| long time no see (terrence) |
| | (#)Mer 10 Juil 2019 - 8:53 | |
| Mercredi matin, jour des enfants, troisième jour, milieu de semaine parfait, du moins en apparences. Malgré la fatigue accumulée au cours de ces derniers jours plutôt éprouvants à la prison, Romy s’était tout de même décidée à lâcher prise aujourd’hui. Main sur le téléphone, elle avait appelé Freya puis Terrence à qui elle n’avait pas parlé depuis des semaines pour prendre des nouvelles, puis de fil en aiguille ils s’étaient décidés à aller boire un café. Malgré de vagues protestations de Doherty, cette dernière avait consenti à les rejoindre, peut-être un peu plus tard. Mouais, cela n’était pas très grave, il y avait pire qu’un tête à tête avec Terrence pour passer le temps, car depuis qu’ils avaient quitté le lycée tous avaient emprunté des chemins différents, et quelque part Romy se satisfaisait de recevoir quelques nouvelles ci et là. « Mais t’es en retard et t’as le culot de me faire flipper ! » Moony Bay, un bar de plage, sur la terrasse pas encore flattée par le soleil de fin d’après-midi, Romy patientait, attendait de voir débouler son ami, ce qui fut le cas après quelques secondes, mais pas de la façon dont elle espérait. Main sur son épaule, la tirant de ses pensées, Terrence était arrivé sans faire de bruit, la discrétion d’un coléoptère en prime. « Mais t’es sérieux, personne ne bouge, j’ai perdu ma cervelle !? Mais t’as failli me causer un arrêt cardiaque ! » Maugréait elle en lui assénant un coup de coude avant de l’inviter à s’asseoir en face, lui glissant la carte au passage. « Maintenant que t’es la Einstein prends place ! » Maintenant qu’il lui avait filé la frousse pour une semaine entière aurait été plus correct. Miss Ashby avait beau travailler dans une prison aux côtés de détenues ayant commis des dizaines de méfaits, elle n’en restait pas moins cette gamine effarouchée qui sursautait à tout va lorsqu’on lui faisait peur comme c’était le cas aujourd’hui. - Spoiler:
|
| | | | (#)Mer 10 Juil 2019 - 10:07 | |
| Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas eu de nouvelle de Romy. Ni de Freya et de Charlie d'ailleurs, restés tous les quatre bien trop longtemps éloignés pour savoir ce que les uns et les autres pouvaient devenir. C'était pourtant facile à imaginer; la vie les avait séparés, leur avait fait prendre des chemins différents et désormais ils étaient tous adultes, mais Terry ne savait pas en quel genre d'adultes ils avaient évolués. Lui, il avait changé. Beaucoup changé. Lui qu'elles avaient toutes les trois connu comme l'adolescent téméraire, présomptueux, sémillant et primesautier, lui qui se foutait de tout, impavide et libre, malheureux pourtant au plus profonde de ses tripes, lui qui était sorti avec Freya, avait rit avec Romy et avait tout partagé avec Charlie, s'était retrouvé seul pratiquement du jour au lendemain. Overdose. A 19 ans. C'était le mot qui avait fait fait éclater leur groupe. Overdose. Overdose parce qu'il était comme ça avant, Terrence, à jongler avec le danger, à éclater de rire alors qu'il avait un pieds dans le vide, à marcher en équilibre sur sa vie comme on lancerait une pièce en l'air en criant "pile je saute, face je reste". Elles riraient bien désormais de le voir si fragile, de constater qu'il avait raison quand il leur répétait sans cesse qu'un seul grain de riz pouvait faire pencher la balance, qu'un seul homme pouvait faire la différence entre victoire et défaite. Et il avait perdu, Terrence. Il avait tout perdu. Elles avaient été son socle, son repère. Charlie et ses drôles de dames, toutes différentes mais pourtant si indispensables. Il avait grandi, vieilli, avec un vide au creux de lui qu'il n'avait jamais réussi à refermer et il aurait pu en écrire un pamphlet et se libérer un peu la conscience que ça n'aurait rien changé. Désormais il était loin, le gamin impavide, le gosse pétulant. Ne restait que Terry. Et lorsqu'il avait reçu un sms de Romy il avait bondit, toutes voiles dehors, sans réfléchir.
Il arrive en retard, le souffle court. Elle le reçoit comme si rien n'avait changé, avec des mots simples comme si leur amitié adamantine n'avait jamais failli, réminiscence d'un temps révolu, comme s'ils étaient toujours les gosses d'autrefois. Il l'écoute et s'execute, la regarde les yeux grands ouverts, la bouche tirée dans un sourire sincère et lui lance Romy.. t'as pas changé d'un iota ! le rire aux bord des lèvres, avant de s'allumer une clope, parce que c'est ce qu'il faisait toujours quand il était stressé et qu'à l'instant, il avait le coeur en vrac. Un serveur arrive, il sursaute, Terry et passe finalement commande avant de se tourner vers elle, en avant, les coudes sur la table, l'envie féroce de lui prendre les mains pour vérifier qu'elle est bien là, qu'elle n'est pas un mirage. Romy.. je suis si heureux de te voir. Raconte-moi ce que tu deviens. Parce qu'il n'a pas envie de commencer. Parce que sa vie est un merdier. Et parce qu'il ne peut pas calmer la houle qui monte en lui il souffle. en laissant son dos retomber contre le fond de sa chaise tu as des nouvelles de Charlie? De .. Freya? Et du fond du coeur il espère qu'elles vont bien.
@Romy Ashby |
| | | | (#)Mer 10 Juil 2019 - 11:04 | |
| Romy n’avait jamais été quelqu’un de pessimiste, de négatif. Depuis toujours la petite blonde était une sorte de puit sans fond de positivité, usant de sourires et de douceur à outrance. Elle voyait toujours le verre à moitié plein, et si pour certains sa façon d’être était une sorte de guimauve géante, elle s’en accommodait, se foutait de l’avis des autres. La jeune femme pardonnait, composait avec les humeurs de tout un chacun, mais si elle était de celles qui passaient rapidement l’éponge, elle ne subissait en revanche jamais une situation qui la gênait. C’était sans doute pour cette raison que ses amitiés d’adolescente n’étaient plus aussi fortes aujourd’hui qu’autrefois, et que la sollicitude dont Terrence faisait preuve la touchait. Ils ne se parlaient plus beaucoup, et clairement moins souvent. Quelques échanges sur les réseaux sociaux, de vagues sms par ci par là, mais une chose est sûre, le temps du lycée était bel et bien révolu. « Tu as des nouvelles de Charlie? De .. Freya? » Sitôt installé, le serveur lui ayant filé un frisson qui fit sourire la jeune femme, Romy répondait simplement : « Elles vont bien. » et elle passait sous silence sa récente soirée avec la petite Doherty, se disant que le comportement adopté par Freya dans sa phase descendante aurait pu l’inquiéter plutôt que le rassurer. Tout était sous contrôle. Sa vie aussi, comme elle le confirmait à la suite de son : « Romy.. je suis si heureux de te voir. Raconte-moi ce que tu deviens » lancé après qu’il n’ait posé ses coudes sur la table et allumé une cigarette dont l’odeur de la fumée la dérangeait ; mais elle ne dirait rien, profitant simplement de la présence de son ami d’enfance. C’était si rare. « Je suis contente de te voir aussi malgré la frayeur que tu m’as faite. » soufflait elle en appelant un serveur d’un mouvement du bras. « Je vais bien. Je suis titularisée à la prison ou bosse mon père. Ça fait deux ans maintenant. » Une éternité. « Et toi ? » qu’elle se risquait, se rappelant qu’il lui avait dit « Romy.. t'as pas changé d'un iota ! » en arrivant, alors que lui … enfin tout avait changé.
|
| | | | (#)Mer 10 Juil 2019 - 12:14 | |
| Elle lui demande "et toi" tandis que leurs commandes sont déposées sur la table et il flanche, la main qui glisse dans ses boucles pour les ramener en arrière dans un soupire élégiaque, paupières closes. Il ne sait pas comment il va en vérité, Terry, perdu entre hier et demain, perdu entre ce qu'il était, ce qu'il aimerait être et ce qu'il ne sera probablement jamais, perdu entre les drogues et les alcools qu'il s'enfilait à tour de bras et qui avaient commencé à gangréner son âme, s'appliquant à la rogner du bout des dents depuis un trop grand nombre d'années. Il n'a pas envie de lui dire qu'il va bien parce que ce serait mentir mais il se refuse à lui avouer qu'il va mal parce que c'est peut être encore prématuré de se confier aussi brutalement alors il hausse simplement les épaules, écrase sa cigarette en tapotant distraitement le mégot dans le cendrier et répond J’ai dormi pendant près de 70 ans. Je pense avoir fait le plein. Il esquisse un sourire en citant ce film qu'il adore parce que c'est une manière détournée de ne pas répondre concrètement, de ne pas se dévoiler. Incapable de faire preuve de prolixité lui qu'elle avait connu grand bavard, il n'ose pas la regarder, Terrence, effrayé par ce qu'il pourrait bien trouver au fond de ses pupilles céruléennes. "Fait le plein". Mais fait le plein de quoi? De rien, en réalité, parce que c'était le contraire qui s'était produit. Il s'était vidé de toute substance, Terry, il s'était vidé de vie, surtout. Alors oui, il ne lui répond rien de bien concret, juste quelques mots et c'est tout. Quelques mots évasifs, un peu nébuleux, mais il ne peut pas se confier parce qu'il avait peut être l'envie au fond des tripes qu'elle le voit autrement que ce qu'il avait pu être, qu'elle se dise "tiens, il est devenu quelqu'un de bien". Malheureusement, il n'est pas dupe, il sait, Terry, qu'elle doit se dire qu'il va mal, que chaque trait de son visage porte les stigmates d'années de galères et de souffrances. Elle doit penser qu'il est devenu plus maigre peut être, plus creusé, plus fatigué. Elle doit les voir, les cernes autour de ses yeux, preuve accablante de ces nuits sans sommeil, de l'héro plein les veine et de la poudre sur le nez. Mais il ne fait pas attention à ça, fait semblant de ne pas s'inquiéter de l'image qu'il renvoie.
Elle lui dit qu'elle est titularisée depuis deux ans et qu'elle est contente de le voir. Il esquisse un sourire, incapable d'y croire et pourtant il doit bien se rendre à l'évidence, Terry, parce qu'elle est là, elle lui a envoyé ce message, elle voulait réellement le voir. Tout en regardant la carte des boissons, il tire sur sa cigarette, les yeux rivés sur son amie et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle, elle n'a pas changé. Toujours aussi jolie avec son teint frais, ses grands yeux bleus azur, son petit nez délicat et son sourire franc, il l'observe, pense que leur amitié avait été réduite en cendre comme un dégât collatéral et à ce constat, fronce le nez et les sourcils, le coeur au bord des larmes. Parce que c'était dommage, tellement dommage d'avoir perdu tant de temps et d'années si loins l'un de l'autre alors qu'ils auraient pu lutter pour ne pas que la vie les séparer aussi vertement. Mais il ne dit rien, ne lui en veut pas ne pas avoir tenté parce que lui non plus finalement n'avait rien fait. Elle lui dit alors que les filles vont bien et il est soulagé, comme si on lui retirait des kilos de valises pleines de briques de ses épaules, valises qu'il se trainait depuis huit ans. Il lâche alors un soupir, la fixe, le regard un peu sépulcral fané par la mélancolique et murmure Je suis content pour toi, Romy. Et je suis content de savoir qu'elles vont bien. C'est tout ce qui m'importe. Et c'était la stricte vérité.
@Romy Ashby |
| | | | (#)Mer 10 Juil 2019 - 13:43 | |
| Terrence semble être nerveux, fatigué, et quelque part la petite blonde ne pouvait s’empêcher de se sentir le cœur lourd face à cet ami avec lequel elle était si proche lorsqu’ils étaient au lycée. Malgré tout, qu’il lui réponde : « J’ai dormi pendant près de 70 ans. Je pense avoir fait le plein. » lui fit lever les yeux au ciel. « Donc parmi toutes les choses que t’aurais pu me dire tu me balances une phrase du dernier Marvel ? Sérieusement ? » elle haussait le sourcil, commandant quelque chose au serveur qui s’était avancé vers eux après qu’elle ne lui ait fait signe. Un coca pour elle, ce que Terrence souhaitait pour lui, et les voilà repartis dans une conversation décousue qui semblait rendre le brun à fleur de peau. Elle se doutait bien que cette rencontre ne serait pas si évidente à gérer émotionnellement parlant mais après tout ils revenaient de loin ensemble, non ? Si elle lui avait envoyé un message ce n’était pas pour lui faire la morale, pour juger de cette vie qui était désormais la sienne et dont elle ignorait tout puisque le brun éludait sa question, murmurant : « Je suis content pour toi, Romy. Et je suis content de savoir qu'elles vont bien. C'est tout ce qui m'importe. » auquel elle hochait la tête avec politesse. Le serveur ramenait leurs boisson, et sans demander quoique ce soit elle réglait les consommations pour voir l’employé disparaître, ne pas laisser son ami s’enfoncer davantage dans sa chaise ; il était à pas grand-chose de disparaître ainsi, les épaules recroquevillées, le dos arqué. « Détends-toi … » soufflait elle alors, s’avançant pour déposer ses coudes contre la table et mordiller sa paille du bout des dents. La petite blonde laissait quelques secondes filer, sirotant son coca pour rendre sa gorge moins sèche, pour trouver quoi dire en attendant que Freya ne les rejoigne. « Tout va bien tu sais, ça fait un moment maintenant. » et elle n’argumente pas plus, se disant qu’ils savaient tous les deux ce qu’il se cachait derrière la mention du mot « moment » ; des années sombres, tristes, compliquées.
|
| | | | (#)Mer 10 Juil 2019 - 15:31 | |
| Il ignore si c'est parce qu'elle souhaite être gentille avec lui ou si elle a réellement tout effacé, mais il a envie de s'accrocher à cette idée, Terry, envie de s'y agripper avec force pour ne pas sombrer dans les dédales sombres de ses souvenirs et laisser la culpabilité lui bouffer les chairs comme elle avait su le faire méticuleusement pendant huit ans. Il l'observe et il se dit que finalement ils ne sont peut être encore que deux gosses en quête de rédemption, deux adolescents qui avaient vécu les hauts comme les bas et qui après la traversée du désert s'étaient inéluctablement retrouvés. Parce qu'une amitié comme la leur n'avait pas le droit de disparaitre dans les affres du temps. Elle note la référence cinématographique et il ne peut s'empêcher ses yeux de se plisser tendrement, amusé. C'est le premier truc qui m'est venu en tête Romy, je savais pas quoi dire d'autre, pardon. Je ne voulais pas te dire que ça va parce que c'est pas vrai, mais je ne voulais non plus te dire que ça ne va pas, parce que c'est pas vrai non plus. Il baisse la tête, moue gênée. La balance penche vers la seconde option cependant, parce qu'il y avait plus de larmes que de joies dans son quotidien mais il souhaitait simplement l'épargner et lui laisser croire qu'il était un peu comme tout le monde, le cul entre les deux. Il la regarde et pour la première fois il esquisse un sourire, les yeux tristes cependant de ne pas avoir pu être là toutes ces années, de ne plus rien savoir d'elle, d'elles, et de n'être plus vraiment quelque chose dans leurs vies à toutes les trois. Elle lui donne matière à espérer pourtant, Romy, elle lui dit de se détendre, lui assure que tout est derrière, dans une petite boîte sur laquelle on pourrait lire "passé révolu", mais il est comme ça, Terry, rongé par l'angoisse. Alors il sourit mais il ne peut pas s'empêcher d'ajouter Huit ans, oui. Ca en fait des années pour ruminer, pour avoir peur, aussi. . Peur que Freya n'ait pas supporté l'abandon même s'il l'avait fait pour elle, peur que Charlie soit parti sur des chemins trop escarpés pour elle, peur que Romy n'ait pas su trouver les clés pour leurs ouvrir à toutes les deux les portes de la quiétude et de l'ataraxie. Le serveur lui a apporté sa grenadine et il la boit, le coeur en équilibre, les yeux rivés sur Romy. Ils ne se disent rien mais il sait qu'il lui fait parler et réalise que s'il ne le fait pas tout de suite, il n'aura peut être plus jamais l'occasion de le faire alors il se redresse et se passe une main sur le visage, le souffle grave, les yeux qui se perdent au dehors. Tu le sais toi, hein, que je suis parti pour vous éviter de tomber dans le même puit que moi, tu le sais? . Il marque un temps, puis farfouille dans son pantalon et en ressort une photo toute froissée, leurs quatre visage dessus, les rires scotchés sur les bouilles de gosses. Tu te souviens de cette soirée-là ? On était totalement torchés. C'était le tout dernier soir tous les quatre... il fait glisser la photo sur la table jusqu'aux mains de son amie, incapable en vérité de se souvenir de ce qui s'était réellement passé durant cette soirée, mais le cliché restait le seul souvenir qu'il avait de leur petit groupe. Et je crois que c'était les plus beaux moments de ma vie... La voix tremble, les souvenirs remontent et il espère qu'elle lui accorde son absolution. Pardon d'être parti. Il a besoin de l'exprimer. De le laisser sortir, et éventuellement d'obtenir son pardon.
@Romy Ashby
Dernière édition par Terrence Oliver le Jeu 11 Juil 2019 - 10:19, édité 1 fois |
| | | | (#)Jeu 11 Juil 2019 - 10:15 | |
| Terrence avait visé juste en lui disant qu’elle n’avait pas changé d’un pouce, car quelque part sans doute était ce vrai. Romy était toujours cette petite blonde effacée bien que son caractère ne se soit révélé ces derniers temps. Elle avait toujours été la plus sage, la plus douce. Le fait que ce soit elle qui ait contacté le brun n’avait rien de bien étonnant ; elle sauvait ses amitiés, aussi lointaines soient elles. C’était sa nature, son caractère le plus fort. Huit années étaient passées depuis « l’incident » ; sans doute était-il temps de passer à autre chose. « C'est le premier truc qui m'est venu en tête Romy, je savais pas quoi dire d'autre, pardon. Je ne voulais pas te dire que ça va parce que c'est pas vrai, mais je ne voulais non plus te dire que ça ne va pas, parce que c'est pas vrai non plus. » Elle laissait l’ombre d’un sourire lui naître au coin des lèvres. C’était une entrée en matière assez étrange certes, mais le brun aurait pu faire pire. Mieux valait ne pas se formaliser. « Donc t’as choisi mon film préféré ? » en fait elle n’avait pas encore arrêté son choix, mais à coup sûr il finirait dans le top dix. « Si je comprends bien ça ne s’est pas bien arrangé depuis tout ce temps. » et qu’est-ce que l’on dit à quelqu’un que l’on a pas vu depuis si longtemps ? parle moi ? explique moi ? Elle n’osait pas demander, se contentant de faire tourner son verre entre ses doigts pour éviter de mettre les pieds dans le plat alors que Terrence soulignait : « Huit ans, oui. Ca en fait des années pour ruminer, pour avoir peur, aussi » Elle hochait doucement la tête, sans trop savoir ce qu’il aurait fallu ajouter d’autres. Il y a huit ans elle n’était qu’une gamine qui suivait ses copines, une ingénue qui touchait parfois l’interdit du bout du doigt. La boulette –appelons là ainsi- du brun avait fait voler leur insouciance en éclat, et si aujourd’hui demeurait l’amitié entre Freya et elle tant la blondinette n’aurait jamais supporté d’être abandonnée par tous, les souvenirs n’en restaient pas moins compliqués. « Tu le sais toi, hein, que je suis parti pour vous éviter de tomber dans le même puit que moi, tu le sais? » Romy haussait les épaules. Elle avait cessé de penser à cette histoire depuis bien longtemps, mais si le brun voulait savoir ce qu’elle pensait alors il le saurait. « On aurait pu te tirer vers le haut. » qu’elle soufflait alors que Terrence farfouillait dans ses poches pour en ressortir une photo qu’il lui glissait et qu’elle attrapait du bout des doigts. « Tu te souviens de cette soirée-là ? On était totalement torchés. C'était le tout dernier soir tous les quatre... » eux peut être mais pas elle, ni bébé Charlie qui était bien trop jeune pour que Romy n’accepte qu’on lui refourgue de la bière du haut de ses seize ans. La petite blonde esquissait un sourire en se remémorait ces souvenirs d’adolescence qui fusaient. « Et je crois que c'était les plus beaux moments de ma vie. Pardon d'être parti. » qu’il poursuivait la voix tremblotante. Romy attrapait sa main qu’elle serrait un bref instant avant de la relâcher, comme pour lui redonner contenance. « Terrence, tout va bien. On va toutes bien. Et toi aussi tu mérites d’aller bien … » et elle espérait par la même qu’il comprenne qu’elle ne lui en voulait pas, bien qu’elle ne parle pas au nom des deux autres.
|
| | | | (#)Jeu 11 Juil 2019 - 15:51 | |
| Elle a toujours su lire entre les lignes, Romy, a toujours été la plus mature des quatre, la plus circonspecte, celle qui avait les pieds sur terre, timorée mais pourtant jamais couarde. A l'époque, il arrivait à Terry de trouver ça insupportable, l'appelait "la rabat-joie" pour l'emmerder, un sourire greffé aux lèvres, les doigts qui pinçaient ses côtes pour la faire rire avant de dire "aller Romy, détends-toi". A ce moment-là de leurs vies, Terrence aurait aimé qu'elle se libère un peu, qu'elle profite, qu'elle fume, qu'elle boive, qu'elle se drogue avec eux, qu'elle fasse toutes les conneries que Freya et lui pouvaient faire. Qu'elle connaisse ça, qu'elle expérimente l'exaltation et la fureur de vivre. Mais elle n'avait jamais cédé, jamais assez folle pour tomber si bas, là où lui n'avait faillit jamais se relever. Elle avait donc toujours eu le rôle de la maman, de celle qui surveille, de celle qui répare, de celle qui soigne, de celle qui écoute. Elle avait toujours été là, Romy, mais lui, avait-il seulement remarqué qu'il n'avait jamais vraiment été là pour elle? A 17 ans, on ne sait pas, on vit dan l'instant, on se croit invincible et tout puissant, on pense que la vie nous appartient et que rien ne saurait couper la machine lancée à toute blinde et pourtant... pourtant c'est ce qui s'était passé. Crashé en plein mur, buté en pleine ascension, c'est Freya qui l'avait entendu, Terry, paniquer par le froid, par le spasmes. Elle avait été réveiller Romy qui dormait juste à côté et elles avaient tout de suite compris quand ses yeux s'étaient révulsés et qu'il s'était mis à convulser en vomissant de la mousse. C'est Romy qui avait appelé les secours pendant que Freya hurlait à pleins poumons à genoux contre lui, incapable de comprendre qu'il était en train de mourir. C'est Romy qui avait donné toutes les infos aux pompiers, Romy qui avait consolé Freya, Romy qui avait prévenu Charlie, Romy qui avait toujours tout fait pour tout le monde et que personne n'avait jamais pris le temps de remercier. Et il s'en rendait compte seulement maintenant, Terrence, de la merde qu'il avait fait, de ce petit con qu'il avait été, et tandis qu'elle réalise qu'il ne va pas mieux, il renifle et baisse la tête, ne répond rien, ne confirme pas parce que confirmer c'est aussi accepter que c'était toujours lui le pire du groupe, celui qui jouait toujours avec le feu, à valser inconsciemment au dessus du vide. Elle lui dit qu'elles auraient pu le tirer vers le haut mais lui il sait à quel point c'était impossible et que si c'était à recommencer il referait la même chose. Parce qu'il savait qu'avec Freya ils se seraient cramés, qu'ils seraient surement morts tous les deux aujourd'hui. Et il préférait savoir son ex petite amie en colère contre lui plutôt que morte d'une overdose. Vous auriez pas pu. J'étais au fond du trou tu sais. Mais c'est pas grave Il sourit en grand. On est là, tous vivants, et c'est tout ce qui compte pas vrai? Il hausse les épaules et boit une gorgée de sa grenadine, l'observe regarder la photo, sourire et ça lui arrache un sourire à lui aussi, parce qu'il voit passer leurs souvenirs sur ses pupilles. Et au moment où elle lui prend la main il sursaute, le regard qui se perd sur son visage délicat. Elle ne lui en veut pas et il a du mal à comprendre comment c'est possible alors que lui est rongé par la culpabilité. Romy, elle lui dit qu'il a le droit d'aller mieux et il aimerait tellement que ce soit la vérité mais au lieu de le consoler, c'est le coup de grace et il détourne la tête parce qu'il sait qu'il n'ira peut être jamais mieux, Terry. Il sait qu'il est tout pété, peut être moins qu'au lycée mais peut être qu'il jouait simplement dans un autre registre désormais. La défonce et les corps entre ses cuisses, les mains moites et les râles contre son cou alors que lui pleurait en silence dans le noir sous les coups de reins, à se laisser faire comme une poupée de chiffon pour ressentir encore des trucs même si c'était de la douleur, la drogue qu'il s'injectait pour arrêter de penser et tout l'irrespect qu'il avait pour lui, elle l'ignorait. Elle ignorait à quel point il n'avait plus de force, ne savait plus sa battre ni partir en guerre, elle ignorait à quel point il n'était peut être pas mort ce jour là mais que c'était tout comme depuis neuf ans, elle ignorait ce qu'il était devenu, à quel point il était détruit. Si tu le dis, Romy. J'aimerais que ce soit vrai. Il retire doucement sa main, croise les bras contre son torse alors que les larmes commencent à s'amasser sous ses paupières. Ca brûle trop fort, ça pique et il ne sait plus ce qu'il doit faire Terry alors il essuie ses yeux rageusement d'un revers de manche et lance Je sais pas si c'était une bonne idée, Romy. Je.. j'sais pas.. . Il se lève en faisant racler sa chaise, les larmes qui perlent le long de ses pommettes, la lèvre inférieure qui tremble. Parce que tout ça c'est beaucoup trop et il n'est surement pas prêt à accepter qu'on puisse lui pardonner, lui qui vit avec la douleur depuis trop de temps. Il se lève, sort son portefeuille et dépose un billet sur la table pour les consommations et lui dit, la voix brisée Je ne peux pas, Romy je sais pas.. Le mieux c'est peut être que chacun fasse son chemin comme il peut, plutôt que je débarque à nouveau dans vos vies et que je foute tout en l'air. Et tu le sais aussi bien que moi, tout foutre en l'air c'est ce que je fais le mieux..
@Romy Ashby |
| | | | (#)Ven 12 Juil 2019 - 22:26 | |
| En bonne gamine de directeur d'une prison, Romy ne s'était jamais laissée aller aux excès. Elle avait beau adorer Freya, Terrence, Charlie un peu plus tard, elle n'était pas de celles qui rentraient tard, qui cédaient aux abus. Si elle se rendait aux soirées, c'était principalement pour ne pas laisser son amie seule, elle qui n'aurait jamais supporté d'être délaissée, bien qu'elle ne l'était pas. Dans le fond elle n'appréciait pas la foule, l'alcool à outrance, le côté illégal de ces sorties, alors quelque part, cette overdose n'avait fait que cristalliser un sentiment qui ne pouvait de toute façon plus continuer à assaillir la petite Ashby. Elle avait coupé les ponts, ne conservant son amitié qu'avec Freya puisqu'elle lui était précieuse ; malgré toutes leurs différences. Elle aurait préféré oublier pour toujours cette soirée, cet épisode, et reprendre sa vie comme si rien de tout cela ne s'était produit mais il lui était impossible de procéder ainsi. Romy avait le cœur sur la main, et elle n'était pas rancunière. Terrence et elle avaient été amis .. alors quelque part elle espérait que le temps avait pu panser certaines blessures, qu'il avait mûri et qu'il la comprenait un peu plus aujourd'hui. " Vous auriez pas pu. J'étais au fond du trou tu sais. Mais c'est pas grave" qu'il répondait dans un sourire après qu'elle n'ait suggéré qu'ils puissent avoir pu le tirer vers le haut plutôt que de le laisser s'auto détruire. " On est là, tous vivants, et c'est tout ce qui compte pas vrai?" Elle se passait une main sur le visage, ne retenant pas un soupir qui reflétait davantage son incompréhension que son agacement. " C'était il y a longtemps Terrence. Tu mérites une seconde chance, arrête de croire qu'on t'en veut." Car à ses yeux, il était là l'essentiel. Sur cette photo qu'il conservait mais qui appartenait au passé. Elles comptaient toutes les trois pour lui, alors quelque part ce serait leur faire honneur que d'aller vers l'avant, d'oublier et de tourner cette page douloureuse. La petite blonde aurait aimé qu'il le comprenne, mais alors qu'il retirait vivement sa main de la sienne pour croiser ses bras contre sa poitrine elle comprit qu'elle n'y avait peut être pas réussi, finalement. " Si tu le dis, Romy. J'aimerais que ce soit vrai. " et il n'avait pas l'air convaincu. Elle ouvrait la bouche comme pour rétorquer quelque chose mais se ravisa. Seul le temps pourrait faire son effet, alors en attendant il faudrait qu'elle prenne son mal en patience. " Je sais pas si c'était une bonne idée, Romy. Je.. j'sais pas.. " Oh. Alors qu'il essuyait ses yeux du revers de sa manche, la petite blonde s'enfonçait un peu plus dans sa chaise. Terrence était encore d'une fragilité palpable... mais elle n'était pas prête à se montrer plus douce, plus compréhensive. Ce n'était pas sa nature, ça ne l'était plus. Elle devait dire ce qu'elle avait sur le coeur, car les non dits étaient plus compliqués à gérer que les paroles qui auraient pu être blessantes. Malgré tout elle ne voulait que le brun ne sens encore plus mal, alors mieux valait sans doute abréger. " Je ne peux pas, Romy je sais pas.. Le mieux c'est peut être que chacun fasse son chemin comme il peut, plutôt que je débarque à nouveau dans vos vies et que je foute tout en l'air. Et tu le sais aussi bien que moi, tout foutre en l'air c'est ce que je fais le mieux.." Oh Terrence. Elle se relevait, puis contournait la table pour se planter à ses côtés et déposer un baiser sur sa joue. " On se reverra. Je te le promets. Et arrête d'avoir cette image si négative. Les choses sont différentes maintenant." qu'elle soufflait avant de s'éloigner, ne désirant pas rendre sensibles encore un peu plus les nerfs du brun ; un petit peu à la fois et tout irait bien. -sujet terminé-
|
| | | | | | | | long time no see (terrence) |
|
| |