« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
Timothy se voulait plus calme ces derniers temps. En tout cas, il tentait par dessus tout de faire taire ses inquiétudes et ses doutes. Ceux-ci avaient toujours été puissants, prêts à le faire vaciller vers le côté obscur mais le jeune gardien de cimetière avait toujours fait preuve de force pour les empêcher de gagner. Maintenant qu'il avait pris le temps de peser le pour et le contre de ses visites à sa mère, Timothy réalisait qu'il était temps qu'il fasse un peu plus attention à lui et pour cela, il pouvait compter sur la présence d'Alex. C'était elle en premier lieu qui l'avait fait réfléchir sur sa condition. Elle avait raison: Decastel était toujours prêt à se sacrifier pour autrui, à tout faire pour protéger les personnes qu'il aimait quitte à mettre sa propre vie entre parenthèses. C'était l'histoire de sa vie pour ainsi dire, Tim toujours dans un coin sombre à attendre qu'on ait besoin de lui, oubliant qu'il avait aussi le droit de profiter de la vie de son côté. Il était idiot puisque le temps passait et qu'il se contentait de la morne routine qu'il avait installé depuis plus de dix ans désormais. Trente trois ans de vie et il en était toujours là, toujours à attendre que le destin trouve une nouvelle cible avec laquelle s'amuser mais l'ombre des Decastel était trop intéressante pour qu'on les lâche. Un jour, peut être, les choses changeraient. Un jour, peut être, le bonheur viendrait les happer. En attendant, Tim comptait bien profiter de doux instants aux côtés de ses amis les plus proches, Alex en première ligne. Elle l'avait quitté durant huit longues années et cette absence s'était faite ressentir dans la morosité du gardien de cimetière, même si celle-ci était inconsciente en réalité. Alex avait été une part importante de sa vie, certainement parce qu'il lui avait vouée un amour sans fin quand ils étaient plus jeunes et qu'il aurait tout fait pour elle. Absolument tout. Même lui pardonner son départ précipité, même lui pardonner son coeur brisé. Tim s'en était remis avec le temps, il s'était renfermé dans son petit cimetière et le temps avait fait son oeuvre. Ce jour-là, Timothy avait quitté ce lieu qui se voulait rassurant pour lui afin de donner rendez-vous à la belle Clarke dans un café environnant. Cela faisait quelques semaines qu'ils n'avaient pas pris le temps de se retrouver juste tous les deux et pour sûr qu'ils avaient des tonnes de choses à se dire. Alex avait certainement dû retrouver quelques figures du passé et Decastel espérait que les retrouvailles s'étaient bien déroulées dans la majorité des cas. Encore une fois, il s'inquiétait plus pour elle que pour lui, c'était maladif avec lui. Après sa journée de travail donc, il se dirigea vers le café, trouvant une petite table dans un coin discret, attendant patiemment l'arrivée de son amie. Lorsqu'il l'aperçut, il lui fit un grand signe de la main pour qu'elle vienne le retrouver. "Alex, je suis le plus heureux des hommes de te voir! Tu vas bien?" Timothy se releva pour venir l'enlacer rapidement, une vieille habitude qu'ils avaient gardé malgré les années sans se voir. Puis, il invita la jeune femme à s'asseoir en face de lui, un large sourire au coin des lèvres. "Alors, ton retour en ville, ça s'est bien passé?" Elle avant lui, encore et toujours. Tim ne pouvait pas vraiment s'en empêcher vu l'importance qu'elle avait toujours eu pour lui et qu'elle aurait certainement toujours.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
Ca faisait désormais quelques mois qu'Alex avait déposé ses valises à Brisbane. Pour la seconde fois en dix ans, elle avait fait le trajet Londres – Brisbane. La première fois, elle était arrivée en Australie avec l'envie de se découvrir, de grandir. Cette fois, c'était un tout autre chemin qu'elle empruntait, avec comme objectif de pouvoir se reconstruire ou au moins alléger sa culpabilité pour avancer plus librement dans le chemin de la vie. Et, s'il était encore trop tôt pour juger de la réussite de son plan, jusqu'à présent, ça semblait se digérer plus vers un échec qu'une belle victoire. Les cauchemars n'avaient pas disparu, même s'ils lui laissaient parfois un peu de répit, lui permettant de dormir avec un peu plus de facilité qu'à Londres. L'appel de la drogue qui s'était fait ressentir au premier moment dur, avait aussi fini par se faire moins présent et elle avait trouvé un moyen de contrôler ses pensées, ses craintes, en les noyant à coup d'alcool. C'était clairement pas glorieux, mais elle ne s'était jamais sentie très vaillante ou très forte, alors elle faisait avec les moyens qu'elle avait. Et elle en avait peu finalement pour combler ses remises en questions perpétuelles. Heureusement, à coté de ce qui pourrait ressembler à une vie chaotique, elle avait quelques moyens de se réjouir, quelques éléments qui lui faisaient naître un espoir infime de pouvoir un jour vivre sereinement. Elle avait son boulot, et elle aimait vraiment ce qu'elle faisait, se plonger dans les histoires de glorieux sportifs, dans les archives des plus belles réussites autant en espoir sportif qu'humain. Elle aimait le sport et ce que ça lui procurait comme émotions. Et son travail lui permettait de passer des journées à focaliser ses pensées et ses forces sur autre chose que sur sa vie morose. Et puis il y avait les rencontres et retrouvailles qu'elle avait pu faire depuis son retour. Et si certaines l'avaient poussé dans son coté le plus sombre, elle avait eu aussi la joie de retrouver des personnes de son passé, des personnes qui avaient compté pour elle et qui semblaient prêtes à lui accorder à nouveau la place qu'elle avait auprès d'elles. Des rencontres qui s'avéraient être des bouffées d'oxygènes pour l'Anglaise qui avait parfois l'impression de suffoquer dans ce monde qu'elle n'arrivait pas toujours à comprendre. Alors, elle prenait les moments de répit que lui offrait ces personnes, avec beaucoup d'affection, trop peut être. Comme avec Caleb, à qui elle s'attachait bien trop, encore une fois. Juste parce qu'il lui apportait quelques minutes de répits, quelques minutes de sourire, de regards qui lui rappelait la femme qu'elle avait été. Et, elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour éviter cette solitude dans lequel elle s'était enfermée trop longtemps. Tout jusqu'à risquer de blesser encore ces proches, jusqu'à cacher des vérités pour ne pas perdre ce lien, pour ne pas être seule. Pour ne pas se retrouver confrontée à cette solitude qui l'attendait constamment pour l'accabler de reproches et de culpabilités. Cette solitude dans laquelle naissait ses plus gros doutes, ses plus grandes peurs. Elle n'avait jamais aimé être seule, parce que seule, elle n'avait jamais su faire taire cette voix en elle qui lui rappelait sans cesse qu'elle n'était pas digne, qu'elle n'avait pas le droit au bonheur. Cette voix intérieur qui lui répétait en boucle, qu'elle méritait d'être malheureuse et qui prenait un plaisir malsain à lui rappeler ses erreurs et ses mauvais choix.
Et elle le sait, pour faire taire cette voix, il n'existait pas une tonne de solution. L'alcool aidait jusqu'au réveil et la gueule de bois. La drogue avait aidé mais de façon éphémère, et désormais elle portait ce souvenir comme un autre fardeau qui venait se rajouter à un tas d'autres choix douteux qu'elle avait pu faire. Le sport pendant un temps l'avait soulagé ; se faire mal physiquement pour s'épuiser et concentrer son corps sur des douleurs réelles pour éviter de le laisser vaquer à des douleurs plus internes, plus ancrées qu'elle ne pouvait pas soulager. Mais, elle avait compris, huit ans plus tôt que la façon la plus efficace et la moins nocive pour elle ; c'était de s'entourer de personnes qui arrivaient à la voir différemment. Des amis qui lui portaient une considération, un regard bienveillant et qui arrivaient à lui faire comprendre qu'elle était digne d'eux, digne de ce monde, digne d'être heureuse elle aussi. Parce qu'elle avait bien trop d'insécurité en elle pour se le persuader seule. Et qu'elle n'avait pas la force de résister seule, elle n'était pas forte, pas fière, pas combative, en tout cas, pas pour elle. Et elle avait besoin de se sentir aimer, de se sentir apprécier, parce qu'elle avait bien trop manqué d'affection et d'amour dans sa jeunesse pour se construire une base stable. Alors quand elle avait reçu l'invitation de Decastel, elle avait juste sourit au message parce que si leurs retrouvailles avaient été riche en rebondissement, elle avait retrouvé Tim, son Tim. L'Anglaise avait pourtant tenté de le repousser, pour le protéger d'elle, pour éviter de le faire souffrir, mais il s'était accroché à leur amitié et elle, elle s'était accrochée à lui. Decastel, le premier qui avait réussi véritablement à percer le mystère Alex. Le premier qui avait vu derrière le sourire et la folie de l'Anglaise, ses failles et ses fragilités. Le premier aussi à lui avoir donné une certaine confiance en elle. La vraie elle, pas la fêtarde qui buvait et testait un peu trop de choses pour son propre bien. Timothy, une relation que personne ne pouvait réellement comprendre, (même elle ne l'avait pas comprise finalement) mais qui l'avait aidé à se construire et à grandir. Et même si apprendre qu'il avait été amoureux d'elle l'avait fait réfléchir sur certaines choses, elle ne pouvait se passer de lui. Pas maintenant, plus jamais. Leur complicité avait été forte, si forte qu'elle avait été le sujet des rares disputes avec Caleb. C'était Tim et Alex, Alex et Tim contre le reste du monde. Et au fond, si Alex avait pu se montrer aussi ouverte avec Caleb, si elle avait pu vivre son histoire d'amour avec l'Australien, c'était sans aucun doute grâce à Tim. Parce qu'il avait réussi à donner une confiance et une assurance à l'Anglaise. Finalement la confiance les avait rapproché. Tim avait réussi à montrer à Alex qu'elle pouvait plaire, elle et qu'elle n'avait pas besoin d'être dans l'excès pour être intéressante. Et, elle, elle avait tenté d'aider Tim dans l'acceptation de ce qu'il était et de ce qu'il avait vécu. Sa mère avait détruit ce petit garçon, et l'adulte gardait encore des séquelles vives et Alex l'avait vu, l'avait comprit. Elle avait senti qu'ils avaient tout deux bien du mal à vivre, à grandir et à s'épanouir avec leur passif familial. Et que chacun pouvait apporter un peu à l'autre, en tout cas lui, il lui avait apporté énormément. Il avait vu derrière sa carapace et il avait apprécié ce que l'Anglaise avait à donner. Et ça jamais Alex ne l'avouerait à Tim, pas après ce qu'il lui avait confié, mais c'était lui qui lui avait permise de faire confiance et de s'ouvrir au bonheur. D'être elle même tout simplement. Et maintenant, c'était à son tour d'aider son ami, parce qu'il était hors de question qu'il reste seul à regarder passer la vie, dans un métier ou il côtoyait la mort de plein fouet, tout le temps.
Alors ce jour là, elle avait quitté le boulot un peu plus tôt, chose rare pour elle qui avait tendance à se faire des journées à rallonge pour repousser le moment ou elle rentrerait chez elle, seule. Mais ce soir, elle n'allait pas être seule et elle avait envie de sourire à l'idée de retrouver Tim. Parce qu'elle croyait vraiment qu'il était son rayon de soleil, pas la solution à tout ses malheurs, mais celui qui pouvait apporter un peu d'éclairci au milieu de toute la noirceur de son monde. Une lueur, un sourire, un moment de répit auquel se rattacher pour souffler un peu et reposer son cœur qui souffrait bien trop. Une compagnie dont elle pourrait apprécier la présence, sans se culpabiliser. Une présence qui saurait l'apaiser sans attiser ses doutes. Une épaule sur laquelle se reposer et une raison de sourire tout simplement. Et sourire justement, elle le fit dès qu'elle le vit assit dans ce bar, un peu à l'écart du reste du monde, comme à son habitude. Il était là, sans réellement se mêler à la foule. Mais à regarder avec ses yeux bleus envoûtant. Elle s'approcha de lui et il se leva pour l'enlacer. Elle souriait devant le geste d'affection de Tim et ses petits mots, doux et attendrissants. « Te voir me ravis mon cher. » Alex prenait place face à Tim, essayant de garder un esprit positif, bien aidé par le large sourire de Tim. « Tu me connais non ? Je dirais donc pas forcément bien, mais ça pourrait être pire. » Et elle relativisait, c'était assez rare chez elle, l'effet Tim sans doute. « J'ai revu deux trois connaissances, avec plus ou moins de réussites. Mais je suis vraiment contente d'être là avec toi Tim. Parce que l'autre fois, c'était compliqué. » Pas que ça ne l'était plus en ce moment, mais elle avait Tim face à elle, et elle ne voulait pas se laisser submerger par la difficulté des événements de sa vie. « Mais toi, comment tu vas ? Vraiment, pas de mensonges. » C'était la nouvelle donne de leur relation, plus question qu'il ne s'oublie, plus question que le Français ne se relègue au second plan.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
Dire qu'elle était revenue, Timothy n'en revenait toujours pas. Il avait fini par s'habiter à son absence, à passer devant son ancien appartement avec un air nostalgique collé aux traits de son visage. Il repensait aux multiples soirées qu'ils avaient passé entre ces quatre murs à parler de tout, mais surtout de rien, à rêver le monde avant de le vivre, surtout lui pour être honnête. Alex, elle, profitait de ce que ce monde avait à lui offrir et c'était Decastel qui se retrouvait à vivre son existence par procuration. Elle était la vie, lui n'était que la mort. Il travaillait dans un cimetière après tout, alors on pouvait difficilement le considérer autrement que comme un ange de la mort. Il avait toujours assumé ce rôle, persuadé que son destin était dans ce lieu de repos éternel. Il devait très certainement se tromper, personne de son âge ne pouvait être une faucheuse... En tout cas, il n'aurait pas mérité ce futur là. Après tout, Tim avait été une victime toute sa vie, victime de l'abandon, victime de la folie,victime d'une famille parfaitement dysfonctionnelle. Timothy n'avait jamais eu la moindre onde de méchanceté au fond de lui: il n'était que pardon et douceur. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il avait été si tendre avec Alex, le jour de leurs retrouvailles. Il aurait pu pester et lui en vouloir pour ces huit années sans nouvelle, mais le jeune homme avait toujours été incapable de faire preuve de rancune. Il comprenait tout à fait que, parfois, les gens aient besoin de temps pour se retrouver, simplement prendre du recul pour mieux revenir affronter un combat des plus tenaces. A l'époque pourtant, Decastel avait la sensation que son amie était heureuse parce qu'elle avait trouvé Caleb, qu'elle avait organisé sa vie à peu de choses près mais apparemment, il s'était trompé. Elle avait fui du jour au lendemain sans rien indiquer à qui que ce fut, même pas Caleb ou bien lui. Tim avait été très malheureux de se retrouver seul avec son triste sort, de nouveau à errer au fond de son cimetière sans avoir personne avec qui parler de tout cela. Le chagrin, la peur, la colère, c'était toujours avec la jeune Clarke qu'il en discutait et sans elle, il n'était plus qu'une marionnette prise dans un mutisme innommable. Le pauvre petit... Oui, c'était ainsi qu'on parlait de lui quand on le croisait dans les allées fleuries du cimetière, les personnes âges s'offusquant de voir une personne si jeune passé ses journées à désherber et enterrer des cercueils. Il aimait cela, pourtant, du moins il croyait aimer cela. Tim ne se connaissait pas vraiment en vérité. Il faisait semblant depuis tellement d'années qu'il agissait plus par habitude que par véritable connaissance de ses désirs et ses envies. Maintenant que la jeune Alex était de retour, le gardien de cimetière espérait qu'il arrêterait son manège, prendrait plus de temps pour prendre soin de lui comme son amie semblait tant le désirer. En attendant, il se retrouvait là à l'attendre, comme au bon vieux temps, fin prêt à vivre un moment unique avec elle, le premier depuis huit ans. En effet, on ne pouvait pas dire que leurs retrouvailles comptaient en la matière vu les pleurs qui en avaient fait partie et les douleurs qui s'étaient immiscées dans leurs deux coeurs fatigués. Timothy était toujours dans cet état, se sentant comme pris dans un étau mais il commençait à se réveiller, à réaliser que sa vie n'avait rien de normale ou même de saine. Dieu seul savait ce qu'il ferait de cette vérité ensuite. Pour le moment, Decastel ne pensait pas à l'avenir, il se contentait de sourire en voyant Alex se diriger vers lui pour mieux l'enlacer, heureux de la retrouver. Elle s'installa finalement face à lui et Timothy dût cligner des yeux plusieurs fois pour être certain que c'était bien, qu'il n'était pas en train de la rêver. "Tu me racontes? Je veux tout savoir et promis, je tâcherai de trouver les bons mots pour te réconforter, comme au bon vieux temps..." Sa main vint se poser délicatement sur la sienne, un sourire doux s'installant sur ses lèvres. Tim ne changerait peut être jamais dans ce genre de circonstances, Alex et ses aventures avant d'envisager d'exister dans ce monde. "Ecoute, ça va. Je prends le temps de réfléchir à ce que tu m'as dit... Je vais essayer de bouger ma carcasse, promis. Le temps passe après tout et peut être qu'il vaudrait mieux arrêter de le gaspiller bêtement." Il lui fit un petit clin d'oeil, s'armant de patience face à tout cela, bien incapable de dire ce qu'il adviendrait de lui une fois qu'il aurait pris le temps de considérer ses options. En attendant, il voulait tout savoir d'Alex, se rassurer sur son état parce qu'il avait besoin qu'elle aille bien. C'était son seul souhait même, à l'heure actuelle.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
« Oh tu sais je crois que j'ai atteins un niveau ou il te faudra plus que des bons mots pour me réconforter. » Et elle souriait, parce que sa remarque se voulait ironique, mais même si l'ironie était perceptible, il existait une part de vérité dans ce qu'elle annonçait qui laissait suggérer que même Tim et sa capacité à faire sourire l'Anglaise ne pouvait pas tout résoudre. « J'ai revu une amie, collègue de l'époque d'expérimentation de barmaid. Je crois que c'est la seule personne de mon passé avec qui ça s'est bien passé. Je veux dire sans larmes. » Un demi-sourire sur les lèvres, pour cacher ce qu'elle ressentait à l'intérieur, à savoir, la sensation d'avoir réellement tout gâché avec tout le monde. « Puis j'ai rencontré le mari de Rachel enfin celui qui était son mari avant qu'elle meurt, c'était étrange vraiment. » Étrange c'était le mot. Et elle réfléchissait à ce qu'elle pouvait encore raconter à Tim. « J'ai eu un mec qui a squatté mon appart aussi, un sdf qui s'était incrusté pendant mon absence. Une rencontre particulière. Et puis j'ai revu Caleb. » Elle avait soufflé cette information du bout des lèvres, incertaine. Elle ne savait pas si elle devait en parler avec Tim, si parler de Caleb était judicieux ou non. Elle ne savait même pas si elle avait envie d'en parler tout simplement, tant c'était étrange finalement de dire à voix haute qu'elle côtoyait de nouveau son ex. Alors elle n'avait pas apportait de précisions sur ce sujet, reprenant plutôt la parole pour continuer à compter le récit de son retour à Brisbane. « Au rayon des bonnes nouvelles parce que y’en a quand même. J’ai trouvé un job qui me plaît. Et j’ai pas eu de nouvelles de mon père depuis 3 mois, ce qui est énorme pour lui. 3 mois sans menaces, sans reproches, sans chercher à me déstabiliser. Je crois qu’il m’a enfin oublié. » Elle parlait de ses rencontres, de sa vie et Tim l’écoutait comme toujours. Elle n'amenait pas de détails précis, mais elle lui comptait les rencontres qu'elle avait faites depuis son retour, comme un moyen de lui faire un compte rendu et l'aider à cerner l'état de la vie de son amie. Et c'était une expérience assez étrange pour l'Anglaise qui devait faire une introspective de sa vie, de ces derniers mois. Elle se montrait vague, assez succincte, mais elle ne voulait pas risquer de s'égarer dans les souvenirs de certains moments qui avaient marqué son retour à Brisbane. Et à un moment elle s’arrêta et regarda Tim consciente qu’il avait recommencé encore. Qu'il s'était encore mit en retrait au profil d’Alex et de sa vie. « J'ai encore monopolisé la parole. » Elle savait que ça ne dérangeait pas le Français, mais elle ne voulait plus être le centre de leur amitié, elle voulait une relation saine entre eux et pour ça Tim devait s'affirmer, il devait le faire avec elle, pour ensuite pouvoir le faire avec les autres. C'était du moins le souhait d'Alex. « On va faire un truc. Tu me parles de toi et ensuite je répondrais à toutes tes questions sur moi. » Elle savait qu’il essayerait encore de ramener la discussion à elle ou à autre chose tant que ça lui évitait de se mettre en avant. Alors avec cette proposition elle espérait que Tim puisse accepter de s’ouvrir un peu sur lui, sur sa vie, accepter d’être le centre de la discussion un peu pour ensuite pouvoir avoir les réponses sur la vie d’Alex qui semblait lui tenir à cœur. Parce qu'elle avait aussi envie de découvrir la vie de son ami, de découvrir ce que le sort avait réservé au plus jeune de Decastel, espérant quand même que le destin lui avait laissé un peu de répit. « Parle moi de toi. De tes fréquentations, de tes rêves, de toi quoi. » Craignant peut être qu'il n'ait été tenté de se contenter du minimum, Alex avait ajouté un lot de question pour essayer de motiver son ami maladivement silencieux sur lui, à se confier un peu. « Tu vois toujours Ivan ? Tu es toujours aussi proche de ton frère ? Et n’essaye pas de me faire croire que personne n’a succombé à ton charme Français ? » Elle souriait en regardant Tim pour essayer de lui donner une certaine sérénité pour qu'il puisse se confier plus facilement. Mais son sourire trahissait aussi une petite incertitude. Elle devait lui poser une question, mais elle ne savait pas comment s'y prendre. Alors elle souriait pour ne pas montrer son petit malaise. « Tu vas toujours la voir ? » Elle avait vraiment hésité à poser cette question mais malheureusement ça faisait partie intégrante de la vie de son ami. Alors s'était lancée, et elle avait osé même si c’était impossible pour Alex de la nommer. Pour elle, Tim aurait dû depuis bien longtemps tourner la page, ça avait beau être sa mère, elle l’avait détruit. Elle l’avait violenté physiquement et surtout psychologiquement et Alex n’avait absolument aucun respect ni même considération pour cette femme, mère de Tim ou non pour elle c’était un monstre. « Je me tais et je te laisse parler. Et tu sais, tu n'es pas obligé de me répondre si tu ne le veux pas, mais je veux tout savoir de toi Tim, comme avant. Aide moi à combler les années que j'ai manqué auprès de toi. » Elle serrait la main qu'il avait déposer sur la sienne quelques secondes plus tôt. Elle savait qu'elle venait d'aborder un sujet délicat, et elle s'en voulait d'avoir prit le risque de mettre dans l'embarras Tim. Alors avec ce simple geste, elle tentait de le mettre à l'aise, de lui donner un peu de force, de le rassurer et lui montrer qu'elle était là. Pour lui comme avant. Parce qu'Alex connaissait ce lourd passé, elle connaissait aussi les dégâts que pouvait avoir la mère de Tim, sur sa confiance et sa joie de vivre. Et si elle avait longtemps espéré qu'il puisse tourner la page, il ne l'avait jamais fait, s'infligeant encore et toujours l'horrible expérience de rendre visite à sa mère. Et Alex, espérait au fond que si une chose avait du changer en huit ans dans la vie de Tim, c'était bien ça.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
Il aurait aimé avoir la réponse pour aider Alex, la faire se sentir enfin heureuse après toutes ces années passées à ne pas savoir comment s'en sortir. Tim s'en voulait presque de ne pas avoir été à ses côtés durant tout ce temps mais si elle était partie, c'était justement parce qu'elle ne voulait pas qu'il la voie ainsi, en proie à ses plus affreux démons. Le tempérament de Timothy, néanmoins le rendait toujours inquiet pour tout, surtout lorsqu'il était question d'Alex Clarke. En huit ans, il avait parfaitement eu le temps de s'inquiéter à tort et à travers, se demandant perpétuellement si elle allait bien, si on s'occupait d'elle comme elle le méritait et si elle reviendrait auprès de lui un jour. C'était le cas, finalement, même s'il avait fallu faire preuve d'une grande patience. Le jeune Decastel en avait suffisamment pour dix personnes, pour être honnête et il n'avait pas eu de mal à attendre joyeusement d'obtenir des nouvelles de son amie. Au bout du compte, il la revoyait quelques semaines après leurs intenses retrouvailles et Tim ne pouvait pas réellement s'empêcher de sourire, pas certain d'être prêt à entendre ce qu'elle avait à lui dire. Effectivement, les premiers mots étaient dévastateurs, le pessimisme d'Alex résonnant dans toute la pièce. Elle était persuadée qu'elle ne serait jamais heureuse, qu'elle ne retrouverait jamais le sourire et ce, peu importe les mots doux qu'on pouvait prononcer à son égard. Ce n'était pas pour autant que Timothy comptait abandonner la mission de sitôt, priant pour retrouver la Alex souriante d'antan, celle qui l'entraînait dans des soirées endiablées, lui la ramenant parce qu'il était toujours sage et discret. Celui lui arrivait même de ne pas prononcer un mot de toute la nuit, restant dans son coin en regardant Alex danser avec d'autres garçons et si son coeur s'en était retrouvé brisé en bien des occasions, Tim ne s'était jamais laissé aller pour autant. Dans son esprit, il était certain de finir seul, toujours à la quête de cet amour de soi qu'il ne trouvait jamais. La paix viendrait-elle un jour? Decastel ne l'attendait plus. Il n'attendait plus grand chose, à vrai dire, si ce n'était des rayons de joie dans le regard de sa très chère amie. "C'est pas pour autant que je vais arrêter de les prononcer, tu me connais." C'était tout ce qu'il pouvait lui répondre alors que le récit de Clarke débutait. Elle lui faisait une liste non exhaustive des personnes qu'elle avait retrouvées sur la route et Tim hochait la tête à intervalles réguliers, jusqu'à ce que le prénom de Caleb débarque dans la conversation. C'était toujours complexe de le mentionner dans la discussion, peut être plus encore maintenant qu'Alex avait tant vécu à ses côtés avant de le quitter brutalement. Timothy voulait trouver les bons mots, un réconfort potentiel mais il savait qu'il n'arriverait pas réellement à sauver les apparences. "Tout ce monde, ça a pas du être facile... Avec Caleb, j'imagine que... Mais tu sais que tu peux m'appeler à tout moment, hein?" Il aurait répondu, jour et nuit comme il le faisait à l'époque. Tim, toujours à la rescousse pour devenir les épaules sur lesquelles s'appuyer au besoin. Il savait pertinemment qu'il ne pourrait pas toujours assumer ce rôle si particulier mais il avait envie d'y croire, qu'il pouvait encore être suffisamment important aux yeux de son amie, même si du temps était passé et que la vie les avait éloignés, en conséquence. "Oh, c'est quoi ce boulot? Je suis content pour toi! Tu vois, il faut toujours voir le verre à moitié plein, parole de Timy." Lui, l'éternel optimiste. Lui, qui ne semblait jamais vouloir abandonner la lutte et ce, même quand le ciel était noir au dessus de sa tête. Rien n'avait l'air de pouvoir entacher sa bonne humeur, pas même les mots d'Alex qui cherchaient à en savoir plus sur sa vie. C'était vrai que Decastel ne parlait jamais de lui en premier lieu, préférant largement s'inquiéter des autres avant de regarder midi à sa porte. De toute façon, il n'avait pas grand chose de concret à raconter, comme toujours, sa vie n'ayant pas grandement changé en huit années. Oui, c'était triste, il le savait mais que pouvait-il y faire? Il était resté bloqué à ce stade de l'enfance, la malédiction de sa famille pesant sur ses épaules. "J'ai jamais eu beaucoup de choses à dire, Alex. J'ai pas spécialement de rêves et ma vie a pas changé depuis que t'es partie... Je suis toujours le même bon vieux Tim, en somme mais soit." Parce que c'était elle, il acceptait ce deal, écoutant avec intérêt ses questions et elle en avait un bon nombre apparemment. "J'habite avec Ivan depuis un moment déjà donc oui, toujours à lui coller aux basques. Mon frère est parti pendant deux ans pour sa vie professionnelle et il vient de revenir mais c'est toujours mon grand frère adoré, c'est sûr." C'était les deux personnes qui avaient été les plus importantes de sa vie au cours des dix dernières années. Sans eux, il n'était rien. "Désolé de te décevoir mais je suis resté célibataire, tu vois toujours au même point. Après, je dis pas qu'y a pas une fille que j'aime beaucoup mais il faut le temps." Plus que cela, il fallait une patience folle et Tim en avait à revendre, fort heureusement. La conversation tourna ensuite vers son pire ennemi: sa mère. Le jeune homme dût reprendre son souffle pou répondre le plus honnêtement possible à la question d'Alex, même si c'était difficile et qu'elle allait certainement détester l'idée. "La dernière fois, c'était le mois dernier mais avant cela, j'y allais toutes les semaines. Et puis, la dernière fois, elle m'a agressé physiquement alors j'ai décidé de faire une petite pause. Je suis toujours une fille à ses yeux alors, si je la contrarie, on retourne à mon enfance, j'en ai peur... Mais ça va, je le gère à peu près." Un doux mensonge, il ne gérait pas grand chose lorsqu'il était question de sa génitrice. Il voulait la haïr mais n'y arrivait pas. Il voulait l'aimer mais il y arrivait encore moins. Au bout du compte, il naviguait entre deux eaux, perdu à jamais. "Je sais pas si j'ai répondu à tes questions mais là, je t'assure qu'on a fait le tour. C'est pas super, je sais mais je ferais mieux, promis." Car, oui, il lui avait promis de se faire une vie. S'il pouvait au moins faire cela pour Alex, à défaut de l'aider à gérer ses douleurs, ce serait déjà cela de pris. Il ferait n'importe quoi pour elle, de toute façon.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
"C'est pas pour autant que je vais arrêter de les prononcer, tu me connais." L'anglaise avait sourit à la remarque de son ami, c'était tellement lui. A tenter de soulager les peines et les déceptions des autres, et il avait du boulot avec miss Clarke. Sous le regard bienveillant du Français elle avait commencé à se livrer, racontant certains événements de son retour, des événements plus ou moins marquants mais qu'elle voulait partager avec lui. Elle lui avait toujours tout dit, jusqu'à cet événement, cette grossesse, le premier secret qu'elle n'avait jamais confié à Timothy. Mais après huit ans sans se voir, sans se parler, il était important pour eux deux, de parler, de se retrouver ensemble tout simplement. L'Anglaise semblait bien moins à l'aise qu'à l'époque en évoquant le nom de Caleb. C'était déjà compliqué pour elle de gérer cette nouvelle donne, ce retour de Caleb dans sa vie, mais si avant elle aurait partagé tout ses doutes à ce sujet avec Timi, cette fois c'était un peu différent. Parce qu'il lui avait avoué ses sentiments, ceux de l'époque et c'était encore un peu frais, un peu tôt pour elle de lui faire subir ses problèmes de consciences liées au retour de son ex dans sa vie. Et pourtant, même sur ce sujet, Timothy se montrait présent et il lui avait encore partager son soutien et sa présence en cas de besoin, sans même émettre de réserves. C'était Tim, le même, investi dans la relation avec Alex, un ami et soutien incroyable pour l'Anglaise. Elle n'avait tout de même pas cherché à détailler plus sur ce sujet, plus pour se protéger elle que lui finalement, parce qu'elle n'avait pas encore l'envie de devoir expliquer cette nouvelle relation. Pas encore envie de devoir partager cette contradiction qui naît en elle à mesure qu'elle se lie à nouveau avec Caleb. Et, elle sait que trop bien que Tim saurait lui faire se poser les bonnes questions et elle ne voulait pas, pas encore du moins. Alors elle avait rebondit sur le sujet le plus positif de sa vie, le seul peut être ? Son travail. "Oh, c'est quoi ce boulot? Je suis content pour toi! Tu vois, il faut toujours voir le verre à moitié plein, parole de Timy." Elle avait sourit à cette remarque, Timothy optimiste par nature, comme un moyen de narguer la vie qui cherchait, sans relâche, à lui faire perdre son sourire depuis des années. Toujours optimiste, toujours souriant, toujours lui. Et elle lui avait parlé de son travail de journaliste sportive fraîchement décroché dans un magazine qui lui permettait une grande liberté de sujet, toujours autour du sport. Et, elle aimait réellement ce qu'elle faisait, c'était son exutoire. Et elle en parlait avec entrain et plaisir, elle se laissait même happer par son engouement sans se rendre compte qu'elle mobilisait la parole. Alors, elle avait finit par se taire regardant Tim qui l'écoutait toujours, comme avant, laissant la place à Alex pour se raconter sans oser en faire de même. Par pudeur, par gentillesse ou pour toute autre raison qui semblait légitime au Français. Mais ce n'était plus ainsi qu'elle voulait concevoir leur relation. Pas après avoir découvert qu'il s'était mis de coté trop souvent, au point de s'oublier et de taire ses sentiments. Alors, Alex s'était tournée vers son ami et elle l'avait obligé, au prix de nombreuses questions, à se livrer à son tour. A lui donner un aperçu de sa vie, de son monde. Elle n'en faisait plus partie, l'ayant quitté huit ans plus tôt et elle voulait réellement pouvoir se refaire une place dans son monde, mais quelle place ? Elle devait découvrir qui il était et ce dont il avait besoin pour ça, il devait se livrer, participer à cet échange de manière active. Et il avait d'abord semblait réticent, chose qui n'avait pas étonnée l'Anglaise mais qui ne l'avait pas pour autant dissuader de creuser un peu. Et il avait finit par donner un peu de lui, révélant quelques informations de son quotidien. "J'habite avec Ivan depuis un moment déjà donc oui, toujours à lui coller aux basques. Mon frère est parti pendant deux ans pour sa vie professionnelle et il vient de revenir mais c'est toujours mon grand frère adoré, c'est sûr." Elle découvrait qu'il n'avait pas été seul durant ces huit dernières années, mais elle prenait connaissance d'un fait qui la dérangeait ; le départ d'Aedin. Il avait osé laisser son petit-frère seul et même si Alex ne connaissait rien de la vie d'Aedin et de ses motivations, elle avait du mal à ne pas en vouloir à l’aîné des Decastel. Mais elle gardait pour elle son avis sur ce sujet, préférant se concentrer sur les paroles suivantes de Tim, qui étaient plus plus interpellantes pour Alex. "Désolé de te décevoir mais je suis resté célibataire, tu vois toujours au même point. Après, je dis pas qu'y a pas une fille que j'aime beaucoup mais il faut le temps." Elle souriait à cette remarque, sa curiosité avait été titillée et elle n'allait pas laisser passer cette information sans rebondir dessus. « Oh là tu m'intrigues Tim, tu dois bien te douter que je ne vais pas me contenter de ça ? Je vais tout savoir. » Timothy potentiellement amoureux ? Mais surtout Timothy qui osait avouer qu'il « aime beaucoup » une fille. Elle devait en valoir le coup pour qu'il s'aventure en terrain aussi inconnu. Alors elle le regardait avec amusement, attendant des détails croustillants, ou juste des précisions sur cette femme qui semblait spéciale pour avoir réussi à attirer l'attention du Français.
D'une femme à une autre, la discussion avait dévié sans réelle logique, mais ça faisait partie inlassablement de l'histoire de Tim, de la vie de Tim. Alors, elle avait osé lui poser la question sur sa mère, risquant de changer d'ambiance dans la discussion. Elle savait qu'il y avait un risque que la réponse ne soit pas à la hauteur de ses espérances, mais elle découvrait que c'était même pire. Elle serrait les dents en écoutant Timothy, elle cherchait à ne rien laisser paraître mais elle détestait l'idée que Tim continuait à se faire endurer ça, elle détestait cette femme qui continuait encore et encore à le blesser. Elle détestait aussi Aedin, qui avait tenu à maintenir un lien entre Tim et leur génitrice, qui n'avait pas protégé son petit frère de la folie de leur mère. Et, elle détestait plus globalement l'idée de voir Timothy souffrir encore et encore. Alors, entendre qu'elle avait recommencé, qu'elle l'avait agressé physiquement, c'était trop pour l'Anglaise, qui réalisait en plus, que Tim avait du gérer ça tout seul puisqu'elle avait apprit que Aedin l'avait quitté, comme elle quelques années plus tôt. Il s'était infligé ça encore et encore, seul. « Tim c'est pas une petite pause que tu dois faire, tu dois tourner la page. Cette femme est folle, elle est folle. Elle n'a même pas conscience que c'est son fils qui vient la voir, pourquoi tu t'infliges ça ? Tu souffres encore et encore alors qu'elle n'est pas lucide et qu'elle est dangereuse. Tu n'obtiendras pas son attention, ou son affection, tu ne fais que te replonger encore et encore dans ton enfance, dans cette période horrible. » Elle s'était un peu emportée, mais la mère de Tim avait toujours été un sujet délicat. Alex ne comprenait pas comment quelqu'un pouvait faire autant de mal à quelqu'un d'aussi doux que Tim, c'était insensé, tout aussi insensé pour elle que de voir son ami continuer à s'infliger les visites dominicales en hôpital psy pour rendre visite à son bourreau. « Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi. » Elle s'était adoucie, serrant dans sa main celle de Tim. Elle avait tout bonnement compté sur Aedin, reléguant sa part de responsabilité sur le grand frère de Tim. Mais elle avait apprit qu'il s'était fait la malle lui aussi et finalement, les deux avaient tourné le dos à Timothy, le laissant seul, ce qui n'aidait pas à soulager ce sentiment de culpabilité qui collait à la peau d'Alex. Et elle en voulait clairement à l’aîné des Decastel d'être parti, une chose qu'elle devrait gérer, mais plus tard. Elle était avec Tim aujourd'hui, c'était leur relation qui comptait, c'était leur moment. Le moment ou ils se retrouvaient, ou ils se parlaient et Alex en avait besoin de ce moment.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
Tim avait toujours eu besoin d'elle, encore plus peut être quand elle était partie. Durant des semaines, des mois même, il avait erré seul à attendre un coup de fil de sa part ou un message codé, n'importe quoi qui lui indiquerait qu'elle était bel et bien en vie. Rien n'était jamais venu pendant huit ans et l'espoir s'était délité au fil des temps. Pourtant, Timothy, plus que jamais, avait la sensation d'avoir besoin de la jeune Clarke dans sa vie. Elle avait tout changé pour lui, lui avait permis de s'ouvrir un peu plus au monde même si c'était maladroit et bien souvent voué à l'échec. Lorsqu'il était en sa compagnie, Decastel s'autorisait plus de choses parce qu'il lui vouait une confiance aveugle, c'était Alex et Tim contre le reste du monde après tout. Ce jour-là, c'était certainement plus vrai que jamais puisqu'ils n'avaient pas eu tant d'occasions de se retrouver depuis le retour de la jolie blonde en ville. Elle avait certainement dû croiser des têtes connues mais n'en avait pas parlé à Tim pour le moment. Un Tim qui, de son côté, commençait à se libérer du poids de son passé, peu à peu. Ce n'était pas encore ultra probant mais il se liait avec d'autres personnes, apprenait à connaître Charlie tout doucement et il appréciait beaucoup l'idée que l'attente en vaudrait la peine. Au bout du compte, Alex et Tim se trouvaient à la croisée des chemins et les choix qu'ils faisaient maintenant déterminerait certainement leur avenir dans les grandes lignes. Decastel ne s'y était pas spécialement préparé, lui qui avait toujours été entouré de sa bien triste routine mais pour une fois, il tâchait de ne pas avoir peur des incertitudes pour se concentrer sur le positif. Uniquement ce qui marchait pour lui, mais aussi pour elle. Alex avait trouvé un nouveau travail et même si elle avait dû se confronter à Caleb et d'autres figures de son passé, elle avait eu l'air de s'en sortir sans trop de séquelles, ce qui rassurait le gardien de cimetière. Peut être étaient-ils en train de grandir, finalement, avec dix ans de retard mais c'était sûrement mieux que rien. C'était un début, oui, un doux début. "T'es bien trop curieuse, Alex. C'est une fille que j'ai rencontré au cinéma, il y a eu un bon feeling et maintenant on se découvre peu à peu, ça va doucement parce qu'on est tous les deux des oisillons blessés. On verra bien." A ce moment là, Decastel n'avait aucune idée que son coeur finirait brisé en mille morceaux à peine quelques semaines plus tard, tout ce qu'il savait, c'était qu'il était en train de tomber éperdument fou amoureux d'elle. C'était peut être ainsi que les choses auraient dû se passer, avec un Tim qui oubliait finalement ses sentiments envers Clarke, mettant leur passé commun de côté pour se concentrer sur leur avenir respectif. Rien ne serait simple, rien ne l'était jamais avec eux deux mais il y avait peut être une petite lumière au bout du tunnel, Timothy avait envie d'y croire en tout cas. "Tout le monde mais le dit mais... C'est quand même ma mère et j'ai envie qu'un jour, juste un jour, elle m'aime pour ce que je suis. Je trouverai jamais la paix autrement. Je suis idiot, je sais." Sa mère était partie bien trop loin pour lui revenir saine d'esprit à un moment donné mais le jeune brun ne pouvait pas perdre cet espoir, il avait tant besoin d'un parent, d'un guide qu'il n'avait jamais pu avoir jusque là avec un père disparu de la circulation en plus d'une mère folle. Alex s'excusait et lui, oui, ne faisait que lui sourire, caressant sa main tout en douceur, comme toujours. Il n'était que cela, douceur. "T'inquiète pas, t'avais ta vie à gérer, c'est normal. Et j'ai su me débrouiller tout seul, plus ou moins. On grandit, je crois. Peut être que c'est pas si mal la vie, au bout du compte..." Peut être qu'il commençait à se sentir heureux, ou tout du moins vivant. Ce n'était jamais vraiment arrivé à Timothy mais le retour d'Alex dans sa vie lui offrait cet espoir là, elle était si importante pour lui. Ce serait toujours le cas.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
"T'es bien trop curieuse, Alex. C'est une fille que j'ai rencontré au cinéma, il y a eu un bon feeling et maintenant on se découvre peu à peu, ça va doucement parce qu'on est tous les deux des oisillons blessés. On verra bien." Bien-sur qu'elle était curieuse. Déjà Tim parlait de lui sans essayer de faire dévier la discussion, c'était appréciable qu'il se livre comme ça. Et puis surtout, c'était finalement la première fille dont Tim lui parlait. Elle comprenait maintenant pourquoi il n'avait pas d'yeux pour d'autres filles à l'époque, mais cette femme que Tim évoquait, c'était la première dont elle entendait parler. Alors l'entendre lui parler d'une fille, d'un bon feeling, c'était une nouveauté qu'elle ne laisserait pas passer, et elle voyait une lueur dans le regard de Tim qui lui laissait croire que le Français avait plus qu'un bon feeling avec cette fille. « Elle te plaît vraiment ? » Une question basique dont Alex pouvait deviner presque la réponse dans les yeux de Tim, mais elle voulait l'entendre parler encore un peu de lui, entendre des bonnes nouvelles. Parce qu'elle se souvenait de sa promesse et elle espérait qu'il continuerait encore et encore à lui parler de sa vie, pour ne pas avoir à en faire de même. Et puis, lui au moins avait de belles choses à raconter, de belles choses à partager. Quoique, lui aussi n'avait pas eu la vie facile ces derniers temps et bien sur sa mère n'était pas étrangère à la tristesse dans les yeux de Tim. "Tout le monde mais le dit mais... C'est quand même ma mère et j'ai envie qu'un jour, juste un jour, elle m'aime pour ce que je suis. Je trouverai jamais la paix autrement. Je suis idiot, je sais." Oh non il était loin d'être un idiot, il était juste un enfant qui voulait être aimé par son seul parent encore présent. Un parent défaillant, un parent fou à lier même, mais son unique parent. Il n'avait que sa mère pour jouer ce rôle et Alex pouvait comprendre le désir fou mais légitime de Tim. Comment se construire sans le regard bienveillant et affectueux d'un parent ? Alex avait échoué elle, mais pour Tim, la leçon était encore plus salée. Il avait du apprendre à se construire sans amour mais avec une haine de sa mère pour celui qu'il était, parce qu'il n'était pas Esmeralda et que sa mère aimait Esméralda. Et Tim était le dernier obstacle aux désirs fous de sa mère, celui d'avoir une fille. « Tu n'es pas idiot Tim, mais tu te fais du mal pour quelqu'un qui n'en vaut pas la peine. Et tu devrais pas compter sur elle, tu as pleins de monde qui t'aime pour ce que tu es. » Et après cette petite phrase en guise de déclaration de la part de l'Anglaise, qui n'était pas très douée pour déclarer son affection aux autres, elle s'était excusée. Excusée de ne pas avoir été là pour Tim durant toutes ses années. Elle avait fuit, pensant avant tout à elle, avant de penser aux autres. Elle avait échoué à se sauver, et elle avait délaissé des gens qui comptaient sur elle. "T'inquiète pas, t'avais ta vie à gérer, c'est normal. Et j'ai su me débrouiller tout seul, plus ou moins. On grandit, je crois. Peut être que c'est pas si mal la vie, au bout du compte..." Elle n'était pas sur d'être capable d’acquiescer totalement à la remarque de son ami. Les années passaient oui, la vie défilait, mais l'Anglaise n'avait pas réellement l'impression de grandir. Alors bien sur en apparence elle avait une vie stable, un travail qui lui conférait un certain statut social, une situation financière enviable, et elle retrouvait peu à peu des proches pour améliorer sa vie sociale. Mais émotionnellement, elle avait l'impression d'être toujours la même, la fille incertaine, incapable de résoudre ses problèmes, incapable d'avancer. Elle était la même, les mêmes insécurités, les mêmes doutes, les mêmes besoins. Et retrouver Timothy avait toujours le même effet sur elle, elle se sentait entourée, écoutée, comprise. Elle ressentait l'affection qu'il lui portait et elle avait toujours ce besoin enfantin d'être appréciée, d'être rassurée, de compter aux yeux d'un autre. Une conséquence d'un manque d'amour et de reconnaissance dans son enfance, qu'elle n'avait jamais réussi à combler, du moins pas sans eux. Et sur ça, Tim et Alex pouvaient se comprendre. « Non c'est pas normal Tim. Je sais que tu m'as pardonné mon silence et mon départ, mais j'aurais du être là pour toi, que tu n'ai pas à vivre tout ça. J'aurais du trouver la force de 'gérer ma vie' ici sans vous quitter. » Elle avait volontairement reprit les mots de Tim 'gérer sa vie' c'était finalement une expression plutôt bien trouver par le Français, et ça permettait à Alex d'évoquer tout ça, sans avoir à chercher une façon de le nommer. « Enfin le principal c'est que tu as l'air serein et toujours optimiste. Ton sourire m'avait manqué vraiment. » Elle avait sourit sincèrement à Tim, elle était dans un bar, avec lui, comme avant. Rattrapant peu à peu les huit années de silence. Elle savait qu'il faudrait plus qu'un verre dans un bar pour retrouver totalement sa place auprès de Tim, pour retrouver leurs complicités d'antan. Mais elle se sentait presque bien, elle avait l'impression d'être là ou elle devait être avec lui.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
Tim ne se confiait pour ainsi dire à personne, il n'aimait pas tellement parler de lui ou de sa vie. De toute manière, qu'avait-il à en dire? Il ne s'y passait jamais rien de grandiose, une simple routine qui avait de quoi rendre fou n'importe quel autre homme. Tim n'était pas les autres néanmoins: il avait une patience à toute épreuve, une notion de l'ennui particulièrement relative également. Il n'était pas égocentrique, au contraire, toujours prêt pour aider les autres mais se laisser sombrer lui-même. C'était ce qui était arrivé huit années auparavant lorsqu'il était l'oreille attentive d'Alex. Timothy avait mis sa propre vie entre parenthèses pour suivre les déboires de son amie, jusqu'à oublier qu'il avait l'âge lui aussi de vivre toutes ces aventures, aussi tragiques pouvaient-elles être parfois. Même si les années avaient passé, il continuait de se comporter de la même manière, mettant la jeune Clarke sur un piédestal alors que l'existence se jouait partout autour de lui. Il était prêt à l'écouter pendant des heures plutôt qu'à lui narrer tout ce qui avait pu se passer pendant ses huit années d'absence. Tim ne pensait pas qu'il y avait grand chose à dire en réalité: il était resté accroché à son cimetière en attendant que le temps passe, que la vie passe, avec quelques souffrances de ci de là qui étaient venues mettre à mal ses beaux principes. Il se sentait plus heureux désormais, même si rien n'était gagné, qu'il y avait encore e douloureuses présences au sein de son destin mais il avait également trouvé quelques personnes sur qui compter. Des personnes à aimer. "Plus que ça, je crois." Il était en passe d'être fou amoureux de cette femme et il ne savait pas tellement comment le gérer, la preuve, il rougissait face à une Alex définitivement curieuse. Tim ne pouvait pas vraiment lui en dire plus,tout cela était encore flou et il ne savait pas franchement où la route emmènerait cette bien étrange relation. En attendant, il comptait surtout profiter de la présence de son amie dans sa vie. Le manque avait été immense et ce, même s'il avait toujours fait en sorte de rester fort sans elle. Ce n'était plus aussi simple que cela car la vie adulte était plus dure encore qu'il ne l'avait imaginé jusque là. Son parcours avec sa mère en était l'exemple le plus édifiant. "Peut être, mais j'ai pas d'autres mamans." Tim savait qu'Alex avait raison. Il y avait une bonne dizaine de personnes qui faisaient toujours en sorte de prendre soin de lui, dans toutes les circonstances. Alex en faisait partie, bien évidemment même si son abandon avait été rude, comme celui de son frère pendant deux longues années. "C'était peut être pas possible, Alex et de toute manière, on peut pas réécrire le passé. Moi, je suis content que tu sois de nouveau là, simplement. Je demande rien de plus que ça, ta présence. Et te revoir sourire, ça aussi, je l'attends. C'est mon plus grand rêve, que ma meilleure amie soit heureuse." Timothy ne l'avait jamais appelée ainsi face à elle, mais il n'y avait pas tellement de raisons de le cacher au final. C'était Alex, c'était la femme qui avait eu le plus grand impact sur son existence jusque là... C'était sa meilleure amie, son plus bel allié.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
Timothy qui rougissait en avouant qu'il avait une attirance pour une fille, une femme. C'était une vision beaucoup trop tendre pour qu'Alex reste ainsi sans réagir, sans être attendrie par la mine gênée, amoureuse de son ami. « C'est mignon, Tim tu rougis. » Elle lui avait fait un sourire, enfin une grimace de moquerie amicale, parce qu'elle ne pouvait pas ne pas se moquer de lui, ça n'aurait pas été digne d'elle et de leur amitié. « Tu as intérêt à me tenir au courant, je veux tout savoir. Et si elle te plaît tant que ton visage le montre, va s'y, autorises toi à vivre. » Il lui arrivait de belles choses dans la vie et elle ne pouvait que lui souhaiter de trouver une personne avec qui partager une partie du quotidien, une partie de vie. Elle avait eu la chance de tomber sur des personnes formidables dans son passé, qui lui avait permit de se construire, de prendre confiance et de réparer quelques unes des blessures de son enfance. Tim fut l'un des premiers à entrer dans sa vie et changer la jeune femme. Mais elle avait perdu tout ça le jour ou elle était partie de Brisbane. Et si perdre le bonheur était douloureux, ne jamais le vivre était une chose qu'elle ne pouvait pas vouloir pour Tim. Il avait tellement le droit au bonheur, lui plus que quiconque. Lui qui avait supporté des années de souffrance pour ne pas décevoir une mère qui ne pouvait pas l'accepter. Lui qui avait accompagné Alex dans sa découverte d'elle même et de ses limites, qui avait été un soutien à toutes épreuves pour elle. Lui qui avait toujours tout fait dans l’intérêt du bien commun, des autres. Jusqu'à choisir une vocation ou il passait son temps à côtoyer et à réconforter des gens dans la pire épreuve de leur vie, le décès d'un proche. Parce qu'il était comme ça Tim, voulant le bonheur des autres avant le sien, Alex le savait déjà à l'époque mais elle était peut être passé à coté de son rôle d'amie. Elle n'avait sûrement pas fait assez pour lui, pour l'aider à comprendre le monde et à vivre sa vie. Parce qu'il devait comprendre qu'il avait le droit de vivre, d'être heureux, qu'il avait le droit d'espérer pouvoir vivre ce que les autres vivaient. Qu'il avait le droit d'aimer et surtout le droit d'être aimé. « Tu es magnifique, tu es généreux et maintenant tu es musclé et tu as du poils au menton, alors fonce Tim, vis ta vie. Sois heureux et je serais là pour toi. » Un compliment sincère accompagné d'une touche d'humour et de moquerie, le tout conclut par une promesse qu'elle espérait pouvoir tenir, sans en être totalement persuadée, après tout elle restait elle. Instable. Mais, cette promesse elle voulait la tenir. Elle voulait que Tim le sache, qu'elle était là, bien là et qu'elle n'allait nul part. Qu'elle serait là pour lui, avec sa mère, avec ses histoires de filles, avec lui tout simplement. Comme lui avait été là pour elle, toujours, avant qu'elle ne le repousse, qu'elle ne l'éjecte de sa vie. Elle avait trouvé la force de s'assumer, de s'accepter auprès de lui et si elle n'espérait pas pouvoir lui apporter tout ce que lui avait pu lui transmettre de force et de confiance. Elle espérait pouvoir, à défaut d'être un pilier, être au moins une canne pour le Français. "Peut être, mais j'ai pas d'autres mamans." C'était une réalité dont Alex avait conscience. Mais, la façon dont il le confessait, ne pouvait que toucher l'Anglaise. Si elle, elle avait tiré un trait sur son paternel, et n'employait plus le terme de « papa » pour parler de lui. Elle sentait que Tim, ne pouvait pas renoncer à cette mère, aussi défaillante qu'elle puisse l'être, elle restait sa mère et renoncer à son unique parent n'était pas chose aisée. Et, c’était une chose qu'Alex pouvait comprendre même si elle n'était pas d'accord avec cette décision. « Mais tu n'as qu'une vie Tim, et tu ne peux pas la passer à attendre qu'elle recouvre la raison. Tu mérites bien mieux que ça, c'est tout ce que je veux que tu saches. Tu mérites mieux et je veux juste être sûre que tu en as conscience et que tu n'es pas le responsable dans tout ça. Mais quoique tu fasses, je serais là pour te soutenir. » Elle n'attendait pas de réponse de la part de Tim. Elle voulait juste lui rappeler qu'il n'y était pour rien dans tout ça. Il avait été le petit garçon que sa mère avait été incapable de protéger. Il avait été le petit garçon battu, transformé en fille par une mère déséquilibrée, et il avait fait face à tout ça. Il avait tenu et malgré tout, il continuait à s'infliger la folie de sa mère. Parce qu'il restait au fond de lui, un petit garçon qui attendait toujours de l'affection et qui pouvait encore se reprocher d'être né garçon. Alex ne pouvait pas l'obliger à oublier, mais elle voulait s'assurer que son ami ne ressente plus jamais de culpabilité. Il avait déjà bien trop souffert des mots, des coups de sa mère, et si la blessure physique pouvait s'oublier, il n'en était pas de même pour les souffrances plus profondes. Elle le savait et elle aurait voulu que Tim se libère de ce poids, définitivement, mais c'était un travail d'une vie et Alex l'avait laissé huit ans seul. Et il pouvait dire qu'il allait bien, qu'il grandissait mais au fond Alex continuerait à s'en vouloir de l'avoir laissé. Quoiqu'il puisse arriver dans l'avenir, pendant huit ans elle avait été loin de lui, négligeant cette amitié au profil des médicaments, de la drogue, de la dépression de sa mère, des groupes de paroles, parce qu'elle n'avait pas assumé. Parce qu'elle avait eu peur et que fuir avait semblé tentant ... "C'était peut être pas possible, Alex et de toute manière, on peut pas réécrire le passé. Moi, je suis content que tu sois de nouveau là, simplement. Je demande rien de plus que ça, ta présence. Et te revoir sourire, ça aussi, je l'attends. C'est mon plus grand rêve, que ma meilleure amie soit heureuse." Et il avait recommencé. Il avait mit Alex au centre de ses priorités, au centre de ses rêves. ''Ma meilleure amie'', Alex avait été touchée par cette marque d'affection de Tim. Il la voulait heureuse, il la voulait souriante, et il la voulait présente surtout. Elle venait de lui promettre d'être là pour lui, elle ne comptait pas remettre en doute cette promesse si rapidement, mais elle était incapable de lui promettre de pouvoir être heureuse, réellement heureuse. Même, si la présence de Tim à ses cotés apaisait ses angoisses, ses doutes, elle avait bien trop de secrets pour pouvoir se sentir pleinement heureuse et soulagée. « Non on peut pas réécrire le passé malheureusement. » Tout les regrets se ressentaient dans sa remarque. Des regrets et des reproches qui étaient uniquement dirigés vers sa propre personne, envers ses propres choix. Personne ne lui avait forcé la main, elle avait choisi cette voie. Elle avait prit ses propres décisions et c'était peut être encore pire puisqu'elle n'arrivait pas à assumer et qu'elle n'avait personne à blâmer. A part elle, bien sur. « Je suis là Tim, là ou j'aurais toujours du être. Avec toi, j'ai juste mis trop longtemps à me rendre compte de ce dont j'avais besoin. J'ai encore des choses à régler avec mon passé, mais ta présence compte énormément à mes yeux. » Et c'était vrai, Tim était celui dont elle avait besoin pour espérer se reconstruire. Parce qu'il avait déjà fait ce travail là avec elle. Parce qu'il lui avait déjà pardonné son départ. Parce qu'il était juste espoir, pardon et amitié. Parce qu'il pouvait tout comprendre et tout pardonner. Et Alex regrettait de l'avoir oublié à l'époque, pensant le tenir à l'écart de ses problèmes pour le protéger. Elle se protégeait elle et uniquement elle, ne pensant à rien d'autres qu'à elle. Elle ne lui avait rien dit, lui qui savait pourtant tout d'elle. Et il aurait comprit, ou pas d'ailleurs, mais il l'aurait soutenu. Elle le savait maintenant, huit ans plus tard. Huit ans trop tard. « Je ne sais pas si je sais encore comment être heureuse, mais je sais que j'ai besoin de toi. C'est égoïste Tim, je sais, je débarque à peine et je te dis ça. Mais j'ai besoin de notre amitié pour croire que je peux être forte, pour croire que je peux encore arranger les choses. Mais tu es là aujourd'hui et je sais la chance que j'ai de t'avoir. » Elle lui souriait, un léger sourire mais un sourire sincère. Dans tout le marasme de sa vie, elle l'avait lui et elle se rendait compte de sa chance d'avoir une personne aussi généreuse que lui dans sa vie. C'était son Tim, son confident, son double amical, son assurance. Son meilleur ami, son meilleur allié.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
Il aurait tout fait pour la voir heureuse à nouveau, même si pour aboutir à ce résultat, Tim devait abandonner une part importante de lui-même. Il savait que c'était idiot et qu'il n'aurait pas dû être autant dans le sacrifice mais il n'y pouvait rien, à vrai dire. Depuis qu'il était tout petit, le jeune Timothy avait toujours tout fait pour avoir l'approbation de ses pairs parce qu'il était parfaitement invisible aux yeux du monde, et surtout de ses propres parents. A force de n'être rien, il s'était convaincu de sa flagrante inutilité, intégrant le fait dans son patrimoine génétique pour ne plus jamais être déçu de ne pas être aimé. Alors, c'était plutôt facile de se sacrifier pour autrui, perdre du temps et de l'énergie pour voir le bonheur sourire à son entourage. Quand il s'agissait de faire attention à lui, à ses joies et ses désirs, il y avait beaucoup moins de monde qui se bousculait au portillon et Tim avait vite accepté que la vie était faite de cette manière. Il n'y avait que les gens sûrs d'eux qui obtenaient leur dû et lui n'était pas prêt de passer dans cette catégorie. Il avait déjà bien du mal à se regarder dans un miroir alors, comment imaginer qu'il puisse courir après ce qu'il voulait réellement? Forcément, Tim pensait à Charlie dans l'affaire parce qu'il savait qu'il était bien trop faible pour avoir quelqu'un comme elle à ses côtés. Pourtant, son optimisme légendaire avait envie d'y croire et Alex lui disait de foncer. Pour le coup, il avait envie de lui sourire et lui donner raison, au moins pour cette fois. "Quand est-ce que je rougis pas? Mais oui, je vais essayer de faire ce que je peux, promis." De toute manière, Tim avait le temps de voir venir. La patience était le maître mot dans ce genre de circonstances et c'état une bonne chose qu'il avait cette qualité depuis l'enfance parce qu'il aurait certainement eu de quoi devenir fou autrement. Tmothy ne faisait que cela après tout, attendre. Qu'on soit gentils avec lui. Qu'on l'aime. Qu'on l'accepte. Qu'on revienne vers lui. Le fond du problème était là de toute manière et un jour ou l'autre, il devrait se battre et arrêter d'attendre que tout lui arrive. Il ne pourrait pas être ce gardien de cimetière si doux et attentif toute sa vie, pas quand on voulait réaliser quelque chose de son existence. Bien sûr, à cet instant précis, Tim ne pensait pas à tout cela. Il était bien trop concentré sur les mots d'Alex, ou tout du moins ses farces du moment qui le firent rougir encore plus parce qu'elle n'était pas loin du compte le concernant. "C'est une bien jolie manière de synthétiser ce que je suis. Merci, Alex." Il lui fit un clin d'oeil parce que Tim savait pertinemment qu'il y avait une bonne dose de plaisanterie cachée derrière ces quelques mots. Si seulement il arrivait à mieux gérer ses émotions, à ne pas être en crise identitaire perpétuelle et tout cela parce qu'une femme n'avait jamais su l'aimer comme il l'aurait mérité. Clarke avait raison, Timothy aurait dû abandonner depuis longtemps sa génitrice mais la bataille avait été au dessus de ses forces parce que, comme il lui signifiait, il n'avait qu'une seule maman. Difficile à comprendre pour d'autres quand il savait ce qu'il avait traversé mais le jeune Decastel était peut être trop gentil pour son propre bien. Enfin, ce fait n'était plus un secret pour personne depuis un petit moment déjà, il avait toujours fait preuve de tendresse et de douceur, même envers les inconnus qu'il rencontrait parce qu'il voyait le bien chez tout le monde. Même sa mère. Son enfer personnel. "Pour le moment, je me sens pas prêt à abandonner pour obtenir un moment de lucidité. Je suis sûr qu'elle est là, quelque part, sous cette apparence de folie... Je lâcherais l'affaire un jour, juste pas maintenant, mais merci de croire en moi, Alex, et de me soutenir malgré tout." Tout cela n'était pas simple à gérer, le gardien de cimetière, néanmoins, voulait être sur tous les fronts pour ne rien regretter. Il était encore jeune et peut être que d'ici quelques années, il aurait abandonné ses plus grandes qualités. En attendant, il comptait bien continuer ses visites hebdomadaires à l'asile, en espérant avoir un Timothy de la bouche de sa mère. Une fois, juste une simple fois. Il n'avait plus à y penser pour le moment, se concentrant plutôt sur Alex, ce qu'elle avait à lui dire. Elle était si malheureuse depuis son retour et Tim se doutait que cela ne datait pas d'hier, il n'avait juste pas eu la chance d'être aux côtés de la jeune femme pour se rendre compte du désespoir qu'elle avait au fond d'elle depuis des lustres désormais. "Tu sais que si t'as besoin de moi pour t'aider à trouver la paix, je suis là. Je serai là. T'as plus à partir, vraiment. C'est pas égoïste, Alex, et je suis parfaitement là où je dois être. Avec toi. Et si trouver le bonheur est pas facile pour toi, je pourrais t'épauler... Je suis pas très doué dans plein de choses, c'est vrai mais je crois que je sais être un bon ami alors... Compte sur moi." Il lui souriait en attrapant sa main pour la caresser du bout des doigts. Il savait que rien n'était facile mais Tim pourrait être présent pour elle à partir de maintenant. Et tout irait mieux, oui, il se devait de le croire.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
« Tu as intérêt à pas m'oublier par contre. » Et Alex souriait encore, et lui, il avait toujours son teint coloré sur les joues. Il rougissait souvent c'était vrai et c'était tellement charmant, tellement amusant aussi pour Alex qui se rappelait s'être trop souvent moquée de lui lorsqu'ils étaient plus jeunes. Et elle regrettait ce temps ou tout semblait finalement simple. Parce que même si pour la jeune qu'elle était, la vie semblait compliquée à comprendre. Elle avait bientôt trente ans et elle réalisait que finalement c'était pas si mal à l'époque. Elle avait Caleb, elle avait Tim, elle avait Rachel, elle avait son cousin et même si elle n'était pas toujours sûre d'elle, elle avait toujours du monde pour la soutenir, pour la relever quand elle semblait trébucher. Et c'était ce dont elle avait besoin, d'un peu d'amour, d'un peu d'attention et une bonne dose de bienveillance. Et Tim était en partie ce dont elle avait besoin. Celui auprès de qui pleurer et rire. Pleurer, ils l'avaient fait ensemble en évoquant leur vie familiale. Quand elle avait avoué sa haine envers son père, envers sa mère, envers sa famille. Elle avait pleuré en écoutant Timothy lui raconter le calvaire du petit garçon qu'il avait été. Le calvaire de sa vie qu'il avait eu à vivre. Et ils avaient rit aussi, parce qu'ils étaient jeunes, parce qu'ils étaient pareils et qu'ils s'étaient trouvés l'un, l'autre. Différents mais complémentaires. Et ils s'étaient construits ensemble, trouvant chez l'autre la force qu'il leur manquait pour grandir. Pour se construire, pour se découvrir et pour guérir un peu de leurs blessures. Alors si leur famille n'avait jamais été un sujet facile, c'était quand même un sujet qu'il leur fallait aborder, et Alex pouvait se permettre de lui donner son avis sans risquer de blesser son ami. Et elle pouvait aussi le comprendre, même si elle ne partageait pas son point de vue, elle le connaissait. Elle connaissait son histoire, et les douleurs que ça avaient engendrés pour Tim. "Pour le moment, je me sens pas prêt à abandonner pour obtenir un moment de lucidité. Je suis sûr qu'elle est là, quelque part, sous cette apparence de folie... Je lâcherais l'affaire un jour, juste pas maintenant, mais merci de croire en moi, Alex, et de me soutenir malgré tout." Elle voulait le protéger, de sa mère, mais elle ne pouvait rien faire à part être là et l'écouter. A part, être présente pour lui et le soutenir quelque soit ses décisions. Il savait ce qu'elle en pensait, il savait ce qu'il faisait aussi, et la seule chose qu'elle devait faire, c'était lui apporter son soutien. Comme, lui était en train de le faire avec elle. Elle n'avait qu'à suivre son modèle, c'était la meilleure façon pour elle d'être quelqu'un de bien. Parce qu'il avait toujours été quelqu'un de bon. Et elle avait souri quand il avait évoqué le fait qu'il soit un bon ami. Parce que, oui, il savait être un bon ami, il lui avait montré à maintes reprises déjà. Et il n'avait plus à lui dire, plus à lui prouver. Alex le savait, et elle n'avait pas oublié tout ce qu'il avait fait pour elle, pour eux. Leur amitié, c'était lui le ciment de leur relation, c'était lui qui maintenait la complicité entre eux, lui qui savait ce dont elle avait besoin. Il était prévenant, attentionné, marrant, rassurant et il arrivait à la supporter et c'était peut être là son plus grand pouvoir. Et il lui parlait de l'aider à trouver la paix. Et ça faisait bien longtemps qu’Alex avait renoncé à cette idée. Elle n’osait même plus y songer tant ça semblait utopique pour cette boule d’émotion qu’était devenue l’anglaise. Il lui témoignait une nouvelle fois son amitié, lui rappelant une nouvelle fois qu'il était là pour elle, qu'il était prêt à l'épauler dans sa quête folle de retrouver le chemin du bonheur. « J’ai peur qu’une fois que j’aurais accepté de parler de moi. Les choses deviennent trop réelles. J’ai peur de ne pas pouvoir assumer » Elle ne parlait pas d’elle réellement mais de son secret. Est-ce qu’elle avait peur de ne pas assumer le regard des autres ou de ne pas assumer de vivre avec l’idée concrète et réelle qu’il y avait un enfant réel ; son enfant quelque part dans Brisbane ? Un enfant dont elle avait tenté d’occulter l’existence pour se soulager la conscience. Sans grande réussite ceci dit. Mais c’était surtout le mensonge et le silence qui lui pesait, tout ce qui entourait sa grossesse. Mais cet enfant elle ne l’avait jamais vu, elle n’avait jamais cherché à en savoir plus sur ce qu'il était devenu comme un détachement nécessaire pour surmonter tout ça. Alors chaque fois qu’elle devait en parler elle lui donnait un peu vie dans son esprit. Et elle n’était pas sur de pouvoir gérer qu’il fasse partie intégrante de sa vie. Qu’il devienne réel aussi aux yeux des autres. Elle avait peur de l'évoquer, peur que les choses changent quand ils sauraient la vérité sur elle. Sur ce qu'elle est capable de faire. Quand ils prendraient conscience, qu'elle était capable d'abandonner un bébé, son bébé. Et pourtant, elle ressentait le besoin de lui en parler. Il lui caressait la main et elle sentait le contact rassurant de sa main contre la sienne. Il est là pour l'aider, c'était ce qu'il avait dit. Il était là pour l'aider à trouver la paix. Et elle ne pouvait pas accepter son aide si elle continuait à lui mentir. Elle devait lui en parler, elle devait trouver un soutien et Tim avait toujours été son allié. « Tu peux me promettre de ne rien dire Tim? » Et sans réellement attendre une réponse de sa part, comme une preuve de confiance ultime envers Tim qu’elle savait incapable de trahir son secret. Elle s’était lancée dans le récit décousu de son départ. Donnant vie à cet enfant une seconde fois, auprès de son ami le plus proche. Se délestant de ce poids, et pendant quelques minutes, elle aurait quelqu'un avec qui partager sa douleur. C'était Tim, c'était son ami et elle voulait retrouver toute leur complicité et elle pouvait être honnête avec lui. Du moins elle espérait pouvoir l'être. Parce qu'il avait toujours tout pardonné à Alex, et elle espérait qu'il puisse encore faire preuve de compassion pour son âme en peine. « Quand je suis partie Tim je ne pensais pas partir aussi longtemps. J’ai eu besoin de m’enfermer, de me couper de vous parce que j’étais perdue. Totalement. » C’était un euphémisme. Elle avait cru s’écrouler quand elle avait reçu cet appel du médecin confirmant les résultats de sa prise de sang. Elle avait cru sombrer quand elle avait réalisé tout ce qui était en train de se passer en elle, sans qu’elle n’en ai le moindre contrôle. Elle s'était même écoulée physiquement, retenue de justesse par Rachel qui était là avec elle ce jour là. Le choc avait été trop grand pour qu'elle ne puisse réagir autrement, que par la fuite. Parc que c'était trop d'un coup et elle avait paniqué. « J’étais enceinte Tim. » Ces mots étaient sortis avec difficultés. A peine chuchotés comme pour éviter d’être entendu par le reste du monde. Elle avait fermé les yeux et elle se concentrait sur sa respiration, elle n'allait pas s'écrouler, pas maintenant. Il était là avec elle, elle n'avait pas raison de sombrer. « Et je ne pouvais pas vous en parler parce que j’étais totalement perdue. Il fallait que je fasse ça toute seule. Je n’aurais pas pu réfléchir correctement avec Caleb à mes côtés. » Il aurait réussi à contrer tout ses arguments, à trouver des solutions à tout, à lui faire croire que tout serait simple. Elle n'aurait juste pas pu supporter son regard alors qu’elle devait déjà lutter avec ses propres émotions. Alors qu’elle se savait condamner à vivre cacher tant qu’elle n’aurait pas décidé de la marche à suivre. Pour se protéger et protéger ce bébé du monde extérieur. De son monde aussi et d’un père qui pouvait venir du jour au lendemain lui arracher sa vie. Elle ne regardait pas Tim, se contentant de raconter des faits sans mettre trop d’émotions. Elle tentait de rester détacher de cette histoire, qui était pourtant son histoire. « Je ne t’ai rien dit Tim parce que je pensais te protéger. Mais je sais que c’était moi que je protégeais réellement. Mais je ne voulais pas te faire subir cette histoire. L’histoire d’une fille qui refuse d’aimer son enfant. Je ne voulais pas que tu puisses voir en moi un peu de ta mère. Alors je ne t’ai rien dis parce que je préférais que tu gardes les souvenirs de moi sans cette histoire. » Elle était authentique avec lui, elle se sentait libre de parler, elle n'avait pas peur des conséquences, parce qu'elle croyait réellement que leur amitié pouvait résister à tout. Elle avait résisté à des retrouvailles houleuses, à agressivité d'Alex pour repousser Tim, au silence, au départ de l'Anglaise. Et ils semblaient toujours aussi proche, aussi connectés l'un à l'autre. Alors, même si elle avait mal d'en parler, même si c'était douloureux et qu'elle craignait toujours autant le jugement des autres, avec Tim c'était différent. Elle avait besoin de lui pour aller bien, elle avait besoin de son amitié pour croire que la vie était belle. Et elle ne pourrait jamais être entière avec lui si elle n'était pas honnête totalement honnête. Et elle savait qu'elle devait partager sa vie avec lui, du moins cette épreuve de sa vie. Pour qu'il puisse comprendre, pour qu'il puisse l'aider, pour qu'il puisse savoir tout simplement.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
Parce qu'il l'avait retrouvée, Tim se sentait enfin entier à nouveau. Sans elle, sa vie avait été bien morne et il le confessait volontiers à qui voulait bien l'écouter. Alex avait été une partie importante de son développement alors qu'il sortait à peine de cette période houleuse qu'était l'adolescence. Lorsqu'il l'avait rencontrée, quelque chose s'était transformé au fond de lui parce qu'elle était devenue bien trop vite essentielle à sa survie. A cette époque surtout, Timothy était tellement vulnérable, tellement seul, qu'il avait vu en elle comme un pilier qui l'aiderait à se relever. Ils passaient la plupart de leurs soirées ensemble, à rire de tout et de rien, parler sans savoir où ils voulaient en venir. C'était rare que le jeune Decastel évoque sa vie mais, avec Alex, il l'avait fait instinctivement. Elle avait laissé couler des larmes pour lui mais Tim, lui, était resté fort tout au long du récit. C'était peut être le moment où la situation devait s'inverser, là, maintenant, plus de huit ans après ce départ qui l'avait brisé. Si Tim n'avait pas compris ses motivations, il n'avait pas cherché à les connaître plus que cela maintenant qu'elle était de retour. Au bout du compte, ce n'était plus ce qui comptait le plus, le passé était révolu, le temps avait fait son travail et le pardon était inéluctable. Timothy avait oublié cette douleur là, celle de l'abandon que la jeune Clarke lui avait fait subir parce qu'il avait fini par grandir. Il avait compris que tout ne tournait pas autour de ses émotions, il y avait celles des autres également et celles d'Alex étaient tout aussi légitimes que les siennes, peut être même plus encore. Aux yeux de Decastel en tout cas, elles comptaient bien plus que ce qu'il avait au fond de son propre coeur. C'était son amie, une partie intégrante de son existence et si elle souffrait, c'était également son cas. Il n'avait pas su ce qui était arrivé mais, il ne se considérait pas légitime pour lui demander. Alors, il avait attendu qu'Alex se confie et apparemment, le moment était venu. Il hocha la tête lorsqu'elle lui dit qu'elle allait lui dire un secret d'une importance capitale, il ne devait rien dire à personne. Il n'aurait pas été son Tim autrement. Il ne dit rien, se contentant de tenir sa main dans la sienne alors que les mots commençaient à s'échapper d'entre ses lèvres. Au final, les pièces du puzzle s'assemblèrent et Timothy put en reconstituer l'armature. Elle était tombée enceinte, elle avait fui pour ne pas que le secret fut dévoilée. Elle avait souffert, seule, en donnant vie à cet enfant qu'elle n'avait apparemment pas gardé. Les yeux de Tim se mirent à briller alors qu'il serra plus fortement sa main entre la sienne. Il était là, cette fois, et il ne partirait nulle part après cette confession. De toute évidence, il ne la jugerait pas pour celle-ci, même si elle croyait le contraire en évoquant son expérience avec sa mère. "Alex... Jamais je t'aurais jugé pour ça. Jamais j'aurais comparé ta situation avec la mienne. Toi, tu savais que cet enfant était pas pour toi, tu lui as laissé une chance. Ma mère l'a pas fait. T'es une bien meilleure mère qu'elle parce que t'as fait un choix." C'était sûrement le bon. Ils étaient si jeunes à l'époque, si frêles, loin de savoir où ils iraient et ce qu'ils deviendraient à l'avenir. "C'était Caleb?" Evidemment, il le savait très bien. "Ma vision de toi change pas, Alex, t'es toujours la même à mes yeux. T'es toujours une personne exceptionnelle, une de mes amies les plus importantes et c'est pas parce que t'as fait un enfant que ça change quoique ce soit. Je pense surtout à toi, à ce que t'as dû ressentir... Et je suis triste de pas avoir pu t'épauler, t'as dû te sentir si seule, si... Effrayée." Il n'imaginait même pas ce que la vie d'Alex avait dû être loin d'ici avec une grossesse sur les bras. La vie l'avait éloignée d'eux et cette souffrance avait dû être atroce pour elle. Tim, s'il avait pu être présent, l'aurait prise dans ses bras et elle aurait pu pleurer tout son saoul. Il aurait été présent pour elle, comme il l'était dorénavant. Et pour toujours, surtout.
« Cold, cold heart hard done by you. Some things look better, baby just passing through and it's no sacrifice, just a simple word. It's two hearts living in two separate worlds but it's no sacrifice, no sacrifice. It's no sacrifice at all. »
Voilà, elle lui avait tout dit, enfin pas tout, mais le principal. C'était plus son secret, du moins plus avec Tim. Elle l'avait partagé avec lui, pour se libérer un peu, pour s'en remettre à la force de son ami. Mais aussi pour ne plus avoir de secrets, plus de retenue avec lui. Elle avait besoin de se confier, elle avait besoin de voir si elle pouvait être pardonnée, elle devait voir dans le regard de quelqu'un qu'elle n'était pas horrible. Que ses gestes ne faisaient pas d'elle une personne abominable. Elle cherchait quelqu'un pour pardonner ses pêchés, pour excuser son geste, ses erreurs. La main de Tim venait serrer la sienne alors qu'elle terminait de se confesser. Et elle lui avait à son tour serrer la main. Elle s'accrochait à ce lien, à ce contact qu'il lui donnait. Il serrait un peu plus fort, il ne fuyait pas, il restait là et elle osait le regarder. "Alex... Jamais je t'aurais jugé pour ça. Jamais j'aurais comparé ta situation avec la mienne. Toi, tu savais que cet enfant était pas pour toi, tu lui as laissé une chance. Ma mère l'a pas fait. T'es une bien meilleure mère qu'elle parce que t'as fait un choix." C'était la première fois que quelqu'un employait le terme mère pour parler d'elle. C'était ce qu'elle était une mère qui avait choisi le mieux pour son enfant ? C'était une vision qu'elle n'avait voulu envisager, une idée qu'elle n'avait jamais laissé naître dans son esprit. Elle n'était pas une mère, elle n'en avait pas voulu de cette responsabilité, mais si elle regrettait beaucoup de chose dans sa vie, elle savait malgré tout qu'elle avait prit la bonne décision en laissant cet enfant à l'adoption. Pas forcément la bonne au sens propre du terme, mais la moins pire, du moins pour lui. Et Timothy venait de lui avouer qu'il ne l'aurait jamais jugé. Il ne la détestait pas et c'était là tout ce qu'il comptait finalement. Il était toujours là face à elle, lui tenant la main. "C'était Caleb?" Alex n'avait pas répondu à cette question, ils le savaient tout les deux que ça ne pouvait être que Caleb. Il n'y avait eu que lui et si par malheur, Alex avait un jour osé tromper Caleb, Tim l'aurait su. Il aurait sans doute été l'un des seuls à le savoir, mais ça n'était jamais arrivé. Des erreurs elle en avait faite, beaucoup. Mais pas celle là. Alors oui c'était Caleb. « Il ne sait rien. » C'était une réponse comme une autre, un moyen pour elle de lui assurer qu'il était bien le père, mais aussi qu'il était évident que Tim ne devait rien lui dire, à personne mais surtout pas à lui. "Ma vision de toi change pas, Alex, t'es toujours la même à mes yeux. T'es toujours une personne exceptionnelle, une de mes amies les plus importantes et c'est pas parce que t'as fait un enfant que ça change quoique ce soit. Je pense surtout à toi, à ce que t'as dû ressentir... Et je suis triste de pas avoir pu t'épauler, t'as dû te sentir si seule, si... Effrayée." Et c'était son Tim, toujours à faire passer la douleur des autres avant la sienne. Toujours à pardonner les erreurs des autres et même à leurs trouver des excuses. Il était lui, toujours le même et il lui avouait que rien ne changeait pour lui. ''T'es toujours une personne exceptionnelle'' Les mots de Tim avaient déclenché automatiquement des larmes au coin des yeux de l'Anglaise. Elle avait devant lui son ami, Timi et il lui offrait son pardon, sa compréhension et son soutien. Il n'y avait pas une once de colère, pas une once de jugement, juste de la tristesse pour l'Anglaise. Pas pour lui non. Elle l'avait retrouvé, totalement. Plus de secrets entre eux, plus de non-dits, il était de nouveau celui à qui elle pouvait tout dire. Ses pensées les plus trash, ses erreurs les plus honteuses, ses secrets les plus protégés. Il était là dans le bar, et il savait. Il savait qu'Alex avait eu un enfant, qu'elle avait menti à Caleb, qu'elle avait menti à tout le monde et qu'elle avait abandonné son enfant. Il savait tout ça mais malgré tout il était devant elle, prêt à accueillir ses larmes et ses remords. Prêts à donner son épaule pour qu'Alex puisse pleurer, comme avant. « Je serais toujours la pour toi, mais je ne suis plus réellement la même Tim. Je n'ai rien fais de bien, j'ai fais plusieurs choses dont je ne peux pas être fière, et j'ai changé, pas en bien. Mais j'ai besoin de toi, parce que tu me vois comme celle que je voudrais être. J'ai envie d'être quelqu'un de bien avec toi, j'ai envie de me pardonner comme tu arrives à me pardonner. » Et elle lui avait parlé un peu d'elle, de ses choix. Elle avait déjà donné un aperçu de la débâcle de sa vie au cimetière, mais dans ce bar, elle s'ouvrait à lui totalement. Lui confiant quelques-uns de ses pires choix qui s'étaient accumulés dans sa vie en huit ans. Des médicaments pour l'aider à soulager sa culpabilité qui l'empêchait de dormir, de vivre. Jusqu'aux soirées trop riches en alcool et en drogues, qui s'étaient fini par différentes relations dont elles avaient finalement peu de souvenirs très claires. Elle lui avait tout dit, de ses erreurs et de celle de ses proches. Elle lui avait aussi parlé du décès de sa mère, enfin du suicide de sa mère et du choc quand elle avait comprit que sa mère avait fini par préférer quitter ce monde plutôt que se battre. Préférant l'abandonner, refusant de lutter encore un peu pour elle. Elle s'était livrée à lui, et elle le pouvait parce qu'elle savait que rien ne pourrait l'éloigner d'elle, parce qu'il pouvait tout comprendre, tout accepter. « J'ai besoin d'un peu de sourire spécial Timi, ça a toujours eu le don d'apaiser mes peurs. » Et elle tentait de lui sourire, d'apporter un peu de légèreté dans cette journée beaucoup trop riche en émotion pour elle. Mais c'était pas si loin de la vérité. Elle avait toujours pu retrouver le sourire avec lui, elle avait toujours pu pleurer et rire, souvent dans la même journée avec Tim. Il y avait Caleb dans sa vie et il y avait Tim. Deux entités distinctes, deux éléments primordiaux à son bonheur, à sa survie. Et l'un était là, auprès d'elle, sachant désormais tout de sa vie. Et c'était dans ses bras à lui qu'elle allait se réfugier pour pleurer et soulager le poids qu'elle portait depuis huit ans. Et avec lui près d'elle, elle se sentait presque capable d'aborder la suite avec un peu moins d'anxiété, de doutes et de peurs. Elle se sentait soutenue, elle n'était plus seule désormais. Il était là avec elle, prêt à combattre à ses cotés, comme avant.