Leah ouvrit les yeux alors qu'un faisceau de lumière traversait la pièce dans laquelle elle se trouvait. Un sourire étira ses lèvres alors qu'elle laissait son regard glissé vers le corps dénudé de Stephen. Ce réveil faisait écho à celui de la veille, et pourtant tout était différent. Elle avait même encore du mal à croire ce qu'ils étaient entrain de vivre. En effet, si quelques mois plus tôt - alors qu'elle était assise dans la salle d'attente du cabinet - on était venu lui dire qu'elle filerait un jour le parfait amour sur un bateau en plein milieu du Mékong avec Stephen, et bien... Elle aurait ri. Beaucoup. Rien dans cette phrase n'aurait eu de sens à ses yeux à l'époque. Un histoire d'amour alors qu'elle venait de réchapper à la mort à cause de son ex-compagnon? Avec Stephen, le meilleur ami de son frère et son crush d'adolescente qui ne l'avait jamais remarquée? Au Cambodge alors qu'elle n'avait jamais voyagé de sa vie? Non. Elle rêvait, ça n'était pas possible autrement. Lentement, elle se lova contre le kiné et laissa son index suivre le tracé de sa mâchoire. Une barbe de quelques jours commençait à faire son apparition, mais ça ne déplaisait pas à Leah, au contraire. Elle entreprit de déposer plusieurs baisers mouillés dans son cou avant d'atteindre ses lèvres, une bonne façon de lui faire comprendre qu'elle avait envie qu'il se réveille lui aussi. Un oeil ouvert lui indiqua qu'elle était sur la bonne voie, et elle continua de laisser ses lèvres se déposer un peu partout avant de remonter à son oreille où elle murmura un "On a encore dormi dans un bateau Holloway." Mais cette fois ci, aucune surprise ne vint faire son apparition dans les yeux du brun. La boutade faisait référence à leur réveil compliqué du jour avant, alors que celui-ci s'était fait avec leur esprit encore embrumé par les écarts de la veille. Mais là, tout était différent. Stephen avait fait preuve d'une spontanéité inattendue en lui apprenant qu'il était capable de naviguer seul un de ces bateaux qui longeaient le Mékong, et lui avait proposé une escapade où ils seraient seuls au monde. Une perspective qui avait immédiatement enchanté Leah qui s'était empressée d'accepter, toujours partante pour une aventure en compagnie du brun. Depuis qu'il était revenu de la campagne cambodgienne dans laquelle il avait évolué pendant trois jours sans elle, ils s'étaient encore plus rapprochés au travers de la sortie improvisée que la brune avait proposé à son retour à l'hôtel. Celle-ci avait amené à des évènements inattendus, les projetant sur le fleuve sur lequel ils avaient navigué jusqu'à cette ville où ils avaient finalement décidé de louer leur propre embarcation. Le regard de la brunette ne trompait pas, ses sentiments à l'égard de Stephen grandissaient de jour en jour, et pourtant, elle se sentait incapable de les prononcer à haute voix. Ses actes, eux, laissaient transparaître tout ce qu'elle ressentait à son égard, et c'était bien suffisant pour l'instant. Attrapant sa lèvre avec malice, elle plongea son regard dans le sien. "Bouges pas." Sans plus de cérémonie, elle se leva en faisant abstraction totale de sa nudité et elle se dirigea vers l'espace qui faisait office de cuisine où elle rassembla ce qu'ils avaient acheté la veille pour déjeuner sur un plateau, avant de lancer le café - chose vitale qui leur était à tous les deux absolument nécessaire pour fonctionner normalement - avec le matériel mit à disposition. Ils auraient pu louer un petit bateau sans le moindre équipement, mais Stephen avait encore tapé fort en louant un petit bijou qui se démarquait de ses voisins. Elle n'osait imaginer le prix qu'il avait du négocier pour trois jours, mais un minimum de confort au milieu de l'eau n'était pas de trop, finalement. Le brun commençait vraiment à déteindre sur elle. Elle revint rapidement à ses côtés avec les victuailles, désireuse de paresser encore un peu avant qu'ils ne rejoignent l'extérieur du bateau pour reprendre leur périple. "Si ça c'est pas un festin, je ne sais pas ce que c'est." Affirma-t-elle en s'emparant d'une pomme dans laquelle elle croqua à pleine dent, avant de lui adresser un large sourire. "Je te préviens, je veux plus revenir à Brisbane." Affirma-t-elle en penchant la tête sur le côté, toujours son sourire posté au coin de ses lèvres.
Ce réveil était nettement plus doux que le précédent. Pas de mal de crâne carabiné, pas de couchage en polyester inconfortable. Alors que la cabine qu'ils partageaient se gorgeait de lumière, Stephen n'avait pas la sensation de se trouver dans un endroit qui lui était tout à fait inconnu ; un fait rassurant. Les paupières encore closes, le brun se réveillait avec douceur, extirpé des bras de Morphée par une Leah qui venait se blottir contre lui et parsemer le tracé de sa mâchoire de baisers mouillés. n sourire lui naissait au coin des lèvres alors que des souvenirs de la veille lui revenaient en mémoire. Ceux de cette soirée hors du temps qu'ils avaient passée tous les deux loin, bien loin de l'agitation extérieure. L'un contre l'autre, comme dans une bulle de bonheur qui n'appartenait qu'à eux, ils avaient fait de ce début d'escapade quelque chose de parfait, comme si tous les astres s'étaient alignés pour leur offrir -enfin- quelques moments de répit. "On a encore dormi dans un bateau Holloway." Elle lui avait murmuré ces quelques mots à l'oreille, suffisant à le réveiller pour de bon alors qu'un sourire idiot ornait désormais ses lèvres. L'encerclant de ses bras, Stephen l'attirait contre lui pour embrasser ses lèvres et commencer cette nouvelle journée comme il se devait. "... et t'as même pas eu besoin de me noyer sous les cocktails." qu'il soufflait tandis qu'elle attrapait sa lèvres inférieure avant de se relever et de s'extirper de leurs draps. "Bouges pas." Ce n'était pas comme si leur cabine était immense de toute façon. Leah quittait le lit, suivie du regard par un Stephen qui se redressait à peine, l'esprit encore embrumée. Dire qu'il manquait de sommeil était sûrement un euphémisme ; entre son bénévolat en province et ces deux dernières nuits qu'ils avaient passées à discuter et à renouer, le brun sortait les rames pour garder les idées claires. Il n'avait pas assez dormi, mais étonnamment, il arrivait à composer avec le peu d'énergie qu'il avait en stock. Alors que la jeune femme préparait de quoi déjeuner en rassemblant le tout sur un plateau -Dieu merci, la cafetière à bord était fonctionnelle- Stephen en profitait pour jeter un coup d'oeil à son portable ; il était tard dans la matinée, et aucune mauvaise nouvelle ne venait obscurcir leur début de périple ... si ce n'est peut être la météo. Son regard accrochait à quelques nuages grisonnants qu'on pouvait voir percer au travers de l'un des hublots. "Si ça c'est pas un festin, je ne sais pas ce que c'est." Revenue auprès de lui, Leah le fit revenir à la réalité. Reposant son portable sur un coin du lit, il se penchait pour lui voler un baiser avant de se ruer sur la cafetière pour leur en servir deux tasses, bien que pour le moment, la brune avait jeté son dévolu sur une pomme qu'elle dévorait presque. "Tu peux faire ça tout le temps Bau. Me ramener le café au lit complètement nue." tant qu'elle ne se brûle pas au troisième degré ; il s'agissait de Leah ; sa malchance dépassait d'une courte tête son quota de séduction et il ne se sentait clairement pas d'écourter leur escapade paradisiaque pour une devoir expliquer aux locaux les circonstances de l'incident. "Je te préviens, je veux plus revenir à Brisbane." lançait elle ensuite, un large sourire au coin des lèvres. Lui non plus ne voulait pas redescendre, mais à défaut de pouvoir renier complètement famille, travail et enfant ... il ne pouvait que rester dans l'utopie. "Et on ferait quoi ici ? T'envisage de te reconvertir en barmaid locale pour avoir le secret des supers cocktails ?" qu'il demandait avec amusement, portant à ses lèvres la tasse de café fumante qui suffisait à elle seule à doper son quota d'endorphines. "A moins que tu..." boum. Alors que la luminosité ambiante s'était soudainement diminuée -sans toutefois qu'il ne le relève, ayant remarqué les nuages grisonnants qui obscurcissaient le ciel quelques secondes plus tôt- un orage éclair les surprenait, rapidement suivi par une sorte de pluie torrentielle qui martelait contre les parois du bateau. Merde. Comment la météo pouvait elle changer ainsi en une dizaine de secondes ? "Les hublots" s'empressait il presque de marmonner en se relevant rapidement pour fermer les quelques ouvertures extérieures qu'ils avaient pu laisser ouvertes pour gagner un peu de fraîcheur dans la nuit. "Leah !" si la jeune femme semblait s'amuser de la situation, il n'en valait pas de même pour lui qui galérait légèrement avec le mécanisme complexe de ces foutus aménagements nautiques.
Alors qu’elle l’observait dormir, Leah se surprit à penser qu’elle se verrait bien passer le restant de ses jours à se réveiller aux côtés du brun. Une pensée fugace, qui la fit pratiquement rougir toute seule. Ils avaient fait beaucoup de chemin tous les deux depuis ces années lycées où il ne l’avait jamais remarquée, cette rééducation infernale au cabinet qui leur avait permis de réapprendre à ce connaître, jusqu’à ces dérapages à répétition qui les avaient lentement amenés à se rendre compte que leur histoire était sans doute un peu plus qu’une simple amitié améliorée. Et effectivement, depuis l’officialisation de leur couple il y a quelques mois, Leah se sentait comme sur un petit nuage. En dépit des défauts évidents qui ponctuaient le caractère névrosé de Stephen, la jeune femme avait appris à aimer chaque aspect de sa personnalité et à s’accommoder de certaines de ses lubies. Elle-même n’était pas un cadeau quand elle s’y mettait, et pourtant il semblait lui aussi s’amuser de ces accrocs qui en auraient fait fuir plus d’uns. Ces parenthèses qu’ils s’accordaient à l’étranger n’étaient qu’une façon de plus de se rapprocher, à l’abri de la vie à cent à l’heure qu’ils menaient parfois à Brisbane. Seuls sur ce bateau au milieu du Mékong, tout semblait possible à la brunette qui parvenait difficilement à ne pas sourire sans cesse, tant son bonheur avait besoin de s’exprimer. "... et t'as même pas eu besoin de me noyer sous les cocktails." Attrapant ses lèvres tout en l’attirant à lui, le brun avait lui aussi un sourire éclatant qui transformait littéralement l’aspect de son visage. Un Stephen détendu et souriant, ça n’était pas un tableau auquel elle avait souvent droit lorsqu’ils étaient chez eux. « Les cocktails, c’est seulement pour te faire oublier certaines choses que j’aurais laissé échapper par mégarde. Tu sais, des informations extrêmement confidentielles, ce genre de trucs… » Ben voyons. L’amour et le bonheur la faisaient planer, elle commençait à délirer et à prétendre être une espionne maintenant. Leah, il est temps de redescendre. Délaissant à regret les lèvres du kiné, la brunette se releva afin de leur préparer de quoi déjeuner. Rien de bien extraordinaire, après tout ils s’étaient contentés du minimum syndical avant d’embarquer. Mais elle s’appliqua à remplir le plateau, sachant qu’il serait principalement pour elle ; le brun n’avait jamais été un gros mangeur au réveil. Le plus important résidait de toute façon dans la caféine qui se trouvait dans la cafetière qu’elle amena avec le plateau sur le lit, laissant à Stephen le soin de leur verser deux tasses fumantes. "Tu peux faire ça tout le temps Bau. Me ramener le café au lit complètement nue." Un sourire en coin réapparu sur les lèvres de la jeune femme, tandis qu’une lueur d’envie dansait dans ses yeux. « Si je fais ça tu ne sauras plus jamais te passer de moi Holloway. » Murmura-t-elle avec un air malicieux avant de mordre à nouveau dans sa pomme en l’observant leur servir à boire. Elle n’hésita pas à lui livrer le fond de sa pensée à voix haute, lui expliquant qu’elle n’avait plus envie de revenir vivre à Brisbane. Ici tous les deux, dans ce petit paradis, c’était tout ce qui lui fallait. "Et on ferait quoi ici ? T'envisage de te reconvertir en barmaid locale pour avoir le secret des supers cocktails ?" Elle secoua la tête, prenant un air extrêmement sérieux alors qu’on parlait du métier qu’elle avait exercé toutes ces années. « Tu parles, c’est eux qui viendront pleurer pour connaître le secret de mes supers cocktails. » Lâcha-t-elle avec une pointe de vantardise dans la voix. « Et toi tu deviendras capitaine du LEAH – la base – et tu feras voguer tous les touristes sur le fleuve avec ta super casquette. » Ajouta-t-elle en éclatant de rire, secouant à nouveau la tête face à sa propre bêtise. "A moins que tu..." boum. Ils relevèrent la tête en même temps, jetant un œil intrigué vers l’extérieur. Adieu rayon de soleil, bonjour nuages obscurs. Fronçant le nez, la brunette jeta à la poubelle de son esprit ses projets de la journée qui consistaient principalement à parfaire son bronzage. Une pluie battante commença à tomber une demi-seconde plus tard, faisant hausser un sourcil à la jeune femme qui se demandait comment les quatre saisons pouvaient défiler en si peu de temps dans ce pays. Ne manquait plus que la grêle pour venir parfaire le tableau. "Les hublots" Stephen se releva d’un bond, comme si quelques gouttes de pluie allaient suffire à inonder l’intérieur de leur embarcation, sérieusement. Amusée, la brunette se leva à son tour mais plutôt dans l’optique de retrouver ses sous-vêtements avant de courir à son tour refermer tous les hublots. "Leah !" Elle leva les yeux au ciel et abandonna l’idée de se vêtir complètement avant d’intervenir et se précipita à ses côtés uniquement armée d’un t-shirt à lui qui couvrait à peine ses fesses. Non mais vraiment. En quelques secondes, ils parvinrent à refermer tous les hublots, et un soupir de soulagement pouvait se lire sur les traits du brun. Un soulagement qu’elle aurait aimé poursuivre, mais c’était à son tour de froncer les sourcils alors qu’elle regardait l’extérieur d’un œil inquiet. « Stephen… » Comment dire. « Non pas que je remette tes compétences ou quoique ce soit en cause mais… C’est normal qu’on bouge ? » Le kiné avait jeté l’ancre la veille, et en dépit d’une eau tumultueuse, ils auraient dû faire du sur place. Et ce qu’elle voyait lui indiquait qu’ils s’étaient déjà éloignés de l’endroit où ils avaient décidé de s’arrêter hier.
D'être sur ce bateau lui garantissait un réveil plus serein que celui d'hier. Ce n'était pas tant qu'il n'accordait aucune confiance à leur embarcation précédente, plutôt que sur celle ci il avait le contrôle, il l'avait choisie. Stephen avait une tendance assez proche de la paranoïa à vouloir absolument tout contrôler, même lorsqu'il était question de moments de détente comme celui ci. Lâcher prise d'accord, mais pas tant qu'il ne les savait pas en sécurité sur un bateau qu'ils n'avaient pas sélectionné ivres mort la veille. « Les cocktails, c’est seulement pour te faire oublier certaines choses que j’aurais laissé échapper par mégarde. Tu sais, des informations extrêmement confidentielles, ce genre de trucs… » Haussant le sourcil, le brun glissait ses mains contre la taille de la jeune femme pour l'amener à lui et attraper ses lèvres, rendant ce premier instant de cette journée sur le fleuve plus tendre, bien qu'il n'y en ait pas véritablement besoin. Depuis qu'ils avaient embarqué ils ne s'étaient pas quittés, et sans doute que cette configuration se poursuivrait jusqu'à la fin de cette petite escapade où ils semblaient être littéralement seuls au monde au milieu des rizières. "Certaines choses du genre ? Celles que je ne peux pas apprendre par l'un de tes frères ou t'as des secrets bien plus sombres à la Black Widow ?" On pouvait déceler dans sa voix une pointe de moquerie tandis qu'elle se détachait ; à regrets. Le brun trouvait néanmoins du réconfort auprès de son téléphone qui le ramenait sur terre et de l'odeur de café qui embaumait désormais la pièce. Leah préparait le petit déjeuner qu'elle leur ramenait sur un plateau duquel il n'accordait grâce qu'aux deux tasses qu'il s'empressait presque de remplir de leur dose quotidienne et nécessaire de caféine. Suggérant que la brunette pouvait tout à fait renouveler ces attentions quotidiennement, Stephen essuyait un refus qui lui arrachait un sourire en coin : « Si je fais ça tu ne sauras plus jamais te passer de moi Holloway. » Mais c'était déjà le cas. Même s'il ne l'avouerait pas. Pas maintenant en tout cas. Se contentant de lever les yeux au ciel pour la forme il portait à ses lèvres son précieux, écoutant Leah lui livrer l'hypothèse d'une vie d'expatriés qu'ils pourraient mener s'il n'utilisaient jamais leur billet retour ; une utopie qui était plaisante à entendre. « Tu parles, c’est eux qui viendront pleurer pour connaître le secret de mes supers cocktails. » lançait-elle avec sérieux avant de poursuivre plus légèrement : « Et toi tu deviendras capitaine du LEAH – la base – et tu feras voguer tous les touristes sur le fleuve avec ta super casquette. » Nope nope. Jamais. Elle éclatait de rire face à ce fait qui chatouillait son ego, mais alors qu'il reposait sa tasse sur le plateau pour venir régler ce différend à la manière douce un éclair jaillit ... suivi presque immédiatement par une pluie diluvienne ; les joies du Cambodge et de sa météo capricieuse. Ce n'était pas le premier orage qu'ils essuyaient depuis qu'ils étaient arrivés, mais jusqu'à présent ils n'étaient pas seuls au monde sur un bateau perdus au milieu du Mékong. Son premier réflexe fut de fermer tous les hublots qu'ils avaient ouvert pendant la nuit pour obtenir un peu d'air, mais si à ses yeux laisser le mobilier -et leur lit- à l'abri des quelques trombes d'eau qui pourraient s'infiltrer était une priorité, il semblait ne pas en valoir de même pour la brune qui se relevait pour ... trouver des sous vêtements. D'accord. Après avoir râlé Leah avait toutefois dénié venir l'aider, et c'est non sans peine qu'ils avaient réussi à tout fermer pour rendre la cabine plus ou moins hermétique. A son tour de venir trouver de quoi se vêtir -honnêtement un caleçon ferait l'affaire pour le moment- mais alors qu'il mettait son léger déséquilibre sur le coup d'un réveil trop brutal, un « Stephen… » lui avait fait relevé le menton, mais ce que la brune avait à dire ensuite n'était pas pour le rassurer. « Non pas que je remette tes compétences ou quoique ce soit en cause mais… C’est normal qu’on bouge ? » Hein ? Non bien sûr que non. Fronçant les sourcils à son tour il se précipita presque jusqu'à la porte de leur cabine pour voir qu'effectivement, ils bougeaient. Et pas qu'un peu. Rendus dans le milieu du fleuve leur embarcation peinait à se maintenir et devait draguer une bonne partie du fond. Ils étaient quasiment de travers, mais s'ils voulaient éviter de se faire percuter par une péniche il vaudrait mieux qu'ils bougent. "Attends je reviens. Prends soin de mon café." Parce qu'il n'avait aucune envie qu'il se renverse et qu'il en aurait bien besoin en revenant, Stephen faisait le sacrifice de sa personne en bravant la tempête pour se rendre à l'extérieur. En moins d'une demie seconde il était trempé jusqu'aux os, et alors qu'il se rendait jusqu'au point de levage de l'ancre, il galérait allègrement à s'en sortir pour actionner les mécanismes qui la libérerait. Sa besogne fut accomplie en cinq longues (très longues) minutes après lesquelles il revint dans la cabine trempée jusqu'aux os ; mais ce n'était pas vraiment leur principal souci. Sans prêter attention à Leah -non pas qu'il n'en ait pas envie mais parce que le moment pressait un peu- il reprenait les commandes de leur embarcation désormais libérée pour tenter de diriger le bateau vers un lieu ou le vent serait moins fort, sans trop de succès. "Je crois qu'on va devoir se poser quelque part jusqu'à ce que.." ah. Ce moment arrivait plus rapidement que prévu. Ils se retrouvaient secoués, portés par la dérive jusqu'à un mont de terre en bordure du fleuve qui empêchait toute manœuvre possible et qu'il n'avait absolument pas su éviter. Eh merde. "Faut qu'on attende que ça se passe." Se passant une main sur le visage pour se débarrasser de toutes les gouttelettes de pluie, le brun laissait complètement tomber l'idée d'établir un constat de l'étendue des dégâts. Ils ne pourraient plus rien faire pour se sortir de là tant que le courant ne se calmait pas, alors plutôt que de batailler en vain il se relevait, puis attrapait une serviette dans laquelle il s'enroulait presque.
Grisée par la douceur du moment et la proximité qui les liait tous les deux, Leah se laissait de nouveau aller à quelques divagations qui lui étaient propres lorsqu’elle avait envie de plaisanter et de taquiner le brun, comme en cet instant. Prétendre qu’elle ait pu laisser échapper des informations hautement confidentielles, n’ayant d’autre choix que de saouler le kiné pour le faire oublier, voilà un discours qui tenait d’une conversation entre Mr & Mrs Smith. Sauf que Leah n’avait rien d’une Angelina Jolie et que Stephen était bien plus attrayant que Brad Pitt – si vous vouliez son avis. Arquant un sourcil étonné, le brun l’attira à lui pour déposer une nouvelle fois ses lèvres contre les siennes, faisant fondre encore un peu plus la brunette qui nageait littéralement dans une piscine de petits nuages cotonneux depuis quelques jours."Certaines choses du genre ? Celles que je ne peux pas apprendre par l'un de tes frères ou t'as des secrets bien plus sombres à la Black Widow ? " La jeune femme éclata de rire, pas vraiment douée pour donner le change. « On a tous des squelettes dans le placard Holloway, mais les miens n’ont rien d’exceptionnels. »Le rassura-t-elle avec un petit clin d’œil, laissant la pensée fugace d’une nuit où elle avait assisté à l’overdose d’un de ses amis la traverser sans la retenir. Cet évènement était sans doute la seule chose de son passé qu’elle aurait aimé oublier tant la culpabilité de n’avoir jamais prévenu la police la tenaillait encore par moments. Elle n’en avait jamais parlé à personne, et c’était mieux comme ça. Leah se détacha de l’étreinte de Stephen afin d’aller leur préparer de quoi déjeuner, refusant à voix haute d’en faire une habitude, faute de quoi il ne saurait plus jamais se passer d’elle. Son ton était malicieux et voir le kiné lever les yeux au ciel lui arracha un nouveau sourire. Revenant à sa hauteur avec un plateau rempli de victuailles, la brunette recommença à divaguer mais cette fois-ci sur une vie hypothétique qu’ils mèneraient ici au Cambodge. L’idée était alléchante, mais la tête que tirait le brun face à ses perspectives d’avenir laissait entendre qu’il n’était pas tout à fait d’accord avec elle. Dommage. La brune n’en démordait pas et espérait bien lui faire porter cette casquette avant la fin de leur séjour. Stephen fit mine de se diriger vers elle pour lui faire comprendre à sa façon ce qu’il pensait de toute cette histoire, mais un violent coup de tonnerre rapidement suivi d’une pluie torrentielle commença à s’abattre sur le fleuve. Le brun se leva d’un bond, tentant tant bien que mal de fermer les hublots pendant que la jeune femme cherchait de quoi couvrir un minimum sa nudité avant de venir lui prêter main forte. Quelques minutes furent nécessaires, et tandis que le jeune homme enfilait un caleçon, le regard de la brunette s’attarda sur l’extérieur et c’est à ce moment précis qu’elle constata que l’embarcation bougeait ; ce qui n’était pas prévu. Stephen arriva à sa hauteur pour vérifier ses dires en fronçant les sourcils et lui lança un "Attends je reviens. Prends soin de mon café." tout en lui tendant ladite tasse. Inquiète de le voir sortir en pleine tempête, elle resta postée à la porte en tendant l’oreille, prête à intervenir en cas de pépin. Après de longues minutes, il revint dans la cabine – trempé jusqu’aux os – et se mit aux commandes, tentant sans doute de reprendre un minimum le contrôle du bateau. "Je crois qu'on va devoir se poser quelque part jusqu'à ce que.." Une secousse vint l’empêcher de terminer sa phrase et Leah fut déséquilibrée, mais parvint à ne pas renverser la tasse ; un exploit. Elle regarda à nouveau vers l’extérieur, constatant qu’ils étaient désormais coincés sur un lopin de terre en bordure du fleuve. "Faut qu'on attende que ça se passe." Leah hocha la tête en se mordant la lèvre. « Je préfère encore ça à l’idée de dériver avec le courant au risque de rejouer la scène du Titanic. » Lança-t-elle en versant le café – désormais froid – de sa tasse dans l’évier et de lui en resservir une fumante. Elle s’avança vers lui et la lui tendit avant de hausser un sourcil amusé, désireuse de détendre le brun qui devait probablement prendre sur lui pour ne pas céder à une crise de nerfs. « C’était incroyablement sexy cette façon d’aller braver la tempête en caleçon Holloway, dommage que le bateau n’y ait pas mis du sien. » Souffla-t-elle en se relaissant tomber à côté de lui avec une autre serviette, passant celle-ci dans les cheveux ruisselants du kiné. « Manquerait plus que tu tombes malade maintenant. » Lança-t-elle en faisant la moue, le voyant légèrement grelotter.
Stephen était bien curieux à l'idée de savoir ce que Leah pourrait lui dégoter comme secrets bien gardés, et alors qu'elle s'était confiée dans un éclat de rire, il avait essayé de la travailler un peu. « On a tous des squelettes dans le placard Holloway, mais les miens n’ont rien d’exceptionnels. » Rien d'exceptionnels hein. Le sourcil relevé, le brun l'observait avant de se rapprocher encore un peu plus, attrapant son menton dont il en mordillait la peau avant de descendre dans le creux de son cou ; une tentative comme une autre pour la faire parler, pourtant vite avortée par un petit déjeuner que Leah avait décidé d'amener et qui s'annonçait ... mouvementé. L'idée de manger un peu et d'utiliser la cafetière avait beau être alléchante, l'orage qui tonnait à l'extérieur avait supplanté de loin le besoin de caféine du brun, et le petit sacrifice de sa dose matinale n'avait pas été fait en vain. En fermant tant bien que mal les hublots ils avaient sauvé leurs draps de l’inondation, mais ce fut ensuite à une dérive qu'ils devaient faire face. Eh merde. Confiant sa sacro-sainte tasse à la brunette, le kiné était sorti de leur cabine pour tenter de sauver (un peu) les choses en rassemblant le peu de souvenirs qu'il avait emmagasiné de ses sorties en mer avec l'oncle John ; note à l'avenir, prêter davantage attention à ce que pouvait débiter ce vieux bonhomme. Il lui avait fallu quelques minutes pour lever l'ancre, et presque autant pour revenir à bord en s'assurant que tout allait bien, bien que l'exact opposé de ce à quoi il aspirait se tramait. Leur embarcation se détachait complètement du cap qu'il avait souhaité lui donner et alors qu'il avait à peine atteint les commandes en revenant à l'intérieur, trempé jusqu'aux os, une secousse les propulsait lourdement vers l'avant ; ils venaient de perdre le contrôle et se retrouvaient coincés en bordure du fleuve. Génial. Coupant les moteurs, Stephen, résigné, haussait les épaules en exposant la situation à une Leah qui se mordait la lèvre pour ne pas céder à un petit rire ; ben voyons. « Je préfère encore ça à l’idée de dériver avec le courant au risque de rejouer la scène du Titanic. » Avec Céline Dion en fond sonore aussi, non ? "Dans un fleuve en pleine mousson Bau, on a quand même peu de chances de mourir noyés et morts de froid." Quoique, avec Leah rien n'était moins sûr. La brune avait en elle un quota de malchance qui dépassait l'entendement, en témoignait leur première sortie tous les deux à Witches Falls. C'était il y a presque un an et pourtant il lui semblait que cela remontait à une éternité entière. Finalement, alors que la jeune femme lui resservait une tasse de café qui lui apparaissait littéralement comme un réconfort bien mérité, Stephen l'attrapait du bout des doigts, immédiatement apaisé par l'odeur réconfortante qui s'en dégageait. Lui qui aurait du s'énerver et sortir un téléphone satellite de son sac à dos regorgeant d'objets nécessaires à sa survie hors des sentiers battus était étonnamment zen ; sans doute avait il compris qu'il ne pouvait strictement plus rien faire. Ou alors c'était le sentiment de se savoir seuls au monde qui le rendait si paisible. Ils n'étaient pas en danger, seulement ... coincés. « C’était incroyablement sexy cette façon d’aller braver la tempête en caleçon Holloway, dommage que le bateau n’y ait pas mis du sien. » Leah soufflait avant de venir se poster à ses côtés sur le rebord du matelas, lui glissant une serviette dans les cheveux ; geste qui lui arrachait au passage un grognement. Il n'aimait pas vraiment se laisser materner ainsi.. du moins en apparence. « Manquerait plus que tu tombes malade maintenant. » avait elle poursuivi en faisant la moue. Ah non. Ce n'était pas négociable. Se réchauffant brièvement en prenant une gorgée de sa boisson, le brun la reposait ensuite sur le rebord d'un chevet pour amener ses mains contre la taille de la jeune femme et se laisser retomber sur le dos en l'entraînant dans sa chute. "Faudra que tu me ramènes auprès d'Helen qu'elle puisse jouer aux infirmières si c'est le cas." qu'il soufflait avec amusement en nichant son visage contre sa clavicule qu'il parsemait de baisers, mais alors que ses mains venaient remonter les draps au dessus d'eux -il mourrait de froid, mais était bien trop fier pour l'avouer- un autre bruit venait le sortir du cocon dans lequel il avait désiré les plonger le temps d'une sieste tout sauf reposante. Ce n'était pas la pluie battante qui avait tapé un poil plus fort contre la carlingue de leur embarcation, mais bel et bien une main. Une foutue main appartenant à un local qui s'était pointé à leur fenêtre la bouche en cœur. "Chuoy ?" Chuquoi ? Fronçant les sourcils un bref instant, Stephen fixait le type en face d'eux -certainement un agriculteur- sans trop savoir quoi dire. "Tu penses que si on reste la sans bouger il finira par disparaître ?" Oui évidement. Ou sûrement pas, en fait. Le type les regardait avec un sourire attendrissant et une bonne humeur à laquelle Stephen demeurait pourtant hermétique. "Vous avez besoin d'aide ?" avait il répété dans un anglais approximatif. Mais non pas du tout. "D'accord. Parmi toutes les personnes au monde que j'aurais imaginé nous déranger, le paysan du coin figurait pas en tête de liste." Plutôt à la toute fin. Enfin en toute honnêteté il n'était pas vraiment sur la liste. Ne voyait il pas qu'il dérangeait ? Qu'ils n'avaient pas besoin d'aide ? "... on fait quoi là ? Je sors pas de la dessous en sous vêtements. Hors de question." Et elle ne déguerpissait pas non plus les fesses à l'air. Nope nope, mais l'agriculteur semblait ne pas lire entre les lignes. Malgré la pluie battante et la tornade extérieure il semblait bien décidé à venir les aider.. et si ça partait d'une bonne intention, Stephen n'en demeurait pas moins agacé.
Leah pouvait voir qu'elle avait piqué la curiosité de Stephen en ne niant pas avoir quelques squelettes dans son placard mais en minimisant leur importance. Avec une douceur qui lui était propre, le brun attrapa son menton afin de parsemer sa mâchoire de quelques mordillements afin de lui montrer avec tendresse qu'il n'appréciait pas qu'elle retienne des informations à son égard. La brune ferma les yeux lorsque les lèvres du brun commencèrent à se perdre dans son cou, mais la jeune femme ne comptait pas céder et elle interrompit ce moment qui n'attendait qu'elle pour déraper afin de préparer un petit déjeuner digne de ce nom. Leur journée commençait dans la douceur et la tranquillité, mais c'était sans compter les intempéries qui s'annonçaient au-dessus de leur tête. En quelques secondes, un orage violent éclata en même temps qu'une pluie torrentielle, et si le brun donna tout ce qu'il avait pendant plusieurs minutes pour "sauver le navire", celui-ci décida de s'échouer sur un lopin de terre plutôt que de sombrer; et c'était déjà ça. La situation n'était pas si catastrophique même si Leah n'aurait jamais pensé un jour pouvoir conter une mésaventure pareille; on s'est échoué sur le Mékong. Elle ignorait si tout ça pouvoir avoir ou non des conséquences dramatiques, mais concrètement le fait de voir Stephen ainsi détrempé et l'air perdu après avoir perdu le contrôle de l'embarcation... Cela lui donnait envie de rire. Elle se mordit d'ailleurs la lèvre pour s'en empêcher de peur de le vexer après tout ce qu'il avait mit en oeuvre pour empêcher ce désastre. "Dans un fleuve en pleine mousson Bau, on a quand même peu de chances de mourir noyés et morts de froid." Vu sous cet angle. "Dans tous les cas, nous on serait assez intelligents pour rester sur la planche." Répliqua-t-elle en hochant la tête, persuadée de ce qu'elle avançait alors que tout dans cette phrase était de l'ordre de l'hypothèse. Et puis Stephen tentait le diable en invoquant la chance alors qu'elle était à bord, tout le monde savait que si quelqu'un en était dépourvu, c'était bien elle. Réprimant un nouveau rire, elle lui resservit une tasse de café fumant afin qu'il se réchauffe et elle en profita pour attraper à son tour une serviette pour s'occuper de lui - récoltant une petit grognement au passage. Elle se pencha sur lui pour déposer un baiser sur sa joue avant de continuer d'essorer ses cheveux trempés et de lui dire qu'elle n'avait pas très envie qu'il tombe malade. Ils avaient encore du temps devant eux avant de quitter le Cambodge et elle comptait sur lui pour tenir sur ses deux jambes jusqu'à la fin. Le brun déposa sa tasse sur le rebord d'un meuble et l'attira à lui en se laissant tomber en arrière, la faisant atterrir lourdement sur son torse dans un petit rire. La délicatesse et Leah Baumann étaient des mots qui n'allaient pas ensemble; pas du tout. "Faudra que tu me ramènes auprès d'Helen qu'elle puisse jouer aux infirmières si c'est le cas." Souffla-t-il en parsemant sa peau de baisers mouillés le long de sa clavicule, là où sa peau était la plus fine. Frissonnant légèrement, elle ne put s'empêcher d'hausser un sourcil faussement mécontent en appuyant sur son épaule pour le faire retomber contre le matelas, le dominant ainsi légèrement. "'T'es entrain de me dire que je ne te suffit pas comme infirmière?" Lança-t-elle avec une lueur amusée dans les yeux, comme à chaque fois que cette pauvre femme arrivait dans leur conversation comme un moyen d'attiser sa jalousie en jouant sur l'humour. "C'est dommage, je connaissais pourtant quelques remèdes qui auraient pu faire l'affaire..." Ajouta-t-elle en laissant sa main droite descendre le long de son torse afin de rejoindre lentement son... "Chuoy ?" Leah interrompit son geste en sursautant lorsqu'un coup se fit entendre contre la carlingue. Son regard interrogateur croisa celui du kiné, avant qu'ils ne se tournent dans un même mouvement vers la source du bruit. Jésus Marie Joseph. Un paysan tout ce qu'il y avait de plus cliché les observait par delà un des hublots, armé de son chapeau de paille et de son sourire édenté; charmant. Si la situation n'avait pas été aussi risible, la brunette se serait probablement caché sous la couette en hurlant. Mais le pauvre semblait simplement vouloir leur venir en aide. "Tu penses que si on reste la sans bouger il finira par disparaître ?" Ca pouvait se tenter, mais à voir la tête du gars, il était prêt à rameuter la moitié du village s'ils le lui demandaient, alors... "Nope." Répondit-elle sans pouvoir quitter cet homme des yeux, abasourdie par l'absurdité de toute cette situation. Non content de s'être échoués Dieu sait où le long du fleuve, voilà qu'ils se faisaient interrompre en plein préliminaires par un local désireux de faire sa BA de la journée. "Vous avez besoin d'aide ?" Répéta l'homme en anglais, inconscient que le problème de communication se situait de son côté et non du leur. "D'accord. Parmi toutes les personnes au monde que j'aurais imaginé nous déranger, le paysan du coin figurait pas en tête de liste... on fait quoi là ? Je sors pas de la dessous en sous vêtements. Hors de question." Leah secoua la tête en se retenant de pouffer de rire. Très bien. S'il ne voulait pas sortir de là en sous vêtements, elle le ferait. Et avant que Stephen ne puisse réagir, elle s'extirpa de la couverture qu'il avait rabattu sur eux et enleva son t-shirt d'un mouvement gracieux tout en se dirigeant vers le hublot où l'homme l'observait avec des yeux ronds. C'est qu'il ne devait pas en voir souvent des australiennes topless ce pauvre homme. Et armée de son plus grand sourire, elle lui fit un geste qui signifiait Goodbye et elle utilisa le t-shirt pour couvrir la vitre par laquelle il les avait surpris. Ravie de l'avoir fait fuir sans s'être montrée hostile - non mais ils avaient peut-être défoncés sa rizière à cet homme sans le savoir - la jeune femme se retourna vers un Stephen qui l'observait sans avoir encore réagit. "Et voilà le travail!" Lança-t-elle en dévoilant une armée de dents blanches, sachant pertinemment que le brun allait la ligoter et la mettre en cale pour cet affront. Une chance qu'il n'y ait pas de cale donc.
Le brun ne savait pas bien de quoi était faite la vie de Leah, la jeune femme ne s’étant jamais vraiment épanchée sur son passé ; chose qu’il comprenait. Il ne lui demandait pas de le faire d’ailleurs, mais lorsqu’elle évoquait ses cadavres dans le placard il ne pouvait pas vraiment faire comme si de rien n’était et se faisait presque un devoir de la faire céder gentiment en venant mordiller sa peau avec douceur. La brunette s’extirpait pourtant rapidement de son étreinte, et alors qu’elle lui ramenait un petit déjeuner qui aurait dû être le signe d’une nouvelle journée au paradis, la météo se chargea de leur rappeler que ce dernier n’existait pas. Les choses s’étaient enchaînées très vite ; après avoir terminé en travers du fleuve ils avaient fini par dériver jusqu’en bordure d’une rizière sur laquelle ils s’étaient échoués sans trop savoir quoi faire -si ce n’est attendre- pour s’en dépêtrer. Les compétences en navigation du brun avaient beau être très sommaires il n’avait pas pu faire grand-chose pour lutter face au courant ; mais ce n’était pas pour autant qu’il n’était pas dépité à l’idée de se retrouver ainsi coincé. « Dans tous les cas, nous on serait assez intelligents pour rester sur la planche. » Oui évidemment. Levant doucement les yeux au ciel quant à l’absurdité de l’idée de se retrouver Jack trempant dans le Mékong (puisque de toute façon ce bateau ne comportait aucune porte insubmersible) le brun avait attrapé du bout des doigts la tasse de café servie par la jeune femme ; enfin elle était à lui. Après une bonne vingtaine de minutes à se sacrifier ou presque pour sauver le navire cette dernière était amplement méritée. Alors qu’il se posait sur le bord du lit pour apprécier ce moment de calme Leah était venue lui sécher les cheveux à l’aide d’une serviette. Dans un sens c’était une bonne chose qu’elle le fasse, la pluie avait gorgé ses cheveux d’eau et il était en train de tremper la moitié de leur lit, mais l’idée de se faire materner ainsi ne plaisait pas à un Stephen qui le manifestait dans un grognement, à peine apaisé par le baiser que Leah lui déposait ensuite sur la joue. Grand bien lui fasse s’il tombait malade, Helen serait toujours une valeur sûre pour venir le soigner. "'T'es en train de me dire que je ne te suffis pas comme infirmière?" Alors qu’il les avait fait retomber contre le matelas pour s’adonner à une activité qui l’aiderait davantage à se réchauffer qu’une serviette s’agitant sur ses bouclettes, Stephen faisait face à une Leah plus amusée que jalouse face à sa remarque ; quand bien même elle n’aurait eu aucune raison valable de l’être d’une sexagénaire armée d’une prothèse de hanche. "C'est dommage, je connaissais pourtant quelques remèdes qui auraient pu faire l'affaire..." Oh. La brune connaissait ses points sensibles, savait comment obtenir le dernier mot. Une lueur sans équivoque dans le regard elle laissait sa main se glisser contre son torse, rendant sa peau électrique et ses lèvres avides des siennes … du moins, le tableau parfait si un paysan ne s’était pas pointée au hublot. Leur demandant s’ils avaient besoin d’aide, le type semblait profondément vouloir les aider, mais il n’arrivait pas exactement au bon moment pour le faire ; lui n’étant pas en état de sortir de la dessous, et Leah … non. Impossible. Pas avec un simple t-shirt sur le dos. Suggérant l’idée de ne pas bouger jusqu’à ce qu’il déguerpisse (comme si) Stephen dut pourtant se rendre à l’évidence. D’un "Nope." elle avait balayé ses espoirs alors que l’homme renouvelait sa demande, cette fois en anglais. Seigneur. Alors que ses méninges fonctionnaient à toute vitesse (mais de façon peu concluante puisque : « faire fuir un paysan khmer venu vous surprendre en pleins préliminaires alors que vous êtes échoués sur une rizière » n’était pas vraiment une situation qu’il avait expérimenté) la brunette s’était tirée des couvertures pour … pour quoi ? Tandis qu’il l’observait se débarrasser du bout de tissu qui la couvrait, elle fit virer au rouge pivoine le paysan avant de le faire décamper en s’approchant du hublot pour le couvrir du vêtement, les protégeant partiellement de l’extérieur. "Et voilà le travail!" Quoi ? Fronçant les sourcils, Stephen s’était redressé sur les genoux pour venir l’attraper du bout des doigts, la faisant de nouveau basculer sur leur couchage comme pour effacer ce qu’il venait de se passer. « T’es sérieuse ? » qu’il demandait en venant se positionner au-dessus d’elle (l’écrasant à moitié aurait été plus juste) lui glissant un regard mi agacé, mi impressionné par ce qu’elle venait d’accomplir. La méthode était plus que discutable mais elle avait au moins eu le mérite de fonctionner ; ne lui en déplaise. « Tu refuses de me partager avec Helen et tu dévoiles tout à un paysan de passage ? » Par tout, il faisait référence à cette poitrine vers laquelle il descendait doucement pour y déposer quelques baisers, se laissant ensuite happer par sa taille avant de revenir trouver le creux de son cou, lui murmurant un « à moi » avant de remonter au-dessus d’eux un drap pour les couvrir ; il y avait d’autres hublots. Sait-on jamais.
Accueil
(
Ce réveil était nettement plus doux que le précédent. Pas de mal de crâne carabiné, pas de couchage en polyester inconfortable. Alors que la cabine qu'ils partageaient se gorgeait de lumière, Stephen n'avait pas la sensation de se trouver dans un endroit qui lui était tout à fait inconnu ; un fait rassurant. Les paupières encore closes, le brun se réveillait avec douceur, extirpé des bras de Morphée par une Leah qui venait se blottir contre lui et parsemer le tracé de sa mâchoire de baisers mouillés. n sourire lui naissait au coin des lèvres alors que des souvenirs de la veille lui revenaient en mémoire. Ceux de cette soirée hors du temps qu'ils avaient passée tous les deux loin, bien loin de l'agitation extérieure. L'un contre l'autre, comme dans une bulle de bonheur qui n'appartenait qu'à eux, ils avaient fait de ce début d'escapade quelque chose de parfait, comme si tous les astres s'étaient alignés pour leur offrir -enfin- quelques moments de répit. "On a encore dormi dans un bateau Holloway." Elle lui avait murmuré ces quelques mots à l'oreille, suffisant à le réveiller pour de bon alors qu'un sourire idiot ornait désormais ses lèvres. L'encerclant de ses bras, Stephen l'attirait contre lui pour embrasser ses lèvres et commencer cette nouvelle journée comme il se devait. "... et t'as même pas eu besoin de me noyer sous les cocktails." qu'il soufflait tandis qu'elle attrapait sa lèvres inférieure avant de se relever et de s'extirper de leurs draps. "Bouges pas." Ce n'était pas comme si leur cabine était immense de toute façon. Leah quittait le lit, suivie du regard par un Stephen qui se redressait à peine, l'esprit encore embrumée. Dire qu'il manquait de sommeil était sûrement un euphémisme ; entre son bénévolat en province et ces deux dernières nuits qu'ils avaient passées à discuter et à renouer, le brun sortait les rames pour garder les idées claires. Il n'avait pas assez dormi, mais étonnamment, il arrivait à composer avec le peu d'énergie qu'il avait en stock. Alors que la jeune femme préparait de quoi déjeuner en rassemblant le tout sur un plateau -Dieu merci, la cafetière à bord était fonctionnelle- Stephen en profitait pour jeter un coup d'oeil à son portable ; il était tard dans la matinée, et aucune mauvaise nouvelle ne venait obscurcir leur début de périple ... si ce n'est peut être la météo. Son regard accrochait à quelques nuages grisonnants qu'on pouvait voir percer au travers de l'un des hublots. "Si ça c'est pas un festin, je ne sais pas ce que c'est." Revenue auprès de lui, Leah le fit revenir à la réalité. Reposant son portable sur un coin du lit, il se penchait pour lui voler un baiser avant de se ruer sur la cafetière pour leur en servir deux tasses, bien que pour le moment, la brune avait jeté son dévolu sur une pomme qu'elle dévorait presque. "Tu peux faire ça tout le temps Bau. Me ramener le café au lit complètement nue." tant qu'elle ne se brûle pas au troisième degré ; il s'agissait de Leah ; sa malchance dépassait d'une courte tête son quota de séduction et il ne se sentait clairement pas d'écourter leur escapade paradisiaque pour une devoir expliquer aux locaux les circonstances de l'incident. "Je te préviens, je veux plus revenir à Brisbane." lançait elle ensuite, un large sourire au coin des lèvres. Lui non plus ne voulait pas redescendre, mais à défaut de pouvoir renier complètement famille, travail et enfant ... il ne pouvait que rester dans l'utopie. "Et on ferait quoi ici ? T'envisage de te reconvertir en barmaid locale pour avoir le secret des supers cocktails ?" qu'il demandait avec amusement, portant à ses lèvres la tasse de café fumante qui suffisait à elle seule à doper son quota d'endorphines. "A moins que tu..." boum. Alors que la luminosité ambiante s'était soudainement diminuée -sans toutefois qu'il ne le relève, ayant remarqué les nuages grisonnants qui obscurcissaient le ciel quelques secondes plus tôt- un orage éclair les surprenait, rapidement suivi par une sorte de pluie torrentielle qui martelait contre les parois du bateau. Merde. Comment la météo pouvait elle changer ainsi en une dizaine de secondes ? "Les hublots" s'empressait il presque de marmonner en se relevant rapidement pour fermer les quelques ouvertures extérieures qu'ils avaient pu laisser ouvertes pour gagner un peu de fraîcheur dans la nuit. "Leah !" si la jeune femme semblait s'amuser de la situation, il n'en valait pas de même pour lui qui galérait légèrement avec le mécanisme complexe de ces foutus aménagements nautiques.