Il avait l’impression de potasser son dossier depuis des heures – et malheureusement, un simple coup d’œil jeté à sa montre hors de prix (dernier cadeau en date de son père) lui confirma qu’il ne s’agissait pas que d’une impression. Il était rentré à l’heure du dîner, et avait trouvé la maison vide. Carmina Farrell s’était fait la malle – ce n’était pas franchement inhabituel, d’ailleurs – et n’avait pas jugé bon de le tenir informé. Il ne lui en tenait jamais rigueur : après tout, ils ne s’étaient rien promis. Ils ne s’étaient engagés sur rien, ils ne partageaient rien, et ils ne devaient pas rendre de compte à l’autre. Mais là… Clairement, il trouvait qu’elle abusait. Enceinte de sept mois, il n’était pas rare que l’héritière fasse encore les gros titres de la presse à scandale – souvent en boîte de nuit, et peu habillée. Il craignait pour elle, et pour cet enfant qui grandissait en elle. Et si quelqu’un de mal intentionné lui cherchait des noises ? Et si quelqu’un essayait de lui faire du mal ? Et si elle se sentait mal ? Et si quelque chose lui arrivait, et que personne ne s’en rendait compte ?
Le tout Brisbane se posait la question de savoir qui l’avait mise dans une pareille situation. Les rumeurs sur le compte de l’héritière allaient bon train ; entre sa grossesse surprise et son célibat nouvellement retrouvé, l’Australienne était clairement sous le feu des projecteurs. Les mauvaises langues, bien mal informées de la vérité, prétendaient que son ancien petit-ami, Theo, n’était pas étranger à sa situation. Qu’il n’assumait pas sa future paternité, et qu’il avait préféré prendre le large avant d’être acculé par les responsabilités. Les plus perspicaces avaient, quant à eux, flairé le traquenard. Il se murmurait qu’il s’agissait d’une équation plus complexe qu’en apparence, et qu’un troisième élément avait pu venir semer la zizanie dans le couple de jet-setteurs. Pour le moment, Carmina avait su s’arranger pour que la vérité soit tue. Carlisle savait pertinemment qu’elle était dans une situation inconfortable, et qu’elle faisait de son mieux pour le préserver, lui. Il lui en était silencieusement reconnaissant, mais savait parfaitement que, tôt ou tard, il devrait dévoiler son jeu.
La nuit était tombée depuis longtemps sur Brisbane, et Carlisle s’octroya une pause bien méritée. Il s’empara de son paquet de cigarettes, et entrouvrit la baie vitrée du salon pour aller fumer sur sa terrasse. La nuit était fraîche et étoilée, comme c’était souvent le cas en Australie. Il fit quelques pas, et s’installa finalement sur une des chaises longues qui faisait face à sa piscine. Comme souvent lorsqu’il était dans cette situation, il se posa mille et une questions sur sa vie, et sur son avenir. Dans deux mois, tout son univers serait chamboulé. Il n’avait pas encore eu le courage de l’annoncer à son père, et savait que reculer cette échéance n’était pas une solution. Il allait devoir lui dire qu’il comptait prendre un peu de temps pour lui, et pour s’occuper de sa famille. Il écrasa son mégot, et soupira : la semaine prochaine, il lui dirait la vérité.
Un fracas provenant de la porte d’entrée lui fit automatiquement jeter un coup d’œil à sa montre. Il était plus de deux heures du matin, et visiblement, la mère de son futur enfant rentrait de sa soirée. Il abandonna son dossier pendant quelques instants, afin de s’enquérir de l’état de l’héritière Farrell – dont le minois venait d’apparaître dans son champ de vision. « Tout va bien ? » Demanda-t-il machinalement, alors qu’il relevait les yeux de son dossier pour croiser le regard de Carmina. Vu la noirceur de celui-ci, et la moue désapprobatrice de l’héritière, il comprit immédiatement qu’ils se dirigeaient tout droit vers un clash. Même s’ils n’étaient pas les personnes les plus proches qui puissent être, ils avaient eu le temps d’apprendre à mieux se connaître au cours des mois écoulés. Depuis qu’elle s’était installée chez lui, ils avaient eu l’occasion de parler, de partager quelques moments privilégiés. Il frémissait encore d’émotion en repensant à cette fois où elle l’avait appelé en criant depuis la salle de bain. Le ton de sa voix était indéchiffrable, et sans réfléchir, Carlisle s’était rué à sa rencontre. Il la voyait encore, blême comme jamais, s’approcher de lui pour s’emparer de sa main et la déposer sur son ventre, à peine rebondi. Ses doigts avaient frissonné sur cette peau mise à nue, maltraitée de l’intérieur par un être qui s’épanouissait paisiblement. « Carmina ? Tu m’expliques ? » Réclama-t-il, ne comprenant pas où était sa faute.
★ Carlisle Bishop & Mina Farrell #4 Son installation chez Carlisle était à des années lumières de ce qu’elle s’imaginait avec le ex-pilote. Mina était une fois de plus parvenue à ses fins mais quelque chose clochait dans ce parfait tableau de famille. Elle l’avait mis devant le fait accompli et ils s’apprêtaient ensemble à être parent. Un mot qui la terrorisait à chaque fois qu’elle y pensait. Elle n’était pas prête à élever un enfant, ni à l’aimer. Elle avait été bête de le garder et plus son ventre s’arrondissait plus elle regrettait son choix. Elle avait longtemps hésité à en parler à ses proches. Elle s’était tenue de leur dire que Carlisle était le père, elle l’avait présenté comme un ami qui, par bonté de cœur, avait décidé de s’occuper d’elle et du bébé. Un ange gardien qui serait arrivé dans sa vie au bon moment. Bien sûr, elle n’était pas loin de la réalité. Il s’occupait très bien d’elle. Il allait même jusqu’à céder à certains de ses caprices. Elle l’avait convaincu de dormir à ses côtés parce que seule dans la chambre d’amis, elle ne se sentait pas en sécurité. Elle avait essayé de le maintenir prisonnier comme elle l’était devenue dans son propre corps. Après tout, il était aussi coupable qu’elle dans cette merde. Néanmoins, elle le soupçonnait de voir d’autres femmes. Elle avait essayé de voir dans son téléphone, de le suivre et même d’écouter des conversations privées. Elle était jalouse mais elle avait fini par comprendre qu’elle ne pouvait pas prendre son cœur en otage. Il ne l’aimait pas et elle en était l’unique responsable. Elle était entré dans sa vie sans qu’on l’y invite, elle avait semé la zizanie dans son couple et elle attendait aujourd’hui un bébé de lui. Et comme si ce n’était pas assez, elle se comportait depuis quelques temps en enfant. Elle retrouvait ses vieux démons, attirés par de vieilles connaissances qu’il valait mieux éviter. Les disputes avec l’ex-pilote se multipliaient et c’était probablement la seule chose d’authentique qui se passait encore entre eux. Elle avait attendu qu’il ait le dos tournée pour faire le mur. À quelques mois seulement de l’accouchement, elle avait plus le comportement d’une adolescente que d’une adulte. Elle voulait sortir, tester son pouvoir de séduction, si tenté qu’elle en avait encore un. Elle voulait danser, boire et s’amuser. L’héritière ne supportait plus qu’on lui dicte quoique ce soit, elle avait du mal avec l’autorité et ça n’allait pas en s’améliorant.
Ses sentiments pour Carlisle étaient partagées. Elle lui en voulait de l’avoir mise dans cette situation. Il était rare qu’elle reconnaisse ses tords dans cette histoire et elle oubliait volontiers de mentionner toute la partie qui concernait cette fameuse soirée à New York. Ils n’étaient que deux à connaître réellement les faits et puis elle estimait qu’elle était assez gentille pour supporter les médias seuls. Et puis d’un autre côté, elle continuait à l’aimer. Dans leurs moments de complicités, elle regrettait de ne pas être assez forte pour lui donner ce qu’il méritait. Après tout, ce n’était pas un homme difficile. Il avait juste besoin d’une femme pour l’aimer le comprendre. Il essayait de bien faire mais elle se montrait peut être un peu dur avec lui. De son côté, elle commençait à se lasser de ses sorties. Ses amis et elle ne s’entendaient plus sur beaucoup de chose. Elle n’avait pris que deux verres, elle avait dansé avec un bel inconnu qu’elle avait fini par embrasser. Puis, elle avait aussitôt regretter. Elle avait imaginer Carlisle s’inquiétait pour elle. Elle s’était mise à culpabiliser et elle avait réussi à trouver un taxi pour la raccompagner. Il était déjà deux heures. « Tout va bien ? » elle sursauta lorsqu’elle se retrouva face au père de son futur enfant. Aussitôt elle retrouva sa mauvaise humeur. Celle qui l’habillait à chaque fois qu’elle se retrouvait face à lui. Elle avait l’impression d’avoir un second père alors que le sien lui suffisait amplement. « Ça va, lâche-moi… » soupira-t-elle, préférant se défiler pour éviter un clash. Elle était en tort. Elle emprunta le chemin vers la salle de bain pour se débarbouiller le visage. « Carmina ? Tu m’expliques ? » Elle l’observa quelques secondes à travers le miroir. Ni l’un ni l’autre n’était heureux de la situation. « Tu vas pas me faire croire qu’à mon âge tu ne sortais pas ? » elle tentait d’inverser les rôles incapable de supporter le moindre serment. Elle s’empara de sa brosse à dent, espérant qu’il n’ait pas remarquée son haleine d’ivrogne. L’alcool était prescrit pour les femmes enceintes mais elle réussissait à chaque fois à s’en procurer. « J’ai quand même le droit d’aller voir des amis et de vivre ma vie, non ? » dit-elle en recrachant la pâte blanchâtre comme pour se justifier. « Et puis je croyais qu’on était rien l’un pour l’autre. Pourquoi, tu t’inquiètes pour moi ? »
Il soupira bruyamment, sans chercher à dissimuler ce qu’il pensait. A plus de deux heures du matin, il ne voyait pas où était le mal de demander à la mère de son enfant si tout allait bien. Depuis qu’il lui avait proposé d’emménager chez lui, l’Australien faisait attention à ne pas rentrer trop tard du travail. Il savait que le temps pouvait être long, lorsque l’on restait seul toute la journée chez soi, à essayer de se cacher de tous. Il essayait donc de lui octroyer un peu de temps, et quelques soirées par semaine. « Un jour, tu m’expliqueras pourquoi cette simple question suscite autant de colère en toi ! » S’exclama-t-il, alors qu’elle s’éloignait déjà, disparaissant progressivement de sa vue. Il balança son stylo sur le dossier qui se trouvait face à lui et, littéralement, se prit la tête au creux de ses mains. Pourquoi est-ce que tout devait être si compliqué ? Pourquoi Carmina Farrell était-elle aussi dure avec lui, alors qu’il mettait tout en œuvre pourquoi arrondir les angles ? Et, surtout, que devait-il faire pour que les choses s’arrangent ? Carlisle était perdu, et las. D’ici quelques semaines, sa vie serait définitivement chamboulée. Il accueillerait son enfant, qu’il aimait déjà inconditionnellement. Il suffisait qu’il pose un regard sur le ventre arrondi de son hôte pour s’en assurer. Il était aussitôt apaisé, et irrémédiablement avide de caresser et de protéger cet être fragile.
Contrairement à d’habitude, Carlisle refusa de capituler. Carmina vivait chez lui depuis quelques mois maintenant, et il avait tout fait pour être le meilleur des hôtes – allant même jusqu’à céder à certains caprices de l’héritière. Elle était libre de tous ses faits et gestes. Il lui laissait tout l’espace dont elle avait besoin, et ne lui demandait jamais de compte. Pire encore : il avait accepté de dormir à ses côtés, pour qu’elle puisse se sentir en sécurité. Alors ce soir, sa mauvaise humeur, elle pouvait se la garder. Il abandonna ses notes, et ne se priva pas d’aller la rejoindre dans la salle de bain. Il s’installa dans l’embrasure de la porte, et attendit patiemment qu’elle daigne lui accorder un minimum d’attention. Lorsqu’elle releva la tête vers lui, ils se regardèrent dans le plus grand des silences pendant quelques secondes. Naturellement, Mina perdit patience la première. « Je n’ai jamais rien dit de tel. » Répondit l’ancien pilote en haussant les épaules. Même s’il avait toujours été très casanier et peu intéressé par le monde de la nuit, il lui arrivait parfois de sortir. Ces derniers temps, il s’était même montré plus sociable que d’ordinaire – la séparation avec Amal l’avait naturellement poussé à l’extérieur de sa villa, où il venait de passer dix ans en compagnie de son ex-fiancée. Il avait fait des rencontres surprenantes, mais ne s’en plaignait pas : en ce moment, un peu de distraction n’était pas pour lui déplaire. « Tu te rends compte de la façon dont tu me parles ? » Demanda Carlisle, les bras croisés sur son torse. L’héritier Bishop avait toujours été gentil et patient avec Carmina, pleinement conscient que cet événement avait bouleversé son existence. « Attends, mais… C’est n’importe quoi. A quel moment est-ce que je t’ai empêché de vivre ta vie, exactement ? A quel moment est-ce que je t’ai fait la moindre remarque, concernant tes sorties et les états plus que limites dans lesquels tu rentres ? » Il déglutit, acceptant difficilement qu’elle se montre aussi peu coopérative. « Tu sais quoi ? La situation me gonfle. Tu me gonfles. » Précisa-t-il en roulant des yeux. Ça n’allait certainement pas lui plaire, mais qu’importe : il n’avait rien à perdre. « Que tu le veuilles ou non, ça fait sept mois maintenant que ta vie est intrinsèquement liée à la mienne. » Afin de s’assurer qu’ils se comprennent bien, l’Australien pointa le ventre rebondi de Carmina. « Tu agis comme si tout était normal, comme si tu n’étais pas enceinte. T’es supposée accoucher dans deux mois, tu piges ça ? Dans deux mois ! » Il ricana, désabusé par la situation. « Dans deux mois, tu pourras retrouver ta liberté. Je m’occuperai de mon enfant, et tu pourras sortir à ta guise, boire comme un trou, et te faire baiser par le tout Brisbane si ça te chante. Mais en attendant, si tu veux que les deux prochains mois se déroulent bien, je te conseille d’arrêter tes conneries maintenant. » Siffla-t-il, à quelques centimètres à peine de l’héritière.
★ Carlisle Bishop & Mina Farrell #4 Mina avait toujours eu quelques soucis de bipolarité. La grossesse venait renforcer quelques aspects de sa personnalité. Elle pouvait passer du tout au tout en un claquement de doigts. Ses émotions étaient multipliées. Bien qu’éloignée, elle pouvait encore entendre la voix de l’ex-pilote. Elle en avait assez qu’il la prenne pour sa fille. Elle détestait qu’on l’infantilise et encore plus par Carlisle. Il semblait oublier la nuit torride qu’ils avaient partagé. Leur colocation mettait leurs nerfs à rude épreuve. Elle avait cru pouvoir s’échapper, grimpant rapidement les escaliers pour aller se réfugier dans la salle de bain. Elle avait naïvement pensé qu’elle aurait la paix pour la soirée. L’alcool ne lui rendait pas service, elle avait du mal à supporter la vodka depuis qu’elle était enceinte. Leur bébé s’alliait à Carlisle. Une future fille à papa, elle la détestait déjà pour ça. Mina était loin d’avoir l’instinct maternelle, elle avait peu d’espoir qu’un jour le gêne de toutes les mères se développe en elle. Elle détestait les bébés, en plus d’être sale et bruyant, ils pouvaient pourrir une vie. Le leur n’avait pas encore mis de pied sur terre qu’il rendait déjà son quotidien cauchemardesque. Elle vomissait tout le temps, elle était censé restée chez elle sagement depuis un malheureux incident survenu un soir. Une chute dans l’escalier, plus de peur que de mal mais Carlisle avait tenu à être plus au soin pour elle qu’il ne l’était déjà. Elle en avait profité quelques temps mais bientôt le comportement du futur père commençait à l’irriter. Elle voulait plus, elle avait toujours voulu plus lorsqu’il s’agissait de Carlisle. Il était totalement imperméable à son charme. Depuis sa grossesse, elle avait l’impression qu’il ne la voyait plus que comme mère porteuse de son future gosse, qu’autre chose. Et puis, il y avait cette boite de préservatif qu’elle avait retrouvé dans la boîte à gant de sa voiture. Elle n’avait rien dit, mais elle s’était soudain rendue compte qu’en tournant la page sur Amal, il l’avait peut être tourné aussi pour elle. Elle avait paniqué… Et après ? Qu’est-ce qui allait se passer une fois le bébé né. Elle n’en avait pas la moindre idée, à vrai dire elle avait chassé de son esprit cette éventualité. Elle l’avait maintenu en otage par sa grossesse mais elle n’était pas dupe. Une fois leur fille sur terre, elle n’aurait plus aucune importance pour lui. « Tu te rends compte de la façon dont tu me parles ? » cette situation avait le don de la rendre méchante. Mina sortait les griffes lorsqu’elle perdait le contrôle d’une situation. « Attends, mais… C’est n’importe quoi. A quel moment est-ce que je t’ai empêché de vivre ta vie, exactement ? A quel moment est-ce que je t’ai fait la moindre remarque, concernant tes sorties et les états plus que limites dans lesquels tu rentres ? » à son tour, elle sent son sang lui monter à la tête. Elle tourne violemment la tête pour lui faire face, abandonnant sa tige à dent sur le lavabo. « Tu sais quoi ? La situation me gonfle. Tu me gonfles. », elle voudrait le faire taire. L’envie de l’envoyer balader est plus qu’alléchante mais il ne lui en laisse pas l’occasion. Il reprend de plus belle. « Que tu le veuilles ou non, ça fait sept mois maintenant que ta vie est intrinsèquement liée à la mienne. » elle se pince les lèvres alors qu’une vague d’émotions vient l’immerger. Évidemment, c’est à ce moment que les larmes apparaissent. Elle ne les contrôle pas ou plus. « Va te faire foutre ! » c’est la seule façon qu’elle a trouvé pour calmer sa frustration. Elle ne supporte plus l’entendre mais il est là, face à elle. « Tu agis comme si tout était normal, comme si tu n’étais pas enceinte. T’es supposée accoucher dans deux mois, tu piges ça ? Dans deux mois ! Dans deux mois, tu pourras retrouver ta liberté. Je m’occuperai de mon enfant, et tu pourras sortir à ta guise, boire comme un trou, et te faire baiser par le tout Brisbane si ça te chante. Mais en attendant, si tu veux que les deux prochains mois se déroulent bien, je te conseille d’arrêter tes conneries maintenant… » S’en est trop pour l’héritière qui ne cherche pas à apaiser la situation. Elle a tellement de chose à lui reprocher à son tour. Il pensait pouvoir l’intimidé, à son tour elle s’avance un peu plus de lui, violant les quelques centimètres qui les séparent. De là, il pouvait deviner ce qu’elle avait bu avant d’arriver mélangé à l’odeur mentholé du dentifrice. « De ton enfant ? » chuchota-t-elle. Elle lâche un rire mauvais, essuyant les deux larmes qui avaient glissé le long de ses joues. « Qui a dit que c’était ton enfant ? » son ton se veut légèrement menaçant. Pourtant, elle n’a pas envie d’en arriver là avec lui et c’est peut-être la peur d’être abandonné qui la rend soudain méchante. Il ne l’a pas non plus ménagé ni remercié pour les efforts qu’elle faisait. Bien sûr, il trouvait son compte dans cette histoire, c’était facile pour lui de lui demander de garder le bébé sans rien lui promettre. Évidemment qu’il pouvait se permettre certaines liberté qu’elle n’avait plus. « Je bois si j’en ai envie et… » elle marque une pause cherchant à lui rendre son dernier coup : « et je baise qui je veux… » souffle-t-elle agacée par sa dernière phrase. « Enceinte ou pas ! » précisa-t-elle, au cas où. Elle espérait le secouer un peu. Sans lui laisser le temps de quoique ce soit, elle retira sa robe se retrouvant en sous-vêtement devant le futur père. « Tu as eu sept mois pour arranger les choses mais si tu n’es pas capable de profiter de ce que tu as, quelqu’un d’autre le fera à ta place… »
« C’est toi. » Répondit-il, le regard noir. Il n’aimait pas beaucoup les allusions de Carmina, et n’hésita pas à le lui faire comprendre. « Mais si ce n’est pas le cas, je ne vois pas le problème. Parce que c’est moi qui vais l’élever et, par conséquent, ce sera mon enfant. » Les liens du sang ne faisaient pas tout, contrairement à ce que son père essayait de lui faire croire. « Vraiment ? T’es sûre que la première chose que tu aies envie de faire subir à cet enfant, c’est un sevrage ? » Demanda Carlisle, les sourcils froncés. Il savait pertinemment qu’il était probablement déjà trop tard. Que les agissements de Carmina avaient directement affecté la santé de leur enfant à naître. S’il lui en voulait d’avoir agi aussi impunément ? Evidemment. A vrai dire, il était mort de trouille : il craignait que l’indifférence totale de l’héritière ne finisse par, carrément, mettre la vie de leur enfant en péril. Il n’était pas officiellement père que, déjà, son palpitant s’accélérait lorsqu’il pensait à son enfant. « Et je ne t’empêcherais jamais de le faire, si cela n’impliquait pas quelqu’un d’autre que toi ! » S’exclama-t-il, faisant clairement référence à l’enfant qu’elle portait. Les deux adultes ne s’étaient jamais rien promis ; il n’avait même jamais été question qu’ils tentent de se mettre en couple. Carlisle, conscient qu’une grossesse bousculait déjà grandement la vie de l’héritière Farrell, lui avait laissé tout l’espace dont elle avait besoin. Peut-être avait-il eu tort. Peut-être aurait-il dû se montrer plus présent, plus ferme. Difficile de savoir, avec Carmina Farrell. « Alors c’est ça, le problème ? » Demanda l’ancien pilote en secouant la tête. Il éclata d’un rire sans joie, et détourna le regard pour éviter d’être face à la semi-nudité de sa… Il ne savait pas tout à fait quoi, d’ailleurs. Sa colocataire ? La mère de son enfant ? Ou tout autre chose ? « Le sexe ? » Il attendait une confirmation de la part de son interlocutrice, même si les doutes n’étaient guère permis. Sinon, pourquoi se déshabillerait-elle devant lui, sans sourciller ? Ou était-ce qu’une ultime provocation que sa part ? « Arranger les choses ? Profiter de ce que j’ai ? » Répéta l’Australien en fronçant les sourcils. Il ne savait plus où il en était, et Carmina ne l’aidait aucunement à faire le tri dans ses pensées. « Tu te rends compte de ce que tu dis ? » Il avait l’impression qu’elle se considérait comme un objet, dont il pouvait disposer à sa guise. Malheureusement pour Carlisle, les choses n’étaient pas aussi simples. Il n’était pas un vulgaire profiteur. Il n’était pas un playboy ou un jet-setteur qui consommait à outrance, et jetait lorsqu’il était rassasié. Il n’était pas comme les gens que fréquentait habituellement l’héritière de Cathay Pacific, voilà tout. « Pour moi, tu n’es pas un objet. » Siffla-t-il, le regard noir. Il fit un pas vers elle, puis un deuxième, et s’arrêta finalement lorsque leurs peaux s’effleurèrent. « Si j’avais été un putain de connard, un profiteur qui t’avais pris pour sa chose, un mec qui opte pour la facilité, tout aurait été tellement plus simple. C’est ça que t’es en train de dire ? » Il était en colère. Il inspira profondément, puis expira pour tenter de se calmer. D’une certaine façon, il était navré pour Carmina : sa vision d’elle-même était déplorable. Sa vision des relations était déplorable. Elle n’avait probablement pas eu beaucoup de chance dans sa vie sentimentale. « Désolé. Ce n’est pas moi, et ce ne sera jamais moi. » Dit-il, avant finalement se détourner de l’Australienne. Il allait quitter la salle de bain, mais prit néanmoins une seconde pour se retourner et ajouter : « Je ne veux pas que ça se passe comme ça entre nous. » Et pour la première fois, Carlisle parlait d’une entité unie – eux. Pas elle d’un côté, et lui de l’autre. Non, il parlait d’eux, ensemble. Il croisa son regard une dernière fois, et sortit de la pièce. Il fit quelques pas dans le couloir, et s’autorisa un soupir : ce genre de confrontation était épuisant. Et, surtout, il était perdu. Ou est-ce que tout cela allait les mener ? Il s’engouffra dans sa chambre, qu’il avait déserté depuis quelques semaines pour dormir auprès de Carmina. Ce soir, il ne s’imaginait pas s’allonger à ses côtés comme si de rien était. Il retira lentement les boutons de sa chemise, alors que leur dispute tournait en boucle dans sa tête et qu’il se remémorait les moments heureux qu’ils avaient pu partager.
★ Carlisle Bishop & Mina Farrell #4 Carlisle n’était pas un adversaire redoutable. C’était probablement l’homme le plus gentil que l’héritière avait rencontré dans sa courte vie. Elle n’aimait pas se disputer avec lui, elle se détestait de lui balancer ces horreurs en plein visage. Pourtant, elle venait de laisser sa colère parler. Des mois de frustrations qui éclataient finalement. Elle avait vu sa vie basculer du tout au tout sans contrôler quoique ce soit. Et puis, il y avait l’arrivé de cet enfant qu’elle était encore incapable d’aimer. Il était là, accroché aux parois de son utérus et déformant ce corps qu’elle avait difficilement sculpté. Mina avait foutu sa vie en l’air, du moins c’est l’impression qu’elle avait. Carlisle lui rappelait sans cesse la nature de leur relation. Il continuait à la voir comme une gamine. Elle ne se rendait pas service avec le comportement qu’elle avait adopté ces derniers mois. Elle agissait comme une enfant capricieuse, elle ne prenait pas la peine de s’inquiéter pour le foetus dans son ventre. À vrai dire, aussi horrible que cela puisse l’être, elle ne l’aimait pas. Elle détestait déjà son propre enfant. Il n’était pas encore né qu’il lui gâchait sa vie. Plus d’une fois, elle avait espéré qu’il crève dans les bas fond de ses entrailles. Mina savait pertinemment qu’elle n’avait rien d’une bonne mère. Comment Carlisle avait-il pu la laisser porter son enfant? Plus les mois approchait, plus elle se rendait compte qu’elle n’était pas capable de s’en occuper. Alors qu’elle abandonna ses affaires au sol espérant une nouvelle fois réveillé quelque chose chose chez le pilote. Elle n’agissait pas totalement en son âme et conscience. Déjà très inhibé l’alcool ne faisait que remonter un mal-être plus profond. N’importe quel homme aurait apprécié le spectacle qui se jouait sous ses yeux mais par Carlisle. Alors qu’elle se mettait une nouvelle fois dans ses bras, il la rejetait pour une histoire d’intégrité. Cette même intégrité qui lui avait autrefois plu chez lui mais qui désormais l’agaçait au plus haut point. « N’oublies pas que si je suis là c’est parce que tu as opté pour la facilité! » objecta-t-elle alors qu’il s’éloigner doucement d’elle. Elle se sentait mal et seule. Ce nous n’existait pas. Son discours lui laissa un goût amer en bouche. Elle s’avança vers la porte qu’elle claqua violemment pour faire entendre son désaccord. Elle avait l’impression d’être incomprise et qu’il ne reconnaissait pas tout les efforts qu’elle faisait pour lui. L’ex-pilote n’avait pas l’air de prendre conscience des sacrifices de Mina. Elle ne lui demandait pas de se comporter en connard mais de l’aimer, c’était si compliquer à faire.
Elle rumina une bonne partie de la soirée ce qui s’était passé. Jusqu’à ce que la fatigue et l’alcool ne finisse par avoir raison d’elle. L’orgueil pris le dessus ce soir là, elle n’était pas prête à s’excuser malgré la puérilité de ses agissements. Il lui restait encore deux mois à supporter tout cela. Et si elle repartait de zéro? L’idée lui traversa un instant l’esprit avant qu’elle ne plonge dans les bras de Morphée.
Le réveil fut rude, alors qu’un rayon de soleil traversait la baie vitrée pour venir caresser le bout de son nez. Son crâne! Elle avait l’impression de s’être cogner contre un rocher, il fallait sérieusement qu’elle songe à ne plus boire autant. Elle posa ses deux pieds à terre, attrapant une chemise qui trainait par là pour l’enfiler. Le constat que Carlisle n’était pas venu la rejoindre pendant la nuit la désola et une partie de leur dispute lui revint à l’esprit. Elle traina des pieds, traversant difficilement le long couloir qui mène aux escaliers. Carlisle dormait encore, du moins c’est ce qu’elle en déduit en voyant la porte de sa chambre encore fermé. Ça ne lui ressemblait pourtant pas, il devait certainement lui en vouloir encore. Peut être qu’elle lui en voulait aussi mais elle avait eu tout le temps d’y réfléchir. Elle ne voulait pas rester sur cette note. Elle décida de mettre sa fierté de côté et de s’expliquer avec lui comme le ferait deux adultes. « Je peux entrer? » demanda-t-elle en poussant la porte. Ils avaient dépassé lee stade d’intimité depuis bien longtemps et elle n’attendit même pas d’être invité pour prendre place dans la grande pièce. « Je voulais m’excuser… » commença-t-elle malgré la difficulté qu’elle avait d’avouer ses tords. Elle s’approcha de lui, saisissant sa main pour venir la poser sur son ventre. « Je n’étais pas totalement moi-même mais j’ai eu tord de dire qu’il n’était pas à toi… »
Le sommeil l’avait finalement emporté, alors que les premières lueurs du jour illuminaient le ciel de Brisbane. Il avait toujours adoré ce moment de la journée – l’aube, qui inondait la ville de sa lumière douce. Il s’endormit en espérant que cette dernière image imprimée sur sa rétine refléterait sa relation avec l’héritière. Rien n’était moins sûr.
Il n’avait jamais eu un sommeil lourd, Carlisle. Ainsi, quand la porte de sa chambre fut poussée, il ouvrit machinalement les yeux. L’esprit encore endormi, il mit quelques secondes à situer les choses : il était de retour dans sa chambre, seul, et il avait peu dormi. Pourquoi ? Parce qu’il avait ruminé sa dispute d’hier avec Carmina, qui lui avait balancé quelques horreurs au visage – et, pour sa part, il ne s’était pas gêné pour en faire tout autant. « Hmmm. » Concéda-t-il, incapable d’articuler le moindre mot. Il venait d’être brusquement tiré de son sommeil, et il n’avait pas vu cela venir. Que venait-elle faire ici ? L’ancien pilote comprit que le gros de la dispute était passée – sinon, elle n’aurait pas fait preuve d’autant de douceur et d’incertitude. Il la sentait mal à l’aise, mais il n’osa pas prendre les devants. Elle s’avança vers lui puis, timidement, s’assit à ses côtés sur le lit. Il passa une main sur son visage, et se redressa finalement sur ses coudes. Ils se regardèrent pendant quelques instants, avant que l’Australienne n’amorce un début de discussion – qui s’avéra en fait être un mea culpa. Il hocha lentement la tête, lui signifiant qu’il acceptait ses mots. Il fut sincèrement surpris lorsqu’elle s’empara de sa main pour la poser sur son ventre arrondi. C’était bien l’une des premières fois qu’elle était à l’initiative d’un tel contact, sans arrière-pensée qui plus est. « Viens. » Murmura-t-il, accentuant la pression sur son ventre. Il s’allongea à nouveau sur son lit, et l’entraîna avec lui dans sa lente chute. Son corps s’emboîta automatiquement au sien, alors que sa main continuait de caresser le ventre arrondi de l’héritière. Il nicha son nez dans le cou de Carmina, et inspira profondément, heureux d’avoir droit à un moment de calme et de sérénité dans leur relation chaotique. Il aurait aimé que cette proximité et que ces moments d’intimité soient plus nombreux. Malheureusement, les deux principaux protagonistes avaient passé plus de temps à se chamailler et à se détester qu’à trouver un terrain d’entente pour leur enfant à naître. Ils apprenaient encore à se connaître, et ce n’était pas de tout repos. « Mina… » Commença finalement Carlisle, sans trop comment savoir poursuivre. Leur dispute de la veille avait été violente, et il ne voulait pas qu’elle se reproduise. Il glissa son bras droit sous la nuque de l’héritière, et ses doigts cherchèrent les siens à tâtons. De bonne composition, elle l’aida ; leurs doigts s’entremêlèrent. « Je sais que je n’ai pas toujours eu les bons mots, les bons gestes, les bonnes attitudes avec toi. » Souffla-t-il à voix basse, choisissant avec minutie ses mots. « Je sais que ce n’est pas facile, pour toi. » Déclara-t-il avec douceur. Il aurait aimé lui faciliter les choses, rendre sa grossesse la moins pénible possible pour elle. Malheureusement, l’Australien n’avait pas su s’y prendre. Il s’en rendait bien compte, et était navré de cela. « J’aurais tellement voulu que tout soit différent. Que tout se passe mieux. » Admit-il d’une voix éteinte. « Ta grossesse, la cohabitation, notre relation. » Énuméra-t-il, constatant leurs échecs les uns après les autres. Il sentit l’héritière tourner la tête lentement vers lui, et ils partagèrent un regard appuyé. « Puisque les sept premiers mois n’ont pas été évidents, tâchons de rendre les deux derniers plus… Normaux. » Suggéra l’ancien pilote. Il n’avait aucune idée des normes dans cette situation, mais tant que les futurs parents trouvaient un terrain d’entente, tout s’améliorerait. « Je vais essayer de me rendre plus disponible pour passer du temps avec toi. » Promit-il. Il s’apprêtait à poursuivre lorsqu’il sentit quelqu’un émettre une réserve – le choix du pronom n’était visiblement pas au goût de tout le monde, puisqu’il venait de ressentir une légère pression, sur la main qui était posée sur le ventre de Mina. « Avec vous. » Corrigea Carlisle en souriant légèrement. Il se redressa, et demanda timidement : « Je peux ? » Son doigt désignait la chemise boutonnée que portait l’héritière Farrell. Il mourait d’envie de déshabiller et dévoiler son ventre rond, mais il attendait l’autorisation de la principale concernée.
★ Carlisle Bishop & Mina Farrell #4 Elle pouvait se transformer en véritable tornade parfois. Mina n’était pas habituée à ce qu’on lui résiste et bien qu’elle avait beaucoup changé ces derniers mois. Parfois il arrivait que ses vieux démons ne prennent le dessus et qu’elle laisse de mauvaises paroles s’échapper de ses lèvres. Elle avait très vite regretté la dispute de la veille. Carlisle ne méritait pas de subir ses excès de colère. Elle avait dormi pour la première fois ,depuis qu’elle s’était installée chez lui, seule. Ils n’avaient pas grand-chose en commun et bien qu’elle essayait de faire des efforts, tout cela était nouveau pour elle. Jusque-là, sa vie se résumait à coucher avec le premier venu, de préférence des hommes matures et mariés, puis à leur réclamer des services qu’ils ne pouvaient lui refuser. Elle en avait fait un jeu puisque de toutes les relations qu’elle avait eu au cours de ces dernières années, aucune n’était vraiment sérieuse. Elle se fichait du mal qu’elle pouvait causer, rien n’avait de l’intérêt pour la jolie héritière. Seulement, elle avait commencé à voir plus grand lorsqu’elle se mit en tête de séduire le pilote. Au départ, il n’était qu’une victime parmi les autres. Elle avait espéré qu’il plaide sa cause auprès de ses proches. Carlisle était tout ce qu’il y avait de plus loyal dans cette compagnie. On racontait beaucoup de bien sur le pilote et sur sa relation idyllique avec Amal. Tel un vautour, Mina s’était mise à tourner autour de lui dans l’espoir qu’il cède à ses avances. À mesure qu’il lui résistait et qu’il ne la frustre, elle avait développé une sorte d’obsession pour le pilote. Elle l’avait placé sur un piédestal persuadée qu’elle ne pourrait jamais l’atteindre. Seulement, elle avait surestimé l’homme et elle avait oublié d’ajouter à cette équation les sentiments qui naissaient au fond de ses entrailles pour lui. Ajouter à ceci un bébé et le piège se refermait doucement sur eux. À vouloir trop jouer, elle avait fini par se brûler. Elle avait perdu le contrôle et plutôt qu’essayer d’arranger les choses, elle rendait la vie du pilote infernale. Gênée par son comportement de la veille, elle avait eu beaucoup de mal à trouver les bons mots pour s’excuser. Un exercice plutôt laborieux quand on n’a pas l’habitude de culpabiliser. Elle posa la main de Carlisle sur son ventre, aussitôt elle sentit la petite créature bouger. « Viens. » Elle se laissa pousser en arrière, tandis qu’elle se blottit dans ses bras. Ce n’était pas la première fois qu’il partageait ce genre de moment mais ces derniers temps ils se faisaient plus rare. L’un comme l’autre ne savaient pas s’y faire dans cette relation qui n’en était pas totalement une. Elle dépose un baiser sur son bras qui entoure son cou. Des papillons lui parcourent l’estomac lorsqu’elle sentit son souffle lui caresser la nuque. Si seulement il savait combien il comptait réellement pour elle. Elle profita de ce moment de douceur, se calant un peu plus confortablement dans ses bras. Elle était bien, au chaud et elle se sentait en sécurité prés de lui. Elle avait l’impression que plus rien ne pouvait l'atteindre mais au fond d’elle, elle savait que ce n’était qu’une impression et qu’elle n’aurait pas plus du pilote. « Je sais que je n’ai pas toujours eu les bons mots, les bons gestes, les bonnes attitudes avec toi. » elle reste pensive, caressant du bout des doigts l’avant-bras de l’héritier. Il s’était toujours montré plus adulte qu’elle. Surement à cause de leur différence d’âge qui l’obligeait à tempérer les réactions excessives de la brunette. « Je sais que ce n’est pas facile, pour toi. » elle hocha la tête, elle avait passé les pires mois de sa vie bien qu’il ne soit pas le seul coupable dans cette histoire. Elle avait passé son temps à haïr son bébé et le pilote par la même occasion. C’était probablement plus simple pour elle de les tenir responsable de son malheur. « J’aurais tellement voulu que tout soit différent. Que tout se passe mieux. » elle l’écoutait attentivement, d’accord avec tout ce qu’il racontait. « Ta grossesse, la cohabitation, notre relation. » elle se retourna instinctivement sur sa dernière parole. C’était bien ça le problème. Leur relation… Elle ne réussit pourtant pas à parler. En sept mois, elle n’avait jamais osé lui avouer ses sentiments. Elle se mentait à elle-même parce qu’elle ne supporterait pas l'idée qu’il puisse la rejetter. [color:2c5e= #33ccff]« Puisque les sept premiers mois n’ont pas été évidents, tâchons de rendre les deux derniers plus… Normaux. » son regard se mêle au sien, pourquoi c’était si dur de le dire. Trois mots pour résumé tout ce qu’il provoquait en elle. Le moment était pourtant idéal mais elle n’y parvient pas. Elle se contenta d’hausser la tête un petit sourire aux lèvres. « Bien sur… » acquit-elle simplement. « Je vais essayer de me rendre plus disponible pour passer du temps avec toi. » elle se perdit un instant dans son regard, tandis qu’elle cachait difficilement son envie de l’embrasser. Elle se rétracta aussitôt au premier coup du bébé qui visiblement n’appréciait pas qu’on l’oubli. « Avec vous. » Elle sourit à son tour. C’était la première fois qu’elle se sentait appartenir à cette famille. Elle s’était toujours senti exclue dans cette complicité entre sa fille et le futur père. « Je peux ? » elle retire sa main de son ventre, hochant la tête pour l’autorisé, bien qu’elle n’avait pas toujours l’habitude qu’on prenne sa permission pour lui ôter ses vêtements.
Dernière édition par Mina Farrell le Dim 1 Sep 2019 - 21:11, édité 1 fois
Depuis quand n’avaient-ils pas partagé un moment tel que celui-là ? Des semaines, sans doute. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui manquait à Carlisle ; seulement, malheureusement, les deux amants n’avaient jamais été sur la même longueur d’onde. Quand l’un se décidait à faire un pas vers l’autre, l’autre s’obstinait à le repousser de toutes ses forces. C’était parfois maladroit, souvent violent, rarement justifié. Ils se balançaient des horreurs au visage, jusqu’à ce que l’un finisse par tourner les talons pour mettre fin à ces échanges ridicules. La veille, leur dispute avait été particulièrement forte : rien n’aurait pu laisser présager que l’héritière viendrait d’elle-même s’excuser, parfaitement consciente d’avoir dépassé les bornes. Mais l’ancien pilote savait reconnaître les efforts qu’elle faisait et, plutôt que de la rejeter, il préféra savourer ce moment d’accalmie. Il la fit s’allonger à ses côtés et, machinalement, leurs deux corps s’emboîtèrent. Carlisle entoura le corps de l’héritière de ses bras, et nicha son nez dans son cou. Il inspira profondément, s’imprégnant de l’odeur de Carmina – il reconnaissait facilement l’odeur vanillée qu’elle dégageait, mais il sentit que quelque chose avait changé. Ou, plus exactement, évolué. Les hormones avaient dû passer par là, songea-t-il alors qu’un léger sourire s’accrochait à ses lèvres. Comprenant que ce moment était à la fois rare et précieux, l’héritier Bishop jugea bon de jouer cartes sur table avec sa nouvelle colocataire. Pour l’une des premières fois, plutôt que de pointer du doigt ce qui n’allait pas, il préféra faire son mea culpa. Parce qu’au cours de cette nuit sans sommeil, il avait eu le temps de réfléchir. Avait-il été suffisamment présent ? S’était-il montré suffisamment attentif ? Aurait-il dû agir autrement ? Carlisle avait toujours eu la volonté de bien faire, mais sa relation avec Carmina n’avait rien de simple. Ils n’étaient pas ensemble, ils ne savaient pas dans quoi ils s’aventuraient ; il n’y avait rien d’officiel, et tout cela rendait les choses autrement plus compliquées. Hormis Savannah, personne dans l’entourage de Carlisle ne savait qu’il allait devenir père. Pas même son propre géniteur, qu’il croisait pourtant tous les jours au travail. L’emménagement de l’héritière Farrell était resté secret, et lui assurait un minimum de tranquillité et de sérénité. Mais jusqu’à quand ? Tôt ou tard, quelqu’un découvrirait la vérité. Sur elle, sur eux, sur leur situation précaire. Et l’ancien pilote souhaitait à tout prix éviter ceci pour le moment – ne serait-ce que pour garantir à la mère de son enfant une fin de grossesse calme et préservée de toute agression extérieure. Ils avaient déjà suffisamment à gérer entre eux pour que quelqu’un d’autre ne s’invite dans la danse. Un sourire sincère passa sur le visage du pilote lorsque l’héritière, visiblement sensible à son discours, approuva ses propos. Ils semblaient avoir trouvé un terrain d’entente, et ce n’était pas là une mince affaire. Carlisle lui promit de faire des efforts, et intérieurement, il se jura d’être plus présent pour lors des mois à venir. Carmina était jeune, fougueuse, entêtée ; il comprenait que sa vie avait dû être bouleversée par cette grossesse non désirée.
Ils se regardèrent en silence, apaisés. Tous deux semblaient soulagés d’avoir trouvé un terrain d’entente, et prêts à s’accorder quelques semaines de répit. Pour la première fois depuis longtemps, il ne lut aucune animosité dans le regard de Carmina. Bien au contraire ; ses yeux pétillaient de malice. Elle était radieuse, et il ne put que la trouver magnifique. Cet instant complice qu’ils partagèrent fut troublé par l’être qui grandissait dans le ventre de sa mère, et les deux futurs parents échangèrent un regard amusé et ému. Bientôt, ils seraient trois. Et ça, ça donnait des ailes à Carlisle. « D’accord. » Acquiesça l’Australien, avant de se redresser. Il avait eu peur qu’elle refuse, mais ce ne fut pas le cas. Alors qu’elle retirait sa main de son ventre, l’ancien pilote l’attrapa et la porta à ses lèvres. Il embrassa chacune de ses phalanges, avant de déboutonner la chemise qui recouvrait les courbes de l’héritière. Il se concentra sur sa tâche, et fit barrage à toutes les pensées parasites qui pouvaient lui traverser l’esprit. « Raconte-moi. » Réclama l’ancien pilote, curieux d’entendre les ressentis et les impressions de Carmina. Il arrêta de la déshabiller lorsqu’il arriva à l’orée de sa poitrine, qu’il devinait nue sous le tissu. Il écarta chaque côté de sa chemise, et dévoila finalement le ventre de la mère de son enfant. Il hésita pendant quelques secondes, avant de finalement de l’entourer de ses mains et de déposer ses lèvres sur son point le plus haut. Transporté par cette sensation unique et nouvelle, il partagea un dialogue à sens unique, à voix basse, avec son bébé. « C’est Papa. Je sais que j’aurais dû faire ça plus souvent, mais tu m’intimides un peu… Pourtant, je t’attends avec impatience, mon bébé surprise. Je meurs d’envie de te voir, de te prendre dans mes bras, de t’embrasser. Tu vas voir, on va faire plein de choses ensemble. Reste encore un peu au chaud avec maman, et après, tu verras, on va être heureux tous les trois. » Il ferait tout pour qu’ils le soient, en tout cas. Rien n’était jamais parfait, mais il ferait de son mieux. Il serait un autre père que celui auquel il avait eu droit, c’était une évidence. Il serait un père présent, attentif, aimant. Il releva les yeux vers Mina, curieux d’observer sa réaction.
★ Carlisle Bishop & Mina Farrell #4 Mina avait une crainte et malgré qu’elle ne la verbalisé elle se demandait ce qu’il adviendra d’elle une fois le bébé au monde. Elle savait que devenir parent n’était pas une mince affaire. Il fallait s’occuper de l’enfant, le changer, le cajoler et surtout lui donner beaucoup d’amour. Chose qui malheureusement ne venait pas. Elle s’interdisait de ressentir le moindre sentiment pour la créature en elle. Sa grossesse n’était pas voulue et elle avait toujours refusé de cohabiter avec ce petit hôte. Elle n’avait pas changé de style de vie et ne s’interdisait aucune restriction malgré les recommandations des médecins. Elle n’en faisait qu’à sa tête mettant en péril la santé du bébé mais également la sienne. Carlisle était le premier à payer ses excès d’humeur. Elle se transformait en véritable démon et regrettait aussitôt ses gestes. Pourtant, tout aurait pu être plus simple si elle se conduisait plus souvent en adulte. Elle était passée d’un statut à un autre. Celle d’une grande enfant à celui de mère porteuse. Il était clair dès le départ qu’il ne serait pas à elle. Et pourtant, elle s’était parfois surprise à lui parler. Elle avait beau hurlé sur tous les toits qu’elle détestait cet enfant, elle se rendait bien compte qu’elle s’intéressait un peu plus à lui. Instinctivement, elle protégeait son ventre pour le moindre choc. Le jeune père faisait toujours en sorte d’inclure leur futur enfant dans les conversations. Il n’y avait qu’à le voir pour comprendre qu’il serait un papa poule. Son père n’était pas un homme démonstratif de ses sentiments. Souvent en déplacement, il arrivait qu’elle ne le voit pas pendant plusieurs mois sans que ça n’inquiète personne. Les responsabilités passaient avant la famille et elle avait été habituée à grandir parmi les domestiques qui ne faisaient qu’accroître sa place d’enfant roi dans l’immense demeure des Farrell. Mina exigeait et elle avait aussitôt. Chacun de ses anniversaires étaient une fête en lui-même, tous plus exubérant et onéreux les uns que les autres. Elle dépensait sans compter, jusqu’à faire venir Beyoncé pour ses dix-huit ans. Le vent avez soudainement changé de direction et elle se rendait bientôt compte qu’elle n’avait peut-être pas besoin de tout ceci pour être heureuse. De tout ce qui pouvait lui faire plaisir, se retrouver dans les bras de Carlisle était en tête de liste. Elle aimait sentir son souffle sur sa nuque et la chaleur de son corps contre le sien malgré la couche épaisse de vêtement qui les séparait. Il était l’élément qui lui permettait de tenir le coup lorsqu’elle perdait pied. Elle le rendait aussi fou qu’elle ne l’était. Il se montrait patient pour leur enfant. Elle voulait le prendre en exemple mais l’amour n’était pas une notion qu’elle maîtrisait aussi bien que lui. Elle avait souvent été déçu, d’abord par sa famille, puis par ses amants au point qu’elle avait créé une carapace autour d’elle de peur d’avoir à subir de nouveau le rejet. Son égo avait gonflé aux courant des dernières années. Elle préférait être celle qui faisait mal plutôt que celle qui devait souffrir. Au point même qu’elle avait fini par trouver du plaisir à en faire. Elle avait détruit quelques couples en chemin, parfois pour des sombres histoires de chantages. Tous les moyens était bon pour obtenir ce qu’elle voulait. Mina passait en première et avant tout le monde. Et aujourd’hui, elle se retrouvait incapable de devoir penser à quelqu’un d’autre avant elle-même. « D’accord. » elle avait accepté de le laisser déshabiller son ventre. Une partie d’elle voulait se faire pardonné la soirée d’hier. « Raconte-moi. » elle reste silencieuse un instant. Elle n’avait absolument rien à lui raconter. Ça serait mentir de dire qu’elle ressentait quelque chose, là tout de suite si ce n’est l’immense boule à l’intérieur de son abdomen. « Elle…dort » mentit-elle finalement pour se sortir de la situation. Elle avait beau essayé de faire preuve de volonté, elle n’arrivait tout bonnement pas à se projeter dans la situation où ils seraient tous les trois. Elle ne se voyait pas dans ce parfait tableau de famille. Elle serait une mauvaise mère. Elle le savait et elle en était persuadée. Ce n’était pas à sept mois de grossesse qu’elle allait faire son mea culpa. Pourtant à voir la déception de son amant face à sa réponse elle passa la main dans ses cheveux se forçant finalement à jouer le jeu. « Elle aura tes cheveux. » dit elle en les caressant doucement, alors qu’il portait sa main sur son ventre nu. « et ta gentillesse. » dit-elle honnêtement. Elle espérait pour cet enfant qu’il puisse ressemblé à Carlisle sur beaucoup de choses. « elle aura un papa formidable. » elle le pensait. Elle en était presque jalouse mais il fallait bien l’admettre. « C’est Papa. Je sais que j’aurais dû faire ça plus souvent, mais tu m’intimides un peu… Pourtant, je t’attends avec impatience, mon bébé surprise. Je meurs d’envie de te voir, de te prendre dans mes bras, de t’embrasser. Tu vas voir, on va faire plein de choses ensemble. Reste encore un peu au chaud avec maman, et après, tu verras, on va être heureux tous les trois. » Elle avait doucement arrêté ses caresses. Elle tourna un instant la tête, comme pour laisser un peu d’intimité au père et à sa fille. Elle ne s’incluait pas dans cette famille. Elle se sentait bien souvent de trop. Elle finit par le regarder lorsqu’il parla d’eux trois. Le pensait-il réellement ? Comment pouvait-il être heureux avec elle alors même qu’elle lui avait gâché une partie de son avenir. « Carlisle, je ne serais pas une bonne mère. » dit-elle finalement, légèrement bouleversée par l’idée qu’elle en serait une quand même. « Et vous serez bien plus heureux sans moi. Ce bébé ne mérite probablement pas que je fasses partie de sa vie. » ces mots lui déchirent le cœur. Au final c’était peut-être la meilleure chose qu’elle pouvait faire pour eux. « Toi non plus, d’ailleurs. » souffla t-elle avec toute la lucidité qu’elle pouvait avoir à cet instant. « Tu ne veux pas de moi dans ta vie ni celle de ta fille. » elle essayait de se détacher de ses paroles du mieux qu’elle pouvait. Elle qui s’était toujours amusé à dispercer le mal autour d’elle sans le moindre scrupule, décidait finalement de faire au moins une chose de bien dans sa vie. « Je ne vous mérites pas. »
Il laissa sa joue reposer sur le ventre arrondi de Mina, tandis que cette dernière venait caresser ses cheveux. Depuis quand cela n’était-il pas arrivé ? Depuis quand n’avaient-ils pas eu droit à un peu de répit ? Carlisle était soulagé de voir que la dispute de la veille avait tout de même donné du bon. Il savait que, pour l’héritière, ce n’était pas facile d’aller à sa rencontre pour s’excuser. Elle était d’habitude trop fière et trop hautaine pour le faire. L’ancien pilote sourit légèrement lorsqu’elle mentionna sa gentillesse, l’une des qualités dont elle espérait que leur enfant hérite. « Je ferai tout pour. » Promit-il d’une voix douce. Dans sa tête, une chose était sûre : il n’agirait pas comme son père avait pu le faire avec lui. Il tâcherait d’être un père présent et aimant. Un père qui aimerait partager des choses – telles quelles soient – avec sa progéniture. C’est ce qu’il essaya de lui faire comprendre, dans le petit laïus qu’il fit. Ce dernier eut d’ailleurs beaucoup d’effet sur la future mère, puisque cette dernière exprima, pour la première fois, ses doutes à haute voix. Ses doigts encadraient toujours le ventre de l’héritière, tandis qu’il la cherchait du regard. Mais visiblement, elle préférait se montrer fuyante. Il comprit que lui avouer tout cela ne devait pas être facile. « Pourquoi tu dis ça ? » Demanda-t-il à voix basse, alors qu’il sentait clairement que Carmina était en plein doute. Il ne pouvait pas lui en vouloir – elle serait bientôt au terme de sa grossesse, et l’avenir devait l’inquiéter. Lui-même n’en menait pas large, et se posait des centaines de questions qui restaient encore sans réponse. La seule chose qu’il souhaitait le plus au monde, c’était que son enfant soit en bonne santé. « Ni toi ni moi n’avons d’expérience. On va devoir apprendre, tous les deux. » Dit-il en souriant légèrement, pour tenter de la rassurer. Il effleurait la quarantaine du bout des doigts, et allait avoir son premier enfant. « Et puis, entre toi et moi, je pense qu’il est impossible d’être parfait en tant que parent. On fait de notre mieux… » Mais ce n’était pas toujours une réussite. Il suffisait de faire le constat de leur enfance, de leur adolescence. Les catastrophes n’avaient jamais été loin, et pourtant, chaque parent avait probablement donné le meilleur de lui-même. Mais ça n’était jamais assez. « Je ne peux pas te laisser dire ça… » Déclara l’ancien pilote en se laissant tomber à ses côtés. Il lui fit face, allongé sur le matelas, et il pouvait lire dans ses yeux toute la détresse qu’elle pouvait ressentir. Un sourire sans joie glissa sur son visage, et il poursuivit : « Je n’en parle jamais, mais… J’ai perdu ma mère quand j’avais dix ans. Et il ne se passe pas un jour sans qu’elle me manque. » Atrocement, à vrai dire. Carlisle n’avait plus jamais été le même, depuis ce jour. Il ne souhaitait cela à personne – et certainement pas à son propre enfant. « Je ne voudrais pas que notre enfant vive la même chose. » Avoua-t-il à voix basse. Sa main s’était posée sur la joue de l’héritière, et son pouce la caressait doucement. Pendant une fraction de seconde, il fut tenté de combler le maigre espace qui les séparait pour mieux s’emparer de ses lèvres – mais il n’en fit rien. Ça n’aurait pas aidé à arranger la situation. « Ce n’est pas vrai. » Rétorqua-t-il en secouant la tête, laissant finalement sa tête retomber sur son oreiller. Il noua ses mains sur son abdomen, et se perdit dans la contemplation du plafond de sa chambre. « Si c’est ce que tu penses, tu peux te le sortir de la tête sur le champ. » Ajouta-t-il. Il déglutit, hésitant. Devait-il se montrer plus clair ? Devait-il lui dire qu’il ne savait plus où il en était, depuis qu’elle vivait sous son toit ? Devait-il lui dire que chacun de leurs joutes verbales le laissait dans un drôle d’état ? Devait-il lui dire que dormir à ses côtés avait parfois été une torture, tant son corps lui faisait envie ? « C’est plus compliqué que cela. » Finit-il par admettre, sans pour autant rentrer dans les détails. Il n’était pas sûr de pouvoir assumer cette conversation jusqu’au bout. Pas sûr de pouvoir être parfaitement honnête. Pas sûr de pouvoir lui résister, tout simplement.
★ Carlisle Bishop & Mina Farrell #4 L’héritière avait manqué d’une chose importante tout au long de sa vie. Une chose essentiel au bien être de chaque enfant. Inconsciemment, elle reproduisait le même schéma familial. Jamais, elle n’avait eu la sensation d’être aimé. Quoiqu’elle fasse ce n’était jamais bon pour l’image de l’entreprise. Constamment dans la provocation, elle n’avait jamais réussi à avoir l’attention de sa famille. Tout le monde la voyait comme une enfant pourrie gâté, ce qui dans le fond n’était pas faux, mais personne n’avait cherché à comprendre son mal-être. Si, elle ne pensait souvent qu’à elle, c’était parce qu’elle ne savait pas faire autrement. Elle ignorait comment aimer, elle avait longtemps pensé que le problème venait d’elle, s’imaginant les pire pathologie à son égard. Son comportement n’avait rien de sain et très vite ses proches l’avaient compris. Les quelques cachets que son psychiatre lui avait prescrit ne suffisait pas à calmer le mal qui la rongeait et pire encore elle avait décidé seule de ne plus les prendre. Elle se sentait mieux, elle avait l’impression d’enfin pouvoir être elle-même. Les derniers mois qui s’étaient écoulés avaient été relativement fort en émotions pour la jolie brune. Elle avait perdu son petit-ami, sa maison, le soutien de ses proches et se retrouvaient enceinte jusqu’aux dents. Elle avait espéré gagner Carlisle dans cette histoire, c’était déjà ça de pris lorsque tout son monde s’était effondré du jour au lendemain. Seulement l’ancien pilote n’était pas aussi docile qu’elle aurait voulu. Aussi difficile que pouvait être leur quotidien, il lui donnait parfois l’impression d’être normale. Et c’était particulièrement ces instants qu’elle chérissait. Elle se mettait parfois à ne plus penser à elle mais à Carlisle et au bébé aussi. Ils formaient un nous lorsque toute sa vie, elle n’avait été qu’un ‘je’. Ses doigts se perdaient dans la chevelure doré du pilote. Dans ses bons moments Mina ressemblait à ça, elle se sentait apaisée et sereine. C’était comme si tout ses problèmes se volatilisaient. Il lui arrivait de vouloir se donner une nouvelle chance, de refaire les choses bien et proprement cette fois. Malheureusement ses bonnes résolutions ne duraient jamais bien longtemps. La facilité et ses craintes reprenaient le dessus. Elle savait au fond d’elle que tout ceci ne durerait pas, combien de temps allait-il encore tenir avant de se rendre compte qu’elle ne ferait pas l’affaire. Elle préféra rester silencieuse pour ne pas gâcher le moment. Elle se laissa doucement tirer vers lui, alors que sa tête venait se poser délicatement sur son torse. Son regard se posa quelques instants dans le sien. Un instant, elle cru qu’il l’embrasserait. Elle en eut très envie mais au lieu de ça, il se mit à lui parler de sa mère. Elle préféra cacher sa déception lorsqu’il se confia sur sa mère. Elle ne réussit pas à se montrer compatissante. Surement parce qu’elle aurait préféré savoir la sienne morte. La relation qu’elle entretenait avec sa propre mère était loin d’être saine. Les deux femmes se détestaient. Lorsqu’il lui avoua qu’il ne voulait pas de ça pour son enfant, elle souffla spontanément : « Parfois la mort est une aubaine face à certaines souffrance… » elle parlait de son vécu mais également pour l’enfant qui s’apprêtait à naître et qu’elle savait pertinemment qu’elle ne répondrait pas aux attentes du Bishop. Elle ferma un instant les yeux pour profiter de cet instant de paix, tandis qu’elle pouvait sentir le souffle de l’héritier sur son visage. « Si… c’est vrai! » résista t-elle. Il ne voulait pas d’elle, elle l’avait bien compris. Elle était entrain de lui proposer une solution qui l’arrangerait mais il jouait la fine bouche. Elle se releva doucement, attrapa ses joues qu’elle vint compresser du bout des doigts puis déposa enfin un baiser sur ses lèvres. « ne me mens pas Carlisle. On sait tout les deux que tu n’es pas amoureux de moi… » elle refusait de perde la face, elle voulait donner l’illusion que ce qu’elle disait lui passait au dessus de la tête. « Ne t’en fais pas, à la seconde où ce bébé naîtra, tu m’oublieras. » lança t-elle avant de se lever finalement du lit et de quitter la pièce avant d’hurler quelques mètres plus loin. « Le petit déjeuner est prêt… »