Un petit mois s’était écoulé depuis le passage à tabac de Leah ; depuis cet évènement qui avait tout remis en question entre eux. Plus de rupture, plus d’avortement au programme ; leur couple s’était reformé autour de ce petit pois, de cette petite fille qu’ils avaient décidé d’accueillir malgré tout ce qui les opposait à cette naissance. Une décision qui n’avait pas été prise à la légère –la manifestation d’un refus catégorique de la part d’une Leah qui révélait ainsi sa volonté profonde de ne pas abandonner son bébé- mais il n’en demeurait pas moins que Stephen peinait grandement à trouver ses marques depuis. S’il comprenait ce que Leah ressentait, ce qu’il se passait à l’intérieur de son esprit névrosé dépassait de loin le stade de l’acceptable, et lui qui aurait dû se réjouir de devenir papa une seconde fois se retrouvait en proie à un tiraillement permanent. La récente discussion qu’il avait eu avec Alfie n’arrangeait en rien son ressenti –bien qu’il s’était gardé d’en parler à Leah- car il pouvait comprendre la colère du brun ; il la ressentait aussi. Fréquenter à nouveau quelqu’un était une chose, fonder une famille en était une autre, et c’était pourtant ce qu’il se passait. Il fallait qu’il en parle, qu’ils en parlent tous les deux tant que cette grossesse n’était pas encore trop avancée, et c’était d’ailleurs ce qu’ils s’apprêtaient à faire avec les Baumann ce dimanche ; une grande étape. "T'es prêt?" Garés devant la maison familiale, ni l’un ni l’autre ne semblait être prêt à s’extirper de l’habitacle sans une petite mise au point de rigueur. Stephen haussait  les épaules, ne sachant pas bien quelle attitude adopter. Au fond il était persuadé que les Baumann se réjouiraient pour eux, exception faite de Logan, mais la façon dont les choses s’étaient terminées entre eux lui avait laissé un goût amer. Pour lui l’avis du fils cadet importait peu, bien qu’il sache pertinemment que Leah ne serait pas du même avis. « Je mise sur une effusion de joie chez ta mère et ton frère qui m’envoie son poing dans la figure. L’un dans l’autre je suis pas prêt. » Parce qu’il n’était pas des plus expansifs, qu’il avait encore un peu de mal avec l’idée d’accueillir cette petite fille qui le chamboulait déjà beaucoup et que l’état psychologique de la jeune femme lui importait énormément. Si elle s’était –encore- entêtée à ne pas vouloir alarmer ses parents sur son nouveau passage express à l’hôpital, il n’en demeurait pas moins que Stephen avait été aux premières loges et que mis bout à bout, toute cette situation commençait doucement à l’atteindre à son tour. Le changement de carrière qu’elle avait adopté sans qu’il n’ait été consulté, sa façon de lui avoir caché son début de grossesse, leur rupture, Camden, sa volonté de garder ce bébé en faisant fi de tout ce qu’il pouvait émettre comme  oppositions, et puis finalement cet échange avec Alfie qui avait viré au psychodrame. Stephen avait beau commencer à développer des sentiments très fort envers ce petit être et une profonde affection pour le ventre arrondi de la brune, cette petite fille arrivait au pire moment de son existence. "Comment est-ce que je peux avoir autant envie de les voir, et en même temps pas du tout?" La nervosité de Leah était palpable, et instantanément, sa main se glissait contre la sienne pour y exercer une douce pression dans un geste qui signifiait ça ira. De toute façon, enceinte, elle ne risquait pas grand-chose. « Tu t’en fais pour rien. » Une phrase bateau, mais sans doute avait-il raison. Les Baumann avaient toujours été très soudés, qu’ils se revoient ainsi après que les parents ne se soient expatriés pour un tour du monde devait figurer parmi les bons évènements (ce qui était à souligner puisque ces derniers temps ils étaient assez rares) « Ils rentrent de voyage, notre crevette est en bonne santé, on a acheté une super maison dans un super quartier pour nos enfants. Il y a pire non ? » La joie ne transparaissait pas vraiment sur son visage, mais Stephen était au maximum de l’entrain. Sa mâchoire était toujours crispée, son regard encore un peu vide ; s’il n’avait rien dit à Leah de tout ce qui l’assaillait ces derniers temps maintenant toute cette situation commençait à devenir trop lourde pour ses épaules. Il allait craquer, et le ferait certainement si cela devait mal se passer aujourd’hui.  "Allez, il faut se lancer." annonçait finalement la brune, donnant le top départ d’une journée encore bien trop riche en émotions.
Comme si elle attendait qu’il quitte le véhicule à son tour pour avancer, Leah avait entremêlé ses doigts aux siens pour parcourir les quelques mètres qui les séparaient de la porte d’entrée de cet endroit qu’ils connaissaient si bien l’un et l’autre. En entendant la voix de la mère de famille s’élever sitôt sortie, Stephen avait serré un peu plus fort la main de Leah dans la sienne, comme pour lui insuffler un peu de courage, puis finalement la relâcha pour laisser Cathy serrer contre elle son enfant comme il se devait. "Ma chérie!" Elle s’était presque précipitée, encerclant les épaules de Leah sans que celle-ci ne semble tout à fait à l’aise. "Laisse-moi te regarder... Tu es rayonnante ma fille." une aura de femme enceinte, ahah.  Mais que le brun ne se réjouisse pas trop ; c’était maintenant à son tour d’être sous les projecteurs. "Stephen!" Oh merde. C’était à lui de passer entre les bras de belle maman, puis de beau papa qui, visiblement, appréciait beaucoup de mettre les pieds dans le plat. "Quand Bau m'a dit que vous étiez ensemble, on n'osait pas y croire." Un rapide coup d’œil à Leah lui fit comprendre qu’elle ne se sentait pas du tout à l’aise face à la situation ; et lui non plus en fait. Un sourire nerveux étirait ses lèvres sans qu’il ne sache trop quoi répondre. "Oh, c'est vrai! Tu l'aurais vue pendant toutes ces années, à se plaindre en me disant "Mais maman, il ne me regarde même p..." "Maman." Elle coupait sa mère d’un ton qui signifiait qu’elle n’avait pas vraiment d’autre choix que de se taire, et sans doute était ce préférable. Stephen ne savait pas bien quoi répondre ; la situation étant déjà assez compliquée telle qu’elle était sans qu’il ne commence à en rajouter une couche. "Les affreux sont dans le salon?" La brune enserrait un peu plus sa main dans la sienne, ne lui laissant que peu –ou pas- de transition pour migrer d’un Baumann à un autre. "Bau!" s’indignait la mère de famille, le replongeant ainsi dans une sorte de passé qui le rassurait presque et lui arrachait un sourire. « On est content de vous voir. » qu’il répondait finalement, laissant sa main se glisser contre la taille de la brune qu’il amenait près de lui comme pour signifier que l’époque ou Leah crushait sur lui était belle et bien révolue et qu’ils en étaient à un stade plus sérieux de leur relation qu’une simple amourette ; ne serait-ce que pour poser le décor. Ils s’étaient ensuite naturellement dirigés à l’intérieur, vers un séjour qu’il ne connaissait que trop bien et qui abritait les trois frères, occupés à débattre du dernier match des Reds. « …. J’espère que tu plaisantes parce que ce match était nul. » Bien qu’il n’en ait pas vu la moindre petite minute puisqu’il avait été plongé dans une conversation ô combien mouvementée avec Alfie ; Stephen trouvait que cette entrée en matière était bien plus adroite qu’un simple « Salut » qu’il aurait jugé trop solennel. « Tiens, les cachotiers. » Ahah. Si Lance et Liam semblaient ravis –bien que moqueurs face à la situation- il n’en valait pas de même pour Logan qui, resté en retrait, demeurait le seul à être au moins aussi tendu que lui ne l’était ; quelque part, ces deux meilleurs ennemis tenaient le même cap.
 

Si l’atmosphère dans la voiture était déjà tendue, alors Stephen n’osait imaginer comment elle serait sitôt à l’intérieur de la maison, au beau milieu de cette famille qu’il appréciait et considérait comme étant la sienne mais dans laquelle il arrivait aujourd’hui avec un statut différent. Il n’était pas seulement le petit ami de Leah, le crush d’adolescence concrétisé qui aurait pu faire sourire les parents et réveiller une pique d’animosité chez Logan. Il était le père de son bébé, et si lui avait déjà du mal à composer avec cette information, il n’imaginait pas comment ce serait une fois la vérité révélée au grand jour. Le brun redoutait cette étape, mais il faudrait y passer pourtant. Leah et ses secrets ayant fait traîner les choses, la jeune maman arborait désormais un petit ventre qui s’était développé depuis quelques jours et qui prenait maintenant assez de place pour qu’il ne soit pas considéré comme un simple excès alimentaire concentré étonnamment en une forme bombée sous son nombril. Elle en était à cinq mois, et si sa blouse qu’elle portait aujourd’hui était assez ample pour dissimuler ses rondeurs, Stephen, lui, savait que sa petite fille était là-dessous. Son bébé, celui avec lequel il avait déjà une relation ô combien compliquée oscillant entre le « je ne voulais pas de toi » et le « à moi ». Il ne savait pas bien comment les choses se dérouleraient, mais se gardait bien de lui confier ses doutes alors qu’elle s’observait dans le miroir du pare soleil, espérant sans doute que ses dernières contusions soient correctement dissimulées sous une bonne couche de correcteur. "Il t'enverra pas son poing à la figure." Stephen eut un rictus. "Il a pas intérêt à t'envoyer son poing à la figure." Leah semblait prête à en découdre si tel était le cas, et si d’ordinaire il aurait pu considérer le tempérament de feu de sa moitié attachant, alors qu’il s’agissait de son frère et que son état ne lui permettait pas le moindre écart le brun n’arrivait pas à l’envisager. Il se penchait pour lui voler un baiser en guise de réponse, sans toutefois céder à un sourire alors qu’il exposait ensuite le bonheur dans lequel ils étaient supposément en train de nager mais qu’il n’arrivait pas à ressentir alors que sa récente discussion avec Alfie tournait encore dans son esprit. "T'as sans doute raison." Leah soufflait en retour, abandonnant ensuite la protection toute relative offerte par l’habitacle de leur voiture. Jetés dans le grand bain, Stephen retrouvait avec une pointe d’appréhension les bras des parents de Leah, bien qu’eux semblaient tout à fait ravis de les voir. "Et nous encore plus. Venez, on a un milliard de choses à se raconter!" au moins ils n’auraient pas à trop parler d’eux, c’était ça de pris. Aux dernières nouvelles l’un et l’autre ne pouvaient apporter de réjouissant qu’un déménagement qui s’était fait sous les ordres d’un Stephen tyrannique ayant engagé une entreprise spécialisée puisqu’il n’avait pas su être là, et d’une Leah à l’hôpital qui avait composé comme elle l’avait pu avec son névrosé de compagnon sur ce qu’il devait prendre ou non. Ils vivaient dans un amas de cartons, mais au moins ils étaient chez eux et plus vraiment à l’étroit dans le petit appartement de Redcliffe. Sitôt à l’intérieur de la maison, le couple était tombé sur les trois frères débattant au sujet du dernier match des Reds, ce que Stephen avait considéré comme étant providentiel puisqu’il préférait cent fois arriver en parlant sport qu’en ayant l’impression de passer un examen d’entrée devant un jury de trois personnes les attendant sur  un canapé. Leah passait de bras en bras alors que lui se contentait de poignées de mains. Tâchant d’amener un peu plus de légerté à l’ambiance générale, la brune se risquait à un trait d’humour en commentant la musculature de son frère. "Ca se ramollit tout ça."  Il l’espérait ; au cas ou l’un se déciderait à lui refaire le portrait sitôt l’annonce effectuée. "Vous aviez pas dit que vous viendriez accompagnés?" demandait elle ensuite, se replaçant à ses côtés dans une proximité qui le rassurait ; aussi paradoxal que ce soit. Leah était son point d’ancrage, le secret qu’elle portait sa raison de tenir ici sans fuir. Pourtant il en avait envie. Dans d’autres circonstances il aurait été ravi d’être ici, mais avec Logan qui le regardait d’un air qui en disait long, ses deux grands frères qui se la jouaient taquins et la bombe qu’ils s’apprêtaient à lancer, Stephen n’était pas au top de son moral déjà d’ordinaire si taciturne. . "Lydia travaille..." "... Et Sarah avait un cours." Ben voyons. Si Liam et Lance avaient l’air d’humeur à jouer aux deux grands frères dans le cliché, il y en avait un pour qui ce n’était pas la même affaire. . "... Je pensais que c'était que la famille aujourd'hui." que marmonnait Logan. Leah semblait prête à rétorquer quelque chose, mais Stephen, lui, se contentait de presser sa main un peu plus fort dans la sienne, l’air de dire « laisse tomber. »   "...Mais voyons Logan ne sois pas bête, Stephen fait partie de la famille et ce depuis bien longtemps." Et le problème venait peut être de là. C’était cela que lui avait reproché Logan maintes et maintes fois, mais si jusqu’à présent la situation n’avait rien d’alarmant, maintenant tout était différent, et Stephen ne pouvait pas cautionner plus longtemps que Leah puisse vivre entre deux feux. "Howard ?" Un bruit sourd s’éleva, immédiatement suivi de verre brisé. "Le champagne est ouvert. Par contre il faudra que tu ressortes un verre supplémentaire." Baumann sénior venait de mettre en évidence la maladresse qu’il avait transmise à sa fille, mais mieux valait voir le bon côté des choses, la petite famille commençait à migrer vers la cuisine tandis que la brune en profitait pour lui souffler : "Il est encore temps de fuir." auquel il répondit d’un mouvement de la tête. « Je m’en occupe. » qu’il rétorquait finalement, se détachant de la jeune femme alors qu’il s’approchait de son frère qui n’avait pas bougé d’un poil, comme si lui aussi attendait une mise au point.

***

« C’est ma petite sœur ! Parmi toutes les nanas du monde il a fallu que tu choisisses celle-là ? Que tu fasses ça sous mon nez ? » disparus dans le jardin, Stephen et Logan réglaient leurs comptes dans une atmosphère pour le moins tendue. Il était plus que temps qu’ils crèvent l’abcès ; ce n’était pas lorsque le bébé serait là qu’ils pourraient le faire, et bien que mettre les choses à plat aujourd’hui ne réjouissait pas le brun, il savait que c’était important pour Leah. Tout ce qu’il espérait c’était que son frère y mette du sien. « T’as pas une autre rengaine hein ? ça va faire six mois que tu tiens le même discours, passe à autre chose. » « Parce que je suis censé mieux l’accepter maintenant ? » qu’arguait Logan dans un ricanement glaçant, commençant à hausser le ton ; ce qui n’était pas bon signe. L’un comme l’autre savait pertinemment qu’ils montaient rapidement dans les tours, et Stephen n’était clairement pas en état de faire preuve de patience aujourd’hui. « Ta sœur est heureuse. Tu veux quoi de plus ? On est ensemble, faut que tu percutes l’idée un point c’est tout. » Le kiné commençait à s’agacer, et lorsque Logan répondit finalement : « Je vois pas pourquoi je le ferais, je te faisais confiance. T’étais censé t’occuper de sa rééducation pas de la mettre dans ton lit et gâcher notre amitié ! » c’en était trop. A ses yeux il n’y avait rien d’incompatible ; au contraire. De toute façon, que Logan soit le frère de Leah était une goutte d’eau face à toutes les épreuves qu’ils traversaient actuellement. Que le brun passe sa colère sur lui maintenant était catalyseur d’un ouragan de colère qui se déclenchait alors, changeant Stephen en une sorte de tempête émotionnelle qui craquait littéralement. S’approchant, il plantait son index contre le torse de celui qu’il considérait jusqu’alors comme son ami, lui balançant avec autant de rage que possible : « Il te reste quatre mois pour te faire à l’idée que je disparaîtrais jamais de sa vie. Qu’elle, et mon bébé passeront toujours avant toi et ton putain d’égocentrisme. » et sans qu’il ne sache trop pourquoi, prononcer ces quelques mots renforçaient irrémédiablement les sentiments qu’il éprouvait envers cet enfant qui apparaissait soudainement comme sa priorité, comme faisant partie de lui. Il ne laisserait rien, absolument rien entraver la paternité qu’il développerait pendant cette grossesse. Ni la colère d’Alfie, ni la colère de Logan, ni l’entêtement de Leah ; rien, personne. « Elle est .. ? » « Enceinte. Rentre le toi dans le crâne. » qu’il crachait presque en entreprenant de quitter le jardin, le repoussant de l’épaule au passage. Logan n’eut pas besoin de plus d’une seconde pour réagir, attrapant le bras de Stephen pour qu’il se retourne et lui envoyer son poing dans la figure. « Ma petite sœur hein ? » Oh seigneur. Si une douleur vive s’était manifestée, le brun n’avait pourtant aucune envie d’en rester là. Il laissait sa colère reprendre le dessus, repoussant son ancien ami avec vigueur, si bien que ce dernier s’échouait sur une chaise du salon de jardin qui se brisait sous son poids dans un bruit assourdissant. « MA copine, et MON bébé » Stephen rétorquait dans un éclat de voix, sans s’apercevoir que leur petite dispute avait fait rappliquer les Baumann. Logan se relevait, et alors que Stephen était tenté de poursuivre cette altercation il se rendit à l’évidence ; son nez était devenue une sorte de fontaine dont le sang y coulait sans interruption. « Merde. » Relevant les paumes des mains en l’air comme pour signifier qu’il laissait tomber, il contournait la petite famille sans accorder un seul regard à quiconque, et surtout pas à Leah. Se dirigeant ensuite vers la salle de bain, il se laissait aller sur le rebord de la baignoire attrapant une serviette d’invité au passage pour arrêter les saignements.
Sans qu’il ne s’en rende vraiment compte, la brune était arrivée à son tour dans la petite pièce, seule ; ce qui était déjà ça. Stephen soupirait, s’efforçant de l’ignorer alors qu’il se relevait pour faire face au miroir ; il était dans un sale état. Heureusement ce n’était pas cassé. « Je sais ce que tu vas me dire. Que t’aurais préféré le faire. » soufflait il finalement en faisant référence à l’annonce catastrophique de cette grossesse, le ton encore empreint de colère et d’amertume. Il aurait aimé que les choses se passent différemment, qu’ils se soient lancés dans une révélation plus calme, qui ne ressemble pas de près ou de loin à l’annonce d’un cataclysme.  « La vérité c’est que je m’en sors pas Leah. Tout ça c’est arrivé trop vite. J’ai … ça m’a fait mal que tu m’aies rien dit. Qu’on se sépare. De pas t’avoir crue pour Camden. Que tu veuilles garder ce bébé. »  Il soupirait finalement, abandonnant l’idée de réussir à faire disparaître les traces de sang avec la seule aide du robinet et de ce bout de serviette. « J’ai discuté avec Alfie. Je veux pas en parler. » qu’il marmonnait finalement, le désespoir face auquel il était en proie se faisant comprendre sans qu’il ne s’en rende véritablement compte.

Se battre avec Logan n'avait effectivement pas fait partie du programme. Stephen avait beau ne pas regretter son excès de colère -et de toute façon cela ne semblait pas non plus être le cas du brun- il aurait en revanche souhaité que les conséquences de cette dispute ne soient pas aussi dramatiques. Du moment même ou il avait laissé filtrer l'information concernant la grossesse de Leah, il savait que les choses deviendraient plus compliquées qu'apaisées. Pourtant, il ne se voyait pas faire autrement que d'affirmer haut et fort qu'il en faudrait bien plus pour le séparer de la jeune femme et de leur bébé. Depuis quelques semaines, c'était comme si le monde entier lui rappelait que c'était trop tôt ; vis à vis de leur couple, de Rachel, de leur situation compliquée. Le brun s'était lui même persuadé qu'il ne voulait pas de ce bébé, que c'était une erreur et que rompre était la meilleure solution pour laisser Leah vivre sa vie, mais ç'avait été au dessus des forces de la future maman, et désormais Stephen s'en voulait de ne pas avoir su faire preuve d'autant de clairvoyance. "On devait vous l'annoncer tout à l'heure... Je... Je reviens." Des paroles qu'il avait à peine entendu tant la colère le maintenait encore dans un état de pilote automatique qui le guidait tout droit vers la salle de bain du premier. Dire qu'il en voulait à Logan de réagir comme il l'avait fait était peut être en deçà de la vérité, mais Stephen ne pouvait pour autant pas le tenir responsable de l'état dans lequel il était plongé. C'était un ensemble de contrariétés, qui bout à bout poussait le kiné vers la crise émotionnelle. Il n'en pouvait plus, il était à bout de nerfs depuis des jours bien qu'il tente de le masquer le plus possible pour épargner une Leah qui avait suffisamment à gérer déjà. Stephen aspirait à un peu de temps, un peu d'espace, et pourtant il n'avait ni l'un ni l'autre. La grossesse était déjà bien trop avancée pour qu'il ne puisse s'accorder le luxe d'y réfléchir et de l'envisager sereinement ; les choses avaient été compliquées dès le début. "Au moins c'est fait." C'est fait. Une annonce qui ne s'était pas non plus déroulée comme prévu côté Baumann, car absolument rien n'allait, et quelque part, cela le désolait que la venue au monde de son premier bébé se déroule de cette manière. C'est ainsi que le brun au nez ensanglanté se retrouvait à lui livrer le fond de sa pensée, ce qui le travaillait depuis des jours. "Laisse moi m'occuper de ça..." Leah soufflait, attrapant une trousse de secours pour essuyer les traces de sang à l'aide de compresses imbibées d'alcool, plus adaptées que la vulgaire serviette qu'il avait trouvée. Elle avait laissé quelques secondes planer avant de répondre à son petit laïus, comme si elle cherchait à ordonner ses pensées. Sur le moment, Stephen s'en voulait presque de lui causer ainsi des tourments alors même qu'elle venait de retrouver ses parents après une année d'absence. Sans doute aurait il du trouver un autre moment pour craquer, mais c'était quelque chose que le brun ne contrôlait pas, et il s'était dit qu'ils partageaient cette situation pesante ensemble. Il était temps de crever l'abcès. "Tu sais que je pourrai jamais m'excuser assez pour tout ce que j'ai fais... Je m'en veux terriblement de t'imposer tout ça. Je suis d'accord avec toi, tout va bien trop vite. Et je sais pas ce que je peux faire pour changer ça, pour qu'on retrouve notre équilibre Stephen... Mais si t'as la réponse, s'il-te-plaît dis la moi." S'excuser ? Il fronçait les sourcils, reposant sa main contre la sienne pour l'intimer de stopper ce qu'elle faisait un bref instant. "Et je suis désolée pour Alfie... J'aurais aimé que ça se passe autrement." Lui aussi. Finalement, sa main retombait contre sa jambe alors qu'il se sentait soudain décontenancé par ces quelques paroles que Leah lui avait livrées avec tant de fragilité. Que pensait elle ? Qu'il allait disparaître ? Faire machine arrière ? Ce n'était pas son genre ... et pas vraiment ce qu'il avait voulu dire en lui glissant que tout allait trop vite et que ce cousin dont l'avis comptait énormément avait si mal pris cette grossesse. Finalement, la jeune femme avait repris ses gestes, comme si ces derniers étaient une façon de ne pas trop penser. Stephen jugeait pourtant rapidement que c'était assez, et alors qu'elle soufflait : "Parles-moi." de sa voix brisée, il la débarrassait des compresses pour prendre ses mains, entremêler chacun de ses doigts aux siens. "Leah écoute moi." commençait il, profitant que son visage était désormais débarrassé de toute trace sanguinolente pour l'approcher au plus près du sien, pour attraper son regard avec autant d'intérêt que possible. "Je te veux toi. Je la veux elle. Et je laisserai jamais plus personne me persuader que c'est une mauvaise idée." A commencer par lui. Peut être que le temps commençait à faire son effet, qu'il se plaignait autant que possible des conséquences et que ces dernières pesaient trop sur ses épaules, mais il ne supporterait pas de les perdre. Ni Leah, ni leur fille. "... mais je t'en veux. Je t'en veux de m'avoir laissé à l'écart. Pour la caserne, pour elle. De m'avoir fait ce que tu as fait à l'hôpital alors que j'étais paumée et que je me sentais pas prêt à la voir. De vouloir faire des concessions sur ta carrière pour elle mais pas pour moi." il soupirait, quittant finalement ses mains pour venir remonter les siennes contre ses hanches, puis les passer sous sa blouse, glissant ses pouces contre sa peau nue comme pour se rattacher à une parcelle de réalité, à ce qui comptait entre eux plus que tout aujourd'hui. "Je saurais gérer Alfie. Je saurais gérer Logan. Je pourrais tourner la page, mais j'ai besoin de savoir que tu me feras plus jamais un coup comme ça." Parce que ça le terrifiait, que ça l'empêchait d'avancer. Les obstacles lui semblaient être insurmontables sans cette confiance, sans cette complicité qu'ils partageaient autrefois. Elle lui manquait. Leur couple lui manquait ; tel qu'il était avant ces bouleversements qui avaient bien failli les séparer pour de bon. "Leah je m'en contre fiche du reste du monde tant qu'on est ensemble. C'est toi que je veux, toi qui me fait mettre un pied devant l'autre. Mais je ... pourquoi ? Pourquoi tu m'as tenu à l'écart ? Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi.. " c'était à son tour de sentir sa voix se briser, ne plus savoir aller au bout de ses phrases. Lentement il quittait son regard, laissait son visage se nicher contre elle comme pour s'y blottir alors qu'il la tenait toujours plus près de lui. Il craquait complètement, se montrait vulnérable pour la première fois depuis longtemps. Leah ne s'était sans doute pas rendu compte à quel point elle avait pu lui faire de la peine en agissant comme elle l'avait fait, et sans doute que sa façon de se montrer le plus fermé que possible était un facteur de ce comportement, mais aujourd'hui il perdait pieds. Il avait besoin d'elle, qu'elle le rassure à son tour.              

Stephen n'avait pas vraiment vu l'intérêt de cacher à Leah ses sentiments, ce qui le tourmentait depuis des semaines. Maintenant que sa colère avait éclaté au grand jour et qu'il s'était laissé aller à une scène dont il n'était pas vraiment fier cela lui semblait ne plus tenir. Le brun avait eu du mal à se considérer comme étant un futur papa étant donné les circonstances dans lesquelles le début de grossesse de Leah s'était déroulé, mais d'entendre Logan laisser émettre la possibilité qu'il puisse quitter sa vie désormais avait été au dessus de ses forces ; il avait failli l'être et regrettait amèrement sa décision. Si le kiné ne s'était pas encore tout à fait préparé à accueillir cette petite fille comme étant son enfant -une première puisqu'Anabel n'était intervenue que tardivement dans sa vie- il pouvait en revanche la toucher, l'observer grandir et prendre sa place dans le ventre de sa maman qui, bien qu'elle sorte de l'hôpital avec de multiples contusions, avait vu son corps s'adapter à cette grossesse à une vitesse folle pourtant trop rapide pour lui, certainement. Alors qu'il terminait de lui livrer ce qu'il avait sur le cœur, un contact peau contre peau qu'il jugeait nécessaire s'établissant alors qu'il se laissait presque entièrement glisser contre elle, Stephen admettait qu'il perdait pieds, qu'il n'y arrivait pas. Il avait besoin de réponses, de savoir pourquoi Leah avait agi comme elle l'avait fait. L'idée qu'elle puisse ne pas avoir voulu de lui dans ses projets lui avait traversé l'esprit. Pourquoi les pompiers ? Pourquoi briser leur routine ? Si cette petite fille n'était pas arrivée dans leurs vies, leur histoire aurait sans doute connu un tournant plus définitif, mais quand bien même elle était là désormais ... et c'était pour elle que la brune avait tenu le cap. Sa place dans l'histoire était mal définie, mais jamais il n'aurait voulu la blesser en tentant de trouver des réponses à ses questions. A mesure qu'il se confiait Leah semblait trembler de plus en plus, se maintenir à son bras pour ne pas tomber, mais Stephen n'arrivait pas à arrêter de parler. Il fallait qu'il lui dise ce qu'il avait sur le cœur, il fallait qu'il lui explique tout, sans quoi ils n'arriveraient jamais à se comprendre. Finalement, après quelques secondes, la brunette s'était laissée retomber face à lui, sur les genoux afin de pouvoir attraper son regard sans qui'l ne puisse se dérober. Il se raccrochait à ses yeux, retrouvait une contenance qui lui permettait de comprendre les paroles qu'elle soufflait ensuite sans qu'il ne vacille à son tour. "Il y a rien que je puisse dire pour excuser mes actions passées Stephen.. Je... J'ai été stupide, aveuglée par ma peur d'être enfermée dans une vie qui ne me correspondait pas en sacrifiant mon indépendance au profit de... de ça." Ça. Leur bébé, leur histoire. D'un geste de la main Leah les englobait tous les trois et lui sentait son cœur se serrer un peu plus. Pensait elle vraiment qu'elle serait moins libre si un bébé s'était joint à l'équation ? Jamais il n'aurait été capable de l'enfermer, de la réduire à une vie où elle n'aurait pas eu son mot à dire comme la réciproque était vraie elle aussi. Sans doute qu'après avoir vécu l'enfer pendant quatre années à voir sa confiance en elle se faire saper par un homme violent l'avait poussée à s'affirmer, à ne laisser strictement rien entraver sa volonté. Mais là il s'agissait d'eux, et même si les excuses de Leah semblaient sincères Stephen avait encore bien du mal à pouvoir les comprendre totalement, même s'il se gardait bien de remettre de l'huile sur le feu, alors il la laissait poursuivre. "Tout ce que je peux faire maintenant, c'est de te faire une promesse; tu es ma priorité absolue. Vous êtes ma priorité. Et je ne laisserai plus rien se mettre en travers de notre bonheur, je te promets de te parler à chaque fois que j'aurai des doutes et surtout, de ne plus rien te cacher. Jamais." Elle semblait plus assurée, plus décidée à montrer une réelle volonté de s'investir, de s'investir avec lui dans cette grossesse qui le terrifiait. Attrapant sa main pour y déposer un baiser du bout des lèvres, Leah murmurait ensuite : "Je t'aime. Je... Je suis prête à tout pour que ça fonctionne. Si tu me le demandes, là maintenant, j'arrêterai tout. Les pompiers, les tests... Il n'y a pas que pour elle que je suis capable de faire des sacrifices. Je veux plus jamais te perdre Stephen, je pense pas que j'y survivrai." avant de conclure par un : "C'est toi ma famille maintenant." qui réveillait chez lui un sentiment qu'il avait cru éteint à jamais ; ou du moins enfoui au fin fond d'une urne avec ses rêves piétinés de fonder un foyer un jour. La brunette relevait les yeux vers lui avec une difficulté que Stephen assimilait comme une crainte qu'il puisse réfuter point par point ce qu'elle venait de lui livrer à son tour avec une sincérité évidente. Il eut besoin de quelques secondes de réflexion, ne serait ce que pour savoir quoi répondre, et finalement ce ne fut pas des mots qui se manifestaient mais une étreinte. Ses mains venaient l'aider à se relever, puis glissaient contre ses hanches la soulevant du sol comme si elle n'était qu'une plume. Sans réelle douceur mais avec une tendresse infinie, ses lèvres venaient à la rencontre des siennes, laissant transparaître avec bien plus de ferveur des mots qu'ils n'auraient su lui livrer sans rétablir un contact, une connexion qui lui manquait cruellement alors que sa carapace se fendillait et que son équilibre avait manqué de s'écrouler ; encore. "Je refuse que l'une des mes filles se dise un jour que sa mère n'a pas exercé le job ce qu'elle voulait pour un homme. Tu feras ce que tu veux. Mais t'es là pour elle, t'es là pour nous quatre Leah. C'est pas négociable" qu'il murmurait contre ses lèvres, lui laissant cette fois ci un regard plus affirmé que les précédents. La reposant contre le meuble de salle de bain, c'était cette fois contre son ventre qu'il s'autorisait à poser la main, traçant des cercles invisibles contre la peau de ce dernier avec son pouce alors que son front se reposait à nouveau contre le sien. "Je veux. Je veux tout ça. Toi. Elle. Nous. J'ai ... j'ai pas cru que ce serait possible à nouveau. Si vite. Je suis terrifié à l'idée qu'on l'ait et qu'on y arrive pas, que Logan la rejette. Qu'Anabel la rejette. Alfie aussi. J'ai peur de pas y arriver, de pas supporter tout ça. Que tu sois pas suffisamment là. Qu'elle vienne au monde alors que j'ai pas encore réussi à tourner la page.. toi t'y arrives. Tu m'acceptes comme je suis, avec mes absences. Mais je ... elle mérite d'avoir quelqu'un à cent pour cent. Et c'est pas mon cas." qu'il soufflait finalement sans trop savoir si révéler toute cette panique maintenant était une bonne idée ou non. Ils avaient disparus depuis quelques minutes déjà, mais vu la tournure dramatique qu'avait pris les événements, Stephen espérait que les Baumann puissent comprendre leur éclipse, il le fallait de toute façon. Le brun était incapable de quitter cette pièce sans avoir obtenu des réponses, et à la manière dont il se tenait près d'elle sans la relâcher ni du regard ni des mains, Leah n'avait pas d'autre choix que de rester elle aussi.

De rétablir une proximité avec Leah, même si ce n’était que quelques secondes, avait suffi à Stephen a se redonner un peu contenance. Lui qui avait littéralement perdu le contrôle en se laissant dépasser par la colère lors de son altercation avec Logan recouvrait un peu de douceur dans les bras de celle qu’il aimait, s’autorisant à s’ouvrir à elle sur tout ce qu’il ressentait depuis qu’ils avaient décidé de garder leur petit pois puisque de toute façon, sa carapace avait déjà volé en éclat. Le brun avait besoin de la tenir contre lui, qu’elle soit son point d’ancrage alors que tout son petit monde s’était écroulé point après point. Son équilibre, son couple, sa vie de famille, son logement, absolument tout s’était chamboulé sans qu’il ne puisse véritablement agir en conséquences, et cela lui pesait terriblement. Il acceptait leur enfant, il voulait de cette petite fille, mais cette paternité était obscurcie par une montagne de travers qui l’empêchait de l’accueillir avec autant d’enthousiasme qu’il aurait pu le faire si les circonstances n’avaient pas été si floues. Ce dont il était certain en revanche, c’était qu’il ne voulait pas que Leah pâtisse de ce manque de confiance qu’il accordait en l’avenir, mais ç’avait été une erreur de ne rien lui confier. Stephen voulait qu’elle puisse faire le métier qu’elle désirait, mais ce serait mentir que de dire qu’il sautait de joie à l’idée de voir la mère de son enfant s’en aller des gardes entières et ruiner l’équilibre qu’ils avaient retrouvé en devenant pompier. Leah savait pertinemment à quel point il avait apprécié sa période de flottement à l’appartement depuis qu’elle avait quitté son emploi au MacTavish, mais de là à l’exclure complètement de son processus de changement de carrière il y avait un pas. "Tout ça, c'est secondaire maintenant. Je resterai auprès de vous aussi longtemps qu'il le faudra... et on avisera plus tard. Ensemble" lui assurait elle pourtant, et lui hochait la tête, se laissait convaincre. Il n’y avait de toute façon rien qu’il puisse dire ou faire maintenant puisque toute activité impliquant de grimper à la grande échelle était proscrite du fait de la grossesse et qu’il avait suffisamment confiance pour savoir qu’elle ne se risquerait pas à reprendre le travail trop rapidement. Tout ce à quoi il aspirait, c’était à fixer des limites. Devenir pompier ne se ferait pas au détriment de leur vie de famille, lui-même se promettant d’arranger ses plages de travail, quitte à s’aménager un vrai bureau chez eux et à sacrifier une partie de la salle de pause pour y installer un berceau. Si Anabel venait avec lui au bureau il n'y avait pas de raison que ce soit plus compliqué avec le petit pois. « Pourquoi ton rêve c’était pas de devenir secrétaire hein ? » soufflait-il finalement avec un amusement feint, déposant un baiser sur sa tempe pour éviter de croiser son regard qui trahirait le fait qu’il ne sautait toujours pas de joie à l’idée de la voir quitter leur maison pour partir travailler à l’autre bout de la ville des nuits entières. S’il appréciait le fait de savoir que Leah ne le mettrait plus à l’écart, il n’était pour le moment toujours pas apte à voir les bons côtés de cette nouvelle carrière. Un peu de temps serait nécessaire, mais comme l’avait souligné Leah ils avaient encore quelques mois avant de voir les choses se concrétiser. Il y avait d’autres choses en revanche qu’il ne serait pas possible de régler après l’arrivée de leur fille, comme cette tempête émotionnelle qui le rongeait depuis que la brune avait décidé de la mettre au monde. Avec douceur elle était venue presser sa main contre la sienne, contre l’arrondi de son ventre sous lequel se cachait l’origine de tous ces tourments. Son bébé, leur bébé, celle pour qui ses nerfs oscillaient entre la profonde affection et la panique la plus totale. "Moi aussi j'ai peur. Et la seule chose qui me rassure aujourd'hui, c'est de savoir que tu es là. Tu es déjà un papa merveilleux pour Anabel et elle... Elle aura de la chance de t'avoir. A cent pour cent ou pas, c'est toi son père." Mais avec Anabel les choses avaient été différentes. Elle avait deux ans. Rachel ne lui avait pas vraiment laissé le choix de la prendre avec elle sans quoi leur relation n’aurait pas été jusqu’au mariage, et Leah faisait la même chose aujourd’hui, répétant ironiquement le même schéma sans le vouloir, et probablement sans le savoir aussi. Il était paniqué à l’idée de ne pas y arriver une seconde fois, pourtant cette fois ci qu’il le veuille ou non il ne pouvait pas ne pas s’investir. Il s’agissait de son enfant, et lui qui avait grandi avec un père absent ne se voyait vraiment pas reproduire le même schéma à son tour. « L’avantage c’est que tu es optimiste pour deux. Je te promets d’essayer. » soufflait il en tentant tant bien que mal d’accorder autant de prestance que possible au sourire que Leah lui adressait, bien que ce soit compliqué, alors plutôt que de poursuivre, ses lèvres venaient lui déposer un baiser au sommet des cheveux avec tendresse. "Je sais pas comment ça va se passer, comment les autres vont réagir. Logan, Alfie, Anabel... Mais l'important, c'est qu'on soit là l'un pour l'autre. Toujours. Je te laisserai pas tomber Holloway je..." Il avait cessé d’accorder de l’attention à ses paroles du moment même ou un à-coup, presque imperceptible, s’était manifesté contre sa paume de main. Les sourcils froncés, son premier réflexe fut de presser encore un peu plus cette dernière contre le ventre de Leah comme pour voir cela pouvait se reproduire. "Tu... Tu as senti?" cette fois ce fut la brune qui appuyait sa main, les yeux emplis de larmes … de joie. Ascenseur émotionnel oblige, leur petite fille était encore venue se placer au beau milieu de leur conversation, comme si elle ressentait déjà les choses et les émotions trop intenses. « Je me rendais pas compte qu’elle était aussi grande. Déjà. » Et sans doute que s’il s’était donné la peine d’en apprendre un peu plus et d’ouvrir les yeux lors de l’échographie il aurait eu plus d’informations concernant sa fille, puis-qu’effectivement, à cinq mois cette dernière pouvait déjà commencer à s’éveiller. La culpabilité l’assaillait presque même s’il se laissait envelopper par un sentiment nouveau, se penchant vers Leah pour l’étreindre alors que son autre main ne se détacherait de son ventre pour rien au monde. « … neuf mois ça passe trop vite. » surtout quand les quasi quatre premiers avaient été un flou permanent.  « … on devrait retourner en bas. On reparlera de tout le reste plus tard. » soufflait-il finalement en hochant la tête, glissant sa main dans la sienne pour leur insuffler une amorce de courage. « J’ai fait le plus gros Bau, ça devrait aller. » une touche d’humour devrait détendre l’atmosphère, non ?      
   

Leah semblait sincère en lui livrant son point de vue à son tour, et bien que ses paroles ne changeaient pas les faits, elles apaisaient le tourbillon de sentiments contradictoires qui dévastaient l'esprit torturé du brun depuis des semaines. Un peu. Il lui faudrait encore du temps pour accepter son choix de carrière, et quelque part, si la grossesse rendait l'échéance de ce changement d'emploi plus lointaine, il lui semblait qu'ils reculaient pour mieux sauter. Comment allaient ils faire avec un bébé à charge ? avec leurs deux enfants et des emplois du temps aussi compliqués ? Stephen pouvait s'arranger ... mais pas vraiment ralentir le rythme. Tout aurait été plus simple si Leah avait accepté le job proposé par Rebecca, mais malheureusement, si la brune semblait prête à laisser tomber les pompiers s'il le lui demandait, elle n'en avait pas la moindre envie, et ça il le savait pertinemment. « J’en sais rien. Parce que je fais rien comme tout le monde sans doute… Mais si c’est une secrétaire que tu veux, je pourrai arranger ça un soir en venant t’aider à ranger des dossiers au cabinet… » Eh. Fronçant les sourcils, Stephen s'étonnait de la tournure que prenait cette discussion. L'amusement lui étirait le coin des lèvres, puis se manifestait dans un rire léger lorsque Leah se mit à sous entendre qu'elle pourrait se muer en une charmante petite baleine au terme des neuf mois. « … Avant que je ne me transforme en un truc énorme et que tu arrêtes d’avoir envie de moi. » Le regard penché vers l'arrondi de son ventre, la future maman semblait appréhender ce changement physique qui allait s'opérer chez elle au cours des mois à venir. Étonnamment c'était là l'une des rares choses qui rassuraient Stephen quant à sa paternité. Voir sa fille grandir lui permettait de mieux se préparer à son arrivée ; comme un rappel permanent. "J'aime assez l'idée de te voir débarquer au cabinet pour ranger et d'avoir droit à un extra sur mon bureau en prime." qu'il soufflait en se penchant pour lui voler un baiser, exerçant ensuite une douce pression de la main qu'il avait posée contre son ventre. "Et j'ai hâte de la voir pousser. Arrête tes bêtises." Il se gardait bien de se lancer dans des niaiseries du genre "tu vas pas grossir arrête" ou "tu seras parfaite" puisque c'était sans doute faux. Le brun ne savait pas comment se développerait leur petite ni même si Leah arborerait un joli babybump ou si elle se transformera en une boule géante faite de rétention d'eau. L'un dans l'autre il s'en moquait bien. Elle allait mettre au monde son bébé, un petit être qu'ils avaient fait ensemble mais qu'elle gardait précieusement pour elle. Il était temps d'assumer ensemble, et d'avoir (enfin) cette discussion au sujet de leurs doutes, de leurs ressentis. Qu'importe que cela se produise dans les pires circonstances possibles ; ce dialogue avait lieu et c'était tout ce qui comptait. Du moins, il commençait à avoir lieu. Un à-coup provenant de l'intérieur du ventre de Leah s'était fait sentir d'une façon presque imperceptible mais que les deux parents n'avaient pas loupé. Des larmes de joie perlaient sur les joues de la brunette, tandis que lui ... lui se faisait rattraper par la réalité. Elle était déjà si grande ? si évoluée ? « Moi non plus. » concédait la brune, se laissant glisser contre son torse tandis qu'il l'étreignait avec douceur ; la sérénité désormais atteinte dans son esprit torturé. Le temps passait à une vitesse folle, et si Stephen aurait bien aimé appuyer sur pause pour pouvoir s'acclimater à cette nouvelle vie qui s'offrait à lui il faudrait qu'il se rende à l'évidence ; ce n'était pas possible. Ce bébé allait arriver au début de l'été, et ... il était plus que temps d'informer le reste des Baumann de cette bombe qu'il avait lâchée avant de se battre comme deux adolescents avec le cadet de la fratrie. « D’accord. » La brune acquiesçait mais pourtant elle ne bougeait pas d'un poil. Il avait fallu qu'il lance cette petite note d'humour pour qu'elle ne s'y décide, lâchant dans un petit rire : « Il a fallu que tu me voles la vedette, hein ? » qu'il ne pouvait pas vraiment contester. "Carrément. J'avais totalement prévu de me faire refaire le nez et de ruiner le mobilier de jardin." qu'il soufflait ironiquement en retour, ses doigts se portant sur son nez encore endolori avec une grimace ; Logan ne l'avait pas raté. Alors qu'ils prenaient silencieusement la direction des escaliers, la brune se retournait sans qu'il n'ait véritablement eu le temps de se préparer. Ses lèvres venaient lui voler un baiser auquel il répondait par automatisme, laissant l'une de ses mains se poser contre sa taille pour maintenir son équilibre ainsi remontée sur la pointe des pieds. « Je t’aime Holloway. Peu importe le reste. » Le reste. Une notion qui englobait énormément de choses. Cette grossesse n'avait rien de conventionnel, rien de planifié. Ils étaient ensemble depuis si peu de temps, s'étaient séparés, puis remis ensemble, avaient voulu se débarrasser de ce petit pois puis finalement le garder. Leurs familles apprenaient son existence bien tardivement, et si pour quelques uns cela n'était pas une bonne nouvelle, pour d'autres elle l'était. L'un dans l'autre il faudra composer avec tout ça et avancer. Ensemble. "A moi." qu'il rétorquait en embrassant sa tempe. A lui. Toutes les deux. Toutes les trois. Et effectivement, qu'importe le reste du monde et  leurs avis, à commencer par celui de Logan.

Descendant les marches d'escaliers pour rejoindre le salon où s'était réunis les Baumann, Stephen laissait Leah gérer l'annonce. Il se contentait de se poser à ses côtés, son bras glissé contre sa taille comme pour lui insuffler un peu de courage. « Je sais que ça a été rapide, que vous vous ajustez seulement au fait qu’on soit ensemble Stephen et moi. Mais on a décidé de la garder et… » « C’est une fille ? » Papa Baumann interrompait son petit Laïus, et lui par automatisme laissait glisser sa main sur le côté de son ventre comme pour signifier à ce petit bout qu'un bouleversement cataclysmique était en train de se produire dans sa nouvelle famille et qu'il était temps de faire des pirouettes si l'envie lui chantait. A moins que ce ne soit réservé qu'aux crises de couples de ses parents. « Oui. Dans un peu plus de quatre mois, vous deviendrez grands-parents… et tontons. » Howard et Cathy observaient leur fille comme si elle était la huitième merveille du monde, et s'il avait mis du temps à se faire à l'idée de cette grossesse, pour le coup il était plutôt d'accord avec eux. Ce bébé, Leah le lui avait imposé mais quelque part ... elles étaient devenu tout pour lui. Quelques secondes avaient été nécessaires à ce que quelqu'un ne se décide à réagir, puis finalement ce fut maman Baumann qui s'était rué vers sa fille pour l'étreindre, rapidement suivie par son père, Liam et Lance. Seul Logan restait en retrait, rendant cette scène de liesse des plus amères alors qu'il disparaissait sans donner la moindre réaction si ce n'est un claquement de porte. Stephen l'avait fusillé du regard ; non pas pour lui mais pour Leah. A ses yeux leur amitié avait beau être morte et enterrée depuis quelques minutes, il n'en valait pas de même pour la brunette qui aspirait à mieux de la part de ce frère qu'elle aimait tant. « Il changera d’avis. » Cathy avait tenté de la rassurer en serrant avec douceur le bras de sa fille, mais le brun savait pertinemment que ce ne serait pas si simple. Il se gardait bien de dire que pour lui il était hors de question que Logan continue son petit manège sous prétexte que l’on ne touchait pas aux petites sœurs. Il se serait attendu à mieux de la part de son ami de toujours, d’autant plus qu’il n’était plus question de leur couple uniquement mais d’un bébé, de leur famille dont il ne laisserait personne en bouleverser la stabilité qui n’était même pas encore tout à fait acquise. « Et sinon Bau je suis nul en calcul mental mais si je me trompe pas… » « … t’as déjà un petit ventre ! » « … ça fait cinq mois que tu gardes ton secret » ronchonnait Liam, coupé par sa mère qui devinait à son tour ce petit ventre arrondi dissimulé sous une blouse ample qui devait le dissimuler jusqu’à ce que l’un et l’autre ne trouve le courage d’en parler sans causer de catastrophe ; ce qui n’arriva pas, évidemment. Rien ne s’était passé comme prévu mais à en juger par l’air ravi de la famille, cette nouvelle était bien pris pour la grande majorité d’entre eux. « Ma petite sœur. Hein ? » Ce fut au tour de Lance de se planter aux côtés de Stephen, lui plantant une main sur l’épaule d’une façon tout sauf délicate, comme pour faire un –mauvais- écho aux paroles de son frère. « Tu sais qu’il y aura un rite de passage pour entrer vraiment dans la famille. Je sais pas quoi encore mais je trouverais. » Oh non. Sans se démonter, Stephen fronçait les sourcils, puis tenait le regard mutin de son beau-frère en glissant un bras protecteur derrière Leah qu’il attirait à lui dans un demi-sourire. « Ouais, enfin techniquement ce bébé porte mon nom. » Et il était hors de question qu’il se plie à un quelconque exercice bizarre sorti de l’imagination des aînés Baumann.              

Stephen avait encore bien du mal à trouver sa place dans cette nouvelle vie qu'était la sienne ; un changement de cap à 180 qui s'était opéré en l'espace de quelques jours tout juste. D'une séparation et d'un avortement il passait à un schéma familial avec un foyer heureux et un chien capricieux, et si cette nouvelle le comblait plus qu'il ne l'avouerait jamais, le brun ne savait pas comment amener le sujet de cette paternité qui l'attendait à ses proches, ni même comment se préparer à l'arrivée de leur bébé sans trop s'en faire. C'était la première fois qu'il allait accueillir au monde un petit être qui n'aurait que lui et sa maman pour seul point de repère, et si c'était facile avec Anabel ... il ne savait pas bien comment ce serait avec cette minuscule petite chose qui venait de les saluer il y a quelques minutes. Arriveraient ils à s'organiser pour lui ? A vivre pour eux ? A vivre ensemble tout court ? Autant de questions qui se bousculaient dans son esprit déjà d'ordinaire si embouteillé de tourments. « Je me demande à qui elle ressemblera le plus. » que soufflait Leah avec une émotion qu'il ne lui connaissait pas vraiment. Un demi sourire lui naissait au coin des lèvres pour toute réaction, et finalement comme s'il s'agissait de l'évidence même il répondit : "A toi. J'espère. Je souhaite à personne la névrose et les bouclettes." Bien que l'idée de voir une petite tête brune au moins autant concernée que lui par la sécurité lui plaisait beaucoup. Quand bien même, cet enfant pouvait être fait de n'importe quel acabit qu'il le protégerait au moins autant qu'il ne le faisait déjà avec Anabel ; Leah le savait bien. Il avait beau ne pas être encore totalement familiarisé à l'idée de cette naissance à venir, il n'en demeurait pas moins bien décidé à assumer son enfant après s'être rendu compte tardivement qu'il pouvait lui apporter plus de joie que de soucis. N'en déplaise à Logan, et au monde entier. Il avait bien vu qu'une mine attristée avait élu domicile sur les traits de la brunette quelques secondes avant de retourner se confronter aux Baumann, mais malheureusement pour le moment l'avis de son frère aîné n'était pas quelque chose qu'il pouvait tempérer. Se penchant pour embrasser sa tempe, Stephen laissait comme à son habitude une marque de possession s'extirper d'entre ses lèvres, comme pour se redonner contenance avant de se jeter dans la gueule du loup, et lorsque Leah lui répondit « A toi. » en retour, la pression redescendait (presque) d'un cran.

Comme il s'en doutait presque, Logan avait décidé de ne pas rester. Stephen ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il ne vienne les féliciter de cette naissance, mais un minimum d'attention envers sa petite sœur ne lui aurait sans doute pas écorché la langue. Qu'importe, les deux autres frères de la brune avaient pris les choses en main pour dérider l'atmosphère et tempérer les effusions de joie de Papa et Maman Baumann qui, lorsqu'elle avait découvert l'arrondi du ventre de sa fille, avait littéralement fondu en larmes. Plus que cinq mois à tenir. Quoique, ce serait sûrement pire à la naissance. « Je voulais l’annoncer en face, pour voir vos têtes. » A d'autres. Avec douceur Stephen était venu presser sa main contre sa taille, comme pour insuffler un peu de compassion et de courage à sa moitié. Ils avaient voulu se débarrasser de ce bébé, et si maintenant ils ignorait s'ils avaient été en mesure d'aller jusqu'au bout aujourd'hui ils devaient vivre avec cette information et composer avec, bien que cela devait sûrement s'estomper avec le temps. Leah avait fini par prendre la main de sa mère pour la poser contre son ventre, un moment que Stephen avait désiré passer un peu en retrait pour les laisser profiter ensemble. Répit de courte durée. Posté à ses côtés, Lance s'était mis en tête de le déstabiliser. Mauvaise pioche. Vu la montagne d’événements dramatiques qui étaient venus ponctuer sa vie ces derniers temps un hypothétique rite de passage chez les Baumann lui semblait être une promenade de santé. Et en toute honnêteté après avoir été par un Alfie lui demandant de l'aider à planquer un cadavre à trois heures du matin deux semaines après s'être mis en couple avec Rachel ... Lance devrait vraiment potasser son sujet. Lui laissant vaguement sous entendre que ce bébé portait son nom et qu'il était un Holloway avant d'être un Baumann (et que par conséquent il n'avait à se plier à rien du tout) « D’autant que j’estime que Stephen est entré dans la famille le jour où vous l’avez plaqué à vous trois au sol pendant un de vos matchs de « rugby » à 14 ans. » Leah était venue se poster contre son torse, un soutien qu'il accueillait avec joie. Glissant son bras autour de sa taille il embrassait le sommet de son crâne d'une façon protectrice et ... provocante. Il devait l'avouer. C'était beaucoup trop drôle de jouer avec les nerfs des frères Baumann lorsque Logan et ses envies de meurtre n'étaient pas présents. « Je persiste à dire que vous avez tenté de le tuer ce jour là. »  Possible. Sûrement même. Ce jour là Stephen était rentré chez lui avec des bleus immense et une plaie béante sur le tibia mais il avait gagné une seconde famille. Tandis qu'il entremêlait ses doigts à ceux de Leah, il l'observait glisser un regard à la porte d'entrée, puis les mots qu'elle prononçait ensuite l'étonnaient à peine. « Maman, est-ce qu’on pourrait remettre tout ça à plus tard ? Je t’avoue que je suis un peu fatiguée. » Sûrement un mensonge, ou peut être pas. Il avait décelé dans son regard quelque chose qui ressemblait à de la tristesse, et un épuisement qui ne l'étonnait qu'à moitié. Hochant doucement la tête il appuyait les paroles de la brune en jouant sur la corde sensible. "Ouais, les médecins t'ont conseillé du repos de toute façon. Vous pourriez peut être ... passer un soir dans la semaine ?" Dans la maison du bonheur encore en cartons, mais ce n'était qu'un détail. Chez eux il n'y aurait pas Logan, pas de souvenirs d'enfance pour venir faire remonter des sentiments bien trop forts. Leur nouvelle maison était la concrétisation de cette nouvelle vie qui seraient bien plus facile à assumer là bas. Du moins il lui semblait. "Oui euhm, allez y. Si t'as besoin de repos.." Visiblement Cathy était déçue, mais ce n'était que partie remise pour les grandes effusions de joie. Extirpant ses clés de voiture de la poche arrière de son jean, Stephen entraînait la brunette vers la porte de la maison, rapidement suivi par le reste de la famille qui leur fit des au revoir sur le perron. "On se revoit bientôt, hein ?" Compte la dessus Lance. Le sourcil relevé, Stephen espérait sincèrement que son désormais beau frère se déciderait à abandonner son idée de rite sortie d'il ne savait trop ou. Si Leah avait du en faire de même pour toutes les copines respectives de trois garçons Baumann elle ne s'en serait sans doute jamais sortie. "Mets pas trop d'espérance la dedans." se contentait il finalement de conclure en entremêlant ses doigts à Leah pour l'accompagner à la voiture. "Les prochaines fois seront plus simples." Sitôt à l'intérieur de l’habitacle, le brun avait soufflé ces quelques mots sans vraiment savoir s'ils lui étaient destinés ou s'il s'agissait d'une simple banalité qu'il soufflait comme pour marquer la fin de ce déjeuner qui ne s'était absolument pas déroulé comme prévu. De toute façon ce n'était pas comme s'ils avaient le choix. "Tu sais que je t'aime, hein ? Assez pour supporter tes frères." Tout de suite après avoir démarré, Stephen avait désigné du menton les deux aînés restant alors qu'ils dépassaient la maison familiale en faisant de petits gestes de la main. "Je suis sûre qu'ils seront géniaux pour elle. En attendant je vais prier pour ne pas finir embarqué dans une histoire sordide pour mériter d'être le père de ton bébé. Je t'ai déjà raconté ce qu'Alfie m'avait fait quand Rachel nous avait présentés ?" Tout en conduisant, il avait glissé l'une de ses mains contre sa cuisse, faisant la conversation pour lui occuper l'esprit à autre chose qu'à cette fin de matinée compliquée. Quelque part, il se sentait coupable de ne pas avoir contenu sa colère contre Logan, puisque Leah pâtissait désormais de toute cette situation. Ils verraient plus tard pour tout arranger, car pour le moment l'information était encore bien trop à vif dans l'esprit de son frère pour essayer de rétablir le dialogue. A la place Stephen avait préféré se confier, apporter à Leah des informations sur une partie de sa vie qu'il gardait secrète. Avec le temps il avait fini par réussir à lui parler de l'environnement de Rachel sans trouver cela trop étrange, d'autant plus que dans ce cas présent, il trouvait cela assez judicieux de lui en parler. Le test d'Alfie avait été à un niveau bien plus sadique que Lance ne pourrait jamais trouver un jour, qu'elle se rassure. "Trois heures du matin. Il a osé m'appeler à trois heures en me disant qu'il avait fait une connerie et qu'il fallait pas que je réveille Rachel pour ne pas la mêler à tout ça.." Cette histoire, en plus d'être assez longue, avait au moins le mérite de tenir la brune en haleine durant tout le trajet jusque l'appartement, et lui avait, il l'espérait, changé suffisamment les idées pour qu'ils puissent passer le restant de la journée d'une façon plus sereine. Leah en avait besoin. Leur bébé aussi.

-sujet terminé-