Leah restait surprise de cette haine que Lene semblait avoir contre le monde entier et ne pouvait s'empêcher de se demander les raisons de ce comportement - bien contente au passage de ne pas en faire les frais. Avoir la brune comme ennemie ne semblait pas être une bonne idée quand on voyait son inventivité à faire chier les gens qu'elle n'appréciait pas. « Je crois que la réponse à cette question ferait mieux de rester entre moi et le psychologue. » D'accord. Leah comprenait sans peine qu'il y ait des choses que l'on préférait garder pour soi, elle avait été la première concernée par cette sensation. Et puis elle ne se voilait pas la face; si elle et Lene commençaient à bien s'entendre et à développer un semblant de complicité, elles n'en étaient pas pour autant les meilleures amies du monde. Peut-être dans un univers alternatif, qui sait. Surprise et amusée par la punchline que lui avait lancée la pompier, la brunette lui promit de se venger lorsqu'elle aurait recouvré suffisamment de force que pour pouvoir répliquer avec la même verve. « J’attends de voir ça Baumann » Leah lui adressa un regard qui voulait dire "attends toi au pire."avant de sourire en hochant la tête. Alors que la piste du chinois fut écartée, Lene revint sur le sujet du petit pois et de la décision de la brune de terminer sa grossesse. La question semblait la tarauder, et même si la jeune femme n'était pas très à l'aise de discuter de tout ça, il fallait bien avouer que mettre des mots sur ses pensées l'aidait à y voir plus clair. Mais était-ce une bonne chose? « Tu veux me dire pourquoi ?... Est-ce qu’elle vient de toi de prime abord cette décision ? Parce que c’est très traumatisant déjà quand on le veut, mais si tu hésites, tu vas te rendre folle. » La brune releva le menton dans sa direction, étonnée qu'elle s'implique autant dans ses paroles. Lene n'avait pas l'air de comprendre ses appréhensions, et c'était normal; elle ne connaissait pas toute l'histoire. "Je lui ai caché cette grossesse pendant presque trois mois Lene..." Commença Leah, décidée à lui exposer tous les faits. "... Je lui ai rien dis parce que quand je l'ai appris, j'ai été sous le choc. Puis j'ai eu peur. Puis j'ai été complètement paumée. Je savais pas quoi faire, et l'idée de lui dire pour qu'il me fasse pencher vers une décision ou l'autre je... Je pouvais pas." Elle fit la moue. "Je me suis engagée chez les pompiers en sachant que j'étais enceinte, parce que c'est ce que j'ai envie de faire de ma vie. Sauf que ça non plus je lui ai pas dis et... Quand j'ai fini par tout lui dire, ça a implosé. Et je peux pas le blâmer." Elle haussa les épaules. "La décision a été prise, je sais que c'est la meilleure chose à faire... Même si c'est lui qui l'a proposée. On est pas prêt pour ça." Surtout qu'ils n'étaient même plus un couple à l'heure actuelle.
Ce n’était pas évident que d’aider quelqu’un en échangeant sans tout connaitre de l’histoire. Lene marche sur des œufs et avec le peu d’information qu’elle reçoit et sa propre expérience, elle ne peut s’empêcher de déduire des choses qu’elle n’ose pas dire à haute voix parce que fondée sur ses propres déductions, elles peuvent être erronées et l’amener à se tromper. Puis tout ça, c’était sans compter sur le fait que Lene, elle n’a rien de la bonne copine à qui partager ses problèmes. Elle trouve toujours que les gens se prennent trop la tête. Il n’empêche qu’outre l’attitude suicidaire de Leah en ne se nourrissant pas et son « mais » quand elles arrivent à parler du sujet, Lene n’arrive pas à savoir ce que la jeune femme veut vraiment. Si c’est l’avortement, alors soit. Elle respecte, mais elle ne peut s’empêcher de sentir que cette décision n’est pas là à 100% et malheureusement quand c’est le cas, l’impossibilité du retour en arrière fait plus mal que possible. "Je lui ai caché cette grossesse pendant presque trois mois Lene..." Les yeux de la jeune femme se plaque sur le ventre de Leah en apprenant qu’elle en est à plus que trois mois. Leah étant maigre, Lene n’avait pas deviné que cette grossesse serait aussi développée. "... Je lui ai rien dis parce que quand je l'ai appris, j'ai été sous le choc. Puis j'ai eu peur. Puis j'ai été complètement paumée. Je savais pas quoi faire, et l'idée de lui dire pour qu'il me fasse pencher vers une décision ou l'autre je... Je pouvais pas." Oui, c’est surtout qu’en attendant de le dire, on s’habitue vachement à la situation et là, les trois mois, Lene ne peut s’empêcher de se dire que Leah a eu le temps d’imaginer toute une vie "Je me suis engagée chez les pompiers en sachant que j'étais enceinte, parce que c'est ce que j'ai envie de faire de ma vie. Sauf que ça non plus je lui ai pas dis et... Quand j'ai fini par tout lui dire, ça a implosé. Et je peux pas le blâmer." Encore pire que tout, il y’a de l’histoire de couple. C’est toujours un piège ça pour Lene parce qu’elle n’y connait rien et qu’à première vue, Leah a l’air de plutôt chercher à contenter son copain plutôt qu’elle-même. C’est le moment où elle se félicite d’être tombée enceinte d’un mec qu’elle ne connaissait qu’en surface. "La décision a été prise, je sais que c'est la meilleure chose à faire... Même si c'est lui qui l'a proposée. On est pas prêt pour ça." Elle ne peut s’empêcher d’être interpellée et sa réponse, sur des œufs toujours, se résume en une simple question. « Mais cette décision, tu la prends parce que toi tu n’es pas prête ou pour lui ? Parce que j’ai l’impression que tu cherches juste à lui faire plaisir, mais il ne portera pas cette cicatrice. »
Leah voyait que Lene faisait des efforts de compréhension, qu'elle cherchait à comprendre la complexité de la situation avec un minimum d'informations. C'est pourquoi la brune décida de lui raconter ce qu'il s'était passé avec davantage de détails. Cette grossesse, elle avait omis d'en parler au principal intéressé. Et cerise sur le gâteau, elle avait prit des décisions du genre Life changing sans lui dire non plus, sans lui demander ce qu'il pensait. Rien d'étonnant donc à ce qu'il décide qu'avoir cet enfant avec elle était absurde. Pourtant, elle n'avait pas vu la rupture venir. Elle se l'était prise en pleine tête, sans comprendre ce qu'il lui arrivait. Ils étaient si bien tous les deux, elle n'aurait jamais pensé que ses actions puissent mettre fin à une histoire comme la leur. Lorsqu'elle apprit à Lene qu'elle en était à près de trois mois, le regard de la pompier se dirigea instinctivement vers son ventre pas très développé. En effet, la jeune femme était un petit gabarit et il s'agissait de sa première grossesse; rien d'étonnant au fait qu'elle ne prenne pas rapidement. Et puis les récents évènements lui avaient fait perdre du poids au lieu d'en prendre, rien de bon donc. « Mais cette décision, tu la prends parce que toi tu n’es pas prête ou pour lui ? Parce que j’ai l’impression que tu cherches juste à lui faire plaisir, mais il ne portera pas cette cicatrice. » Leah réfléchit tout en laissant son regard se perdre au loin. "Je suis pas vraiment dans l'optique de lui faire plaisir tu sais. Je me pensais déjà pas prête au moment où j'ai appris que j'étais enceinte, et ça s'est pas arrangé quand il a décidé de me quitter." Lança Leah, légèrement ébranlée par toute cette discussion qui la remuait bien plus qu'elle ne voulait le montrer. "J'en sais rien Lene, c'est une situation de merde et aucune décision ne me semble être la bonne... J'ai l'impression d'être coincée quoique je fasse." Souffla-t-elle enfin.
De ce qu’elle entendait, Lene avait le sentiment que Leah faisait beaucoup passer l’opinion de son petit ami avant ce qui était préférable pour elle. On ne lui enlèverait pas de la tête que si on en venait à mentir à la personne avec laquelle on était en couple, c’est parce que celle-ci donnait de bonnes raisons que c’est la meilleure option. Certes, Leah avait eu tort en cachant sa grossesse pendant près de trois mois mais si elle l’avait fait, c’est parce qu’il y’avait une raison. Elle était passée par le stade de la grossesse flippante quelques jours plus tôt et maintenant, elle pouvait le dire, on sait tout de suite si on va vouloir aller jusqu’au bout ou non. A sa grande surprise, ça n’avait pas été son cas. Elle n’avait jamais voulu d’enfant pourtant mais quand elle avait été posée devant le fait établi, elle avait compris qu’elle ne vivrait pas avec le traumatisme du « et si » et que dans le fond, elle était assez adulte pour assumer. Toujours est-il que les explications de Leah lui paraissent floues et qu’elle ne comprend pas trop ses motivations. Elle comprend qu’elle vit une rupture difficile. Lene est passée par là aussi très récemment. Qu’elle a peur. Que lui aussi a peur. Mais, elle n’a tellement pas le sentiment que cette décision vienne d’elle. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps sinon ? "Je suis pas vraiment dans l'optique de lui faire plaisir tu sais. Je me pensais déjà pas prête au moment où j'ai appris que j'étais enceinte, et ça s'est pas arrangé quand il a décidé de me quitter." Et le problème, c’est que de continuer à ne pas savoir alors que le temps passe ne joue pas en sa faveur. Lene ne peut s’empêcher d’être en panique rien qu’à imaginer ce que Leah vit. Elle essaie cependant de garder les pieds sur Terre et d’être impartiale et pragmatique dans ses propos. « Tu sais quoi ? On va manger et à table, on va poser les choses. Indien, ça te va ? » Parce que maintenant qu’elle était devant le restaurant, les effluves de tikkah masalah l’avait convaincue d’aller là. Elle poursuit. « Ce qu’il faut, c’est réfléchir à ce que toi tu veux. C’est quoi qui te vient là, en premier ? Tu veux quoi ? »
Lene écoutait ce qu'elle disait en conservant les sourcils froncés, signe qu'elle n'appréciait que moyennement ce qu'elle entendait. Leah n'était pas dupe, elle savait que la pompier était du genre à donner ouvertement son avis et à rester cash et directe même si la conversation était compliquée à mener. La brunette avait toujours apprécié la franchise, même si ça la secouait pas mal de devoir se plonger ainsi dans toute cette histoire et à mener une introspection pareille, c'était loin d'être facile pour elle. « Tu sais quoi ? On va manger et à table, on va poser les choses. Indien, ça te va ? » La jeune femme lui adressa un regard reconnaissant avant de hocher la tête. Elle ne se sentait pas en grande forme et mener cette discussion lui pompait le peu d'énergie qui lui restait. Elle se surprit d'ailleurs à ressentir de la faim en sentant les odeurs agréables qui émanaient de l'établissement vers lequel elles se dirigeaient. "Ca va, les odeurs ne me donnent pas envie de partir en courant, donc c'est bon signe." Répliqua-t-elle dans un petit rire. « Ce qu’il faut, c’est réfléchir à ce que toi tu veux. C’est quoi qui te vient là, en premier ? Tu veux quoi ? » Une moue dubitative apparu sur le visage de la brune. Cette question, elle se l'était posée un milliard de fois au moins, mais elle n'était toujours pas plus avancée. "Je veux intégrer les pompiers, avoir une carrière et mon indépendance." Répondit-elle avec franchise, avant de reprendre. "Je veux aussi qu'on se remette ensemble et qu'on ait une famille... Mais plus tard. Je pense que je culpabilise de faire ça, parce que ça va à l'encontre de mes principes en sachant que je pourrais tout à fait subvenir à ses besoins. Je me sens égoïste de faire ça, mais je pense vraiment que c'est la meilleure chose à faire pour moi et pour lui." Souffla-t-elle en posant une main sur son ventre alors qu'elle mentionnait cet enfant qui venait chambouler toute sa vie.
Lene essayait devoir les choses de façon pragmatique. Gérer les émotions des autres n’était pas du tout sa came et encore moins sa spécialité. Ce qu’elle savait c’est que si quelqu’un voulait quelque chose, il suffisait de foncer et de voir ce qui allait se passer. Rien de plus sorcier. Seulement, si c’était un raisonnement très simple dans sa tête, elle avait compris à force que tout l’monde n’était pas pareil et que sa simplicité à elle n’était pas la même pour tout le monde. A son grand dam, parce que si tout l’monde était elle, le monde tournerait bien mieux. Elle avait donc proposé de se mettre à table et de voir les choix qui s’offraient réellement à Leah. "Ça va, les odeurs ne me donnent pas envie de partir en courant, donc c'est bon signe." Annonce Leah en entrant dans le restaurant, et tant mieux parce que Lene ne sait pas si ce sont les origines du bébé qui parlent mais elle veut bien manger là. Elles s’étaient installées et avant de commander, Lene avait posé une question simple. Après tout, elle avait besoin de réponses pour en savoir plus. "Je veux intégrer les pompiers, avoir une carrière et mon indépendance." Bien, bon début. Maintenant, ne restait à savoir si la grossesse qu’elle vit est réellement un frein à tout ça. "Je veux aussi qu'on se remette ensemble et qu'on ait une famille... Mais plus tard. Je pense que je culpabilise de faire ça, parce que ça va à l'encontre de mes principes en sachant que je pourrais tout à fait subvenir à ses besoins. Je me sens égoïste de faire ça, mais je pense vraiment que c'est la meilleure chose à faire pour moi et pour lui." « Pourquoi ? » avait ajouté Lene, de franco, de visu, but en blanc pour obtenir une réponse à laquelle Leah n’aurait pas réflechit et qu’elle n’aurait pas formulé dans sa tête pour que ce soit pré-fait et sortie pour paraitre au mieux. Lene attendait du naturel.
Rassurée de savoir que le petit pois la laissait se diriger vers un restaurant qui lui donnait envie à elle et à Lene, la brune fit son entrée dans le restaurant, la pompier sur les talons. Un serveur s'empressa de les rejoindre pour les amener à une table de deux personnes, et la jeune femme se retrouva avec un menu en main en moins de deux minutes. Tant mieux, parce que son ventre criait vraiment famine. Elle leva les yeux de celui-ci pour répondre à Lene sur sa question qui la forçait vraiment à réfléchir à toutes ces choses qu'elle s'efforçait d'enfouir pour ne pas que sa tête prenne feu à force. Elle lui annonça vouloir avant tout intégrer les pompiers, car avoir sa carrière était une de ses priorités. Elle ne se voyait pas rester à la maison à profiter de la situation confortable que lui offrirait sans aucun doute Stephen, c'était même hors de question. Elle deviendrait folle à force. Mais elle lui expliqua ensuite vouloir retrouver son couple, et que l'idée de fonder une famille faisait bien entendu partie de ses projets. Mais pas si vite, pas si tôt, pas dans ces circonstances. Tout était bien trop rapide, pour elle comme pour le kiné. Cela ne faisait même pas un an qu'ils étaient ensemble, et les quelques mois qui regroupaient leur histoire n'avaient pas tous été un exemple flagrant de stabilité. « Pourquoi ? » Leah se mordit la lèvre. "Parce que je ne me sens pas capable de l'élever seule. C'est trop pour moi. Et aussi parce que je veux pas laisser tomber mes projets..." Elle replongea son nez dans le menu en faisant la moue, se sentait légèrement retournée d'avoir avoué ça à Lene. Parler de sa peur de ne pas pouvoir affronter seule, de son égoïsme de préférer mener de front une carrière pour elle plutôt que de tout laisser tomber et de se lancer à fond dans la parentalité... Tout ça était compliqué et effrayant.
Lene attaquait de sa façon bien à elle. Le truc avec ce genre de sujet, c’est que les personnes réfléchissaient trop et qu’à force, ils construisaient des réponses préconçues pour calmer leurs interlocuteurs mais n’aidaient pas le débat. Elle avait peur que ce soit ce que Leah soit en train de faire avec elle. Parfois, parler sans réflechir, c’était ce qui faisait du bien. Il ne fallait pas macérer les émotions mais juste les exprimer et gérer la suite parce que là, Leah se rend juste malade de ne pas oser dire à haute voix ce qui la tracasse réellement. "Parce que je ne me sens pas capable de l'élever seule. C'est trop pour moi. Et aussi parce que je ne veux pas laisser tomber mes projets..." dit-elle, à voix haute avant de se planquer derrière son menu. Lene esquisse un sourire, ravie que ce soit sorti. Elle prend une voix plus calme, plus posée. Peut-être un peu maternelle, ce qui fait peur, on est d’accord. « C’est normal d’avoir peur Leah, faut pas avoir honte de le dire. » Bon, venant de Lene qui était du genre à ne rien communiquer et à masquer la moindre de ses émotions. C’est très drôle. Mais, dans la mesure où ce n’est pas elle qui se torture l’esprit au sujet de sa grossesse, elle peut être de mauvaise foi. « Maintenant, si tu sais que tu n’es pas prête, arrête de te faire mal pour ta décision parce que c’est toi qui n’est pas prête et pas quelqu’un d’autre. C’est toi qui compte, c’est tout. » Et ça, Lene est une fois de plus stricte sur le sujet. C’est le vécu de Leah avant tout parce que c’est elle qui va littéralement tout subir. « Après, si tu as peur pour tes projets, avoir un bébé t’empêchera pas d’être pompiers. Je vais bien cumuler les deux. » finit-elle par avouer, un peu gênée quand même parce qu’hormis Anwar, Leah est la deuxième au courant.
Leah n'en revenait pas d'avoir cette conversation avec Lene, mais il fallait bien l'avouer; ça faisait du bien. La pompier ne la berçait pas de discours visant à la rassurer ou à essayer d'aller dans son sens pour la faire se sentir mieux, non. Elle lui rentrait dedans, la secouait, afin qu'elle lui livre ses pensées sans réfléchir de trop à ce qu'elle devait dire mais plutôt à ce qu'elle ressentait réellement. Un exercice qui s'avérait éprouvant, mais aussi apaisant. Elle n'avait pas eu l'opportunité de discuter plus en détail avec Stephen de ce que tout ça impliquait, la conversation ayant viré au cauchemar et à la dispute avant qu'ils ne puissent vraiment entrer dans le vif du sujet. « C’est normal d’avoir peur Leah, faut pas avoir honte de le dire. » La brune releva le menton vers la brune, haussant un sourcil face à la soudaine douceur de son ton. Ca changeait. Ca faisait peur, mais ça changeait. "Je sais, mais ça m'angoisse de ressentir tout ça. J'aurais aimé me sentir bien en découvrant que j'étais enceinte, mais ça a pas été le cas." Dit-elle avec une pointe de regrets dans la voix. « Maintenant, si tu sais que tu n’es pas prête, arrête de te faire mal pour ta décision parce que c’est toi qui n’est pas prête et pas quelqu’un d’autre. C’est toi qui compte, c’est tout. » La jeune femme hocha la tête avec un sourire, reconnaissante du discours tenu par Lene. "Merci de me dire tout ça. Je vais essayer." Lança-t-elle en penchant la tête sur le côté avant de se reconcentrer sur le menu, n'ayant pas encore la moindre piste de ce qu'elle allait prendre. « Après, si tu as peur pour tes projets, avoir un bébé t’empêchera pas d’être pompiers. Je vais bien cumuler les deux. » La brunette releva lentement les yeux vers son amie, interdite. Elle avait bien eu un doute en la voyant dans cette boutique de maternité - avouons que c'était très bizarre - mais ces doutes avaient rapidement été balayés par Lene et son air agacé. Alors elle était enceinte elle aussi. "T'en es à combien?" Demanda-t-elle, profitant de cette question bateau pour retrouver une contenance et retrouver une tête plus normale que celle d'un Cartoon qui vient d'être choqué. "Je l'avais pas vue venir celle la." Lança-t-elle ensuite dans un petit rire. "Les félicitations sont de rigueur en ce qui te concerne donc?" Demanda-t-elle en plongeant son regard dans celui de Lene.
Elle essaie d’être apaisante, ce qui est tout sauf une chose facile pour Lene qui est réputée pour sa brutalité et le résultat consiste en un micmac de punch line et de douceur de par le ton qu’elle adopte. Ce qu’il faut déterminer, c’est que Leah veut. Lene a bien compris que dans le meilleur des cas, ce serait le copain, le bébé, la carrière mais tout ne peut pas tomber ensemble ou en même temps et là, il ne reste qu’à décider des priorités et fatalement quand un enfant à naitre est sur la balance, ce n’est pas facile d’admettre qu’il n’est pas numéro un. "Je sais, mais ça m'angoisse de ressentir tout ça. J'aurais aimé me sentir bien en découvrant que j'étais enceinte, mais ça a pas été le cas." Oui enfin, personne ne se sent bien en découvrant une grossesse surprise. Lene n’avait pas été bien non plus même si elle avait été capable de relativiser rapidement. Maintenant, si Leah affirme qu’elle n’est pas prête, ça ne sert à rien qu’elle s’impose le bébé mais si Lene se doute déjà que l’intervention à venir sera douloureuse. "Merci de me dire tout ça. Je vais essayer." « Bien » lâche Lene dans un sourire avant de se plonger à son tour dans son menu, d’aborder le sujet des pompiers qui semblaient tenir à cœur à Leah, d’aborder ce sujet en lien avec la maternité vu que Lene n’avait pas peur de vivre sa grossesse en simultanée de son travail. Elle aimait l’un et avait choisi l’autre en décidant qu’ils ne s’empêcheraient pas de cohabiter. Evidemment, l’annonce avait de quoi surprendre, surtout que Lene avait toujours mis un point d’honneur au fait qu’elle n’aurait pas d’enfant. Tout l’monde pourrait tomber des nues face au fait qu’elle soit si sereine. "T'en es à combien?" « Six semaines. » dit-elle automatiquement avant de poursuivre.« Je le sais depuis quelques jours seulement, hormis le père, personne n’est au courant. » Et à vrai dire, elle allait avoir personne d’autre à informer ? A bien y réflechir. Tommy peut-être, parce que les session de Moïra allait finir. "Je l'avais pas vue venir celle la." Elle sera pas la seule. "Les félicitations sont de rigueur en ce qui te concerne donc?"Elle fait un oui de la tête, avant d’ajouter ; « Oui, j’ai décidé de le garder. Je sens que c’est dans mes cordes. »
Maintenant que les choses avaient été dites, Leah se sentait un peu mieux. Ca n'était pas encore extraordinaire, mais tomber sur Lene aujourd'hui lui avait fait du bien. Evidemment, la rupture était encore bien trop présente dans son esprit pour qu'elle espère ressentir une quelconque once de joie, mais quand même. Une part d'elle espérait vraiment qu'elle parviendrait à rediscuter avec Stephen avant la date fatidique, au moins pour pouvoir se confier à lui aussi sur ses peurs et ses doutes. Pour s'excuser aussi, ça ne serait pas du luxe. Elle remercia Lene pour ses paroles réconfortantes - une chose qu'elle n'aurait jamais pensé faire, vraiment - et entreprit de sélectionner un plat qui lui faisait envie, c'est à dire tout ce qui comportait du curry. « Bien » Lança la brune en lui adressant un sourire que Leah lui rendit immédiatement. Le sujet aurait pu être clos et permettre de rebondir sur quelque chose d'éloigné des bébés et de la grossesse, mais la révélation pour le moins inattendue replongea directement la jeune femme dedans, alors qu'elle la dévisageait avec des yeux ronds. « Six semaines... Je le sais depuis quelques jours seulement, hormis le père, personne n’est au courant. » Pour une surprise, c'était une surprise. Leah fut étonnée d'apprendre qu'elle était une des rares à avoir été mise dans la confidence, mais rien n'était normal aujourd'hui, et cette conversation créait une complicité inattendue entre elles. "Et le père... Vous êtes ensembles?" Demanda-t-elle en fronçant le nez, espérant que son amie s'en sortirait mieux qu'elle sur ce coup là. « Oui, j’ai décidé de le garder. Je sens que c’est dans mes cordes. » Un sourire sincère apparu sur les lèvres de la brunette."Dans ce cas je suis vraiment ravie pour toi Lene. J'espère que tout se passera bien pour toi." Deux grossesses, deux réactions diamétralement opposées. Lene était la preuve qu'elle pouvait composer avec cette grossesse et les pompiers si elle le désirait, mais cet obstacle n'en était qu'un parmi tant d'autres. Sourire aux lèvres, heureuse pour la brune, elle passa enfin commande au serveur qui avait enfin décidé de faire un arrêt à leur table. Ce début de journée ne débutait pas comme elle l'avait prévu, mais elle appréciait vraiment la tournure qu'avait pris les évènements.
Elle avait fini par avouer parce qu’il faut dire que c’était pas évident pour Lene que de causer du sujet en agissant comme si elle savait tout sans que Leah ne soit certain que ce soit le cas. C’est compliqué mais Lene a juste ressenti le besoin de faire savoir qu’elle était légitime à prétendre comprendre Leah même si leur situation était différente. Leah avait digéré sa rupture d’avec Matt et elle était prête à élever seule l’enfant d’un autre. C’était la décision qu’elle avait prise en recevant la confirmation du médecin et depuis quelques jours elle se faisait à l’idée avec une zenitude qui la surprenait. Qui aurait cru ? Certainement pas Leah qui l’observe comme si Lene lui avait annoncé venir en fait d’une autre planète. "Et le père... Vous êtes ensembles?" Là, cette question la fit rire et ceci se sera entendu dans le restaurant tout entier. Être ensemble, seigneur. C’est probablement l’idée d’avoir un enfant tout en étant en couple qui l’aura dégoutée du truc aussi longtemps. Non, elle veut être seule. Anwar sera là s’il le souhaite mais elle sera la mère d’un seul être humain, pas deux. « Non, surtout pas. » répond Lene, repensant automatiquement à ses échanges avec le concerné. Il avait perdu des points en suggérant qu’elle consulte ses autres amants histoire de vérifier de l’identité du vrai père. « C’était pas prévu. Mais, j’ai pas peur de le faire seule. Et puis, c’est à lui de décider ce qu’il veut mais je ne compte pas me mettre en couple. » Non, la dernière fois ayant été un cuisant échec, Lene allait garder sa position de célibataire. "Dans ce cas je suis vraiment ravie pour toi Lene. J'espère que tout se passera bien pour toi." Elle acquiesce, lui rendant son sourire. Elle se le souhaite aussi. Pour le moment, elle ignore si ce sont les hormones mais semble zen et pas du tout craintive face à la suite. Le serveur en place, les plats commandés, la journée se poursuit avec une sorte de légèreté. Elle sait qu’elle reverra Leah.
Accueil
Ce n’était pas évident que d’aider quelqu’un en échangeant sans tout connaitre de l’histoire. Lene marche sur des œufs et avec le peu d’information qu’elle reçoit et sa propre expérience, elle ne peut s’empêcher de déduire des choses qu’elle n’ose pas dire à haute voix parce que fondée sur ses propres déductions, elles peuvent être erronées et l’amener à se tromper. Puis tout ça, c’était sans compter sur le fait que Lene, elle n’a rien de la bonne copine à qui partager ses problèmes. Elle trouve toujours que les gens se prennent trop la tête. Il n’empêche qu’outre l’attitude suicidaire de Leah en ne se nourrissant pas et son « mais » quand elles arrivent à parler du sujet, Lene n’arrive pas à savoir ce que la jeune femme veut vraiment. Si c’est l’avortement, alors soit. Elle respecte, mais elle ne peut s’empêcher de sentir que cette décision n’est pas là à 100% et malheureusement quand c’est le cas, l’impossibilité du retour en arrière fait plus mal que possible. "Je lui ai caché cette grossesse pendant presque trois mois Lene..." Les yeux de la jeune femme se plaque sur le ventre de Leah en apprenant qu’elle en est à plus que trois mois. Leah étant maigre, Lene n’avait pas deviné que cette grossesse serait aussi développée. "... Je lui ai rien dis parce que quand je l'ai appris, j'ai été sous le choc. Puis j'ai eu peur. Puis j'ai été complètement paumée. Je savais pas quoi faire, et l'idée de lui dire pour qu'il me fasse pencher vers une décision ou l'autre je... Je pouvais pas." Oui, c’est surtout qu’en attendant de le dire, on s’habitue vachement à la situation et là, les trois mois, Lene ne peut s’empêcher de se dire que Leah a eu le temps d’imaginer toute une vie "Je me suis engagée chez les pompiers en sachant que j'étais enceinte, parce que c'est ce que j'ai envie de faire de ma vie. Sauf que ça non plus je lui ai pas dis et... Quand j'ai fini par tout lui dire, ça a implosé. Et je peux pas le blâmer." Encore pire que tout, il y’a de l’histoire de couple. C’est toujours un piège ça pour Lene parce qu’elle n’y connait rien et qu’à première vue, Leah a l’air de plutôt chercher à contenter son copain plutôt qu’elle-même. C’est le moment où elle se félicite d’être tombée enceinte d’un mec qu’elle ne connaissait qu’en surface. "La décision a été prise, je sais que c'est la meilleure chose à faire... Même si c'est lui qui l'a proposée. On est pas prêt pour ça." Elle ne peut s’empêcher d’être interpellée et sa réponse, sur des œufs toujours, se résume en une simple question. « Mais cette décision, tu la prends parce que toi tu n’es pas prête ou pour lui ? Parce que j’ai l’impression que tu cherches juste à lui faire plaisir, mais il ne portera pas cette cicatrice. »