| There are two ways to do something: the right way and again. || Alex |
| | (#)Sam 20 Juil 2019 - 18:43 | |
| «JACKSON ! DAWSON ! NOM DE DIEUX MAIS BOUGER VOUS UN PEU ! » Hurlais-je en marchant à côté du groupe «ALLEZ ! Gardez le rythme, une, deux, une deux … DONOVAN ! EST-CE QUE J'AI DIT QUE T'AVAIS LE DROIT DE TE REPOSER ? NON ! Alors reprend ! Et depuis le début ! ET SI JE TE VOIS SOUPIRER ENCORE UNE FOIS TU ME FERAS CINQUANTES POMPES !! »
ça fait maintenant déjà 15 minutes que je m’époumone sur les recrues et, croyez le ou non, ça ne me fait pas plaisir. Mais c'est la règle : essayer de tester leur limites, autant physique que moral ce qui va les préparer pour la hell week, celle qui précède leur mission commando. Dès lundi prochain, ils ne sauront plus où ils sont ni même qui ils sont. Et c'est là qu'on repère les bons, ceux qui ont la force morale nécessaire pour continuer dans cet carrière et ceux qui, au contraire, devraient arrêté tout de suite. Tout le monde est passé par là, moi aussi. Et mes supérieurs n'ont, eux non plus, pas été tendre. Encore moins que moi en vrai.
« ALLEZ NICHOLSON TU Y ES PRESQUE ! » reprenais-je alors que vois un jeune homme, visiblement à bout de souffle, arriver au dernier obstacle. «Allez, vas-y tu... » je me tais subitement lorsque je le vois perdre ses appuies et s'écraser plus bas sur le sol. « Putain ...STOP !» ordonnais-je en donnant un coup de sifflet avant de courir vers le jeune homme qui, allongé au sol, se tord de douleur en se tenant la cheville. « Christopher, ça va ? » demandais-je, inquiet. Je l'oblige à s'allonger et à lâcher sa jambe, retenant à temps une grimace. «Jackson ? Emir ? Allez chercher les secours » ordonnais-je avant de me déplacer pour changer de position sans pour autant quitter les côtés du futur soldat « Ce ...C'est grave ?» demande-t-il fébrilement «Je ne suis pas médecin Nicholson » dis-je doucement « Qu'est-ce qui s'est passé là-haut, hm ?» demandais-je, histoire de le tenir occupé mais aussi pour comprendre qu'elle genre d'erreur il a put commettre «J'ai voulu allez trop vite » souffle-t-il, désespéré « Je ...J'ai cru qu'en me dépêchant ça ira mieux et je ...» le sentant au bord des larmes je pose une main sur son épaule « Désolé...» je secoue la tête «Ce n'est pas de ta faute, l'erreur est humaine, ça arrive à tout le monde » le rassurais-je avant de me redresser lorsque les secours arrivent. Me reculant, je leur explique rapidement la situation, puis me détourne.
Retirant ma casquette, je me passe une main dans mes cheveux alors que mon regard se pose sur Sam qui est accompagné d'une jeune femme. « Thomas ? Voici Alex Clark, journaliste. Elle dit qu'elle avait rendez-vous avec toi à 14h » j'observe la jeune femme puis lance un coup d'oeil vers ma montre qui m'indique qu'il est 14h30 et soupire doucement «Merde … merde je suis vraiment désolé » dis-je en m'avançant vers la journaliste « j'ai complètement perdu la notion du temps et ...» je me tourne vers mon collègue « Merci Sam » le remerciais-je. Il ne semblait qu'attendre que ça car aussitôt dit aussitôt s'en va-t-il. « Thomas Beauregard» me présentais-je en tendant la main à la journaliste «Il me semble que vous avez eu mon supérieur, le capitaine Williams au téléphone qui vous a référé à moi, c'est bien ça ? » demandais-je confirmation avant de m'engager sur le terrain journalistique de l'inconnue.
@Alex Clarke |
| | | | (#)Mar 23 Juil 2019 - 0:00 | |
| « Les sports ont fait fleurir toutes les qualités qui servent à la guerre : insouciance, belle-humeur, accoutumance a l’imprévu, notion exacte de l’effort à faire sans dépenser des forces inutiles. » (Pierre de Coubertin, Essais de psychologie sportive, Payot, 1913.)
Chaque trimestre, le journal sort une enquête complète sur la place du sport dans notre société. Le thème de la prochaine enquête a été décidé en équipe et avec deux collègues journalistes, nous avons pour objectif d'examiner l'importance du sport dans l'armée. Et pour ma part, je dois enquêter sur le rôle du sport dans la formation des recrues, des futurs militaires. Et voilà plusieurs semaines que j’essaye de décrocher un rendez vous avec la Royal Navy avec pour objectif de réaliser une interview auprès d'un des hauts gradés et responsable de la formation des futurs recrues. Et j'ai enfin l’aval pour rencontrer l’amiral Beauregard. Après un nombre incalculable de documents remplis, de demandes formulées, d’autorisations demandées. Après des semaines à être en relation avec les différents services à exposer nos ambitions, nos attentes, nos besoins et notre projet. C’est enfin arrivé ; l’accord d’accéder à la zone d’entraînement et de rencontrer un Amiral. Et cet accord est arrivé quelques jours après le départ de mon meilleur ami qui s’est engagé à l’armée. Alors l'idée de rejoindre le camp d’entraînement des futurs recrues de la Navy, n'est pas au sommet de ma « to-do list » mais j'ai tellement bataillé pour cette rencontre et j'apprécie bien trop mon travail pour faire marche arrière et laisser ma vie privée interférer dans mon rôle de journaliste.
C'est, tout de même, avec une certaine appréhension que je rejoins le lieu de rendez-vous ou je suis accueillie par le service d'ordre. Après quelques vérifications, la présentation des documents officielles pour appuyer ma présence, et une fois tout en ordre je me fais escorter par un militaire qui se présente par son prénom, Sam. Il semble bien plus décontracté que moi alors qu'il est visiblement missionné pour me tenir compagnie en attendant l'arrivée de l'Amiral Beauregard, qui soit dit en passant à déjà du retard. Au bout de plusieurs minutes, le fameux Sam reçoit l'ordre de me conduire directement sur place tout en me présentant un peu les lieux. Je le suis, silencieuse écoutant ses remarques sur les lieux et sur la Royal Navy. Et après quelques minutes de marche on arrive sur le lieu d’entraînement des jeunes recrues, en pleines activités et je me mets en mode journaliste, pour observer ce moment d'authenticité pas toujours évident à obtenir quand on s'annonce en tant que journaliste. J'observe l'attitude des jeunes recrues, l'attitude de l'homme qui supervise aussi et j'assiste à la chute du jeune homme. Je fronce les sourcils, inquiète pour le jeune homme. Mais je reste en retrait, et observe l'homme qui hurlait quelques minutes plus tôt, se porter à hauteur du blessé, inquiet. Ok, il semble se préoccuper de ses hommes. Sam se dirige vers le terrain d’entraînement et se porte à hauteur de l'homme au commande. «Merde … merde je suis vraiment désolé, j'ai complètement perdu la notion du temps et .. Merci Sam » Il me serre la main en se présentant. C'est donc lui l'Amiral Thomas Bauregard et je dois dire que je suis assez impressionnée par sa carrure et son charisme. « Alexandra Clarke, merci de me recevoir. Et ne vous excusez pas, je vois que vous étiez bien occupé. Comment va le jeune ? J'ai vu la chute c'était assez impressionnant. » Comme si j'avais besoin d'assister à une chute aussi violente pour me faire voir la réalité de ce monde, de cet entraînement. Cette recrue ça aurait pu être Tim. Le blessé ça aurait pu être Tim. Je me concentre sur l'amiral et sur ses paroles. « Oui,oui il m'a référé à vous, ça n'a pas été simple d'obtenir cet entretien. Mais je vous remercie de m’accueillir ici et de m'ouvrir les portes de la Royal Navy. » Être polie, courtoise, faire bonne impression c'est la base pour obtenir un échange de qualité. Alors elle oublie Tim, elle oublie qu'à se moment là, il pourrait lui aussi tomber d'un obstacle et se blesser. Et elle prends sa meilleure attitude pour rendre cet échange conviviale et intéressant pour lui et pour elle. Elle a la chance de rencontrer un Amiral, quelqu'un de haut placé, ce n'est pas donné à tout le monde et elle veut profiter de cette opportunité qu'il lui ait offerte. Et elle commence en présentant ses objectifs, la raison de sa présence. « Le journal pour lequel je travaille souhaite présenter une enquête sur la place du sport au sien de la Royal Navy. Et l'on m'a dit que vous étiez la personne la plus à même de me répondre sur l'importance du sport dans la formation des recrues. » Déjà en mode journaliste, je me lance dans le sujet principal pour parler armée, sport, condition physique, préparation mentale. « Peut être pourriez vous commencer par m'expliquer l’intérêt de cet exercice dans l’entraînement militaire ? Quelle est son importance ? Et qu'est-ce que vous recherchez en les poussant dans des activités aussi physique ? Parce que je suppose qu'il y a des bénéfices notables autre que faire souffrir physiquement ces jeunes ? »
@Thomas Owens-Beauregard |
| | | | (#)Mer 24 Juil 2019 - 21:53 | |
| Nous ne sommes pas des super héros. Il n'y a aucun Thor, pas de Wanda et aucun Capt'n america parmi nous. Personne n'a ici, contrairement à Bucky ou Hulk, acquit ses pouvoirs grâce à la science, non. Si nous devons nous comparer à ces héros de Marvel, je pencherais plus vers Iron Man ou Batman : ils n'ont aucun pouvoirs, juste un mental d'enfer. L'un est un fin stratège et d'une intelligence incomparable, l'autre est entraîné aux différent combats. Et c'est ce que nous voulons prouvez. Nous ne sommes pas obligé d'avoir la force incroyable de captn Marvel ou venir d'une autre terre comme Wonder woman. Non. Nous pouvons être des humains tout ce qu'il y a de plus banals, à l'instar de Hawkeye ou Black Widow et tout de même réussir à nous battre aux côtés des immortels.
On nous prend souvent pour des sur-hommes mais fait est que nous ne sommes que des humains qui faisons des erreurs. Comme ce Christopher qui, pensant qu'en allant plus vite il ira plus loin et qui fini à terre. Bien évidemment que je me soucis de lui et que je m'inquiète de savoir s'il ira bien. Mais je ne peux me permettre de l'accompagner, non seulement car j'ai d'autre recrues à gérer, mais aussi parce que Sam – alias Black Panther autant à cause de sa couleur de peau que sa force et résistance incroyable- arrive aux côtés d'une charmante jeune femme qui, je me rend rapidement compte, est la journaliste dont Williams m'a parlé ce matin. Il m'a informé aujourd'hui qu'à 14h je devrais être présent pour répondre aux questions et me préparé à être interviewer. Heureusement que je ne suis pas un stressé de nature et que je connais parfaitement mon métier, assez pour ne pas être trop apeuré et être pas mal confiant lorsque je m'approche de la dénommée Alexandra Clarke et hoche doucement la tête lorsqu'elle me demande des informations sur l'état de santé de Nicholson.
Je lance un coup d'oeil en arrière et sourit lorsque j’aperçois que le jeune soldat est débout et s'en va, soutenu par les deux secouriste à cloche pied. « ça à l'air d'aller» souriais-je doucement en reportant mon attention sur la journaliste «Christopher c'est un peu le Spider-man de la base : il a beau faire des chutes impressionnantes, il est extrêmement résistant » j'hoche la tête et offre un sourire encourageant à Chris lorsqu'ils passent à côté de nous « Cela dit, je pense que sa cheville a prit un sacré coup là ...» reprenais-je plus doucement une fois le jeune homme hors de portée de ma voix « Mais j'ai envie de dire que ce sont les risques du métier» j'hausse les épaules «Et encore, une cheville en moins c'est rien, mais je ne vous apprends rien en disant que beaucoup de soldat revienne avec des blessures bien plus sérieuses que celle-ci » reprenais-je avec sérieux.
Nous finissons par nous mettre en route et j'entraîne Alex vers le début du parcours du combattant, indiquant aux recrues restantes qu'elles sont libres de se reposer. La journaliste n'attend pas longtemps et commence à poser ses questions. Le regard posé sur le sol, j'hoche la tête en l'écoutant attentivement. Elle veut que je lui parle de l'importance de la préparation physique ? Eh bien elle n'a pas fini de m'entendre. «C'est bien simple : avec le sport et des entraînements spécifique on veut les préparer à la dureté du terrain. » je lève mon regard et le pose sur le fond du parc d'entraînement « On souhaite qu'ils aient la vitesse de Flash, la résistance de Deadpool, la force de Wolverine et la ruse de Loki » je me sens un peu idiot de faire ces comparaisons, mais tout le monde connaît les super héro et c'est un excellent moyen de comprendre les choses plus facilement «En gros … je pense qu'en vrai Aquaman pourrait être la meilleure des comparaisons : Un militaire qui s'engage dans la Royal Navy doit être autant à l'aise sur terre qu'en mer, que ce soit sur un bateau ou dans l'eau. » je regarde autour de moi « Aucun d'entre nous n'est Superman, nous avons tous notre kryptonite, mais chacun fait comme il peut» je m'immobilise face au premier obstacle et me tourne totalement vers Alex «Ce parcours du combattant est génial : assez compliqué pour nous fatiguer musculairement et construit de manière à devoir faire preuve de jugeotte. On ne peut pas y aller à l'improvisation comme le ferait Star Lord, mais il faut sincèrement réfléchir et ... »
Mon regard se baisse subitement lorsque je sens un poil doux se frotter à mes jambes et sourit en reconnaissant l'animal « Et voilà, je savais bien que je ne pourrais pas faire une visite complète sans que cette bête ne vienne nous embêter » dis-je en me baissant pour récupérer l'animal et le prendre dans mes bras «Alexandra Clarke, je vous présente Goose. Goose, je te présente Alexandra Clarke, si t'es gentil peut-être qu'elle t'évoquera dans l'article » je relève mon regard sur la journaliste « Pour la petite histoire : Goose est arrivé chez nous en début d'année, affamé et amaigris. Nous l'avons récupéré et nourris avec quelques collègues et il a décidé de nous adopté. Du coup il est devenu la mascotte ici » dis-je en caressant l'animal « Il ne s'entraîne pas, mais il engueule les nouvelles recrues. Littéralement ! Quand ils sont entrain de faire des pompes ou doivent tenir e gainage, il passe à travers les rangs et miaule sur quiconque se plaint de moi» je rigole doucement de cette anecdote avant de relâcher l'animal qui s'en va tranquillement. « D'autre questions ?» demandais-je la journaliste et lui offrant un charmant sourire.
@Alex Clarke |
| | | | (#)Jeu 1 Aoû 2019 - 3:58 | |
| « Les sports ont fait fleurir toutes les qualités qui servent à la guerre : insouciance, belle-humeur, accoutumance a l’imprévu, notion exacte de l’effort à faire sans dépenser des forces inutiles. » (Pierre de Coubertin, Essais de psychologie sportive, Payot, 1913.)
La santé du jeune dénommé Christopher, semble inquiéter tout le monde et moi la première. Je questionne l'Amiral qui se montre encourageant alors que la recrue quitte le lieu d’entraînement debout soutenu par deux secouristes. La blessure, la crainte commune aux militaires et aux sportifs, même si finalement dans un domaine la blessure peut détruire une carrière, dans l'autre peut détruire une vie. Chose que Thomas Beauregard me confirme avec sérieux, parce qu'on ne plaisante pas avec ce genre de chose. « Mais j'ai envie de dire que ce sont les risques du métier ... Et encore, une cheville en moins c'est rien, mais je ne vous apprends rien en disant que beaucoup de soldat revienne avec des blessures bien plus sérieuses que celle-ci » Oh non il ne m'apprends rien, j'ai déjà par le passé travaillée avec des vétérans de guerre durant mes années d'études, et le sujet m'avait bien chamboulé. C'est d'ailleurs pour cette raison que c'est ma collègue qui a hérité de la partie sur l'importance du sport dans la convalescence et dans le retour à la vie civile des vétérans blessés. « J'ai eu l'honneur de rencontrer certains vétérans à Londres, une rencontre forte, et j'aurais pu centrer mes recherches sur la place du sport pour la reconstruction de ces blessés de guerre, mais j'ai préféré le sport dans la formation. » En gros, j’avoue que j'ai passé mon tour sur ce sujet, je n'ai clairement pas besoin de m'infliger ce genre de recherche maintenant. Mais que ce soit dans le domaine militaire ou civile, la pratique du sport en entraînement implique ce genre d'incident, des blessures plus ou moins graves qui mettent en danger l'intégrité physique de ces jeunes. Mais il est vrai qu'une entorse, ou même une fracture, semble bien minime à coté de certaines blessures de guerre qui entraînent des amputations. Et si aujourd'hui le jeune Christopher a eu le droit à l'erreur, ce ne sera pas le cas sur le terrain, d’où l'importance de ces entraînements. Du moins c'est ce que j'en déduis de cet événement malheureux auquel je viens d'assister.
Nous avançons vers le parcours du combattant sous le regard de certaines recrues qui semblent apprécier le repos accordé par l'Amiral. La discussion s'installe entre nous, puisque plus qu'un entretient c'est réellement une discussion qu'il me propose. Répondant à ma question mais proposant bien plus qu'une simple réponse. J'apprécie réellement d'écouter parler cet homme, malgré son statut il me semble ouvert, disponible. Il est très bavard, ce qui n'est pas pour me déplaire bien au contraire. Ça me promets un entretien riche et un article complet. Au fond de moi, je suis même surprise de sa disponibilité et de son attitude légère. Il a un certain statut mais il ne me prends pas de haut et je dois avouer que j'apprécie réellement cet échange. Et sans même le savoir, il m'aide à me détendre et à calmer certains de mes doutes sur ce milieu militaire si dur et froid par moment. Il ne laisse pas sa conduite être dictée par tout un tas de protocoles militaires, il n'a pas besoin de se montrer froid, distant, dur pour se faire respecter, et le charisme qu'il dégage suffit à respecter cet homme. Il me fait sourire par ces comparaisons avec l'univers des Super-héros, mais je les trouve plutôt juste et assez imagées pour permettre de comprendre ce qu'il attends de ces recrues tout en ayant conscience de leurs limites. Et puis au fond ces hommes et femmes ordinaires de l'armée qui deviennent dans l'imaginaire des gens, des héros, parfois au prix de leur propre vie, c'est plutôt un bel hommage non ? Je sais que je ne pourrais pas faire ce qu'ils font, mettre leur vie au service d'une nation, mettre leur vie à disposition de dirigeants qui décident pour eux, mettre leur vie entre les mains d'autres soldats. Affronter le danger, faire preuve de sang-froid, de force, de courage. Ne pas reculer face à l'adversité, affronter les pires menaces en sachant qu'une fois sur le terrain, c'est tué ou être tué. Pas de place à la faiblesse. Et ce qu'on leur demande me semble bien au delà des compétences d'un simple mortel. Et pourtant, c'est ce qu'ils sont tous, mortels, avec leurs forces et leurs faiblesses. Ils ont tous conscience de ce fait irrémédiable, ils sont mortels. Les balles ne passeront pas à travers eux sans déchirer leur peau, sans perforer leurs organes. Les mines n'exploseront pas sous leurs pieds en les épargnants. C'était eux qui se préparaient au combat, et certains ne revenaient pas, et au fond, je ne savais pas comment ces gens si jeunes pour certains, pouvaient être sereins avec cette pensée. Et il fallait une bonne dose de confiance et d'assurance pour être prêt à affronter tout ça. Et je m'égare dans mes pensées, je réfléchis autant à l'aspect physique, que psychologique des futurs soldats. Parce qu'au fond être fort physiquement ne suffisait pas à l'armée.
Il me parle de ce parcourt et je reviens sur du concret. J'observe de plus près les différents éléments. Les obstacles me semblent assez diversifiés pour obliger à travailler les différents blocs musculaires, mais aussi pour obliger à réfléchir et à anticiper les événements pour gérer son effort et pouvoir aborder les difficultés avec la meilleure approche possible. Force, habilité, réflexion, anticipation et adaptabilité, autant d'éléments qui me semblent être travaillés dans ce parcours, mais ce n'est que ma vision de journaliste sportive et accessoirement sportive à mes heures perdues. « Vous utilisez le sport, comme une arme de combat, j'entends par là que le sport à pour optique de développer la force, l'endurance, l'agité d'un futur combattant comme vous l'avez précisé. Mais par le biais du sport, vous travaillez aussi l'aspect mental du soldat, avec les notions de dépassement de soit, d'entraide, de confiance ? » Il m'explique l'importance de la réflexion dans ce type de parcourt, mais je cherche à pousser un peu la discussion autour de l'aspect mentale, dans la préparation mentale de ces jeunes. Le sport a toujours véhiculé des valeurs qui me semble plutôt bien correspondre à l'univers militaires. L’entraide, l'esprit d'équipe, la solidarité, le dépassement de soi, la discipline, le respect des règles, la connaissance de soi. Et je cherche une réponse de sa part pour aussi pouvoir détailler cet élément dans mon article. Pour montrer que ces jeunes ne sont pas que des corps forts, formatés par une institution qui les prive de réflexion et de personnalité. Les militaires sont parfois caricaturés comme étant des corps musclés, parfois des brutes qui ne connaissent que la force physique comme réponse. Je veux montrer autre chose, je veux aller plus loin et montrer que si le sport permet de renforcer la musculature de ces recrues, il permet aussi de développer des compétences sociales, bénéfiques sur le terrain et dans leur vie. Pour faire d'eux des bons soldats mais aussi des hommes biens. Je suis peut être une idéaliste, mais je crois que j'en ai besoin. Pour tenir et me faire croire (un peu) que peut être c'est ce dont a besoin Tim … Encore et toujours lui …
Et heureusement pour moi, une petite boule de poil vient reconnecter mon esprit avec la réalité du moment. L'Amiral récupère l'animal et me le présente. C'est une vision presque attendrissante, si plus de gens pouvaient voir un amiral ainsi, peut être qu'ils verraient l'armée sous un autre regard. Je souris à cette vision et je caresse à mon tour le chat, dénommé Goose. « Cette vision de vous avec un chat dans les bras, pourrait faire fureur sur une affiche de recrutement, vous devriez y penser ? » Il est si détendu, que je me permets une petite touche d'humour. « Et vous, vous faites encore des pompes, du gainage et les parcours ? Celui là par exemple, vous vous entraînez dessus ou il est réservé aux futurs recrues ? A moins que votre grade vous permets d'éviter tout ça et que vous vous contentiez de passer pour un tyran auprès des jeunes ? »
« D'autre questions ?» Oh oui des questions, j'en ai pleins mais j'ai surtout une idée folle qui me vient alors que je lui demande s'il fait encore les parcours. Je veux tenter le parcours. Je veux pouvoir tester les éléments, et aussi tester mes limites. Je ne sais pas si c'est possible, s'il va accepter de me laisser me lancer dans cette expérience. Je ne suis même pas sur que mon corps, dans son état actuel, peut me permettre de dépasser les trois premiers obstacles. Mais je veux pouvoir me mesurer à ce parcours. Et puis, pour l'objectivité de l'article, pour sa pertinence, quoi de mieux pour juger le niveau sportif qui est requis que de m'y confronter moi même ? Bon c'est une excuse, une fausse excuse soyons honnête. Mais je veux me mettre en condition. Pour voir ce qu'il vit ? Peut être, mais je ne l'avouerais pas. Je veux escalader ce mur que je vois au milieu du parcourt, après avoir rampé dans la boue sous des barbelés. Ça n'a aucun sens journalistique, mais je ne veux pas passer à coté de cette opportunité. Alors prête à me prendre un non catégorique, je tente le coup quand même. « J'aimerais bien me mettre à la place des recrues, pouvoir faire face à un parcours, ce serait possible ? » Je tente de sourire pour favoriser une réponse positive. Mais je remarque quand même un problème de taille, ma tenue, mes chaussures. « Et si vous voulez bien, auriez-vous des vêtements pour moi ? » Ok je suis complètement dans l'abus, mais il a l'air sympa cet amiral. « Et bien-sur si vous acceptez je compte sur vous pour me hurler dessus comme pour les autres. »
@Thomas Owens-Beauregard |
| | | | (#)Sam 3 Aoû 2019 - 8:31 | |
| Je vois très rapidement que la jeune journaliste est très renseignée sur le sujet de l'armée ou plutôt l'importance du sport dans la vie d'un militaire. Que ce soit pour une nouvelle recrue ou pour un ancien vétéran, bouger et se maintenir -ou revenir- en forme est une importance cruciale. «Ah le sport lors de la reconstruction est un sujet fort intéressant aussi » assurais-je en souriant « Pour ma part je n'ai jamais été blessé lors des différentes missions, si ce n'est une arcade éclaté lorsqu'une vague trop puissante m'a déséquilibré et envoyé sur le tableau de bord» je souris doucement, repensant avec un certain humour à ce moment qui en vrai était pas mal dangereux « Ou une entorse à la cheville en tombant dans les escaliers lors d'une autre tempête» j'hausse les épaules « En vrai, en tant que soldat dans la Navy on n'est pas forcément sur le terrain avec les autre. C'est plus l'armée de terre qui est en première ligne. Nous on est plus là en tant que Back up. Avec un porte avion peut envoyer les avions en renfort mais on sera toujours à une certaine distance de sécurité» j'hausse les épaules «Et puis plus on monte en grade, moins on est exposé aux dangers, mais ça c'est partout pareil. » assurais-je.
Nous continuons d'avancer et je continue de parler, expliquant maintenant en quoi consiste ce parcours du combattant. Et lorsqu'Alex reprend la parole, je suis un instant agréablement surpris par la pertinence de ses questions. Je n'ai jamais été interviewé, mais je me doute fortement que ça ne se passe pas toujours comme ça et que j'ai donc beaucoup de chance que ce soit cette inconnue qui ait été choisit pour faire cet interview. « Tout à fait !» lui donnais-je raison en souriant « Le mental est d'une importance cruciale car souvent le physique dépasse le mental. Nos capacités physiques sont bien plus grandes qu'on ne le pense, mais c'est notre mental qui nous bloque. Par le biais du sport on ne souhaite pas seulement renforcer le corps et le préparer physiquement à la dureté du terrain, mais on souhaite surtout le dépassement de soit, le sang froid et le calme en toute circonstances» expliquais-je
« La semaine prochaine commence la Hell week comme on l'appelle ci» reprenais-je ensuite, embrayant sur un tout autre sujet «C'est la semaine qui précède les missions commando » j'enfonce mes mains dans mes poches « Et comme l'indique son nom, c'est l'enfer. Réveil à 3h du matin à coup d'eau glacée, 4 km de nage dans la mer à 4h, exercice de renforcement sur la plage, trempé et glacé, pendant que le supérieur nous hurles des truc dessus» je souris doucement «J'en ai vécu plusieurs des hell week lors de ma formation mais aussi lors de mes différent passages en grade, mais celle dont je me rappelle le plus c'est la première quand j'avais quelque chose comme 19 ans » je secoue la tête «la semaine était éprouvante et ensuite ils nous envoyé en binôme dans l'outback australien et nous en simplement filer une carte, des rations et du matos et nous ont dit qu'on avait 48h pour rejoindre un point bien précis » j'hausse les épaules « Je me suis retrouvé avec l'amiral Atwood qui est mon meilleur ami mais la personne que je détestais le plus au moment où ils nous ont déposé au point de départ. » je secoue doucement la tête «On a commencé, il y a eu une descente en rappel qui m'a confirmé que le matériel qu'ils nous ont filé n'était pas des plus qualitatif. Ma corde a lâché et j'ai fini la descente un peu trop rapidement » par réflex, je me passe une main sur mon épaule gauche « J'ai donc dû continuer avec une clavicule en moins et un binôme qui aurait pu m'abandonner dans le canyon et ...» je me redresse « Bref, tout ça pour dire que le mental joue un énorme rôle : j'étais fatigué, les douleurs étaient horribles et j'étais vraiment pas bien, mais il était hors de question que j'abandonne» assurais-je «Et puis 20 ans après je suis toujours en vie et toujours aussi fier du fait que j'ai poussé mon corps dans ses dernier retranchement» mon sourire s'agrandit d'avantage « Bon je dois avouer quand même qu'en finissant la mission, j'ai dormi pendant 24h, autant à cause de la fatigue que la bonne dose anti douleur qu'on m'a injecté» je rigole doucement et me remet en route.
Arrivé au début du parcours, nous sommes rejoint par Goose, le chat de la base que je m'empresse de prendre dans mes bras. Lorsque la journaliste me dit que cette vision ferait une superbe affiche de recrutement, je rigole de bon cœur «Je devrais soumettre l'idée au responsable de communication et de recrutement » dis-je en reposant l'animal au sol, hochant la tête à la prochaine question de la journaliste « Oh que oui » affirmais-je « J'ai beau avoir un grade élevé -pour tout avouer il ne me reste plus beaucoup d'échelons avant d'arriver au rang le plus élevé- je ne suis pas du genre à me reposer sur mes lauriers comme on dit» je me redresse « Je fait ce parcours au moins une fois par jours pendant ma pause, je cours les matins tous les deux jours, je surf, je nage … bref je me maintient en forme» assurais-je « Même si ce n'est pas forcément très compatible avec ma vie de famille, j'essaie quand même de faire au moins une cession de renforcement et une d'endurance par jour»
Et puis vient une question à laquelle je m'attendais pas du tout mais que j'accueille avec une certaine fierté : Alex me demande si elle peut faire le parcours ! « Eh bien, avec plaisir Alex Clarke» dis-je en écartant légèrement les bras. « Venez avec moi, on va vous trouvez des habits décents» indiquais-je en l'entraînant avec moi vers l'entrée du bâtiments où les recrues que j'ai entraîné juste avant se reposent « Woodson ?» interpellais-je une jeune femme qui se lèvent directement « Vous voulez bien accompagner Mme Clarke et lui trouver quelques habits et chaussures adéquat pour qu'elle puisse suivre l'entrainement ? » La jeune blonde hoche la tête et après un salut militaire, se tourne vers Alex avec un adorable sourire pour lui dire de la suivre. Je les suis du regard, souris, puis frappe dans mes mains et indique aux autres de se lever pour retourner à l'entraînement.
@Alex Clarke |
| | | | (#)Lun 12 Aoû 2019 - 18:17 | |
| « Les sports ont fait fleurir toutes les qualités qui servent à la guerre : insouciance, belle-humeur, accoutumance a l’imprévu, notion exacte de l’effort à faire sans dépenser des forces inutiles. » (Pierre de Coubertin, Essais de psychologie sportive, Payot, 1913.)
Il me parle des blessures, me livre quelques anecdotes sur lui, sur la Navy et je l'écoute me partager ses souvenirs. Il n'en ai aucunement obligé mais il prends du temps pour moi, il prends le temps de me faire découvrir l'envers du décors. La partie cachée du reste du monde. L'armée de Terre, la Navy, reste des mondes assez secrets ou nous autres civiles n'avons pas souvent l'occasion d'entrer. Alors je profite de la disponibilité du cet Amiral pour pouvoir en apprendre davantage sur le fonctionnement de la Navy, sur les risques, les blessures et tout ce dont il veut bien laisser filtrer comme informations. Nous discutons sur l'importance de la préparation mentale, couplée à un bon physique puisque l'un sans l'autre, un homme ne peut tenir debout dans des conditions hostiles. Du moins c'est ce que je pense et ce qu'il me confirme à son tour. Et voilà qu'il me parle d'un autre entraînement, loin du parcours du combattant que l'on a devant nous. La fameuse ''Hell week'', la semaine de l'enfer. Et je l'écoute encore me parler de cette préparation bien spécifique, ou mental et physique semblent aussi indispensable l'un que l'autre à la survie d'un tel programme. Réveil à 3h du matin à coup d'eau glacée, ils sont réellement fous les militaires, rien que ça, pour moi ça semble insurmontable (pour être réveillée à 3h du matin, encore faut-il déjà dormir non ? ). Et il me raconte son expérience en binôme, il me raconte sa blessure, la douleur, la relation avec son coéquipier du jour, ce lien qui doit se créer entre eux alors qu'ils sont seuls. Cette solidarité primordiale pour surmonter les difficultés, cette fraternité et cette confiance qui se développe entre deux hommes lâchés en pleine nature. Et c'est réellement un bel exemple de l'importance du sport, mais aussi des valeurs du sports que doivent acquérir ces jeunes par le biais de leurs entraînements et de ces missions. Le corps a une limite, le physique a une limite, les muscles ont une limite. Les os cassent, les muscles se déchirent, mais si le mental est bon, si l'homme est solide mentalement il pourra avancer malgré la douleur, parce que la volonté de vivre, de s'en sortir, de réussir est présente. Et pouvoir se dépasser, pouvoir se tester en condition presque réelle (lieu hostile mais sans ennemis et ça fait quand même une différence, enfin je pense) c'est primordiale pour voir de quoi sont capables ses jeunes avant de les envoyer sur le terrain. Et c'est aussi un excellent moyen de développer la confiance en eux, comme me le confirme une nouvelle fois l'Amiral, qui reparle de cette expérience avec fierté. Et il rigole doucement alors qu'il m'annonce qu'il a fini la mission épuisé et qu'il a dormi pendant 24h pour que son corps puisse se remettre de la brutalité de l'expérience. Et si ça semble être un souvenir qui l'amuse, je n'arrive pas à rire avec lui. Je ne peux m’empêcher d’imaginer Timothy en pleine nature, perdu, souffrant... Mais pourquoi faut-il que je pense à lui ? Il est parti, il m’a foutu dehors avant de s’enfuir pour l’armée, je ne peux pas le laisser intervenir dans la vie. Je me concentre sur ce qu’il me livre, sur l’importance de ses mots. Et même si ça semble brutal comme expérience, je réalise aussi que ce serait bien plus barbare d'envoyer ces jeunes en zone de combat sans leurs avoirs fait subir de telles choses, parce qu'ici ils peuvent abandonner, ils peuvent dire stop, sur le terrain ils ne peuvent plus. Et j'en viens presque à espérer que Tim échoue, pour une fois dans sa vie, qu'il abandonne et qu'il échoue pour rentrer à la maison. Pour ne pas avoir à se faire souffrir autant.
Et nous faisons face désormais aux premiers obstacles de ce parcourt, que je regarde avec attention. Et je le questionne sur son entraînement en tant qu'Amiral. Je l'observe et je me doute qu'il se tient en forme, mais je reste surprise par sa réponse. Il ne plaisante pas avec son corps, avec la condition physique. Je vois comme il est exigeant avec lui même, et j'ai eu un tout petit aperçu à mon arrivée, de la manière ou il partage sa notion d’exigence sur ces jeunes recrues. « Vous ne rigolez pas avec votre condition physique, c'est impressionnant. » Et je souris lorsqu'il évoque sa vie de famille, et je me demande quand même comment la famille peut gérer les craintes inéluctables qui viennent avec le milieu militaire. Mais ce n'est pas le moment, ce n'est pas le lieu pour poser ces questions et pourtant j'aurais bien besoin de savoir comment les proches des militaires acceptent le choix de s'engager d'un frère, d'un mari, d'un fils, d'un ami. « Vous êtes responsable de l’entraînement de ces jeunes, vous êtes le garant de leur préparation, c'est vous qui leur inculquez les valeurs et les notions pour être prêt le jour ou ils seront déployés. C'est une pression importante, vous y pensez parfois ? Et puisque vous parlez de famille, si vous aviez un enfant qui vous annonce qu'il veut s'engager, quel serait votre réaction ? Vous qui connaissez l’exigence de la formation, du métier, des sacrifices à faire. » Ok, je suis pas totalement dans les clous de l'article, ni dans le sujet, mais ça reste quand même assez proche finalement et puis ça me permet de poser une question qui me tient à cœur sans réellement m’immiscer dans des questions trop personnelles.
Je pars en complet hors piste, et l’intérêt journalistique de me voir me mesurer au parcourt reste encore à définir, mais j'ai une opportunité en or et je ne veux pas passer à coté, sans avoir au moins demandé. Après tout, qui ne tente rien, n'a rien. Et certains trouverait cela sans doute complètement débile, mais je veux me pousser physiquement, je veux pouvoir comprendre ce que vivent les recrues la première fois qu'ils se retrouvent face à ce genre de parcourt. Comprendre ce qu'il apporte physiquement, jugée moi même de l’exigence du parcourt. Et si d'un point de vue purement journalistique, ça n'apporte pas de réel éléments pour l'article, pour moi c'est important. Parce que j'ai besoin de comprendre. Besoin de ressentir ce qu'il ressent. Besoin de me pousser physiquement, de me faire mal pour tester mes limites, tester ma résistance, me prouver que je peux encore réussir quelque chose. Et peut être que je laisse ma vie privée s'immiscer dans mon travail, mais il n'y a personne pour juger cet élément. Et tant que j'écris un article complet, peu importe ce que j'aurais fais ou pas pour obtenir ce dont j'ai besoin pour rédiger ce papier. Alors je lui demande, je tente et avec une grande surprise, je reçois une réponse positive et même plus que ça, une réponse enjouée. Je vais l'avoir mon moment de souffrance ! Et je suis folle d'être impatiente d'enfiler une tenue militaire, de me retrouver parmi ces gens en pleine préparation. Et je me sens quand même un peu coupable de prendre tout cela avec un peu trop d'envie, alors que pour eux ce n'est pas un jeu mais bien une préparation à la guerre, la vraie. Mais tant pis, personne n'a réellement besoin de savoir mes motivations, je suis journaliste et je suis sur le terrain aujourd'hui. Je mène l'enquête comme je le souhaite, tant que l'amiral donne son aval, je peux faire ce que bon me semble et je ne vais pas m'en priver. Je suis la dénommée Woodson jusqu'à ce qui semble être le stockage des tenues. Durant le chemin, j'échange quelques mots avec la jeune militaire, je reste quand même un peu dans mon rôle de journaliste et je profite de ce moment pour avoir son avis sur l’entraînement physique militaire. « Vous allez réellement vous mesurez au parcourt ? Vous pensez pouvoir tenir le rythme ? ». Sa question m'amuse, il n'y a pas de condescendance, juste de l'étonnement et une certaine inquiétude dans sa question. « Sincèrement, je pense que je pourrais faire le parcours mais pas au même rythme que vous, je vais cracher mes poumons avant. Je suis pas au top de ma forme pour être toute à fait honnête. » Je souris et elle me rends un sourire à son tour. Mais c'est assez vrai ce que je dis au delà du ton d'humour que je tente de mettre dans ma réponse. Je vais regretter les soirées à boire et à fumer. Je vais regretter d'avoir refusée à plusieurs reprises d'aller courir avec Jasper, et je vais sans doute finir par regretter d'avoir demandé à faire cet entraînement physique, je le sais, mais je m'en moque. Je suis journaliste, pas militaire et personne ne pourra me reprocher de ne pas suivre un rythme d'hommes et de femmes habituées à souffrir non ? Et puis moi, souffrir j'attends que ça au fond, alors tant que je souffre, je m'en moque de ne pas terminer ce parcourt ! « Les hommes ont un avantage sur ce genre de parcourt, mais parfois ils oublient que la force physique ne fait pas tout et se fatiguent à vouloir tout faire juste avec la force. Ne tirez pas trop sur vos bras dès le début et utilisez tout vos muscles avec souplesse et agilité pour éviter les efforts inutiles. » Je la regarde et je la remercie des conseils, une chose qu'elle a comprise en tout cas, c'est l'entraide et la solidarité. Visiblement, l'intendance a été prévenue de notre arrivée et deux tenues sont prêtes pour moi. Juste le temps de me changer, d'attacher mes cheveux et d'enfiler la tenue et les rangers, et je rejoins Woodson qui m'attends pour me ramener sur le lieu de l’entraînement. « Je retire ce que j'ai dis, j'avais pas pris en compte les rangers, c'est pas des chaussures pour faire du sport, je suis sûre que j'aurais été plus à l'aise en talon. » Je lui souris et nous retrouvons les autres en plein exercice. Je rejoins l'Amiral qui s’époumone à pousser ses hommes à se dépasser, à accélérer encore et encore. « J'implore un peu de pitié pour moi, je tiens à annoncer que je n'ai jamais couru avec des rangers, mais me voilà prête. » Enfin prête c'est un bien grand mot. Je suis en tenue, pas échauffée, à coté de l'Amiral à observer ces gens faire le parcours en équipe avec du matériel. Condition physique, esprit d'équipe, entraide, solidarité, ils travaillent ensemble, en rythme et ça donne un spectacle assez impressionnant. Je profite de ce moment pour faire quelques photos qui me serviront à illustrer l'article, j'en oublie quand même pas ma mission principale, même si je n'ai plus du tout l'air d'être journaliste. Ils arrivent au bout, exténués. Et merde, dans quoi je me suis embarquée ? « Merci de me donner cette opportunité. » Et je le remercie de me laisser l'opportunité de souffrir, de me faire mal. « Vous me montrez l'exemple ou vous restez à travailler votre voix ? » J'appréhende un peu, mais je ne le montre pas, je garde mon sourire, prête à voir ce qu'il me réserve et comment il a compte organiser ce petit entraînement improvisé.
@Thomas Owens-Beauregard |
| | | | (#)Jeu 15 Aoû 2019 - 13:46 | |
| Si au début, lorsque Sullivan m'avait dit que j'allais devoir m'occuper d'une journaliste, répondre à ses questions et lui montrer la base, ne m'enchantais guerre, je suis maintenant bien plus serein et c'est avec un sincère plaisir que je lui donne toutes les informations nécessaire. Sans pour autant tout révéler -l'armée ayant quand même ses quelques secrets – je lui parle avec joie de ce qu'on attend de nous autant à l'entraînement que sur le terrain, lui donne quelques détails sur ma propre formation militaire et fini par parler de mon propre maintient en forme. C'est avec un sourire mi fier mi amusé que j'accueille les paroles d'Alex lorsque celle-ci dit que je ne rigole pas avec mon physique et je dois avouer qu'elle a bien raison. Bien qu'avec mon statut d'amiral et le fait que je sois père de famille et marié, les risques que je sois déployé en cas de guerre sont bien moins grands qu'il y a 20 ans, j'aime beaucoup me maintenir en forme.
La journaliste fini par reprendre la parole, me demandant si je n'ai pas parfois la pression car je suis responsable de la formation physique et mentale des jeunes sur le terrain et que c'est cet entraînement que je fais qui les aide ou non à réussir à gérer leur émotions. Et, sans me laisser le temps de répondre, elle enchaîne en se faisant plus personnelle, me demandant comment je réagirais si un de mes enfants me dirait qu'il ou elle veut s'enrôler dans l'armée.
«Alors, pour la première question … oui, évidemment que la pression est bien réelle. Quand on envoie les jeunes que nous avons formé au front et qu'on se dit que c'est peut-être la dernière fois qu'on les verra, ça fait toujours tout drôle et on essaie de ne pas y penser. » je pince les lèvres « Il faut savoir que la formation initiale de 6 semaines est la même pour tous les armées et tous les corps de métiers. Que l'on souhaite devenir infirmier dans l'armée de terre, pilote de chasse dans l'armée de l'air ou alors, comme moi, navigateur timonier dans la Navy, on passe tous par le même entraînement, homme et femme confondu.» expliquais-je en haussant les épaules « On se fait des amis, des ennemis, mais on essaie de pas trop s'attacher » concluais-je. Aussi horrible que cela puisse être, ça reste la vérité.
« Et pour répondre à ta deuxième question, je t'avoue que je n'y ais pas encore réfléchis» dis-je en déviant légèrement le regard «Je veux dire, je suis moi-même fils de militaire, mon père étant un haut gradé de l'armée de l'air, mon grand père était dans l'armée de terre et mon arrière grand père dans l'infanterie française » j'hausse les épaules «Mon père ne m'a jamais obligé de suivre ses traces mais ça m'a toujours paru comme une évidence de le faire » j'humidifie mes lèvres «Donc, je suppose que si un de mes enfants souhaite suivre mes traces je ne vais pas dire non car je pars du principe que chacun doit choisir pour lui-même. Je ne vais pas obligé mon plus grand à faire des études de médecine s'il ne veut pas, tout comme je ne vais pas lui dire non s'il veut s'engager dans une des trois armées » assurais-je, bien que dans le fond je ne suis pas tout à fait certain que j'aimerais voir mes enfants suivre mes traces.
Mais je n'ai pas le temps d'ajouter quoique ce soit qu'Alex me demande si elle peut se joindre à l'entraînement. Ni une ni deux j'accepte et j'ordonne à une recrue de l'accompagner. Tandis qu'Alex s'en va avec la jeune fille, je remet les autres à l'entraînement jusqu'à ce que la journaliste ne revienne, habillé de la tête aux pieds comme une parfaite future soldate. Je lui adresse un sourire puis hoche la tête lorsqu'elle me demande si je lui montre l'exemple. «Ouais, je vais le faire une fois avec vous comme ça vous saurez à quoi vous attendre, je vous explique les obstacle et vous montre les technique et ensuite vous allez le faire avec les autres »
Je me redresse et dans mes mains « VENEZ ICI ! TOUS !» leur ordonnais-je et n'attend pas 1 minute avant que tous le monde est en rang devant moi «je vais vous demander d'aller vous installer là-bas pour faire votre enchaînement de renforcement. Je veux au moins 3 minutes de gainages et une cinquantaine d'abdo, compris ? » je les observe l'un après l'autre puis garde mon regard sur le plus grand « Jackson, tu surveilles» lui indiquais-je avant de me redresser « Allez, rompez» je les observe s'en aller au pas de course avant de me tourner vers Alex « Bon un petit échauffement et on y va, ok ?»
Chose dite, chose faite. Après un échauffement de 5 minutes histoire de faire monter notre tension et nous mettre en condition, j'enchaîne sur le parcours. Monter à l'échelle, tractions pour monter sur une planche ou pour sortir d'une fosse, ramper sous des filets, sauter au dessus de rondins, marcher en équilibre sur une poutre, escalader un mur glissant, sauter dans l'eau froide pour remonter de l'autre côté et finir par un sprint sur une surface sablée. Je prends mon temps pour tout lui expliquer clairement, lui montrer les techniques qui lui faciliteront la tâche et l'encourage à y aller sans hésiter tout en gardant une certaine réflexion.
Une fois arriver au bout, je reprend rapidement mon souffle et observe la journaliste «C'est bien » la félicitais-je, souriant «Vous vous sentez d'attaque pour le refaire ? Avec les autres et avec un paquetage de 10 kg sur le dos ? » demandais-je. Autant la mettre en condition réelle, non ?
@Alex Clarke |
| | | | (#)Ven 23 Aoû 2019 - 4:50 | |
| « Les sports ont fait fleurir toutes les qualités qui servent à la guerre : insouciance, belle-humeur, accoutumance a l’imprévu, notion exacte de l’effort à faire sans dépenser des forces inutiles. » (Pierre de Coubertin, Essais de psychologie sportive, Payot, 1913.)
A moitié dans mon rôle de journaliste, à moitié dans le désir de trouver des réponses à des questions personnelles, je profite d'être devant un Amiral ouvert et disponible, pour le questionner. Et lorsqu'il me réponds, je reçois avec attention ses propos. Il a une sacrée responsabilité quand même, mais il en est conscient ce qui est mine de rien rassurant pour ces jeunes. Ce n'est guère joyeux comme discussion, ni joyeux, ni optimiste parce qu'on évoque clairement le risque que l'une des ces recrues devant nous puissent un jour ne jamais revenir après une mission. Et c'est pas la pensée la plus réconfortante. « On se fait des amis, des ennemis, mais on essaie de pas trop s'attacher » J'entends sa remarque et ça m'agace parce que pour moi c'est trop tard. Cet abruti de Tim est parti à l'armée et je suis attachée à lui. Alors eux peut être qu'ils peuvent ne pas s'attacher entre eux, mais tout ces gens qu'ils envoient dans des Pays ou le conflit est réel, présent. Tout ces gens ont des familles, des gens qui sont attachés à eux, alors la solution serait de les oublier le jour ou ils s'engagent dans cette voix ? Oublier pour ne pas souffrir, pour ne pas s'inquiéter. Et je jure de tuer Tim moi même le jour ou il annoncera qu'il est envoyé dans un endroit ou les bombes et les tirs sont ailleurs que dans les jeux vidéos de son coloc geek. Bon en soit, je ne suis même pas certaine d'avoir le privilège d'être informée s'il vient à être déployé un jour, mais peu importe, il n'a pas intérêt de nous faire vivre des aux-revoir digne d'adieux 'juste au cas ou' il ne reviendrait pas. Et je me demande vraiment comment les gens peuvent vivre avec ça, et encore pire, comment ils peuvent être fiers de voir leurs proches s'engager dans une telle voix. Alors je suis loin d'être stupide (quoique), je sais qu'il faut des militaires, je sais que c'est primordial pour la sécurité d'un Pays d'avoir une armée forte, dissuasive et opérationnelle mais égoïstement, je ne veux pas voir mes proches risquer leur vie pour un Pays. Et même si j'admire ces gens, leur dévotion, leur courage. J'ai conscience de leurs sacrifices au quotidien, je respecte énormément leur détermination et leur engagement envers ce Pays. Mais pour ma part, je suis bien trop égoïste pour me réjouir de voir un de mes proches allaient servir son Pays au risque d'y laisser sa vie. Et c'est horrible comme pensée, mais je l'assume, enfin je la garde pour moi quand même. Je n'ai pas besoin de me mettre à dos ce haut gradé d'un système que je n'apprécie pas réellement. Surtout que lui se montre très ouvert avec moi.
Et après cet échange sur l'armée et sur le recrutement, il accepte ma demande pour tenter le parcours avec eux. Je pars me changer et je reviens une vingtaine de minute plus tard, habillée comme une futur recrue, prête à me mesurer à cet entraînement si particulier. «Ouais, je vais le faire une fois avec vous comme ça vous saurez à quoi vous attendre, je vous explique les obstacle et vous montre les technique et ensuite vous allez le faire avec les autres » Une démonstration privée avec l'Amiral, tout nos entretiens ne se passaient pas aussi bien que celui que je vis actuellement. Et il envoie les recrues travailler le renforcement musculaire un peu plus loin histoire de nous laisser le parcours. Bon, ils peuvent toujours nous observer mais au moins je pourrais le faire à mon rythme sans retarder le groupe ou perturber une séance entière. « Bon un petit échauffement et on y va, ok ?» Il ne me laisse guère le choix et il se lance dans un échauffement de cinq minutes ou je sens de suite que mon rythme cardiaque s'active pour supporter l'effort. Pourquoi j'ai tant de fois repoussée les propositions d'aller courir de Jasper ? Je me retrouve à chercher un peu mon souffle alors que l'échauffement ne fait que commencer. Je veux galérer, et bien je vais galérer, je le sais maintenant. On se dirige vers le parcours au pas de course et on commence les premiers obstacles. Il m'explique le parcours tout en me montrant les gestes à faire. Il connaît ce parcours par cœur et ça se ressent dans ses gestes. Assurés, il est rapide, vif, précis et facile. Et il a encore le temps de m'expliquer, de m'encourager à réfléchir. Je tente de le suivre, de l'écouter, de le regarder et de répéter les gestes qu'il fait sans montrer de faiblesses, mais ça fait beaucoup d'un coup. Je suis beaucoup moins précise que lui et j'essaye de me rappeler les conseils de Woodson, j'essaye de ne pas forcer mes gestes, de ne pas me précipiter, de ne pas utiliser que le haut de mon corps et de pousser sur mes jambes pour éviter la tension trop forte sur les bras mais je veux bien faire, je veux le faire vite et suivre un rythme qui n'est pas le mien. Erreur de débutante et pourtant je suis loin d'être une putain de débutante. Je me mets dans le rouge assez vite, j'ai rarement eu une condition physique aussi pourrie, peut être quand j'étais enceinte et encore … Je dois pouvoir tenir, j'ai pas demandé à faire le parcours pour m'écrouler au bout de quelques obstacles. Alors je serre les dents, et je compense mon manque d'énergie, en tirant un peu plus sur mes muscles. Mais je vais le suivre, je vais finir son parcours. J'arrive au bout, et même pour le dernier sprint dans le sable, je tente de m'accrocher à sa foulée, la seule différence c'est qu'il doit être tout au plus à 50% de ses capacités alors que moi j'ai depuis bien longtemps dépassé la limite de 100%. Il est quand même un peu essoufflé ce qui me rassure au fond, il a quand même un peu forcé et j'ai réussi à le suivre. «C'est bien » Je le regarde, et entre deux respirations je le remercie. Il n'a pas l'air de voir que je suis en train de me décomposer, finalement je dois être capable de ne rien laisser transparaître et c'est satisfaisant. «Vous vous sentez d'attaque pour le refaire ? Avec les autres et avec un paquetage de 10 kg sur le dos ? » Mon corps me crie « stop ». Il m'envoies des signaux de détresses, il crie par le biais de mon cœur, de mes poumons que l'idée est complètement folle. Je n'ai pas le mode de vie qui convient, je manque de sommeil, je manque de condition physique, je manque d’entraînement tout simplement et les cigarettes que je fume en trop grand nombre, ne m'aide clairement pas. Il ne m'a fallu que quelques semaines d'excès pour que mon corps se fragilise et ne soit plus capable d'encaisser un petit entraînement. Honteux ! Et mon corps, ma raison, tout me dit de m'arrêter maintenant, que j'ai assez joué, que j'ai poussé mon corps, que ce n'est pas raisonnable. Que j'ai fais le parcours une fois et que je peux redevenir juste la journaliste que j'étais en arrivant. Que ces gens n'ont pas de temps à perdre avec moi et mes désirs étranges. « Oui je vais tenter. » Mais quelle conne. « Je reprends mon souffle avant par contre. » Avant de cracher mes poumons sur le sol de la base militaire, ce serait quand même honteux.
Et les recrues reviennent au pas de courses, et je remarque que certains semblent fatigués, et pour eux c'est déjà bien plus logique que pour moi. Je ne sais pas depuis combien de temps ils bossent, enchaînent les parcours, les exercices de gainages, de renforcements musculaires, mais ça me rassure un peu. Ils risquent d'en chier aussi parce que pour eux la fatigue est légitime, logique mais ça me reboost le moral. Je me retrouve avec tout ces gens, et je ressens comme une montée d'adrénaline, comme une sensation de force qui se dégage de ce groupe. Comme si l'idée de partager un peu d'une même souffrance, donnait la force de se surpasser. Je ne connais aucun d'entre eux, à l'exception de la recrue qui m'a accompagné et avec laquelle j'ai échangé quelques mots, mais tous sont des inconnus que je ne reverrais jamais de ma vie. Et pourtant je ressens un peu de cette force qui se dégage du groupe. Mon paquetage sur le dos, je m'apprête à me lancer à l'assaut de ce parcours une seconde fois, dans les dernières positions pour ne pas gêner le bon déroulement de la session. Et quand c'est à mon tour de partir, je me précipite sur l'échelle, tirant sur les bras pour tenter de gravir cet obstacle avec efficacité et rapidité. Le poids du paquetage se fait ressentir rapidement et en plus de m’alourdir et d'apporter une tension supplémentaire dans les muscles supérieurs, il crée un déséquilibre qu'il faut vite appréhender. Mais j'y arrive, je suis le rythme de la recrue partie avec moi. Et j'allonge mes foulées, j'accélère à chaque appuis, pour rejoindre en un minimum de temps l'obstacle suivant, sollicitant un peu trop mes mollets. Mais je n'écoute plus mon corps, je cours, je souffle, je suis la personne qui à ma gauche produit le même effort que moi. Et je continue à pousser mon corps au delà de ses limites actuelles, qui ne sont pas très élevées faut bien le dire. Je me jette sans aucune retenue sous les filets et je rampe sans réfléchir. Je ne réfléchis plus, et pourtant il le faudrait. C'est un parcourt qui demande force, souplesse et réflexion, je ne suis plus que dans la force et je me fatigue encore un peu plus en fonçant tête baissée au devant des difficultés. Mais c'est une belle métaphore pour résumer ma vie finalement. Et je commence à ne sentir plus que la douleur de mes muscles, je ne réfléchis plus à rien, juste à mes muscles qui me tirent, me chauffent. Juste à mes poumons qui brûlent un peu plus à chaque inspiration/expiration, mais je continue de courir au devant de chaque obstacle. Je saute dans l'eau froide, je remonte avec toutes les peines du monde mais je le fais parce que j'ai pas encore assez mal. Je continues de courir et de franchir obstacles après obstacles et je commence à m'habituer à cette douleur et ce n'est pas ma mauvaise réception dans un tas de petits graviers qui va m'arrêter maintenant. Je suis au bout du parcours, je suis au bout, et je suis debout. Et j'ai mal littéralement partout mais j'apprécie ce moment. Les mains sur les hanches je cherche à retrouver une respiration convenable et après un effort long et quelques toux pour dégager les effets de la nicotines, je peux parler à nouveau et respirer presque normalement. « Je ne suis pas faites pour ça. » C'est vrai, en revanche, je vois que pousser son physique dans ses derniers retranchements me provoque une sensation d'apaisement assez agréable, au delà de la douleur. « Merci de m'avoir laissé participer, je ne peux pas dire que je suis en mesure de tout saisir des intérêts de cet exercice mais j'ai bien compris la notion de dépassement de soi et du travail physique que demande ce parcours. » Est-ce un élément primordial pour mon article ? Non. Mais pour moi personnellement, ça l'est en tout cas et je remercie avec sincérité cet homme qui a bien voulu perturber un peu son programme d’entraînement pour moi. « Est-ce sur ce genre d'exercice que vous pouvez voir se révéler des futurs soldats ? » De nouveau en mode journaliste, j'ai eu ce que je voulais, je me suis 'amusée', mais je ne dois pas oublier ma mission pour autant. « Vous avez beaucoup de jeunes qui s'engagent à l'armée en étant incertains, et tous n'arrivent pas avec une condition physique optimale. Comment arrivez-vous à obtenir le meilleur de chaque futur soldat ? Comment vous pouvez les pousser toujours plus sur des parcours et des exercices qu'ils finissent pas maîtriser à force d’entraînements ? » Je suis toujours habillée en tenue de militaire, mais exceptée ma tenue et sans doute l'effort visible sur mon visage, je suis redevenue la journaliste Alex Clarke. Oubliée la douleur qui pourtant me tiraille les muscles et le corps, oubliée la réception incontrôlée qui a sans doute provoquée une légère torsion de la cheville, oubliée la douleur dans mes avants bras qui semblent contractés même après plusieurs minutes de repos. Oubliée toute cette souffrance physique que je viens de m'infliger, je me sens juste sereine et c'est très étrange. Mais je ne cherche pas à comprendre, je suis là pour un article, et je n'ai pas finis de récolter toutes les informations qu'il est prêt à me donner. « Que deviennent les recrues qui ne parviennent pas à tenir le rythme ? »
Et après avoir fait marcher ses muscles, au rythme d'un entrainement typique de recrue, elle profitait encore un peu de l'Amiral pour le questionner encore et encore sur l'armée, sur le recrutement, sur l'avenir des jeunes qui partaient ensuite garnir les rangs de l'armée Australienne. Elle avait devant elle un membre gradé qui se montrait disponible et prêt à répondre à ses questions. Et elle n'allait pas se priver pour questionner cet homme et pouvoir obtenir le plus d'informations possibles pour rendre son article authentique et précis. Elle avait obtenu l'accord pour passer du temps dans ces locaux, avec ces hommes de l'armée et elle comptait utiliser ce temps du mieux qu'elle pouvait. Questionnant, observant, notant certaines choses qui lui seraient utiles pour son article. C'était un privilège d'être ici, d'avoir accès à tout ça, et elle en avait profité sachant que l'opportunité ne se représenterait pas de si tôt.
@Thomas Owens-Beauregard |
| | | | | | | | There are two ways to do something: the right way and again. || Alex |
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