Cela faisait plusieurs jours que Tim était parti pour l’armée. Plusieurs jours que les pensées de Bee se tournaient régulièrement vers celui qui s’entraînait pour peut-être, un jour, se rendre dans un pays en guerre afin d‘y régler un conflit. La seule pensée de Tim dans ce genre de coins peu joyeux de la planète suffisait à faire naître un désespoir sans nom dans la poitrine de la jeune femme et, s’il avait prétendu qu’elle s’en sortirait très bien sans lui, qu’il serait de retour avant qu’elle n’ait cligné des yeux, il n’en était rien. Il ne se passait pas un jour sans que la demoiselle ne pense à lui, sans qu’elle lui envoie un message auquel il ne répondait jamais. Dans un même temps, les publications sur instagram se teintaient d’une mélancolie qui ne lui ressemblait guère, trahissant cependant son état d’esprit actuel, si bien que par son absence, Tim avait paradoxalement fortement empiété sur la vie de son amie. Parce qu’il avait totalement disparu de son existence en partant pour l’armée, comme Alice avait laissé Bella derrière elle. Il n’y avait que son absence et ces messages, ces messages qu’elle continuait de lui envoyer même pour ne rien dire, mais parce qu’elle avait ce besoin de lui parler. Que le temps d’une seconde, elle avait l’impression de sentir sa présence auprès d’elle, quoique seul le silence lui répondait.
Elle soupire, en terminant le montage d’une nouvelle vidéo, sa bête noire et elle avise l’heure. Il est temps pour elle se maquiller avant de récupérer le sac qu’elle a préparé le matin même, gorgé de vêtements flambants neufs. Parce qu’elle doit rejoindre Lukà, cette après-midi, pour réaliser le shooting qu’elle lui a promis et ce même si elle n’est pas particulièrement dans son assiette. Il faut bien assurer, malgré tout. Alors elle éteint l’ordinateur, Bee, avant de s’installer devant sa coiffeuse pour réaliser un maquillage léger, rapide, masquant les cernes qui se dessinent de plus en plus sous ses yeux, à laisser son esprit vagabonder et s’inquiéter, chaque nuits.
Elle boucle rapidement ses cheveux et vaporise un rien de laque sur sa tignasse avant de se saisir du sac de linge pour rejoindre le vestibule, attraper son sac à main, enfiler ses chaussures et partir, finalement, rejoindre son point de rendez-vous. Ce n’est qu’une fois en route qu’elle s’inquiète de savoir si l’homme viendra bien. Parce que la jeune femme a complètement oublié de lui envoyer un message hier pour s’assurer que leur rendez-vous tenait toujours et qu’il n’a pas un imprévu. Parce que ça arrive, on ne sait jamais. Mais il est un peu trop tard pour s’en inquiéter alors la jeune femme presse l’allure pour gagner la plage où ils sont censés shooter et elle commence à s’installer, plaçant son sac sur les rochers, avant d’attraper la tente qu’elle installe rapidement en remerciant une fois de plus le ciel que désormais, on puisse faire des équipements si simples d’utilisation. Enfin, la silhouette de Lukà se dessine à l’horizon et la jeune femme lui adresse un signe de la main pour qu’il puisse la repérer.
«- Salut ! Tu va bien ?» s’enquit la demoiselle. «J’ai oublié de t’envoyer un message hier pour confirmer, je suis désolé...» s'excuse la demoiselle.
Mais comme ils sont là tout deux, conformément à leurs plans, tout va bien.
Timothy est parti, il a quitté la ville. Ça fait déjà plusieurs jours que ton ami est parti, tu n'as même pas pu lui dire au revoir. Il est parti en te laissant deux messages sur ton cellulaire. Le premier, ton ami t'annonce son soudain départ à l'armée. Tu n'as pas compris et tu ne comprends toujours pas. Tous les jours, tu ne cesses de penser à lui. Une partie de toi sait que Tim peut s'en sortir là-bas, mais l'autre partie ne peut s'empêcher de s'inquiéter pour ton ami. Tu as déjà vécu un abandon de la part d'Anna, il y a six ans, aujourd'hui c'est Tim qui s'en va. Oui, il t'as promis de revenir mais il existe toujours cette possibilité que ton ami ne veuille plus rentrer. Préférant rester à plusieurs dizaines, centaines de kilomètres de toi, de Brisbane. Rares sont les fois où tu pleures mais là, depuis plusieurs jours, tu ne peux retenir tes larmes. Tim est si gentil, si chaste, si .. Tim. Tu as bien du mal à l'imaginer à l'armée mais si tel est son choix, tu n'as pas d'autres choix que de l'accepter. Une fois par jour, tu lui envoie un message. Message qui reste bien entendu sans réponse. Le plus difficile a supporter, et à accepter, c'est le silence. N'avoir aucune nouvelle de ton ami te brise le coeur et tu ne peux t'empêcher de penser au pire. Pour te changer les idées, Lullaby et toi êtes censés passer l'après-midi ensemble. Tu dois la prendre en photo pour qu'elle puisse poster de nouveaux looks sur son instagram ou son blog. Péniblement, tu te lève de ton canapé où tu y as passé une bonne partie de la matinée. T'as à peine déjeuner, un fromage blanc avec du miel pour le côté sucré et quelques fruits pour le côté healthy, c'est ta nouvelle lubie du moment. Petit tour rapide dans la douche afin de te réveiller un peu plus que tu ne l'es. Tu dors très mal, tes pensées ne cessent de penser à ce pauvre Tim tout seul, loin des personnes qu'il aime. Aujourd'hui, tu n'as clairement rien fait. À ton réveil, t'as décidé de te prendre une journée off. Tu n'en prends jamais, alors pour une fois tu décidé d'être égoïste et de rester chez toi, seul, sans personne pour t'importuner. De plus, tu te sens un peu patraque depuis ce matin. Le nez pris, tu es enchefriné comme dirait ta grand-mère. Un rhume n'a jamais tué personne, un peu de repos te feras le plus grand bien. T'avais complètement oublié que tu devais passer l'après-midi avec Lullaby. Ça te fera du bien de sortir, tu l'apprécie bien ta petite voisine et puis, ressortir ton vieil appareil photo ne peux te faire du bien. Tu vas en avoir des choses à raconter à Tim lorsqu'il va revenir. Il a intérêt à revenir, sinon tu te promet d'aller le chercher toi-même et de le ramener de gré ou de force. La demoiselle ne t'as pas envoyé de message hier soir pour te confirmer le rendez-vous, t'aurais pu l'appeler ou aller chez elle, lui demander si c'était toujours bon. Mais non, tu prends la décision de sortir malgré tout. Si jamais, elle ne vient finalement pas, tu n'auras plus qu'à rentrer bredouille. Ou peut-être passeras-tu au DBD, ça fait longtemps que tu n'as pas vu ton meilleur ami. Le rendez-vous est convenu à la plage, il n'y a pas meilleur endroit pour un shooting photo, bien que tu n'y connaisse pas grand chose. Le soleil joue à cache-cache derrière les nuages gris, espérons que la pluie ne vienne pas contredire vos plans. Comme à ton habitude, t'es le premier sur le lieu du rendez-vous. Coup d"oeil sur ton cellulaire, la demoiselle n'est pas en retard. Sac à dos à tes pieds, tu en sors ton appareil et fais quelques réglages puis quelques essais en premier la plage déserte. En observant le cliché, tu aperçois une silhouette sur la photo. Relevant la tête, tu te rends compte qu'il s'agit de Lullaby. Sourire sur ton visage, tu la salue lorsqu'elle se trouve assez proche de toi. "C'est pas grave, j'aurais pu t'en renvoyer un pour avoir confirmation moi aussi. Mais t'es là, c'est tout ce qui compte !" En effet, c'est tout ce qui importe. "J'espère qu'on ne se fera pas surprendre par la pluie !" Dis-tu en montrant les nuages gris au-dessus de vos têtes.
Il était installé un peu plus loin, Lukà et la demoiselle ne l’avait pas vu en arrivant. A moins qu’il ne soit pas encore là quand elle avait mit les pieds sur la plage. Peu importe en fin de compte. Mais, ne se voyant pas, ils se sont tout deux installés à deux endroits distincts de la plage. Rien de grave, en soit. La jeune femme attrape son sac de vêtement et replie la tente pour rejoindre l’homme qui s’est installé un peu plus loin et elle pose le tout à deux pas de lui en le saluant, s’excusant de ne pas avoir envoyé de message la veille, ça lui était à vraie dire complètement sorti de la tête mais l’homme se montre pour le moins compréhensif avec la demoiselle. Ça ne fait rien si cette dernière a oublié de lui envoyer un message, la principal reste qu’ils soient tout les deux présents, qu’ils n’aient pas eut d’empêchement et qu’ils puissent shooter.
Même si le cœur n’y est pas. Pour l’un comme pour l’autre, quoiqu’ils ne le savent pas, tout les deux. Et la même personne est ironiquement à l’origine de leur état d’esprit bancal, aujourd’hui. Aujourd’hui et pas seulement, parce que ça dure depuis des jours, pour être honnête. Mais Bee s’efforce de garder un air détaché, comme après tout, Lukà reste tout de même un inconnu. Un inconnu qui n’est pas venu pour entendre parler de ses problèmes et ses tourments mais pour la prendre en photo, en espérant renouer avec sa passion pour la photographie, abandonnée depuis quelques années. Une histoire d’ex, si la demoiselle a bien retenu ce qu’il lui disait la dernière fois.
«- J’ai porté plusieurs tenues, mais je ne sais pas si on les shootera toutes.» prévient la demoiselle avant d’ajouter. «Y’a pas de punk, j’suis désolé.»
Non, elle ne l’est pas, elle n’aurait jamais porté ça mais c’est un clin d’oeil discret à leur précédente rencontre, au cours de laquelle l’homme disait vouloir la voir dans une telle tenue ce qui,d’après elle, n’arrivera jamais. Parce que ça ne lui va tout simplement pas et qu’elle ne s’imagine pas porter de tels vêtements, tout simplement. Ce serait donc gâcher que d’en acheter. Peu importe, de nouveau, la jeune femme lance la tente pour monter celle-ci et faire office de coulisses. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus pratique mais c’est tout ce qu’elle a trouvé pour s’habiller à l’abri des regards indiscret et ne pas être trop embêtée par le sable.
«- T’as déjà une idée des plans que tu veux faire ?»
Le coeur lourd, le coeur en miettes. L'esprit qui divague, t'as longtemps hésité avant de sortir rejoindre ta jeune et jolie voisine à la plage. Il y a quelques jours, vous vous êtes mis d'accord en organisant un shooting photo pour que la demoiselle puisse alimenter ses réseaux sociaux. Sortir est une très bonne idée, t'as besoin de voir du monde et de ne pas broyer du noir surtout. Lullaby et toi êtes à deux endroits opposés. Tu commences à prendre ton appareil photo, faisant quelques réglages puis quelques essais. Sur l'un des clichés, tu aperçois Lullaby. Relevant la tête, tu souris en voyant la petite tête blonde de la jeune femme. Il n'est plus question de bégayer ou de paraitre ridicule face à elle. Tu lui souris simplement afin de la saluer. Le regard de Lullaby semble triste, un peu similaire aux tiens d'ailleurs. Tu n'oses pas lui demander ce qui la tracasse, si elle souhaite t'en parler, elle le fera d'elle-même. Tu n'es pas le genre de mec trop insistant, trop chiant. Tu ne poses jamais de questions par simple curiosité. Lorsque tu demande à un de tes proches si ça va, ça t'intéresse réellement. Tu ne fais pas semblant. "tu vas bien sinon ?" Tu laisses une porte ouverte afin qu'elle puisse te parler ou non. Lullaby ne te doit rien, vous n'êtes que de simples voisins après tout. T'es très loin de te douter que vous avez un ami en commun et que c'est ce même ami qui vous rend aussi malheureux l'un que l'autre. Tu lance un sourire à la demoiselle en essayant de cacher ta tristesse le plus possible. T'as toujours été un piètre menteur, espérons qu'elle n'y voit que du feu. «- J’ai porté plusieurs tenues, mais je ne sais pas si on les shootera toutes.» A ces côtés, il y a un grand sac avec pleins d'affaires pour qu'elle puisse se changer. Elle plaisante même en disant qu'elle n'a pas de tenue punk, rapport à votre précédente rencontre. "Oh quel dommage ! J'aurais adoré te shooter en tant que punk. Ça aurait pu être marrant !" Tu plaisante, bien évidement, quoi que elle serait jolie même en tenue de punk. Tu n'en démord pas. Tu laisse la demoiselle aller se changer dans la tente qu'elle a prévue à cet effet, faisant office de coulisses. Pendant ce temps, tu t'occupe des derniers réglages sur ton appareil photo, attendant que miss Watson termine de se préparer. Elle revient toute pimpante et apprêté. "ça te dérange si on fait d'abord quelques photos d'essais ? Il faut que je me remette doucement dans le bain." Tu commence à la prendre en photo mais les passants ne font que passer derrière la jeune femme, il y a même un promeneur avec son chien qui ose passe pile devant ton objectif. Tu ne cesses de rouspeter après toutes ces personnes aucunement gênées de perturber ton travail. Au moment où tu allais prendre Lullaby en photo, une femme stéatopyge passe à ce moment-là. Tu soupire en attendant qu'elle passe son chemin. "tu crois qu'on va arriver à faire une photo potable ou ils se sont tous donnés le mot pour nous enquiquiner ?" Rares sont les fois où tu t'énerve mais cette fois, trop c'est trop.
Pas de shooting en mode punk aujourd’hui, ni même jamais. Lullaby fait trop attention à son style et aux photographies qu’elle publie sur son feed, pour que ce genre de choses arrivent. Si Lukà souhaite la voir dans une telle tenue, il faudra sûrement qu’il la fasse boire, sans quoi il a bien peu de chance de voir son rêve devenir une réalité. Mais il a au moins la chance de pouvoir la shooter, ressortir son appareil pour elle et retrouver peut-être goût à la photographie. C’est déjà quelque chose d’appréciable. En attendant, elle lui adresse une petite moue dubitative quand à ses dires. Parce que ça aurait certainement été marrant oui, mais elle ne se visualise pas du tout dans une telle tenue.
"- Pour toi, sûrement."
Elle n’aurait probablement pas rit, elle, parce qu’elle n’a tout simplement pas le cœur à rire ces derniers temps. Ses textos à Timothy restent sans réponse, évidemment. Il n’a pas le droit d’utiliser son téléphone, là où il est. La jeune femme n’est même pas certaine qu’il capte quelque chose, mais elle ne sait pas dans quel coin du globe son ami a bien put atterrir. Ne pas avoir de nouvelles ne manque pas de l’angoisser et elle n’a pas d’adresse à laquelle lui envoyer du courrier. Aucun moyen, finalement, de combler le manque et mettre un terme à ses inquiétudes. Car elle s’inquiète oui, tout les jours, de savoir comment le jeune homme se sent, comment il s’intègre dans ce monde qui semble si différent de sa nature profonde, comment les autres se comportent avec lui. Et ses tourments, alors, trouvent-ils une fin ?
"- Pas de problème."
La jeune femme prend la pose devant l’objectif, pour faire quelques photos d’essai. Mais les passants tout autour ne semblent pas voir qu’ils dérangent, qu’ils rentrent dans le cadre et Lukà s’agace rapidement en se demandant s’ils se sont tous donnés le mot pour les ennuyer. Il est vrai que le temps passe sans qu’ils ne puissent réussir la moindre photo, du fait de l’incivilité des gens. Mais Bee le sait, quand on shoote sur la plage, c’est souvent une question de patience.
"- Attend, j’ai peut-être une idée."
La jeune femme change de place, s’installant sur les rochers, sa robe ample venant couvrir les pierres. Elle tourne la tête vers lui, s’éponge le front rapidement avec un tissus qu’elle cache ensuite et elle attend qu’il puisse prendre le cliché. Les roches constituant comme un mur à l’arrière plan, ils ne devraient plus être gênés par les passants.
La plage de Brisbane, l'un de tes endroits préféré dans la ville. Avec la bibliothèque et la librairie. Parfois, tu te sens comme un extraterrestre. C'est comme si t'étais pas né à la bonne époque, comme si les occupations des personnes de ton âge n'était pas les mêmes que les tiennes. En effet, t'es loin d'avoir les mêmes activités que tes paires. La plupart de tes amis à l'époque ne jugeaient que par les sorties dans les bars, en boite de nuit ou au skate parc. Influençable au possible, toi, tu les suivais sans rien dire. C'est lors de ton entrée à l'université que tu as commencé à t'affirmer et à prendre conscience que ce monde-là n'était pas le tien. T'as besoin de calme, d'un endroit paisible où laisser éclater ta créativité. La peinture, le dessin, t'adore ça. La photographie également. À l'époque où tu sortais avec la belle Anna, elle était ton principal modèle. Qu'importe la situation, tout était bon pour la prendre en photo. Même lorsqu'elle dormait. Personne, mis à part la principale concernée, n'a vu ses photos. Ni même tes dessins. T'as toujours été difficile avec toi-même et montrer tes créations, tes oeuvres -si tant est que ça en soit- à qui que ce soit est au-dessus de tes forces. Ça fait six ans que ton appareil photo prend la poussière chez toi. Six ans qu'il n'a pas vu la lumière du jour autrement qu'à travers les fenêtres de ton salon. Aujourd'hui est une très belle occasion. Lullaby, que tu connais grâce à instagram, te laisse la prendre en photo pour on shooting du jour. T'es loin d'être un professionnel, cela dit si elle te laisse la prendre en photo c'est qu'elle a confiance en toi. "- Pour toi, sûrement." Tu souris. T'as un peu de mal à l'imaginer en punk ou en rasta. "ça pourrait faire l'objet d'un article "les looks à éviter à tout prix"." Quelque chose comme ça. Tu ne connais pas grand chose au monde de la mode et encore moins à la mode féminine. Tu dégaine ton appareil photo afin de commencer la séance et comme ça fait longtemps que tu n'as plus toucher à cet appareil, un tour de chauffe ne sera pas de trop. T'aurais certainement dû t'entrainer avant mais c'est tout toi, toujours à la dernière minute. Lullaby ne semble pas contre quelques photos ratées avant d'en obtenir des convenables. "Tu préfère en noir et blanc ou en couleur ?" Le côté rétro des photos en noir et blanc te plait énormément mais pour alimenter son instagram et son blog, la couleur est certainement de rigueur. Tu connais bien son feed, à force de trainer sur son compte, ça sera donc photo en couleur. Cette petite après-midi en compagnie de ta jeune et jolie voisine ne peut que te faire du bien. Au moins, tu ne penseras plus à ton ami -Timothy- partis à l'armée du jour au lendemain. Les quelques textos que t'as pu lui envoyer sont restés sans réponse et sûrement que ça sera le cas encore deux mois. Deux mois .. C'est long, trop long. Tu ne tiendra jamais deux mois sans voir ton ami d'enfance. C'est Tim. S'il y a bien une personne que tu n'imagine pas à l'armée c'est bien lui. Timothy, le puppy de la bande, celui qu'on a envie de protéger quoi qu'il arrive. Néanmoins, une partie de toi a confiance en ton ami et sait qu'il est capable de s'en sortir. Tu commence donc à vouloir prendre ta nouvelle amie en photo. Hélas, les passants ne sont vraiment pas coopératif. Vous n'avez certainement pas choisis la bonne heure, mieux valait venir en fin de journée mais la luminosité aurait été moins belle. "- Attend, j’ai peut-être une idée." Tu laisses la jeune blondinette faire ce qu'elle a en tête. Elle grimpe sur les rochers, sa robe recouvrant les pierres. Elle est vraiment jolie comme ça, une véritable bombe. Tu reste tout de même assez professionnel et prends plusieurs clichés de la demoiselle dans différente position. Assise, debout, souriant ou riant aux éclats. Première tenue faite, tu viens lui montrer les différentes photos que tu viens de prendre afin qu'elle te donne ton avis. "Prends pas de gants hein ?! Si c'est moche et que ça t'plait pas. Tant pis si on doit rester ici jusque la nuit tombe." De toute façon, personne ne t'attend chez toi et tu n'as rien de prévu pour la soirée.
Le jeune homme a une idée d’article et, si Lullaby a un léger sourire en l’écoutant parler, elle sait aussi qu’elle n’écrira jamais quelque chose comme ça, parce que chacun est libre de ses choix après tout. Chacun est libre de porter ce qu’il veut. Il y en a à qui a va et plus important, il y en a à qui ça plaît, c’est leur droit que de s’habiller ainsi, alors Bee n’entend pas les afficher comme étant des looks importables, à éviter à tout prix. Non. La jeune femme préfère laisser les gens se faire leur propre avis et les laisser libre, surtout, d’aimer ce genre de tenues si c’est le cas.
"- Ce n’est pas parce que ça ne me va pas, ou que je n’aime pas ça que je dois les cataloguer comme des styles à fuir, il y en a à qui ça plaît tout simplement et c’est leur droit. Y’en a à qui ça va, moi ça n’est pas le cas."
Parce qu’il faut un certain état d’esprit pour coller au look d’après elle et c’est un état d’esprit que la jeune femme n’a pas, tout simplement. Mais d’autres oui et le style, alors, colle parfaitement à leur personnalité, tout simplement. Un style reflète ce genre de choses, ce qui explique que tout les styles ne soient pas fait pour tout le monde, car tout le monde est différent les uns des autres, tout simplement.
L’homme se prépare, se chauffe un peu comme il n’a pas fait de photo depuis longtemps et il prépare son matériel en même temps que Bee réfléchit un peu aux plans qu’elle peut souhaiter et aux poses qu’elle peut prendre pour les clichés à venir. Parce qu’ils vont en prendre quelques uns, de clichés. Le jeune homme semble réfléchir et la questionne finalement quand à la couleur des images qu’elle veut, lui donnant le choix entre des photos en couleur ou des photos en noir et blanc.
"- Plutôt en couleur si ça ne t’ennuie pas."
Pour son feed instagram, pour montrer le détail des vêtements, le coordonné, les associations de matière et de motifs, de couleur, la jeune femme a besoin que les images soient en couleur et si, finalement, elle en veut une en noir et blanc, il n’y aura, dans le pire des cas, qu’à la passer sur un logiciel de retouche et ajouter un calque de réglage pour faire tout le boulot. Tout simplement. Ça peut arriver que certaines photos, sur son blog, soient en noir et blanc. Mais jamais sur son instagram ou très très très rarement, parce qu’elle a harmonisé tout le feed avec une coloration spéciale.
Ils commencent le shooting, mais les passants ne semblent pas décidés à les laisser tranquille. Assez rapidement, Bee change alors de place, annonçant à son interlocuteur qu’elle a une idée et elle grimpe sur un rocher pour se juger sur ce dernier. Plus personne ne pourra être dans le champ à présent. A moins de passer juste entre la demoiselle et l’objectif. Mais elle ose espérer que personne ne ferait cela. Sans quoi elle pourrait finir par perdre patience. Là, ils peuvent bosser et la jeune femme adopte plusieurs pose les unes après les autres, avant de seulement bouger et laisser Lukà la prendre sur l’instant, sur le vif. Une manière de faire qui provoque toujours, forcément, quelques photos flous mais peut offrir aussi de fabuleux clichés inattendus.
"- Oh non, c’est joli ! Je vais me changer, je n’en ai pas pour longtemps. Espérons que le ciel reste dégagé, il y a quelques nuages peut rassurants à l’horizon !"
Elle disparaît dans la tente en espérant qu’il ne pleuvra pas, ou pas avant un moment, qu’ils puissent continuer la séance tranquillement.
"- Ce n’est pas parce que ça ne me va pas, ou que je n’aime pas ça que je dois les cataloguer comme des styles à fuir, il y en a à qui ça plaît tout simplement et c’est leur droit. Y’en a à qui ça va, moi ça n’est pas le cas." Qui es-tu pour juger quelqu'un sur son apparence ? Personne. Tu n'es personne. Mais cela dit, ta réplique était dites de façon ironique. Elle n'avait rien de méchant. Pour toi, le littéraire, c'est un comble que tu ne sache pas choisir tes mots. T'aime les mots. T'aime la manière dont ils arrivent à s'accrocher les uns aux autres. Mais tu ne sais pas les choisir lorsque tu dois tenir une conversation, il t'arrive toujours de mettre les pieds dans les plats. C'est l'une de tes spécialités qui te caractérise. Une sorte de marque de fabrique. "Oulà, je ne suis personne pour juger les styles vestimentaires des gens. Je sais même pas si on peut définir le mien. C'était juste pour plaisanter .." Ton pitoyable humour c'est aussi ta marque de fabrique, il ne fait souvent rire que toi. Tu te racle la gorge, essayant désespérément de cacher ton malaise mais en vain. On dirait que tu vas te remettre à bégayer, à bafouiller devant la jeune femme. Ça serait bête alors que tu commence à peine à te familiariser avec elle. Tu tentes de te focaliser sur les différentes fonctions afin de voir si tu arrive à te souvenir à quoi elles servent. Toi qui a une assez mauvaise mémoire en général, t'es surpris de voir que tu te souviens à peu près de chacune des fonctions. Le mieux encore c'est de les essayer. "On va éviter de te mettre des yeux rouges comme les lapins albinos !" Tu souris et termines les différents réglages. Normalement, c'est bon. Tout est prêt. Tu t'apprête à prendre quelques clichés, juste histoire de te remettre dans le bain. Malheureusement, les passants ne semblent absolument pas compréhensif. Ils en ont rien à faire que tu sois en train de travailler -si on peut dire ça comme ça- non, eux ils ont juste envie de te casser les pieds. Lullaby te demande de la couleur, ça tombe bien c'est ce sur quoi tu as réglé l'appareil. "J'ai revu ton feed dans ma tête. La couleur est le mieux pour matcher avec !" Même si tu as toujours adoré les photos en noir et blanc. T'as toujours été attiré par ce côté ancien de la photographie. À l'époque, tu prenais quasiment toutes tes photos en noir et blanc. Et tu les dessinais en essayant de te rappeler de chaque couleur que tu as pu mémoriser. C'était un excellent exercice pour ta mémoire défaillante. Lullaby vient s'assoir sur les roches. Elle est tellement belle, on dirait une princesse d'un conte de fées avec sa robe. Tu réussis -enfin- à prendre quelques clichés convenables de la demoiselle dans différentes positions. Lullaby est très photogénique, c'est un réel plaisir de travailler avec elle. Tu lui montres brièvement les quelques clichés que t'as pris afin qu'elle te donne son avis sur ce premier jet. "- Oh non, c’est joli ! Je vais me changer, je n’en ai pas pour longtemps. Espérons que le ciel reste dégagé, il y a quelques nuages peut rassurants à l’horizon !" Tu prie de toutes tes forces afin que le ciel reste dégagé et que la pluie ne vienne pas entacher ce moment entre vous. T'es content de ressortir ton appareil, sans elle tu ne l'aurais jamais fait. Et, à cette heure-là, tu serais chez toi en train de lire un énième bouquin, tout seul. Tu sens une goutte. "et merde .." T'exclame-tu à voix basse. Bon, c'est officiel, t'arrête de prier pour tout et n'importe quoi à partir de maintenant. Tu laisse le hasard faire les choses. "Lull' ? Je crois que la pluie a décidé de se ramener .." Il ne manquait plus que ça. Tu vas finir par croire que la malchance te poursuit si ça continue.
La jeune femme laisse son photographe du jour se mettre en place, terminer ses réglages. Pour que les photos aient un bon résultat, ça nécessite de la patience, la jeune femme le sait parfaitement. Après tout, elle connaît bien ce milieux, la demoiselle. Elle sait bien comment ça se passe dans la photo, depuis le temps quelle pose elle-même pour les besoins de son blog et puis… Parfois, c’est elle qui tient l’objectif. Parce que si elle est blogueuse, si elle est connue, la demoiselle doit bien avouer qu’elle a des amies instagrameuse aussi. Si bien que parfois, Lullaby n’est pas devant la caméra mais bien derrière, à prendre ses copines en photo pour rendre service. Parce que les filles en font autant dans son cas, tout simplement. Et certains écueils ne sont pas toujours faciles à éviter, malheureusement, elle en sait quelque chose. Elle ne presse donc pas Lukà, lui laissant le temps dont il a besoin pour faire ses réglages sur l’appareil.
«- Ah oui non, évite les yeux rouges, je ne tiens pas à me la jouer film d’horreur dans mon feed !»
Couleur, ou noir et blanc ? S’il y a parfois quelques photos sans couleurs sur son instagram, son feed reste majoritairement coloré aussi Bee propose de partir là-dessus, en songeant qu’une fois les photos faîtes, s’il leur semble judicieux d’en avoir une en noir et blanc, un logiciel de retouche leur donnera un coup de main à ce niveau là, sans problème. Ce n’est pas grand-chose à modifier, en fait, alors la jeune femme sait le faire.
La demoiselle jette un regard aux clichés, appréciant le travail de son interlocuteur, avant de parler de se changer pour enfiler la deuxième tenue. Mais elle remarque les nuages sombres à l’horizon et quand elle sort de la tente, changée, portant une combinaison estivale, le jeune homme lui fait remarquer que la pluie a semble-t-il décidé de s’amener. Bee lève la tête vers le ciel, reçoit une goutte sur son front.
«- Je crains que la pluie ne noue joue des tours oui… Y’a plus qu’à tout ranger et rentrer faire ça en intérieur.» elle soupire. «On a plus assez de lumière pour shooter ici et si ça commence à pleuvoir plus fort… on sera pas mal embêtés.»
C'est la première fois depuis six ans que tu ressors ton appareil photo. Durant ces longues années, tu t'es laissé sombré, tu t'es laissé glisser le long d'une pente savonneuse. Aujourd'hui, il est temps de te bouger, de sortir de ta grotte où tu as vécu pendant trop longtemps. Cette rencontre avec Lullaby est une excellente chose. Petit à petit, tu te détend face à elle. Tu reprends goût à la vie et tu sors de nouveau. Avant, t'aurais longtemps hésité avant d'accepter sa proposition. Là, ce fut un oui catégorique. T'es sûr de toi. Tu souhaite reprendre cette passion de la photo et si tu peux aider la demoiselle à alimenter son feed instagram, c'est encore mieux. Autrefois, c'était Anna ta muse mais comme elle n'est plus là, il te faut en trouver une autre. Pour le moment, c'est Lullaby qui te sert de modèle. Premier essai, vous verrez bien ce que ça donne. Le feeling passe plutôt bien entre vous. Lullaby est très photogénique mais ça, tu le savais déjà étant donné le nombre incalculable de publications d'elle sur son feed. Elle est très belle, beaucoup de rageux diront que cette beauté est retouchée par des filtres. Toi, tu confirmes que non. Elle ne se retouche pas. Elle a bien raison, elle est très belle comme cela. «- Ah oui non, évite les yeux rouges, je ne tiens pas à me la jouer film d’horreur dans mon feed !» Tu ris et désactive le mode "oeil rouge" de ton appareil. Petit à petit, tu reprends possession de l'appareil photo. Tu retrouve tes automatismes et après une lutte acharnée avec les passants peu coopératif, tu parviens à prends clichés de la jeune femme. À toi, ils te semblent réussis. Il faut qu'ils plaisent à Lullaby, c'est elle la principale concernée. La demoiselle est convaincue par tes maigres talents de photographe et file te changer. Pendant que tu observe attentivement les autres réglages, quelques gouttes se font sentir sur ton visage. La pluie arrive. "et merde !" T'exclames-tu avant de prévenir la demoiselle que vous avec une invitée surprise. Tu confirme ce que tu penses depuis toujours : tu as horreur des surprises. «- Je crains que la pluie ne noue joue des tours oui… Y’a plus qu’à tout ranger et rentrer faire ça en intérieur. On a plus assez de lumière pour shooter ici et si ça commence à pleuvoir plus fort… on sera pas mal embêtés.» Elle a raison. Tu rassemble tes affaires dans ton sac en soupirant. T'es encore loin de t'être totalement ré-habitué à toutes les fonctionnalités de ton appareil. "on pourrait aller chez toi ou chez moi ?" Ton regard se pose sur le café plus loin et là, une folle idée te vient en tête. "Et si on essayer de shooter là-bas ? Au café ?" Tu lui souris en espérant que personne ne vienne sous importuner pendant votre séance. Et puis, vous pourrez toujours vous réchauffer autour d'une tasse de café.
Elle n’a pas très envie d’avoir une sale tête ou des yeux rouges sur les photos qu’elle va mettre sur son blog, dans son feed instagram… La jeune femme fait toujours attention, évidemment, à la qualité de ses publications. Depuis huit ans qu’elle est sur les réseaux sociaux, elle s’est constitué une bonne communauté, mais elle sait pour autant qu’elle ne doit pas faire d’erreurs, que son contenu ne doit pas devenir moins bons, moins qualitatif, qu’elle ne doit donc pas se reposer sur ses lauriers. De fait, face à l’appareil de Lukà, la demoiselle réalise de beaux sourires, change de positions pour faire de nouveaux clichés. Elle connaît son meilleur profil depuis le temps et elle sait jouer avec l’objectif, capter celui-ci. Son père et l’expérience le lui ont apprit. Mais elle le laisse toujours le photographe s’exprimer également, dans un réel travail en duo. Parce que c’est ce qui l’intéresse aussi, dans le fond : l’échange avec un artiste, mélanger deux points de vues.
Mais la séance doit s’arrêter, quand il commence à pleuvoir. Il fera bientôt trop sombre pour capter quoi que ce soit. Alors la jeune femme aide son photographe du jour à ranger ses affaires à la hâte. Mais elle observe du coin de l’œil les éléments qui se manifestent, la pluie qui tombe un peu, ses cheveux que l’humidité impacte déjà. Et elle songe que le tableau reste beau, sur cette table que tous commencent à déserter. Lukà la détourne de ses pensées et la demoiselle acquiesce. Ils peuvent rentrer à bayside et shooter dans son salon, oui. Mais Lukà a une autre idée.
«- Pourquoi pas oui, si ça ne les dérange pas qu’on fasse quelques photos là-bas dedans, mais certaines adresses sont assez frileuses sur la question.» souligne la demoiselle avant de jeter encore un regard à la mer. «Dis, j’me demandais… ça t’ennuie si on fait deux ou trois photos encore avant que la pluie ne se ramène ? Je trouve qu’il y a du charme à cette mer presque gris » remarque la demoiselle.
Et avec la longue robe blanche qu’elle porte, elle ne doute pas que le cliché aurait une petite allure à mi-chemin entre le désespoir du paysage et le romantisme. Le tableau, dans sa tête, rend très beau. Reste à savoir s’ils sont en mesure de réaliser l’idée qu’elle se fait. Alors elle attend, patiemment, qu’il accepte ou décline sa proposition.
La pluie s'est invitée lors de votre session de shooting avec Lullaby. Il fallait bien que cela arrive. En ouvrant tes volets ce matin, t'as bien vu que le ciel était mitigé. Un faible soleil illuminait la ville, caché pars deux ou trois nuages malicieux. C'était à prévoir de toute façon. La seule fois où tu prévois une sortie un samedi après-midi, la pluie et le mauvais ont décidés de s'en mêler. Tu vas réellement finir par croire que la malchance te poursuit si ça continue. Au moins, Lullaby et toi avaient réussis quelques clichés de sa première tenue. La demoiselle a à peine eut le temps de se changer et toi de modifier quelques réglages de ton appareil photo que les gouttes ont commencées à se faire sentir sur ton visage. Un long soupir d'agacement s'est échappé de tes lèvres avant que tu ne préviennes ta jeune voisine qu'il va falloir trouver une solution de replis. «- Pourquoi pas oui, si ça ne les dérange pas qu’on fasse quelques photos là-bas dedans, mais certaines adresses sont assez frileuses sur la question.» C'est vrai qu'il va falloir convaincre le gérant du café. Ça ne devrait pas être un problème pour toi, convaincre les gens ça fait un peu partie de ton job. "Je vais essayer de le convaincre. Peut-être qu'en taguant le café, ça lui fera de la publicité et qu'il sera moins frileux à cette idée." En tout cas, ça ne coute rien d'essayer. «Dis, j’me demandais… ça t’ennuie si on fait deux ou trois photos encore avant que la pluie ne se ramène ? Je trouve qu’il y a du charme à cette mer presque gris » Tu acquiesce la requête de la jeune femme en secouant la tête de haut en bas. "Bien madame ! Dépêchons-nous de prendre ces clichés alors !" Vu que tout le monde vient de déserte la place, vous allez pouvoir être tranquille pour prendre des photos avant que la pluie ne se déverse sur vous deux. Une dizaine de photos plus tard, la pluie tombe plus abondamment, vous êtes presque entièrement trempés. Il est temps de se replier dans le café au bord de la plage.
[...]
Marchant aux côté de la demoiselle, ton sac sur l'épaule, vous rejoigniez le café. Là, tu laisses Lullaby un peu en retrait. Tu tentes de convaincre le gérant, il n'a pas l'air méchant ni fermé à votre séance shooting. Un grand sourire aux lèvres, tu reviens vers ta nouvelle amie, tu n'es pas peu fier de toi. T'es parvenu à trouver les mots justes, les mots qu'il fallait pour le convaincre. "C'est bon, on peut prendre quelques clichés dans le café. On s'commande un truc pour se réchauffer ? Caféine ? Thé ? Chocolat chaud ? C'est quoi la boisson la plus instagrammable ?" Clin d'oeil en sa direction, c'est un peu une [i]private joke[/b] entre vous. Tu poses tes affaires sur une des tables libres, t'attrape une serviette afin d'essuyer l'objectif de ton appareil photo qui a pris quelques gouttes tout à l'heure, juste le temps d'atteindre le café. "Tu veux aller te changer ?" Lui demandes-tu en faisant signe à la serveuse de venir prendre votre commande. Cet après-midi, c'est exactement ce qu'il te faut pour te changer les idées. Depuis six ans, tu t'es installé dans une certaine routine et ça, ça ne te plait pas du tout. t'as envie de changer, d'apporter du nouveau dans ta vie. La photographie n'est pas nouveau mais, en revanche, ça fait longtemps que tu n'as pas pris le temps de prendre des photos. C'est la même la première fois que tu photographie quelqu'un d'autre qu'Anna. T'es contente de te lancer dans cette aventure avec Lullaby même si ça ne sera certainement que le seul shooting que vous ferez ensemble.
Elle veut faire quelques photos encore, Lullaby. Malgré le soleil qui disparait, malgré la pluie qui commence doucement à tomber, malgré la mer toute grise. La plage devient peu à peu désertique, tout le monde préférant fuir le mauvais temps et la jeune femme peut alors poser pour quelques clichés. Elle les visualise déjà, ces photographies. Elle imagine leur mélancolie. Elle se donne un air, cet air de la fille un peu ailleurs, un peu perdue dans ses pensées, qui songerait à quelqu’un chose d’autre, à quelqu’un d’autre, un amour emporté. Elle trouve de la poésie, dans ce paysage qui s’assombrit. Alors elle cherche à soutenir ce discours, dans les mimiques de son visage. Elle prend la pose et joue avec l’appareil, avant de s’en détourner. Il est l’heure, à présent, de chercher à se mettre à l’abri et emmener tout le matériel loin de l’eau, avant que tout ne soit inondé.
Ils entrent dans le café en fin de compte, et la demoiselle attend patiemment que Lukà s’entretienne avec le patron des lieux, pour obtenir le droit de continuer la séance photo. Mais comme elle observe les alentours, la demoiselle songe que le paysage ne se prête pas forcément à une séance photo. Il manque un peu d’éclairage. Beaucoup d’éclairage. Mais ils ont le droit de shooter s’ils le souhaitent.
«- Ok… mais tu es sûr qu’on a assez de lumière ? L’éclairage artificiel, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux et comme on ne peut pas le changer… Je ne sais pas trop ce que ça va donner, on verra bien… je prendrai un thé, instagram n’a pas besoin de savoir tout ce que je fais ou boit.»
Se changer. Oui, c’est une idée. L’ennuie c’est qu’elle manque d’un peu de place pour cela, pour la tente, pour tout son barda. Elle hèle une serveuse, demande s’il y a une possibilité de se changer dans les toilettes ou si l’espace est trop confié. On lui donne le droit de rejoindre les vestiaires alloués au personnel, pour pouvoir s’y changer. Parfait. La demoiselle remercie la serveuse et attrape son sac de vêtements pour revenir un peu plus tard, changée, peignée et même un peu remaquillée.
«- Merci pour le thé ! Quand on aura finit notre boisson chaude on pourra reprendre, je suis prête !»
Pourquoi avons-nous toujours besoin d'une belle luminosité pour faire des photos ? Le soleil a beau se trouver derrière les nuages, ce n'est pas une raison pour se priver de faire des photos en extérieur. Les temps gris et pluvieux, t'adore ça. Tu les apprécie d'autant plus lorsque tu te trouves bien au chaud, dans ta maison. Cette fois, tu te trouves dehors et ce ne sont pas quelques gouttes d'eau qui t'empêcheront de faire quelques clichés de ta jeune et jolie voisine qui a revêtue une jolie robe pour l'occasion. Le manque de lumière leur donne un petit côté triste, presque mélancolique. Ça a son charme malgré tout. Au début, t'étais dubitatif face à la proposition de la jeune femme mais tu dois bien avouer que t'es assez fan des photos que t'as prises. Il te tarde de les lui montrer. La pluie se met à tomber de plus en plus fort, vous attrapez vos affaires avant de se mettre à courir jusqu'au café se trouvant au bord de la plage. Il n'y a pas grand monde, c'est agréable. Tu te poses à une table après avoir longuement bavardé avec le patron afin qu'il te laisse prendre quelques clichés de Lullaby dans le café. Il a finalement accepté pour votre plus grand plaisir à tous les deux. Tu reviens vers ta nouvelle amie en souriant, fier d'avoir réussis à convaincre le patron des lieux. Tu déchantes rapidement. «- Ok… mais tu es sûr qu’on a assez de lumière ? L’éclairage artificiel, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux et comme on ne peut pas le changer… Je ne sais pas trop ce que ça va donner, on verra bien… je prendrai un thé, instagram n’a pas besoin de savoir tout ce que je fais ou boit.» Un coup d'oeil autour de vous, tu remarque qu'elle a raison. Le café est cozy, chaleureux et il rendrait bien en photo mais il manque cruellement de lumière. "Je suppose que ça dénoterait les photos si on venait à faire quelques modifications pour ajouter de la clarté.." C'est elle la spécialiste des bidouillages sur les photos. Et puis, il faut que ça lui plaise à elle avant de plaire à ces abonnés. Décidément, tout semble être contre vous et ne souhaite pas que vous fassiez votre shooting en paix. La malchance te poursuit ... Pendant que Lullaby part se changer, tu viens lui commander son thé et un cappuccino pour toi. Toutes les excuses sont bonnes à prendre lorsqu'il question de consommer de la caféine. T'attends patiemment que la serveuse revienne avec vos boissons brûlantes et fumantes. Ta voisine revient, un petit sourire en coin des lèvres, tu la laisses se rassoir en face de toi. "Tu veux voir les photos ? Elles ont un petit air triste mais ça ne me déplait pas, elles ont du potentiel !" T'es tellement content que la jeune femme t'es proposé ce shooting photo. Ressortir ton appareil photo ne pouvait pas te faire plus plaisir. Avant, c'était Anna ton modèle photo. Cette dernière n'est plus là, il est dommage de laisser l'appareil photo prendre la poussière. Comme toi, il a subit l'abandon d'Anna durant ces six dernières années. "C'est comme tu veux. On peut toujours essayer, voir si la lumière fonctionne ou pas. Sinon tant pis .. ça ne sera que partie remise.." Tu maudit cette pluie qui a gâchée votre shooting mais avec toi, il fallait s'y attendre. C'était couru d'avance. "Jvoulais quand même te remercier. Grâce à toi, j'ai ressortie mon appareil qui prenait la poussière. Jretrouve mes automatismes d'avant. Jredécouvre cette passion qui m'émerveillait à l'époque !" Grand sourire, tu trempes tes lèvres dans ta tasse brûlante de cappuccino et laisse le liquide chaud couler le long de ta gorge.
Bee ne sait pas trop ce que les photos vont donner, prises dans le café, car la luminosité n’est pas bonne et la jeune femme a peur que cela n’altère le grain de la photographie, qu’il n’y ait un mauvais effet sur les clichés à cause de l’éclairage de ce bar en fin de compte, malgré l’acceptation du tenancier de les laisser continuer leur shooting ici. Ils verront bien le rendu, ils peuvent toujours faire un essaie après tout, la demoiselle ne peut pas dire par avance que ce sera forcément mauvais ou non, tout va se jouer une fois qu’elle verra le rendu et qu’elle saura ce qu’elle peut en faire ou non.
En attendant, comme elle accepte un thé, elle file ensuite se changer dans les vestiaires du personnels auxquels ont lui donne gentiment accès de sorte qu’elle puisse se mettre autre chose sur les épaules et elle revient rapidement à la table où Lukas l’attend avec leurs deux consommations fumantes juste devant lui. Le remerciant pour le thé, elle prend place face à lui et l’homme parle rapidement des clichés qu’ils ont prit un peu plus tôt avec les quelques gouttes de pluie.
«- Oh oui j’espère bien, c’est l’effet que je recherchais quand j’ai souhaité prendre quelques photos sous la pluie !»
Mais ils n’ont pas finit leur shooting et elle espère tout de même qu’ils pourront faire quelque chose dans ce café, alors elle propose de s’y mettre quand ils auront terminés leurs boissons. C’est maintenant l’homme, qui doute un peu, lui laissant les rênes des opérations. Bee porte sa tassez à ses lèvres, soufflant un peu dessus pour refroidir le tout.
«- Oui nous pouvons faire un essaie et voir ce que cela donne, c’est à cela que je pensais également ! dans le pire des cas nous pourrons fixer un autre rendez-vous oui.»
Mais le jeune homme a raison, s’ils ne peuvent pas finir aujourd’hui, ils auront la possibilité de se fixer un autre rendez-vous en vu de cela et le tour sera joué, même s’il est toujours fortement agaçant, évidemment, de voir ses projets être contrariés. Et l’homme pourra pratiquer un peu plus cette passion qu’il retrouve, ce pour quoi il la remercie chaleureusement.
«- Il n’y a pas de quoi !» répond la demoiselle, papotant encore un peu le temps de finir de boire, puis elle jette un regard à sa montre. «On s’y remet ?»