| money moves people, alcohol too | Leo |
| | (#)Dim 7 Juil 2019 - 17:52 | |
| Il y a vraiment tout qui l’énerve aujourd’hui, sans doute est-ce qu’il s’est levé du pied gauche ce matin, ou le pied droit, il ne sait plus. Toujours est-il qu’il n’est pas dans son assiette depuis le matin-même. Sans doute est-ce le coup de fil la veille avec son père qui lui fait certains reproches qui ne l’enchante guère. Il a eu du mal à s’endormir dans son appartement où il met rarement les pieds, tellement ça cogitait dans son esprit. En plus, il était à cours de dosette à café, donc forcément, comment bien commencer la journée. Après une accumulation de pleins de petites choses, ça explique son humeur maussade. Heureusement, il ne travaille pas aujourd’hui, ni auprès de la jeune femme dont il doit prendre soin, ni dans l’association où il est bénévole de temps en temps ; sinon il se serait mis du monde à dos. Ca allait mieux en milieu d’après-midi alors qu’il a pris deux heures de son temps pour aller à la salle de sport. Sport où il paye un abonnement depuis des années mais où il n’a pratiquement pas mis les pieds ces derniers temps. Faute de temps. Là ça lui permet de se calmer. Ca fonctionne même. Il prévoit même d’aller voir un pote dans un bar pour qu’ils parlent, se bourrent la gueule ou tout simplement faire une partie de billard. Décompresser en somme. Ca lui fera du bien. Ca lui changera les idées. Pourtant à peine est-il arrivé au bar que son pote se décommande à la dernière minute. Une urgence soit disant. « Se fout de ma gueule » dit-il en levant les yeux au ciel. Tout le monde le regarde après ces injures, même s’il n’y a rien de choquant dans ses propos. « Vous voulez que je vous aide ? » dit-il sur un ton sec et tranchant. Faut pas le faire chier. C’est pas le moment. Pas la journée. Flemme d’envoyer un message à quelqu’un d’autre, pas envie de donner l’impression à quelqu’un de n’être qu’un second choix. « Besoin de personne ! » dit-il toujours enervé à voix haute alors qu’il se parle exclusivement à lui-même. Il s’aasseoit au comptoir du bar pour commander une bière. Il commence léger, il est encore tôt. Ça a beau ne pas être très fort, ça le canalise et le calme. « Votre meilleur Whisky sec » demande –t-il finalement après avoir fini sa pinte. Il a la thune, autant en profiter pour ne pas prendre le premier prix. Il a l’air de meilleur humeur. Lui va dire que c’est l’alcool, la raison voudrait dire que c’est juste psychologique. Il y a peu de monde proche de lui, la plupart étant venu à plusieurs squatte les tables. Lui n’a pas forcément envie de bouger. Quand un type s’asseoit près de lui, il se contente de lui faire un signe de tête, comme pour le saluer, alors que les degrés d’alcool commencent peu à peu à augmenter entre ses veines. « Un autre verre » dit-il simplement puis en regardant son voisin de droite, après un haussement d’épaule il propose « deux ? C’est de la tuerie celui-là » Il n’est pas totalement dans son état, et ça se voit, il n’est pas aussi sociable d’habitude. |
| | | | (#)Mar 17 Sep 2019 - 0:14 | |
| Journée tranquille passée à réviser des cours plutôt emmerdant à la bibliothèque. Pour une fois, je n'avais pas passé la journée à dessiner sur mes cours plutôt qu'à réviser ces derniers. Habituellement, j'observais un moment d'attention - toute relative - pour mes cours. Mais ma concentration filait vite. J'avais des techniques, pour essayer de rester tranquille sur ma chaise. Tout bougeait : mes doigts, qui pianotaient en rythme - pouce, index, majeur, majeur encore, index, annulaire et auriculaire. repeat. - mes jambes, qui battaient la mesure, et même mes lèvres, que je mordais frénétiquement à mesure qu'avançait ma lecture. Je travaillais mieux debout, en marchant de long en large. Mais à la bibliothèque, c'était un peu compliqué à faire. Dehors, le temps n'était pas idéal. Chez moi, je savais que j'allais être distrait par autre chose en environ trente secondes.
Le temps filait trop lentement à mon goût. Je me retenais de griffonner par dessus les mots qui étaient sortis de la bouche du professeur. Mots à l'encre bleue qui finissaient souvent couverts de crayon de papier. Mon écriture était plutôt pas mal, depuis que j'étais passé par la case rééducation. L'ensemble était plutôt joli et restait malgré tout lisible... mais je n'avançais pas plus dans mes révisions. Aujourd'hui, c'était différent. Aujourd'hui, l'encre restait bleue sur blanc, parfois surlignée d'une pointe de jaune ou de rose.
La journée touchait doucement à sa fin lorsque je fermai mes livres de cours couverts de coups de crayons. Dehors, il s'était mit à pleuvoir, doucement. Une pluie fine mais plutôt froide. Désagréable. Je rejoignis le bar le plus proche alors que le ciel se mettait à gronder. Pas grand monde n'était encore installé. Les habitués avaient toujours leurs sièges à la même place. Moi, je m'installai au comptoir et laissai mon sac glisser au pied de ma chaise. Une bière commandée plus tard, je me retrouvai à observer le lieu baigné d'une drôle de lumière de fin de journée, le cerveau embrumé par des révisions assommantes.
La soirée avança vite, mais ma bière descendit lentement. Mes chats m'attendaient probablement... et mon lit aussi. Il n'en fallut pas plus pour que j'amorce mon départ. Une voix plutôt énervée se fait alors entendre et je relevai mes prunelles, sur le point de bâiller à m'en décrocher la mâchoire. Le jeune homme s'installa non loin de moi. Je me rapprochai en fronçant les sourcils. Après tout, nous n'étions qu'à un tabouret l'un de l'autre. Le type avait l'air de vouloir se la coller. Le pire des airs. L'air du 'j'ai passé une journée merdique et j'ai besoin de l'oublier'. « Un autre verre » Encore. Et puis après viendra le suivant. Et le suivant... et le suivant d'encore après. Je m'apprêtai à filer. La pluie avait l'air de s'être un peu calmée. C'était ma minute de gloire, à n'en point douter. « Deux ? C’est de la tuerie celui-là » Surpris, je haussai légèrement les sourcils. Mon mouvement de départ s'arrêta en marche et je retombai doucement sur le tabouret, les yeux braqués sur mon voisin visiblement grognon. « Allez. » Pas que je raffolai du whisky... mais certaines choses méritaient de ne pas être lâchées dans la nature. Comme une occasion de se faire payer un coup gratis'.
Le barman ne tarda pas à servir les deux verres. Je le remerciai d'un hochement de tête et poussai mon verre jusqu'à celui de mon voisin pour trinquer. « Merci, pour le verre. T'es un connaisseur, alors ? Tu viens souvent ici ? » N'avoir jamais causé avec les gens mais sauter les étapes du 'comment tu t'appelles', c'était ma spécialité. Rien n'était plus emmerdant qu'une conversation dont le début était défini par un 'c'est quoi ton prénom'. Au poignet de mon interlocuteur brillait une jolie montre comme je n'en avais plus vu depuis un petit moment. Je portai le verre à mes lèvres en même temps que je détachai mon regard du cadrant rutilant de l'objet. La boisson était forte. Je lui préférais définitivement le rhum. Puisque je n'avais pas mangé depuis un petit moment, l'alcool de la bière commençait déjà à faire ressentir ses petits effets. Le but de la soirée n'était évidemment pas de finir caisse. « C'est une jolie montre. Laisses moi deviner : tu bosses dans un truc qui paye bien. T'es... avocat. Médecin ? » Bien sûr qu'il était trop jeune pour faire l'un ou l'autre. Visiblement trop jeune. Mais sous entendre directement qu'il était probablement héritier pouvait être mal pris. Je savais exactement le sentiment que pouvait procurer cette seule supposition. |
| | | | (#)Jeu 21 Nov 2019 - 13:37 | |
| C’est pas vraiment dans les habitudes de Wally de payer des verres aux autres, encore moins aux mecs mais au moins ce n’est pas avec une arrière-pensée au fond. Mais bon, il ne réfléchit pas, et au fond il n’a pas forcément envie d’être le mec seul au bar qui picole dans son coin. Faute d’avoir son pote, il se la joue social aujourd’hui. Il n’a pourtant besoin de personne pour boire. Il ne semble même pas avoir forcément envie de parler. Sans doute est-ce que le fait qu’il ait de la thune pour une durée indéterminée le pousse à vouloir en profiter. Car il ne sait pas si son père va lui laisser accès à ses comptes encore longtemps. Ni tout court d’ailleurs. Alors, il est d’humeur généreuse, il faut en profiter car ça ne va pas rester longtemps le cas, à moins qu’il finisse par carrément acheter une bouteille pour partager. Ça sera sans doute moins cher qu’un verre à l’unité, qu’il demande à remplir encore et encore. L’inconnu accepte, donc il ne va pas boire ce whisky seul. « Tout ce que je connais du whisky d’habitude, c’est le mélange avec le coca » il en buvait un paquet durant les soirées étudiantes, les seules soirées qu’il s’accordaient entre deux révisions. Tout ce qu’on dit des soirées de médecine, autant vous dire que ce n’est pas que du vent. Ses lendemains de cuites où il essayait de faire bonne figure en révisant avec un gros mal de crane peuvent en témoigner. Mais tout ça c’est derrière lui. « Non je ne viens pas trop dans le coin, et toi un habitué ? » Il ne connait même pas son prénom, il ne pense même pas à lui demander alors que jusqu’à maintenant la seule chose sur laquelle ils avaient échangé était le verre qu’il vient de lui payer. Wally a fait le mec qui s’y connait en venant le mérite de la boisson mais pas du tout, encore moins pure alors il fait une légère grimace car même si ce n’est pas son premier verre, ça reste fort quand même. « Pas mauvais hein ? » Pourtant, vu le prix, il ferait mieux de prendre un alcool qu’il préfère.
Il devrait se méfier qu’un inconnu lui parle directement du seul objet de valeur qu’il porte mais Wally c’est pas du genre à se méfier. Surtout pas dans l’état dans lequel il se trouve. Alors il hausse les épaules. « Je te retourne ta phrase, connaisseur ? » Car bien que tape à l’œil, sa valeur n’est pas écrit forcement dessus. Montre chère oui, mais pas aussi reconnue du grand public comme pourrait l’être une Rolex. Il faut s’y intéresser, ou avoir l’occasion de regarder les montres à ce prix-là. « Putain non, si seulement ! » Son rêve déchu, la raison de sa présence ici : il n’est et ne sera jamais médecin. A croire qu’il ne pouvait pas espérer plus que d’être interne, et ça aussi maintenant ça lui passe sous le nez. De toute façon il aurait dû attendre un moment, même en tant que chirurgien pour se l’offrir. Alors que là son père n’a même pas senti le prix passer en lui offrant. Wally ne se rend pas bien compte de la chance qu’il a d’avoir d’aussi beaux cadeaux, ou du bien, avait, car tout ça, il risque de tout perdre. Mais ce n’est pas ce qui l’embete le plus. C’est tout le reste. « C’est mon paternel qui me l’a offert, enfin s’il vient pas pour la récupérer ! » L’alcool commence sérieusement à jouer sur ses mots, à jouer sur des reproches qu’il peut faire à son père alors que ce dernier l’a aidé. Mais bon, c’est toujours plus facile de s’en prendre aux autres qu’à soi-même. « Je t’en offre un autre mon ami ? C’est ma tournée. » Ils sont si amis qu’il ne connait même pas son nom mais il s’en rend même pas compte. « Dis moi, toi aussi t’as des trucs que t’as envie d’oublier avec ce fichu alcool ? » demande-t-il en se tournant vers lui, comme si c’était un moment de confidence alors que de toute manière, il n’a même pas baissé le ton pour dire ça, si bien qu’ils ne sont pas les seuls à entendre ce qu’ils peuvent se dire.
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| | | | (#)Mer 4 Déc 2019 - 0:21 | |
| « Tout ce que je connais du whisky d’habitude, c’est le mélange avec le coca » Ah. Je fronce les sourcils. Je déteste ces mélanges trop sucrés. Ils sont plus traîtres que les entêtants mojitos de l'été. Avec de telles boissons, on se retrouve au tapis en moins de temps qu'il n'en faut pour dire 'ouf'. « Ah, ouais, je vois. Je ne fais pas trop ce genre de mélange. » Jamais. « Non je ne viens pas trop dans le coin, et toi un habitué ? » J'ai un petit rire. Habitué de ce bar-ci, pas vraiment. Habitué de la nuit, oui, probablement. « M'non. Pas vraiment. » « Pas mauvais hein ? » Je trempe mes lèvres dans le verre et me pourlèche les lèvres, l'air très sérieux. C'est vrai que la boisson n'est pas mauvaise, même si je préfère largement le rhum.
« Je te retourne ta phrase, connaisseur ? » De ma cage thoracique s'échappe un nouveau rire, plus amer que le précédent. En ce qui concerne les montres, je suis un connaisseur malgré moi. « Mon père ne portrait que ce genre de trucs. » Portait. Je parle de lui comme s'il était mort. Pour moi, c'est un peu le cas. Il n'avait qu'à se débrouiller pour laisser une trace plus agréable dans ma mémoire. Tant pis pour lui. Mon interlocuteur semble être un peu trop déçu de ne pas pratiquer l'un ou l'autre des métiers que je viens de lui attribuer. « C’est mon paternel qui me l’a offert, enfin s’il vient pas pour la récupérer ! » « Ah ouais, t'es un fils à papa toi ? » Pourquoi ne suis-je pas étonné ? Avec une montre pareille et si jeune, il ne peut être qu'un fils à papa. C'est de ce carcan que j'ai essayé de m'évader. Il est toujours un peu cocasse de me retrouver face à ce que j'ai toujours essayé de fuir. « Je t’en offre un autre mon ami ? C’est ma tournée. » « Je vais me contenter de celui-là pour l'instant. M'en veux pas, mais je veux marcher droit pour rentrer chez moi. » Et cela ne sera visiblement pas le cas pour mon interlocuteur.
« Dis moi, toi aussi t’as des trucs que t’as envie d’oublier avec ce fichu alcool ? » « Parce que toi, oui ? T'es pas un peu jeune pour avoir déjà des trucs à oublier ? » que je réponds du tac-au-tac, accoudé au comptoir. Il est toujours plus facile de se confier aux inconnus : on n'a pas la pression d'un jour potentiellement les croiser à nouveau, aucun risque de se retrouver dans des situations gênantes. A mon tour de prendre le ton de la confidence. De toute manière, je ne connais même pas le prénom du jeune homme qui a l'air d'avoir un coup dans le nez de plus que moi. « Mes études me gonflent pas mal. Mais je ne peux pas me résoudre à les laisser tomber. Pourtant, c'est pas un truc que j'aimerais oublier ou... perdre de vue. Je crois que c'est hyper important, de savoir quel chemin prendre. » C'est toujours ce que j'ai voulu, non ? |
| | | | (#)Sam 15 Fév 2020 - 14:31 | |
| Il est habitué aux mélanges, il est habitué aux boissons sucrés mais non, les choses doivent changer, et ça serait un sacrilège de mélanger un alcool aussi cher à un dosa bas de gamme. « Soirée étudiante oblige » dit-il en haussant les épaules ; dans ce genre de fête on ne regarde pas vraiment ce qu’on boit, on veut juste se retourner l’esprit le temps d’une soirée. Surtout lorsqu’on est en médecine. Parce que la pression des études est trop forte. Parce qu’étudier les maladies et toutes sortes de choses, ce n’est pas facile tous les jours pour le mental. Il acquiesce de sa réponse, pas un habitué non plus. Ils sont donc deux inconnus, ici, par le plus grand des hasards. C’est fou comment les choses peuvent être faites dans la vie. Deux âmes seule, qui se rencontre, le temps d’une soirée, autour d’un verre. Rien de plus. Wally n’est pas du genre solitaire, ça ne le dérange pas, ça lui donne une excuse pour avoir un peu de compagnie, même s’ils ne semblent pas être de grands bavards aux premiers abords. Il baisse le regard quand l’inconnu face à lui parle de son père au passé. A moins que son père ait perdu toute sa fortune, il n’y a pas de raison que son paternel cesse de porter de montre. C’est beaucoup moins joyeux que ça d’après Wally. Mais Wally ne rentre pas dans les détails, ce n’est pas son rôle et il trouve surtout que ça serait déplacé de sa part. « Désolé pour toi ! » Ne peut-il pas s’empêcher de dire. Il a appris à être altruiste sur ce genre de chose, à être désolé pour la perte des autres tout en gardant une certaine distance. Wally ne peut s’empêcher de rire, rire jaune. Il s’en serait presque vanté auparavant, maintenant il a l’impression que c’est plus un tar qu’autre chose. Surtout maintenant qu’il risque de perdre beaucoup. « T’en n’es pas un toi ? ou étais… » il se rend contre qu’il ferait mieux de parler de lui au passé. Car l’inconnu devait l’être lui aussi, si son père mettait le même genre de montre, s’il s’y connait assez pour en parler. Il oublie sans doute un peu trop vite que tous les enfants de parents riches n’en profitent peut-être pas comme lui durant sa jeunesse. Il en profitait tellement qu’il montrait une fausse image de lui, mais il s’en fichait… L’alcool l’alcool… Wally a beau savoir ce qu’il peut faire comme ravage, il ne peut s’empêcher de vouloir en consommer ce soir. Car ce n’est qu’une soirée, car ce n’est pas cela qui va le faire sombrer. A moins que les soirs comme ça se multiplient. « J’comprends, si tu veux t’en enfiler un autre plus tard, mon offre tient toujours ! » Profiter de l’argent tant qu’il en a encore. Lui, s’il ne tient pas debout après plusieurs verres et bien, ça ne lui fait pas peur. Il n’a pas envie d’être raisonnable. « Les tuiles nous arrivent toujours, quel que soit notre âge non ? » Il y a pourtant pire dans la vie, la maladie, la perte d’un être cher ou bien d’autres choses, mais son rêve s’est évanouis avec sa perceptive d’avenir dans un milieu qu’il aimait. Alors pour le moment, il n’en tire que le négatif. « J’te comprend. Mais si ça te gonfle, autant profiter d’être jeune pour changer de voie non ? Avant d’être forcé de le faire de toi-même ! » Il rapporte un peu trop les choses à lui, un peu trop égocentré pour le coup. « Pourquoi tu fais quoi pour que ça te gonfle autant ? » Il dit sans prendre de pincette, car il n’a pas besoin d’en prendre, et puis il y a des chances pour que ce soit l’unique soir où ils se causent alors, pas de honte à avoir.
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| | | | (#)Lun 30 Mar 2020 - 17:03 | |
| « T’en n’es pas un toi ? ou étais… » J'ai un petit rire, soupiré par le nez. Mon verre se soulève à nouveau du comptoir du bar. Quoi, il a besoin d'une thérapie entre gens privilégiés, le fils à papa ? « Mon père faisait genre de ne pas trop me gâter. Ma mère, par contre, elle ne faisait même pas semblant. » Mais toujours avec l'argent de papa, pas avec son argent à elle... car elle n'en a jamais gagné, pas de sa sueur à elle. C'est une femme taillée pour la maison, ma mère, le parfait cliché de la ménagère guindée qui cuisine des heures tous les jours en attendant fidèlement son époux qui met les pieds sous la table pour lire le journal en sirotant son whisky. Ils me désolent, ces deux là. Je suis certain qu'ils n'ont pas changé d'un poil, même pas après toutes ces années. Ma mère va toujours à la Messe le dimanche, avec mon père... et ils doivent être tous les deux aussi chiants l'un que l'autre. Non, rien n'a probablement changé. « J’comprends, si tu veux t’en enfiler un autre plus tard, mon offre tient toujours ! » Je secoue doucement la tête. Il s'agira d'y aller mollo. Je n'ai pas besoin de me coller une autre gueule de bois, j'aimerais changer ces drôles d'habitudes étudiantes. Les négatives, en tout cas.
Je le trouve un peu jeune, pour avoir envie d'oublier quoi que ce soit avec de l'alcool. Un peu vraiment trop jeune, même. « Les tuiles nous arrivent toujours, quel que soit notre âge non ? » « Vrai. » Là dessus, je ne peux qu'opiner du chef, le poing écrasé contre la joue. « C'est à ce point là ? » Je fais genre de trouver cela surprenant, mais j'ai moi-même tenté d'oublier quelques trucs dans les soirées étudiantes - et de façon vraiment très régulière, voire quotidiennes - lorsque l'habitais encore aux Pays-Bas. « J’te comprend. Mais si ça te gonfle, autant profiter d’être jeune pour changer de voie non ? Avant d’être forcé de le faire de toi-même ! » Je crois que je sens où il veut en venir. Quelque chose me dit que c'est ce qu'il a vécu, ou est en train de vivre. Un moment pas simple, pour sûr, surtout lorsque c'est forcé. « Ouais. Mais c'est compliqué, je suis engagé dedans depuis un moment, maintenant. » De trop nombreuses années pour tout balayer d'un revers de la main, sur une décision prise à la va-vite.
« Pourquoi tu fais quoi pour que ça te gonfle autant ? » « Des études de psychopathologie. » C'est passionnant, vraiment, mais c'est fastidieux. Et j'ai du mal à trouver des stages auprès des professionnels dans les structures, ou dans les hôpitaux. « C'est pas que je n'aime pas, c'est juste que... J'aime vraiment la musique, tu vois. Mais je ne sais pas si j'aurais le cran de tout plaquer pour ça. C'est difficile, de gagner son pain. Et puis, je ne suis pas du coin. Alors c'est d'autant plus compliqué, comme décision, à prendre. » Vraiment compliqué. « Et toi, c'est quoi, ta voie ? » Peut-être qu'on est juste deux âmes sur des voies qui ne nous conviennent pas tout à fait. Et ça sera fair, on pourra s'en plaindre ensemble. |
| | | | (#)Sam 20 Juin 2020 - 22:25 | |
| Il n’a pas de mal à parler aux gens Wally, au grand drame de ses parents qui auraient espéré qu’il se tienne plus souvent à carreau durant les soirées mondaines. Ces derniers temps c’est surtout au travail qu’il tapait la discute aimant échanger avec tout le monde mais même ici, dans un bar, il tape la discute à un mec qu’il vient à peine de rencontrer, discussion lancée pour une petite chose mais Wally entreprend de faire la discussion, comme si malgré les apparences et son comportement, il fuit la solitude. On a beau réclamer le besoin d’être seul, quand on a l’habitude de ne pas l’être, on a vraiment du mal, c’est plus fort que nous. « Ca fait pas de mal de temps en temps d’oublier tout ça le temps d’une soirée non ? » Pourtant il le sait, il n’a pas l’alcool qui le fait oublier, il a l’alcool qui le fait ruminer encore et encore. C’est donc pas une bonne idée mais il est sur sa lancée. Tant qu’il n’a pas l’alcool mauvais et qu’il ne commence pas à passer des coups de fils qu’il regretterait le lendemain matin, ça va. Bien qu’il soit là à ruminer ses problèmes, à penser au prochain verre qu’il va prendre, il écoute les confessions du jeune homme rencontré peu de temps avant. Apparemment ce n’est pas facile pour tout le monde. Ca devrait le reconforter Wally, mais non. « Tu ne peux pas combiner les deux, j’sais plus c’est quoi là, la musicothérapie non ? » Bon pour la musique c’est pas se lancer dans une carrière, mais au moins il pourrait y trouver un semblant de réconfort. Wally avait eu des patients qui lui avaient parlé de leur thérapeute qui les soignait avec la musique donc pourquoi pas. Enfin Wally n’est pas franchement bien placé pour donner des conseils en tant que carrière, la sienne étant foutu. « Chirurgien… enfin je devais le devenir ! » Même pas eu le temps de finir l’internat qu’il a été exclus pour faute grave. Il allait entrer dans les détails de comment il a tout foutu en l’air, du moins quelques explications même si le jeune homme ne doit pas en avoir quelque chose à faire de ses jérémiades. Recevant un texto d’un de ses potes qui lui propose de le rejoindre, il se redressa puis proposa « j’vais y aller, y a une soirée pas loin mais passe si tu veux ! » Il comprit très vite que cette proposition n’allait pas être accepté mais il lui passa l’adresse au cas où. « Aller, à plus gars ! » A plus, comme s’ils se connaissaient, comme s’ils allaient se voir prochainement alors que c’est une rencontre hasardeuse dans un bar, comme on en voit partout.
(fin) |
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