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 And the waves came and stole him, and took him toward ☼ Terrence

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Message(#)And the waves came and stole him, and took him toward ☼ Terrence EmptyDim 21 Juil 2019 - 20:38

And the waves came and stole him, and took him toward@Terrence Oliver
Défoncé. Terrence Oliver était complètement défoncé. Je l'avais deviné avec ses textos, c'était pas très compliqué à comprendre. Terrence se bousillait souvent le corps comme pour se punir le cœur. Ou l'inverse. J'aimais pas le voir comme ça. Juste le savoir comme ça. Que ses textos aient trouvé mon téléphone me touchait, dans un sens. Je ne voulais que son bien. Même si notre relation avait pris un autre tournant, je répondais toujours à ses appels, à ses textos. Nous étions cela, lui et moi. Des amis ? Je nous appelais ainsi. J'aimais bien Terrence. Nous étions un joli miroir l'un de l'autre, sur certains points. Pas sur tous. J'avais arrêté de prendre de la merde depuis un moment déjà. Mais j'étais bien, avec Terrence. C'était sympa, de discuter avec lui. Ou de juste faire de la musique. Ou alors de juste... ne pas parler. D'écouter le silence, l'un allongé à côté de l'autre, à fixer notre plafond comme si l'on fixait un ciel étoilé. Notre ciel étoilé était juste blanc, opaque. Vide. Terrence, c'était un peu le coloc' qui me manquait, au fond. Je passais chez lui pour de la pizza, il passait chez moi pour de la musique. Inversement. Et c'était re-parti pour un tour.

Depuis le départ de Maximilien, je me sentais un peu plus seul. Mon meilleur ennemi avait fichu le camps et avait laissé l'appartement maudit vide. Encore. Je commençais à croire qu'effectivement, ce logement était maudit. Personne n'y habitait plus de trois mois. Maximilien en avait peut-être eu assez d'entendre du vacarme à côté. Les murs n'étaient pas très bien isolés. Et entre la musique et le reste... Bref. Là n'était pas le sujet.

J'arrivai bien vite chez Terrence, le téléphone à la main. Son dernier texto m'avait inquiété. De ma moitié de main libre - l'autre étant occupée par une part de pizza dans un carton - j'appuyai sur la poignée. Pas la peine de toquer. De toute façon, la porte n'était pas fermée à clef. « Hého. Terrence Oliver, t'es passé où ? » Je trébuchais sur un truc dans le vestibule menant à la suite de l'appartement. Terrence n'avait pas menti. Le tout ressemblait à une friche. Ou à une maison laissée à l'abandon après un départ très précipité. Ou alors, à tout l'inverse : à une grotte d'ermite. Terrence Oliver ne se mettait pas dans ces états là pour un mec. Je le sentais ballotté par la vie, pas rendu heureux par ses nombreuses aventures. Ce type là devait avoir été différent, juste comme il le décrivait dans ses textos. « J'ai apporté de la pizza. » Et Critique de la Faculté de Juger, juste parce que je savais que je n'allais pas dormir s'il fallait le surveiller. S'il fallait constamment vérifier qu'il n'avait pas tout simplement arrêté de respirer.
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Message(#)And the waves came and stole him, and took him toward ☼ Terrence EmptyDim 21 Juil 2019 - 21:08

Harvey. Depuis une semaine il n'avait plus que ce prénom à la bouche, Terrence, le coeur totalement broyé dans un étau et l'âme en perdition. Harvey, glorieuse étoile filante qui lui avait buté le coeur de toutes les façons possibles, avec douceur et brutalité. Il ne s'était pas attendu à ça, pas à l'aimer si vite sans même le réaliser, pas à frémir au simple souvenir de ses mains sur sa peau, pas à pleurer jusqu'à ne plus pouvoir inspirer parce qu'il ne savait plus, parce qu'il avait attendu et qu'il n'y avait soudain plus rien eu. Il s'en posait des questions, Terry, se demandait ce qui avait bien pu se passer, pourquoi il ne l'avait pas rappelé, pourquoi il l'évitait comme s'il avait la peste ou le choléra et il avait fini par se persuader que c'était de sa faute. Qu'il n'avait pas été assez bien, peut être pas assez bon, pas suffisant pour le retenir et le faire rester. Alors depuis une semaine, il se trainait du lit jusqu'au canapé, du canapé jusqu'au tapis, du tapis jusqu'au chiottes, des chiottes à la cuisine pour boire un coup en pleurant mais sans parvenir à avaler quoi que ce soit, l'estomac en vrac. Il n'avait pas compris et c'était ça le pire au final, de ne pas avoir d'explication, de se heurter jour après jour à son silence de plomb et à ses regards fuyants au travail, à son insolent mutisme. C'était de la faute à Terrence, c'était sûr et il avait du mal à se dire que tout était déja terminé avant même d'avoir commencé, alors qu'ils s'étaient déjà promis des choses sans jamais les avoir formulé, alors qu'il avait eu la stupide idée de penser qu'ils s'étaient reconnus et trouvés dans cette marée d'êtres humains. Ou peut être qu'il avait imaginé tout ça, Terry, peut être que c'était du faux, du vent, un rêve, qu'Harvey avait juste profité de la situation pour le baiser comme les autres l'avaient fait. Mais c'était impossible, ça ne collait pas aux gestes tendres, aux mots murmurés, à la douceur des leurs ébats. Alors il était retourné dans la serre pour vérifier, pour trouver une preuve que cette fameuse matinée avait réellement existé et il l'avait trouvé, ce t-shirt trop grand, celui de son amant, celui qui portait dans chaque cellule de coton son odeur. Il l'avait séché et l'avait enfilé, son corps tout petit dedans, son coeur en morceaux. Il avait pleuré dans le tissu, s'était laissé glissé par terre en s'injectant tout de sorte de saloperies dans les veines pour l'oublier, pour effacer son visage si c'était ce qu'Harvey voulait, mais chaque soir il était là au confidential, à l'esquiver, à l'éviter, et il ne pouvais jamais vraiment y échapper, Terry, ne pouvait pas se sevrer de lui quand il le voyait soir après soir. Qu'est ce qu'il avait pu faire de mal pour qu'il s'enfuie comme ça, pour qu'il se dérobe sans un mot, le coeur de Terry dans la poche et ses sentiments sous les talons de ses chaussures ?

D'habitude, il ne parlait pas trop de ses souffrances, Terry, peut être trop pudique, pas enclin à se livrer par peur du jugement. Mais ce soir il en avait eu besoin et c'était chez son seul véritable ami qu'il avait tenté de chercher un brin de réconfort alors que l'héroine prenait son temps pour s'installer sous sa peau. Et il arrive enfin, Leo, après un échange de sms dont Terrence n'a déjà plus le souvenir. Il est allongé au sol dans le noir, les bras sur le ventre et le t-shirt d'Harvey inlassablement porté comme on garderait avec soi une grigri, une relique d'un temps révolu qu'on aimerait retrouver. Et il se fait du mal, il le sait, mais il ne parvient pas à passer à autre chose. Il ne sait même pas s'il en serait capable un jour. Quand il entend Léo il relève la tête mollement et la laisse retomber avec fracas à même les planches, devenu insensible à la douleur. Y a des larmes qui coulent à flots et qui partent se perdre dans ses cheveux. Leo, j'ai envie de crever. Et c'est lancé dans un murmure, la voix tremblante, pas sûr qu'il ait entendu. Et c'est peut être extrême aussi mais pas tant que ça finalement quand on savait la fragilité de Terrence, son coeur déja meurtri et son âme fissurée de partout, quand on savait les sentiments qu'il nourrissait en secret, et les espoirs qu'Harvey lui avait refilé sous le papier cadeau. Serre-moi Leo, j'me sens pas bien. Et il ne sait plus trop comment il parvient à articuler, les yeux mi-clos par manque de tonus et les doigts agrippés au t-shirt. Mais il relève un bras en direction de son ami pour qu'il le rejoigne au sol et lui encercle le corps pour lui éviter d'aller s'éclater contre les murs en millions de petits morceaux.


@Léo Ivywreath
Spoiler:


Dernière édition par Terrence Oliver le Mer 7 Aoû 2019 - 16:25, édité 2 fois
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Message(#)And the waves came and stole him, and took him toward ☼ Terrence EmptyDim 21 Juil 2019 - 21:27

And the waves came and stole him, and took him toward@Terrence Oliver
C'était pas facile, de l'apprivoiser, Terrence. Il était plutôt du genre imprévisible. Encore un truc que j'aimais bien chez lui. Le genre à me déstabiliser, toujours. A ne pas m'enfermer dans une 'routine de l'amitié', jamais. J'avais toujours eu beaucoup de mal à m'attacher. Vraiment beaucoup de mal, en fait. Le genre de difficulté qui m'empêchait de garder mes amis potentiels. J'étais très sociable, mais j'avais du mal à dépasser le cap de la connaissance. Et encore, la connaissance, c'était un bien grand mot. J'avais dépassé ce cap, avec certains. Avec Charlie, le cap, nous l'avions explosé. Mais tout avait été parfait, avec Charlie. Elle était moi, si j'avais été une fille. On se complétait, dans un sens. Je ne me lassais jamais d'elle. Vraiment jamais. Nous ne nous marchions pas dessus. C'était cela, la beauté d'une relation, selon moi. Qu'aucun des partis ne se marche jamais dessus. J'étais crevé de trouille à l'idée qu'un jour, quelqu'un ne m'enferme dans une petite boîte. Que sans que je m'en rende compte, une boîte se referme d'elle même sur moi, avec ses bords glissants et infranchissables. Qu'un matin, pouf. Tout devenait carcan. J'avais peur de me laisser endormir, alors je gonflais le dos et je feulais, comme les chats. Je repoussais les gens loin de la frontière.

Le no-man's-land qui composait l'appartement de Terrence - ou du moins, ce que j'en avais traversé jusque là - en disait long sur l'état d'esprit du bouclé. Il était paumé, voilà tout. Ça arrivait, d'être paumé. Ça arrivait même plus que seulement 'un peu'. J'appelai mon ami, à travers la tempête de non-rangement qui s'était installée ici, comme si un lutin facétieux avait littéralement retourné chaque atome de cet endroit à la recherche d'un objet perdu. Puisque Terrence Oliver était aussi musicien, je pouvais mettre cela sur le compte du bordel organisé et artistique qui prenait souvent notre genre par les tripes. Mais je faisais exception à la règle : mon appartement était aussi bien rangé que les logements d'exposition que l'on pouvait retrouver dans les magazines.

Je trouvai mon ami dans son salon, allongé dans le clair-obscur. Quelque chose brillait, à côté de lui. Je savais déjà ce que c'était. Mâchoire serrée, j'allai poser la pizza à un endroit où je pouvais trouver de la place. Terrence murmura quelque chose, mais je n'entendis pas. Ou seulement quelques bribes. Je vins me glisser sagement à ses côtés, silencieux. J'écartai avec précaution la seringues, détachai de son bras le garrot. « Serre-moi Leo, j'me sens pas bien. » « Je suis là, Terrence. Je suis là. » Tout doucement, comme si j'avais peur de le briser, j'enroulai mes bras autour de son corps, le ramenait à moi. Ou plutôt était-ce lui, qui me ramenait à lui. Je blottis tout doucement mon menton au creux de son cou. Un soupir plus tard, ma main vint trouver son front, puis ses joues, sur lesquelles serpentaient en cascades silencieuses de lourds flots amers. Sa douleur transpirait littéralement de tous ses pores. Elle me tordait les boyaux, à moi aussi. Pour faire taire notre douleur sourde, je serrai nos corps l'un contre l'autre. « Tu veux m'expliquer ? Si tu ne veux pas, ce n'est pas grave. Je me contenterai de te serrer comme ça. Qu'est-ce que tu as pris ? » Je craignais toujours l'overdose, avec Terrence. Je n'étais personne pour lui intimer d'arrêter. Et je n'étais personne pour le juger non plus.
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Message(#)And the waves came and stole him, and took him toward ☼ Terrence EmptyDim 21 Juil 2019 - 22:00

Ca valse tout autour, le plafond, les lumières du dehors qui parviennent à traverser l'épais rideau de ses paupières, son corps aussi, tout valse. Il le sent, son corps, flotter ou être aussi lourd que du plomb et ça lui fait bizarre mais il aime ça en vérité. Il a besoin de ce vertige, besoin de se perdre pour arrêter d'exister le temps de quelques heures, les chairs lacérées par des émotions trop intenses pour qu'il ne sache les soigner seul. Il inspire douloureusement et la main qui se tend vers Léo finit par retomber lourdement sur le sol dans un bruit d'os. Il a maigri, Terry, lui déjà pas très épais a perdu quelques kilos parce que rien ne passait la barrière de son estomac, trop noué surement et s'il tentait trop fort tout finissait par ressortir. Il n'avait plus l'énergie pour ça, pas l'envie de se nourrir non plus alors finalement, ça l'arrangeait bien. Et puis la drogue coupait la faim. Il aimerait être assez fort pour ne plus avoir besoin de ça, Terry, pour ne plus dépendre de ses putains de saloperies qu'il avait sans cesse quelque part planqué dans une petite boite au fond d'un tiroir. Il aimerait savoir se démerder sans s'enfiler de la poudre dans la narine ou de l'héro dans la veine, aimerait savoir vivre autrement qu'aux travers de ses délires avec le LSD ou l'ectasy. Vraiment, il aimerait. Mais il en est incapable parce qu'il ne sait plus gérer la douleur, parce qu'elle a été trop grande et que lui, trop petit, il n'avait trouvé que ça pour survivre. Chasser le mal par le mal. Et c'est totalement défoncé qu'il accueille Léo chez lui, la porte laissée ouverte alors que n'importe qui aurait pu entrer et lorsque Leo s'approche il a envie d'éclater en sanglots, Terry. Mais il se retient.

Des amis, il n'en avait pas, parce que sa vie n'avait été qu'un champ de mines et les seules qui avaient compté étaient soit parties soit abandonnées. Il n'avait que Léo, mais ce n'était pas par dépit qu'il l'avait appelé ce soir, pas parce qu'il n'avait personne d'autre. Jamais il n'aurait fait ça. Il aurait certainement préféré rester seul et ne pas se confier plutôt que de profiter de la gentillesse de quelqu'un. Mais il l'a appelé, non pas parce qu'il était le seul mais bien parce qu'il était son ami avant tout, peut être même plus que ça. Il n'y avait pas vraiment de mots pour décrire leur relation parce qu'ils étaient passés par toutes les étapes sauf celle de l'amour amoureux et que mettre tout ça dans une seule et même case était un peu trop réducteur. Et c'était peut être ça finalement, l'équilibre de leur amitié, de savoir que ni l'un ni l'autre de s'était amouraché et que rien n'allait se casser la gueule du jour au lendemain. C'était une valeur sûre, leur engagement. Un pacte tacite, une vérité dont ils avaient tous les deux les clés et ça faisait du bien de savoir qu'il pouvait se laisser aller à sa détresse sans redouter de se disperser dans l'univers, que Léo serait là pour le retenir, pour pas le laisser disparaitre. Malgré son envie de crever, il voulait s'en sortir, Terrence, ambivalent, à jongler sans cesse entre le besoin de vivre et l'appel du vide, les pieds en équilibre sur un fil. Pourtant ce soir la chute était programmée mais quelqu'un le retient et il se laisse envelopper par le corps de son ami, l'écoute lui parler, le rassurer, lui dire qu'il est là. Il la sent, sa chaleur contre sa peau et sa main qui lui parcourt le visage pour déchiffrer sa détresse. Il lui propose de parler et c'est à ce moment précis où les vannes pètent, ou les larmes explosent en silence et dans des spasmes contenus il se redresse rapidement pour ne pas étouffer, incapable de reprendre son air, incapable de répondre à sa question pour lui dire ce qu'il avait pris. Il s'agrippe à Léo et se serre contre lui, assis par terre, le coeur qui tachycarde. Je... Il... Je suis perdu Léo j'suis un loque j'sers à rien. Il est parti il me dit rien et moi j'me dis que .. j'étais sûrement trop nul pour lui tu vois? J'ai jamais été dans cet état pour quelqu'un, je comprends plus rien. J'te jure léo je sais pas ce qu'il m'a fait. Je sais pas ce qui m'arrive. Mais j'veux que ça s'arrête. Léo .. J'ai jamais eu aussi mal je crois.  Et comme un naufragé au coeur de la tempête il laisse ses doigts se resserrer contre ses vêtements, le nez qui vient se nicher contre son cou au coeur de ses boucles brunes, à renifler, et à gémir de douleur. Le corps secoué de sanglots il fini par doucement se calmer au rythme des bercements de son ami et il lâche, épuisé, la voix pâteuse. Tu sens bon la pizza.



@Léo Ivywreath


Dernière édition par Terrence Oliver le Mer 7 Aoû 2019 - 16:25, édité 1 fois
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Message(#)And the waves came and stole him, and took him toward ☼ Terrence EmptyDim 21 Juil 2019 - 22:23

And the waves came and stole him, and took him toward@Terrence Oliver
Nous étions deux âmes paumées à la dérive. Moi, paumé parce que je ne comprenais pas ce qui arrivait à mon ami. Lui, probablement paumé parce qu'il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Ou alors, parce qu'il ne comprenait pas la réaction de ce type. Combien avais-je eu d'amants d'un soir qui n'étaient en fait que des gars mal dans leur couple et qui ne savaient plus où ils en étaient ? Quelques-uns. Des hétéros curieux, qui ne se disaient pas à eux-même que cette part là d'eux leur plaisait. Peut-être que le garçon de Terry était de cet acabit là. Peut-être que c'était un gars qui était loin d'être out, qui prenait simplement son pied avec des mecs avant de retourner à sa vie bien rangée. Ces relations là pouvaient faire mal. Une douleur infinie, parce qu'elle était insolvable. On n'influait pas sur la sexualité des gens, c'était toujours à eux de décider, de se questionner, au fond d'eux-mêmes. Ceux qui disaient 'faire changer leurs partenaires' étaient probablement dans le faux. Personne ne faisait changer personne. On se changeait toujours soi-même.

Je serrai Terrence contre moi, perdis mes doigts le long de sa joue. Ma main gauche descendit cueillir ses larmes, qui s'éparpillaient absolument partout sur son visage. Plus aucune de leurs trajectoires n'avaient de sens. C'était le chaos absolu, à l'extérieur - comme à l'intérieur, probablement. Mes doigts frôlèrent un instant son menton, puis remontèrent pour écarter une de ses boucles. Elles retombaient mollement devant ses yeux, comme des tournesols tristes, en manque de soleil. Morts. Mes gestes, empreints d'une infinie douceur, se succédaient doucement. J'avais peur de le briser. J'avais l'impression de voir que les joues du brun s'étaient légèrement creusées. Peut-être était-ce dû à la fatigue, ou alors avait-il tout simplement arrêté de se nourrir, ce qui était plus préoccupant encore.

Et puis soudain, se fut l'avalanche. Je resserrai tout doucement ma poigne. Il me sembla que son corps pouvait s'effriter. Disparaître. Je suivis les mouvements de mon aîné, qui sembla avoir besoin de se redresser. J'accompagnai chacun de ses gestes, le soutins doucement de mes bras. Terrence avait visiblement du mal à respirer. Je l'aidai à se redresser un peu mieux, lâchai un peu de la force que je mettais à le tenir - à le retenir - contre moi. « Je... Il... Je suis perdu Léo j'suis un loque j'sers à rien. Il est parti il me dit rien et moi j'me dis que .. j'étais sûrement trop nul pour lui tu vois? J'ai jamais été dans cet état pour quelqu'un, je comprends plus rien. J'te jure léo je sais pas ce qu'il m'a fait. Je sais pas ce qui m'arrive. Mais j'veux que ça s'arrête. Léo .. J'ai jamais eu aussi mal je crois. » Tout était trop intense. Les paroles et la détresse de mon ami filaient partout, comme si le brun s'éparpillait tout autour de moi. Et puis, il avait pris je ne savais quoi. La seringue indiquait héroïne. Elle portait mal son nom, là, l'héroïne. Terrence semblait pourtant être celui qu'il fallait sauver. « Respire tout doucement. Ça va s'arrêter, je te le promet. Il est probablement aussi perdu que toi. Quand tu iras un peu mieux, vous devriez discuter, tous les deux. Discuter, ça élucide pas mal de problèmes. », murmurai-je d'une voix douce. « Respire, avec moi. Tranquillement. »

Nous nous serrions à nouveau l'un contre l'autre. Mes mains trouvèrent ses boucles brunes, que j'écartai de son front. Un ange passa. « Tu sens bon la pizza. » J'eus un petit sourire. « Je t'en ai amené, si tu veux en manger. Depuis combien de temps n'as-tu pas mangé ? » Ou peut-être pas bu. Mon ami était probablement dans un état de santé absolument désastreux et il n'était peut-être pas en mon pouvoir de le remettre sur pieds. « Est-ce que tu veux que je t'apporte un peu d'eau ? Ou qu'on aille prendre l'air ? Juste à la fenêtre. Pour te sortir de la nuit. » De la nuit sans étoiles, la plus mordante de toutes les nuits. « Penses à de jolies choses. Éclaire ta nuit. » Je chassai à nouveau l'une de ses boucles, un léger sourire qui se voulait encourageant sur le visage.
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Message(#)And the waves came and stole him, and took him toward ☼ Terrence EmptyLun 22 Juil 2019 - 13:58

Il n'avait jamais connu ça, Terry, le coeur qui se brise et qui oublie de battre, il n'avait jamais expérimenté l'horrible bruit que ça faisait lorsqu'il se fissurait en réduisant tous les espoirs à néant. Il n'avait jamais connu ça parce qu'il n'avait jamais laissé personne lui attendre le coeur d'aussi prêt, passer derrière l'armure. Six mois qu'il observait Harvey en silence, Terry, six mois à nourrir des sentiments dont il ne réalisait qu'aujourd'hui toute l'ampleur et ça lui fait peur tout d'un coup, parce qu'il a peut être été trop loin et que faire machine arrière est devenu impossible. Surement qu'il avait été trop con de penser que pour Harvey l'instant qu'ils avaient passés dans la serre avait autant d'importance que pour lui, surement qu'il avait été trop stupide d'y croire quand il lui disait vouloir tout réparer, quand il touchait son corps comme personne ne l'avait fait, surement qu'il aurait dû comprendre que quelque chose de si beau ne pouvait pas être vrai, qu'on ne voyait ça que dans les films mais jamais dans la vie, encore moins quand ça le concernait lui. Alors oui, il a mal, mal à en crever, de ne pas comprendre, de culpabiliser. Et tout ça, c'est de sa faute, il le sait. C'est lui qui avait embrassé Harvey la première fois dans l'eau et à bien y repenser, Harvey n'avait pas vraiment voulu au début, l'avait gentiment remis en place en lui disait qu'il ne fallait pas. Et puis c'est lui qui lui avait proposé de monter à son appartement, de rester pour la journée, de l'emmener dans la serre, lui qui était monté à cheval sur ses cuisses, lui qui avait fait flamber l'allumette sans jamais se demander si c'était ce qu'Harvey voulait, lui qui s'était foutu à poils comme un con, qui l'avait foutu au pied du mur, lui qui l'avait attiré contre lui, qui l'avait invité dans son corps, lui lui lui. Alors c'était forcément de sa faute et il avait envie de se griffer, de se gifler pour tout ça parce qu'il avait tout gaché. Il avait envie d'enfoncer son poing au fond de sa cage thoracique et d'aller étouffer son coeur pour qu'il arrête de lui faire si mal. Il était dévoré par la culpabilité, Terry, rongé par l'affreuse sensation d'avoir tout foutu en l'air, comme d'habitude. Il était trop pété pour un mec comme Harvey de toute façon, pas assez bien, pas assez beau, pas assez tout.

Cette semaine avait été difficile et la solitude avait été plus intense que jamais. Alors de savoir Léo à ses côtés, ça le rassure, ça le console, ça lui offre un tout petit d'air au milieu de ce lac gelé dans lequel il avait l'impression de se noyer. Leo le serre, le berce, Leo est là et il ne l'a jamais abandonné malgré les moments difficiles, malgré la drogue à s'en faire exploser les veines, malgré les sms à quatre heures du matin, malgré tout ce qu'il était et que lui-même détestait. Léo restait. Et il s'en voulait terriblement d'être cet ami dont on doit s'occuper, Terry, mais ce soir, il n'a pas la force de lutter alors il se laisse porter. Il est là Léo et il lui dit de respirer, phare au milieu de la tempête, tente d'arrondir les angles en lui suggérant qu'Harvey est peut être perdu lui aussi, qu'il faudrait qu'ils discutent tous les deux mais en vérité il ne sait plus quoi croire Terry, le coeur en avalanche et l'héro sous la peau alors il hoche la tête de gauche à droite, les larmes qui perlent un peu partout. Il dit non parce qu'il ne veut pas aller lui parler, pas envie de l'affronter alors qu'il est à terre, pas envie de se prendre des coups de pieds alors qu'il porte encore les marques de son absence. A ce moment-là, il aurait pu partir, Léo, en avoir marre de récupérer Terry à la petite cuillère mais il reste, il reste et il l'encourage à reprendre son souffle, à reprendre vie. Terrence se laisse aller contre son épaule, le corps fatigué, l'énergie envolée. Il le sent, corps chaud contre le sien si froid et ça lui fait du bien, lumière au milieu de la nuit. Il s'accroche à ses côtés et frotte son nez dans ses cheveux. Il sent la pizza, Léo et le ventre de Terry gargouille soudain alors son ami le questionne et il hausse les épaules, incapable de se souvenir de quand datait son dernier repas. Ah si, c'était avec Harvey. Ca fait une semaine, je crois. L'oeuf qu'il lui avait fait manger alors que le matin il ne mangeait jamais, l'oeuf après l'amour, avant l'amour, avant que tout s'écroule. A cette pensée il sent une vague de larmes poindre au coin de ses yeux mais il se recule, les sourcils froncés comme un enfant découragé et s'essuie rageusement les paupières d'un revers de poignet. Il sent les mains délicates de Léo lui dégager les boucles et il l'observe, la drogue qui fait rage au fond de lui et il esquisse un sourire triste, la tête qui se penche sur le côté en faisant valser ses cheveux. Il l'écoute parler, joue avec ses boucles contre sa nuque et fini par inspirer fortement, l'air saccadé, avant d'expirer. Je veux bien une part de ta pizza, Léo. Et aussi que tu me parles, je veux que tu me parles, je veux t'écouter. Un peu absent à cause des effets de l'héroïne il dépose un léger baiser sur le menton de son ami et fait une moue pensive, les yeux qui se perdent quelque part sur son visage qu'il trouve si joli et si doux. Puis il s'allonge sur ses jambes, le regard tourné vers lui et il prend sa main pour la poser dans ses cheveux. Parce qu'il adore qu'on lui touche les cheveux, ça le rassure, ça lui rappelle sa mère, les rares fois où elle venait le border le soir et il ferme fort les yeux, Terry, les souvenirs et les pensées qui se mélangent dans un tourbillon un peu trop accablant. Léo, j'aimerais que ce soit toi qui éclaire ma nuit, raconte-moi de jolies choses. S'il te plait. Moi je.. j'y arrive plus. Il tourne alors légèrement la tête pour fourrer son nez dans son pull tout contre la chaleur de son ventre et place son poing devant sa bouche pour se retenir de pleurer. Parce qu'il pense qu'il est rempli de larmes, Terry, et que rien ne pourra jamais les faire sécher. Sauf Harvey.


@Léo Ivywreath


Dernière édition par Terrence Oliver le Mer 7 Aoû 2019 - 16:25, édité 1 fois
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Message(#)And the waves came and stole him, and took him toward ☼ Terrence EmptyLun 22 Juil 2019 - 15:49

And the waves came and stole him, and took him toward@Terrence Oliver
Mes mains se perdaient dans ses jolies bouclettes, ses jolies bouclettes qui pendaient mollement de part et d'autre de son visage. J'avais envie de les attacher, ses bouclettes, pour faire venir la lumière de la lune qui filtrait à travers les fenêtre jusque sur sa peau. Terrence ne voulait pas parler à ce garçon. Compris. Les larmes remontaient dans ses yeux. J'aurais voulu avoir le super-pouvoir de les arrêter. Mes yeux glissèrent aussi sur le creux de son bras, là où avait dû se loger l'aiguille meurtrière. Je me demandai soudain qui le fournissait. S'il planquait encore de la came chez lui. Mon interrogation était probablement stupide. « Ça fait une semaine, je crois. » Une semaine. Je retins un petit soupir. « On va mettre fin à cette semaine, alors. », murmurai-je doucement, les lèvres fendues d'un petit sourire. Terrence n'habitait pas très loin de chez moi. En ce moment, je faisais chambre d'hôtel pour cœurs brisés. Pour Charlie. Je pouvais aussi venir apporter de quoi manger à Terrence, s'il n'avait pas envie de cuisiner. Je n'étais pas un bon cuisinier - en fait, j'étais même assez terrible, quand il s'agissait de cuisiner - mais je pouvais toujours me débrouiller pour lui amener des trucs simples. Les pâtes, c'était à ma portée.

Terrence avait des gestes brusques, probablement ainsi à cause de l'héroïne. Il n'avait plus trop l'air de maîtriser son corps. « Je veux bien une part de ta pizza, Léo. Et aussi que tu me parles, je veux que tu me parles, je veux t'écouter. » Je calai mon dos contre le mur, alors que le brun vint s'allonger sur mes jambes. Mes doigts revinrent trouver ses boucles. « Léo, j'aimerais que ce soit toi qui éclaire ma nuit, raconte-moi de jolies choses. S'il te plait. Moi je.. j'y arrive plus. » Je posai ma main libre sur la sienne, celle qu'il camouflait de son visage. Mes doigts coururent un instant sur sa joue. Puis, tout doucement, j'étirai mon corps jusqu'à la table basse où j'avais posé le carton plein d'une demi pizza. Je posai ce dernier à ma droite, puis revins jouer avec les cheveux de mon aîné. « Si t'as faim, tu peux manger. Je te la laisse là. » L'odeur de la pizza allait probablement jouer son rôle appétant.

« Des jolies choses, alors... », murmurai-je, pensif. Récemment, ça avait été un peu compliqué, les jolies choses. Je fis de mon mieux pour trouver dans ma mémoire quelque chose à raconter à mon ami. « Mmh... Un truc marrant. Quand j'avais... Hum... J'étais jeune, je sais plus. Bref, c'était quand j'habitais aux Pays-Bas. J'étais pas particulièrement en galère de thunes, mais j'avais envie de réaliser un truc qui se fait dans les films et dans les livres. J'voulais poser nu, pour les étudiants des Beaux-Arts. » Je souris à ce souvenir. « Du coup je m'étais pointé pour une annonce. Je sais pas trop si c'était... trop bien, ou l'horreur. J'avais aucun problème à poser nu. Enfin, je facteur nu ne me dérangeait pas. Mais le fait de poser... en fait je me suis rendu compte que c'était pas forcément pour moi. Trop long. Je peux pas rester trop longtemps sans bouger. » Mes doigts dénouèrent un nœud dans les boucles de Terrence. « Mais sinon, je me suis fait des amis là bas. Y'a un mec qui s'est évanouit, aussi, une fois. Comme dans le livre de Eric-Emmanuel Schmitt. » La part de l'autre. « C'était de chouettes moments, en vrai. Le regard des artistes est... différent. C'est sans jugement aucun. C'est... ça étudie. J'aimais bien y réfléchir, pendant que je ne faisais strictement rien d'autre que poser. » Je haussai les épaules. « Y'a quelque chose que t'aimais bien faire, quand t'étais plus jeune ? » Mon ami allait peut-être s'endormir, les muscles endormis par l'héroïne. Mon rôle à moi, c'était de vérifier qu'il était encore en vie. « Tu veux une jolie chose ? En voilà une autre : l'acoustique du théâtre d'Epidaure. Tu y es déjà allé ? C'est en Grèce. » J'y avais été avec mes parents. Nous voyagions beaucoup, à l'époque. « Si tu avais vu ça, Terrence. Et entendu ça, surtout ! Je suis monté tout en haut des marches. Et ma mère lâchait une pièce au milieu du théâtre. J'entendais la pièce tomber comme si elle s'éclatait par terre, mais juste à côté de mon oreille. C'était fantastique. Je rêve de jouer dans un endroit comme ça, un jour. Je t'y emmènerai. On jouera le morceau que tu voudras, l'acoustique sera parfaite, et après on ira au sanctuaire d'Asclépios. C'est juste à côté et c'est magnifique, aussi. » Le dieu guérisseur était peut-être le mieux placer pour panser les blessures de mon ami.
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Message(#)And the waves came and stole him, and took him toward ☼ Terrence EmptySam 27 Juil 2019 - 23:42

Il est doux Léo, peut être bien plus doux qu'il ne l'a jamais été, la voix tendre et les gestes posés, il est là, pleinement là et il ne fait pas semblant, n'écoute pas d'une oreille distraite ou le regard lointain. Il est là et il donne, protège et écoute. Terry, il ne se souvient pas avoir déjà eu un ami comme lui, aussi présent et gentil, aussi à l'écoute et disponible. Parce qu'en vérité, il ne se pensait pas important, n'était surement pas celui qu'on vient voir à 3 heures du matin pour le consoler, celui à qui on ramène une part de pizza parce qu'il n'a pas mangé, pas celui dont on caresse les cheveux de façon un peu maternelle. Pourtant c'est ce qu'il fait Léo, il s'applique seconde après seconde à tenter de garder les morceaux de Terrence en une seule et même pièce, le serre pour ne pas le laisser éclater dans sa détresse et ne perd pas pieds alors qu'en face, Terry était en train de couler. Il lui dit "on va mettre fin à cette semaine alors" et il a envie d'y croire, Terry, envie de lui dire "ok" et de s'abandonner dans ses bras, envie d'oublier Harvey et son regard profond, envie d'effacer ses lèvres contre les siennes et son corps au creux du sien. envie de balancer contre le mur ses promesses à deux balles qu'il n'a pas su tenir et les rêves fous qu'il avait réussi à lui insuffler dans le coeur. Il a envie de disparaitre dans ses souvenirs, de les gommer comme on gommerait une grosse rature mais il peut pas, il ne veut pas l'oublier. Parce que même si ça fait mal, Harvey avait été le plus beau moment de toute sa vie. Il s'accroche à Léo comme un naufragé à sa bouée et il se sent bien, là, sa joue contre son ventre, les boucles sur sa cuisse. Il sent son ami se pencher et glisser la pizza vers lui et il a envie, Terry, très envie d'aller y planter ses dents mais a peur de ne rien réussir à garder dans son estomac comme ça a été le cas pendant 6 jours. Les doigts de Léo se perdent sur sa joue et il ferme les yeux, le corps qui s'enfonce dans le sol et l'esprit qui divague et il sent qu'il a du mal à rester les pieds encrés dans le réel parce que la drogue qu'il s'est injecté fait son effet, mais il sait qu'il est en sécurité. Leo lui parle, lui raconte des jolies choses et ça le fait rêver, Terry. Il oublie Harvey le temps de quelques mots, se surprend à avoir envie de jouer là bas avec lui, au théâtre d'Epidaure en Grèce, à se laisser happer par l'acoustique qui semblait si merveilleuse, laisser le son de leurs instruments s'infiltrer sous leurs peaux. Il ferme les yeux, l'âme un peu trop lourde pour son corps et il ne sait plus ce qu'il doit faire, Terry, un peu entre deux eaux. Il pose son regard sur le visage de Léo et il le voit, les boucles qui dansent, la mâchoire marquée et les traits fins, il le voit et il a envie de se lever et de le peindre, de le graver quelque part pour se souvenir toute sa vie de cette nuit où il lui a prouvé en quelque sorte son amitié. C'était précieux pour Terrence, l'amitié. Et il n'avait pas d'ami à part lui.

Il se tourne difficilement, lâche un grognement et va prendre une part de pizza puis se remet assis en tailleur et la picore doucement, petit bout après petit bout. Je veux qu'on y aille, Léo. En Grèce, je veux que tu m'y emmènes, je veux entendre ça, jouer là bas avec toi. Tu m'y emmèneras ? Il avait fait tellement de choses, Léo, tellement voyagé, tellement appris et il se sentait ridiculement inculte comparé à lui, mais il aurait pu l'écouter raconter ses souvenirs des heures durant, s'imprégner de son intelligence si singulière, de sa voix douce et rassurante et il fini par se lever, Terrence, le corps qui chancèle. Il ne veut pas laisser Harvey être son plus beau et son pire moment, il ne veut plus y penser, il veut tourner la page si c'était ce qu'il voulait, si seulement c'était possible. Il pose la pizza sur la table basse et se dirige vers une toile vierge posée sur le chevalet, se saisi de peintures et de pinceaux et commence à coucher Léo sur les fibres de lin, tout en couleur avec des fleurs au milieu du visage, tout en finesse, et malgré son état, Terry, il sait ce qu'il fait, c'est instinctif et c'est beau. Il peint et il fini par regarder son ami en souriant. T'es beau, Léo. J'espère que tu le sais. Il pose ses pinceaux, revient vers lui et il s'agenouille devant, les mains qui se glissent dans ses cheveux. J'aime tes cheveux, et tes yeux, et ton nez, ta bouche aussi, t'es beau Léo. T'es doux et tu fais attention à moi. Toi tu m'aurais surement jamais fait de mal en me lâchant comme ça après m'avoir baisé et laissé espérer mieux qu'un plan cul... hein? Et il ne sait pas pourquoi il dit ça, Terry, peut être pour se convaincre que quelqu'un sur cette terre ne l'aurait pas laissé, qu'il valait quelque chose, qu'il n'était pas bon qu'à être jeté. Il se laisse tomber assis par terre, le dos contre le mur et l'arrière de sa tête qui vient s'y claquer, yeux fermés. Je crois que je l'aime. Harvey. Je l'aime... et il pense que c'est ça qui le tue. Il l'aime, et il l'a enfin réalisé. Accepté. Prononcé. Y a tout qui flambe à l'intérieur et il se remet à pleurer. Mais ce qu'il ressent n'est plus utile, bon à balancer aux ordures avec les restes de la pizza et des canettes de bières. Et peut être que lui aussi finalement, n'est plus bon qu'à rejoindre la poubelle, parce qu'il ne sait plus très bien si ça valait le coup de frapper fort sur le coeur pour essayer de le faire repartir, ou s'il fallait le laisser s'éteindre et tout abandonner...


@Léo Ivywreath
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Message(#)And the waves came and stole him, and took him toward ☼ Terrence EmptyMer 7 Aoû 2019 - 19:11

And the waves came and stole him, and took him toward@Terrence Oliver
Fort heureusement, je n'avais pas besoin de presser Terrence à manger. C'était probablement ce qui allait l'aider un peu à sortir de sa torpeur. Son corps avait besoin de reprendre des forces et pas qu'un peu, visiblement. Mon ami n'était plus que l'ombre de sa propre ombre. Lorsqu'il se redressa, je manquai de le réprimander. Il allait me taper un malaise, c'était sûr. « Je veux qu'on y aille, Léo. En Grèce, je veux que tu m'y emmènes, je veux entendre ça, jouer là bas avec toi. Tu m'y emmèneras ? » Je hochai la tête. Je pouvais l'emmener, s'il en avait envie. Il suffisait de prendre des vacances et puis... de booker un avion, des hôtels... J'avais adoré Epidaure, lorsque j'y étais allé. C'était un lieu plein d'une sorte d'énergie. Un truc fort, d'une puissance qui m'avait collé un grand coup de poing dans le ventre. L'endroit était magistral, la construction l'était d'autant plus. Le génie de l'époque n'avait cessé de m'étonner pendant tout ce voyage, que j'avais fait avec mes parents. Mais Epidaure... Je me souvenais tout particulièrement de cet édifice splendide, si bien conservé. Si vide de touristes, aussi. Peut-être avions nous eu de la chance, ce jour là, ou peut-être l'endroit n'éveillait-il pas assez la curiosité pour être parasité par une horde de curieux brisant le silence nécessaire à la contemplation de sa beauté.

Et soudain se leva Terrence, chancelant, tenant sur ses deux pieds par je ne savais quel miracle. « Doucement. » murmurai-je, sans être certain de m'être fait entendre. J'aimais l'appartement de Terrence, même dans la pénombre du soir. Surtout dans la pénombre du soir. Le clair-obscur amené par la lune rendait le lieu d'autant plus étrange, bizarre. J'eus une soudaine pensée pour Baudelaire qui parlait de la bizarrerie du beau, alors que le brun revint du côté d'une toile sur laquelle il couchait déjà de la peinture. « Te devrais t'asseoir, Terrence Oliver. » lançai-je en m'appuyant contre le mur dans mon dos. Trop tard. Il était parti.

Moi, j'étais parti pour feuilleter mon livre. Critique de la faculté de juger, de Kant. Un classique barbant que je lisais par défi lancé à moi-même. Du coin de l’œil, je surveillai mon ami, qui revint bientôt se réinstaller en face de moi après un compliment qui me donna à sourire. « Et toi t'es shooté. » Je refermai mon livre tout doucement. « J'aime tes cheveux, et tes yeux, et ton nez, ta bouche aussi, t'es beau Léo. T'es doux et tu fais attention à moi. Toi tu m'aurais surement jamais fait de mal en me lâchant comme ça après m'avoir baisé et laissé espérer mieux qu'un plan cul... hein? » « Mais non. Je suis là. Pour de vrai. Je vais rester avec toi. » Je sentais trop d'ambiguïté dans sa voix, dans ses gestes. Je les savais destinés à quelqu'un d'autre; d'autant plus lorsqu'il se laissa choir à mon côté. « Je crois que je l'aime. Harvey. Je l'aime... » Je le ramenai doucement contre moi, posai ma tête contre la sienne. Règle numéro un: 'toujours être clair avec ses partenaires'. C'était la règle à ne jamais transgresser. C'était la règle que j'avais trop éclipsé, pourtant, ces derniers temps... et je me maudissais pour cela. Règle numéro deux: 'les remords valent mieux que les regrets'. Ne jamais rien garder pour soi. « Tu en parleras avec lui, quand tout sera un peu calmé. Laisse passer la tempête. Ou attend d'être dans l’œil du cyclone. » Et après ça, place au déluge ou au retour du beau temps.

Tout doucement, je sentais que mon hôte gagnait les bras de Morphée. Je m'employai à lui lire des extraits de Kant - ennuyeux au possible - qui avaient le mérite d'assommer les lecteurs potentiels. C'était au moins cela de gagné. Pourtant, plus j'avançais dans la lecture, plus un étrange sentiment s'introduit dans mon corps. Comme un fourmillement incontrôlable. Je savais qu'ici, Terrence ne pourrait pas tourner la page ou ne serais-ce qu'essayer de regarder cette dernière en face. Oui, mais alors comment ? Mon regard se posa sur l'ordinateur qui se trouvait dans la pièce. Et alors que je tirai à mon aîné aux paupières lourdes une couverture et un coussin depuis le canapé, je sus que ma nuit allait être courte.
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Message(#)And the waves came and stole him, and took him toward ☼ Terrence EmptyJeu 8 Aoû 2019 - 21:53

Il ne répond pas réellement, Léo, quand Terrence le questionne, quand il lui demande s'il sait à quel point la beauté qu'il porte en lui rayonne ici, même dans la nuit. Il répond autre chose en souriant alors Terry lui sourit en retour parce qu'il sait qu'il a raison, mais il comprend aussi que le compliment le touche surement un peu trop pour qu'il l'accepte. Il est peut être comme lui finalement, à ne pas savoir comment réagir quand on est trop gentil, à perdre totalement contenance et à se dérober pour éviter de devoir dire "merci" alors qu'on voudrait dire "arrête tes conneries". Par contre, quand il lui demande s'il aurait été capable de lui faire autant de mal qu'Harvey la réponse n'est ni hésitante, ni prononcée dans un sourire. Il est sérieux, quand il annonce qu'il est là pour de vrai et ça rassure Terrence, lui qui ne savait plus trop à quoi se raccrocher pour ne pas tomber. Il a Léo, il a Léo est c'est une valeur sûre, un ami. Un vrai. Le meilleur, en vérité.

Et pourtant malgré ça il avait retrouvé de vieux reflexes, Terry, ceux dont il avait appris à user pour se faire aimer. La drague implicite, le besoin qu'on le retienne quelque part, qu'on ne le laisse pas tomber. Longtemps il avait cru qu'on ne pouvait l'aimer que pour ce qu'il donnait dans un lit, jambes écartées et coeur déchiré, longtemps il n'avait fonctionné que comme ça, à se donner, à s'offrir à qui voudrait de lui pour récupérer les miettes d'un amour illusoire et éphémère. Jusqu'à Harvey. Harvey qui lui avait fait croire qu'il était important, qu'il n'était pas rien. Qu'il était beau et fort, qu'il savait donner du plaisir autant qu'il voulait en recevoir, mais surtout qu'on pouvait l'aimer parce qu'il était là, juste là, parce qu'il était vivant et que c'était suffisant. Harvey, il lui avait donné des regards qui transpercent, des promesses prononcées au creux de l'oreille, des esquisses d'un demain beaucoup moins lourd et pernicieux. Et c'est en pensant à tout ça qu'il réalise que malgré la douleur, là, caché derrière son coeur meurtrit, il y avait surement un truc qu'on appelait l'amour. L'amour, peut importe sa forme. Pourquoi ses poumons ne savaient plus respirer sans lui si ce n'était pas de l'amour ? Pourquoi son ventre se tordait dans tous les sens à son simple souvenir si ce n'était pas de l'amour ? Pourquoi ses entrailles brûlaient en repensant à sa voix si ce n'était pas de l'amour? Pourquoi son absence était la pire des souffrances qu'il ait jamais ressenti, si ce n'était pas de l'amour ?

Et il le dit. Qu'il l'aime. Il le verbalise, le prononce, s'entend l'articuler et c'est un constat qui fait mal parce qu'il sait que ca ne mènera nul part. Il ignore, Terrence, que la drogue vient d'ouvrir des barrières mais que demain il ne s'en souviendrait plus. Qu'il avait réalisé qu'il l'aimait, mais qu'au petit matin il aurait oublié. Et ça fait trop mal tout ça, trop mal de se dire que la seule fois où il avait donné son coeur on le lui avait broyé sans regret. « Tu en parleras avec lui, quand tout sera un peu calmé. Laisse passer la tempête. Ou attend d'être dans l’œil du cyclone. » Il ferme les yeux, laisse toutes les larmes couler sans les retenir mais sans pour autant sangloter. Il reste juste là immobile tandis que Léo le ramène contre lui, la tête contre la sienne et les mains crispées sur ses cuisses, la respiration lente et douloureuse. T'as sûrement raison. Je connais pas ça, les chagrins d'amour. C'est la première fois. Et... c'est vraiment nul, l'amour. Il le dit, mais il sait que c'est la rage qui parle, la tristesse qui s'exprime. Il le dit mais il sait qu'il ment, que c'est tout sauf nul ce qu'il a vécu avec Harvey. Que c'était merveilleux et intense et qu'en quelques heures seulement ils avaient partagé plus que certains en plusieurs semaines.

Bercé par la respiration de son ami, par les effets de la drogue et par la douceur amère de ses souvenirs, il sent ses paupières devenir plomb, qui papillonnent et papillonnent sans réussir à se maintenir ouvertes. Alors il s'allonge, Terry, se laisse tomber contre Léo comme s'il plongeait dans l'océan, tête sur sa cuisse, main contre la peau de son ventre sous le t-shirt, contact rassurant. Il la connait, sa peau. elle est douce, elle sent bon. Il la connait mieux que n'importe qu'elle peau parce que Léo était le seul homme à lui avoir fait l'amour pendant des mois, le seul qu'il avait autorisé à recommencer et avec qui il avait aimé. Avant Harvey. Il blottit son nez contre le tissu et laisse ses yeux capituler. Léo... merci d'être là. et tandis qu'il l'écoute lire son livre il s'apaise, les battements de son coeur qui ralentissent jusqu'à trouver le repos, l'image d'Harvey collée derrière ses paupières qui se fait doucement remplacer par le noir total. Et c'est d'un sommeil sans rêve qu'il dort, les inspirations longues et profondes, incapable de se douter que son réveil allait être bien différent de tous ceux qu'il avait pu connaitre jusqu'alors...

- fin -

@Léo Ivywreath
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