«Joe le taxi… »  Tu avais un rendez-vous, loin de tous les autres rendez-vous et pourtant c’était celui-ci qui t’aidait le plus à avancer, à t’en sortir. La main tendue de Charlie était une main très  intentionnée à laquelle tu t’étais clairement attaché. Le taxi qui était à ta disposition pour la journée joué un hit français, mais qui avait l’air connu au vu des braillements de l’homme qui conduisait oubliant sans doute que tu  étais présente. « Son saxo jaune, Connaît toutes les rues par cœur … » il était loin d’avoir la voix de la miss paradis que tu te disais massacrant cette chanson avec un panache dingue. L’air glissant sur ton visage, tu sentais la chaleur s’engouffrer dans l’habitacle de la voiture, le sourire illuminant comme toujours ton doux visage. Tu te laissais prendre toi aussi à la jolie mélodie se jouant dans cette voiture. « Vas-y Joe ,Vas-y fonce. » Tu chantes à ton tours ajoutant la dernière phrase de la chanson, sans doute en massacrant toi aussi cette œuvre. « Dans la nuit vers l'amazone. »  T’as jamais compris toutes les paroles, pourtant le français tu le pratiquais plutôt assez bien.  De base tu ne pensais pas retourner la première fois en Janvier à ces séances tu voulais faire plaisir, essayer une fois. Dire que c’était fait, que tu n’avais pas besoin de subir cela, mais la sensation qu’est de galoper petit à petit avec Enya était une bonne chose, apaisante et délicieuse à la fois. Te donnant la sensation d’être libre et peut être un peu sauvage. La voiture s’arrête, la porte qui s’ouvre et tu le laisses prendre ta main pour t’aider à descendre. «   Y a de la boue. » Qu’il te prévient. T’as jamais eu peur de te salir, de te mettre plus crade que tu ne le pouvais, c’était limite un moyen de rendre dingue tes parents quand cela voulaient bien trop contrôler ta vie. Tu le sais ici, tu risques de croiser des cavaliers et leurs montures. Alors, tu y allais seule, tu savais où Charlie t’attendait. Tu étais comme rassuré dans ce centre, sans même avoir laissé tes prunelles le voir, peut être que la confiance venait de plus en plus. Arrivant, tu te stoppas. «  Tu es là Charlie ? » Que tu demandais.  

C’est sur la chanson Joe le taxi y va pas partout que tu es arrivée sur le lieu de rencontre avec Charlie, jeune femme que tu as jamais essayé de te dessiner la jeune femme, mais tu l’imagines belle et douce. Tu imagines tellement de chose sur elle, que peut être que tu pourrais essayer de la dessiner si t’avait encore l’occasion de le faire. Mais Y a rein à faire qu'à rêver de ce qu’elle pourrait être, tu pourrais l’imaginer Sous les sunlights des tropiques et l’imaginer encore plus rayonnante que le soleil lui-même. Tu pourrais décrire la beauté des tropiques, Entre Cuba et Manille tu en as vu des villes, des pays, mais le visage et les mimiques des gens sont toujours plus complexes à décrire, à se rappeler. Une mémoire qui fait défaut. D’aller défier les dragons du néant ou alors de défier ton propre néant la réponse est vite faite. Ces mots te rappellent la chanson le géant en papier, une chanson que ton père te chantait avant, douce et protectrice. Elle est pour moi comme une fourmilière Qu'on écrase du pied, chanson douce qu’il chantait, tu n’es pas sûre en te rappelant toutes les paroles qu’elle était faite pour l’enfant du chanteur, enfin. Tu as géré avec l’ombre de tes peurs l’arrivée jusqu’à Charlie. Comme souvent tu te le dis : Tout me paraît réalisable, et pourtant tu as bel et bien peur de tout faire mal. Souriant en entendant la voix de Charlie, tu déposes ton téléphone dans ta poche. Son bras touchant le tien, te guidant comme le fait ta canne, sauf que Charlie elle possède des yeux et non la capacité de parfois faire mal aux personnes se trouvant dans le rayon de cette fameuse canne. Des questions que Charlie te pose, tu souris un peu plus essayant de tout résumer dans ta tête, puis tu te souviens aussi des mots tirés d’une chanson qu’elle t’avait dit. don’t stop believin’, hold on to the feelin’, tu avais longuement cherché à retrouver le reste des paroles, la mélodie venant cajoler ton âme à la première écoute. Tu l’avais écouté la première fois grâce à la série glee, tu t’en souviens clairement. Strangers waiting Up and down the boulevard, toi aussi t’étais une étrangère attendant sur un boulevard, et c’est Charlie qui t’a aidé à avoir envie de remonter, donnant de la confiance en toi, malgré ta cécité. « Ça va, j’essaye de m’en sortir, et d’éviter mes parents qui veulent toujours un peu plus m’étouffer. » Tu souris rien qu’à l’idée de confier tout et n’importe quoi à Charlie, encore. « Enya … je voudrais plus que des tours de manége, mais tu crois que c’est possible ? » Tu pourrais parler du temps qui finalement à l’air tendancieux entre la chaleur du soleil et la tristesse des nuages, la pluie étant tombée ce matin, sans doute qu’elle ne s’aventurera pas ici en cet après-midi. « Oui deux fois, et c’était si différent qu’avec toi. » que tu lui dis. « et toi tu vas bien ? »  

Une vie d’étouffement, t’as limite un rayon entier d’histoire à conter sur tes parents et leur envie plus qu’étrange de t’avoir dans leur patte. Les parents ont sans doute un but dans la vie, vous lâcher la grappe quand vous voulez prendre votre envol. Certainement pas envoyer un mec pour séduire votre unique enfant pour espérer que ce donjuan ne fasse des miracles pour la ramener dans le nid, lit douillet qui se trouve en suède, loin de ta vie poupée. Vie complètement différemment, mais peu importe, car il est hors de question de devenir comme tes parents. Petit riche qui ne voit pas la misère des autres sauf quand cela peut leur apporter un peu plus de renommer en donnant de l’oseille. « Je crois que j’ai jamais été noyé par des questions, alors Vas-y j’attends de vivre ça grâce à toi ! » Tu en ris, mais tes parents en vrai ont toujours des questions : as-tu mangé ? Personne ne t’a embêté ? Tu ne veux pas rentrer à la maison ? Autant dire que la dernière était plutôt une demande qu’une question. Tu le savais, ils le savaient. Mais tu étais aussi forte qu’eux pour changer de conversation quand cela ne t’allait pas. T’as envie d’aventure, même si toute ta vie dans le fond est une véritable aventure. T’es une aventurière dans l’âme poupée, t’as toujours eu besoin de nouveauté, d’affronter des choses que tu n’avais pas faites auparavant. Alors autant dire que la cécité de redonner une ardoise vide, que tu avais bien des choses à faire pour la compléter à nouveau. « Oui pourquoi pas, elle est grande la carrière ? » Souffles-tu en demandant, commençant aussi à te demander quelle mouche t’avait piqué en demandant ça. Une vague de courage qui t’avait happé en quelques secondes et que tu allais peut être regretté. Te dégonfler ? T’oseras sans doute pas. « euh du plat possible, je ne sais même plus comment je dois me mettre quand le cheval saute ! » Oui, cavalière c’est du sport, sans doute moins que pour le cheval, mais tu savais qu’il fallait l’aider, se pencher en avant quand tu montais une pente et ainsi de suite facilitant la balade pour le cheval. « Je dois être ridicule c’est des barres au sol donc une marche, mais et si je me goure ? » Pas très tenté par l’expérience. « Je veux profiter d’une course folle, enfin pas trop non plus ! » Tu ne sais pas trop ce que tu veux en réalité poupée. « Sinon tu peux me dire comment se porte tes chevilles ? » Tu souris. « vu que je ne peux pas observer ces dernières ! » Dis-tu amusée. « C’est exact un petit moment, surtout que les séances sont plus drôle … rien n’est prévu on va dire et que tu n’as pas de planning à suivre … j’avoue que parfois j’avais la sensation qu’un militaire me parlait. » Lance-tu, tu entends ce doux bruit de brosse glissant avec force sur la robe de la jument, alors tu demandes si tu peux aider, pour aller plus vite. Finissant par tout faire à deux. Maintenant tu étais posé sur la selle prête à affronter tes peurs. « Ok, je me sens bien et je peux le faire ! » tu aurais voulu le dire à voix basse, mais pas vraiment.  

T’as envie et cette appréhension qui veille au plus profond de toi, tu voudrais agir avant qu’elle ne s’éveille cette peur. Galoper sur le dos d’Enya pour être comme dans un moment magique auquel tu as fortement pensé. T’as essayé d’imaginer ton corps sur un cheval semblable à Spirit, mais comme toujours les images, les couleurs ne sont jamais très aisé à avoir. Comme un blocage. T’aimerais vraiment. « Donc je serais pas libre, mais plutôt retenu par une longe invisible que toi tu vois ? » Ouai, c’est clairement ça, mais t’avais besoin qu’elle te le dise clairement, t’avais imaginé toute autre chose. Mais tu as des songes bien trop complexes pour toi pour le moment. Charlie doit clairement savoir ce qui est bon pour toi, pourtant ta voix laisse de l’amertume glissé dans ton engouement de te mettre au galop. « Je te fais bien confiance pour t’occuper de moi, puis je sens que tu es sure dans ta voix ? » Tu lui demandes, car tu essayes encore petit à petit de savoir quel ton est utilisé par les personnes t’entourant. Parfois tu crois entendre une pointe de pitié ou de peine, tu ne sais pas encore trop bien comprendre les tons des uns et des autres. « En vrai tu sais … » Pinçant tes lèvres, tu finis par lui offrir un sourire. « J’ai imaginé de courir libre, sans rien pour retenir Enya, mais en vrai en y repensant je commence à me dire que c’est juste impossible, pour moi tout comme pour elle ! » Tu le réalises quand tu parles à haute voix que tu quémandais des choses comme impossible en fait. Cuir froid chauffant contre la paume de ma main, les pieds en l’air, ne crapahutant plus dans le vide à la hauteur de cheval. Tu es fin prête, si prête et pourtant la point de doute s’installe, car tu le sais tu n’as le contrôle de rien, tu te poses bien des questions d’un coup, question que tu as envie de taire, ce que tu fais, car tu le sais Charlie est douée, tu n’as pas eu besoin de mille et une question la première fois avec elle, pourtant sa mère donnait milles explication quand elle te prenait en charge ce qui te donnait encore plus de question que tu ne parvenais pas à taire, malheureusement. La voix de Charlie qui annonce que tu es libre de t’élancer dans un galop, le moment précis pour dire adieu au doux trop que te donnait le rythme de Enya. Laissant tes pieds donner l’ordre d’un galop, tu ne t’attendais pas à avoir la sensation si vite, de ressentir la force et la vitesse à cet instant précis où tes pieds avaient filé l’ordre. Le galop était lancé, il était là, toi tu laissais le vent glisser sur toi, alors que tu avais le ventre qui faisait des montagnes russe, tout comme quand tu étais avant sur une attraction, ou même sur une balançoire, ton estomac qui se noue, agréable et à la fois désagréable, tu lâches les rennes, ne sachant pas que Charlie avait lâché la longe, voyant la trajectoire que prenait Enya, tu avais la sensation de ne faire plus qu’un avec l’animal, de prendre ton envol , la destination n’étais que peu importante. Tu avais la sensation de faire une ligne droite, mais tu étais loin du compte. Très loin. Puis, le temps passait, tu laissais Enya se calmer reprendre la marche au même moment ou le tonnerre gronda, te laissant sursauter, tu n’avais pas prévu cela, te retrouver au final les quatre fers en l’air. La jument qui finissait par sentir ta bombe tu sentais son souffle se mourir sur tes joues. Tu étais silencieuse avant de rire et de sentir l’averse tomber sur toi. « Mais non, non ! » Que tu finissais par râler.