My favorite reason to lose sleep

Elle s’était dit que quand elle allait perdre les eaux elle lui dirait quelque chose de mignon pour ne pas qu’il panique, alors elle l’a entraîné. Elle lui a fait voir l’ ge de Glace, pour qu’il mémorise que “pêche” était le signal. C’aurait été mignon de crier “pêche” et de partir à l'hôpital ; ça aurait pu se passer comme ça dans un film en tout cas. « Putain putain putain ! » Ca ne ressemble pas beaucoup à un fruit, ça, mais c’est bel et bien Charlie qui panique légèrement (totalement) en courant (se mouvant non sans mal) dans leur maison nouvellement achetée à Bayside. Elle a perdu les eaux, pour de vrai, parce qu’apparemment ça n’arrive pas que dans les films. Elle sent déjà des contractions aussi mais ne voit toujours pas Tim - elle savait qu’ils auraient dû prendre une maison plus petite. « Tiiiii - IIIIM. » Elle s’était vraiment promis de rester calme pourtant, de se la jouer maman cool et de ne pas lui montrer à quel point cette journée allait être la meilleure et la pire de sa vie. Personne ne lui avait dit que ça allait réellement se passer comme ça et qu’elle allait vouloir faire voler tous ses idéaux en éclat. Pourtant Charlie a essayé de rester calme mais la panique a pris le dessus au bout d’une demie seconde. Cela n’arrangera rien, ne fera que faire paniquer Tim encore un peu plus et elle se doute bien qu’il sera le plus effrayé des deux. Elle sait aussi qu’il restera près d’elle jusqu’au bout, même si elle n’a pas pensé à couper ses ongles et qu’elle va sûrement lui lacérer la main. Ca fait parti du tout, de ce qui fait qu’elle l’aime tant et qu’ils ont su affronter toutes les épreuves des mois passés. Ils ont aussi garder le suspens pour le sexe de leur enfant à naître, Charlie souhaitant ainsi lui prouver que peu importe son genre il sera tout aussi aimé, que les erreurs de ses parents ne seront pas les leurs. « Là c’est le moment où je te dis que je t’aime mais … si … on va pas … de suite à l'hôpital … je te tuerai de mes propres mains Timothy Decastel. » Sa gorge est compressée, elle est recroquevillée sur elle même, une main tâtant le chemin à prendre et l’autre posée sous son énorme ventre. La valise est déjà dans la voiture depuis presque deux mois “au cas où”, tout est prêt, ils n’ont plus qu’à partir et les secondes passées sans Tim semblent terriblement et affreusement longues. Encore plus qu’en temps normal. Elle n’attend que depuis quelques secondes mais son corps tout entier lui crie que rien ne va, tous les systèmes sont en alerte et plus aucune commande ne répond. Elle a envie de leur les faire manger leur séance de yoga pour l’accouchement et toutes les conneries qu’on leur a sorti, la seule personne qu’elle désire à ses côtés c’est Tim. Seulement lui, pour toujours.
Alors qu’elle l’entrevoit accourant vers elle, son corps tout entier se détend (ce qui est assez paradoxal au vu de ses contractions). Il est bien là, il est toujours là. Ils vont y aller ensemble, ils vont au St Vincent’s et tout ira bien. Ils quittent cette maison à deux, reviendront à trois. La jeune femme s’installe sur le siège avant de la voiture, tente de se calmer au maximum en inspirant et expirant comme on le lui a appris. « On a bien fermé la porte d’entrée hein ? Et éteint le gaz ? Et coupé l’eau du jardin ? Et … ah PUTAIN … on est allé chercher le dernier colis à la poste ? »

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L'angoisse était plus que présente ces dernières semaines. Tim était sur le qui-vive plus ou moins constamment, hors de question de rater l'heure dite et de ne pas être présente pour Charlie. Il allait être père et les responsabilités qui lui incombaient étaient par principe gigantesques. Le terme approchait à grand pas et le jeune homme ne pouvait pas se permettre d'être distrait par quoique ce soit. Alors, il courait partout pour tout préparer, ayant passé les derniers jours à se battre avec un berceau avant d'aller se ressourcer dans le jardin qu'il était en train de faire naître dans leur toute nouvelle maison. Bien sûr, il ne s'éloignait jamais énormément de la bâtisse, au cas où Charlie hurlerait pour le prévenir que l'heure était arrivée. Chaque matin, il se réveillait en panique de peur de constater que sa sirène n'était plus à ses côtés. Et s'il avait trop dormi et qu'elle avait chuté dans les escaliers? Et si elle avait été prise de contractions au beau milieu de la nuit et qu'il ne l'avait pas entendue? Dire qu'il dormait d'un seul oeil était un euphémisme, Timothy devait dormir une heure par ci par là, histoire de s'assurer qu'il était l'homme de la situation. En toutes circonstances. Il était en train de planter deux ou trois dahlias quand il entendit la voix tonitruante de Charlie. Forcément, il jeta le moindre outil de jardinage pour accourir vers la maison et tomber sur une Charlie qui courait déjà vers la voiture, haletante. "Merde, merde, c'est le moment? C'est l'heure? Faut qu'on y aille?" Questions parfaitement rhétoriques mais qu'il devait se poser alors qu'il soutenait Villanelle jusqu'à la voiture avant de se poser derrière le volant lui même. Il savait qu'elle était capable de le trucider s'il ne partait pas tout de suite pour l'hôpital. Elle avait beau lui répéter qu'elle l'aimait, sa patience devait avoir de limites quand elle était si proche de donner vie à leur enfant. "La poste? Le gaz? C'est pas grave tout ça, si? Faut que je m'en occupe là tout de suite? Non, parce que j'ai cru dire que t'allais me tuer si on partait pas dans la minute et je crois que je préfère rester en vie. Avec un bébé dans les bras." Effectivement, il alluma le contact et démarra à vive allure, lançant constamment des regards vers sa belle blonde, au cas où l'urgence arrivait encore plus vite que prévu. "Est-ce que je t'ai déjà dit que je t'aimais? Au cas où, je préfère le redire parce que je sais pas si je vais survivre à cette panique. Et les gens, là, qui roulent pas mais merde." Il se mit à klaxonner, nerveux ô possible. Au loin, l'hôpital et lui, pied au plancher, se mordant l'intérieur des joues pour tenir le coup. S'il arrivait quelque chose à Charlie, s'il arrivait quelque chose au petit, il y passerait.

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Elle aurait dû se couper les ongles. Elle aurait réellement dû prévoir cinq minutes de manucure en voyant la date de terme approcher. Ca aurait évité qu’elle enfonce ses ongles dans les accoudoirs de la voiture, qu’ils se brisent sous la pression qu’elle exerce sans même s’en rendre compte. Avec le temps elle a appris à ne plus enfoncer ses ongles dans ses paumes et heureusement qu’elle ne le fait pas aujourd’hui sinon elle se les serait enfoncés jusqu’au sang à cause de la douleur. Tous ses muscles sont tendus et elle regarde ses métacarpes se dessiner sous sa fine couche de peau diaphane. Ils se tendent mais ne se détendent jamais, ils sont pourtant la seule chose à laquelle Charlie arrive à se rattacher pour ne pas paniquer. Ses yeux se posent uniquement sur sa main alors qu’elle essaye de concentrer sur ouïe sur les paroles rassurantes de Tim quand il ne lui répond pas au premier degré. Alors quand il recommence à lister tout ce qu’ils devaient faire avant de partir Charlie lui lance un regard noir empli de mille envies de meurtre. Elle lui donnera tout le temps qu’il veut pour aller à la poste quand ils seront de retour mais à l’instant tout ce qu’elle souhaite c’est se retrouver à l'hôpital entourée d’une armadas d’inconnus qui savent ce qu’ils font. Elle a hâte de leur crier dessus sans aucune raison et de planter ses ongles dans la main de Tim à défaut de le faire dans la sienne. Ca n’a pas l’air idyllique dit comme ça mais ce serait le paradis selon Villanelle.
Le vrai paradis sera palpable dans plusieurs jours quand ils auront un enfant en pleine santé qu’il faudra manier avec précaution et un papa Tim qui posera mille questions à cause de la panique. Un papa en devenir qui lui répète à quel point elle l’aime et sa compagne de sourire parce que, de tous les mots pour la rassurer, ce sont les seuls qu’elle veut entendre. Elle va le menacer de mort encore de nombreuses fois dans les heures à venir mais elle ne cessera jamais de l’aimer. Ce n’est que le début d’une longue histoire, d’un enfant qu’ils devront légalement nourrir pendant 18 ans mais dans les faits ce sera pour une vie entière. Un enfant qui leur fera regretter toutes leurs décisions avant de leur rappeler à quel point ils ne pouvaient rêver de mieux. Un putain d’enfant qui s’agite dans son ventre alors que ce n’est pas encore le moment de sortir. Charlie ferme les yeux, un rictus de douleur sur le visage.
Son soulagement est immense alors qu’ils arrivent enfin à l'hôpital et que Tim l’aide à marcher jusqu’à l’entrée du bâtiment, là où elle est rapidement prise en charge par des inconnus en blouse blanche - ce qui devient très rassurant lorsqu’on s’apprête à accoucher. On lui donne mille consignes mais un mot sur cinquante arrive jusqu’à ses oreilles. Elle ne comprend pas ce qu’on lui dit et alors que sa main lâche celle de Tim pendant un instant elle se remet à paniquer, les yeux perdus dans la foule. Si elle devait choisir elle ne demanderait que Tim, son grand brun, l’être humain qu’elle chérit le plus pour quelques heures encore avant qu’il ne soit détrôné par la chair de sa chair. « Tim ... » Sa voix à peine audible est suppliante. Elle ne veut pas de médecins finalement, elle veut Tim. Et elle essaye de leur résister un instant alors qu’ils la couchent sur un brancard mais elle n’en a pas la force, les yeux gorgées de larmes. « Heïana Brook, je veux Heïana Brook ... » Au moins une autre personne qu’elle pourrait insulter aujourd’hui sans trop s’en vouloir demain. Cette rencontre d’un soir est devenue une véritable amie au fil des mois et elle la veut près d’elle en ce jour si important pour elle.
Un parfum familier revient finalement à ses narines et alors qu’on l’emmène au fond d’un long couloir trop éclairé la main de Tim se mêle à nouveau à la sienne. Son cœur s’apaise légèrement, ses larmes cessent de couler sans raison et elle arrive même à lui sourire une dernière fois lorsqu’elle sent le baiser qu’il lui dépose sur le front. « Je t’aime, mon amour. »

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Il avait peur, fait suffisamment rare pour être signalé. Et s'il ne roulait pas assez vite? Si Charlie faisait une hémorragie à l'arrière de la voiture? Tim ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer le pire en vue dus responsabilités qu'il avait sur les épaules maintenant qu'il s'apprêtait à être le père d'un petit être inoffensif et sans libre arbitre. Il conduisait à vive allure, hurlant sur le moindre passant qui osait lui barrer la route plus de cinq secondes, Decastel n'avait clairement pas la patience pour toutes ces conneries. Alors, il klaxonnait, plus ou moins en continu en priant que la police ne vienne pas les arrêter maintenant, ce serait une catastrophe. Finalement, Tim put s'arrêter n'importe comment devant les urgences et bien vite, du personnel vint préparer Charlie pour l'accouchement à venir. Timothy ne savait pas quoi faire de sa carcasse pendant ce temps alors, il se contenta de suivre la cadence, attrapant la main de Charlie dès qu'il le put. "Je lui envoie un message tout de suite." Et ni une ni deux, il contactait Heïana pour la prévenir de l'arrivée imminente du bébé et de la demande si spécifique de sa petite amie. Bien vite, il oublia tout, certainement parce qu'ils circulèrent dans un long couloir et au bout, sûrement, la salle d'accouchement. Le moment tant attendu. Tim baisa le front de Charlie et caressa son doux visage, pourvu qu'elle vive l'expérience le plus sereinement possible. En tout cas, il serait là pour se faire torturer à ses côtés parce qu'il avait signé pour cela. "Je t'aime aussi. Et je suis prêt pour ça, pour accueillir notre petit nous. Être trois." Ce fut tout ce qu'il put prononcer avant la dure labeur de sa belle. [...] Puis, les cris. La naissance. Le silence. L'enfant était vivant et il était le leur. A eux deux. Timothy ne fit pas attention mais des larmes roulèrent sur son visage au moment où on proposait à Charlie de porter l'enfant dans ses bras. Lui n'était plus qu'émotion et il n'était même pas certain de pouvoir prononcer le moindre mot. Il était papa. C'était complètement fou à ses yeux et il ne pouvait que pleurer, c'était ce qu'il y avait de plus beau au monde, cette sensation d'aimer un petit être autant alors qu'il venait tout juste de le rencontrer. Sa main vint attraper celle de l'enfant et Tim sourit, comme jamais il n'avait pu le faire auparavant. "C'est une merveille, mon amour, c'est..." Le plus beau cadeau qu'il avait jamais eu. Le plus beau qu'il aurait jamais certainement.

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Elle avait eu du mal à se souvenir de toutes ces personnes qui ne faisaient que lui rappeler “tu vas voir, ça sera le plus beau jour de ta vie” alors qu’elle avait compressé la main de Tim dans la sienne de longues heures durant. Pourtant, elle comprend désormais ce qu’ils voulaient dire par là. Elle comprend rapidement que la douleur fait place à un sentiment profond de joie et de soulagement, que tout semble bien vite oublié alors qu’on leur annonce que c’est un garçon. Ils avaient voulu garder le secret jusqu’au bout, ne pas tomber dans les stéréotypes de la chambre bleue ou rose alors leur choix s’est porté sur un gris hirondelle. Les peluches et jouets s’empilent déjà, et c’est donc un garçon qui grandira entouré de tout leur amour. Charlie relâche enfin la main de Tim couvert d’égratignures et elle se promet de prendre tout le temps qu’il faudra pour les lui soigner unes à unes puisque contrairement à elle il n’était pas obligé d’être présent lors de la naissance. Pourtant, comme toujours, il n’a pas voulu la laisser seule, il a voulu tout vivre en même temps qu’elle même lorsqu’elle la douleur était parfois fulgurante. Ses ongles se sont retirés de sa chair et désormais elle lance un dernier regard heureux vers Tim, son Tim. Ils l’ont fait tous les deux et selon Call the Midwife, si l’enfant crie alors c’est que tout va bien. Cette détresse réchauffe le coeur de la jeune maman autant qu’il le lui réchauffe. « On l’a fait Tim. » Impossible pour elle d’arrêter de sourire maintenant qu’elle vit sur un petit nuage. La grossesse est arrivée à son terme et il n’y a eu aucune complication. Le bébé va bien, tout le personnel s'affaire à le couvrir et vérifier ses constantes. Malgré la confiance aveugle envers l’équipe de l'hôpital et surtout Heïana, la blonde ne peut pas s’empêcher de garder un oeil attentif sur la chair de sa chair qui paraît si frêle et si chétive. C’est parce qu’il l’est encore. Il est encore son bébé et bientôt elle le verra quitter la maison les bras chargés de plats cuisiné ; elle pense déjà à ce moment déchirant, oui.
Sa main se détache de celle de son compagnon pour la première fois depuis de longues heures. Ce n’est que partie remise puisqu’on lui confie entre ses bras celui qui vient de détrôner tout le monde dans le concours des hommes de sa vie. Il est définitivement le premier du classement, mais ce n’est que parce qu’il a été largement aidé par son père. C’est ce qu’ils sont désormais ; papa et maman. Quand l’un voudra s’adresser à l’autre ils devront s’appeler ainsi à travers la maison. C’est quelque chose à quoi Charlie pourra aisément s’habituer, surtout maintenant qu’on lui tend le nouveau né délicatement recouvert d’une couverture. Le petit être se colle contre la peau de son thorax et l’instinct maternel de la jeune femme la pousse à le bercer délicatement avec l’espoir vain de calmer ses cris. Elle est cependant réellement émue lorsque Tim s’en approche à son tour et que les doigts potelées du garçon s'agrippent autour de son index. Ne trouvant rien à lui dire pour exprimer tout son bonheur, elle se contente de lever une seconde fois ses yeux bleus vers lui et de s’émouvoir des larmes qui coulent sur ses joues. Après avoir juré de protéger leur enfant un bon millier de fois dans sa tête et avoir doucement laissé glisser son index sur sa joue, elle utilise ses dernières forces pour le soulever légèrement et le tendre en direction de Tim. Elle sait qu’il voudrait lui aussi le tenir dans ses bras, elle sait aussi que si elle lui pose la question il va avoir peur de mal faire quelque chose. Il ne pourra jamais rien faire de mal, ni avec elle, ni avec lui. Cela n’est jamais arrivé hier et cela n’arrivera pas demain non plus. « Oui. Et c’est notre enfant. » Il est merveilleux déjà, en effet. Il est merveilleux et il le sera encore un peu plus à chaque jour qui passe. Un dernier effort soulève encore un peu plus l’enfant dans les airs et d’un air assuré elle lance ses derniers mots. « Gabriel, je te présente ton papa. » Ils n’avaient aucun nom pour leur enfant, mais désormais celui ci lui semble évident. Charlie n’aurait jamais cru donner un prénom biblique à la chair de sa chair mais elle sait que cela signifie beaucoup pour Tim. Ce qui est important pour lui l’est aussi pour elle. Il est l’ange de certaines religions et il sera leur petit ange à eux aussi, même s’il pourra parfois se transformer en démon. Cela ne l’empêchera jamais de l’aimer et de le chérir.

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Le plus beau moment de sa vie. Voilà ce qu'il était en train de vivre. Si quelques années auparavant, on lui aurait dit qu'il allait être père, il n'y aurait probablement pas cru. Tim avait eu un passé si difficile à gérer, des moments si intenses et malheureux qu'il n'aurait jamais cru pouvoir s'en défaire. Pourtant, il avait réussi. Il était plus heureux que jamais parce qu'il avait croisé le chemin de Charlie et que la jeune femme lui avait procuré un nouveau but, un objectif qui avait réellement un sens... Être père. S'occuper d'un petit être qui aurait besoin de lui pour les deux prochaines décennies, s'inquiéter pour un rien dès qu'il aurait un petit rhume ou qu'il rentrerait de l'école avec quelques égratignures. C'était une peur qui serait présente, elle était inévitable avec l'expérience de Timothy mais il était si fier de pouvoir s'appeler papa. Et là, à ce moment là,en regardant Charlie porter à bout de bras le petit garçon si fragile, Tim ne pouvait qu'avoir une unique pensée. Il l'aimait. Tellement. Si fort. Jamais quelque chose ne pourrait avoir autant d'importance que leur petite famille, que ces deux personnes qui lui apportaient des larmes et un beau sourire maintenant que l'enfant hurlait à la mort. Il allait bien et oui, ils l'avaient fait, tous les deux. Quelques mois auparavant, ils étaient très loin du compte avec Charlie qui sortait d'une relation malsaine et le jeune Decastel qui n'avait absolument rien vécu. Se trouver les avait changés, inconsciemment, doucement, amoureusement. Timothy avait pris confiance, Charlie avait appris à faire confiance et ensemble, ils avaient créé un univers. Cet univers, c'était lui. C'était Gabriel. L'enfant que Charlie lui tendit quelques secondes plus tard, après avoir passé un bon moment à observer les larmes couler le long de ses joues. Il savait que c'était ridicule mais pleurer de bonheur, ce n'était pas quelque chose qui lui était arrivé. Entendre la belle Villanelle mettre le mot Gabriel et papa dans la même phrase, c'était quelque chose de totalement surréaliste pour Tim et pourtant, c'était sa nouvelle vie. Son nouveau statut. Il attrapa le bébé que sa petite amie lui tendit et le porta délicatement entre ses bras musclés. Il avait si peur de le faire tomber qu'il prit son temps pour l'installer, se mettant à sourire plus largement encore quand l'enfant arrêta de pleurer, certainement fatigué après ces longues minutes à s’époumoner. "Gabriel... On va être bien ensemble. On va prendre soin de toi. Et on va t'aimer si fort. Là dessus,Tim n'avait aucun doute, son regard passant du visage du poupon à celui de sa belle Charlie. Il mima un "je t'aime" avec ses lèvres en berçant l'enfant, constatant que sa vie entière lui serait dédiée. Il y avait un avant Gabriel et un après. "Et tu sais, Gabriel, t'as une super maman. Elle a sauvé ton papa de tant de façons... T'es le plus chanceux des bébés, je te l'assure." Il fit un petit clin d'oeil à sa sirène après ces quelques mots dont il ne doutait pas de la véracité. Elle était à l'origine de cette beauté, à l'origine de tout ce bonheur qu'on lui offrait. Plus jamais Timothy ne pourrait se détacher d'elle, plus jamais alors qu'il venait attraper sa main, désormais plus sûr dans ses gestes envers l'enfant, s'asseyant aux côtés de Charlie. La petite famille réunie. Sa vie dans un seul portrait.