| | | (#)Sam 27 Juil 2019 - 12:33 | |
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Ellie a un regard pas franchement ravie pour la tenancière du tabac alors que cette dernière, d’un index un peu crochu et d’un vernis à ongle rouge pétasse lui indique la petite pancarte collée sur le devant de sa caisse. Pas de cigarettes ni d’alcool aux mineurs.
« Qui vous dit que je suis mineure ? »
Oui bon… Elle l’était et il lui restait un moment avant de pouvoir se vanter du contraire et de balancer à la face des gens une carte d’identité qui l’indiquait ET qui était vraie. Sauf qu’elle était dans la panade. Parce que présente à Brisbane depuis quelques temps seulement, Ellie essayait de se reconstruire une vie sociale comme elle le pouvait. Ça passait par un cercle d’amis et celui qu’elle avait choisit était d’un genre un peu particulier peut-être. Pas que de bonnes âmes c’est sûre… Des gamins qui comme elle avaient des griefs contre la terre entière et surtout contre leurs parents. Ils se rebellaient à leur façon, essayaient de mettre le monde en colère à son tour et peut-être d’attirer l’attention, qui sait ?
Ellie avait moins de « bonnes raisons » que la plupart d’entre eux sûrement. Mais elle affrontait la disparition de sa mère, trop soudaine malgré l’année à profiter d’elle en sachant que son temps était compté… Et l’apparition d’un père jusque là démissionnaire à ses yeux. Le déménagement, tout ça… Elle avait la tête embrouillée, l’esprit perdu… Et bref, là ses copains l’avaient un peu mise au pied du mur à propos de la cigarette. Elle en avait jamais touché jusqu’à aujourd’hui mais elle voulait s’intégrer, faire « comme le reste du groupe ». Sauf que si on ne voulait même pas lui en vendre, ça allait vraiment être compliqué dans un avenir proche… !
Elle essai de marchander un peu mais rien n’y fait. Le cerbère derrière sa caisse lui conseil de sortir si elle ne veut pas qu’elle appelle la police. Aucune idée de si elle le ferait vraiment mais pour l’heure ça suffit pour convaincre Ellie et la jeune fille quitte donc le comptoir, s’apprêtant à sortir, se demandant un peu comment elle allait faire pour ne pas paraître ridicule au milieu du groupe qui semblait réussir à obtenir des clopes sans difficultés ! C’était peut-être une question d’attitude ou quoi… Et clairement, en passant devant la vitrine et en apercevant son reflet, Ellie se fait la réflexion qu’elle a l’air d’une petite écolière. C’était aussi ridicule que pathétique à son goût. Elle allait s’appliquer à changer ça dans les semaines à venir… !
Quoi qu’il en soit, alors qu’elle sort, tombant au milieu des quelques tables qui servaient de terrasse au bar-tabac, Ellie remarque une jeune femme à l’une d’elle, perdue dans ses pensées et dans une planche à dessin. Elle devait être là depuis un moment parce que son dessin était bien avancé, déjà… Mais aussi parce que malgré le petit parasol au dessus de sa tête, elle était en plein soleil ou presque. Sans doute qu’à un moment le parasol lui avait fait de l’ombre mais le soleil s’était déplacé depuis… !
Ellie s’approche, un peu curieuse. La femme était belle. Blonde ou alors châtain très clair disons (quelque chose entre les deux en tout cas!), le teint pâle mais qui ne manquerait pas de rougir si elle ne faisait pas plus attention au soleil ! Son regard était chocolat, concentré sur sa feuille… Et ses lèvres roses, sans artifices et pourtant charnues. D’une main, Ellie fait pivoter un peu le parasol, revenant plonger l’ombre de l’objet sur la table et la jeune femme.
« Vous allez brûler m’dame, attention. Le soleil va bientôt devenir mauvais. »
On était encore le matin mais midi allait approcher à grand pas ! Elle retournerait sûrement au lycée pour profiter de la cantine. Ellie aurait bien pris un sandwich ou quoi mais tout son argent de poche était passé dans l’achat d’une vieille édition d’un vinyle d’Elvis Presley qu’elle attendait incessamment sous peu par livraison spéciale !
« Vous dessinez quoi ? »
Elle se penche un peu pour voir, se laissant en même temps tomber devant la dessinatrice, certainement à la fois sociable et un peu sans gêne.
« Dites, puisqu’on est là et que je viens de vous rendre service... »
Un peu culottée sûrement aussi !
« La guichetière à l’intérieur veut pas me vendre de cigarettes. On peut sûrement s’arranger... »
Qui ne tente rien n’a rien, comme on dit !
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| | | | (#)Dim 28 Juil 2019 - 8:14 | |
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brisbane - 2016 Freya venait de se disputer quelques jours plus tôt avec son cousin. Au sujet d’Anna. Toujours au sujet d’Anna. Il n’y a que ce sujet là pour le faire sortir de ses gongs ou pour le faire chialer, de toute façon. Même qu’on ne l’évoque pas, la jeune femme brille par son absence et ça se sent à chaque fois. Okay, Lukà avait eu toutes les raisons du monde de lui en vouloir. Elle lui avait menti, et pas qu’une seule fois, depuis trois ans. Mais encore une fois, elle ne le regrette pas parce que c’est son amie qui lui a demandé de rester le bec clos. Et la parole est une vertu rare sur laquelle Freya réussit à s’agripper.
Et puis merde, hein, c’est pas ses affaires. Ils ont qu’à agir en adultes responsables, aussi.
Comme une lionne ne pouvant rester dans sa cage, Freya a fini par se décider à sortir. Les disputes, les confrontations, les contrariétés, ça finit toujours par la travailler sur le long terme. Elle peut passer un mois à ruminer et revenir vers vous pour vous balancer les quatre vérités qu’elle n’a pas pensé plus tôt. Juste parce qu’elle ne lâche pas si facilement l’affaire. (Et surtout parce que t’aime pas être la vilaine de l’histoire. Tu préfères te torturer l’esprit pour trouver quelque chose à redire à l’autre parce que c’est tellement plus simple quand c’est pas de ta faute, hein.)
Freya a erré une bonne partie de la matinée dans les rues de Brisbane. Une banale journée de semaine, avec foule pour vous bousculer et un soleil qui n’aide pas à faire fuir la population. Si seulement ce fichu pays pouvait être moins ensoleillé, les gens se terreraient plus chez eux. Mais non, mauvais pays, mauvais continent, comme d’habitude, elle n’est pas arrivée au bon endroit au bon moment.
L’ombre du parasol bouge brutalement, déconcentrant totalement Freya qui pousse un juron. « Vous allez brûler m’dame, attention. Le soleil va bientôt devenir mauvais. » Assise à une table d’un bar-tabac qui lui semblait assez isolé et calme, Freya avait sorti tout son bric-à-brac à dessin, tout en enchaînant café sur café. Avec la petite touche de whisky qu’elle se trimbale dans sa fiole, parce que ça aide à réveiller un peu plus.
Alors quand elle entend une voix au dessus d’elle, Freya est prête à aboyer. C’est toujours son premier réflexe. Elle n’aime pas être emmerdée et encore pire quand elle est toute seule dans son coin et qu’elle n’a rien demandé à personne. « Vous dessinez quoi ? » Enfin ses yeux chocolats s’arrêtent sur l’intruse. Qui en plus se penche sur son épaule pour regarder son carnet. Freya met la main sur le papier tout en jetant un œil furibond à la demoiselle. « On t’as jamais appris qu’la curiosité, c’est un p’tin de défaut ? »
« Dites, puisqu’on est là et que je viens de vous rendre service... » Freya arque un sourcil. Et bien, cette jeune fille a de l’impertinence à revendre visiblement. « La guichetière à l’intérieur veut pas me vendre de cigarettes. On peut sûrement s’arranger... » C’est le coup de grâce. Doherty la dévisage un instant.
Elle peut comprendre pourquoi la guichetière n’a pas voulu la servir. C’est une gamine. Un visage de poupon, adorable malgré un regard qui dénote totalement du reste. Et pour le peu que Freya a constaté, elle semble bien effrontée pour aborder une inconnue juste pour un paquet de cigarettes. « Mais j’t’ai rien demandé, ma grande. T’es pas censée être à l’école, à c’t’heure-ci ? » Elle eut un moment de flashback avant de passer la main dans ses cheveux. « Nan en faites, j’suis mal placée pour dire ce genre de connerie. » Freya boit quelques gorgées de son café bien remonté. « Pourquoi une gamine comme toi aurait b’soin d’clope ? Tu m’as l’air bien jeune pour être déjà stressée par la vie, nan ? » Tu parles. Elle est elle-même bien placée pour savoir qu’il n’y a pas d’âge pour ça. « Ou alors c’est d’la rébellion. J'suppose que tes vieux savent que t'es ici. » Pas qu'elle s'en soucie le moindre du monde.
C'est pas ses affaires, après tout.
Dernière édition par Freya Doherty le Jeu 1 Aoû 2019 - 20:50, édité 1 fois |
| | | | (#)Mar 30 Juil 2019 - 13:36 | |
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Hé ben ! Elle était aimable elle ! Dire qu’Ellie venait tout juste de lui éviter de se prendre une insolation incessamment sous peu ! Avoir su elle l’aurait laissé prendre un petit coup de chaud, ça lui aurait fait les pieds. Mais parce qu’elle sent vaguement, dans l’haleine de la femme en face d’elle, les notes un peu âcre d’un alcool quelconque, Ellie se contente d’arquer un sourcil, se mordant la langue pour éviter de lui demander si de bon matin c’était déjà l’alcool qui la mettait de mauvais poil ! En plus elle voulait toujours ses clopes et Ellie préférait demander à une femme qu’à un homme là. Question de pudeur et peut-être un peu de courage aussi.
En tout cas l’autre continu sur ses airs pas super aimable et Ellie s’entend quand même demander, tout en ignorant le sujet de l’école :
« Vous avez bouffé de la porte qui grince au p’tit dej’… ? »
Fallait rester zen hein ! Dire qu’Ellie se trouvait parfois rabat-joie ! Cette femme venait de pas mal lui péter sa bulle et son délire en lui parlant de l’école et tout ça. Heureusement avant qu’elle ait pu trouver quelque chose à redire à ça en particulier la femme en face d’elle redescend d’un cran… Et Ellie se détend un brin. Si ça se trouvait elle était bipolaire et/ou dangereuse. Ce serait bien sa chance d’être tombée sur la toquée du coin. Dire qu’elle avait juste l’air calme et jolie, vu de loin !
« Vous croyiez qu’on fume juste à cause du stress ? »
C’était pas une question piège ni rien… Y avait une part de curiosité dans sa voix. D’ailleurs elle fait remarquer, comme pour argumenter du contraire :
« Mon père fume mais j’ai rarement vu un type se foutre autant de tout et de tout le monde. »
Alors pour le stress, on repassera ! Ellie était sûrement un peu injuste mais à 17 ans elle ne relativisait pas ses émotions, se contentant de les vivre ou, à défaut, de les subir. Et comme la femme en face d’elle parle de rébellion Ellie a un petit sourire amusé, haussant légèrement les épaules.
« Peut-être quelque chose comme ça. »
Elle se montrait un peu beau-joueur parce qu’après tout ça ne l’engageait pas à grand-chose. Et puis les chances pour que la conversation revienne aux oreilles de son père étaient plus que minimes. Bref. Ellie ancre son regard à celui de la femme en face d’elle et à propos de ses parents, elle déclare de but en blanc :
« Crois-moi, là où ils sont, mes parents s’en fichent. »
Sa mère n’était plus nulle part… Et Ellie ne croyait pas assez en Dieu pour imaginer qu’une paire d’ailes lui avait poussée dans le dos pour veiller sur elle de là-haut. Elle préférait juste chérir et respecter son souvenir. En tout cas pour le moment... Parce que la blessure était encore trop fraîche pour qu'elle sache comme la panser correctement et comment vivre avec son absence. Quant à son père, dieu seul savait ce qu’il faisait à cet instant précis. Peut-être qu’il faisait sa valise pour se lancer dans une autre de ses folles aventures en solitaire. Enfin… Pas si solitaire. Mais sans elle, quoi. Sinon il glandait ou faisait de la musique, un truc comme ça sûrement. Là encore elle était injuste. La faute à la « rébellion » dont on avait parlé plus tôt sûrement… !
Et parce qu’Ellie aussi pouvait se faire doucement mordante, elle demande à son tour :
« Et toi ? T’as pas de travail ? »
Vu l’heure, si elle en avait un, elle devait pas avoir des horaires de bureau hein ! Un rire bref franchit les lèvres d’Ellie qui demande plus sérieusement cette fois :
« Alors ? Tu dessines quoi ? »
Elle passait au tutoiement parce que sous ses dehors de bipolaire qui vous saute à la gorge, la femme avait l’air plutôt sympa. Et assez jeune en réalité.
« Je m’appelle Ellie, au fait. »
Une invitation muette à lui donner son propre nom, histoire d’en mettre un sur son visage. Puis, parce qu’Ellie pouvait être une vraie boussole, c’est-à-dire qu’elle ne perdait jamais le nord, l’adolescente se renseigne :
« Tu vas m’aider quand t’auras finit tes gribouillages ? »
Elle a un clin d’œil pour la jeune femme en face d’elle, façon tacite de signaler que cette petit pique n’était qu’une revanche de bon ton pour toutes celles que l’autre lui avait envoyé jusque-là !
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| | | | (#)Jeu 1 Aoû 2019 - 21:53 | |
| Cette gamine vient de lui faire perdre le fil de son dessin. Freya pourrait presque l’envoyer bouler comme elle sait si bien le faire en temps normal mais la gamine l’air du genre à être persistante. La preuve, elle lui demande d’un ton dédain ce qu’elle a bouffé au petit déjeuner. Doherty hausse un sourcil avant que la comissure de ses lèvres s’arque légèrement dans ce qui peut ressembler à un sourire – ou est-ce que ça serait un rictus ? Elle ne sait pas et elle s’en fout. Si elle vexe la gamine, ce n’est pas vraiment son problème. Il ne fallait pas venir l’emmerder elle, un point c’est tout.
« Qu’est-ça peut t’foutre, gamine ? J’suis pas assez aimable pour toi, c’est ça ? Mauvais ch’val, ma jolie, j’suis pas quelqu’un de sympa. » Freya pourrait l’envoyer paître dans les champs de coquelicots plus violemment mais bizarrement, elle ne fait pas. Parce que la gamine, elle a un air mutin qui ne colle pas avec ce qu’elle transpire. Une figure adorable et mignonne pour visiblement se confronter à une insolence qui n’est pas sans lui rappeler sa propre personne. Elle a l’air jeune, à peu près l’âge où on doit sûrement se chercher et toutes ses conneries. Freya a présentement vingt quatre ans et elle essaie encore de trouver sa place dans le tas de fumier qu’est sa vie. Toute son adolescence, elle a enchaîné connerie sur connerie alors faire la morale n’est guère bien vu.
Mais ça, la gamine est pas censée le savoir.
« Vous croyiez qu’on fume juste à cause du stress ? Mon père fume mais j’ai rarement vu un type se foutre autant de tout et de tout le monde. » A vrai dire, Freya n’a aucune idée sur les raisons qui poussent les gens à fumer. S’il y a bien un vice qu’elle ne possède pas (hallelujah), c’est bien celui de la fumette, du tabac, de la nicotine. Avec toutes les excès qu’elle fait subir à ses organes et sa santé, elle voit cependant la cigarette comme le diable personnifié. C’est con car elle fait pire ; mais justement. Pourquoi payer une fortune pour un final ridicule, des sensations qui ne changent pas, quand on peut s’offrir le paradis ou le septième ciel pour le même prix ?
Le monde ne tourne pas rond. Mais son cerveau aussi, faut dire.
« J’suppose qu’à ton âge, on fume surtout pour faire comme les autres. » Rentrer dans le moule, se faire accepter, se trouver des potes… Il n’y a pas à dire, ce n’est pas une période que Freya regrette. Bien sûr, elle a passé de bons moments – pour les brides qu’elle s’en souvient. Mais tout s’est tellement mal fini, dégringolant comme un château de cartes que ça lui laisse ce goût amer au fond des tripes à chaque fois qu’elle y pense.
La gamine lui évoque alors les fameux parents et Freya n’eut même pas le toupet de paraître surprise. Ou choquée. Parce qu’encore une fois, ce n’est pas ses affaires, ce n’est pas sa gamine et que les parents peuvent délaisser toute responsabilité une fois le moment venu. Sur ce point là aussi, Freya en connaît un rayon. Alors non, elle n’aurait pas une tête compatissante et un mot gentil, plein d’optimisme et de bons sentiments à lui dire. Doherty laisse couler parce que la famille, c’est toujours chiant et plombant comme sujet.
Et puis, elle doute que la gamine va lui déballer l’histoire de sa vie dans la seconde qui suit. Pas que la blonde en ait quelque chose à foutre de toute manière.
« Et toi ? T’as pas de travail ? » Purée mais c’est qui, cette fille, une inspectrice déguisée ? Après l’avoir presque gentiment rembarré, Freya s’est remise sur son dessin, pensant qu’elle allait être de nouveau tranquille. Grave erreur. « Si, celui d’rien glander. Ca s’voit pas ? » Doherty a l’impression qu’elle n’a pas besoin de prendre des pincettes avec la gamine et franchement, ça lui plaît bien.
L’adolescente finit par lui demander ce qu’elle dessine et Freya jette un coup d’œil à son dessin avant de fermer son carnet. « Nope, ny penses même pas, gamine, c’est perso. » Elle aime dessiner, oui, mais elle n’aime pas qu’on la regarde. Ou qu’on regarde ses dessins. Avec les yeux ou avec les doigts, on ne touche pas, on ne voit rien. C’est son monde, son univers et ça, c’est pour sa pomme seulement. Pas d’intrus, pas de voyeurisme.
Alors ta curiosité, gamine, tu te la gardes.
La dénommée Ellie ne perd cependant par le nord pour revenir au sujet principal de cet abordage non voulu ni planifié. Freya penche la tête sur le côté avant de finir cul sec le fond de café (avec son petit mélange personnel) qui lui restait. Ses yeux ne quittent pas la gamine, comme si elle est en train de la juger d’une façon ou d’une autre. « T’y tiens tant qu’ça, à tes fichues clopes ? » Puis elle se rend compte que la gamine Ellie, au moins, elle s’est présentée. Pas que ça change sa vie plus que ça. « Vu que t’as fait ta polie… Freya. » Cette dernière regarde autour d’elle. « Est-ce que t’as l’fric au moins ? Nan parce que de un, j’roule pas sur l’or et deux, hors de question de foutre mon blé dans des… clopes. J’ai beaucoup d’vice mais pas la fumette. »
Il y a quand même des limites à avoir.
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| | | | (#)Lun 5 Aoû 2019 - 8:30 | |
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« Vous inquiétez pas : ça se voit genre limpide. »
Qu’elle était pas vraiment du genre sympa ! Mais bon, en même temps, ça avait l’air d’être pas mal un genre qu’elle se donnait. Une attitude, un truc comme ça. Parce que cette femme n’avait pas l’air franchement méchante non plus en vrai. De toute façon si elle l’avait vraiment été, Ellie n’aurait probablement pas demandé son reste non plus. Courageuse mais pas téméraire, un truc du genre. Bref.
En tout cas l’autre n’a pas de réponse à sa question… Mais c’est probablement accessoire alors Ellie hausse très légèrement les épaules, balayant elle aussi le sujet pour le moment. Quant à ses raisons de fumer elles étaient très bonnes. Ou très mauvaises. Question de point de vue et de popularité probablement !
« Ben en plus j’ai jamais essayé. Je pourrais goûter avant de dire que j’aime pas ! »
Ça c’était la petite phrase facile de ceux qui aiment insister pour qu’on bouffe un truc. Avec le « on dit pas que c’est pas bon, on dit qu’on aime pas ». C’était pareil. Pour une fois qu’elle pouvait tirer ça à son avantage hein !
« De toute façon je croyais que vous vous en fichiez de tout ? »
Ou approximativement ! Donc qu’est-ce que ça pouvait lui faire soudainement de savoir pourquoi elle voulait ses damnées cigarettes ? En tout cas si Ellie les obtenait elle allait les avoir mérités hein ! Parce qu’elle aurait sué pour les obtenir ! Vivement la majorité ! Et en attendant, si elle devait en racheter, Ellie irait ailleurs. Ici elle était grillée. Ou elle trouverait une autre combine. En tout cas…
Un nouveau petit sourire mi-narquois mi-amusé fleurit sur les lèvres d’Ellie alors que la nana en face d’elle l’envoi à nouveau un peu mourir à propos de son boulot cette fois.
« Si si, ça aussi c’est limpide. »
Mais elle se demandait un peu si c’était vrai ou pas du coup. Ellie supposait qu’une fois adulte plus personne ne payait les factures à notre place alors elle devait bien avoir un boulot elle aussi non ? Ou alors elle vivait sur l’aide sociale et passait son temps à venir se prendre des insolations sur les terrasses de café… A faire des dessins que visiblement personne n’avait le droit de regarder.
« C’est idiot de faire ça dans un lieu public si vous voulez pas qu’on regarde. »
C’était moins un jugement qu’une constatation ! En plus en saison touristique l’endroit devait être hyper fréquenté quoi ! Enfin bref, peu importait, Ellie hausse à nouveau les épaules.
« Comme vous voulez. Peut-être que vous dessinez pas si bien mais faut pas être gênée. C'est pas grave et puis y a plein d'artistes avec aucun talent maintenant. Genre cube rouge sur fond blanc ou des conneries comme ça. »
Ellie vient s’accouder sur la table, posant son menton dans le creux de sa paume, sans lâcher la blonde des yeux. Elle était marrante, même si un peu barge décidément à son avis ! Et pour répondre à la question de « Freya » :
« Ben pour maintenant j’y ai dépensé pas mal d’énergie. Ce serait con de l’avoir fait pour rien. »
Et d’ailleurs, parlant de ce prénom si particulier :
« C’est ton vrai prénom ça « Freya » ou c’est un pseudo que tu te donnes ? »
Elle passait au tutoiement parce que pour maintenant, la jeune femme en face d’elle lui semblait moins adulte qu’au tout départ, même si elle gardait un certain statut aînesse quoi !
« C’est joli mais ça vient pas du coin, clairement. »
Quant à l’argent pour ses fameuses cigarettes Ellie fouille dans sa poche pour en ressortir deux billets. De quoi les acheter.
« Je me suis faite refouler à cause de mon âge, pas à cause de mon défaut de paiement. »
L’adolescente vient tendre l’argent à Freya, lui demandant :
« Laisse-moi un truc à toi. Que tu te sauves pas juste avec mon argent. »
Oui bon… Elles se connaissaient pas non plus vraiment hein ! Ellie n’allait pas lui faire confiance alors même qu’elle était la première à la trouver bizarre si ce n’est carrément « un peu louche » ! Puis, parce que Freya avait littéralement tendu la perche pour se faire poser la question :
« Quels vices par exemple ? »
Elle qui semblait dire qu’elle en avait des tas !
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| | | | (#)Mer 7 Aoû 2019 - 18:03 | |
| Cette gamine a un aplomb incroyable, la plus âgée le reconnaît volontiers. Aborder quelqu’un dans la rue juste pour demander l’achat d’un paquet de clopes, il faut quand même avoir les tripes et l’envie pour le faire. Et la gamine Ellie doit très sérieusement en crever d’envie. Freya ne comprend pas comment elle peut avoir une telle volonté ; quand elle, elle se tournait vers des gens pour de l’aide, c’était pour plus dur que ça. Pas pour de simples mégots. « Ben en plus j’ai jamais essayé. Je pourrais goûter avant de dire que j’aime pas ! » Ah. Comment retourner les paroles des vieux contre eux. Bien joué, gamine, bien joué, je te l’accorde, pour cette fois. Et puis, après tout, ce sont pas ses oignons ni sa santé et encore moins son fric, à Freya, qui sont mis sur la table alors effectivement, comme le précise la demoiselle, elle s’en fiche complètement. « T’as pas tord. Si tu veux dépenses ton argent d’poche dans ces merdes et réduire ton capitale santé déjà à ton âge, c’est ton problème, pas l’mien. » Mais tu serais ma gamine, ma fille, ma gosse que je t’aurai déjà envoyé en pensionnat directement. Freya, personne ne l’a retenu pour franchir la limite et elle en connaît le résultat, elle le subit tous les jours en se regardant dans le miroir.
Mais si cette gamine veut jouer les têtes brûlées, Doherty espère juste qu’il y a quelqu’un pour veiller à ce qu’elle ne se brûle pas les ailes en cours de route. Parce que personne ne devrait foutre sa vie en l’air. Et oui, ça peut commencer adolescente avec des clopes, la descente aux enfers.
« C’est idiot de faire ça dans un lieu public si vous voulez pas qu’on regarde. » Freya arque un sourcil avant de traîner ses yeux sur son carnet fermé tandis qu’Ellie la provoque presque en lui disant qu’elle doit mal dessiner. A vrai dire, elle en sait rien. Elle n’a quasiment jamais rien montré à personne, pas même ses frères ni son meilleur ami. La jeune femme sait juste que les mouvements de son poignet lui servent au moins à créer ce qu’elle a dans sa petite cabosse. Alors elle hausse les épaules. « J’dessine pas pour les autres mais pour moi. J’ignore si c’que je fais c’est beau ou non mais c’est perso. Et puis, j’ai pas à me justifier devant une gamine de ton genre. » Normalement, l’art est censé être un partage. De culture, d’univers, une ouverture sur son âme, ses pensées, ses peurs. Une vitrine sur du papier blanc ou un canevas crémeux, exposée pour que le monde entier puisse voir et explorer son monde. Mais Freya n’est pas comme ça. Ses dessins, ils sont planqués dans son armoire ou sous son lit, éparpillés au sol de sa chambre, avec juste ses anciennes peluches pour les voir et les respirer. C’est comme ça et sûrement que ça le restera.
Quand Ellie lui demande si son prénom est bien le sien, Freya eut une légère exclamation qui pourrait presque ressembler à un rire furtif. « J’fais pas dans les pseudos. C’est suédois. Et clairement la seule chose que ma vieille a réussi de bien me concernant. » Parce qu’il n’y a pas de doute que c’est sa génitrice qui a dû choisir son prénom. Sa seule fille, elle aurait dû avoir un lien privilégié avec elle mais que nenni. Ce n’est pas son enfoiré de père qui aurait dégoté un prénom pareil.
Deux billets se glissent sur la table alors que la gamine lui demande en même temps de lui laisser quelque chose. Elle est maligne cette petite. Comme si Freya a l’habitude d’arnaquer les gamines en manque de clopes (franchement, vraiment pas genre…. Beaucoup trop facile). « T’as conscience que c’est toi qu’a besoin de moi, là ? Si j’dis non, t’iras demandé à qui ? T’sais, les gens sont pas aussi bienveillants qu’moi. » Après tout, Freya pourrait s’attaquer à l’adolescente, la voler, lui prendre son argent et son téléphone, ou quoique ce soit. Parce que le monde actuel est fou et qu’on ne sait jamais si la personne en face de vous se trimbale avec un couteau.
« Quels vices par exemple ? » Freya soupire. « Ma parole, t’es bien trop fouinarde, toi. » La jeune femme regarde un moment le parasol qui lui bloque le soleil – dans le fond, elle en est reconnaissante à Ellie de l’avoir bougé – pensant le pour et le contre. Lui donner la leçon de moral et lui montrer le résultat ? Ou la laisser se démerder, aller prendre ses clopes et s’en débarrasser ? « Des vices que j’espère que tu rencontreras jamais. Bon allez, j’vais chercher tes clopes. Garde moi ça, elle lui fourre sa fiole dans les mains, et t’as pas intérêt à plonger le nez dedans sinon, j’te fous tes cigarettes là où je pense. » Freya se lève avant de plisser les yeux. Concentration et café/alcool, elle n’aurait pas dû se lever aussi vite. La jeune femme secoue la tête avant de se diriger dans le coin tabac des lieux. Dix minutes après, paquet en main, elle revient à la table. Doherty jette le paquet de clopes à la gamine, qui le rattrape ou non, elle s’en fiche, elle veut juste sa fiole en sûreté dans son sac. « Les voilà, tes clopes. Contente ? Tu t’sens plus grande ?, dit-elle en se rasseyant. » Elle ne peut vraiment pas avoir la paix, n’est-ce pas ?
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| | | | (#)Dim 11 Aoû 2019 - 11:55 | |
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« Dis la nana qui sent l’alcool de si bon matin… ! »
Hé, chacun ses vices hein ! Encore que dans son cas les cigarettes n’en était pas un. Pas encore. Ellie ne pouvait pas s’imaginer à ce moment précis de sa vie que dans quelques années sa consommation de nicotine serait un peu plus régulière et intensive que ce qu’elle imaginait. Pour elle qui n’avait encore jamais touché au tabac (interdiction maternelle oblige), le concept d’addiction à un simple tube de nicotine n’avait presque aucun sens !
Quant à la justification dont Freya ne souhaite pas se fendre, Ellie hausse les épaules. Elle n’allait pas non plus insister jusqu’à la fin des temps. Elle avait mieux à faire et, clairement, Freya aussi !
« C’est un peu comme ton journal intime quoi. »
La version moderne en tout cas. La « 2.0 ». Mais c’était sympa et si Ellie ne savait pas spécialement dessiner (sortit du bonhomme allumette ou des oiseaux en « V ») elle aimait néanmoins les BD, les mangas… Et même traîner de temps en temps sur deviantart et autres sites du genre. Certaines personnes avaient vraiment de l’or dans les doigts.
Freya lui donne quelques information à propos de son prénom… Sur son origine notamment… Et au passage elle en profite pour tacler sa mère. Ça pince une corde sensible chez Ellie qui venait juste de perdre sa propre maman. Mais de toute évidence elle avait un rapport à sa mère très très différent de Freya avec la sienne !
« Tu es suédoise alors ? »
Ou alors elle n’avait que le prénom de cette origine ? En tout cas, si jamais son accent n’avait pas donner ce renseignement avant elle, Ellie convient :
« Je suis Canadienne. »
L’accent australien était souvent, à ses oreilles, un peu coupé au couteau. Elle commençait déjà à s’y faire, forcément… Mais clairement ça ne sonnait pas toujours « joli » à ses oreilles, sans aller jusqu’à dire qu’elle trouvait ça pénible non plus.
Ellie se contente d’un sourire alors que Freya lui fait sa petite morale, ne se donnait pas la peine de répondre à une question fort probablement uniquement rhétorique de toute façon. Et puis Freya ne répondait elle-même pas vraiment à ses questions alors au pire c’était juste un prêté pour un rendu. La flasque termine entre ses mains et Ellie la soupèse légèrement. Elle finit même par l’ouvrir, venant en renifler le goulot avant de la refermer. Sans y toucher, là ! De toute façon, même si une part d’elle était curieuse vis à vis du goût du contenu il était clairement trop tôt dans la journée pour qu’elle assouvisse cette curiosité !
Freya revient, lui jetant ses clopes… Et comme Ellie ne s’y attendait pas elle ne le rattrape que du bout des doigts, faisant rebondir le paquet dessus puis retomber sur la table. Elle grogne un peu en guise de remerciement du coup, jetant à son tour la fiole à la femme.
« Nous sommes quittes. »
C’était encore flou de déterminer ce que chacune avait fait pour l’autre… Mais disons ça comme ça. Quant à se sentir « plus grande », Ellie arque un sourcil tout en relevant le nez sur Freya.
« C’est un genre que tu te donne ? T’es née comme ça ou tu te force ? »
Parce que bon, ça commençait à être redondant ce petit jeu de piques entre elles. Et même quand Ellie ne disait ou ne faisait rien, Freya se sentait le besoin visiblement quasi viscéral d’en rajouter une couche !
L’adolescente se relève en tout cas, passant son sac à dos devant elle pour glisser le paquet de cigarettes chèrement acquit par la fermeture éclaire de la poche sur le devant.
« Bon ben je vais y aller du coup. »
Et laisser madame sourire s’enivrer en faisait ses gribouillis en solo, en mode mystérieuse !
« C’était sympa. »
Ou pas. Disons que c’était très neutre. Freya avait une forte personnalité attrayante et intéressante mais Ellie se lassait déjà d’être la cible de ses moqueries. Peut-être qu’à 15 ans elle était encore trop impatiente vis à vis de ses relations… Et peut-être que du haute de ses… 25 ou 30 ans… Freya n’était pas très mûre non plus. Disons qu’à elle deux elles partaient avec un sacré handicape.
« Tu devrais faire gaffe : soleil et alcool ça fait pas bon ménage. »
Pour info. L’alcool vous tapait encore plus fort sur la tête sous un soleil de plomb et on en subissait deux fois plus les effets. Sur ce Ellie remet son sac sur son dos, faisant un petit signe de la main à la jeune femme en face d’elle.
« Bon ben à la prochaine. Salut Madame Sourire ! »
Probablement à jamais… Mais Brisbane se révélait parfois être une « petite ville » lorsqu’il s’agissait de tomber ou de retomber sur certaines personnalités… !
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| | | | (#)Mar 13 Aoû 2019 - 14:29 | |
| « Dis la nana qui sent l’alcool de si bon matin… ! » Freya roule légèrement des yeux avant que ses lèvres s’étirent d’un sourire à peine dissimulé. « C’est parce que j’parles en connaissance de cause que j’te dis ça. Une fois que t’es dedans, sache que c’est difficile d’y en sortir. La preuve, j’suis déjà plus proche de mon cercueil que d'ma promotion. » Et elle ne parle pas des amis qu’elle a cru voir crever devant ses yeux à cause de merde bien plus forte qu’un paquet de clopes. Cette gamine est encore dans la fleur de l’âge, elle a encore la possibilité de faire de meilleurs choix que Freya et son entourage ont fait. Pourquoi elle ne peut pas juste l’accepter ? Parce que c’est une adolescente. T’étais pareille à son âge, aussi entêtée, aussi bornée, aussi révoltée. T’en faisais qu’à ta tête parce que tu considérais que toi seule savait ce qu’il y avait de bon pour toi. Alors ne blâme pas cette fille de vouloir tester ses limites comme tu l’as fait. C’est hypocrite. Pries juste pour qu’elle ne finisse pas comme le déchet que tu es.
C’est une fatalité qui brise (un peu) l’espoir de Freya. Ellie est le visage même de cette nouvelle génération et visiblement, ils ne vont pas remonter la barre après le bordel qu’ils ont foutu. Et ça la désole, la Doherty, de se rendre compte de ça. « C’est un peu comme ton journal intime quoi. » Freya caresse doucement son carnet en hochant la tête. « T’as tout compris, ma grande. Seulement, j’me débrouille pas très bien avec les mots donc j’fais avec c’que j’peux. » Et si ça implique gribouiller, elle est prête à faire la concession.
Quand Ellie lui annonce qu’elle est Canadienne, Freya ne peut pas s’empêcher d’être surprise. Elle finit par poser son bras sur la table, son menton sur sa main relevé. « Et ben, c’est un sacré changement. Troquer les caribous pour les kangourous, le froid pour le chaud… Tu m’diras, j’me suis doutée que t’étais pas du coin avec ton accent. » Puis elle passe une main dans ses cheveux tout en se redressant. « J’ai des origines suédoises mais j’ai jamais foutu un orteil là bas. » S’en est presque triste sachant que sa mère vient directement de là-bas. Elle aurait pu les y emmener, au moins une fois. Mais non. On dira sûrement que les billets d’avions pour cinq étaient trop chers.
« C’est un genre que tu te donne ? T’es née comme ça ou tu te force ? » Freya croise les bras tout en relevant le menton. « Crois moi, j’aimerai t’dire que j’me force mais c’est ma naissance. Et toi, t’es toujours aussi insolente ? » C’est effrayant comment Ellie lui fait penser à elle-même quand elle traînait avec Terrence. Une insolence qui en désarmait plus d’un, d’autant qu’elle vient de loin, Doherty.
« Bon ben à la prochaine. Salut Madame Sourire ! » Freya fronce les sourcils, réfléchit deux minutes – le temps de ranger ses affaires, de laisser un billet sur la table – et suit les traces de la jeune fille. Elle préfère veiller de loin où elle va parce qu’on ne sait jamais, n’est-ce pas ?
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| | | | (#)Lun 19 Aoû 2019 - 8:26 | |
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Oulà… Super. Freya avait un petit côté suicidaire lorsqu’elle lui disait ça comme ça. Du genre à essayer soudainement de se tailler les veines avec le papier de son carton à dessin ! Ellie exagérait mais à son âge, ce genre de radotage sur l’expérience de la vie, ça avait vraiment un côté weird !
En tout cas la conversation lui semblait toucher à sa fin. Parce qu’elle n’avait pas envie de poursuivre une petite joute verbale inutile dans laquelle Freya continuerait de se la jouer grande prophétesse de son avenir sombre… Et pourfendeuse de l’humanité et de l’espoir en lui montrant son exemple pour « la faire changer ». C’était bizarre et à 15 ans, Ellie n’avait clairement pas le recul nécessaire pour comprendre ce que Freya faisait et l’impact positif que c’était censé avoir.
Ellie avait simplement acquiescé concernant la nationalité de Freya. Ca expliquait qu’à l’inverse d’elle, elle n’ait pas d’accent particulier. Peut-être même qu’elle ne parlait pas plus suédois qu’Ellie lorsqu’elle avait dû déchiffrer les références ikea pour ses nouveaux meubles dans sa nouvelle vie de Brisbane… !
Sans répondre à la question sur son insolence, Ellie avait donc tourné les talons. Quitte à avoir une conversation un peu « peace and love » d’une ancienne addict à tout un tas de trucs elle préférait encore l’avoir avec son père. Au moins, même si ça lui écorcherait carrément la langue de l’admettre (à elle la première !) elle éprouvait de l’affection pour lui, ce qui rendait la séance moins pénible ! Et puis lui il ne l’insultait pas. Ou en tout cas jamais par exprès… !
Résultat Ellie avait tourné les talons pour de bon, supposant qu’elles étaient quittes maintenant qu’elle avait son paquet de tabac et qu’Astérix avait récupéré sa gourde de potion magique. A moins qu’à ce stade elle ne soit Obélix, le genre « tombé dedans lorsqu’elle était petite » ! Vu le discours de Freya, on pouvait supposer que ça faisait longtemps qu’elle avait cessé de frôler la ligne pour mordre copieusement dessus !
Sauf qu’elle a tort, de toute évidence… Parce que quelques mètres plus loin, sentant qu’on la suivait, Ellie s’était retourné pour constater qu’effectivement, Freya était sur ses talons. L’adolescente s’arrête de marcher, juste pour vérifier… Parce que si ça se trouve ce n’était encore qu’une coïncidence et Freya allait juste « dans la même direction » ! Sauf que la femme ralentit à sa hauteur et Ellie fait remarquer :
« Les adultes qui suivent les ado, ça fait pas de vieux os en général tu sais ? »
Pas qu’elle s’imagine que Freya soit de ce genre-là ! Encore qu’elle ne savait pas si ça avait toujours « la tête de l’emploi », un pédophile ! Mais bon Ellie a un regard pour la direction qu’elle avait pris juste avant… Puis pour la blonde à nouveau.
« T’as peur que je me perde ou quelque chose comme ça ? Non parce que j’habite vraiment pas très loin tu sais… »
Elle hausse toutefois les épaules, laissant le loisir à Freya de la suivre et de faire ce bout de chemin avec elle si ça lui tentait vraiment. Ellie n’avait pas prévu d’aller en cours aujourd’hui. Ou pas ce matin en tout cas. Elle allait passer récupérer quelques trucs chez elle avant de rejoindre sa toute nouvelle bande d’amis.
« Tu es pas en voiture ? Je t’aurais demandé de me déposer après un passage chez moi, tant qu’à avoir un garde du corps. »
Ellie a un sourire amusé. Et taquine, elle se renseigne :
« T’essai genre de te racheter une bonne consciente ? De payer ta place au paradis en t’assurant que je suive pas la même route que toi, tout ça tout ça ? »
Ca risquait de tomber copieusement à l’eau même si à ce stade, ni l’une ni l’autre ne pouvait vraiment l’anticiper.
« D’un autre côté, finalement c’est peut-être mieux que tu conduises pas. »
A la voir avancer comme ça, on n’aurait pas dit que Freya avait déjà eu la main un peu lourde sur l’alcool. Mais Ellie préférait éviter de prendre le risque de se retrouver en voiture avec elle finalement ! Et pour peu que la suédoise soit vraiment à pieds, peut-être qu’elle non plus ne voulait pas prendre ce risque ! D’une certaine façon… C’était un bon point pour elle !
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| | | | (#)Mer 21 Aoû 2019 - 20:02 | |
| « Les adultes qui suivent les ado, ça fait pas de vieux os en général tu sais ? » Oui, elle sait. Mais comme elle reste toujours une adolescente à ses heures perdues, ça ne lui a pas vraiment frôlé l’esprit. Alors Freya hausse les épaules avant de croiser les bras. T’inquiètes pas pour mes os, va. Ils sont déjà tous pourris.
« T’as peur que je me perde ou quelque chose comme ça ? Non parce que j’habite vraiment pas très loin tu sais… » La gamine hausse les épaules et finit par reprendre son trajet. Doherty arque un sourcil et finit par soupirer tout en la suivant. Elle comprend mieux que les adultes ne supportent pas les adolescents insolents. C’est carrément insupportable. « Justement, on sait pas sur qui on peut tomber. » Le côté un peu borderline qui revient doucement à la charge et Freya se maudit intérieurement. Pourquoi elle s’intéresse à cette gosse, de toute façon ? Même elle, elle l’ignore.
« Tu es pas en voiture ? Je t’aurais demandé de me déposer après un passage chez moi, tant qu’à avoir un garde du corps. » Là, pour le coup, Freya tique et penche la tête sur le côté tout en remettant son sac en bandoulière correctement. « Nope, désolé, pas de voiture, pas de permis. » Elle n’a jamais songé à avoir ni l’un ni l’autre. Déjà parce qu’elle habite dans une grande ville. A quoi sert une voiture dans une ville telle que Brisbane si ce n’est pour se prendre la tête et être coincé dans les bouchons ? Et surtout parce que tout ça, ça coûte la peau du cul, et bien plus encore. Elle n’a aucunement l’intention ni l’envie de débourser son argent pour des choses aussi futiles que ça.
« T’essaie genre de te racheter une bonne consciente ? De payer ta place au paradis en t’assurant que je suive pas la même route que toi, tout ça tout ça ? » Freya se mit à rigoler. « Ça fait longtemps que ma place au paradis a dû être donné à quelqu’un d’autre. » Le paradis, l’enfer, des conneries tout ça de toute façon. Elle n’y a jamais cru et non, elle n’est pas là pour se racheter – même si elle devrait car par contre, elle a dû forcément du être une personne vraiment horrible dans une autre vie pour avoir autant de représailles maintenant. « Ma bonne conscience t’emmerde, gamine. » Quant à la route, ça, c'est à elle de voir.
« D’un autre côté, finalement c’est peut-être mieux que tu conduises pas. » Freya tend les bras devant elle avant de secouer la tête. « C’est pas pour trois goutte que ça va m’achever, hein. » J’ai déjà connu pire. « Et puis, c’est pas comme si ça m'a empêché de faire quoiqu’ce soit. »
La blonde finit par se pincer la lèvre avant de s’arrêter. « Ok. » Elle fouille dans son sac et sort papier/crayon. « Que tu fasses des conneries, c’est une chose. Et ouais, on commence les cigarettes et après, on sait comment ça finit hein. » Freya écrit rapidement son prénom et son numéro sur la feuille déchirée. « Mais que tu l’fasses avec des p’tits cons, effectivement, ma conscience m’en voudrait. » Elle plie la feuille et la fourre dans la main de la gamine. « Si jamais t’as un souci, t’appelles. J’serai pas tes parents ni les flics. Mais effectivement, y a des gens chelous qui rôdent dans c’te ville et si j’peux aider, même un peu… Bref, j’peux être ton garde du corps. » Pourquoi elle dit ça ? Pourquoi elle pense ça ? Pourquoi elle fait ça ? C’est comme si les gestes et les paroles dépassent les pensées. Ellie lui fait tellement penser à elle au début de son adolescence. C’est terrible quand on voit le résultat actuel. « Fais gaffe à toi, gamine. » Freya tire deux doigts de sa tempe avant de sourire légèrement et de s’éloigner. Après tout, c’est bien ce qu’Ellie souhaite et elle n’a aucune raison de rester à traîner dans les pattes d’une adolescente en pleine crise identitaire.
- Spoiler:
tu peux donc conclure si tu veux à part si tu souhaites rebondir, c'est toi qui choisis
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| | | | (#)Lun 26 Aoû 2019 - 9:39 | |
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- Spoiler:
Du coup j'ai fait bref pour conclure ! On pourra s'en refaire un à l'occasion quand Ellie utilisera le numéro genre, haha Merci beaucouuuup !
Ellie raillerait bien à nouveau mais là, clairement, elle se sentait plus désabusée qu’autre chose avec son chaperon sur les talons ! Un chaperon qui n’avait pas de voiture et qui, malgré l’haleine que l’alcool que lui donnait, ne voyait pas en quoi la situation avait un grand quelque chose de paradoxal !
Freya était de toute évidence ce genre de femme dont on ne pouvait tout à fait prévoir la réaction. Ca pouvait donner des trucs très drôles, voir potentiellement émouvant… Mais quelque chose disait à Ellie que ça pouvait aussi donner des situations plus délicates si ce n’était dangereuses. Elle s’en méfiait sans trop, parce que ce genre de personnalité ça savait aussi attiser l’intérêt et la curiosité.
Ellie se faisait l’impression d’avoir une grande sœur soudainement. Une personne avec qui elle serait capable d’entrer si facilement en conflit mais quelqu’un capable de comprendre aussi. De comprendre les tourments d’une ado de 17 piges. C’était un peu absurde parce que Freya était dans sa vie depuis genre vingt ou trente minutes… Mais le sentiment était là, indélébile, que ça lui plaise ou pas. Et puis en vrai, Ellie avait toujours voulu une sœur. Ou un frère. Mais ça semblait clairement compromis… ! Bref…
Freya continu de jouer les bipolaires, alternant entre les déclarations mélodramatique et la minimisation de sa situation. Mais bon, ça faisait partit des addictions que d’être dans le déni, non ? Ellie avait déjà entendu ça quelque part. Ainsi officiellement Freya jugeait que son problème avec la boisson ne l’empêchait pas de vivre et tout ça… Mais officieusement elle se voyait déjà rôtir en enfer malgré tout. Ça devait pas être de tout repos que d’être dans sa tête hein… !
Ceci étant dit, sans crier gare, Freya vient soudainement lui mettre un petit bout de papier dans le creux de la paume, non sans avoir gribouillé dessous. Pendant un très bref instant, l’adolescente s’était demandée si la jeune femme s’était senti le besoin de lui faire un dessin là ! Mais non, rien à voir. D’une écriture particulièrement adroite vu la femme qui la possédait, c’était un prénom et un numéro de téléphone qui étaient noircis sur le bout de page.
Ellie a un regard du papier à la femme qui le lui avait donné, continuant de l’abreuver d’une apocalypse future et tout ça… Ellie avait tiré une tronche mi-figue mi-raisin mais elle avait acquiescé quand même. Pour l’heure le numéro avait terminé sa course dans le fond de la poche de son jean… Mais peut-être bien qu’elle allait le sortir de là avait la lessive pour l’inscrire dans les contacts de son cellulaire…
Freya s’en va avant qu’elle n’ait pu ajouter quelque chose (et en même temps qu’aurait-elle pu dire de toute façon… ?) et Ellie esquisse finalement un petit sourire en la regardant aller, sa démarche oscillant entre assurance et maladresse. Tout un personnage !
Ellie tourne à son tour les talons… Et presse un peu le pas histoire de rentrer. Trois plus tard Brisbane parvenait encore à la surprendre ! Et si on blaguait souvent à propos de la faune australienne l’adolescente devait convenir d’une chose : les gens comme Freya faisaient partit d’une faune bien à part !
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