La flemme l’avait pris en début de soirée, comme il fallait s’y attendre. Sortir se sociabiliser deux fois dans le mois, c’était un effort extrême pour Lene qui n’était plus femme à s’embarrasser des autres êtres humains pour le simple but de dire qu’elle a une vie. Des amis, elle n’en a pas et ça a du bon parce que comme ça, elle n’a jamais à se forcer. Sauf ce soir, parce qu’elle avait revu Lullaby, que cette dernière lui avait affirmé qu’elle serait là ce soir et que sans vouloir replonger dans une histoire qui ne lui permettrait pas de rester indemne, elle avait envie de saisir une seconde occasion de passer du temps avec elle. Sans que ça n’aille trop loin, une rupture difficile cette année, c’est bien suffisant. Gérer une nana dans le placard qui ne s’assume, ce serait trop. Malgré tout, elle s’était décidée à venir, espérant qu’il n’y aurait pas de faux-bond et pour s’en assurer, elle avait checké l’instagram de l’influenceuse. Bon, le réseau social ne lui disait toujours rien, elle comprenait rien à ces histoires de story mais dans la mesure où aucune photo de Bahamas ou autre paradis exotique était en train de trainer sur le profil de son ex, elle ne serait pas à l’étranger ou dans un endroit susceptible de ne pas être l’appartement d’Emily. N’écoutant qu’un élan de motivation, Lene avait enfilé une robe, vidé le premier vase lui tombant sous la main avant d’y accoler un p’tit nœud et s’était présenté chez Emily, sans trop de retard. De toute façon, qui était assez stupide pour penser que Lene serait à l’heure ? Être à l’heure, c’est prendre le risque d’attendre les autres tout en se regardant dans le blanc des yeux avec son hôte. Et bon, elle ne voudrait pas faire de critique sur le blanc des yeux d’Emily mais c’est qu’à ce niveau, c’est même plus blanc, c’est vide. Non, elle préférait arriver comme à chaque fois, au beau milieu d’une foule bien ambiancée qui ne notifierait pas son arrivée et ne la remarquerait pas. Elle est lointaine l’époque où Lene se faisait voir. Plus loin, elle repère Charlotte, son amie commère et faute de mieux parce qu’elle n’aperçoit pas Lullaby, elle vient à sa rencontre. Après tout, si elle avait quelque chose à apprendre, ce serait bien Charlotte qui lui dirait. « Alors, les oreilles ne trainent pas encore ? » demande Lene, taquine mais avec un sourire honnête, parce que bon, elle a beau avoir peu d’estime pour ces filles là, elles sont un peu ses amies. « Lene, on pensait toute que tu ne viendrais pas. » lâche t-elle, dans un ton de voir qui oscille entre une brutale honnêteté touchant au pique et la stupidité la plus simple. Une chance pour Charlotte que Lene soit convaincue de l’atrophie de ses neurones. « Pourquoi ? Parce que j’en ai l’habitude ? C’est pas très gentil de supposer que je mens, peut-être que je travaille vraiment chaque nuit où vous m’envoyez une invitation. Je fais un métier sérieux. » appuie Lene, se moquant sans vergogne d’une Charlotte qui se sent rouge que ses propos puissent être aussi mal interprétée. Enfin, la conversation se termine, Lulla semble là et Lene lui fait signe de s’approcher.
Si Bee n’était pas certaine de pouvoir venir à la pendaison de crémaillère d’Emilie, la donne avait changé depuis que, Lene lui posant la question au cours de leur dernière rencontre après huit longues années de silences, à ne miraculeusement jamais se croiser ou presque, la jeune femme avait dit que oui, elle viendrait sûrement. Elle avait donc organisé sa journée en fonction de cette soirée, calant un rendez-vous chez l’esthéticienne entre deux rendez-vous professionnels et remerciant le ciel d’avoir eut son rendez-vous au salon de coiffure deux jours plus tôt, pour arborer un blond nordique parfait. Elle mentirait si elle osait prétendre qu’elle n’avait pas fait des efforts, ce soir, pour être sur son trente et un. Pourtant, si on lui posait la question, elle prétendrait probablement le contraire, en assurant que ce n’était qu’un heureux concours de circonstances. Foutaises. Elle allait surtout revoir Lene ce soir et déjeuner chez ses parents le lendemain. Un déjeuner où Alexandre était également convié : deux excellentes raisons pour la jeune femme de stresser et d’essayer de mettre toutes les chances de son côté pour se sentir en confiance et sûre d’elle. Parce qu’elle était reine, Bee, pour manquer de confiance à son égard et se flageller.
Elle se maquille légèrement après avoir prit une douche rapide en sortant du boulot et elle vérifie l’état de ses cheveux, avant de décider de les laisser libres sur ses épaules. Elle attrape un jean noir dans sa penderie et son petit haut blanc favoris du moment, celui qui laisse voir ses épaules et son nombril, s’empressant d’enfiler le tout avant de glisser un collier autour de son cou.Elle jette un regard à sa montre, réalise qu’il est déjà temps pour elle d’y aller et elle attrape son sac à main, une batterie externe au cas où et son téléphone, en guettant voir si elle n’aurait pas un message de Timothy, mais l’écran reste vide du moindre sms que le nouveau militaire aurait put lui envoyer, la laissant une journée de plus sans nouvelles de lui, à s’inquiéter. Sortir ce soir serait un excellent moyen de se changer les idées, probablement.
Il ne lui faut que quelques minutes pour rejoindre l’adresse qu’Emilie lui a indiqué quelques jours plus tôt et la jeune femme se gare à deux pas, rejoignant à pied le domicile de son amie, où la plupart de leurs connaissances communes se sont déjà réunis. Bee sonne, n’attend que quelques secondes pour faire face au visage jovial d’Emilie à qui elle tend le bouquet de fleur acheter un peu plus tôt pour elle et elle peut entrer.
"- Tu devrais les mettre dans l’eau tout de suite, elles sont restées dans la voiture pendant que je me préparais !" fait savoir la demoiselle.
Emilie acquiesce, se dirigeant dans la cuisine pour préparer un vase et arranger son bouquet, tandis que la wedding planner rejoint pour sa part le salon. Il y a du monde, déjà. Bee est un peu en retard, elle avait prévenu qu’elle avait un rendez-vous un peu tardif aujourd’hui. Forcément, n’ombres d’invités l’ont donc largement devancés. Dont Lene, qui semble parler avec une Charlotte écrevisse. Pas longtemps, comme elle remarque la blonde et lui fait signe d’approcher, alors que la nouvelle venue salut tout le monde, avant de rejoindre la pompier.
"- Salut !" elle esquisse un sourire. "Qu’est-ce que Charlotte te voulait, encore ?"
C’est pas gentil de faire tourner Charlotte en bourrique surtout alors que cette dernière ne voulait probablement aucun mal à Lene, juste faire la conversation de la façon la plus idiote qui soit (et en même temps, difficile de faire autrement). Lene ne pouvait simplement pas s’en empêcher, c’était sa façon à elle de se divertir en attendant que de niaiser avec les autres et là, on peut dire que ça a marché parce qu’à la simple supposition que sa phrase anodine soit un reproche, la rousse en est devenue rouge de honte, si bien que Lene se sent obligée de préciser que ce n’était qu’une blague, avant de faire signe à Lullaby de s’approcher d’elles. "- Salut !" annonce Lullaby avec l’air enjoué qui lui va si bien. Charlotte en profite pour s’éclipser maintenant que l’attention de Lene est ailleurs. "Qu’est-ce que Charlotte te voulait, encore ?" demande la blonde, assumant à tort que Lene était encore victime d’une tentative de racontar alors que pas du tout, dans cette conversation-ci, c’était elle la garce. « Rien, c’est moi qui suis allée la voir et puis comme elle m’a tendu une perche, j’ai décidé de la taquiner. » avoue-t-elle, très franchement parce que de toute manière, mentir ne servirait à rien. La blonde est parfaitement au courant du fait que Lene ait un petit plaisir à embêter les autres, surtout quand ceux-ci se sont montré particulièrement téméraire avec elle il n’y a pas plus de deux semaines. « Alors ? » demande Lene avant de compléter. « Emily a pris le temps de te montrer son appart ou pas du tout ? » Simple curiosité. On sait déjà que Lene n’a pas eu cet honneur et après tout, si c’était pour l’entendre moquer le moindre élément de décoration, mieux vaut l’éviter. Elle ne peut s’empêcher de penser que si Lou avait été là, elle aurait joué toutes les deux à casser le plus de bibelot moche dans le meilleur intérêt d’Emily. « Parce que moi, elle ne m’a rien montré. Je me disais que tu pourrais me faire faire un tour du propriétaire. » suggère Lene, tout sourire avec son verre à la main. Ses yeux se posent sur la piste de danse où elle pourrait éventuellement invité son ex à nouveau, mais elle rejette l’idée pour le moment à cause du risque celle-ci panique à la première personne qui pourrait les regarder en s’interroger sur leur relation.
En voyant Charlotte parler à Lene et être toute rouge, Bee suppose, trop hâtivement, que la rouquine vient de se faire remettre à sa place par Lene, peut-être après avoir essayé de commérer comme à son habitude. Connaissant Charlotte, ce n’était pas impossible que la jeune femme ait décidé de poser des questions à Lene sur ce qu’elle avait interprété la dernière fois en observant la jeune femme en compagnie de Bee. Parce que Charlotte ne retenait jamais les leçons et que l’appel des potins était toujours bien plus fort, semble-t-il, que son instinct de survie. Parce qu’aller titiller Lene sur un sujet sur lequel elle s’était déjà prononcé comme elle l’avait fait la dernière fois pouvait être risqué. Mais la demoiselle fait fausse route et il semblerait que la victime, cette fois, soit cette pauvre Charlotte et non l’inverse.
"- Oh je vois..." acquiesce la blondinette. "Dois-je en conclure que tu as jeté ton dévolu sur Charlotte exprès, en sachant qu’elle finirait rapidement par te fournir un excellent prétexte pour t’amuser un peu ?"
Avec le caractère de Lene, s’adresser tout spécialement à Charlotte ressemblait à s’y méprendre à de le provocation, non ? Au moins un petit peu. Elle prenait un petit plaisir un rien sadique à ce genre de pratiques, Lene. Elle adorait embêter les autres, les taquiner, les piquer parfois et Bee ne l’ignorait pas. Elle l’avait vue faire à l’époque et force était de constater que sur ce point, rien n’avait vraiment changer. De toute évidence, Charlotte en avait fait les frais et Bee se demandait si dans le fond, cette dernière n’était pas l’une des cibles préférées de son ex.
"- Oh non je viens tout juste d’arriver, je travaillais." assure la demoiselle. "A peine m’avait-elle ouvert la porte qu’elle s’occupait de mettre mes fleurs dans un vase alors… non, je n’ai pas eut l’occasion."
Et si elle songe que Lene pourra peut-être lui faire faire le tour du propriétaire, force est de constater que ce ne sera pas possible, la brunette n’ayant pas eut plus de chance que la wedding planner sur ce point, de toute évidence. Bee jette un coup d’œil aux alentours, avant de hausser les épaules comme tout le monde semble occupé et elle reporte son attention sur la brune, avant d’affirmer.
"- J’imagine qu’on peut se débrouiller pour faire le tour toutes seules. Ça ne dérangera personne, j’imagine." suggère la jeune femme.
Elle n’essaie pas de mentir. Elle sait que cela ne servirait à rien et de toute façon, elle n’a aucun intérêt à se faire passer pour une gentille auprès de Lullaby. Cette dernière est bien au courant des défauts de Lene et de la méchanceté dont elle est capable de faire preuve en certaines occasions. Et puis, elle dira que c’est juste Charlotte et que dans les faits, elle n’a pas dépassé le stade de la taquinerie. Pourquoi gâcher l’ambiance ? "- Oh je vois..." répond Lulla, peut-être un peu déçue de se rendre compte que Lene n’a pas autant changé. "Dois-je en conclure que tu as jeté ton dévolu sur Charlotte exprès, en sachant qu’elle finirait rapidement par te fournir un excellent prétexte pour t’amuser un peu ?" Huuum. Elle fait mine de réfléchir parce qu’il est fort possible qu’inconsciemment, ce soit ce que Lene ait fait. C’est toujours plus fort qu’elle de toute façon. « Peut-être qu’il y’avait un petit fond de revanche. Mais, je n’ai pas été si vilaine, j’ai juste détourné ses propos pour la culpabiliser un peu. » explique Lene en haussant les épaules et en prenant une voix un peu mignonne. Elle rebondit finalement sur le nouvel appartement d’Emily et l’opportunité de le visiter à deux même si on ne parle pas non plus d’un palace de six cent pièces. "- Oh non je viens tout juste d’arriver, je travaillais." Explique t-elle "A peine m’avait-elle ouvert la porte qu’elle s’occupait de mettre mes fleurs dans un vase alors… non, je n’ai pas eu l’occasion." L’idée que les dites fleurs aient atterrie dans le vase miteux qu’elle a ramené la fait sourire parce qu’elle est presque certaine que l’objet lui a été offert au préalable par une personne invitée par Emily. "- J’imagine qu’on peut se débrouiller pour faire le tour toutes seules. Ça ne dérangera personne, j’imagine." Propose Lulla, provoquant un bond de Lene hors de son siège. « Yes ! Au pire, si on nous pose des questions, on dira qu’on cherchait les toilettes. » Bah oui, parce que le code des filles implique forcément qu’il faut être deux pour aller au cabinet et ce sera la parfaite excuse pour justifier du fait qu’elles soient en train de fouiner. « Je te laisse passer devant. Je ne pense pas non plus que ce sera si long à visiter. » Parce que y’a quoi au pire, trois pièces ?
Ouai, même inconsciemment, le choix de Lene d’aller parler avec Charlotte n’est probablement pas à cent pourcent le fruit du hasard mais bien une petite revanche pour ce qui s’est passé la dernière fois, sûrement. Lullaby n’est pas sotte et elle connaît bien son ex, pour elle ça fait donc sens, que Lene ait simplement voulu s’amuser un peu aux dépends de Charlotte. C’est sûrement la meilleure cible ici pour ce genre de choses. Parce que Charlotte met toujours très vite les pieds dans le plat, malheureusement pour elle. Faut croire qu’elle attire la bêtise à elle, la pauvre et pour le coup, Bee a un peu pitié. Beaucoup même. Parce que ça ne doit pas être simple tout les jours, d’être une Charlotte. Risquer de se fâcher avec ses potes, tout les jours, ça ne doit pas être simple à vivre et c’est pourtant le quotidien de Charlotte, parce qu’elle enchaîne les boulettes. Mais elle n’a pas un mauvais fond, la pauvrette.
"- Ah oui , Qu’est-ce qu’elle disait ?" s’enquit la demoiselle, curieuse de voir ce que Lene pourrait avoir répondu à leur amie commune et curieuse, surtout, de comprendre ce qui a put attirer à Charlotte une réplique de la part de la brune. A voir le rouge de ses joues un peu plus tôt, il y en a forcément eut une.
Elle prend une voix toute mignonne, Lene, pour avouer son léger mauvais coup. Comme une enfant qui ne voudrait pas se faire gronder. Mais Bee ne compte pas réprimander cette dernière. Ça ne la regarde pas vraiment et elle n’a sûrement rien à dire à Lene sur le sujet, après tout. Elle n’est pas la mère de la demoiselle après tout. Et elle n’est plus sa petite amie, pour se permettre de lui dire ce qui se fait ou ce qui ne se fait pas.
Lene proposant une visite du propriétaire, espérant que Bee pourra lui faire faire une visite des lieux, la wedding planner doit bien avouer qu’elle n’a pas eut le privilège de visiter, elle non plus. Mais elles peuvent le faire ensemble et l’idée semble séduire Lene qui se redresse rapidement, en assurant que si on s’interroge sur leur comportement, elles pourront toujours prétendre avoir seulement chercher les toilettes. Bonne idée.
"- De toute façon, j’imagine que ça ne devrait pas prendre trop longtemps. Pas assez pour que les gens se questionnent, en tout cas j’imagine, ou qu’ils remarquent notre absence."
Bee passant devant sur l’invitation de Lene, elles s’engagent dans le couloir et la jeune femme s’arrête devant une porte qu’elle observe, à la recherche du moindre indice sur ce qu’il s’y cache. Mais Emilie n’a pas accroché de petits écriteaux sur les portes et Bee ouvre alors, découvrant la salle de bain, dans un style épuré. Se permettant d’entrer non sans avoir jeté un coup d’oeil, la jeune femme laisse glisser un regard appréciateur sur les lieux.
"- Ah oui , Qu’est-ce qu’elle disait ?" Pourquoi a-t-elle soudainement le sentiment que Lullaby se prépare à prendre un ton infantilisant pour défendre Charlotte que Lene a juste taquiné. Bon, elle ne l’a pas fait sans arrière-pensée mais elle ne comptait pas non plus être si méchante. Juste l’aider à se rappeler qu’il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche vu qu’après tout, la remarque faite par la rouquine aurait pu être pris pour un gros sous-entendu si Lene n’était pas convaincue de la niaiserie pure et dure de la demoiselle, c’est certainement comme ça qu’elle l’aurait pris et au lieu de niaiser avec elle, elle aurait été bien plus insidieuse. Toujours est-il qu’elle ne voit pas l’intérêt de raconter toute la conversation qu’elle vient d’avoir. « Je suis sûre qu’elle se fera un plaisir de tout te raconter si tu lui pose la question. » répond Lene en souriant, son air mignon toujours sur le visage afin de ne pas trop bousculer Lulla. Elle essaie de faire passer la conversation en enchainant sur ce superbe appartement loué par les soins d’Emily. A première vue, elle compte trois pièces. Il lui semblait que lors d’une conversation lointaine, elle avait émis le souhait d’avoir son propre bureau. Voilà qui devrait être chose faite, ne reste plus qu’à fouiner pour obtenir la réponse. "- De toute façon, j’imagine que ça ne devrait pas prendre trop longtemps. Pas assez pour que les gens se questionnent, en tout cas j’imagine, ou qu’ils remarquent notre absence." Elle fronce un sourcil, interpellée par ces dernières remarques la possibilité que leur départ soit remarqué. Qu’est-ce que ça change au juste ? Depuis quand doivent-elles faire attention à ne pas trop disparaître seule ? « Et parce que le fait que les gens se questionnent, ça fait que … ? » demande Lene, attendant que Lulla aille jusqu’au fond de sa pensée parce que celle-ci l’intéresse. Prenant malgré tout conscience que d’aller plus loin gacherait la soirée, elle se contente d’ajouter ; « Sinon, ce qu’on peut faire, c’est maintenant une distance de sécurité, je me tiens pas à moins d’un mètre de toi. Et pour la prochaine fois, on apprend le langage des signes, comme ça, on pourra papoter à vingt mètres l’une de l’autre, sans aucun problème. » Il était temps que Lene fasse preuve de sarcasme, ça devait bien faire deux heures qu’elle n’en avait pas. C’est juste que les propos de Lulla avait réussi à la piquer là où il ne fallait pas. Les jeunes femmes étaient allées visiter l’appartement en silence. "- C’est spacieux !" fait remarquer Lulla en entrant dans la salle de bain, mais trop tard. Lene n’est plus d’humeur à aller fouiller dans les affaires d’Emily pour passer le temps.
Elle n’ira pas questionner Charlotte, Lullaby. Parce que dans le fond ça ne la regarde pas du tout et ça ne l’intéresse pas non plus vraiment. Elle connaît le caractère de Lene et la maladresse perpétuelle de Charlotte, c’est suffisant pour imaginer un peu ce que la conversation a été. Un échange de gentillesses entre deux amies, on va dire. Rien qui ne mérite qu’elles lui accordent autant d’attention et finalement, Lene préfère changer de sujet pour porter l’attention de Lullaby sur l’acquisition de leur amie. Parce qu’elles sont ici pour une pendaison de crémaillère, toutes deux après tout, Emilie s’étant récemment installée dans un nouvel appartement. Elles n’ont visité les lieux ni l’une ni l’autre et comme Lene aurait apprécié que Bee lui fasse faire le tour du propriétaire, l’idée s’annonce compliquée. Mais ça ne les empêche pas d’aller voir toutes deux de quoi il retourne, après tout. Comme le fait remarquer Lene, si qui que ce soit pose la moindre question, elles pourront toujours dire qu’elles cherchaient les toilettes. L’usage ne veut-il pas que les filles s’y rendent toujours deux par deux, après tout ? Elles peuvent toujours dire ça oui. Et puis la maison n’a pas la taille d’un palais, la wedding planner doute sérieusement que qui que ce soit puisse se questionner sur les raisons de leur disparition. Ils sont tous occupés à discuter entre eux si bien que personne ne devrait se demander où elles sont passées. Mais comme elle en fait la remarque, Lene semble mal le prendre comme elle énonce quelques règles de sécurités qu’elles pourraient prendre, en même temps que Bee ouvre la porte la salle de bain.
Alors que la jeune femme observe les lieux, son ex ne manque pas de faire preuve de sarcasme en même temps, affirmant qu’elles peuvent rester loin l’une de l’autre et parler la prochaine fois par langue des signes. Bee soupire. Et comme face à sa remarque, Lene reste muette, Bee tourne la tête dans sa direction, si bien qu’elle ne peut manquer de remarquer le visage vraisemblablement contrarié de son ex. La blonde secoue la tête en soupirant de nouveau. Il ne faut pas sortir de la cuisse de Jupiter pour comprendre ce qui contrarie tant la brune. Pas avec leur passif.
"- Je parlais des éventuelles accusation d’être en train de fouiner." fait remarquer la blonde. "Parce que c’est pas forcément super bien vu d’aller voir les pièces d’une habitation, sans y avoir été invité, tu savais ?"
Le sarcasme, une fois de plus. Mais dans la bouche de Lullaby, cette fois. Faut croire que Lene lui a un peu transmis de ça, à l’époque. Parce qu’elles devraient sûrement attendre qu’Emilie leur proposer de leur faire visiter, au lieu de s’inviter à le faire. Si on les surprend ici toutes les deux, personne n’imaginera qu’elles se sont exilés pour remettre le couvert, sauf Charlotte peut-être. En revanche, tout le monde risque de se demander ce qu’elles foutent ailleurs que dans le salon, ça oui. Imaginer qu’elles furette serait alors facile.
Lene, elle ne tourne pas sept fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir. C’est de toute façon ce qui leur pendait au nez depuis la dernière fois déjà qu’elle fasse la bourde de prendre de travers un propos tenu par Lullaby. Il ne faut pas oublier que les jeunes femmes ne s’étaient pas quittées en très bon termes et si l’eau avait coulé sous les ponts et qu’elles étaient passées toutes les deux à autre chose, amenant par la même occasion ce drapeau blanc hissé lors de leur dernière entrevue. Il ne faut pas oublier que Lene est une personne rancunière et que garder des non-dit n’est jamais bon avec elle qui n’hésite pas à foncer dans le tas dès la moindre occasion. "- Je parlais des éventuelles accusation d’être en train de fouiner." Rétorque Lullaby alors que Lene fait ce qu’elle sait faire de mieux : attaquer. Et aussi parce qu’elle n’a pas vraiment la sensation d’être en train de fouiner. Tout ce qu’elles font, c’est ouvrir les portes les une après les autres pour voir à quoi ressemble l’appartement d’Emily. Elles ne sont pas non plus en train de promener leurs mains dans son tiroir de petite culotte ou en train de chercher son journal intime. "Parce que c’est pas forcément super bien vu d’aller voir les pièces d’une habitation, sans y avoir été invité, tu savais ?" fait remarquer Lulla n’obtenant pour réponse qu’un haussement d’épaule d’une Lene qui ne voit absolument aucun mal à ce qu’elles sont en train de faire. « Ouais enfin, c’est une cremaillère. Le but, c’est de faire visiter la maison et j’y peux rien si Emily n’a pas eu l’égard de nous proposer un p’tit tour. » Rétorque Lene en croisant les bras avant d’ajouter « Surtout qu’on ne fait rien de mal, on ne fait qu’ouvrir des portes pour regarder l’intérieur, on est pas en train de fouiller dans ses affaires. » Ce que Lene serait totalement capable de faire soi dit en passant, mais comme elle est sage ce soir, cela ne peut pas être un grief apporté à sa charge. Puis maintenant, elle notera que ce genre de p’tite folie, elle ne pourra jamais les faire avec la blonde. Dommage parce que voler des trucs, c’est une passion. « Si tu avais à ce point l’impression de briser un interdit en visitant les pièces, fallait me dire non, j’aurais pu le faire toute seule. »
Dans une crémaillère, le but est de visiter, c’est vrai. Mais peut-être pas en l’absence de la propriétaire, dans son dos en tout cas. Ce n’est pas un drame en soit mais certains pourraient voir cela d’un mauvais œil et penser que les deux demoiselles sont en train de fouiller, fouiner, se mêler en somme de ce qui ne les regarde absolument pas. Mais comme la visite ne devrait pas non plus durer longtemps, Bee imagine que personne ne remarquera leur disparition et ne pourra donc pas les suspecter de cela. Peu importe ce qu’elle a voulu dire, Lene a mal interprété es mots, ses intentions et naturellement, maintenant, Lullaby doit marcher sur des œufs si elle ne veut pas risquer de faire exploser son ex. Parce qu’elle le sait, elle avance sur un terrain miné à présent, à voir l’air légèrement revêche de Lene.
"- J’n’ai pas dis que nous faisons quelque chose de mal mais quelqu’un sui nous verrait faire pourrait le croire, c’est facile de mal interpréter un geste et l’humain se fait souvent une joie de faire cela, tout simplement." répond simplement la demoiselle. "Et je disais seulement que, comme ce n’est pas grand, on ne devrait pas s’absenter longtemps, si bien que personne ne devrait nous suspecter de fouiner, c’est tout ce que je veux dire."
Bee l’observe quelques secondes, croisant les bras sur la poitrine en adressant une petite moue boudeuse à Lene avant de lui tire la langue un instant. Une seconde, pas plus. Cette réaction un rien puérile, Bee espère qu’elle fera son effet. Ce genre de petites mimiques, c’est toujours un peu sa botte secrète pour désamorcer certaines situations, parce que c’est le genre de bouille qui vous fait sourire, alors. Elle espère que ça fonctionnera, Bee, peu envieuse de passer la soirée à se prendre la tête avec Lene pour… quoi au juste ? Le spectre d’une affaire vieille de huit ans, sûrement.
"- Je n’ai pas dit ça non plus Leny !" Bee soupire. "On peut pas faire comme si j’avais rien dit ? "
Parce que c’est donner des proportions énormes à trois fois rien, là.
Il n’avait pas fallu plus que de paroles pouvant être mal interprétées pour que Lene fonce dans le tas. La cicatrice du rejet dont elle avait été victime il y’a quelques années avec Lullaby, et celui auquel elle a eu droit tout récemment, n’est pas en berne dans tout ça parce qu’elle aura beau tenté de le masquer, bien sûr qu’elle se tient sur la défensive et qu’elle va réagir à tout ce qui serait susceptible d’être une remarque malvenue. Lullaby se défend mais Lene répond parce qu’elle est incapable de croire qu’elle ait dit ça par simple peur que d’autres personnes prennent mal le fait qu’elle visite. Pour Lene, elles ne font rien de mal. Le but de cette soirée est tout de même de fêter l’appartement. Emily n’a qu’à prendre mieux soin de ses invités. "- J’n’ai pas dis que nous faisons quelque chose de mal mais quelqu’un sui nous verrait faire pourrait le croire, c’est facile de mal interpréter un geste et l’humain se fait souvent une joie de faire cela, tout simplement." Lulla se défend aussi mais ses arguments semblent tellement pauvre dans la tête d’une Lene convaincue que ce n’était pas ce qu’elle voulait dire qu’elle peine à la croire et agir en adulte. "Et je disais seulement que, comme ce n’est pas grand, on ne devrait pas s’absenter longtemps, si bien que personne ne devrait nous suspecter de fouiner, c’est tout ce que je veux dire." Elle ne la croit pas. Mais soit, s’entêter, ce serait gâcher la suite de la soirée non ? « Ça ne sonnait pas comme ça. » répond t-elle tout simplement sans bouger de sa place et en continuant de fixer son ancienne petite amie sans trouver quoi de plus à redire. C’est sûr que d’avoir ce type de dispute, qui pourrait être entendue si quelqu’un se prenait d’envie d’aller au toilette, serait plus suspect qu’une simple visite. Lulla tire la langue et si la mimique ne descend pas la pression, elle indique au moins à Lene qu’elles n’ont pas franchi le point de non-retour et que la soirée peut toujours bien se passer. "- Je n’ai pas dit ça non plus Leny !" dit-elle en soupirant "On peut pas faire comme si j’avais rien dit ? " Lene hausse les épaules. Elle n’avait envie de se prendre la tête pour si peu de toute façon alors, elle se contente de répondre. « Si, on peut faire ça. On retourne au salon ? » Parce que là, le fun de la visite est mort.
Lene est une tête de mûle quand elle veut l’être et si Bee avait put oublier ce détail avec le temps passant, elle ne pouvait que s’en souvenir à présent qu’elle faisait face de nouveau au mauvais caractère de son ancienne petite amie. Elle avait sûrement sa part de responsabilités dans la réaction de cette dernière, de par la fin de leur histoire, de par la peut qu’elle avait manifesté à l’époque et qui l’habitait encore en l’empêchait de sortir du placard. Si Lene n’avait pas beaucoup changé, Bee non plus pour être honnête, sur bien des points. Si bien que Lene aurait put avoir raison sur Lullaby, sur les raisons de ses mots… Pourtant elle faisait fausse route. Mais elle n’était de toute évidence pas prête à l’accepter, pas prête à l’entendre et préférait continuer de croire que son ex petite-amie avait voulu se défendre de flirter avec elle. Bee soupire, en observant Lene qui propose de retourner au salon quand elle demande s’il ne serait pas possible de faire comme si elle n’avait rien dit et elle approche finalement de cette dernière, scrutant son visage sans dire un mot. Si quelqu’un les surprenait maintenant, il pourrait parfaitement mal interpréter ce qui se passe. Mais Bee n’y fait pas attention et se contente d’observer Lene, avant de finalement dessiner un léger sourire ses surs lèvres.
"- T’es décidément toujours la même tête de mule hein ?"
Ce n’est pas un reproche. Ça ne sonne pas comme si ça en était un, toujours. Bee ne fait que constater et… émettre une réalité, non ? Parce que Lene donne vraiment l’impression d’être une tête de mule oui, à ne pas vouloir prendre en compte les mots de Bee, à les remettre en doute. C’est vraiment l’impression qu’elle fait à son ancienne petite amie, en tout cas. Ancienne petite amie qui n’a toujours pas détourné son regard de celui de Lene.
"- On a pas finit la visite..." fait-elle remarquer alors.
Elle ne meurt pas vraiment d’envie de retourner dans le salon, Bee. Les autres peuvent bien les attendre encore cinq minutes, non ?
Elle veut bien mettre fin à cette conversation et éviter d’envenimer les choses. Elle ne s’attend tout bonnement pas à ce que Lullaby lui dise qu’elle avait raison et de son côté, elle ne s’excusera pas pour avoir mal présumé. C’est le naturel de Lene que d’assumer des choses selon son ressenti, attaquer et rester campée derrière ses positions. La certitude étant tellement forte. Pour leurs biens, il vaut mieux qu’elles abandonnent d’un commun accord cette bataille avant qu’elles n’en viennent à se partager des remarques qui ruineraient définitivement l’ambiance. Lene est une professionnelle dans le domaine. La faute à sa langue et à son venin qu’elle n’hésite pas à cracher. Décidément, les conseils donnés à Charlotte, elle devrait les appliquer à elle-même. "- T’es décidément toujours la même tête de mule hein ?" fait remarquer Lullaby à une Lene qui garde les bras croisé et qui se refuse de confirmer ou infirmer les propos de son ancienne petite amie. Ce n’est pas être une tête de mule que de savoir que Lullaby pensait encore à ce que l’on dirait d’elle. « Je ne vois pas de quoi tu parles. » balance Lene avec un demi-sourire qui montre qu’elle prend quand même la chose à la rigolade de son côté. Le doute subsistera de toute façon. Il n’y a qu’à se dire que c’est là la craquelure du pot cassés qu’est leur relation. Lene doutera toujours, autant se faire à l’idée. "- On a pas finit la visite..." fait-elle remarquer, parce que jusque-là, elles n’ont vu qu’une simple salle de bain. Lene hausse les épaules, maintenant qu’elles ont commencé, autant finir et comme elle disait, c’est pas parce qu’elles le font sans Emily qu’elles font quelque chose de mal. Elle visite juste un appartement pour se donner une idée de la déco. « Allons-y » enchaine Lene en fermant la porte de la salle de bain pour ouvrir la suivant qui donne sur un bureau, quelque chose de très classique. Cette pièce qu’elle savait être très importante pour son amie qui travaillait à domicile et qui en avait marre dans son ancien appart de travailler là où elle pouvait regarder la télé. « Je vois qu’elle s’est aménagée un truc cool. Si seulement je pouvais bosser de chez moi moi aussi. » soupire Lene, seulement, elle n’avait pas fait d’étude et n’avait jamais été emballée par ces boulots qui demandent de se servir d’un ordinateur. Elle n’avait jamais été très douée en informatique de toute.
Lene prétend ne pas savoir de quoi Lullaby parle et cette dernière est pour sa part absolument persuadée du contraire. Lene voit sûrement très bien ce que son ex petite amie souhaite dire. Tout du moins dans l’esprit de la blondinette. Lene, qui ne veut pas entendre les mots de son ex et reste persuadée des intentions qu’elle lui prête, malgré que Bee les nie. Et elle n’est pas connue pour être une menteuse, Bee. Peu importe. Parce qu’elles ne devraient pas s’attarder sur la question tout simplement, ça n’amènerait rien de bon. Il vaux bien mieux que les deux femmes arrêtent de parler de ça, si elles veulent continuer leur visite et ne pas pourrir l’ambiance de la soirée, surtout. D’autant plus qu’elles sont venus l’une pour l’autre, dans le fond, devenant le moteur de la seconde pour se décider à sortir ce soir.
Comme Bee fait remarquer qu’elles n’ont pas finit la visite, la situation semblant quelque peu désamorcée, quoique non oubliée, Lene acquiesce et propose d’y aller, fermant la porte de la salle de bain derrière elles pour en ouvrir une nouvelle. Elles découvrent alors le bureau qu’Emilie s’est aménagée, alors qu’elle travaille depuis son domicile, comme Bee pour une part de son métier. Ça a l’air confortable et bien agencé. Bee passe une main sur le bureau soigneusement rangé et pour un peu, elle croirait voir l’organisation du sien. Tout est à sa place, rangé comme des militaires en attente d’un ordre, d’une main pour s’en emparer.
"- Et qu’est-ce qui t’en empêche Leny ? Les reconversions professionnelles ça existe, tu pourrais peut-être trouver un truc cool à faire de chez toi, il suffirait de suivre une formation à distance pendant quelques temps pour te former dans ce que tu veux faire et après, let’s go !" suggère la demoiselle.
Elle est un peu jalouse d’Emily en apercevant le petit espace qu’elle s’est aménagée. Clairement, de n’avoir qu’un couloir à traverser entre le lit et le travail, c’est quelque chose qui se rapprocherait du rêve. Paresse devrait même être le second prénom de Lene. Seulement, en balançant le souhait à haute voix, la brune souligne tout de suite après l’impossibilité de la chose. Elle travaillait de chez elle pour faire quoi ? Elle ne sait même pas utiliser un ordinateur pour autre chose que regarder netflix et les réseaux sociaux sont un monde qui l’indiffère au plus haut point alors que malheureusement, ils sont aujourd’hui indispensables à beaucoup d’emploi. Il suffit de regarde Lullaby qui ne ferait pas ce qu’elle fait aujourd’hui sans cet outil. "- Et qu’est-ce qui t’en empêche Leny ? Les reconversions professionnelles ça existe, tu pourrais peut-être trouver un truc cool à faire de chez toi, il suffirait de suivre une formation à distance pendant quelques temps pour te former dans ce que tu veux faire et après, let’s go !" ça a l’air tellement facile sortie de la bouche de Lullaby, comme s’il suffisait d’aller un peu à l’école et hop, une porte s’ouvre. Seulement, ce n’est pas le cas. Déjà, pour réaliser ça, il faudrait aimer étudier et clairement, apprendre n’a jamais été une passion de Lene. Puis ensuite, il faudrait avoir une passion, un intérêt parce que si c’est facile de n’avoir qu’une porte à ouvrir pour être au travail, c’est aussi très facile de procrastiner en s’disant que de toute façon, personne n’est là pour surveiller. Lene a aussi un soucis d’autodiscipline. « Et bien, tout d’abord, je dirais qu’il y’a le fait que j’aime énormément mon travail actuel et que c’est compliqué de sauver les gens à domicile, à moins qu’ils viennent exprès faire un malaise dans mon salon. » Elle plaisante un peu en imaginant la scène avant de poursuivre. « Après, je ne suis malheureusement pas comme toi, les ordinateurs et toutes ces conneries, au-delà du fait que je ne sais pas m’en servir, je n’en ai pas envie. » Ne lui reste qu’à se rendre à l’évidence qu’elle est une fille d’extérieur malgré son amour du zonage sur canapé. « Je crois que je suis faite pour bosser dehors, j’aimerais juste pouvoir choisir mes horaires. C’est qui était cool quand j’étais taxi, si je voulais dormir tard, je le pouvais. Mais bon, il a fallu changer. » Et grandir surtout.
Accueil
La flemme l’avait pris en début de soirée, comme il fallait s’y attendre. Sortir se sociabiliser deux fois dans le mois, c’était un effort extrême pour Lene qui n’était plus femme à s’embarrasser des autres êtres humains pour le simple but de dire qu’elle a une vie. Des amis, elle n’en a pas et ça a du bon parce que comme ça, elle n’a jamais à se forcer. Sauf ce soir, parce qu’elle avait revu Lullaby, que cette dernière lui avait affirmé qu’elle serait là ce soir et que sans vouloir replonger dans une histoire qui ne lui permettrait pas de rester indemne, elle avait envie de saisir une seconde occasion de passer du temps avec elle. Sans que ça n’aille trop loin, une rupture difficile cette année, c’est bien suffisant. Gérer une nana dans le placard qui ne s’assume, ce serait trop. Malgré tout, elle s’était décidée à venir, espérant qu’il n’y aurait pas de faux-bond et pour s’en assurer, elle avait checké l’instagram de l’influenceuse. Bon, le réseau social ne lui disait toujours rien, elle comprenait rien à ces histoires de story mais dans la mesure où aucune photo de Bahamas ou autre paradis exotique était en train de trainer sur le profil de son ex, elle ne serait pas à l’étranger ou dans un endroit susceptible de ne pas être l’appartement d’Emily. N’écoutant qu’un élan de motivation, Lene avait enfilé une robe, vidé le premier vase lui tombant sous la main avant d’y accoler un p’tit nœud et s’était présenté chez Emily, sans trop de retard. De toute façon, qui était assez stupide pour penser que Lene serait à l’heure ? Être à l’heure, c’est prendre le risque d’attendre les autres tout en se regardant dans le blanc des yeux avec son hôte. Et bon, elle ne voudrait pas faire de critique sur le blanc des yeux d’Emily mais c’est qu’à ce niveau, c’est même plus blanc, c’est vide. Non, elle préférait arriver comme à chaque fois, au beau milieu d’une foule bien ambiancée qui ne notifierait pas son arrivée et ne la remarquerait pas. Elle est lointaine l’époque où Lene se faisait voir. Plus loin, elle repère Charlotte, son amie commère et faute de mieux parce qu’elle n’aperçoit pas Lullaby, elle vient à sa rencontre. Après tout, si elle avait quelque chose à apprendre, ce serait bien Charlotte qui lui dirait. « Alors, les oreilles ne trainent pas encore ? » demande Lene, taquine mais avec un sourire honnête, parce que bon, elle a beau avoir peu d’estime pour ces filles là, elles sont un peu ses amies. « Lene, on pensait toute que tu ne viendrais pas. » lâche t-elle, dans un ton de voir qui oscille entre une brutale honnêteté touchant au pique et la stupidité la plus simple. Une chance pour Charlotte que Lene soit convaincue de l’atrophie de ses neurones. « Pourquoi ? Parce que j’en ai l’habitude ? C’est pas très gentil de supposer que je mens, peut-être que je travaille vraiment chaque nuit où vous m’envoyez une invitation. Je fais un métier sérieux. » appuie Lene, se moquant sans vergogne d’une Charlotte qui se sent rouge que ses propos puissent être aussi mal interprétée. Enfin, la conversation se termine, Lulla semble là et Lene lui fait signe de s’approcher.