Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)

Anonymous
Invité
Invité
  

Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  Empty
Message(#)Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  EmptyLun 22 Juil 2019 - 23:20



@Gabriel López  & BabyBel

→ La sonnerie stridente du rappel de mon téléphone me prend par surprise alors que je suis en train de replacer une bouteille de lait dans la porte de mon frigo. Je sursaute, celle-ci m’échappe et s’explose littéralement au sol m’arrachant une série de jurons fleuris interminable. Morgane n’est pas avec moi aujourd’hui, alors je ne restreins pas vraiment mes débordements d’humeur. J’éteins la sonnerie sans regarder de quoi il s’agit, bien plus préoccupé par mon sol couvert d’un liquide blanc épais qui va coller et cailler si je ne l’enlève pas rapidement. Et c’est armé d’une serpillère que je refais mon apparition quelques instants plus tard dans ma cuisine, soufflant d’exaspération car c’est un peu fou comme les petits tracas du quotidien peuvent faire monter les nerfs si vite. – Non Mouse, dégage ! Evidemment, il faut qu’il marche dans le dégât et me foute du lait sur le canapé l’instant suivant. Et me voilà en train de courir après le chat dans tout le loft, ruinant l’efficacité d’une séance de nettoyage intense effectuée plus tôt dans la semaine sous le regard amusé du second, qui tel un pacha est étalé de tout son long sur le bar. Ils vont me rendre fous ! Ce n’est qu’après avoir réussi à mettre la main sur Mouse et en train de me battre avec lui pour essuyer ses pattes que la sonnerie de mon téléphone retentit à nouveau. Agacé, je relâche le félin au sol et décroche rapidement, plaquant le cellulaire contre mon oreille en terminant de ranger le bordel autour de moi. – Ouais…. C’est mon nouvel agent au bout du fil qui s’impatiente et me demande ce que je fous. J’avais complètement oublié le shooting photo d’aujourd’hui ! Me frappant le front de la paume de la main je laisse échapper un joli – Han merde ! J’avais zappé. Ma spontanéité me jouera des tours un jour. – Ok, j’arrive. Et sans faire le lien avec la toute première sonnerie de mon téléphone qui  a causé toute la pagaille au sein de mon logement (un rappel pour être à l’heure au photoshoot), je fonce me changer et quitte le loft en trombe.

Iron MaidenRun to the hills est en train de pulser dans les hauts parleurs de ma vieille Holden cabossée lorsque je me gare sur le parking de la plage. Le photo-shoot est en pleine nature et  je sais d’avance que je vais passer un moment particulièrement long et désagréable. Je déteste les photo-shoots en extérieur à vrai dire, car il y a beaucoup d’éléments que les photographes ne maîtrisent pas, ils prennent du coup bien plus de temps et sont plus fatigants. Il faut aussi supporter le climat et celui de Brisbane n’est pas mon préféré, car il y fait bien trop chaud pour moi. Je sors de la caisse, clope glissée entre les lèvres et je m’avance d’un pas rapide vers le petit troupeau amassé à la sortie du parking qui semble un peu exaspéré d’avoir attendu mon arrivée tout ce temps. J’aperçois Gabriel et vais directement vers lui pour le saluer et m’expliquer aussi sur mon arrivée remarquée. – Hey salut ! Putain j’suis désolé, mes chats m’ont foutu un bordel pas croyable dans l’appart au moment où j’devais partir. J’ai renversé du lait partout, il a fallu que je nettoie, puis Mouse a marché dedans et il voulait pas que je le chope, ça a duré une éternité jusqu’à ce que tu appelles. J’suis désolé, j’oublie trop vite les choses en plus. C’est pour ça que j’fous des rappels sur mon tél, j’zappe tout sinon. Je me tourne vers la troupe du photo-shoot et avec mon plus beau sourire leur annonce – J’suis là maintenant ! Comme si j’étais à moi seul un superbe lot de consolation. C’est ce que je suis, non ? Sans plus attendre, tout le monde se met en route vers le spot plébiscité et j’enlève mes converses en comprenant qu’il faut marcher dans le sable. Je suis en train de sautiller sur un pied quand de nouveau, mon téléphone sonne. Cet engin c’est le diable bordel ! Je devrais le couper. Je décroche toutefois en continuant de sautiller tout en enlevant ma première chaussure. – Qu’est-ce qu’il y a Jess ? Je m’arrête subitement et repose le pied au sol, la converse à moitié enlevée. – Non mais quoi ? Mais… Et t’’as pas une deuxième nounou de prévu pour quand la première est malade ? Je râle, puisque je viens d’apprendre qu’elle doit trouver quelqu’un en urgence pour garder Mo’ et que je ne suis pas vraiment disponible. – Oui d’accord, ok, ça va. Non mais j’vais annuler. De toute façon, j’ai déjà foiré le photo-shoot à moitié et puis… Morgane est plus importante que tout. – Attends, j’vois avec mon agent ! Je pose ma main sur le combiné et interpelle Gabriel Lopez en me penchant vers lui – Gab hey ! J’ai un problème avec Morgane. Jess n’a personne pour la garder alors il faut que j’y aille. Elle peut nous rejoindre sinon ? Je me mordille l’intérieur des joues, un peu emmerdé et surtout sans réelle solution face à la situation inédite qui se présente. Je sais que le photo-shoot est important pour ma carrière, que la présence de Gabriel Lopez est suffisamment significative pour me le rappeler, mais je choisirais toujours ma fille avant tout, c’est un fait. Je suis donc en attente, un pied à moitié posé au sol, le téléphone dans la main en train de guetter les réactions de mon nouvel agent qui doit penser que je suis une sérieuse plaie !

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  Empty
Message(#)Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  EmptyVen 2 Aoû 2019 - 4:54


Gabriel  & BabyBel
Dès que je sors de l’habitacle climatisé de ma voiture, la vague de chaleur qui émane du sable me bondit en plein visage comme si je venais d’ouvrir un four. Je grimace et essuie du revers de la main mon front où des gouttelettes de sueur sont déjà en train de perler. Abel va souffrir et je le sais. Ce n’était pas l’idée du siècle d’organiser ce photoshoot sur la plage en plein milieu de la journée, mais je n’avais pas vraiment le choix. La maison de mode a décidé de collaborer avec nous à la dernière minute et je devais composer avec l’horaire de leurs stylistes, du photographe, de la directrice de production… C’est un partenariat que j’essaie de mettre en place depuis quelques semaines, non sans difficulté. Les responsables de la maison de mode ont eu vent de la réputation d’Abel et ils se montrent un peu frileux. J’ai dû travailler assez fort pour les convaincre qu’il n’y a pas de risque à l’engager. Ils ont finalement consenti à organiser un photoshoot test pour voir si mon nouveau mannequin leur conviendrait ou non pour une série de contrats à long terme. Si ça foire, ce n’est pas catastrophique : j’ai toujours deux ou trois as de rechange dans ma manche. Cependant, je pense sincèrement que cette maison est la plus susceptible de correspondre aux conditions qu’il m’a posées, et je me suis assuré de bien le lui faire comprendre quand je l’ai appelé pour lui donner la date du shoot.

C’est pourquoi j’ai confiance qu’il s’en sortira très bien malgré le climat désagréablement chaud de Brisbane. Mon optimisme en prend pour son rhume lorsque je constate que sa voiture cabossée et bien reconnaissable n’est pas encore garée dans le parking. Il devrait pourtant être déjà arrivé. Les sourcils froncés, je m’avance lentement sur la plage vers le petit groupe attroupé et impatient. Je grimace intérieurement en sentant le sable s’introduire dans tous les recoins de mes chaussures en cuir vernis. La plage, c’est une vraie horreur quand on n’y est pas pour batifoler dans l’océan. « Votre mannequin est en retard. » Bon, la responsable de la production n’a pas l’air particulièrement contente. Je sens ses yeux qui me transpercent comme deux dagues derrière les verres noircis de ses lunettes de soleil en forme d’hexagone. Je lui offre mon sourire le plus charmant, déterminé à l’apaiser. « Je suis certain qu’il y a une bonne raison. Je vais l’appeler. » Elle hoche la tête, une moue vaguement dégoûtée sur ses lèvres carmin.

Je m’éloigne de quelques pas, suffisamment pour que ma conversation ne parvienne pas aux oreilles des autres, et sort mon téléphone de ma poche. Heureusement pour Abel, il répond presque à la première sonnerie. (Je l’aurais sûrement transformé en sushi si j’étais tombé sur sa boîte vocale.) « Qu’est-ce que tu fous? Ça fait une demi-heure que tu devrais être là! » À l’autre bout du fil, il pousse un soupir de surprise. « Han merde! J’avais zappé. » Vaguement découragé, je résiste à l’envie de me donner une claque dans le front en signe de découragement. J’offre plutôt un sourire serein et un pouce en l’air à la responsable de la production, qui n’a pas l’air convaincue. « T’as intérêt à être là dans le prochain quart d’heure, Abel. » Ce n’est pas une menace, je n’ai pas vraiment l’intention de le transformer en sushi. Seulement, je ne sais pas comment je vais distraire les représentants de la maison de mode plus longtemps que ça. Dès qu’il me confirme qu’il s’en vient, je raccroche et je retourne auprès du petit groupe. « Il a eu une urgence, mais il devrait arriver bientôt. » Les hexagones se braquent sur moi. « J’espère pour lui. Et pour vous. » Même si j’en ai très envie, je me retiens de lever les yeux au ciel. Elle ne m’impressionne pas du tout celle-là, avec ses phrases pourries qui semblent tout droit sorties de la bouche d’un méchant de série B. J’espère que ce n’est pas elle qui dirigera la séance, je sens d’ici les frictions avec Abel si elle garde cette attitude de bouledogue.

Heureusement pour nous, comme elle l’aurait sûrement dit, Abel se pointe à la plage très exactement douze minutes après la fin de notre appel. Il se dirige aussitôt vers moi et me fait le récit de sa matinée. Je dois me mordre la joue pour ne pas sourire en entendant son histoire de chat et de lait renversé. Je me contente de hocher lentement la tête et de soupirer. « L’important, c’est que tu sois arrivé. » Et qu’ils n’aient pas entendu en quoi consistait exactement ton « urgence »… Il s’approche du groupe et va se présenter. Moi, je me trouve un palmier à quelques pas de là sous lequel je m’installe, debout contre le tronc, pour répondre à des mails urgents sur mon téléphone. Maintenant que la crise est passée, je n’ai plus grand-chose à faire, sinon surveiller de temps en temps le shoot pour m’assurer que tout va toujours bien... et qu’Abel n’a pas encore tué la responsable de la production, vu que ça semble bien être elle qui dirigera la séance. J’espère qu’elle a une vision artistique hors pair parce que ça ne doit vraiment pas être pour sa personnalité qu’on l’a engagée.

Mes doigts volent sur le clavier lorsque j’entends Abel qui m’interpelle. Je relève le nez de mon téléphone, étonné de le voir debout devant moi avec le sien collé contre son oreille. « J’ai un problème avec Morgane. Jess n’a personne pour la garder alors il faut que j’y aille. Elle peut nous rejoindre sinon? » Je me redresse en hochant la tête, mon mail bien vite oublié. « On ne peut pas annuler, on n’aura pas d’autre chance, surtout après ton retard. » Je réfléchis à sa suggestion, qui ne me paraît pas si bête que ça. Je balaie rapidement la plage du regard. Je n’y connais pas grand-chose, mais je me dis qu’il doit bien y avoir suffisamment d’espace ici pour occuper une gamine pendant quelques heures. Et puis, ça attendrira peut-être la responsable de production de voir Abel avec Morgane. Pour avoir déjà été témoin de quelques-unes de leurs interactions, je sais que c’est un spectacle qui réussirait à faire fondre même le cœur le plus endurci. « Dis à Jess de l’amener ici. Je peux la surveiller pendant que tu travailles. » Bon, c’est vrai que je n’ai qu’une expérience limitée avec les enfants, et j’avoue que ça me stresse un peu d’être responsable de Mo’, sachant à quel point Abel tient à sa fille (et Jess aussi d’ailleurs), mais je pense sincèrement que c’est la meilleure solution dans les circonstances. Je désigne de l’index la petite tente où les stylistes préparent leur matériel. « En attendant qu’elles arrivent, va te faire pomponner. Moi, je m’occupe d’elle, » dis-je en pointant d’un discret coup de tête la responsable du photoshoot. Elle a toujours son air de dragon en furie et je me dis que je devrai user de tout mon charme pour l'amadouer.

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  Empty
Message(#)Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  EmptyDim 25 Aoû 2019 - 23:16



@Gabriel López  & BabyBel

→ - On ne peut pas annuler, on n’aura pas d’autre chance, surtout après ton retard. En attente, je fixe mon agent sans réellement bouger. J’espère fortement qu’il a une solution à proposer, car moi je sèche carrément. Ramener Morgane ici, c’est tout à fait possible, d’autant plus que la plage elle aime bien ça et il est plus facile de l’occuper à l’air libre. Ramasser des coquillages, escalader les rochers, jouer dans l’eau, dans le sable… Elle saura s’occuper sans problème. – Dis à Jess de l’amener ici. Je peux la surveiller pendant que tu travailles. Je lève mon pouce en l’air, reprenant tout de suite Jess au téléphone. – Ouais Jess ? C’est bon, j’vais la garder. Tu peux l’amener ici ? Je t’envoie l’adresse par texto… Oh… D’accord, ça marche. A ce soir alors. Je raccroche en grimaçant légèrement. Ce sera mon ex beau-père qui amènera Morgane ici. Je soupire en envoyant l’adresse du  photoshoot à Jess pour qu’elle transmette à son père et range mon téléphone dans la poche arrière de mon jean. Tout en enlevant ma seconde converse, j’explique à Gabriel – C’est le père de Jess qui va la déposer. D’ici une bonne demi-heure je pense. Il est un peu space alors… En gros il déteste le monde de la mode, est hyper jugeant donc il risque simplement de se montrer hyper hautain et dédaigneux envers n’importe qui lui adressera la parole. Je remarque du coin de l’œil que les stylistes et maquilleurs s’impatientent, tandis que la directrice du shoot me foudroie du regard. – En attendant qu’elles arrivent, va te faire pomponner. Moi, je m’occupe d’elle.Ok, moi  je m’occupe d’elle, là-bas. Clin d’œil appuyé à Gabriel, je m’éloigne vers la petite tente installée et suit les directives qui me sont imposées. Honnêtement ? Je déteste tout ça. Je n’ai absolument plus aucune pudeur et me foutre à poils devant des inconnus ne me dérange pas vraiment, mais devoir obéir au doigt et à l’œil comme un bon petit chien est ce qui m’exaspère le plus. Toutefois, le mannequinat c’est une excellente source de revenus et j’ai aussi conscience que ça ne durera pas toute ma vie – bien que cela fasse déjà plus de dix ans que je collectionne les contrats – alors je prends mon mal en patience et laisse le coiffeur tirer brutalement mes cheveux vers l’arrière. J’ai horreur qu’on me coiffe, même lorsque Morgane le fait je suis au supplice. Alors, je m’enferme dans ma bulle tandis qu’on me tripote de partout, je lance des vidéos de chats tout mignons sur le net et repense à Mouse qui m’a mis un de ces bordels ce matin dans l’appartement. Le maquillage irrite ma peau, j’ai envie de me gratter d’une force ! La torture prends fin et je me lève, me laisse habiller bizarrement par le styliste. J’ai pris l’habitude de ne plus vraiment faire attention à l’accoutrement dans lequel je me retrouve. Pour le coup, je vais avoir plusieurs tenues à enfiler et lorsque je les découvre, la seule chose à laquelle je pense c’est que je vais crever de chaud sous toutes ces couches. Il y a la panoplie : mocassins noires et chaussures montantes ; jeans, pantalons zébrés et rayés ; chemise à motifs ; veste de costume, veste en cuir… J’ai du mal à comprendre l’intérêt d’avoir un look street et chill à la plage, mais bon… L’originalité se démarque dans la mode, alors même si l’idée est farfelue, il faut suivre sans se poser trop de questions.

Alors que je m’apprête à suivre toute la joyeuse troupe vers le lieu de shoot, une petite bombe rose bonbon pénètre sous la tente en hurlant d’une voix stridente (et pas du tout agréable, malgré le fait que moi j’adore l’entendre) – PAAAPAAA ! Je me penche alors et réceptionne ma princesse dans mes bras, flinguant la coiffure en partie. – Ma chérie ! J’embrasse sa petite joue ronde et rosie et demande – ça a été avec papi ? Il a trouvé facilement ?Oui ! J’ai même pris mes affaires pour la plage dans mon sac à dos, et pour faire des coloriages. Je fais un grand sourire à Morgane en la redéposant au sol. Elle s’empresse d’enlever son sac rose barbie de son dos pour me le foutre dans les mains et l’ouvrir derechef. – Tiens, regarde papa c’est Elsa.Étonnant que tu aies choisi ce carnet de coloriage là ! La période Reine des neiges n’a pas de fin. Je pense que c’est un truc que les enfants aimeront toutes leurs vies. Je vois très bien Morgane en train de colorier la robe d’Elsa à la maison de retraite moi. – Mais j’adore Elsa ! Papa quand même ! Et elle lève les yeux au ciel, me faisant clairement comprendre que je suis à côté de la plaque, évidemment. – Tu sais que je vais devoir travailler, Mo’ hein ? Morgane range son carnet de coloriage en faisant une petite moue et je vois d’ici venir le caprice. – Ecoute, je ne t’ai pas encore présenté mon agent, tu veux bien le rencontrer ?Non. Et merde. Nous y voilà. – Il est très gentil tu sais, Mo. Je t’ai dit qu’il avait un serpent ? Soudain, deux grosses billes bleues se lèvent vers moi, intéressées. – Un petit ou un gros ?Tu pourras lui demander, il est juste derrière toi. Il s’appelle Gabriel.Comme l’archange du ciel ? Et là, je reconnais bien l’influence de la famille très religieuse de Jess. Je souris et hoche la tête – Oui, comme l’archange. Il peut pas être bien méchant avec un prénom pareil, t’en dis quoi ? Morgane sourit et se tourne vers Gabriel, charmeuse. – T’as un gros serpent ou un petit ? Je souris, attendri par ma petite princesse, quand je perçois les gros yeux de la directrice de shooting qui n’est, elle, pas du tout attendrie par la scène. Je comprends qu’il ne faut pas trop trainer, alors je dis à Morgane – Je te laisse avec Gabriel, chérie. Je vais travailler, d’accord ? Sans même un regard vers moi, Morgane me réponds un vague – D’accord. Ce qui pourrait très bien s’apparenter à un ‘casse-toi tu me gênes’, mais je ne m’en formalise pas. Et je fais bien, car dix secondes après, elle crie – PAPA ! Et vient me réclamer un bisou que je lui offre de bon cœur. Je jette un regard à mon agent et sourit, le laissant aux bons soins de Morgane. Je n’ai aucun doute que ma fille le fasse vriller, car à ça, elle est particulièrement douée.


code by EXORDIUM. | imgs by tumblr


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  Empty
Message(#)Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  EmptyDim 3 Nov 2019 - 4:13


Gabriel  & BabyBel
Abel discute un peu avec Jess au téléphone et ils semblent se mettre d’accord pour que la petite vienne nous rejoindre à la plage. Il m’apprend finalement que c’est son ex beau-père un peu «space» qui l’amènera. Je ne sais pas ce qu’il entend exactement par ça, mais je me dis qu’il ne pourra certainement pas être plus désagréable que la représentante de la maison de mode qui me fusille du regard tandis que je m’approche d’elle aussi dignement que possible malgré le sable qui s’infiltre dans mes chaussures. Je jette un coup d’œil à ses pieds, étonné de constater qu’elle porte une paire de sandales à talons aiguilles. Juste avant d’arriver à sa hauteur, je me dis que j’ai peut-être bel et bien affaire à une démone si elle réussit à se tenir aussi facilement en équilibre sur la plage sur de telles échasses. Tout à coup, tous ses regards noirs me semblent légèrement plus inquiétants. Et si elle me jetait des sorts depuis tantôt? Amusé, je m’arrête devant elle en me retenant de sourire. « Il a enfin décidé de travailler à ce que je vois? » me lance-t-elle en désignant d’un coup sec du menton la tente sous laquelle Abel vient de s’engouffrer. Bon sang qu’elle est désagréable! C’en est presque inhumain, vraiment! Je me mords la langue pour m’empêcher de dire quelque chose que je pourrais regretter et lui offre plutôt un sourire parfaitement hypocrite. « Urgence familiale, vous comprenez. » Elle fait la moue et ses lèvres carmin se pressent l’une contre. « Ses chats ont encore foutu le bordel? » demande-t-elle en reprenant les paroles de mon mannequin. Réprimant un soupir de découragement – je croyais vraiment qu’elle n’avait rien entendu –, je poursuis entre mes dents serrées derrière mon sourire figé. « Non, sa fille va venir nous rejoindre. Mais ne vous en faites pas, je m’occupe d’elle et de tout. Elle ne dérangera pas le shoot. » La représentante renifle d’un air dédaigneux et hausse les épaules. « Espérons que vous saurez mieux gérer une fillette que votre mannequin! » Sans rien ajouter, elle s’éloigne en direction de la tente. Je l’observe marcher avec difficulté et ressens une pointe de plaisir mesquin en la voyant se tordre la cheville. J’ai l’impression qu’on a perdu le contrat, mais je dois avouer que je m’en fous complètement pour l’instant. Je crois que je préfèrerais me noyer plutôt que de retravailler avec elle, et quelque chose me dit qu’Abel sera d’accord avec moi.

Je tourne les talons et reviens vers le parking. D’après mon téléphone, environ un quart d’heure s’est écoulé depuis qu’Abel avait Jess au téléphone. Je scrute les voitures qui arrivent et repartent, me trouvant un peu bête de ne pas avoir pensé à demander à quoi ressemble celle de son ex beau-père. Finalement, une grosse berline noire assez luxueuse se gare à quelques mètres de moi. En voyant un homme relativement âgé, aux tempes grisonnantes et au visage légèrement ridé, sortir de la voiture et parcourir les environ d’un regard un peu perdu, je devine que c’est lui. La silhouette d’un siège pour enfant sur la banquette arrière me le confirme et je m’approche légèrement. « M. Reed? » Il se tourne vers moi et je le salue d’un signe poli de la tête. « Je suis Gabriel López, l’agent d’Abel. » Il hausse un sourcil et me lance par-dessus son épaule : « Bravo pour vous. C’est courageux de votre part. » Pour le coup, j’espère sincèrement que Morgane n’aura pas une attitude de merde elle aussi parce que je commence sérieusement à en avoir marre des gens qui me prennent de haut aujourd’hui. Heureusement, elle est tout sourire quand son grand-père la pose sur le trottoir devant moi et l’aide à enfiler son petit sac à dos rose. « Tu embrasses papi? » Au moins, le vieux semble sincèrement attaché à sa petite-fille, ce qui le fait remonter légèrement dans mon estime. Quand ils ont fini de s’étreindre, il se redresse et m’explique que Jessian a déjà appliqué de la crème solaire à la petite et que le tube est dans le sac Barbie. Je le remercie poliment, me gardant bien de préciser que j’ignore totalement à quelle fréquence un adulte doit appliquer de l’écran solaire, alors un enfant…

Tandis qu’il remonte dans sa voiture, je me penche vers Morgane. De l’index, je pointe la tente blanche. « Abel… ton papa est là-bas. » Elle décolle comme une flèche alors que ma phrase est à peine terminée. Malgré ses toutes petites jambes, j’ai du mal à la rattraper et je n’y arrive qu’après qu’elle a fait irruption dans la tente. Quand je m’y engouffre à mon tour, elle s’est déjà accrochée à son père comme un koala. Je reste debout à l’entrée et les observe avec un petit sourire, attendri de les voir interagir avec autant de naturel. Même si Abel m’avait bien fait comprendre que cette petite est la prunelle de ses yeux pendant notre rencontre, je n’aurais jamais pu imaginer à quel point il l’aime si je ne les avais pas vu ensemble. Leur petite conversation m’apprend que Morgane est fan de la Reine des neiges… un film que je n’ai jamais eu le bonheur de voir, évidemment. Ça commence mal pour ce qui est de nos intérêts communs. Heureusement, Abel me tend une perche en lui parlant de mon serpent. J’imagine qu’il lui a effectivement montré la photo qu’on avait prise dans mon bureau. Sa curiosité piquée, la fillette se tourne vers moi en ouvrant de grands yeux curieux et me demande des précisions sur mon animal de compagnie. Je n’ai pas le temps de répondre. Debout à moins d’un mètre de nous, la directrice de photoshoot a l’air d’essayer de nous jeter un sort avec ses yeux. Il n’y a vraiment aucun espoir pour elle si cette scène ne l’a pas au moins un peu émue. Abel l’a remarquée aussi et il explique à Morgane qu’il doit aller travailler.

Après avoir échangé un dernier câlin, il va se réinstaller dans sa chaise. Les coiffeuses et les maquilleuses l’entourent aussitôt comme une nuée de mouches pour venir recoiffer sa crinière échevelée par l’amour féroce de Morgane et arranger son fond de teint. Je me rends brusquement compte que ça veut dire que c’est officiellement à moi de m’occuper de Mo’ maintenant. Heureusement, je n’ai pas le temps de paniquer car la petite s’est approchée de moi, les bras croisés et le nez levé pour arriver à me regarder droit dans les yeux. « Alors il est gros ou petit ton serpent? » qu’elle me demande avec un aplomb extraordinaire du haut de ses quatre ans. Je souris et m’accroupis devant elle pour faciliter le contact. « Ça dépend duquel tu parles, j’en ai plusieurs. Dalí est gros, mais j’en ai trois petits aussi. Et j’ai quelques lézards. » À ma grande surprise, la fillette plisse le nez de dégoût. J’aurais pensé que si elle kiffait les serpents, les autres reptiles ne la dérangeraient pas trop. « T’aimes pas les lézards? » Elle hausse une épaule, désinvolte. « Oliver à l’école a un lézard et il dit qu’il doit lui donner des grillons à manger. Et moi j’aime pas les insectes. » Je dois reconnaître que c’est assez logique comme raisonnement. Elle fronce les sourcils et penche la tête. « Ils mangent quoi tes serpents? » Ça dépend de l’espèce, évidemment, mais je choisis sans hésiter la réponse qui risque le plus de provoquer une réaction. « Des souris, la plupart du temps. » Sa petite bouche s’arrondit de surprise, puis se transforme en grimace. « Beurk! Moi j’voudrais pas manger des souris. » Sa candeur m’arrache un petit rire et je hoche la tête. « Moi non plus. » Je n’ai pas touché à la viande depuis des années mais si je devais recommencer, ça ne serait certainement avec un steak de mulot. Sa curiosité satisfaite, elle se désintéresse de la question et parcourt la tente du regard avant de reposer ses yeux bleus sur moi. « On peut aller chercher des coquillages? » J’accueille la suggestion avec un sourire enthousiaste. Le programme me plaît et, puis après tout, comme je suis à mille lieux d’être une figure parentale quelconque, je suis surtout là pour obéir à ses ordres (dans la mesure du raisonnable, évidemment) et m’assurer qu’elle s’amuse. « Évidemment qu’on peut! J’en ai vu plein au bord de l’eau en plus. » Il n’en faut pas plus pour qu’elle se mette à trépigner d’excitation. Ayant appris de mes erreurs, je me doute si je la laisse partir en avant encore une fois, je risque fort bien de la perdre de vue. Pour limiter les risques, je lui tends donc la main, histoire de contenir un minimum son énergie. « Allons-y! » Sans se faire prier, elle s’élance en avant, tirant sur ma main comme pour me faire avancer plus vite. En la suivant, je laisse échapper un petit soupir de soulagement. Pour l’instant, tout va bien. Je n’ai qu’à continuer sur cette lancée pour une heure ou deux, puis je serai libéré de mes responsabilités de gardien.

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  Empty
Message(#)Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  EmptyJeu 28 Nov 2019 - 22:46



@Gabriel López  & BabyBel

→ Habitué des photo-shoots et des exigences des directeurs d’agence, je ne suis pas très impressionné par la diablesse en talons aiguilles qui me prend de haut. Elle devrait faire attention à ses chevilles et regarder où elle met les pieds plutôt que de tenter de me fusiller du regard car le fait qu’elle n’ait pas une bonne opinion de moi me passe par-dessus la tête. J’suis habitué qu’on me prenne pour un petit con (et je mentirai si je ne joue pas beaucoup sur cette impression en général), et j’ai aussi appris à m’en foutre… J’ai fini d’ailleurs par ériger une carapace d’indifférence très efficace pour faire face à ce genre de comportement. Les remarques acerbes, les piques lancés à tout-va, les regards condescendants… Tout cela glisse sur moi sans ne faire aucun effet car j’ai cette capacité à ignorer les autres qui me sert bien. L’indifférence est le plus grand des mépris, aussi je m’amuse à m’assoir sur les conventions et à me foutre royalement de la bienséance et des exigences d’autrui. J’fais le job, sans être ni désagréable, ni agréable et surtout sans chercher à ce qu’on m’apprécie ou à être bien vu.  Fidèle à moi-même, je fume clope sur clope tant que je ne pose pas, conscient de la torture à laquelle je me prête par la suite. J’observe la petite silhouette de Morgane s’éloigner avec mon agent et je souris avec tendresse tout en espérant secrètement qu’elle ne lui mette pas trop la misère… Quoique, je suis toujours assez amusé lorsqu’on me regarde, compatissant, en me disant « elle est épuisante ». Je me demande toujours par contre ce que Gabriel Lopez me trouve, car à part des tas d’emmerdes et du taf par-dessus la tête, je ne lui rapporte pas tant que ça. Si on compte tous les rendez-vous auxquels je ne peux pas me rendre à cause de mon emploi du temps surchargé, toutes les contraintes liés à la garde de Morgane et toutes les conditions imposées par moi-même, l’intérêt de mon agent à me compter parmi ses mannequins est totalement questionnable. Je pense que je lui apporte plus de soucis que de fric, mais bon je n’ai jamais été très intéressé par toute la paperasse alors. Je m’en tape d’être utilisé, je m’en tape que ma gueule soit exploitée et je m’en tape de rapporter beaucoup ou non. Tant que j’ai une paye convenable qui me permet de vivre et de gâter ma gamine, tout me va moi. Et je suis bien conscient que je ne pourrais pas continuer longtemps avec ce train de vie-là. Mes études sont importantes pour moi, même si elles m’apparaissent bien souvent comme contraignantes elles aussi, mais j’espère obtenir mon diplôme rapidement pour exercer sans tarder et arrêter le mannequinat. Vieillir dans ce métier n’est pas vraiment permis de toute évidence.

Posé sur les rochers, je m’octroie une pause en plein soleil. La fumée de ma cigarette à moitié consumée s’élève dans le ciel alors que j’observe Gabriel et Morgane sur la plage qui ramassent des coquillages. Il n’a pas de môme lui… Est-ce parce qu’il n’en veut pas ou parce qu’il est trop pris par son job ? J’ignore quel âge il a, mais je pense qu’à un moment, on finit tous par se poser la question : ai-je envie de devenir responsable d’un petit être humain, de l’éduquer et de le livrer ensuite au monde ? C’est cruel en quelque sorte… Morgane est arrivée sans que je ne me pose de questions. Un jour, Jessian est tombée enceinte et j’ignore comment c’est arrivé en réalité. Un oubli de pilule, un loupé, une soirée trop arrosée… Morgane est arrivée et j’ai dû apprendre à lui faire une place dans ma vie, ne supportant pas l’idée de me détourner d’elle tout comme mon père l’a fait avec moi. La pause terminée, je reprends et suis les directives sans jouer au rebelle. Même si c’est fatiguant, même si le soleil me brûle la peau, même si j’ai envie de tous les envoyer se faire foutre et d’aller me jeter dans les vagues avec ma petite princesse, je reste à ma place et fais ce qu’on me demande, par respect pour mon agent qui se démène depuis des semaines pour m’obtenir des jobs. Et j’arrive à convaincre, le photographe du moins – pour la frustrée rigide, ce n’est pas gagné mais tant pis ! Son avis, je m’en tape. C’est terminé ? Je ne me rhabille pas complètement, enfile simplement mon short et me lance à la poursuite de Gabriel et Morgane que je retrouve au bord de l’eau, sur les rochers en train de chasser les crabes. En souriant, je m’approche de mon agent et mon coude vient taper dans son bras tandis que je m’allume une clope – Alors, on s’amuse bien ? Je lui vole son épuisette rose et l’agite devant lui en me moquant un peu. – Je crois que j’ai réussi à charmer le photographe, mais pour ce qui est de la constipée… Un petit coup lui f’rait pas d’mal si tu vois ce que je veux dire. Gros clin d’œil appuyé, légèrement beauf et sexiste comme remarque. Je n’ai jamais prétendu être poli ou compatissant moi. – Vous avez trouvé des merveilles un peu ? Morgane a quelques mètres de nous me montre le contenu de son seau la reine des neiges et je lève le pouce en sa direction. Génial. – Alors, ce baby-sitting ? T’as pas d’gosses toi non ? Tu te débrouilles bien… Et c’est balancé comme ça, sans réfléchir davantage, un simple constat après les avoir observés au loin un bon moment. J’ignore tout de l’histoire de Gabriel, lui en sait bien plus sur moi.  Ce n’est pas très juste au fond, non ? J’suis curieux de toute façon, curieux et intrusif bien trop souvent.

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  Empty
Message(#)Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  EmptySam 7 Déc 2019 - 4:36


Gabriel  & BabyBel
Morgane s’arrête au bord de l’eau, à un endroit qui semble lui plaire, et lâche ma main. Amusé, je la regarde s’asseoir dans le sable sans se soucier le moins du monde que ces particules de caillou moulu s’infiltrent absolument partout. Elle retire ses sandales, puis s’agenouille pour ouvrir son sac à dos et en tirer un seau et deux épuisettes. Elle m’en flanque une dans les mains avec aplomb et je me sens étrangement honoré. Une moue impressionnée aux lèvres, je désigne d’un geste vague son attirail. « T’es bien équipée dis donc! » Elle lève le nez vers moi une demi-seconde, le temps de me répondre : « J’suis une professionnelle. » Elle est terriblement mignonne et beaucoup trop drôle, mais elle a l’air de se prendre au sérieux et je devine qu’elle n’aimerait pas voir qu’elle m’amuse. Alors je pince les lèvres pour faire passer mon envie de rigoler. Avec un peu d’effort, j’arrive même à prendre une tête solennelle. « C’est ce que je vois. Alors tu vas m’apprendre à chasser les coquillages? » Elle s’est remise debout et, délaissant son sac et ses sandales, elle s’approche de la lisière de sable mouillé par le ressac des vagues. Elle acquiesce à ma question d’un hochement de tête. Je dois reconnaître que son idée n’est pas mauvaise et me donne envie de me balader pieds nus dans les vagues moi aussi. J’ai déjà les chaussures pleines de sable de toute façon. Je les retire donc rapidement, mes chaussettes aussi, et roule le bas de mon pantalon pour ne pas le mouiller. L’eau fraîche qui s’insinue entre mes orteils me paraît hyper agréable et c’est avec entrain que je suis Morgane. Sa curiosité sur ma collection de reptiles satisfaite, je ne l’intéresse plus tellement, beaucoup moins en tout cas que les mille et un trésors que recèle cette plage. Elle erre de coquillage en coquillage, les soulevant délicatement du sable pour les observer sous toutes leurs coutures. Certains finissent dans le seau tandis que d’autres retournent dans le sable, jetés avec beaucoup moins de cérémonie une fois qu’elle a décidé qu’ils n’étaient pas à la hauteur de ses attentes.

Au début, je ne m’en mêle pas trop, me contentant surtout de la suivre et de m’assurer qu’elle ne tombe pas dans les vagues. Mais au bout d’un moment, je me laisse prendre au jeu. À l’aide de mon épuisette, je cueille délicatement des cailloux ou des coquillages qui ont échappé à l’œil pourtant aiguisé de la fillette. « Tu penses quoi de celui-là? » Elle l’observe un instant, une moue critique aux lèvres, avant de tendre la main pour le prendre. C’est un petit coquillage torsadé et zébré, le genre qui a sûrement dû abriter un escargot ou un autre petit mollusque visqueux. « Il est joli, » déclare-t-elle finalement avant de la laisser tomber dans son seau. Quelques mètres plus loin, elle s’exclame de sa voix fluette rendue encore plus aigüe par la surprise : « Une étoile de mer! » Je presse le pas pour la rejoindre et tends la main vers elle juste avant que ses doigts ne se referment sur l’animal. « Attends, faut pas la toucher! » Elle lève deux billes bleues contrariées vers moi. Oh oh. C’est l’heure de ma première gestion de crise là?! « Mais pourquoi? Je veux la mettre dans mon seau moi. » Je m’accroupis à côté d’elle pour me mettre à sa hauteur. « Je sais, mais regarde, elle est toujours vivante. » De l’index, je désigne les bras de l’étoile qui s’agitent doucement dans la flaque d’eau où elle s’est échouée entre deux gros rochers. Morgane me regarde, l’air de dire Et alors? Je croise les bras sur mes genoux. « La marée, tu sais ce que c’est? » Elle fait signe que non, l’air plus curieuse qu’embêtée maintenant. « C’est un phénomène naturel qui fait monter et descendre le niveau de la mer. L’étoile s’est échouée quand les vagues se sont retirées, mais elles ont recommencé à monter. Regarde ton sac. » Alors qu’il y avait un bon mètre entre l’endroit où nous avons abandonnés nos affaires et le bord de l’eau, certaines vagues plus fortes viennent presque lécher mes chaussures. « Quand les vagues vont remonter, elles vont venir chercher l’étoile. Mais si tu l’as mise dans ton seau, elle ne pourra pas retourner chez elle, tu comprends? » La gamine réfléchit un instant à ce que je viens de lui dire avant de hocher la tête. En se penchant au-dessus de la flaque d’eau, elle fait un petit signe de la main à l’étoile. « Les vagues vont te ramener chez toi. Bon voyage! » Elle se remet presque aussitôt à gambader tandis que je me redresse, attendri par son charme et sa spontanéité enfantine.

La voix d’Abel retentit en arrière de moi. Je me tourne vers lui juste comme il me donne un coup de coude. « Alors, on s’amuse bien? » Je ne l’empêche pas de me voler mon épuisette et lui souris. « Beaucoup. On vient de laisser la vie sauve à une étoile de mer. » Tandis qu’Abel me résume rapidement le déroulement du photoshoot, je hoche distraitement la tête. Avec notre chasse aux coquillages, j’avais presque oublié que j’étais techniquement en train de bosser. « Je crois que j’ai réussi à charmer le photographe, mais pour ce qui est de la constipée... Un petit coup lui f’rait pas d’mal si tu vois ce que je veux dire. » Je grimace et jette un coup dans la direction de Mo pour m’assurer que ses petites oreilles innocentes sont assez loin pour ne rien entendre. « Je me porte pas volontaire hein. Baiser un iceberg, très peu pour moi. » Mon commentaire arrache un petit rire à Abel, qui se tourne vers Morgane. « Vous avez trouvé des merveilles un peu? » Trop absorbée par son exploration, la fillette se contente d’agiter son seau dans notre direction sans répondre. Je décide de ne rien révéler, préférant laisser à Mo’ le soin de raconter en détail (et bien mieux que moi, j’en suis certain) l’histoire de chacun de ses coquillages et de ses cailloux à son père. « Alors ce baby-sitting? T’as pas d’gosses toi non? Tu te débrouilles bien... » Effectivement, ça s’est étonnamment bien déroulé. Je m’attendais à ce que ça soit vachement plus complexe que ça. J’imagine que l’endroit m’a aidé. C’est pas forcément difficile de garder un enfant occupé à la plage, il y a tellement de trucs à voir et à faire. Je glisse mes mains dans les poches de mes pantalons et jette un coup d’œil en coin à Abel. « Non, pas de gosses. » Il a l’air curieux et je me demande s’il ne va pas un peu à la pêche aux renseignements. Je ne suis pas le genre de personne qui étale sa vie à la vue des autres. Je projette une image particulière et je n’aime pas laisser couler de l’information qui pourrait compromettre cette image savamment cultivée. En même temps, je sais bien que pour établir une relation avec quelqu’un, ça aide de partager quelques-uns de ses secrets. Et de toute façon, j’ai assez confiance en Abel pour lui révéler quelques trucs (par ailleurs inoffensifs parce que déjà relativement connus à l’Agence). Il n’est pas le genre de personne à aller raconter ce qu’il a appris au premier venu. Avec un soupir, je détourne le regard vers le large en réfléchissant à ce que j’ai envie de raconter. « Je me suis marié assez jeune. Disons que ça a… mal tourné. » C’est l’euphémisme du siècle. « On avait parlé d’avoir des enfants mais ça s’est jamais concrétisé. Heureusement d’ailleurs. » Un flash rose dans ma vision périphérique attire mon attention vers Morgane et son seau. J’ai brusquement l’impression qu’on a foutu mon cœur dans un étau qui se referme impitoyablement et je reste étonné devant la violence de l’envie qui vient d’éclater brusquement dans ma poitrine. « J’sais pas si j’en aurai un jour, je suis pas certain que ça soit pour moi. » J’ai fini par me convaincre que ce bonheur ne m’était pas destiné. Je pensais m’y être résigné mais en observant Morgane d’un œil songeur, je me dis que ce n’est peut-être pas tout à fait le cas. Je tourne la tête vers Abel. « T’es chanceux, vraiment. T’as le plus beau trésor du monde. » Et je t’envie. Même si je ne les ai pas prononcés, j’ai l’impression que ces mots flottent entre nous, presque tangibles.

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  Empty
Message(#)Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  EmptySam 14 Déc 2019 - 2:34



@Gabriel López  & BabyBel

→ C’est avec lassitude que je pose devant le photographe, mon attitude rebelle et nonchalante a toujours plu et ils ont associé mon visage à la jeunesse londonienne, cette jeunesse libre à l’ivresse facile, cette jeunesse qui se défonce toutes les nuits à la recherche de l’interdit, cette jeunesse dont le goût du risque ne dépasse pas l’overdose et la mort, cette jeunesse qui flambe, aux idées sordides qui reflètent un monde qui s’barre littéralement en couilles. Mais qu’est-ce qu’on en a à foutre de leur souffrance après tout ? On en fait l’éloge, comme si de cramer la chandelle par les deux bouts était quelque chose de positif et de furieusement excitant. La vérité ? C’est la merde. Personne ne voit la douleur au fond de mon regard – ou s’ils la captent, ils l’ignorent soigneusement. Personne n’a envie de réellement se confronter à la douleur et la souffrance des autres. Ça effraie, on perd ses moyens devant la violence de la réalité, devant le désespoir qui s’étend comme un gouffre béant dans lequel on sombre et on tombe, tombe, tombe… Moi, je n’ai pas le droit de tomber. Y’a une petite fille qui compte sur moi pour avancer désormais. Alors, j’évite de sombrer comme je le peux. J’honore mes contrats, j’essaie tant bien que mal de rentrer dans le moule imposé par cette société malade, j’essaie de ne plus trop faire de vagues, de calmer mon caractère de grand excité et de me tempérer. Ouais, je me modère c’est ça. J’suis tout de même le plus heureux quand j’approche de Gabriel et de la petite princesse qui joue à la pêche aux crabes entre les rochers. – On vient de laisser la vie sauve à une étoile de mer. Le sourire s’étire sur mes lèvres en l’entendant et je plonge l’épuisette entre deux rochers, tout en lui assurant avoir rempli ma part du contrat. Qu’au moins il ne se soit pas donné tout ce mal pour rien, le pauvre. J’lui en fais baver avec toutes mes conneries et j’avoue ne pas comprendre pourquoi il s’emmerde autant avec moi. J’suis qu’un mannequin en fin de carrière après tout, non ? – Non, pas de gosses. Alors, c’est peut-être pour ça qu’il s’emmerde avec moi. Au final, j’suis un sale gosse non ? Manager des enfants-adultes, c’est sûrement un peu comme être parent (avec seulement les désavantages, faut bien en convenir). – Je me suis marié assez jeune. Disons que ça a … mal tourné. On avait parlé d’avoir des enfants mais ça s’est jamais concrétisé. Heureusement d’ailleurs. Je continue de jouer avec mon épuisette dans les rochers, sans toutefois pêcher grand-chose – je suis pas très doué pour ça. Je sens la discussion pesante, je sens qu’il est difficile pour Gabriel de se confier alors je bouge et je m’agite pour ne pas lui foutre une pression inutile supplémentaire. Si t’as pas envie de te confier, mec, le fais pas. Tu sais on a tous nos problèmes en réalité, on est tous un petit peu en train de crever en vrai… - J’sais pas si j’en aurai un jour, je suis pas certain que ça soit pour moi. Je relève brusquement la tête en l’entendant, le regard plissé et les sourcils froncés. Y’a de la douleur sur tout son visage, au manager. Y’a de la souffrance et de la résignation dans son regard et lorsqu’il se tourne vers moi, ça me frappe et ça m’attriste énormément. – T’es chanceux, vraiment. T’as le plus beau trésor du monde. Je le fixe un instant, un peu interdit par ces confessions. Je me mords l’intérieur des joues, jette un coup d’œil à Morgane et m’assure qu’elle est suffisamment loin pour me laisser aller à quelques confidences à mon tour. – Tu sais, je ne me suis pas toujours considéré comme chanceux en vrai. J’ai même carrément flippé quand elle est arrivée car bah… c’était pas dans les plans. Y’avait pas de plan. Y’a jamais eu de plans. Sauf maintenant, maintenant j’essaie d’en faire… c’est bancal, mais je m’y tiens comme je peux. – Quand Morgane a débarqué, j’étais pas prêt à l’accueillir dans ma vie, j’étais pas prêt à tout changer pour elle alors, ça a été plus facile de la rejeter au début, de laisser Jess gérer sans m’en soucier. Je secoue la tête, me sentant encore coupable de cette sombre période. – En vrai, il n’y a que quand j’ai compris que j’allais la perdre que j’ai réagi. Quand Jess m’a annoncé son départ de Londres, quand j’ai compris que je ne verrais plus ma gosse, c’est à ce moment-là que j’ai pensé à arrêter mes conneries. Fallait que tout s’arrête si je voulais la connaître. Je ne pouvais pas faire comme mon père, me détourner simplement et faire ma vie sans réellement m’en soucier. Parce que je l’aimais déjà, Morgane. J’avais juste peur de tout ce qu’elle impliquait, j’avais peur comme un gosse à qui on donne une nouvelle responsabilité, j’avais peur et j’étais pas accompagné. Seul, comme toujours. Seul à réfléchir, seul à avancer, seul à lutter. – En fait, j’arrête pas de me dire qu’elle m’a sauvé en venant au monde… Je souffle, détourne le regard et avoue – Moi aussi, j’disais que j’étais pas fait pour ça. Mais le destin, il fait c’qu’il veut tu sais alors, rien n’est vraiment joué d’avance tu sais ? Je relève mon regard bleu vers le sien, l’observe et hausse les épaules avant de tendre l’épuisette vers Morgane qui nous rejoins. Je me baisse, la prends dans mes bras où elle s’installe et fait face à mon manager, curieusement apaisé après cette discussion chargée en émotions mais sereine. Car j’ai accepté mes émotions depuis longtemps. En parler ne me fait plus autant de mal qu’avant. – On va boire un coup pour fêter la libération de la mère dragon ? Et accessoirement, se changer les idées aussi.

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  Empty
Message(#)Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  EmptyJeu 16 Jan 2020 - 4:23


Gabriel  & BabyBel
À en juger par la façon dont il me dévisage, Abel a l’air passablement étonné de mes confidences. J’en conclus qu’il avait posé la question sans nécessairement s’attendre à recevoir une réponse. Je ne regrette pas d’avoir parlé pour autant. Parce que je n’ai rien révélé de vraiment compromettant, d’abord. Mais surtout parce que ça m’a fait étonnamment beaucoup de bien d’avoir avoué à voix haute cette conclusion que je traîne avec moi depuis quelques années sans jamais l’avoir partagé avec qui que ce soit. Et puis, je ne me serai pas confié pour rien. Mon risque calculé semble avoir porté fruits puisqu’Abel décide de se lancer à son tour après avoir jeté un coup d’œil furtif en direction de sa fille, qui ne nous prête toujours aucune attention, obnubilée comme elle l’est par ses découvertes. Il me confie que, loin de l’avoir rempli de joie, l’arrivée de Morgane l’a profondément déstabilisé. D’après ce qu’on m’a raconté à son sujet quand il est arrivé à Brisbane, ça ne m’étonne pas tellement. Il ne menait pas vraiment le genre de vie qui se prête bien à la paternité. Mais je le comprends quand même. Je ne sais pas du tout comme je réagirais si l’une de mes conquêtes m’apprenait qu’elle porte mon enfant, mais je pense que j’aurais assurément la trouille. Abel poursuit son histoire, m’explique que c’est de presque avoir perdu sa fille qui l’a motivé à changer de vie pour avoir la chance de la connaître. Ça me permet de comprendre un peu mieux pourquoi il a tellement insisté pour me faire comprendre que Morgane était sa priorité lorsque nous nous sommes rencontrés pour discuter de sa carrière. C’est parce qu’elle est vraiment devenue toute sa vie, la prunelle de ses yeux, sa raison de se lever à tous les matins. Et autant je trouve ça beau à voir, autant ça exacerbe encore un peu ma jalousie. Parce que moi, ce qui me pousse à me lever à tous les matins, c’est ma carrière. J’ai toujours eu de l’ambition et je me suis donné les moyens de cette ambition, mais ces derniers temps, chaque fois que je rentre dans ma villa trop grande et trop vide quand Jo n’y est pas, je me demande s’il suffit vraiment d’avoir réussi sa carrière pour avoir réussi sa vie. Il y a sûrement des raisons plus importantes, plus nobles de vivre. Et je me dis qu’élever avec amour un enfant en fait sans doute partie. « En fait, j’arrête pas de me dire qu’elle m’a sauvé en venant au monde… Moi aussi, j’disais que j’étais pas fait pour ça. Mais le destin, il fait c’qu’il veut tu sais alors, rien n’est vraiment joué d’avance tu sais? » Je n’ai jamais cru au destin, sauf peut-être quand j’étais gamin. À ’église, le prêtre passait son temps à répéter à ses fidèles que Dieu a un plan pour chacun de ses enfants. Mais je n’y crois plus. Notre destin, nous le forgeons nous-même. Chacun est responsable de son propre bonheur, même si parfois le hasard s’en mêle. Comme Abel, par exemple. Ce n’est pas le destin qui lui a donné Morgane, et ce n’est pas le destin qui lui a donné l’envie et le courage de se tailler une place dans la vie de sa gamine en dépit des obstacles. Il a su créer son propre bonheur, mais il aurait tout aussi bien pu créer son malheur. « Tu as peut-être raison, » que je concède finalement. J’ai beau ne pas y croire, je ne connais pas tout. Qui sait? Le destin existe peut-être vraiment. « On va boire un coup pour fêter la libération de la mère dragon? » J’esquisse un sourire amusé. Voilà un surnom bien mérité et d’autant plus excellent qu’il la mettrait en furie si elle l’entendait. Je hoche néanmoins la tête. « Toi tu en es peut-être libéré, mais moi je dois m’assurer qu’on va être payé. Je ne voudrais pas que tu aies cuit au soleil pour rien. » À mon tour, je jette un coup d’œil en direction de Morgane avant de revenir à Abel. « Profite de ta journée de congé imprévue avec elle. » Haussant la voix pour être bien certain de me faire entendre, j’interpelle la gamine : « Mo’! Ton papa vient de me dire qu’il veut t’emmener manger une glace et que tu peux avoir toutes les saveurs que tu veux. » Évidemment, il n’en faut pas plus pour que la fillette s’élance comme une fusée vers nous en trimballant son seau plein à craquer derrière elle. Me doutant qu’elle voudra rapporter toutes ses découvertes avec elle, je souffle dans la direction d’Abel : « Tu vas avoir du sable partout dans ta bagnole pourrie. » Morgane débarque comme un boulet de canon dans les jambes de son père et se pend à sa taille. « C’est vrai, papa, hein dis? »  Je ne peux m’empêcher de sourire, aussi amusé qu’attendri. À la regarder supplier du regard son père qui n’a pas le choix d’accepter puisqu’il a « proposé » la sortie, on jurerait qu’elle n’en mange jamais. Or, je suis absolument certain que cette adorable enfant ne manque de rien, et encore moins de sucreries. Quand Abel lui a confirmé que, oui, ils iront bien manger une glace, elle se tourne vers moi. « Tu viens avec nous? » Je lui offre un sourire désolé. « Pas cette fois-ci, j’ai du boulot à finir au bureau. » Ses grandes billes bleues tournent à l’orage en même temps qu’elle fait la moue. Du coup, j’ai carrément l’impression d’être la pire personne de l’univers. « Allez, s’il-te-plaîîît. » Je jette un coup d’œil à Abel qui, évidemment ne dit rien et se contente de suivre l’interaction avec un sourire amusé comme un spectateur qui connaît d’avance l’issue d’un match. Frustré d’avance par le fait que je viens de me faire avoir par une gamine de quatre ans – j’élève des reptiles pour une raison : les puppy eyes me tuent, je ne sais pas y résister – je soupire et rends les armes. « D’accord, je vais venir avec vous. » Rebroussant chemin sur la plage, nous nous arrêtons le temps pour Mo’ et moi de remettre nos chaussures. Arrivés près du parking, je m’arrête et me tourne vers Abel. « Je dois quand même parler à la dragonne avant de partir. Tu peux m’écrire l’adresse de l’endroit où vous allez? Je vais vous y rejoindre après. » Satisfait de cet arrangement, je m’approche, mes chaussures dans une main, de l’endroit où se tient la démone. Je me doute qu’elle sera aussi affable qu’une porte de prison, une fois de plus, mais je m’en fous. Nous avons – de peine et de misère, je le reconnais – rempli notre part du marché. Et comment pourrais-je laisser une pimbêche dans son genre saboter mon humeur alors que je suis sur le point d’aller manger une glace en charmante compagnie?

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr


Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  Empty
Message(#)Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)  Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Le photo-shoot de l'extrême (GabEl #2)