencer le jugement. Et puis, au lieu de renchérir sur ce métier qu’il trouve très adapté à la jeune femme, il ne prend qu’un détail de son discours. « Ça existe, être trop idéaliste ? » Il dit ça en souriant, lui qui a pourtant l’air de pas trop croire au monde. Pourtant, il est pas spécialement pessimiste, Steph. Il ne se projette pas assez pour se faire un avis. Par contre, l’avis des autres l’intéresse, toujours. Idéaliste, hein ? Les grands idéaux, ça peut finir très mal. Et surtout, comme leur nom l’indique, ce sont des concepts, des théories, inapplicables. Rien ne peut se passer comme prévu sur le papier. C'est une vue de l'esprit, un plan. Et dans tout plan, des failles. « Tant que tu gardes ça, pas comme un objectif réel, mais comme une manière d’unir les gens vers quelque chose de meilleur. » Pour une fois, ça s’apparentait à quelque chose que Stephen respectait dans sa propre vie ; acharné, il cherchait toujours à tendre vers ce qu’il avait à l’oreille, tout en sachant qu’il ne l’aurait probablement jamais exactement, cette foutue nuance qui n’existait que dans son crâne, cette émotion créée de toutes pièces dans son laboratoire mélodique intérieur — et que c’était peut-être mieux ? Les gens avec des idées, ça manquait cruellement. Peut-être que Charlie serait l'exception à la règle, celle qui parviendrait à sortir des carcans académiques et des pressions diverses pour défendre quelque chose d'important. Même si c'était loin de son univers, Stephen n'avait pas tant de mal que ça à l'analyser. Et pour couper court à cette espèce de retenue qui se sent chez Charlie, il se permet d'ajouter : « Moi, ça me donne plutôt envie de te croire. » Il n'était certainement pas le plus difficile à convaincre, mais il serait le premier à l'empêcher de se définir comme 'trop' quelque chose ; il connaissait lui-même trop ce mal.

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