Brisbane avait sombré dans le chaos, totalement. Beaucoup des amis d’hier n’en étaient plus à présent, ayant finit comme plat de tripes pour Bambi-Crystal, ou ayant tout simplement rejoint les rangs de cette dernière. Lullaby avait la chance de faire partie de ceux que l’on appelait les survivants. Ceux qui tentaient de survivre encore et qui devaient s’abriter dès le soleil couchant, pour ne pas risquer de finir lobotomisés. Si beaucoup de ses amis étaient tombés, la jeune femme avait dût son propre salut à sa famille. Comme toujours, les hommes de celles-ci avaient protégés leur fille, leur sœur, face à tout les dangers et si elle était encore bien vivante, si elle avait encore les joues roses, elle le devait à ses frères, à son père, à Alexandre, aussi, qui lui avait sauvé la mise une fois qu’elle était un peu en retard sur l’horaire et que l’ombre menaçait de l’engloutir.
Dans de grands bunkers, la population encore vivante de Brisbane s’entassait sitôt le soleil couchant, organisant des réunions pour se rebeller, pour reprendre le dessus sur l’envahisseur, prévoir les missions nécessaires à leurs survies, aussi. Depuis sa mésaventure, la jeune femme s’assurait toujours d’être revenue dans son propre bunker une bonne heure avant la chute du soleil et elle attendait que ses proches l’y rejoignent. Elle regardait passer les visages qui venaient s’entasser là, en cherchant ceux de sa famille parmi eux. Ce soir, comme chaque soirs, à l’entrée du bunker, Bee s’infligeait ce rituel, l’esprit tracassé par la course du soleil dans le ciel. Il commençait à se faire tard et Philip n’était pas encore rentré. Il avait encore un peu de temps avant que la situation ne devienne critique, mais elle commençait à angoisser sérieusement de ne toujours pas le voir arriver. Livide, la sueur perlant sur son front à l’idée de pouvoir perdre son aîné aujourd’hui, elle n’osait plus bouger, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine si bien qu’elle manqua de peur de faire un arrêt quand, la rejoignant, Elias s’enquit de son air tracassé. Tournant vers lui son regard éteint, le poids de son inquiétude se lisant sur tout ses traits, elle déglutit.
"- Philipp n’est pas rentré." annonce-t-elle. "Il devrait déjà être là il commence à se faire tard et ça m’inquiète." avoue la demoiselle.
« It's the last, day on earth... » lullaby watson & elias sanders
Elias Sanders n’est pas une personne qu’on approche facilement. Il a ses jours avec, et ses jours sans. Qui sont nombreux. Trop, visiblement. Et quand on est un homme il est presque impossible d’être ami avec lui. Tout simplement car il considère que les hommes ne sont qu’un mal sur cette planète, pire encore, qu’ils la feront à l’envers tôt ou tard. Comme ce père biologique qui a partagé les cinq premières années de sa vie en compagnie de son seul fils et de sa femme. Un amour qui finira par prendre fin quand la petite dernière est apparue pour compléter le tableau plus que parfait de cette famille. Mais qui ne dura qu’un laps de seconde – juste le temps d’apprendre que le père ne fera plus partie de cette famille. Elias lui en veut, tellement. Et puis du jour au lendemain comme si ça ne suffisait pas il a vu le monde autour de lui changer. Se rendre plus sombre qui ne l’était déjà. Le cœur assombrit par des années de lutte, à vouloir protéger sœurs, parents et cousin(es). Nul doute qu’il se donnerait la mort si il le devait, c’est certain même ! Le jeune flic ne sait même pas si Freya Doherty cette meilleure amie dans une autre vie est encore en vie, ou si elle-même à céder à la tentation. Si elle s’est laissé prendre à son propre piège mais il espérait qu’elle soit quelque part dans l’un de ses bunkers. Qu’elle soit prudente comme Elias lui a toujours apprit à l’être. Une journée de plus à errer, et il est dans les premiers à rentrer dans l’endroit où la nuit ils se réunissent pour mettre leur plan à exécution. Elias qui est policier a ça dans ses gênes, sauver le monde, mettre sa vie en péril, encore plus quand l’un des siens est en danger. Plusieurs longues minutes plus tard, il fait le tour de la pièce étroite et prend sa sœur Elisha dans ses bras, elle est là auprès de lui, il peut être rassuré. Il n’a plus qu’à veiller sur sa cousine et ses deux cousins. Celle-ci se trouve à l’entrée, elle semble regarder de bas en haut chaque individu qui rentre, espérant y apercevoir une personne qu’elle attend. Elias ignore que c’est l’un de ses cousins, son sang. Il fait quelques pas pour se retrouver devant elle, et y relève son regard, la prenant dans ses bras pour un moment propice au réconfort. Qu’il ne pourra jamais vraiment apaiser dans son entier mais qu’importe c’était devenu aujourd’hui un rituel et aussi longtemps qu’il pourra le faire, cela signifiera qu’ils sont encore de ce monde, qu’ils appartiennent à celui des sentiments, de l’amour. De la lumière. « Philipp n’est pas rentré, elle murmure doucement avant de reprendre, s’éloignant légèrement de lui, il devrait déjà être là il commence à se faire tard et ça m’inquiète. » Elle a mal et ça se voit, Elias a toujours été présent pour elle, et le sera quoi qu’il advienne. La famille c’est sacré ! Il n’est pas comme son père biologique, lâche et con ! Pas avec Elisha ou Lullaby du moins – Freya prétendra le contraire ! « Je vais aller le chercher ! » Il relève son tee-shirt et sort son arme, qu’il charge avec élégance. Sans trop faire de bruit, le regard déterminé. Même si une arme face à un zombie ça ne sert à rien, oui et alors ?! « Je t’interdis de venir c’est trop dangereux, surveille Elisha ! » Qu’il ajoute avant qu’elle proteste ou qu’elle ne demande à le suivre, il jette un coup de tête vers sa sœur qui est un peu derrière eux, avant d’embrasser la joue de Bee, le regard fermé avant de se fondre dans la pénombre. Espérant ne pas entendre le son de sa voix derrière lui mais connaissant sa cousine, il serait fort possible qu’elle soit là…
Son frère qui n’est pas rentré, évidemment, c’est source d’une grosse inquiétude, d’un gros stress, pour la demoiselle, au vu de ce qu’ils sont amenés à vivre aujourd’hui. Reclus, protégés dans des bunkers pour échapper à une menace nocturne… La demoiselle a peur, peur que son frère aîné ne revienne jamais. Peur que son Titou ne revoie jamais son père. Cette pensée lui glace le sang. Mais quand Elias évoque l’idée de sortir de ces heures pour aller chercher Phlipp, le sang de la demoiselle ne fait qu’un tour. Il veut qu’elle reste en retrait, il veut qu’elle veille sur sa cousine Elisha. Mais Bee ne peut pas prendre le risque de perdre son cousin aussi. Tout en ne pouvant pas laisser son frère dehors, non plus.
«- Elisha… Surtout, tu reste là. Tu peux occuper Titi s’il te plaît ?»
C’est plus un ordre qu’une question. Bee se dirige vers la pièce où elle dort et elle attrape son arme à elle. Parce qu’ils en ont tous, les survivants. Pour essayer de se protéger. Lullaby a porté son choix sur une sorte de bâton. Non pas qu’elle se prenne pour une ninja, mais l’objet a la capacité d’être très éclairant, semblable à la lumière du soleil. Pas assez pour faire vraiment mal à un zombie mais suffisamment pour en tenir un ou deux à distance. Et elle sort, elle s’élance dehors, cherchant Elias des yeux, la peur au ventre.
Elle ne l’appelle pas, Bee. Dans le soir couchant, elle se méfie de tout, des ombres, de l’environnement. Le pas léger mais rapide, elle remercie sa longue pratique du patinage pour lui permettre d’être aussi agile, aussi silencieuse. On ne l’entendre presque pas, quand elle court pour rejoindre Elias. Mais il sait qu’elle est là, quand elle arrive un peu plus près de lui. Et elle murmure.
«- Il était en mission vers la plage aujourd’hui. J’imagine qu’on doit commencer par le chercher là-bas ?» suppose-t-elle.
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Elias a beau avoir un caractère à la con, parfois tantôt un vrai connard, qui n’a aucune limite, la famille pour lui c’est sacré ! Du moins certains membres, et son cousin en fait partie ! Il a grandie avec eux, auprès de sa cousine Lullaby qu’il considère même comme une petite sœur à protéger. Avec Elisha, ils ont étés très soudés, reliant les cousins entre eux, sans jamais y voir de jalousie entre eux. Et Elias ne compte même plus les dodos chez les uns et les autres. Une évidence même que si on s’en prend à son cousin, on s’en prend aussi à lui, et à Elisha. C’est pourquoi dans ce bunker, il restait très attentif au moindre bruit, à la moindre parole, pour ne pas mettre les siens en danger. Il a cette faculté d’être quelqu’un de réfléchi, qui fait souvent travailler son esprit avant d’agir comme un bourrin. Utiliser la force pour obtenir ce qu’il désire, ça aussi il sait le faire ! Mais devant les zombies, il n’est pas assez bête et ne compte pas en devenir un… Alors que sa cousine reste inquiète pour son frère, il n’hésite pas une seconde à prendre le risque de sortir si tard, et de peut-être croiser un zombie. Personne n’a jamais eu sa peau et ce n’est pas aujourd’hui que les choses changeront. Il est trop sûr de lui ? Sans doute oui… « Elisha… Surtout, tu reste là. Tu peux occuper Titi s’il te plaît ? » Les paroles de Lullaby qu’il n’entendra pas, il l’aurait empêcher et compte sur Elisha pour le faire. Mais elle est encore trop jeune pour comprendre, ou protester. Elias le sait, si Bee veut, Bee obtient. Et cela malgré que ça pourrait nuit à tout le monde. Il marche, de sa lampe torche, il semble allumer les environs, avant de s’arrêter quelques instants, ne sachant pas vraiment par où commencer. La ville est grande, les alentours aussi, Philipp pourrait être n’importe où… « Il était en mission vers la plage aujourd’hui. J’imagine qu’on doit commencer par le chercher là-bas ? » Qu’il entend, son sang se glace sur place alors qu’il n’a même pas le temps de tourner son visage qu’il comprend bien vite à qui cette voix appartient, et en plus elle propose un endroit, là où même Elias hésitait, il est peut-être là le lien du sang. « Pourquoi dans cette famille, personne ne m’écoute ?! » Qu’il soupire volontiers, avant de passer son doigt pour se frotter les yeux. Il se parle à lui-même et pourtant est-ce que cela devrait l’étonner ? « J’imagine qu’il est trop tard pour te demander de rentrer ? Va pour la plage alors ! Mais reste vigilante et préviens-moi dès que tu vois un truc ! » Il ne plaisantait pas ! Son arme près de lui, dans sa main, de manière à pouvoir agir au quart de tour, alors qu’ils marchaient depuis plus de trente minutes. A vélo ils iraient plus vite c’est certain !
Lullaby ne peut pas rester sagement là, à attendre que son cousin et son frère revienne. Elle ne peut pas rester en retrait alors qu’elle pourrait aussi bien les perdre tout les deux ce soir. Cette pensée s’insinue dans son esprit et contracte ses entrailles, comprime ses poumons. Ce n’est pas possible, elle ne doit pas penser à cela. La mort est omniprésente à présent, alors même que la demoiselle ne se sent pas en mesure de supporter celle-ci. Par pour ses proches. Pas pour ses parents. Pas pour ses frères. Pas pour ses cousins. Et pas pour Alexandre, non plus. Elle a déjà perdu trop de ses proches, de ses amis, dans cette nouvelle vie de désespoir, pour accepter de perdre sa famille en prime. À quoi bon vivre, si elle perd petit à petit et de manière tragique toutes les personnes qui comptent pour elle ?
Alors elle confie Titi aux bons soins d’Elisha et elle sot à son tour dans les rues de la ville en cherchant son cousin, priant pour que ce dernier n’ait pas déjà prit trop d’avance sur elle. Priant, aussi, pour qu’il ne soit pas déjà quelque part, attaqué par un zombie. Ils n’auraient pas dût sortir, ni l’un ni l’autre. Ils auraient dût rester au camp. C’est ce qu’on leur dira, si ça tourne mal. Ils auraient dût faire confiance à Philip pour se cacher, au lieu de sortir prendre des risques comme ça pour le chercher. Mais c’est plus fort qu’eux. Family comes first.
«- Je t’ai écouté. J’ai juste décidé de ne pas obéir.» souffle la demoiselle. «On a plus de chances à deux que tout seuls.» murmure-t-elle doucement en surveillant les alentours.
Non, elle ne rentrera pas, ça, il peut en être certain. Même s’il pose la question, il devine bien, en effet, la demoiselle n’a aucunement l’intention de rentrer, loin de là. Elle va l’accompagner, jusqu’au bout de ce périple. Jusqu’à temps qu’ils retrouvent son frère aîné. Il l’a toujours protégé, Philip. Au tour de Lullaby, de prendre soin de lui !
«- Tu imagine bien...» souffle la demoiselle. «Je veille, t’en fais pas !» assure-t-elle comme ils se dirigent prudemment vers la plage à pieds, à défaut d’un autre moyen de locomotion. «Tu vois quelque chose ?» souffle la demoiselle, comme elle-même ne voit toujours rien d’inquiétant de son côté. Cependant, un craquement la fait sursauter, à quelques mètres seulement de la plage. «C’était quoi ça ?! T’as marché sur un truc ?» souffle la demoiselle.
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Foutu famille, foutu cousine qui prend des risques pour sauver les siens, alors qu’une perte aurait suffi. Elias ne sait pas dans quoi il s’engage en voulant jouer le super-héros. Mais sans aucun doute il risque sa vie, à tout moment. Il se plaît dans ce rôle de sauveur, c’est pourquoi il est devenu d’ailleurs policier. C’est pourquoi il n’a jamais hésité sur ce qu’il voulait faire depuis enfant, et pourtant les méchants dans les films il en a toujours été obnubilé au plus profond de lui, mais il n’a jamais hésité entre défendre le bien et le mal, bien que parfois (trop souvent) il n’arrive pas à connaître la barrière entre les deux. Pour l’heure, le camp du bien l’emporte sur le reste, celui du cœur. Pour cet être si imprévisible, si mystérieux pour le reste du monde. L’enfant qui ne connaît pas ses limites, et prêt à réunir ses deux mondes entre ses mains. Tantôt ange, tantôt démon c’est bien le frais qui chatouille son visage, lui indiquant alors dans quelle direction allait, comme si le vent le guiderait à sa recherche. Son instinct, qu’il suit toujours. Il n’en a jamais été déçu, de toute évidence, Elias vit le jour au jour, sans se soucier de demain. A quoi cela servirait ? « Je t’ai écouté. J’ai juste décidé de ne pas obéir, cette voix qui se place juste à côté de lui, satisfaite d’être là, satisfaite tout simplement de ne pas laisser son cousin et son frère dans une vague de désespoir, alors qu’une mort probable les attend. Mais Elias veut y croire, il a besoin de ça pour tenir encore debout, et se battra jusqu’à son dernier souffle. Pendant un moment, il voulait prier de sortir de ce mauvais rêve, mais ça semblait si réel, impossible que cela ne soit pas dans la vraie vie ?! On a plus de chances à deux que tous seuls. » Il hausse les épaules. Elle pense encore qu’ils ont une chance de rentrer en vie, sans égratignure ? Elle pense qu’une arme et un bâton puissent barrer la route de monstres sans vie ne voulant qu’une chose : détruire le monde des vivants pour y laisser les ténèbres s’y faire une place de choix ? Dans ses veines, coule aussi les ténèbres, la noirceur. « Je sais pas Bee, crois-tu qu’on a réellement une chance de survivre si on venait à se faire attaquer… » Sa voix n’était ni affirmative, ni interrogative. Il aimerait mais Elias n’était pas idiot, et savait dans quoi il s’est engagé ! Ils commencent à avancer, à s’engouffrer dans la noirceur des rues alors qu’une simple lampe torche tente d’allumer la zone où les deux cousins se situent. « Tu imagine bien... Je veille, t’en fais pas ! » Elle souffle légèrement, bien décidé à mener sa barque, à gagner. A vaincre ses peurs, qui terrorisent chaque habitant de cette ville. Aucun d’eux ne réalise le risque qu’ils prennent, alors même que Philipp est peut-être dans un autre bunker, n’ayant pu rejoindre le leur à temps… Tant de questions que Elias tente de ne pas penser, pour ne pas submerger son cerveau. « Tu vois quelque chose ? » Elias, devant elle, et légèrement plus grand, est le mieux place, pour autant il devine à peine ce qui se trame de l’autre côté de la bute. Là où la plage se repose. Là où peut-être que Philipp se repose. Mais il n’a pas le temps de répondre, qu’un craquement se laisse entendre, raidissant son corps instantanément, « c’était quoi ça ?! T’as marché sur un truc ? » La voix paniquée de Lullaby le sort de sa torpeur, et Elias ne met que quelques secondes avant de réaliser qu’ils sont observés. « Reste calme Bee, on nous observe, et ce n’est pas Philipp… » Sa voix est pourtant calme, trop calme alors que ses sens sont en éveils, qu’il tient fermement son arme, avançant. Il ne reculera pas, jamais !
Leurs chances de survies s’ils venaient à se faire attaquer ? Lullaby dirait en toute lucidité qu’elles sont quasi nulles, tout simplement. Mais à deux, peut-être qu’ils pourraient s’en sortir, s’il n’y a qu’un seul zombie. On ne sait jamais. De toute façon elle ne pouvait pas rester sans rien faire à attendre que son cousin revienne au bunker, ce n’était pas possible. Elle se devait d’accompagner ce dernier et essayer de sauver la mise à son frère. Pour une fois, les rôles étaient inversés. Et s’ils voulaient retrouver Philip saint et sauf, ils avaient plutôt intérêt à ne pas trop traîner tout les deux. Malheureusement, la ville est grande et retrouver l’aîné de la demoiselle ne sera évidemment pas une mince affaire, ils en ont conscience tout les deux si bien qu’ils prennent milles précautions pour ne pas se faire repérer, bien que le jour ne soit pas encore tout à fait disparu. La jeune femme regarde tout autour d’elle, non sans inquiétude, essayant de prévenir tout danger, s’inquiétant de savoir si son cousin voit quelque chose. Mais rien. Soudain pourtant un bruit la fait sursauter, l’inquiète. Et les mots de son cousin ne sont pas pour la rassurer alors que ce dernier affirme qu’ils sont à présent observé. Et pas par Philipp. Bee sent son coeur qui s’emballe. Dire qu’Alexandre est fan de zombie… le goût lui est peut-être passé à présent que la menace est concrète, qu’elle les concerne.
Le silence les enveloppe et Bee se hisse sur la pointe des pieds pour essayer de voir quelque chose, repérant finalement cette silhouette qui les guette, tapis dans l’ombre. Elias attrape son arme en main fermement, prêt à en découvre et Lullaby ramène la sienne vers elle, en serrant le manche de toute ses forces. C’est la première fois que la demoiselle risque de s’en servir. Mais elle vérifie qu’en effet, il n’y ait pas d’autre zombie dans les environs, qu’elle n’aurait pas vu.
«- Il est tout seul ?» souffle Bee, comme elle a l’impression que c’est le cas. «Tu veux que j’l’allume avec mon bâton ? On peut peut-être arriver à le repousser comme ça...» souffle la demoiselle, tout en ayant peur, néanmoins, de signaler leur position à d’autres.
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A présent, il devait se protéger lui-même, mais également veiller qu’il n’arrive rien à Lullaby. Ses évènements le dépassent, et au fond de lui, il n’approuve pas ce que vient de faire la jeune femme, l’obligeant alors à veiller sur elle, alors qu’il a déjà tant de choses à faire, comme se protéger des foudres d’individus qui ont perdu le sens de l’humanité. Comme si lui, en était pourvu. Il était pourtant du genre solitaire et pas très bavard. On dit de lui qu’il ne vaut mieux pas se frotter à ce flic si on ne veut pas de représailles. Car le brun peut se montrer froid et énigmatique, dépourvu de tout raisonnement lorsqu’il se sent attaqué, un brin fougueux et bagarreur ; il n’aime pas qu’on le remette en question. Elias n’accorde pas sa confiance avec facilité, non lui préfère agir en catimini, dans le silence et l’obscurité absolue. Pourtant sa cousine l’oblige en quelque sorte d’accepter sa venue, l’ayant suivie. Il semble évident, qu’il la protégera envers et contre tout, même si cela signifie aussi risquer sa vie. En devenant flic, Elias savait dans quoi il s’engageait, un combat compliqué et périlleux pour cet enfant qui n’a pas appris à pardonner, avec un père absent et une mère qui fermait les yeux sur les intentions passés de cet homme. C’est à cette date précise et en voyant ses parents se déchiraient que cet enfant âgé de cinq ans s’est promis de ne jamais faire les mêmes erreurs que sa mère, ne jamais tomber dans le piège de l’amour. C’est pour cette raison qu’il traite les femmes comme des objets qu’il jette dès que le désir et la passion s’en va. La seule chose qu’il ne veut pas c’est s’attacher à une autre personne, montrer cette part de vulnérabilité. Il ne veut pas montrer ses faiblesses, il a pourtant un cœur, et c’est un homme, deux raisons qui font qu’il est remplie de faiblesse ! Des excès en tout genre. « Il est tout seul ? » Qu’elle demande, doucement, avant qu’elle surenchérisse, bien décidé à aider son cousin. Un peu trop d’après Elias Sanders. « Tu veux que j’l’allume avec mon bâton ? On peut peut-être arriver à le repousser comme ça... » Elle allait juste se blesser avec ça, Elias, chuchotait de manière à ce qu’elle soit seule à entendre, tout en tournant son visage pour voir si quelqu’un d’autre n’est pas dans les parages, malgré l’obscurité. « J’sais pas Bee, en général ils sont solitaires, mais rien ne nous dit qu’un autre ne profitera pas pour venir nous voir, nous sommes leur chairs fraîches ! » Cette idée ne lui convient pas mais Elias continue d’avancer, ne voulant pas tirer pour le moment, il ne pourra pas le tuer avec une arme, et il faut alors qu’il vise le plus près possible pour déstabiliser ce corps inerte, qui les observe de loin. « Pour le bâton, je ne sais pas Bee, tu risques juste de l’énerver davantage… » Si on lui avait dit comment battre et vaincre un zombie, Elias ne serait pas là. Mais il n’a guère le choix, il n’allait pas faire demi-tour, jamais ! Alors il offrait à ce monstre la possibilité de les attaquer mais une chose est certaine, Elias ne se laisserait pas faire, aussi ses deux derniers avancent doucement vers l’ombre, tentant de déceler son visage. « Quoi qu’il arrive Lullaby protège tes arrières et si tu dois viser un endroit, c’est le cerveau ! » La seule chose qu’il sait c’est qu’un zombie ne respire pas, son cœur ne bat pas. Et que la seule façon de l’atteindre, c’est son cerveau qu’il faut détruire. Et quand le zombie s’avance, en leur direction complétant les quelques mètres de distance à une rapidité déconcertante, Elias s’arrête, Bee bouscule son cousin sans voir qu’il s’était arrêté mais Elias ne perd pas une minute, il pointe son arme sur cette chose, avant qu’une balle sorte, déstabilisé il touche le torse avant de le voir à quelques millimètres de lui, le cœur battant, qui se tient face à lui.
Il ne semble pas ravie de voir sa cousine avec lui, mais c’est plus fort qu’elle, naturellement, alors qu’Elias vient de partir, de quitter la sécurité du camp, à cause d’elle, pour aller chercher son frère avant que la pénombre ne l’engloutisse tout à fait. C’est à cause d’elle qu’il est sorti, à cause de son inquiétude, si bien qu’elle se sent obligée de l’accompagner, ne pouvant pas rester simplement dans son coin tandis que son cousin risquait sa vie et qu’ils étaient sans nouvelles de son frère. Son ainé a un fils. Un enfant qui mérite de grandir dans un monde en paix, où son père est là pour lui, pour l’élever, pour l’aimer. S’il arrivait quelque chose à Philip aujourd’hui, la demoiselle ne sait pas comment elle pourrait annoncer la nouvelle à son neveu, son filleul, son petit Titou chéri. Elle ne savait pas comment elle pourrait détruire son monde, tout à coup, en lui annonçant que son papa ne reviendrait plus jamais d’une expédition hors du bunker. Oh, elle élèverait le petit garçon à la place de son père, mais ce serait quand-même un crève cœur que de devoir lui annoncer la nouvelle, que de devoir voir le regard de son Titou s’embuer de larmes incontrôlables.
Il y a une ombre, tapie dans l’obscurité. Qui les observe et les inquiète dans un même temps : une ombre que les guette. Qui n’est pas Philip, malheureusement. La demoiselle, restée juste derrière son cousin pour assurer leurs arrières, n’est guère rassurée par le discours de son interlocuteur comme ce dernier craint que d’autres ne soient cachés hors de leur vue. Elle voulait, l’aider, pensant qu’ils s’en sortiraient mieux à deux que tout seuls. Ils avaient une chance, contre un adversaire unique. Mais si d’autres surveillaient la scène, ça ne sentait pas très bon pour les deux humains.
«- T’es sûr de toi ? Peut-être que la lumière le repoussera assez pour qu’il croit le jour venu et nous laisse en paix, non ?»
Elle propose, Lullaby. Il faut bien. Ce n’est pas en restant les bras croisés qu’ils vont pouvoir trouver Philip et se sortir de cette situation. Mais Elias semble vouloir gérer les choses, de son côté. La demoiselle s’arrête net contre lui, le bousculant au passage, comme il s’arrête face à la pénombre, pour viser le zombie au plus prêt, ce dernier avançant vers eux. Il vise, d’ailleurs mais est déstabilisé. La créature est si proche d’eux à présent, touchée au torse sans effet, que la jeune femme ne réfléchit pas, approchant de cette chose, son bâton allumé, pour faire reculer la créature que cette forte lumière est sensé incommoder.
« It's the last, day on earth... » lullaby watson & elias sanders
Elias n’avait jamais vécu une telle scène, son métier de flic veut qu’il combatte des méchants humains et non des créatures qui n’existaient pas selon lui avant que le monde ne s’écroule. A quel instant ce monde n’est devenu que ténèbres ? Il adorait enfant racontait des histoires de monstres à sa petite sœur qui souvent finissait par dormir auprès de lui, tellement peureuse, car Elisha est douce et absolument pas téméraire. Elle avait toujours peur de se faire attaquer par un monstre qui dormirait sous son lit ou se cacherait derrière le rideau de la fenêtre de sa chambre. Le petit démon qu’était à cette époque son grand frère adorait la faire tourner en bourrique. Mais jamais il n’avait pu songer à un seul instant que bien des années après le cauchemar de sa sœur deviendrait réalité et qu’il torturait la famille Watson/Sanders et bien d’autres familles. C’était affreux, de s’en rendre compte et de n’être qu’impuissant devant la terreur des gens quand Elias le policier pose son regard sur eux. S’il est devenu le protecteur de la ville ce n’est pas pour voir sa région, son île paradisiaque se voir rayer de la carte. Pire encore puisque désormais on ne parle plus que de zombie, ils sont partout, mêmes là où on ne les attend pas. Le jour, le monde leur appartient encore, mais la nuit tout le monde se rejoint pour se soutenir, s’aider. Les étrangers d’hier sont devenus aujourd’hui des amis, des proches, des personnes solidaires car pour survivre l’homme peut se révéler être un vrai atout. Et pourtant dans leur regard se lit cette peur éphémère mais qui revient chaque soir, espérant le dernier. Certains ont rendu les armes et deviennent pour certains leurs ennemis. Les amis d’hier ne sont plus aujourd’hui forcément quelqu’un sur qui on peut se reposer. Elias n’a plus aucune nouvelle de Freya, sa meilleure amie, il la cherche du regard, constamment, priant pour qu’elle soit encore de son côté, mais connaissant la tempête Doherty, n’étais-ce pas déjà trop tard ? Il y a ce monstre qui le sort de ses pensées, Elias a loupé son coup et n’a pas réussi à viser son cerveau, il le sait pourtant que dans ce genre de combat ils n’ont pas de secondes chances. Il se tient si proche d’eux, que Lullaby tremble, il l’entend derrière son dos, il aimerait qu’elle n’est pas à assister à ça mais il est déjà trop tard. « T’es sûr de toi ? Peut-être que la lumière le repoussera assez pour qu’il croit le jour venu et nous laisse en paix, non ? » Qu’elle demande à Elias pour se rassurer alors qu’elle n’hésite pas une seconde et n’attend pas le verdict de son cousin, elle avance le bâton avec la torche rapidement vers la chose en face d’eux et ce dernier par pur mécanisme se recule. Elias n’hésite pas une seconde, avec son arme il pointe sur le monstre avant de tirer avec précision dans le haut du crâne de la chose qui hurle en s’écroulant. La cervelle explose comme dans les films de science-fiction, étrange. C’est ça de se faire du zombie ?! Intéressant pour le flic qu’est Elias Sanders, il se retourne vers elle. « Ca va aller, hein Bee. On doit se dépêcher… » Qu’il dit sans perdre de temps ne regardant même plus ce truc sur le sol. Avant de reprendre, « faut pas faire de bruit, mon arme a déjà assez fait de dégâts… » Et il est conscient que le coup de feu a dû déjà attirer trop d’oreilles en leur direction, ils doivent se dépêcher si ils ne veulent pas finir sans vie comme eux.
Ils n’ont pas vraiment le temps de tergiverser sur la marche à suivre, sur ce qu’ils peuvent faire, comme le danger est plus qu’imminent, à présent. Si Lullaby demande l’avis de son cousin pour savoir quoi faire, pensant que ses qualités de policier peuvent un peu les aider dans leur situation, il n’en reste pas moins que l’un et l’autre doivent agir dans l’urgence pour ne pas risquer de donner l’avantage à leur adversaire. Alors elle n’attend pas une réponse de son cousin, Lullaby, en voyant l’évolution de la situation et elle tente tant bien que mal de repousser leur opposant en agitant son bâton lumineux juste sous son nez, permettant ainsi à Elias de viser la créature au mieux, laissant cette dernière venir s’écraser sur le sol alors que son cerveau se consume. Elle reste figée sur place, la demoiselle, à regarder cette forme sur le sol, avant que son cousin ne la bouge. C’est vrai. Ils devraient vite filer d’ici avant que d’autres créatures ne se présentent, attirées par le bruit de la détonation. Elle acquiesce d’un mouvement de tête, pour ne pas faire plus de bruit et lui emboîte le pas.
Le silence de la nuit qui tombe ne la rassure pas et le coeur de la demoiselle bat la chamade, de plus en plus, alors qu’elle laisse son regard virevolter partout, sur toutes les ombres, toutes les surfaces, à la recherche d’un danger imminent dont elle devrait avertir son cousin. Mais rien. La demoiselle pourtant ne parvient pas à se tranquilliser, ne pouvant s’empêcher de penser qu’à l’heure qu’il est, ils sont plus que des proies faciles, pour tout les zombies des alentours. Cette idée ne la rassure pas. Et ce d’autant plus qu’elle ne sait toujours pas où peut bien être Philip.
Ils atteignent la plage, bientôt. Une légère brise fait virevolter quelques grains de sable. SI la mer a l’air paisible, la jeune femme n’a pas le temps de perdre du temps à la contempler, comme son regard ne cesse de balayer les alentours, à la recherche de son frère. En vain.
«- Tu vois quelque chose ?» s’enquit la demoiselle à l’attention de son cousin.
« It's the last, day on earth... » lullaby watson & elias sanders
C’était une évidence de se retrouver là, en tout cas pour Elias, jamais il ne pourrait laisser son cousin affronter tout seul ses choses, le savoir dans l’inconnu, ne lui convient pas, et il fera tout pour le retrouver et l’aider. L’esprit du policier est en perpétuel questionnement, embrumé pour arriver à déchiffrer réellement les endroits où il pourrait être. Lullaby avait proposé la plage mais cette pensée effleure peut-être le fait que rien n’est moins sûr finalement. Peut-être se trompent-ils et que Philip n’y est pas, peut-être perde t’il leur temps, et leur énergie. Ici ils sont tellement vulnérables, qu’Elias préfère ne pas y songer. Avant que les zombies n’envahissent son monde, son île, il n’y croyait pas. Avant que les mythes ne deviennent qu’une réalité effrayante. Avant que son monde ne devient un jour ténèbres et poussière. Le jour il y a encore un semblant de routine, ils font comme si de rien n’était, comme si rien avait changé. Mais la nuit, la nuit c’est la peur, qui envahit l’Australie et tous les autres pays. Ils sont partout, et cela même si on ne cherche pas à les trouver. Il y a eu quelques hommes au début qui se pensait plus fort. Mais ils ont fini comme eux. A errer, à faire naître crainte et terreur. Ca a vite calmé tous les esprits. Elias est intelligent, il a la tête sur les épaules, il a toujours écouté son sixième sens et cela lui a toujours apporté satisfaction jusqu’ici ; il sait qu’il ne pourra rien faire en grande échelle. Mais que même un ou deux de moins c’est déjà ça, n’est-ce pas ?! Ca tombe bien puisqu’il est face à l’un d’eux. Il a peur bien sûr, ce serait mentir que de prétendre le contraire, mais ça ne l’empêchera pas d’agir, de combattre la tête haute. Et puis Bee qui a une idée brillante, éclairer le zombie juste pour qu’il recule un peu, qu’il soit déstabilisé, Elias savait que ce serait sa seule chance, qu’il n’en aurait pas d’autres. Alors, il n’hésite pas une seconde quand son arme se pointe lourdement sur la créature alors qu’elle commençait à vouloir surenchérir malgré la lumière. Ca n’a peur de rien ou presque ses choses-là ! Un coup à suffit cette fois, visé en plein cerveau, elle tombe sur le sol froid et rigide qu’est le goudron en pleine nuit. Ils ne sont pas loin du but, Elias sent déjà l’odeur de la mer salé qu’il aime tant, alors il décide de reprendre son chemin avec sa cousine pour arriver enfin au but. Et savoir si c’était une perte de temps ou une bonne intuition d’une sœur effrayée. « Tu vois quelque chose ? » Elle tente de prendre appui sur Elias et de se surélever pour voir quelque chose il chuchote en sa direction, voulant rester le plus discret possible sous cette tension palpable. « Il y a quelque chose la bas, je crois… » Qu’il avoue sans en être véritablement sûr, c’est peut-être qu’une veste abandonné, ou le corps sans vie d’une personne, il n’en sait rien encore, il reprend avec toute sa détermination et son sérieux, « mais je sais pas si c’est un humain, faut que j’aille voir, toi tu restes là… » Demander à un aveugle si il veut voir… Bien sûr qu’elle allait le suivre, au fond de lui il le savait mais l’espoir fait vivre, et Elias n’a pas le temps de l’attacher ou de gueuler sur elle, alors il lui tourne le dos et s’avance le plus silencieusement possible. Avant de voir d’autres silhouettes s’approchaient de la première. Merde…
Ils n’ont pas de temps à perdre pour trouver Philip et revenir au bunker, alors que chaque minute passé dehors les expose au danger et à la possibilité de mourir. Non pas mourir, à vrai dire, mais finir comme des morts vivants, des zombies et attaquer à leur tour les humains sains et sauf égarés à la nuit tombée. Ils n’ont que peu de temps devant eux avant que les chances de retrouver Philip en vie ne soient nulles et cette idée ne manque pas d’assombrir les pensées de la jeune femme, de l’inquiéter au plus haut point. C’est une angoisse sourde qui inonde son coeur et son esprit, à l’heure où elle prend conscience que son frère pourrait vraiment ne plus jamais lui sourire. Mais elle ne peut pas penser à cela, sans quoi elle les exposerait, tout les deux, au danger. Alors elle prend sur elle, Lullaby. Elle prend sur elle pour avancer encore, avancer malgré tout et se donner une chance de retrouver son aîné sain et sauf.
La plage ça semble être la meilleure idée qu’ils ont, le point le plus logique, même si cette grande étendue de sable, à découvert, ne permet pas de se cacher et expose directement son frère à la menace des êtres de la nuit. Lullaby suit le pas de son cousin, calquant son allure sur la sienne alors que tout en essayant de ne pas faire de bruit, ils tentent d’atteindre rapidement la plage. Elle ne voit rien, ici, rien qui indiquerait une présence humaine et s’enquit de savoir si son cousin, lui, aurait vu quelque chose. Et il semble que ce soit le cas. Lullaby essaie de voir, à son tour, mettant quelques secondes pour parvenir à distinguer la silhouette dont son cousin parle. Rester là ? Il en a de belle, Elias. Et en même temps elle sait qu’il a raison. Si cette forme est un cadavre, ou pire le cadavre de Philip, Lullaby n’a nulle envie ni nul besoin de voir cela. Mais elle est bien décidée à le suivre malgré tout.
Des silhouettes approchent de l’autre et la demoiselle se contracte. Ils n’ont pas une minute à perdre à présent. Ces nouveaux venus, évidemment, n’ont rien de très sympathique. Au nombre de trois, ils représentent un adversaire de taille. Mais l’adrénaline prend le dessus et la rouquine court dans leur direction, cherchant à les éblouir de la vive lumière de son appareil, au moins le temps de faire diversion. Le temps pour Elias d’essayer d’en shooter un. Ou deux. D’essayer de voir si l’homme allongé dans le sable, si tant est que la première silhouette était un corps étendu, se porte bien. Si c’est Philip.
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A force de trop se poser de questions Elias finissait par croire qu’il allait devenir fou. Fou, comme Freya Doherty. Perdre la tête. Ce qui leur arrivait dépasser tout ce qu’il avait pu prédire, et il ne comprenait pas dans quel monde aujourd’hui il vivait. Pourquoi et comment des zombies, ce qui prenait pour une mythologie, ou quelque chose qu’on dit pour faire peur aux gens, puissent exister dans leur monde. Lui qui adorait faire ses courses illégales la nuit n’avait pas le droit d’y participer. Toutes les personnes qu’il connaissait l’empêchaient de sortir la nuit, sa sœur la première. Sa cousine la seconde. Et enfin, si Freya avait été à ses côtés, elle en aurait fait partie, ou serait venue à chacun de ses déplacements. D’autant plus qu’elle est la seule à qui il a ouvert la porte de ses courses. Elle est la seule à qui il a en a parlé, étrange n’est-ce pas ? La nuit est tombée depuis un long moment déjà, mais il ne savait pas quelle heure il était, ni encore combien de temps cette menace omniprésente sur Lullaby et sur lui pèsera. Il n’a habituellement pas peur, c’est un homme assez sûr de lui, qui se bagarre souvent. Il n’a pas sa langue dans sa poche quand il doit envoyer quelqu’un bouler. Et pourtant, face à des monstres pareils il devait avouer sa réticence, il avait peur, oui. Pas peur de mourir ou de quitter son corps pourtant qu’il aimait beaucoup. Mais peur de l’inconnu, et de ce qui ne pourra plus faire. Des rares personnes qui lui manqueront. De sa voiture qu’il ne pourra peut-être plus conduire. De tout ce qui fait aujourd’hui son monde, et qu’en partant il devra quitter. D’une manière comme d’une autre. Et puis si on le transforme en zombie, l’éternité ne fait-elle pas peur ? Il ignore ce qu’est l’éternité. Il ignore ce que ça représente pour lui et ceux qui ont l’éternité devant eux. Mais pour rien au monde il envie leur place ! Alors c’est avec prudence qu’il avance parce qu’il ne veut pas se faire piéger. Et même si il demande à sa cousine de rester à sa place, de ne pas avancer avec lui il sait qu’elle ne l’écoutera pas. Il ferait la même chose lui, à sa place alors il n’insiste pas, et ce n’est pas le moment de se faire remarquer. Avant même d’arriver jusqu’au corps, trois ombres débarquent, et Lullaby ne trouve pas autre chose qu’à faire, de les repousser avec son bâton lumineux. Elias n’hésite pas, et est obligé de les attaquer, sinon c’est eux qui les attaqueront. Il prend son arme et tire dans le tas, il en touche un puis deux. Il n’en plus qu’un qui s’approche du corps. Elias recharge son arme alors que l’autre se penche sur la silhouette, et la personne semble bouger. Légèrement. Elias, tire un nouveau coup, une nouvelle détonation, et la créature gise sur le sable. « Putain Bee, c’est ton frère. » Il se penche alors que Philip ouvre doucement ses yeux, Elias ne peut s’empêcher de vouloir savoir si il est devenu lui aussi un zombie. Si il y a danger, ou pas… « Bee faut qu’on bouge, ça arrive… !! » Qu’il dit en bousculant Lullaby. Peu importe si il doit le porter, il faut qu’ils se dépêchent !
Elle agit spontanément, Lullaby. Elle a toujours été d’un naturel semblable, après tout. Mais aujourd’hui plus qu’hier, elle a besoin de l’être. Elle ne réfléchit pas, elle agit dans l’urgence, inquiète à l’idée que ce soit son frère qui gîse là. La jeune femme ne peut pas voir le visage de la personne à terre de là où elle est. Elle ne voit que cette silhouette au sol et ces zombies qui avancent dans sa direction. S’il y a encore quelque chose à sauver, Bee veut tenter de le coup. Si c’est Philip, elle ne se pardonnera jamais de ne pas l’avoir aidé. Elle ne se pardonnera jamais d’avoir faillit dans sa tâche. Elle ne se pardonnera jamais de ne pas avoir ramené son père à Titou. Et elle se pardonnerait encore moins de regarder Elias être obligé de mettre un terme à la vie, si on peut dire, de son frère, pour éviter qu’il ne s’en prenne à eux.
Faire diversion, c’est tout ce qui lui importe, tout ce qu’elle veut. Pour qu’Elias puisse attaquer les créatures ou qu’il puisse dégager la personne à terre de cet endroit sordide. Elle peut s’en sortir, Lullaby. Elle pense que oui. Elle espère, surtout. Elle a un avantage, sur les zombies. C’est celui d’être légère, d’être rapide et d’être agile. Un vraie petit cabri, de par ses années de patinage. De quoi lui permettre de fuir. Elle espère, en tout cas. Et pendant qu’elle fait diversion en pensant déjà à la fuite, Elias parvient à mettre à terre leurs trois opposants.
«- Philip !»
Philip. C’est Philip, à terre. Quand Elias le lui confirme, une inquiétude sans nom envahie le cœur de la demoiselle, et tout son esprit avec. Ce n’est pas possible. Ses yeux se voilent de larmes. Mais elle n’a pas le temps de vraiment digérer la nouvelle, de vraiment gérer la situation, qu’Elias devient inquiétant de nouveau, assurant qu’ils doivent faire vite pour dégager du coin. Trouver un abri ou parvenir à rejoindre un bunker, dans l’idéal.
«- Vas-y, je surveille vos arrières !» assure la jeune femme.
Son arme bien en main, la jeune femme le maintient allumé, à présent, seule source de lumière dans l’obscurité, de sorte à pouvoir voir toute créature qui viendrait dans leur direction. Mais son regard plein d’inquiétude est davantage focalisé sur son frère et son cousin.
«- Philip, tu peux un peu marcher ?» questionne-t-elle alors que l’homme semble souffrir. «Il faut que tu aide Elias….» souffle-t-elle. «Pense à Titou !» déclare-t-elle fermement, pour lui donner la force de continuer, la force d’avancer, la force de s’en sortir. «Les bunkers vont être loin s’il a du mal à marcher… il faudrait trouver un abri. Un endroit clos où on pourrait se cacher. Mais il faut être sûr que l’endroit ne serve pas de planque à ces… trucs.» remarque-t-elle.