| She brings the rain (freya) |
| | (#)Sam 3 Aoû 2019 - 1:49 | |
| C'était sa copine, Freya et il en était fier, à se pavaner comme un coq prétentieux avec la plus belle fille du lycée à son bras, le sourire un peu arrogant scotché aux lèvres, l'oeil provocateur et la démarche assurée. Jamais il n'avait pensé qu'il finirait pas se laisser harponner comme ça, lui le mec trop libre, trop con, trop fou, trop insolent. Jamais il ne s'était imaginé autoriser qu'une fille puisse lui encercler les épaules comme Freya le faisait, jamais il ne s'était imaginé aimer ça dans ses états semi-comateux à cause de la drogue qu'il s'injectait dans le nez et sous la peau, à aimer être son mec et qu'elle le dise à tout le monde sans retenue aucune. Un an qu'ils se fréquentaient l'air de rien, qu'ils se rendaient l'un chez l'autre dans le secret de la nuit, à se tourner autour sans jamais se percuter, à faire les fiers et à s'affronter du regard sans jamais vraiment franchir le cap et sortir ensemble. Un an qu'ils faisaient les pires conneries possibles, à pisser dehors, à chier sur les paillassons, à voler dans les magasins, à se chercher encore et toujours, à repousser les limites et à flirter avec le danger. Un an qu'il lui avait appris à se défendre, à se battre, à répondre avec insolence, à arrêter de penser qu'elle était faible, une année à l'endurcir, à l'amener sur les chemins que lui-même empruntait en les pensant être les plus cool, ceux de la drogue et de l'alcool, des soirées folles où tout le monde finissait allongé contre un bout de parquet, la tête en vrac et les yeux écorchés. Et puis il avait osé, il y a quelques mois, Terry, s'était approché alors qu'elle fumait une clope adossée contre le mur du préau, s'était collé à elle les mains un peu timides contre ses hanches alors qu'elle le fixait droit dans les yeux et il lui avait dit "j'ai envie de t'embrasser", le souffle tremblant et l'envie pressante. Elle avait rit doucement Freya, alors qu'elle n'attendait que ça, et elle avait dit en soufflant la fumée "ce soir, chez toi". Il avait attendu en faisant les cent pas, le coeur qui lui brisait les os. Et quand enfin elle était arrivée et qu'elle avait enjambé sa fenêtre elle n'avait pas attendu avant de se jeter contre son corps, fureur adolescente, et ils s'étaient embrassés follement toute la nuit, à en avoir les lèvres endolories et gonflées au réveil. Depuis, bien que déja inséparables avant ça, ils se baladaient en toute impunité main dans la main, les filles qui jalousaient Freya, les mecs qui jalousaient Terrence. Ils étaient un peu le couple idéal, lui le rebelle inaccessible qui était venu la sauver d'agresseurs alors qu'elle n'était qu'une toute petite chose qu'on traitait comme de la merde et elle, elle était la jolie fille sensible qui avait su capturer son coeur sauvage. Et quand elle le regardait avec des yeux amoureux, quand elle se mordait la lèvre en lui disant "t'es à moi" devant tout le monde, il ne pouvait empêcher son coeur de battre un peu trop fort, de fierté, probablement.
Ce soir, ils avaient rendez-vous pour une énième soirée, avec des gens qu'ils connaissaient mais surtout des gens qu'ils ne connaissaient pas. Et ils arrivent, main dans la main et les poches pleine de drogue, les yeux déjà à demi clos à cause des joints qu'ils s'étaient enfilés sur le chemin. Il lâche furtivement la main de Freya, Terry, et lance un SAMYYY !!! en enlaçant amicalement un mec et en lui frappant le dos. Ma copine, Freya. Et il l'a présente comme si c'était la huitième merveille du monde, sa main qu'il laisse glisser contre ses reins pour ne pas trop se détacher d'elle. Samy la salue et les fait entrer dans le salon où une ambiance étrange règne, mélange de tumulte et de mollesse. Il y a du monde, une trentaine de personnes à vue de nez, certains qui fument, d'autres qui boivent ou discutent contre un mur en écoutant ou pas la musique de fond, des verres à la main et le regard déjà rougit par les drogues. Un sapin est dressé dans le fond de la pièce mais personne ne le remarque et sur la table se trouvent de quoi manger. Il y a des gens partout en fait et Terry ne lâche pas la main de sa petite amie alors qu'il tente de se frayer un chemin jusqu'au canapé. Un fois atteint il s'y installe, choppe une bière, l'ouvre et la donne à Freya. Tu veux fumer? Apparement Joachin là bas en a de la bonne. Et il parle un peu fort pour qu'elle l'entente au travers du bruit, avant de venir poser doucement ses lèvres chaudes contre les siennes, les bout des doigts qui se baladent sur sa joue. Il se recule, la regarde, s'arrête un instant, sourit avec les yeux et boit une gorgée de sa bière. T'es belle, j'défonce le premier mec qui te regarde d'un peu trop prêt. Et il ne rigole qu'à moitié.
Dernière édition par Terrence Oliver le Sam 1 Fév 2020 - 2:28, édité 8 fois |
| | | | (#)Sam 3 Aoû 2019 - 10:32 | |
| Fucking king of the world.
Freya ignore encore comment c’est arrivé. Elle se faisait emmerder, pour changer. Elle ne répliquait pas, elle regardait ses pieds, elle voulait que le sol l’engloutisse. Elle n’a que quatorze piges et déjà, elle avait déjà hâte d’en finir avec cette blague qu’est la vie. Pourrie, détruite, voilà ce qu’elle était. Sa vie et son âme. Ce n’est qu’une adolescente, elle ne fait que sa crise, c’est passager. La dépression qu’elle a connu la moitié de l’année, ça lui passera. On ne la prend pas au sérieux quand elle exprime son mal être alors elle se tait, elle se courbe et elle se laisse faire. Les mots sont plus poignants que les coups, et on abuse d’elle parce que c’est fun. Le vilain petit canard. La fille d’un pyromane. La sœur d’un dealer. Famille de tarés, des parias de la société. Et encore, ils ne savaient pas tous. Ils ignorent les coups de sang de leur géniteur. La folie qui a prit leur mère. Le rire de ce putain de père qui fout le feu à la baraque avant de s’enfuir. Le jumeau qui décline de plus en plus vite et de plus en plus bas. L’aîné qui essaie de tenir tout ça sur ses épaules d’adolescent.
Un putain de désastre, voilà ce qui les Doherty sont.
Alors quand elle se fait emmerder, Freya se laisse faire. Elle l’a peut-être mérité. Elle l’a peut-être cherché. Ses pensées font le yoyo dans sa tête, elle ne contrôle pas ses pulsions ni ses envies. Un jour elle veut crier, pleurer, se faire du mal. Et deux semaines après, elle veut vivre, respirer à pleins poumons l’air pollué, sentir l’euphorie dans ses veines. Elle devient comme sa mère, complètement folle et à côté de la plaque. Se faire coincer dans les toilettes, elle n’est pas la dernière à qui ça arrivera. Elle sait qu’elle a failli avoir le nez explosé sur le lavabo à ne pas répondre, à rester muette. Provocation pure et simple. Et sans savoir d’où il venait ni même pourquoi il venait, une masse brune de boucles est venue se foutre devant elle et prendre le coup à sa place.
Imbécile, idiot, sauveur ? Freya n’a jamais compris comment c’est arrivé. Tout est allé vite, comme dans un film en accéléré, où elle est actrice mais sans vraiment sans rendre compte. Terrence l’a embarqué dans ses délires et redevable, elle l’a suivi. Un an après, elle le suivrait jusqu’au bout du monde. Des enfers et du paradis aussi. Il est encore là, avec elle. Elle n’est pas qu’un jouet à ses yeux, il la tient fermement auprès de lui et Freya a la sensation de compter à quelqu’un. A ses yeux. Elle s’en fout s’ils ne filent pas droit, s’ils enchaînent galère et connerie. Tant qu’il reste auprès d’elle.
« Tu veux fumer? Apparemment Joachin là bas en a de la bonne. » Freya prend la bouteille tendue sans réfléchir alors qu’elle s’affale à ses côtés. Elle n’a pas le temps de boire une gorgée que ce sont les lèvres de Terrence qui l’accaparent. Elle grogne à moitié quand il s’éloigne d’elle. Il ne peut pas juste rester plaquer contre elle à vie ? « T'es belle, j'défonce le premier mec qui te regarde d'un peu trop prêt. » Doherty rosit légèrement. Nope, elle s’y ferra jamais à ce genre de remarque. Même défoncée, même droguée, même bourrée. Elle pourrait presque chialer en entendant ce genre de remarque.
Ce n’est qu’une gamine, après tout.
Freya approche ses lèvres de son oreille. « J’préfère tes mains sur moi plutôt qu’à défoncer les autres. » Elle lui embrasse le cou, la joue puis le coin de ses lèvres tout en glissant sa main vers la poche arrière du jean de Terrence. Elle sait que les potes de son copain ne donnent rien sans rien. Et Terrence ne vient jamais les mains vides. Freya tire un billet, on s’en fout de la somme. C’est le geste qui compte, parait-il. L’adolescente s’extirpe de l’emprise d’Oliver tout en buvant une longue gorgée de bière avant de la foutre dans la main libre de Terrence. « Tu m’tiens ça, j’reviens. Et tu défonces personne en mon absence, ok ? »
« Hey, Doherty ! Qu’est-ce j’te sers ? » Freya rejette ses cheveux par dessus sa tête tout en se pinçant les lèvres, cachant son sourire enfantin. « Tu connais l’grand manitou, là-bas, dit-elle en pointant Terry de la tête avant de glisser le billet sur la table. On est à sec. On veut juste s’mettre bien. » Ou encore plus bien qu’ils ne le sont déjà. C’est le nouvel an, y a rien à redire, on est là pour célébrer.
On a qu’une seule vie, après tout. La bonne vieille excuse.
Dix minutes après, l’adolescente est de nouveau à côté de Terry, ses jambes par dessus les siennes, se bataillant avec ce putain de briquet qui ne veut pas s’allumer. « Putain d’merde ! » Elle n’aime pas les flammes et les flammes le lui rendent bien. Elle soupire et tend le briquet à Terrence, une moue penaude au visage. « Darling, honey, my love, help ? »
Elle est déjà jetée, ne la jugez pas.
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| | | | (#)Sam 3 Aoû 2019 - 17:10 | |
| Il aime la regarder parler, rire, ou quand ses cheveux sont un peu trop fous autour de son visage de poupée. Il aime ses yeux à la fois fragiles et forts, il aime quand elle le regarde en retour et que tout disparait. Il aime sa voix, ses mains et la façon qu'elle a toujours d'emmêler leurs doigts quand elle a peur qu'il s'en aille trop loin. Il aime parce que c'est simple, c'est facile, c'est excitant et nouveau. C'est grisant de sortir avec une fille, celle-ci en particulier, parce que c'est la première fois que ça lui fait ça, cet espèce de chaleur au fond du coeur et derrière le nombril. Il n'était jamais sorti avec personne, Terry, l'âme indomptable et la vie trop mouvementée. Pourtant, ça s'était fait comme ça entre eux, et il aimait ça. Parce qu'elle était unique Freya, même si elle ne le voyait pas.
Ils avaient décidé de venir fêter nouvel an ici parce qu'ils n'avaient nul part où aller en vérité. Chez Freya c'était compliqué et Terrence savait que ses parents l'auraient forcé à rester avec la famille, à regarder le décompte sur fond de feu d'artifice de Sydney à la télé. Il détestait les fêtes de fin d'année, Terry, nouvel an y compris. C'était viscéral, il ne supportait pas. Ca lui filait des boutons et des plaques, et ça lui donnait clairement la gerbe de se retrouver avec toute sa famille, brochette d'hypocrites endimanchés se gavant des restes de la bouffe de Noël, les miettes d'apéro en coin de bouche et le rire faussement enjoué. Y avait toujours le tonton machin qui racontait sa vie sexuelle avec sa nouvelle meuf, et y avait les autres, un peu outrés qui se demandaient pourquoi ils avaient encore invité le fameux tonton machin. Y avait la grande tablée, les 50 personnes et les odeurs de parfum trop fortes de ces dames qui se faisaient belles pour la seule fois de l'année. Y avait les "oh mais comment vas-tu depuis le temps" et les "ça sent divinement bon gladys !". Chaque année, y avait les nouveaux petits copains et petites copines, de nouveaux enfants et petits enfants. Chaque année, ça parlait tunes, études, amour, réussite sociale. Terrence, il détestait les fêtes aussi surement qu'il haïssait son père de le forcer chaque année à s'habiller avec un putain de costume, à se coiffer les cheveux autrement "parce que tu ne vis pas avec les animaux", à sourire en tirant bien fort sur les ficelles coincées dans les joues, et à raconter à qui voulait bien l'écouter que oui oui, à l'école ça va. Et au conservatoire? meilleur de sa promotion. En vérité, il parlait jamais vraiment à ce genre de réunions. Il laissait ses parents faire leur auto-promo, et s'affalait sur sa chaise, allait jouer avec les gamins sur la console ou passait sa soirée dans le jardin, allongé sur la table en teck en débardeur, les yeux perdus dans le ciel à fumer clope sur clope en cachette. Ou un petit joint, s'il se sentait d'humeur provoc.
Mais cette année, c'était avec elle qu'il s'était enfui et il ne regrettait pas une seule seconde. Il l'embrasse, elle grogne quand il se recule et ça lui arrache un sourire satisfait, parce que lui non plus n'avait pas envie que ça s'arrête. Et quand elle vient lui glisser quelques mots à l'oreille il frissonne, se mord la lèvre et lui pince la taille en murmurant à son tour Me tente pas Freya. Y a des chambres ici tu sais ? Parce qu'il devait bien se l'avouer, Terrence, il en avait envie. Il avait envie d'elle comme un dingue. Ses potes avaient déjà tous trempé leur biscuit et il se demandait même ce qu'il attendait, à prendre son temps comme un blaireau. Peut être justement qu'il voulait attendre le moment spécial, l'instant où tous les deux n'en pourraient plus de patienter après toutes ses nuits à se toucher, à se découvrir sans jamais oser aller plus loin. Il la regarde, ses pupilles dilatées à leur maximum qui passent d'un oeil à un autre comme s'il allait la dévorer et quand elle s'attarde sur son cou, sa joue et le coin de ses lèvres il soupire, l'envie qui le brûle de partout et les poings qui se serrent. Il sent sa main chopper un billet dans la poche de son jean et quand elle se lève il la rattrape, l'écoute lui dire de ne frapper personne et il glisse un Promis, je t'attends sagement ici. même si c'est une promesse en carton et que le moindre mec qui poserait les yeux sur elle aurait droit à des dents en moins et les deux genoux pétés. Il se laisse tomber sur le canapé en soupirant, ne la quitte pas des yeux en buvant sa bière et quand elle revient il fait mine d'être indifférent alors que sous son torse ça bat la chamade comme jamais. On le sent quand c'est le grand soir, non? Il la laisse prendre ses aises et mettre ses jambes sur les siennes comme elle faisait toujours, sa main à lui qui se pose naturellement sur sa cuisse. Il l'observe galerer avec le briquet, quémander son aide de la plus excise des manières et il pouffe de rire attendri. Donne. Et il fait rouler la pierre du briquet pour venir allumer le joint, souffle dessus et tire une bouffée en laissant sa tête tomber sur le dossier du canapé. Tout en recrachant la fumée il tourne la tête vers elle puis dans un geste un peu soudain, sourire aux lèvres, il la bascule et la surplombe son corps entre ses jambes, le bassin qui bute contre le sien, les boucles qui retombent partout autour de son visage. Freya... Il s'en balance que des gens puissent les voir, insolant au possible à se croire tout permis partout et tout le temps. Il s'en fout et il a bien raison; de toute façon personne ne les regarde et d'autres font déjà la même chose. Il s'approche d'elle, l'embrasse doucement dans le cou puis sur la mâchoire avant de faire glisser son nez contre sa joue lascivement et de venir emprisonner ses lèvres contre les siennes, la respiration lourde, le corps en flammes. Il autorise sa langue à se frayer un chemin pour effleurer la sienne et alors qu'il s'éloigne, il rigole. J'suis sérieux Frey', y a des chambres. Si t'as envie qu'on essaye. Il tremble un peu parce qu'il a peur mais il ne peut plus réprimer cette envie qui lui vrille les poumons et qui lui éclate les entrailles, le bas ventre volcanique et la main qui vient caresser sa joue avec douceur. Moi j'en ai très envie. Et il se dit que c'est la première fois qu'il le verbalise, qu'avant il se contentait d'attendre. Et il espère qu'elle sera d'accord, parce qu'il avait franchement pas envie de se finir tout seul dans les chiottes. Il avait envie d'elle, pour de vrai, peut être même pour la première fois aussi fort et il se mord la lèvre, impatient d'avoir sa réponse.
Dernière édition par Terrence Oliver le Sam 1 Fév 2020 - 2:28, édité 8 fois |
| | | | (#)Sam 3 Aoû 2019 - 20:57 | |
| ♫ With the lights out, it's less dangerous Here we are now, entertain us I feel stupid and contagious Here we are now, entertain us ♫
Freya n’est qu’un canevas vierge, il y a tout à faire et à refaire avec elle. La gamine a subi le pire traumatisme de sa vie l’an dernier et elle se cherche, désespérément. Elle est vide et vidée, un gouffre, un énorme coffre sans possibilité de le remplir. Et pourtant, elle a envie de ressentir des choses. Mais la seule chose qui la pince, qui la poignarde, qui la fait pleurer le soir avant de s’endormir, c’est ce putain de désespoir. Cette peur effroyable d’un géniteur qui a foutu la vie d’une famille en l’air en juste quelques minutes. Il y a toujours les bras de Wren pour tenter de la bercer mais Wren n’est pas souvent là. Il s’assure au mieux que les jumeaux mangent, fassent un semblant de devoirs, se lavent et se couchent. Après, Freya sait que son aîné se carapate la nuit pour aller dieu seul sait où. Il ne revenait que tard dans la nuit, ou tôt le matin, selon le point de vue.
Mais cette fichue pique ne s’en va jamais. Elle reste là, tapie dans son coeur, dans son ventre, dans ses tripes. Ce n’est qu’une gamine. Il faut qu’elle grandisse, qu’elle apprenne. La vie n’est pas simple, ma chérie. Il y a des embûches, parfois de simples bûchettes et parfois trois tonnes de troncs d’arbre. Tu auras la sensation que le monde pèse sur tes épaules, que tu as envie de t’en défaire, que tu veux en finir. Plusieurs fois, Freya a voulu en finir.
L’idée germe de temps à temps. Elle s’amuse à se piquer les doigts, pensant peut-être qu’elle était la putain de Belle au Bois Dormant. Qu’elle finira par s’endormir dans un sommeil profond. Pas de prince charmant pour la réveiller car elle est trop jeune mais plus assez naïve pour croire à ces conneries.
Et pourtant, alors qu’elle regarde Terry l’aider à ouvrir ce fichu joint, Freya ne peut pas s’empêcher de penser à cette image. Si le karma l’a foutu sur son chemin, c’est pour une raison. Elle cherche toujours à savoir pourquoi il s’accroche à elle alors qu’il peut les avoir toutes. Elle ignore ce qu’elle a de plus que les autres, frêle et fragile qu’elle est. Et pourtant, quand Terry la regarde, elle a l’impression d’être importante. Son cœur se gonfle et elle aurait encore envie d’en chialer.
Ils sont le jour et la nuit. Pile et face d’une même pièce. Des aimants attirés irrémédiablement l’un par l’autre.
« Freya... » Ses pensées s’interrompent et s’envolent. Il la provoque, il la tease, il la cherche. Et il la trouve. Elle gémit légèrement parce que c'est ce qu'il provoque. Il l’apprivoise parce qu’elle n’est que chose entre ses mains. Et pourtant. Elle manque un battement alors qu’il l’embrasse, chaque baiser enflammant un peu plus sa peau sur son passage. Enivrée, embrumée, Terry est la seule drogue dont elle ne pourrait se passer. Quand il l’embrasse, elle le retient contre lui mais il s’éloigne encore. « J'suis sérieux Frey', y a des chambres. Si t'as envie qu'on essaye. Moi j'en ai très envie. » Les grands yeux chocolats essaient de décrypter le message des yeux verts clairs braqués sur elle. Sa proximité lui fait vriller ses pensées et les mots ont dû mal à trouver percussion dans sa petite cabosse. Comment on dit, dans ces moments là ? Il la désire ? Ouais, ça doit être le terme.
Alors l’adolescente se met à glousser, à rire parce que c’est absurde. Que quelqu’un comme Terrence la veuille.
« T’es con. » Freya se tortille pour qu’il se relève d’elle. Il la veut vraiment ? Il va devoir le prouver. Attendre. Être patient. Parce qu’elle aime son impatience. Et aussi parce qu’elle a peur qu’il s’échappe une fois fini. C’est ce que font les mecs, nan ? Une fois la chose faite, ils se tirent comme les connards qu’ils doivent être. Alors elle retarde l’échéance. Parce qu’elle est sûre qu’il va se trouver quelqu'un d’autre. Parce qu’il va bien finir par se lasser d’elle et il va l’abandonner. Son cerveau capte la moitié des informations, la musique résonnant dans sa tête comme dans une boite de nuit. Terry de nouveau assis, Freya l’emprisonne à son tour en passant ses cuisses de chaque côté. Son nez se frotte légèrement au sien tout en l’embrassant du bout des lèvres. « Tu veux prendre ton coup pour te débarrasser d'moi hein? » Freya sourit légèrement mais ces mots ne sont pas légers. Connaissant sa chance, c'est ce qui peut se passer. Et elle a l'estomac noué rien que d'y penser. Elle passe une main dans sa chevelure brune bouclée tandis que l’autre cherche le joint coincé entre les doigts de jeune homme.
Freya prend sa main et la tourne pour pouvoir prendre une bouffée. Elle se laisse envahir tout en fermant les yeux et poussant un soupir d’aise. Elle veut que les palpitations s’arrêtent. Elle veut que le monde se stop un moment de tourner. Les bras de Terrence sont les seuls à lui procurer ce qu’elle veut dernièrement. Elle n’ignore pas qu’elle succombe un peu plus à son air ténébreux, à son tempérament de feu, à son envie de se foutre en l’air un peu plus à chaque fois. Et le pire, c’est qu’elle l’accompagne. Elle le suit parce qu’il est son repère. Ironiquement la seule chose stable dans sa vie. Et ça la fout la trouille si demain il la quitte. Alors si pour ça, il faut le faire languir, Freya se ferra une joie de le faire. Même si elle n’est pas adroite. Même si elle ne sait pas vraiment comment s’y prendre. Enfin, visiblement, bouger son bassin contre le sien est une action dans ce sens.
Freya reprend une autre bouffée. Une de ses mains ne peut s’empêcher d’effleurer son torse d’ado en pleine croissance alors que sa bouche cherche déjà la sienne. Elle l’embrasse avidement tout en laissant échappant la fumée retenue. Une bonne technique que Terry lui avait apprise et dont elle se faisait une priorité de mettre à exécution. Brave élève, bonne petite fille, tu auras le droit à un bon point si tu continues comme ça. Ou alors, vous foncez tous les deux dans le mur. L’un dans l’autre, vous êtes foutus. Au diable ce qui est bien ou non. Freya se met à rire, sans aucune raison. Et ça lui fait un bien fou.
Pas de question, pas d’instance. Juste la frivolité du moment.
Elle s’approche une nouvelle fois dans son oreille. « ♫ Would it be a sin if I can't help falling in love with you ♫ » C’est totalement un pêché. Terrence n’est pas un enfant de cœur et elle l’aime pour ça. Elle est attachée à lui pour cette raison. Il est tous les vices confondus et il l’assume. Elle l’admire. Freya lui mordille l’oreille avant qu’une voix étrangère les interpelle dans son dos. « Ptin, vous prenez toute la place, vous pouvez pas aller faire ça ailleurs ? » L’adolescente regarde Terry avant de tourner la tête. Elle ne connaît personne ici, Terrence sûrement plus de monde qu’elle. Mais elle ne bouge pas, parce qu’elle ne veut pas qu’il parte de ses jambes. Et parce qu’elle ne veut pas qu’il fasse de conneries.
Un rien peut l’emporter trop vite trop bien.
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| | | | (#)Mer 7 Aoû 2019 - 5:19 | |
| Il ne peut plus vraiment le cacher, Terry, le désir gravé au fer au fond de ses yeux alors qu'il la surplombe : il a envie d'elle. Férocement. Elle est sa petite amie et il la connait par coeur, connait chaque inflexion de sa voix, chaque plissement sur son visage, chaque geste, était capable de savoir si elle était triste ou heureuse sans qu'elle n'ait besoin de le montrer ou de lui expliquer, serait même capable d'anticiper certaines de ses paroles s'il se concentrait un peu, s'il n'était pas trop shooté pour y accorder un peu d'attention. Il a envie d'elle parce qu'elle est importante, parce qu'elle prend toute la place, parce qu'elle sent bon, parce qu'elle lui fait ressentir des choses que personne ne lui avait fait ressentir, parce qu'elle est là, toujours, envers et contre tout, envers et contre tous, accrochée à son bras ou à son corps, fière et insolente de beauté et il n'a d'yeux que pour elle, Terry, pourrait faire disparaitre le monde si elle le lui demandait. Il a envie d'elle parce qu'il veut savoir ce que ça fait, parce qu'il veut être le seul à la connaitre si parfaitement, parce qu'il ne l'a jamais fait et qu'il veut que ce soit elle, sa première fois. Il les a entendu, ses potes, lui dire que la première c'est toujours un peu merdique, qu'on bande vite et qu'on éjacule en deux minutes, que la fille grimace quand elle a mal, que ça peut saigner aussi et s'il avait eu peur en écoutant ces confessions dénuées de sentiments, il était prêt. Prêt à devoir tout arrêter parce qu'elle aurait mal, prêt à s'excuser d'être si précoce, prêt à endosser la culpabilité d'être celui qui allait la déchirer de l'intérieur pour la seule et unique fois. Il avait envie d'elle parce qu'il voulait être le premier, le seul qui aurait ce privilège et que c'était un titre qu'on ne pourrait jamais lui retirer. Il voulait être le premier pour qu'elle en garde un bon souvenir, qu'elle ne le fasse pas avec un de ces connards sans scrupules qui baisent parce que c'est un trou et qu'ils avaient envoyé le respect se faire baiser par des aborigènes au fin fond de la forêt amazonienne. Il avait la prétention de penser qu'il saura la glorifier, Terry, qu'il saurait lui donner envie de s'aimer, de l'aimer lui, aussi. Il voulait que leur première fois à tous les deux soit belle, qu'elle soit bien et il avait la ferme intention de s'appliquer à la convaincre qu'il saurait y faire, même si au fond, il n'en savait rien.
Il la surplombe et quand elle gémit ça réveille un volcan qu'il ne savait même pas endormi, une onde de chaleur vient lui bouffer le bas du ventre. C'est grisant d'être là, contre elle, hanches contre hanches, les yeux collés contre les siens. Et quand il l'embrasse il se perd un peu, s'enivre de son odeur, de la texture de sa peau contre ses lèvres et il sent qu'elle le retient mais il veut la regarder, observer sa beauté à la fois sauvage et innocente qui le fait totalement craquer. Il formule sa demande un peu maladroitement avant qu'elle ne pouffe de rire, lui dise qu'il est con et le repousse pour qu'il se s'assoit. Il fronce les sourcils, ne comprend pas pas ce qui est con dans le fait de la désirer mais fini rapidement par se dire qu'elle a surement raison, qu'il est con d'avoir demandé, de ne pas avoir laissé leurs sentiments faire le boulot à sa place. Mais il n'y peut rien, pas désolé pour un sous. Il est comme ça, Terry, pressé de vivre, ancré dans l'instant sans penser ni à hier ni à demain, à vivre les secondes comme s'il n'en existait plus aucune autre. Et puis rapidement elle le chevauche en lâchant une phrase qu'il ne comprend pas tout de suite. Elle dit qu'il va la baiser et la laisser et la drogue qui lui parcours le corps ne l'aide pas à trouver ses mots. J'ferai jamais ça. Il est sérieux. Il la veut là, demain, toujours. Il la veut parce qu'elle est son tout et qu'il veut être à elle. Et qu'elle soit à lui. Qu'ils s'appartiennent ici ou ailleurs, de nuit ou de jour, le monde qui hurle ou qui fait silence. Il s'en fout du reste quand elle est là, quand elle frotte son nez au sien, quand elle passe sa main dans ses cheveux et qu'elle ondule doucement du bassin. Elle lui prend la main et la tourne pour tirer sur le joint et il la dévore du regard, s'impregne de chacun de ses gestes, la trouve sexy dans tout ce qu'elle fait, de la manière que ses cheveux ont de retomber devant ses yeux à la façon qu'ont ses lèvres d'aspirer la fumée. Y a ses mains qui viennent se poser sur ses cuisses en agrippant doucement le jean avant de remonter jusqu'à ses hanches pour la tirer à lui tandis qu'elle déchiffre son torse encore recouvert de son t-shirt. Elle vient alors l'embrasser et sa respiration se fait plus lourde, à Terry, les doigts qui se resserrent contre la peau de ses hanches fines et qui glissent sous son haut, juste un peu. Elle partage sa fumée et alors que leurs bouches se séparent il garde les yeux et les lèvres closent en recrachant tout par le nez. Il crève d'envie, ça le bouffe de tous les côtés, l'instant est intense et il le sait que c'est elle, elle et pas une autre. Quand il entend son rire il rouvre les yeux et esquisse un sourire parce qu'elle est merveilleuse quand elle rit, il pense, totalement subjugué. Elle s'approche de lui, lui murmure à l'oreille une chanson aux paroles équivoques et il crispe la mâchoire, les lèvres qui s'entrouvrent pour lui dire à quel point il n'en peut plus mais une voix l'interrompt. « Ptin, vous prenez toute la place, vous pouvez pas aller faire ça ailleurs ? » Terry penche la tête vers le mec et lance le menton en avant, l'air soudain grave et fermé, l'insolence qui transpire par tous les pores de sa peau. Il le connait, le mec. Il le connait parce qu'il s'est déjà battu avec lui pour moins que ça, parce que cet enfoiré était toujours en train de le provoquer et que ce soir il était tellement dominé par ses hormones qu'il pouvait vriller à tout moment, Terry. On t'a demandé ton avis face de diarrhée? Si t'es pas content t'as qu'à tourner les yeux. Ses doigts se resserrent contre la peau de freya et il la pousse à se mettre à côté de lui quand l'autre lui répond « Et si t'allais baiser ta pute ailleurs, Oliver ». Son coeur défonce tout à l'intérieur, son sang pulse comme jamais, les joues qui chauffent, la rage qui déforme ses traits. Il grimace de dédain, fronce le nez et les sourcils en se levant pour aller sans préavis coller son poing dans la gueule du mec qui n'attend pas pour lui rendre la pareille. Tout le monde s'arrête dans le salon, quelqu'un va couper la musique, et les coups s'enchainent à un rythme soutenu jusqu'à ce que Terry finisse par plaquer ce connard contre un mur, l'avant bras contre la trachée, les yeux bordés de colère. C'est pas une pute. T'as compris p'tite merde? et c'est dit entre des respirations énervées, la voix froide et pleine de menaces. Enfoiré de mes deux, va. T'insulte pas ma meuf. Et il le relache en le poussant. Viens Freya, on s'barre d'ici. Il en a marre de cette fête de merde, il ne veut être qu'avec Freya. Mais contre toute attente c'est finalement l'autre qui s'en va après que Sammy lui ait demandé de le faire. Non, restez, Terry, Freya, restez. La soirée fait que commencer. Merde Terry tu saignes ! Il sursaute, n'avait pas réalisé qu'ils avaient pu aller jusqu'à ce point dans la baston et passe rapidement le bout de ses doigts contre son arcade. En effet, il y a du sang, la peau a du péter sous un coup qu'il a reçu. Il se tourne vers Freya, lui lance un regard furtif pour savoir ce qu'elle en pense mais sans attendre se dirige seul vers la salle de bain pour se soigner, parce qu'il ne veut pas qu'elle le voit comme ça. Etrange quand on savait qu'elle l'avait vu dans des états bien pires que ça mais peut être que c'est juste parce que c'est ce soir, qu'il ne veut pas gâcher l'instant avec sa face rafistolée, qu'il ne veut pas qu'elle le trouve moche. Parce que lui, quand il se regarde dans le miroir, c'est un peu ce qu'il voit. Mains sur le lavabo, épaules remontées et tête baissée il soupire, en espérant qu'il n'a pas déjà tout gâché.
Dernière édition par Terrence Oliver le Mar 14 Jan 2020 - 20:53, édité 3 fois |
| | | | (#)Mer 7 Aoû 2019 - 19:43 | |
| « Jferai jamais ça. » Son cœur manque un éclat. Terry est d'une honnêteté brutale et Freya voit dans ses yeux qu'elle n'a pas à douter de lui. Mais elle ne doute jamais de lui. Terrence semble toujours savoir ce qu'il faisait, un contrôle impeccable dans ce monde qui est le sien. Il domine tout le monde parce qu'il marche la tête haute et le regard brisant ceux des autres. Elle, elle est tout le contraire. Raser les murs ne l'a dérange pas. C'est même devenu sa spécialité. La tête baissée, le regard fuyant, se faire discrète, aussi minuscule qu'un rat d'égout. Se réfugier dans son trou et ne plus en sortir.
Alors franchement, qu'est ce que Terrence peut bien lui trouver, c'est encore un mystère qu’elle n’a pas résolu. Elle ne voit pas la façon dont il la regarde parce qu’elle a les yeux ailleurs. Alors il les ramène toujours à lui parce qu’il doit penser qu’elle le fuit. Mais ce n’est jamais le cas. Quand ils sont ensembles, il n’y a que lui qu’elle voit. C’est addictif et presque terrifiant de s’accrocher à quelqu’un comme ça. Tout est allé tellement fort tellement vite que Freya ne saurait même pas dit où est-ce que ça a commencé ni comment. Quand ses doigts jouent sur elle, l’adolescente se laisse porter, se laisser amener vers des contrées que lui seul connaît. Terrence a un magnétisme, un charisme qu’elle ne possède pas mais dont elle est complètement victime. Envoûtée, Freya n’a jamais connu ça avant. Ce genre de sensation où rien ne lui semble impossible quand elle est à ses côtés. Le regard des autres sur elle change même quand Terrence est distrait ailleurs. Elle a l’impression qu’on chuchote derrière son dos, que des rumeurs courent, qu’on la déteste. Elle ne cherche pas spécialement à se faire aimer mais elle veut juste vivre sa vie sans être juger. Mais traîner avec le gars le plus populaire n’est pas une façon saine d’y parvenir.
Surtout quand le-dit gars a un sang aussi bouillonnant qu’Oliver. « Jferai jamais ça. » Ce qu’ils ont déjà fumé sur le trajet ne lui réussit clairement pas le cerveau. Elle a envie de le croire, elle a cette volonté de vouloir lui appartenir. Mais l’abandon suite à l’acte la terrifie autant que l’acte lui même. Freya n’a jamais parlé de ça avec qui que ce soit. Il y aurait pu avoir Romy mais franchement, elle a quatorze ans mais déjà d’autres soucis que le cul dans la tête. Et sa mère, sa chère génitrice, voilà deux ans qu’elle n’est plus dans son état normal. Les autres, ses frères, son meilleur ami, elle n’a jamais voulu aborder le sujet. Par honte, par pudeur. Par dégoût aussi. Elle ne s’aime pas, elle se trouve trop frêle, trop fragile, trop adorable. Elle veut être plus dur, comme son frère. Parce qu’un visage comme elle, on ne la prend jamais au sérieux. On lui sourit et on lui caresse les cheveux en lui promettant que tout ira bien. Mieux. Qu’il faut laisser le temps agir. Et pourtant, Freya a déjà deux ou trois cicatrices sur les bras qui sont de purs et simples appels au secours. Mais ils sont masqués, elle crèverait si quelqu’un les voyait. Et elle ne voulait pas que Terry les voit. Parce que s’il les voit, elle reste persuadée qu’il partira. Il s’enfuira parce qu’il se rendra compte qu’elle n’est pas comme lui. Elle n’est pas forte, elle n’est pas grande gueule, elle n’est pas faite pour lui. Il la lâchera, il l’abandonnera sur le bas côté et il trouvera mieux. Si elle était moins égoïste, c’est ce qu’elle ferrait pour lui. Elle pourrait le quitter. Le laisser face à ses démons et agir déjà comme un adulte devant eux. Il se trouverait quelqu’un de mieux.
Mais elle est une putain d’égoïste. Au lieu de ça, Freya s’attache, elle emprisonne ses lèvres des siennes, elle parcourt son tee shirt d’une main légère tout en sentant la sienne l’agripper et finir par lui caresser la peau. Ces doigts sont légers et pourtant, ça suffit à l’enflammer un peu plus. Tout aurait pu continuer sur cette lancée s’ils n’avaient pas été interrompu. Et tout de suite, Doherty sent le vent tourné. Terrence change de visage et Freya n’aime pas ça. Elle n’aime pas quand ils se montrent cons, idiots et stupides. Quand ils se battent pour rien. Elle n’aime pas que Terrence la bouge de sa place pour aller alourdir son crochet sur la face de ce type. Elle n’aime pas quand il est comme ça, parce qu’elle a la flippe pour lui. Toujours cette peur que quelque chose arrive, quelque chose de mal et de meurtrier. Parce que dans ce genre d’endroit, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. L’alcool qui coule, la drogue qui passe de nez en nez, la fumée qui s’épaissit, la musique pour vous rendre sourd, et maintenant une ambiance plombée par deux mecs qui ne veulent pas perdre la face.
Freya est restée terrer sur le canapé. Si les autres n’arrivent pas à les séparer, ce n’est pas elle et sa ridicule corpulence qui allaient le faire. « Viens Freya, on s'barre d'ici. » Elle sursaute à son prénom, comme si elle a été ailleurs durant les dernières minutes. Il a du sang sur le visage et Freya fronce des sourcils. On le retient, il la regarde, on lui remarque le sang sur la tronche. Terrence se tourne vers elle une nouvelle fois et avant qu’elle eut le temps de dire quoique ce soit, il s’échappe. Au final, Terry parti et l’autre type barré, les regards finissent sur elle. Comme si elle était la dernière attraction de ce manège impromptu. Elle déglutit difficilement avant d’écraser le joint (pas d’incendie, s’il vous plaît, par pitié) et d’attraper sa bouteille abandonnée qu’elle n’a pas encore touché. La musique repart et Freya finit par prendre la direction qu’a pris Terrence quelques secondes plus tôt tout en portant la bouteille à ses lèvres. Le temps qu’elle finisse de gravir les escaliers qu’elle laisse échapper le verre – de toute façon vidé de son contenu – qui finit par rouler jusqu’au bas. Mais elle s’en fout, de cette bouteille. Freya le cherche, râle en bousculant son monde et en jouant des coudes. Dans le couloir, une seule porte est fermée. Elle s’arrête devant, se pince la lèvre inférieure avant de tapoter trois coups. « Terry ? » Putain, mais quelle voix faible, sérieux, c’est désespérant. Freya ouvre doucement la porte et voit le reflet de son copain dans le miroir. Feu vert, elle peut rentrer. Il a l’air complètement abattu et ça lui fait mal au cœur de le voir comme ça.
Freya s’approche de lui par derrière. Elle pose sa tête sur son épaule tout en glissant ses mains sur celle qui est en sang sur le lavabo. « T’as pas tenu ta promesse. » Elle espère que son ton est assez léger. Une espèce de plaisanterie parce qu’elle ne veut pas voir cet air renfrogné sur son visage. Freya embrasse son épaule, espérant que son baiser traverse le tissu de vêtement et l’apaise. Puis elle se détache, attrape une serviette qui traîne pour la passer sous l’eau. Elle incite gentiment par la main Terrence à s’asseoir sur le rebord de la baignoire avant de se poster devant lui et de commencer à nettoyer son visage. « Ça rappelle des souvenirs, nan ? » Elle continue sur ce ton léger parce qu’elle sait que Terrence bouillonne de l’intérieur. Il peut tempêter à tout moment, pas contre elle mais contre le reste du monde. Le feu, toujours des incendies, partout. Et Freya, qui essaie tant bien que mal à éteindre les braises parce qu’elle ne veut pas qu’il se brûle ou pire, qu’il se crame. Elle ne pourrait pas le supporter. Mais elle ne le montre pas. Au contraire, elle lui sourit légèrement tout en se penchant. « You don’t have to fight to turn me on, hotstuff. » Ses paroles sont légères et Freya l’embrasse avec une retenue incroyable. A peine ses lèvres posées qu’elles sont déjà parties.
Preuve que non, il ne ferra pas fuir. Pas maintenant, pas comme ça.
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| | | | (#)Mar 27 Aoû 2019 - 15:13 | |
| Il aurait pu le laisser s'en tirer à meilleur compte, lui déformer un peu moins le portrait, faire moins pisser le sang de son nez, moins s'acharner sur lui, retenir ses coups. Il aurait pu oui. Mais il avait insulté Freya de pute, cet enfoiré, et c'était le mot de trop. Personne ne touchait à Freya. Ni physiquement, ni verbalement. Alors il avait sorti les crocs et les griffes, Terry, toujours là pour défendre sa belle, même s'il s'en foutait la tête à l'envers parfois. Il était comme ça, brut, nature, les émotions à vif prêtes à exploser à tout moment, le coeur en perdition, l'âme écorchée. Il jouait les gros durs parce qu'il ne savait pas comment faire autrement pour exister, parce qu'il préférait être celui dont on avait peur plutôt que d'être celui qui était terrifié. Il n'avait pas toujours été comme ça, Terrence, enfant autrefois sage et maladroit, silencieux et obéissant, il n'avait pas pas toujours été ce ptit con insupportable et agressif. Mais si lui avait muté, un élément restait invariable : il avait toujours été le souffre douleur de son père et ça, ça l'avait traumatisé à jamais, insultes ancrées sous sa peau, engluées contre son coeur comme une marée de pétrole qui l'empêchait de respirer et de remonter à la surface.
"Tu es moche" "ta peau est trop mate" "tu seras jamais un australien" "tes cheveux ne sont pas blonds comme ceux des Oliver et ils sont trop bouclés" "tes yeux ne sont marrons comme ceux des Oliver" "tu es trop maigre" "tu ne mérites rien" "je te hais" "ta mère biologique t'a laissé parce qu'elle ne t'aimait pas" "on aurait jamais dû t'adopter" "te laisser crever" "tu aurais dû crever" "tu n'es rien, tu n'es rien, tu n'es rien" "tu n'es qu'un pauvre bâtard abandonné" "personne ne veut de toi" "tu n'es rien" "tu n'es rien" "tu n'es rien"
rien qu'une merde.
Il avait fini par y croire, Terry, qu'il n'était rien. Qu'il n'était qu'un chien qu'on avait jeté par la fenêtre de la bagnole en continuant de rouler et qui s'était fait recueillir par de nouveaux bourreaux. Jamais tranquille, jamais apaisé, il avait dû se forger une carapace et elle n'était pas faite d'écailles, la sienne, mais de ronces, de flèches, d'épines. Peut etre qu'elle servait à faire le filtre, cette armure, peut être qu'elle empêchait les cons de s'approcher de trop près, que seuls ceux qui avaient le courage d'affronter les barbelés étaient autorisés à entrer. Freya, elle voulait de lui et il n'était jamais rien quand elle le regardait. Jamais. Elle l'aimait, elle l'aimait et il se gorgeait de cet amour comme un naufragé en pleine tempête agrippé à son bout de bois pour ne pas couler, s'accrochait à ce qu'elle faisait de lui parce qu'il n'était plus le même depuis qu'elle était entrée dans sa vie. Mais il avait beaucoup trop de colère pour qu'elle reste contenue, beaucoup trop de haine pour qu'il la garde secrète alors au fil des ans il avait troqué le vrai Terry par cette espèce de petit emmerdeur que tout le monde détestait. Et Freya, elle était devenue la seule personne pour qui il était capable de faire n'importe quoi. Elle aurait pu lui demander tout, tout. Il l'aurait fait. Et quand ce connard l'insulte il ne réfléchit pas et lui bondit dessus parce qu'il défendra toujours bec et ongles ceux qui ont de l'importance pour lui. Freya était en tête de liste. Il peut faire vraiment peur, Terry, quand il entre dans ce genre de fureur, yeux grands ouvert, les dents serrées, le coeur en vrac, rien ne peut l'apaiser. Rien... sauf cogner. Et il sait d'avance qu'elle ne va pas aimer qu'il frappe ce type parce qu'elle est effrayée quand il se bat alors il cogne une dernier fois, peste et part, remonte l'escalier et va s'enfermer dans la salle de bain sous prétexte qu'il saigne mais il a surtout honte de ne pas avoir su se retenir. T'es qu'un con Terry. Tu vaux rien.
Ca toque. Ca toque et il sait que c'est elle mais il ne répond pas, soupire parce qu'il se dit qu'elle ne mérite pas ça, qu'elle devrait être avec un mec bien, qui n'a pas la gueule et les mains en sang tous les quatre matins, qu'elle mérite un mec sur lequel elle n'aurait pas à coller des pansements, pour qui elle n'aurait pas à s'inquiéter. Mais il est comme ça et elle l'a choisi alors il ne dit jamais rien, continue de l'aimer en silence tout en pensant qu'il ne serait jamais le copain idéal. Il a souvent envie de fuir, Terry, envie de se barrer avec elle et de reconstruire quelque chose ailleurs là où tout irait bien. Mais ailleurs, c'est où? Ici ou là bas, est-ce qu'ils ont leur place quelque part tous les deux?
« Terry ? » Sa voix. Il l'aime cette petite voix timide parce qu'elle provoque en lui des envies de la protéger du monde entier. Il se sent invincible avec elle, puissant, important. Il sert enfin à quelque chose. Il ne bouge pas quand elle entre, ne scille pas qu'elle elle se colle contre son épaule, il ferme simplement les yeux avant de grimacer à cause d'un goût de ferraille et de cracher dans le lavabo un peu de sang qu'il avait dans la bouche. « T’as pas tenu ta promesse. » Il rit sans bruit et s'essuyant les lèvres d'un revers de poignet, fait une moue désolée qu'elle ne voit pas et quand elle lui embrasse l'épaule il se retourne pour la regarder. Elle est si belle, Freya, si pure, ses cheveux blonds et son visage un peu en désordre à cause des drogues. Et il craque. Il craque. Et il ne la quitte pas des yeux quand elle prend un serviette qu'elle passe sous l'eau, se laisse faire quand elle l'incite à s'assoir. « Ça rappelle des souvenirs, nan ? » hm. "Hm" pour dire oui. "Hm" et pas "oui" parce qu'il a honte de lui avoir créé se genre de souvenirs, de n'être qu'un peu de sang, de baston et de drogue dans sa mémoire. Il espère qu'elle se souviendra aussi du décompte jusqu'à 500, des nuits à aller lancer des cailloux contre le carreau de sa chambre depuis le bas de son immeuble, des virées nocturnes à bicyclette dans la ville. Il espère qu'elle se souviendra aussi de ses baisers, et peut être de plus. Il en sait rien, ils n'ont encore jamais essayé.
Elle nettoie son visage, éponge le sang et il ne la lâche pas des yeux, Terry, écoute à peine de ce qu'elle dit parce qu'il réalise la chance qu'il a d'avoir cette fille dans sa vie. Alors comme toute réponse, il marmonne il avait qu'à fermer sa gueule lui, là! Personne te traite de pute. T'es pas une pute bunbun, t'es tout sauf une pute. Il s'est cru où lui ? Il s'est pris pour qui ce connard ?! mais elle coupe court à sa colère en l'embrassant doucement. Il reste interdit, les yeux grands ouverts et l'air un peu perdu scotché sur le visage. Il ne sait pas pourquoi, Terry, et il ne l'avouera jamais mais souvent il a envie de pleurer. De s'autoriser quelques larmes dans ses bras, lui le fier, lui le fort, lui qui casse tout. Est-ce que quelqu'un a remarqué qu'il ne faisait ça que parce qu'il était cassé à l'intérieur? Il sait pas se reconstruire tout seul, ne connait pas la technique pour faire tenir les briques les unes sur les autres alors il donne des coups de pieds dedans, parce que quitte à être détruit, autant le faire à fond.
Elle l'embrasse et soudain il ne tient plus, se redresse, la surplombe d'une bonne dizaine de centimètres et l'attire doucement contre lui, le souffle lourd. Freya, je crois que j'ai envie de toi. Et ses iris passent d'un oeil à l'autre tellement vite qu'il ne voit plus son visage alors il glisse une main contre sa nuque et l'embrasse fougueusement, les lèvres qui dansent et les langues qui s'agitent et c'est tout un brasier qui s'enflamme en lui parce qu'il ne l'a jamais fait encore, mais que cette fois, là, ici, tout de suite, il a envie. Il s'écarte, laisse sa main saisir fermement la sienne et il la conduit à travers des couloirs plein de monde, ouvre une porte, la referme parce que la pièce est déjà occupée, en ouvre une autre, la referme, et c'est enfin dans la troisième pièce qu'il l'emmène avant de refermer la porte sur eux. Il est nerveux et quand le silence s'installe il racle sa gorge, moue gênée. Il aurait envie de lui dire qu'il a peur, le traque, qu'il ne sait pas s'y prendre, qu'il a le coeur qui tambourine et qu'il pourrait crever de trouille là tout de suite, mais il ne dit rien. Il ne lui dit pas non plus qu'il veut absolument que ce soit avec elle, que sa première fois se passe dans ses bras chauds et doux, que se sont ses cheveux qu'il veut respirer, allongé sur elle. Il ne lui dit pas qu'il a peur de l'avenir, qu'il a pas confiance en demain, qu'il est effrayé de la perdre et que tout foute le camps. Alors il retire son pull, adolescent un peu impatient qui court contre le temps et se rapproche rapidement pour lui dire tout ça a travers un baiser. Tu veux de moi, dis, Freya? Et il pense que sa voix n'a jamais tremblé comme ça, qu'elle doit le trouver ridicule à baisser la tête et à bafouiller. T'as le droit de dire non tu sais, personne doit te forcer à faire ça. Si c'est pas là, si c'est pas moi, c'est ok. Moi j'te suis. Y a pas de problème hein. Il détourne un instant le regard pour le reporter sur elle, intimidé. C'est.. ma... 'fin j'lai jamais fait encore alors... ça s'peut que je sois méga nul. T'auras le droit de rire si c'est nul. Beaucoup de filles du lycée avaient lancé des rumeurs disant qu'il les avait baisées. Elles cherchaient surement un peu de prestige, un peu d'attention parce que toucher le coeur de Terry Oliver c'était un exploit, mais le baiser c'était déjà plutôt cool, apparement. Il n'avait jamais réfuté parce qu'il ne voulait pas passer pour le puceau de service quand tous les mecs de son âge l'avaient déja fait mais il devait être honnête avec Freya. C'était sa première fois. Et il mourrait d'envie qu'elle se passe avec elle, ici, dans ces draps.. Freya... Et il se mord la lèvre, gêné comme elle ne l'avait probablement jamais vu, les joues un peu roses et la respiration saccadée, ses mains qui tremblent alors qu'il les glisse contre ses reins pour l'attirer à lui et que leurs ventres se collent. T'en a envie?
Dernière édition par Terrence Oliver le Mar 14 Jan 2020 - 20:53, édité 4 fois |
| | | | (#)Jeu 29 Aoû 2019 - 0:21 | |
| Hum. Il a l’oeil bougon, Terrence. Freya reconnaît cette mâchoire crispée, ce regard mauvais balancé dans le vide. Ce hum grinçant, voilé, qui suffit à dire tant sans aucun mot. Il est contrarié, il est énervé et Freya espère pouvoir enlever toutes ces expressions de son visage en même temps que le sang. Trop d’hémoglobines versées juste pour ses beaux yeux, c’est injuste. Elle a envie de se terrer dans un trou quand ça arrive. Parce qu’elle a appris que Terrence n’a aucune retenu, c’est un sanguin, un impulsif, un spontané. Il ne réfléchit pas, encore moins quand son cerveau est embrumé et embrouillé comme l’est celui de sa copine. Seulement, si cette dernière a tendance à vouloir s’enrouler en boule pour attendre que les coups pleuvent et cessent, Terrence n’est pas comme ça. Il fonce, il hurle, il crache, il tape. Et elle ne mérite vraiment pas qu’il se déchaîne autant pour elle. Mais est-ce que c’est nécessaire de le lui dire ? Non bien sûr que non. Parce qu’il trouvera quelque chose à dire, comme il le fait à chaque fois. La pauvre brebis égarée du troupeau, prise sous l’aile d’un loup indomptable. Les deux faces d’un même coin, irrémédiablement attirés l’un envers l’autre. Une volonté divine qui les pousse à se raccrocher à l’un et l’autre, tel des marionnettes. Ils pourraient avoir tellement mieux, ces deux là, ensemble. Mais l’univers se moque de gens comme eux. On se moque des paumés comme ils sont. Ceux qui passent leur temps à juste jouer avec la vie, à savoir quand le cordon finira par lâcher. Est-ce que ça sera l’ivresse, l’overdose, l’épuisement, la violence, le harcèlement ? A leurs âges, dans leurs situations, tout est source d’ennui. La ligne de chemin de fer n’est jamais très loin, prête à vous emmener où vous voulez ou à vous détruire, vous démembrer sous ses roues. On est jeunes, on est cons, on veut juste vivre, se faire entendre, faire du bruit, exister.
Freya nettoie ce fichu sang avec lequel elle est bien trop familière. Et elle ne dit rien. Elle lui tait qu’il n’a pas à faire ça pour elle. Qu’il n’a pas besoin de défendre son honneur. Qu’elle n’en a pas et qu’elle n’en aura jamais. Sa famille est pourrie, autant l’assumer dès maintenant. Qu’il ne devrait pas réagir comme ça. Qu’il aurait dû rester entre ses jambes, protégé de tout poing vulgaire et dévastateur. Que les siens seraient plus utiles pour autre chose. Sur elle par exemple. Je suis là, Terry, pourquoi tu cherches à prouver quelque chose au monde ? Poses tes yeux sur moi, rappelle toi que je ne pars pas, jamais. Je serai toujours là pour te guérir, que ce soit le coeur, l’esprit ou le visage. Il avait qu'à fermer sa gueule lui, là! Personne te traite de pute. T'es pas une pute bunbun, t'es tout sauf une pute. Il s'est cru où lui ? Il s'est pris pour qui ce connard ?! Quand Freya l’embrasse, elle espère happer ce sentiment de tempête en elle. Le calmer, l’apaiser, lui faire oublier cet imbécile en bas. Parce qu’elle, elle l’a déjà oublié. Elle s’en fout. Ils peuvent l’appeler des termes qu’ils veulent, elle s’en contrefiche totalement. Et visiblement, l’effet voulu est abouti puisque Terrence se relève, la faisant automatiquement reculer légèrement, avant de l’attirer vers lui. Freya, je crois que j'ai envie de toi. Il y a une millième de seconde qui suspens les deux adolescents dans un regard visuel assombri avant qu’il l’embrasse plus passionnément. Freya lâche la serviette et plonge ses mains dans ses cheveux pour s’y agripper et pour le garder contre elle. Il y a encore un léger goût de sang dans sa bouche mais elle les pansera. Elle le fait toujours et elle le ferra encore. Les lèvres, les langues, leurs mains dansent sans que vraiment qu’elle en comprenne le rythme. Le seul tempo qu’elle entend, c’est celui de son coeur qui bat plus que de raison. Terrence l’enflamme, elle se perd et elle n’a aucune idée de ce qui lui arrive. Quand il s’écarte, Freya râle brièvement avant qu’il l’entraîne dans le couloir.
Blindé, trop de gens, des carcasses, des yeux vitreux, ils enjambent, ils passent au travers, ils jouent des coudes et Freya s’accroche avec ses deux mains à la sienne pour ne pas être séparée. Comme d’habitude, elle se retrouve à le suivre alors qu’il est en pleine mission. Enfin une pièce libre et elle se tient en plein milieu, les yeux regardant les murs parce que – c’est joli, c’est blanc, un peu cassé, ça tient droit, c’est carré, non un peu rectangle à vrai dire. Freya tire sur ses manches maladroitement avant que son attention soit reprise par Terrence qui laisse tomber son pull avant de la rejoindre en quelques enjambées et l’entraîner dans un nouveau baiser à la faire défaillir. Tu veux de moi, dis, Freya? Ses grands yeux bruns le regardent avec véhémence alors que Terry semble bredouiller, bouger la tête, s’agiter. Stressé ? T'as le droit de dire non tu sais, personne doit te forcer à faire ça. Si c'est pas là, si c'est pas moi, c'est ok. Moi j'te suis. Y a pas de problème hein. Elle l’observe tout en passant sa langue sur la lèvre avant d’essayer de le ramener à elle. « Terry... » Mais non, ce dernier semble happer par ses propres paroles, par son esprit qui visiblement tourne à cent à l’heure, un regard fuyant mais qui se repose sur elle. C'est.. ma... 'fin j'lai jamais fait encore alors... ça s'peut que je sois méga nul. T'auras le droit de rire si c'est nul. Doherty reste un moment sonné par cette dernière phrase. Elle pensait qu’il y en avait eu d’autres. Il devait forcément en avoir d’autres avant elle. Qu’est-ce qu’il lui raconte, là ? Est-ce qu’ils sont allés trop forts sur les doses ce soir ? Non, pourtant, ils se sont même montrés raisonnables. Et pourtant quand il plonge ses yeux dans les siens en prononçant son prénom, gêné, maladroit, intimidé, Freya ne peut s’empêcher d’avoir le coeur qui gonfle. Elle est sa première. Doutes balayés d’un revers de la main. Il n’y en a pas eu d’autre avant elle. Elle est sa première autant qu’il est le sien. Et c’est une raison suffisante pour qu’elle sourit doucement.
« T'en a envie? » Pourquoi il lui demande ça alors qu’il rapproche leurs bassins d’une façon dangereuse ? Elle a son palpitant qui s’affole et elle ignore si c’est ce qu’elle a fumé, ce qu’elle a prit, ce qu’elle a bu ou juste l’effet Terrence. Engourdie, hypnotisée par ces deux iris verts, ses mains sur ses bras. Freya a ses membres qui tremblent mais impossible de savoir si c’est l’envie ou la peur. Sûrement les deux. Parce qu’elle est terrifiée. Elle ignore à quoi s’attendre, à part de la douleur. Et pourtant, perdue dans le regard de Terrence, elle se sent en pleine confiance. Il prendra soin d’elle, il ne sera pas violent, pas avec elle. « On va être nul à deux, alors, hotshot. » Et Freya fond sur ses lèvres tout en se collant un peu plus à lui. Ils seront maladroits ensemble, ils apprendront ensemble, ils marcheront dans les mêmes pas l’un avec l’autre.
Freya remonte ses mains vers sa nuque pour accentuer son baiser, pour lui assurer qu’elle ne prendra pas la poudre d’escampette, que ce nouvel an marquera le début d’une nouvelle ère de leur relation, et probablement de leurs vies. Elle sera sienne en premier et il n’y a pas d’autre personne à qui elle ferrait le plus confiance pour ça. Elle finit par éloigner sa bouche de la sienne avant d’appliquer un baiser sur sa lèvre supérieure, sur la commissure, sur sa pommette, descendant jusqu’à sa mâchoire. Elle ne sait pas trop ce qu’elle fait, Freya, elle ignore ce qu’il faut faire ou pas mais elle tente. Elle pense que Terrence lui montrera ce qu’il aime ou non, qu’il réagira différemment selon ce qu’elle lui fait, où elle l’embrasse. Freya l’abaisse brièvement pour pouvoir se diriger vers son oreille. « J’sais pas comment ça fonctionne mais j’en ai envie, Terry. J’te fais confiance. » Elle recule légèrement la tête pour le regarder dans les yeux, pour qu’il note qu’elle est sincère et qu’il peut la marquer sienne maintenant, ce soir, à jamais. Une étape décisive, quelque chose d’unique, que Freya lui donne, doucement et avec précaution. Terrence est tellement magnifique et elle n’est tellement rien à côté. Elle passe un doigt sur une de ses récentes plaies sur l’arcade avant d’y apposer ses lèvres. Soigneusement, légèrement. Parce qu’elle aime penser qu’elle est son remède à ses maux. Au même titre qu’il est son guide dans ce bordel qu’est le monde. La trouille au creux du ventre mais le désir au fond des reins, Freya finit par diriger ses lèvres de nouveau vers sa mâchoire puis le long de son cou.
Elle remonte pour déposer un baiser sur la joue tout en retirant son gilet. Elle se mord la lèvre avant d’hésiter. Elle doit se mettre à nue, du coup, non ? Une panique soudaine la cisaille. Il y a des morceaux qu’elle n’aimerait pas qu’il voit. Non, pire, qu’elle ne désire pas qu’il voit. Il va la trouver moche. Et il va la rejeter. Parce que c’est ce que font les garçons, non ? Ils rejettent ce qu’ils n’aiment pas. Ses avants bras, par exemple. Alors elle tire sur ses manches de nouveau, maladroitement avant de décider d’aller voir si la porte est fermée à clé. Alors elle s’éloigne et finalement, heureusement qu’elle vérifie. Freya pose son front contre le porte avant de se tourner vers Terrence, le cœur derrière les paupières, le dos contre la porte.
« J’ai la frousse, Terry. Je veux pas qu’tu vois certains trucs, j’veux pas qu’tu sois déçu, j’veux pas que... » Elle ferme les yeux, ravale des larmes qui menacent de s’écrouler et reprend sa respiration. Un, deux, trois, quatre, cinq. C’est ce qu’on lui a dit. Et pas besoin de compter jusqu’à 500, il est juste en face de toi. Freya rouvre les yeux pour l’observer. Il est beau, Terrence. Il t’attire, il te veut, qu’est-ce qu’il te faut de plus ? Une assurance. Un réconfort. Quelque chose. C’est tellement éphémère, ce genre d’instant. « On peut pas l’faire les lumières éteintes ? » Doherty a une petite voix, incertaine et gauche. Je suis pas jolie, j’ai de vilaines cicatrices, tu vas forcément désenchanter. Une crainte à peine cachée, qu’il arrivera sûrement à lire sur son visage.
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| | | | (#)Mer 2 Oct 2019 - 23:02 | |
| Elle le connait assez pour savoir le décrypter sans qu'il n'ait à parler. Elle connait ses regards par coeur, elle sait quand il va s'énerver, quand la colère gronde en sourdine tout au fond de lui et qu'il est sur le point d'exploser. Elle connait son visage, doit sûrement savoir quand il a pleuré sans jamais le lui avoir montré et ses lèvres pincées quand il se retient de dire des trucs qu'il pourrait regretter, connait chaque inflexion de sa voix aussi et s'il est observateur, Terry, s'il fait attention à elle comme il ne l'avait jamais fait avec personne d'autre il n'arrive pas toujours à la décoder, elle, puit sans fond de mystères qu'il crevait pourtant de comprendre et de savoir déchiffrer. Il voudrait savoir lire en elle comme elle semble toujours savoir lire en lui, aimerait savoir aller lui décrocher les étoiles et lui offrir la lune si c'est assez pour la combler, réduire à néant les doutes et les peurs qui venaient trop souvent griffer son doux visage, voudrait les déchiqueter violemment, les brûler, voudrait être capable de la sauver du monde entier si seulement il le pouvait, et que jamais les sourires qu'il avait déjà vu accrochés sur ses lèvres ne soient fanés. Il voudrait être le petit copain parfait, celui qui serait à la hauteur de ce qu'elle est mais il le sait, Terry, qu'il en est loin. Qu'il sait pas faire, sait pas jouer le jeu, sait pas entrer dans les cases. Il y a trop de tempêtes en lui qu'il n'est jamais parvenu à contenir, trop d'impudences pour qu'il soit suffisamment rassurant, il pense. Et c'est un fait, il aimerait pouvoir la rendre heureuse dans la plus juste mesure mais il est terrifié à l'idée de ne pas y arriver, d'être à côté de la plaque, trop égoïste, trop sauvage, trop solitaire, pas assez attentionné peut être. Il les voit les autres mecs avec leurs nanas, il les voit minauder, tenir leurs sacs et courir derrière, il en voit d'autres manipuler, profiter, malmener, se croire plus fort sous prétexte qu'ils ont une bite entre les cuisses et que ça leur donne le droit d'imposer leur hégémonie. Terry lui, il est pas comme ça, attentif mais pas assujetti, apprivoisé mais jamais dépendant, affectueux mais pas langoureux, distant mais jamais acrimonieux, peut être un peu malhabile parfois dans ses mots, peut être trop inapprochable, et clairement trop désinvolte à toujours enrouler ses bras autour d'elle pour qu'on oublie jamais que derrière ses cheveux blonds dorés se cachaient des boucles brunes prêtent à bondir pour casser des dents. Il était le petit ami nerveux, Terry, pas cavalier, mais avec un aplomb et une arrogance qui ne plaisait pas à tout le monde et qui faisait peur la plupart du temps. Malgré ses impolitesses et son attitude irrévérencieuse il ne se rendait pas compte du nombre de filles qui voulaient l'avoir pour petit ami et restait de ce fait persuadé d'être un pauvre minable. Mais pour Freya, il ne l'était pas.. et ça, il arrivait à le comprendre et à l'accepter. Au moins un petit peu.
Dans cette salle de bain, il est énervé, Terry, peut sentir chaque goutte de sang dévaler ses veines à la vitesse d'un manège fou lancé à toute blinde et il sait qu'il suffirait d'un mot de Freya pour qu'il arrête de tout contenir, courir comme un dératé dans la rue chercher l'autre connard par la peau de son cul et lui finir le portrait. Pourtant sa seule présence suffit à l'apaiser, lui qui brûlait sans cesse d'un feu violent que personne ne savait éteindre sauf elle, et même s'il respire fort, même s'il serre les poings jusqu'à s'en faire blanchir les phalanges, même si ses sourcils sont froncés comme s'il était prêt à repartir au combat, son coeur, lui, se laisse bercer par une sirupeuse mansuétude. Parce qu'elle est là, Freya, elle ne part pas, elle lui offre ce qu'elle est, ce qu'elle a et il accepte tout sans broncher pour une fois. Il n'y a qu'avec qu'elle qu'il est comme ca parce qu'elle est différente de toutes les autres, petit animal blessé qu'il avait décidé d'envelopper de ses bras pour la protéger contre le monde entier. Terry, il était incapable de comprendre pourquoi elle éveillait en lui ce sentiment puissant et glorieux d'être le seul à savoir la comprendre mais il aimait ça, se savoir unique, se savoir important. Elle avait allumé en lui tellement de brasiers qu'il en cramait littéralement de l'intérieur, incendie au coeur, et c'était si grisant qu'il aurait pu la supplier de lui en donner encore et encore s'il n'avait pas eu tant de fierté et d'égo mal placé. Et c'est probablement parce qu'elle est différente qu'il décide que si elle est d'accord, ce soir, ils le feront.
Il lui prend la main et c'est un peu tendus que tous deux se rendent dans une chambre inoccupée. Il avait entendu des trucs du genre "faut mettre une serviette sur la poignée comme ça les gens sauront que t'es dedans avec ta meuf" mais il n'avait pas envie que les autres sachent, Terry. Il n'avait pas envie qu'on leur vole ça, parce que c'était à eux et qu'une première fois ne se partage pas. Il retire son pull, s'avance, l'embrasse, se confie à elle la voix mal assurée parce qu'il lui doit la vérité et il se demande si c'était une bonne idée, si elle ne le trouve pas soudain un peu nul, si elle pense que finalement il n'en vaut pas le coup parce qu'il n'a pas d'expérience, qu'il ne l'a jamais fait et que ça pourrait lui faire peur de se retrouver avec un mec incapable de la satisfaire. Quand il ose avouer qu'il est vierge elle reste interdite et il sent ses poumons manquer d'air, Terry, apeuré, ses yeux verts qui s'accrochent aux siens pour tenter de trouver des réponses à ses questions d'ado mal dans sa peau. Est-ce que tu me vois autrement, maintenant, Freya? Moins viril, mon rassurant? Tu les croyais les autres filles quand elles disaient qu'elles avaient couché avec moi? Tu m'as suivi ici en pensant que je saurais y faire et finalement maintenant que tu sais, tu veux plus? Freya, dis moi que tu me rejettera pas... Son coeur bat si fort qu'il est certain qu'elle peut l'entendre frapper contre ses côtes avec la force d'un tambour de guerre mais il ne dit rien, déglutit, mâchoire crispée en tentant d'ignorer le vertige profondément déstabilisant qui s'empare de lui. « On va être nul à deux, alors, hotshot. » Il la fixe et soudain ses poumons retrouvent de l'air et le déséquilibre s'estompe. Elle ne le trouve pas nul, Freya. Mieux, elle lui dit qu'ils se tiendront la main, qu'elle le lâchera pas tout le long du chemin et c'est tout un gouffre d'angoisses qui se referme sous ses pieds. Il entrouvre la bouche pour répondre, ses yeux qui se raccrochent tout au fond des siens pour ne pas flancher mais rien ne vient alors il se contente d'un hochement de tête silencieux. Peut être bien qu'on sera nuls, Freya. Mais tant que c'est avec toi, ça me va. Ok.. Tandis qu'il l'attire contre lui, elle l'embrasse, la main contre ses boucles et il a un frisson qui lui parcourt le corps, Terrence, parce qu'il réalise soudain ce qui se passe, qu'ils vont réellement le faire et qu'après cette nuit ils ne seront plus jamais les mêmes. Il répond à son baiser avec fièvre et calme, lui si impétueux d'ordinaire ne se connaissait pas si doux mais il aime ça, la passion tempérée et retenue alors qu'à l'intérieur tout tremble un peu. Il se laisse faire quand elle lui picore le visage de baisers, rit discrètement, même, murmure son prénom, laisse maladroitement ses mains descendre un peu plus loin sur ses fesses et il aimerait savoir si ce qu'il fait est bien, Terry, s'il n'est pas trop pressant. Elle a peut être compris qu'il a besoin d'être rassuré, Freya, elle a peut être senti qu'ici, face à elle, il venait de retirer le masque du petit con qu'il s'appliquait méticuleusement à porter face aux autres chaque jour au lycée, qu'il fait tomber l'armure et qu'il se fout littéralement à nu. Il est vulnérable en vérité, Terry, il souffre, Terry. Il est loin d'être ce qu'il montre, loin des sourires et de l'agressivité. Il est à mille lieu de ça même et au fond de lui, il y a ce p'tit mec à l'équilibre précaire qui marche sur un fil et qui n'attend qu'un peu d'amour pour retrouver la stabilité. Et c'est ce qu'elle lui offre. « J’sais pas comment ça fonctionne mais j’en ai envie, Terry. J’te fais confiance. » qu'elle lui glisse à l'oreille avant de planter ses yeux sombres dans les siens. Il la regarde, l'air grave et sérieux et il a fini de rire, Terry, fini de faire l'imbécile. La respiration lourde et les sourcils qui semblent lui demander "t'es sûre de toi?" il la laisse embrasser sa blessure comme elle panserait les plaies de son coeur et il déglutit, intimidé. Moi aussi j'te fais confiance, Freya. Il murmure, voix fragile et poumons en naufrage, et ça pourrait sembler con de le dire comme ça en miroir mais il avait juste besoin de rétablir l'équité. Tu me fais confiance, moi aussi je te fais confiance. Et y a pas que les mecs qui peuvent faire du mal...
Et puis ça commence, il pense, parce que les baisers qu'elle dépose sur sa peau ne sont pas comme d'habitude, plus pressants, plus intenses. Il inspire en l'observant retirer son gilet et il se dit qu'elle est magnifique, Freya, qu'elle est de ces beautés qu'on ne voit pas arriver mais qui une fois installées dans le coeur étaient difficiles à déloger. Il l'aime. Et c'est surement parce qu'il aime ce qu'elle est qu'il la trouve plus magnifique que toutes les autres. Qu'il n'y a que vers elle que son regard se pose et au lycée, même s'il y avait des jolies filles, il ne les voyait pas. Parce qu'elles n'étaient pas Freya. T'es belle.. Et c'est lâché un peu sans réfléchir, dans un souffle alors que ses cheveux blonds sont brouillons et que ses yeux noirs portent encore l'empreinte de la drogue qu'ils s'étaient enfilé. Elle l'éblouie littéralement mais ne l'aveugle pas parce qu'il les voit, les légers spasmes drapés au coin de ses lèvres, signes d'un trouble qu'elle ne sait plus maitriser, alors il fronce les sourcils. Elle hésite? Il a envie de lui dire qu'elle peut tout annuler, à n'importe quel moment, qu'elle peut lui demander de partir, ou de juste l'embrasser jusqu'au petit matin, qu'elle peut remettre son gilet et lui dire de remettre son pull mais il ne dit rien, l'observer s'agiter et aller fermer la porte. Il n'est pas stupide et il a bien noté son émoi alors il fait un pas vers elle mais stoppe sa course lorsqu'elle se retourne. « J’ai la frousse, Terry. Je veux pas qu’tu vois certains trucs, j’veux pas qu’tu sois déçu, j’veux pas que... On peut pas l’faire les lumières éteintes ? » Freya, qu'est ce qui se passe? J'voudrais tellement que tu te vois à travers mes yeux, que tu comprennes que je t'aime, que t'es parfaite, que je serai jamais déçu par toi. Jamais. Il inspire, expire, les épaules qui s'affaissent et il s'approche, hésitant, lui prend la main pour l'amener loin de cette porte qu'elle a de toute façon verrouillée et la regarde, une paume qu'il glisse contre sa joue pour qu'elle relève le visage vers lui. Il ne dit rien mais ses yeux parlent pour lui, hoche lentement la tête de gauche à droit comme pour lui signifier que non, il ne serait jamais déçu. Il l'a vu tirer sur ses manches comme lui le faisait trop souvent, il l'a vu, son regard fuyant comme si elle avait peur de lui montrer son corps. Alors sans réfléchir il retire son t-shirt et baisse la tête en soupirant. Il y a des cicatrices encore bien trop fraiches qui lui zèbrent le dos et il ne sait pas s'il était vraiment prêt à ce que sa petite amie les voient, mais c'est un impulsif, Terry, un spontané alors il s'exécute et se tourne, ne réfléchit plus, se livre au destin comme on prendrait naïvement une main tendue, épuisé par une marche surement trop longue, trop éreinté pour refuser un peu d'aide. Il se tourne à nouveau, lui fait de nouveau face et lui sourit tristement en posant ses deux mains contre ses joues. Lui aussi il déteste son corps, trop maigre, trop osseux il pense, trop filiforme. Il déteste ses cheveux et la couleur de ses yeux, il déteste son nez et l'épaisseur de ses sourcils. Mais il affronte ça, parce qu'il veut lui montrer que même fatigué, même démoli, on peut se relever. On va éteindre la lumière Freya. Ou alors je peux fermer les yeux si toi tu veux pouvoir me regarder, j'sais pas. T'es obligée de rien, t'es obligée de rien, tu peux tout arrêter n'importe quand, t'as juste à me le dire. J'suis pas un sauvage, je... j'irai doucement... même si ça risque d'être nul. Et j'serai jamais déçu par toi, tu peux pas me décevoir Freya je t'... Freya, je t'... Il pince les lèvres, plisse les yeux et détourne le regard. Décidément, il est pas doué avec les mots d'amour, Terry, pas assez fleur bleue surement, pas assez sûr de lui. Il serre les dents et ferme les yeux quelques secondes. Inspire. Souffle. Ce que j'veux dire c'est que toi et moi on est pareils. Je sais pas ce que tu veux cacher, mais voilà, moi tu vois j'te montre ça, ces putains de marques laissées par la ceinture de mon père, j'te montre mon corps moche que je déteste et tu sais quoi? Bah j'men fous d'être moche ici, parce que c'est quelque chose d'autre qu'il y a entre nous. Tu crois pas? Et puis merde, t'es belle. T'es... bordel Freya mais regarde toi ! T'es... magnifique. Sa voix se perd dans le compliment qu'il lui adresse, les joues roses, intimidé, hypnotisé par ses yeux si noirs qui lui font toujours beaucoup trop d'effet et il laisse glisser ses mains jusqu'à ses hanches, hésite puis vient lui embrasser le cou en laissant ses doigts trainer sur le bas de son pull avant de le remonter doucement vers le haut ,jusqu'à le lui retirer. T'es magnifique... qu'il lui murmure encore en venant caresser doucement la peau de son dos, les lèvres qui effleurent sa bouche et qui tentent de lui insuffler dans une baiser discret la confiance en elle dont elle semble cruellement manquer. Il s'éloigne, éteint rapidement les lumières en évitant de se casser la gueule dans le noir et il n'y a plus que le reflet de la lune qui vient éclairer la pièce quand il revient vers elle. Timidement, il l'allonge sur le lit et se place à côté d'elle en appuie sur un coude pour la surplomber. Freya... Elle est si douce et vulnérable, allongée-là contre lui, les yeux un peu perdus alors il tente de la rassurer en laissant sa main caresser son visage. Eh, regarde-moi... Et quand ses yeux percutent les siens il lui sourit tendrement et vient l'embrasser avec émotion, une main qui vient se saisir de la sienne pour qu'elle la pose sur son torse, qu'elle découvre la texture de sa peau, qu'elle comprenne à quel point son coeur bat fort sous son thorax et à quel point c'est elle qui lui fait cet effet. Et il ne sait pas si ça sera bien, s'il sera doué, s'il lui offrira ce qu'il espère être capable de lui donner mais il sait d'avance que le plus important résidait dans leur confiance mutuelle et dans l'amour non formulé que tous deux savaient se porter.
Dernière édition par Terrence Oliver le Mar 14 Jan 2020 - 20:53, édité 2 fois |
| | | | (#)Sam 26 Oct 2019 - 11:49 | |
| Son monde est parti en poussière et en flammes quelques années plus tôt. Freya a encore le goût âcre et amer de la fumée dans ses poumons, sur son palais, sur sa langue, elle a encore les yeux qui piquent, à cause du feu, à cause de la peur, à cause de la frayeur qu’avait été cette soirée, cette nuit-là. Elle a été paumée ensuite, elle a vogué sans vraiment prêter attention où elle allait. Elle n’a jamais été ses frères. Elle n’était pas aussi impressionnante que Wren. Elle n’était pas aussi dangereuse que Tobias. Les deux savaient se défendre mais elle, elle ne savait pas. Elle, elle restait toujours trois pas en arrière des autres, recroquevillée sur elle, à raser les murs pour éviter qu’on la voie. Mais on finissait par la coincer parce qu’elle est le maillon faible de la chaîne dohertyienne. Elle est celle dont on peut se moquer, dont on peut pourrir le crâne et qu’on peut piétiner. Peut-être pour ça que jamais Freya ne développera de fierté. On la lui a bouffée, mangée, salie pendant ces années-là. On faisait en sorte que son aîné n’était pas dans les parages. Ni Elias. Tobias, on s’en fichait car son jumeau se fichait de tout et de tout le monde. Mais plutôt crever que de dire aux garçons de son entourage les plus proches, les plus fidèles, ceux qui n’ont pas cramé de putains d’appartements, comment elle se fait traiter. Jusqu’à ce que Terrence arrive. Comme un boulet de canon – ou plutôt une droite bien placée. Forcément que Freya s’était attachée à lui. Bien plus fort qu’elle aurait dû mais comment elle aurait pu résister ? Il n’avait peur de rien et de personne non plus, Terrence. Enfin, parfois, ce n’est peut-être qu’un air qu’il se donne mais il réussit à le faire croire à tout le monde. Même elle pourrait se laisser berner. La petite suédoise n’est pas très bavarde mais elle observe beaucoup. Et Terrence est le sujet de nombreuses heures et minutes cumulables en journées certainement de son attention. D’un décryptage sans faille. Elle doit bien avoir quelques croquis de sa façon de froncer des sourcils, des esquisses de ses sourires ou de ses boucles, tantôt plaquées, tantôt rebelles. Il est un portrait à lui tout seul mais il ne s’en rend pas compte. Il continue à aller se faire casser la gueule et elle, la petite chose qui n’a pas vraiment de valeur, essaie toujours de le retenir. Ne te fais pas plus de mal, Terry. Ne va pas encore m’obliger de te ramasser en petits morceaux. Je ne veux pas te recoller, je te veux tout entier. Calme ta tempête, reviens vers moi, balade tes mains sur mon visage, mais s’il te plait, n’y va pas. Des supplications qu’elle ne dit jamais mais qu’elle pense, qu’elle tambourine dans sa tête comme un mantra, suppliante et désireuse de l’épargner. Parce que Terrence sait se défendre mais il sait aussi prendre les coups. Elle finit souvent par l’entrainer ailleurs, par le forcer à la regarder, ses yeux verts noircis par la rage soudaine rencontrant la tendresse de ses yeux bruns. Et elle l’embrasse, encore et toujours, jusqu’au soûl le plus exquis, jusqu’à ce qu’il se calme, que ses poings se desserrent et qu’il l’amène un peu plus contre lui. Quand elle peut enfin enrouler ses bras autour de sa nuque, un baiser même avec un goût de sang l’envoie dans le plus merveilleux des mondes. Parce qu’ils auront sûrement bu, peut-être même fumé et très certainement consommé. Mais toujours ensemble et Freya se refuse à chaque fois d’aller quelque part sans lui. Alors elle veut lui promettre la lune, la terre, l’univers solaire entier s’il le faut pour le peu qu’il reste avec elle, qu’il ne se laisse pas distraire par la colère, par la rage, par la provocation. Tu vaux mieux que ça, on s’en fout des autres, ils ne sont pas intéressants.
« Moi aussi j'te fais confiance, Freya. » Et ça la rassure quand même un peu. La confiance, c’est censé être important, aussi bien pour elle que pour lui, non ? C’est tellement une chose rare et précieuse qu’elle a le sentiment d’être estimée un peu, Freya. « T'es belle... » Et là, elle doit rosir stupidement (à ne pas en douter) de plaisir. S’il le dit. Elle, elle a toujours trouvé ses jambes trop grosses, sa bouche pas belle sans compter ces fichues marques, cadeau de sa tête pour ne pas qu’elle oublie, jamais. Une empreinte indélébile, scintillante de couleur blanche et dégueulasse à souhait. Mais Terrence la trouve belle. Elle tire sur ses manches quand même parce qu’elle ne le croit pas et que tout ça, cette situation, ce pas qu’ils font franchir, ça la rend anxieuse. Elle aurait bien pris autre chose pour se calmer les nerfs, pour essayer d’être à la hauteur. Même si Terrence ne l’a jamais fait, il ne faut pas décevoir. Pour un mec, la première fois doit être à la hauteur, non ? Elle n’en sait rien, Freya, elle ne s’est pas renseignée et elle n’a pas vraiment de copine avec qui en parler. Il y a bien Romy mais elle ne veut pas embêter Romy avec ce genre de choses. C’est enfantin, c’est stupide, on verra plus tard. Seulement, le plus tard arrive maintenant et elle est complètement paumée. Du coup, elle se retourne et elle prend peur. Doherty lui débite qu’elle veut bien le faire, la peur au ventre, mais sans qu’il la voie. C’est possible, ça ? Est-ce que c’est vraiment possible de le faire sans voir la personne ? Ce n’est sûrement pas très courageux, ça raye aussi la marque de confiance qu’elle a pourtant instauré, non ? Freya observe non sans appréhension son copain qui semble hésiter. Il doit la prendre pour un petit animal peureux qui a besoin d’être rassuré. Et c’est sûrement ce qu’elle est, là. Elle sent que ses jambes ont dû mal à la faire tenir debout, elle a le palpitant sens dessus dessous et sa brève confidence qu’elle a eu quelques secondes plus tôt, envolée. Partie dans un nappage de fumée qu’elle n’a même pas savouré. Freya n’aime pas être comme ça mais c’est plus fort qu’elle. Elle n’arrive pas à être comme eux, comme Terry, comme ses frères, comme son meilleur ami. Montrer pile et face, avoir un masque et se cacher derrière quand ça devient trop compliqué. Doherty se laisse facilement porter par ses émotions, elle réagit à l’instinct, celui de survie certainement. Traumatisme profond qui la rend encore plus chétive, plus apeurée alors que Terrence s’approche d’elle finalement. Il l’éloigne doucement de la porte avant de la forcer à lever sa tête vers la sienne, leurs pupilles dilatées se rencontrant et les boucles brunes de son copain qui gigotent alors qu’il hoche la tête négativement. Puis Terrence retire son propre tee shirt, il se dénude rapidement et Freya pourrait presque tourner les yeux. Parce qu’ils ne sont pas juste au bord de la mer à profiter des rayons du soleil, là. Non, ils vont passer un putain de cap ce soir et que c’est flippant parce que c’est inconnu. Ce n’est pas le genre de conversations qu’elle peut avoir à la maison, ni avec ses frères et encore moins avec une mère qui est là mais qui est morte de l’intérieur. Elle n’a pas de repère, Freya, elle n’a personne pour vraiment la guider dans son monde qui ressemble plus à l’explosion de l’enfer que la douceur du paradis. Et pourtant, dans cette chambre, on peut croire qu’ils sont dans un cocon. Le bruit au loin leur rappelle qu’ils sont à une fête mais ils ne sont que deux êtres chétifs et fins au milieu de cette grande pièce inconnue. Et ils font le faire. A moitié défoncés, Terrence le visage à moitié en sang mais il a toujours été vachement attirant comme ça de toute façon. Freya l’aimera toujours quoiqu’il arrive. Et son amour pour lui tord ses boyaux alors qu’il se tourne – oh non, il va m’abandonner, il me tourne le dos, c’est pas bon signe ça, ne fais pas Terry, je m’en remettrai pas, s’il te plait, tout sauf le dos – mais ses yeux voient et sont frappés par ce qu’ils observent. Des cicatrices, de filaments blancs ressemblant furieusement aux siens qui parcourent le dos de son petit-ami comme une carte géographique. La suédoise veut lever la main, elle veut le caresser, peut-être qu’elle pense pouvoir guérir ces maux avec ses doigts. Telle une petite fée sur son épaule, un ange gardien qui n’a même pas été fichue de voir ça. « Terry… » Mais Freya n’a pas le temps de réagir plus que ce dernier se tourne vers elle et lui prend son visage entre ses mains. Les mêmes mains qui étaient encore en poings et durs quelques instants plus tôt. Maintenant, elles sont d’une douceur incroyable alors qu’il plonge son regard dans le sien, déterminé à la rassurer. « On va éteindre la lumière Freya. Ou alors je peux fermer les yeux si toi tu veux pouvoir me regarder, j'sais pas. » Non, ne fais pas ça, surtout pas ça. Tes yeux sur moi sont la seule chose qui me fait exciter, qui me retient un peu à ne pas foutre ma tête dans la cuvette pour en finir. S’il te plait, regarde-moi mais ne me vois pas. Laisse moi me raccrocher à toi, à tes prunelles vertes si rassurantes mais en même temps terrifiantes. « T'es obligée de rien, t'es obligée de rien, tu peux tout arrêter n'importe quand, t'as juste à me le dire » Je suis une grande fille, je vais y arriver, je n’ai pas peur, je peux le faire. Il faut le faire. Est-ce que mon amour pour toi peut effacer tout ça ? Faire l’amour, ça veut bien dire ce que ça veut dire, non ? C’est une preuve, une marque, une communion, c’est ça, Terry ? « J'suis pas un sauvage, je... j'irai doucement... même si ça risque d'être nul. » Elle a presque un petit rire nerveux qui s’échappe de ses lèvres. Mais il risque d’être vexé, Terrence, est-ce que t’es vexé si je ris, Terrence ? Je ne veux pas te vexer, je ne veux pas que tu crois que t’es pas assez bien pour moi, tu le seras toujours, Terrence, tu le sais ? « Et j'serai jamais déçu par toi, tu peux pas me décevoir Freya je t'... Freya, je t'... » Roulement de tambours. Les muscles qui se figent, les points suspendus dans les airs. Elle les entend et elle les attend, ces points de suspension. La gamine a un coup de sang, elle espère, elle observe le manège qui passe sur le visage de son copain. Terrence joue avec sa bouche, il soupire, il ferme les yeux, il n’est pas bien. « C’est pas grave, Terry. » Si c’est grave. Mais non, ça ne l’est pas vraiment. Freya passe sa main son flanc, elle veut le caresser doucement, lui procurer l’assurance que ce n’est pas grave. Même si de l’intérieur, elle pourrait chialer parce qu’il aurait pu le dire. Il aurait pu lui dire mais il ne l’a pas fait. Mais c’est pas grave. Elle a survécu un incendie, elle survivra à ça aussi. Ce ne sont que des mots. Elle le sait, elle le ressent, il le lui prouve. C’est bien suffisant ça.
« Ce que j'veux dire c'est que toi et moi on est pareils. Je sais pas ce que tu veux cacher, mais voilà, moi tu vois j'te montre ça, ces putains de marques laissées par la ceinture de mon père, j'te montre mon corps moche que je déteste et tu sais quoi? Bah j'men fous d'être moche ici, parce que c'est quelque chose d'autre qu'il y a entre nous. Tu crois pas? » La ceinture de son père. Freya a un haut de cœur qui pourrait la faire chavirer en imaginant son Terrence à la merci de cet homme qui le fouette et qui le brise. Terrence ne parle pas beaucoup de son quotidien avec sa famille, peut-être même qu’il doit en savoir plus sur elle de ce côté que l’inverse. La suédoise part du principe que s’il ne veut pas en parler, c’est qu’il y a une raison. Qu’il viendra de lui-même se confier, quand il en aurait l’envie. Elle ne veut le presser à rien en retour parce qu’elle, elle n’aime pas qu’on la presse aussi. Alors elle est patiente et ce soir, elle se prend en pleine gueule l’étendue de la chose. Freya a envie de l’enlacer, elle a envie de le protéger de tout ça. Pour lui, elle peut essayer d’être le bouclier face au monde. Parce qu’il ne mérite pas ça. Autant qu’elle ne mérite pas d’avoir un père pyromane, perdu dans la nature et la flippe quotidienne qu’il vienne achever le travail. « Et puis merde, t'es belle. T'es... bordel Freya mais regarde toi ! T'es... magnifique. » Le compliment ne la laisse pas insensible, évidemment qu’il ne la laisse pas insensible. Peut-être que c’est pour appuyer ses propos qu’il flâne sa main sur sa hanche, qu’elle en frémit légèrement, qu’il vient embrasser son cou. Freya a le sentiment que son cœur s’embrase, elle ferme légèrement les yeux, elle s’apaise en même temps qu’elle s’allume. Ses sens sont en alerte, le toucher bien plus sensible que tout. Elle le laisse lui ôter son haut, le tronc à la merci de l’air frais, telle une poupée dans les larges mains de son copain. « T'es magnifique... » qu’il lui répète avant de l’embrasser brièvement. Est-ce qu’elle va tourner de l’œil ? Non, ce n’est pas le moment. Terrence s’éloigne et elle eut un bref instant de protestation avant que la lumière se tue et qu’il revienne à elle.
« Freya... » Allongée sur le dos par les bons soins de son copain, Freya n’arrive pas à calmer sa respiration qui fait faire des montées et des descentes de sa poitrine. « Eh, regarde-moi... » Alors évidemment que Freya le regarde. Même dans la pénombre, avec juste la lumière extérieure pour caresser leurs visages, elle peut voir son sourire avant qu’il vienne l’embrasser de nouveau. Elle le laisse aussi prendre sa main pour la diriger sur lui, une invitation très claire à le parcourir. Et c’est ce qu’elle fait. L’adolescente laisse ses doigts naviguer contre la peau de Terrence, elle passe par le cœur qui a l’air de battre au rythme du sien, follement, sans interruption, sans ménagement. « Terrence… T’es beau pour moi. J’te le prouverai. » Avec ses maigres capacités, avec ses faibles moyens, elle le lui prouvera. Elle guérira ses cicatrices en même temps que les siennes. C’est à présent elle qui prend son visage dans ses mains, c’est elle qui finit par se redresser tout en l’embrassant pleinement. C’est elle qui se met à califourchon contre lui et c’est encore elle qui l’emprisonne contre le lit. Une force tout en douceur, une confiance multipliée parce que c’est lui, parce que c’est Terrence et qu’il a son cœur entre ses mains. « On va apprendre tous les deux. On va s’découvrir, on va s’rendre beau ensemble. On va oublier nos familles, on va mettre de côté nos vies d’merde. C’est notre moment à nous. Mais ne ferme pas les yeux, Terry. J’veux pas que tu te caches de moi. » Sa bouche n’est qu’à quelques millimètres de la sienne, ses cheveux faisant office de voile protecteur autour d’eux, les mots prononcés comme un secret que le monde extérieur ne doit pas avoir connaissance. C’est leur moment, après tout. Personne ne doit voir comment elle finit par lui embrasser la mâchoire puis le cou, sentant la veine palpitante s’emballer un peu plus sous ses lèvres. « J’ai la flippe, Terry, mais j’vais me montrer courageuse. Pour toi, j’suis prête à être n’importe quoi. » Elle attrape une de ses mains pour la plaquer contre son propre cœur, laissant ainsi Terrence frôler sa poitrine. « C’est à toi, ça, tu l’sais, Terry ? » Parce que Freya est dévouée, elle est droguée, elle est amoureuse qu’il pourrait lui demander demain d’en finir avec lui qu’elle le ferait. C’est morbide, c’est moche mais c’est le monde dans lequel ils évoluent. Terrence est sa lumière, il est son phare dans la tempête qu’est sa vie et elle se raccroche à lui, l’embrassant de nouveau, mouvant d’une façon timide son bassin pour voir ce que ça fait. Elle a toujours la flippe, elle a toujours peur mais pour lui, elle portera toutes les montagnes du monde et ravalera toute son anxiété. Parce qu’elle a l’objectif de lui montrer qu’il n’est pas à foutre à la porte, qu’il mérite d’être choyé et d’être aimé. Lui prouver qu’elle l’aime, tout simplement.
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| | | | (#)Sam 28 Déc 2019 - 22:58 | |
| Il a le coeur qui bat si fort qu'il pourrait s'arrêter, il pense, les poumons affolés comme des voiles tendues au vent et le sang qui dévale ses veines comme un troupeau de chevaux fous mais lui il reste là, Terry, immobile et silencieux alors que tout en lui s'agite férocement, véritable ouragan qui, s'il n'avait pas été provoqué par l'amour, aurait pu tout emporter. Il est là, dans cette chambre avec Freya et il sait que quoi qu'il arrive il ne regrettera pas, qu'ils sauront faire ce qu'il faut même si c'est bancal, même si rapide, même si c'est maladroit et il a la conviction profonde que cette première fois sera différente des premières fois qu'il a déja entendu racontées dans la cours de récré par des mecs qui, la clope au bec et un sourire narquois accroché aux lèvres, se vantaient d'avoir "baisé" telle fille ou telle fille. Le respect s'était perdu en chemin, apparemment. Et il avait beau être un parfait petit con, Terry, il avait beau faire chier tout le monde avec sa désinvolture et son ton insolent, il n'était certainement pas ce genre de mec. Il respectait les filles, lui, et Freya d'autant plus parce qu'elle était précieuse et spéciale à ses yeux et jamais jamais jamais il n'aurait osé envisager que leur première fois se déroule comme ça, qu'elle se résume à un truc qu'on raconte l'air de rien sous le préau entre deux joints pour faire le malin, à dire qu'on avait trempé le biscuit, enfin. Il ne sait même pas s'il en parlera à quelqu'un de toute façon parce qu'il sent au fond de lui que ça leur appartient à tous les deux et qu'il a envie de garder ça pour lui, comme un souvenir délicat qu'il aurait peur de souiller en le confiant aux autres. Leur première fois, ce soir, sera unique. Parce qu'ils ont attendu d'être prêts. Ou peut être qu'ils ne le sont pas en vérité mais en tout cas ils en ont envie. Ca se sent dans leurs gestes, dans leurs regards, dans leurs souffles qui se percutent avant de fusionner, dans leurs corps qui s'appellent et se cherchent, c'est dans l'air, c'est partout. Personne n'est jamais vraiment prêt pour franchir ce grand pas qu'est la première fois, parce qu'il signifie beaucoup de choses, parce qu'il est bourré de mystères, parce que c'est se dévoiler comme jamais, c'est avoir peur de se tromper, c'est se soumettre au jugement, c'est se découvrir autrement, c'est ouvrir en grand une porte vers un intime qu'on gardait alors secret. C'est accepter de livrer son corps, aussi, et si Terry l'avait laissé se faire malmener par les coups de ceinture de son père et sous les poings des mecs avec qui il se battait, il était impatient de l'offrir aux paumes et aux lèvres de Freya. Qu'elle guérisse ses plaies, qu'elle panse ses blessures, qu'elle embrasse sa peine. Faire l'amour pour la première fois c'est terrifiant et il a peur Terry même s'il ne le dit pas vraiment et il le sent que c'est compliqué de passer outre ses appréhensions. Mais il le fait. Il se montre tel qu'il est, sans artifice ni faux semblants, sans essayer de faire le fier ou le viril. Il sait qu'il ne l'est pas de toute façon. Qu'il est trop maigre pour se la péter une fois son t-shirt retiré. Alors il se tait et laisse Freya décider de ce qu'elle pense de lui tandis qu'il essaye de la rassurer en même temps qu'il voudrait se rassurer lui, tente de lui prouver que tout va bien, qu'il n'y a pas de pression, qu'ils peuvent tout arrêter si elle le désire. La preuve ultime, en revanche, il n'a pas réussi à la prononcer et peut être que c'est parce que personne ne lui a jamais dit qu'il ne sait pas les dire, ces putains de mots d'amour, peut être parce qu'aimer en vérité, il le découvre tout seul puisqu'il n'a pas eu d'exemple et que c'était pas livré avec un mode d'emploi. Il a essayé de lui dire "je t'aime" pourtant. Il a cherché le truc, là, au fond de sa gorge, au fond de son coeur et il sait qu'il le ressent mais... Ca ne veut pas sortir. Pourquoi ça ne veut pas sortir ? Putain Freya pardonne moi. J'suis qu'un con hein? Un putain de con qui sait pas dire à sa meuf qu'il l'aime. Tu dis que c'est pas grave mais je te connais bunbun, je le connais ce mouvement de lèvre le matin quand je viens te chercher en bas de chez toi et que tu veux me faire croire que tout va bien. Je le connais ce regard voilé par la déception, je l'ai vu trop souvent quand tu me parlais de ton père, de ta mère, ou de tes frères. Pardon de pas être à la hauteur de ce que tu attends de moi. T'es déçue de moi, mais je t'aime, Freya.
Alors lorsqu'ils s'allongent sur le lit ses yeux le lui hurlent aussi fort qu'ils le peuvent. Peut être qu'elle le perçoit et que son coeur entend les cris du sien. Il espère en tout cas. Quoi qu'il en soit, c'est avec toute la tendresse dont il est pourvu qu'il tourne sa tête vers lui et qu'il lui sourit. Regarde-moi, Freya, regarde au fond de mes yeux ce que ma bouche sait pas encore te dire. Regarde-moi, parce que moi, je te vois. Et lorsqu'elle tourne enfin son visage d'ange vers lui il sent ses côtes se faire broyer par l'explosion de son coeur, littéralement percuté par la vulnérabilité et la beauté qui se dégagent de sa petite amie, ses cheveux blonds contre son front qu'il vient dégager avec ses doigts avant de l'embrasser, la main de Freya qu'il pose contre son coeur. Il a envie qu'elle le touche, qu'elle le rassure, qu'elle lui montre qu'elle aussi en a réellement envie et c'est ce qu'elle fait. Terrence… T’es beau pour moi. J’te le prouverai. Elle a dit Terrence, pas Terry et il s'écarte, bouleversé. Beau? Lui, il se trouve horrible. Il se trouve moche et trop maigre, trouve que ses cheveux sont trop bouclés, que son nez est trop épais, que ses dents sont de travers et ses sourcils trop épais. En temps normal, il aurait ricané et balayé la remarque d'un revers de main en soufflant, aurait dit "arrête tes conneries" parce que les compliments il ne savait pas les recevoir sans imaginer qu'ils étaient faux. Mais là, tout de suite, il a envie de la croire. Il a envie de penser qu'elle le trouve beau, qu'elle le trouve à son goût, qu'il a de l'importance. J'sais pas ce que je suis exactement ou ce que je fous sur cette Terre, au mieux j'suis un p'tit machin qu'on abandonne à tout va. Au pire, un défouloir. Mais toi Freya, toi, t'es toujours là. T'es toujours là... et quand tu me regardes comme ça je... Et c'est être parce qu'elle le sent fébrile qu'elle lui grimpe doucement dessus, sa jambe qui passe de l'autre côté de son bassin et son visage qui se rapproche du sien. Surpris, il inspire puis tout se bloque. Freya..? On va apprendre tous les deux. On va s’découvrir, on va s’rendre beau ensemble. On va oublier nos familles, on va mettre de côté nos vies d’merde. C’est notre moment à nous. Mais ne ferme pas les yeux, Terry. J’veux pas que tu te caches de moi. Il la regarde comme si elle venait de lui donner la solution ultime à toutes leurs emmerdes, comme si elle venait d'apporter enfin le soulagement dont il avait besoin. Ils ne seront peut être pas des pros, mais ils le feront ensemble. Loin des autres et loin du monde, isolés dans cette chambre silencieuse au milieu du bordel de la fête du nouvel an qui régnait dans la maison. Il autorise ses mains à venir la saisir délicatement par les hanches avant de remonter contre la peau son dos. Ouais... Qu'il souffle contre ses lèvres, les poumons qui reprennent enfin du service. Délivré du poids de la vie, enfermé dans un cocon avec Freya, il la regarde plus profondément que jamais derrière ses cheveux qui forment un voile protecteur autour de leurs visages, l'envie qui gronde, sourde, dans son boxer. Il vient glisser une main contre sa joue et l'attire contre sa bouche pour la goûter encore, le coeur qui lui défonce le torse et le souffle qui accélère. Elle se détache, descend le long de sa mâchoire et il lâche un soupir en basculant la tête en arrière dans l'oreiller, yeux fermés. La peau brûlante, il essaye de briser un à un les murs qui l'empêchent de se lâcher totalement, bouffé par la peur d'être nul et ridicule, dévoré par l'angoisse d'être rejeté si jamais il n'était pas à la hauteur. J’ai la flippe, Terry, mais j’vais me montrer courageuse. Pour toi, j’suis prête à être n’importe quoi. Et ce sont les mots qu'il avait besoin d'entendre, Terry, parce qu'ils sont deux à avoir peur finalement, parce qu'ils se lancent ensemble dans ce truc un peu fou, parce qu'ils se laissent guider par leurs instincts adolescents et qu'au final il n'y avait rien d'autre à faire que ça. Se laisser guider. Il sent qu'elle vient prendre une de ses mains pour la poser sur son sein et il perd pied, électrisé, le cerveau qui disjoncte, le coeur qui cogne, la gorge sèche. D'un geste hésitant il ressert un peu ses doigts, les yeux dans les yeux, l'écoute lui dire que c'est à lui et il sait pas trop quoi répondre si ce n'est un soupir de désir, la bouche à nouveau prisonnière de celle de sa petite amie qui désormais ondule doucement du bassin. La chaleur qui s'empare de lui est inqualifiable et il lâche un gémissement, s'empêche d'en laisser s'exprimer un deuxième, se sent stupide et troublé et se demande pourquoi il a perdu sa fougue. Peut être parce que pour une fois il a retiré le masque, Terry, peut être que c'est ce qu'il est, sous le déguisement : un mec un peu intimidé et qui a peur de tout. Mais face à l'audace de Freya il décide de continuer sur sa lancée et glisse ses deux mains dans son dos pour dégrafer son soutien gorge et il rit en laissant retomber sa tête en arrière parce qu'il n'y arrive pas du premier coup et qu'il se sent terriblement con. Pourtant, quand le tissu tombe enfin au pied du lit il a retrouvé son sérieux et l'appétence au fond des yeux. Il la veut. Et il veut être à elle. Alors doucement, il la bascule sur le dos et s'impose avec force et douceur au dessus de son corps, laisse sa bouche découvrir ses clavicules et puis ses seins, sa langue qui fait son chemin, le souffle brûlant et les paumes qui lui caressent les flancs. Et surement qu'il ne tiendra pas longtemps, Terrence, surement qu'il sent déja la morsure un peu pressente entre ses jambes qui lui rappelle que c'est sa première fois alors sans attendre il se met debout, gêné, se retourne, bafouille un truc, retire son pantalon et son boxer, ouvre une capote un peu maladroitement et rigole encore parce qu'il a du mal à l'enfiler, fini par revenir en passant une main dans ses cheveux qui lui tombaient devant les yeux, à genoux entre les pieds de Freya. Est-ce que je suis trop pressant, dis? Est-ce qu'on est prêts à un truc plus intime genre les préliminaires? Est-ce que toi, t'as pas peur de faire face à ça sans rougir? Moi j'ai la flippe de me dévoiler à toi. Et là, je sais pas si je tiendrais longtemps. Tu m'excites beaucoup trop.. Et c'est sans un mot qu'il se penche, retire doucement son pantalon et sa culotte en la fixant de ses yeux verts un peu hésitants et le spectacle qui s'offre à lui lui crame les joues autant que les poumons. Est ce que son coeur avait déja pulsé si vite? Est-ce que son désir avait déja été si violent? Freya... murmuré alors qu'il lui écarte les jambes les mains fébriles et qu'il s'allonge lentement contre son bassin. C'est fort, c'est puissant et il vient caler sa tête contre son cou tandis qu'il bouge un peu, les mains qui viennent faire prisonnières celles de sa petite amie. Freya. Et soudain il ne réfléchit plus, glisse une main entre eux pour tenter de ne pas se tromper d'endroit et il tremble, Terry, furieusement, ses épaules qui frémissent un peu trop fort pour qu'il ne s'agisse que du froid. Pourtant, il sait ce qu'il doit faire. Sur un coude, il baisse la tête pour être certain de ne pas faire n'importe quoi, la regarde à nouveau, les yeux qui se veulent rassurant malgré la trouille qui lui vrille le bide. Je... Mais il n'arrive plus à parler. Seuls des soupirs rauques s'échappent de sa gorge tandis qu'il comprend qu'il est au bon endroit et que son sexe ne se trompe pas de chemin. Il voudrait lui demander si elle est prête, mais il voit au fond de son regard d'ebene qu'elle l'est. Alors il rentre doucement en la fixant du regarde pour vérifier que tout va bien, le coude qui vient se replacer contre le matelas et le front qu'il calle contre contre son épaule. C'est étrange et chaud et alors qu'il allait lui demander si elle n'avait pas mal, il entend son prénom gueulé depuis le couloir. Terry?? Terry?? Putain il est où ce con ? Terry?? Freya ?? Est-ce que quelqu'un les a vu?? C'est bientôt minuit là!! Il s'arrête, Terrence, les sourcils levés et les lèvres pincées pour ne pas éclater de rire et murmure ils peuvent toujours nous chercher hein? avant d'embrasser Freya et de continuer doucement à s'introduire en elle alors que depuis le salon les autres criaient déjà bonne année. Les gestes sont maladroits mais il y va doucement, Terrence, la voit grimacer et s'arrête à chaque fois, la sent s'agripper à ses épaules et lui demande si ça va. Et puis au fur et à mesure des minutes, les mouvements se font plus amples, plus assurés. C'est la tempête en lui, sa vision se trouble, ses mains tremblent quand il lui caresse la joue, ses lèvres hésitent quand il l'embrasse et son souffle saccadé trahit son émotion. Il lui fait l'amour. Il est en elle et ils ne font plus qu'un et c'était fou de se dire qu'ils avaient attendu si longtemps pour le faire mais il était heureux que ça se fasse finalement aujourd'hui. Parce que le sourire sur son visage lui prouvait qu'ils avaient eu raison de ne pas se presser. Alors qu'il prenait de l'assurance et que son souffle se transformait graduellement en gémissements étouffés contre la peau de Freya il sent que ça vient. C'est brutal, rapide et il n'avait pas prévu que ça vienne si vite, même s'il s'y était attendu. Non non non non pas maintenant ! Mais il ne peut rien retenir et c'est un flot ardent qui se déverse partout en lui. Putain !! Putain Freya je - Il se contracte, le dos vouté et le corps pris de spasmes et il ferme fort les yeux, la jouissance qui lui enserre le corps et le ventre qui brûle comme un volcan en éruption. Il n'avait jamais connu ça et ça le surprend, ça le transcende et le fait décoller loin loin, là où ses pieds ne pourraient plus toucher terre. La bouche ouverte et le souffle court, il redescend er réalise soudain ce qui vient de se passer. C'est la honte. C'est la putain-de-grosse-honte. Il a éjaculé en 5 minutes chrono. Un silence s'installe et il ignore si c'est mauvais signe mais il décide de se laisse aller sur le corps moite de Freya, les lèvres collées à sa peau et la respiration erratique. Pardon... et pour reprendre contenance il se racle la gorge avant se retirer et de rouler à côté d'elle, les mains mollement posées sur son torse et les coudes sur le matelas. Putain j'suis désolé. J'suis...vraiment désolé. Et il tourne la tête vers elle pour connaitre sa réaction, savoir si elle le trouvait nul ou si ça la faisait marrer. Savoir s'il pouvait la prendre dans ses bras ou aller tout de suite de rhabiller.
Dernière édition par Terrence Oliver le Sam 1 Fév 2020 - 2:00, édité 2 fois |
| | | | (#)Lun 13 Jan 2020 - 18:10 | |
| Il y a une aura délicieuse et intemporelle à ce moment entre eux. Des souffles un peu drogués, un peu imbibés, des plaies que l’on veut colmater, guérir doucement mais avec audace, des blessures visibles à portée de lèvres mais aussi, surtout, celles qu’on ne voit pas. La sensibilité de Freya qui est presque décuplée, en même temps qu’un élan de courage certain de vouloir entraîner Terrence là où ils veulent aller. Le long chemin de briques jaune est à eux, mais hors de question de finir en singe volant. Des vulgaires pantins ils ne sont pas et c’est à cette liberté que la suédoise jouit de cet instant qu’ils s’accordent. Loin du tumulte de la fête, loin de l’euphorie des autres corps de la maison qui résonne, qui fait du bruit, qui est peut-être sur le point d’exploser. La jolie blonde s’accroche au bouclé comme s’il n’y a que lui qui compte, et c’est le cas. Elle ne voit que lui, elle ne respire que par lui, son cœur marche à l’unisson avec le sien. Leurs bustes collés le prouvent, ils sont dans une harmonie parfaite, comme des pièces salement brisées qui ont su se trouver et s’emboiter ensemble avec toutes leurs imperfections et leurs craquelures. Freya hume avec plaisir quand Terrence finit par assumer ses pleins droits sur elle. Elle n’est libre que dans ses choix et son choix le plus ultime à ce moment précis, c’est de le laisser la découvrir, en même temps qu’elle le découvre lui. Sa main sur sa poitrine est un test et, bordel, quel test. Il y a une nouvelle danse de leurs lèvres et aussi celle inédite de leurs bassins dont Freya se savoure de l’entendre gémir doucement. C’est beau, elle veut répéter ce son, elle qui se mordille la lèvre alors que ses cordes vocales manquent de s’exprimer. A bout de souffle certainement, déjà prise de court devant l’avalanche d’émotions et de sentiments qui la transpercent de partout, de plein fouet et dont elle est surprise.
C’est tellement intime, c’est se mettre à nu et elle aurait presque envie de clôturer ses bras contre elle quand Terrence prend l’initiative d’ôter son soutien-gorge. Il y a toujours l’appréhension de ne pas être à la hauteur, de ne pas être comme il aurait penser qu’elle serait alors que d’habitude, elle a des tonnes de vêtements pour pouvoir se camoufler et se protéger. Mais le doux rire de son copain devant la difficulté de l’agrafe réussit à la détendre un peu parce qu’ils sont sur un même pied d’égalité au final. Freya sourit, parce que c’est innocent, c’est beau, c’est relaxant de l’entendre rire. Elle ne voit que le reflet de la lumière extérieure sur son visage mais ça lui suffit pour voir l’ombre de son regard alors qu’il réussit enfin et qu’elle se retrouve le buste nu devant son regard d’adolescent. La blonde déglutit doucement, son propre souffle attendant une réaction de sa part pour pouvoir reprendre de plus belle.
Elle n’est pas franchement déçue. (Même si elle n’a pas d’attente particulière car elle est naïve, elle est innocente, elle est vierge et elle est ignorante.)
Le brun retourne la balance et Freya passe naturellement sous lui, à sa merci la plus totale, se laissant faire comme la poupée docile qu'elle est. Elle le lui a dit, elle lui fait confiance. Ses mains ne le quittent pas, se posant tranquillement sur ses flancs alors que Terrence apprend la ligne de ses courbes de ses lèvres. Et là, la suédoise ne peut pas retenir ses cordes vocales, elle ne peut pas empêcher les soupirs qui sortent de ses lippes et les frissons qui lui parcourent l’échine. On ne lui a jamais fait ça avant. Jamais elle ne s’est sentie aussi spéciale qu’à ce moment-là. Est-ce que c’est normal d’avoir l’impression d’être unique ? De le supplier de ne jamais s’arrêter, de continuer jusqu’à en perdre haleine, que les frissons sont autant d’impatience que de peur, autant d’amour que d’interrogations ? Terrence se détache déjà d’elle et le manque se fait sentir, ne serait-ce que sa chaleur dont elle laisse un râle insatisfait émettre son mécontentement soudain de la laisser à la merci de la froideur de la pièce. Pourtant, c’est l’été, on est au Australie et il fait tout sauf froid. Mais Terrence brûle et il l’enflamme d’une façon inédite qui n’a rien avoir avec les rayons du soleil, un soleil absent mais dont son copain remplace allègrement dans cette nuit parsemée de lumières. Mais la seule qui la réchauffe est en train de balbutier et qu’elle se relève sur ses avants bras pour le regarder, n’osant pas intervenir alors qu’il se sépare avec hâte du reste de ses habits. La pénombre atténue aussi bien la peur qu’elle accentue l’inconnu, l’un n’allant pas vraiment sans l’autre au final. Elle voit ses doigts tremblants mais encore une fois, est-ce qu’elle est censée l’aider ou il risque de mal le prendre ? Demande-moi, parle-moi, Terry, je ne sais pas ce que tu attends de moi. Et c’est encore pire quand il s’attaque à son propre pantalon. Son ventre se contracte et son corps entier se met à trembloter car il sait, il sent ce qu’il va arriver. Freya ne réagit pas, elle relâche ses bras pour retrouver le confort total du matelas et elle l’observe, le laissant prendre pleine commande, ses émotions lui aboyant dans les oreilles et résonnant dans ses tripes. Et pourtant, elle a envie de lui. Evidemment qu’elle a envie de lui. On aurait pu croire que ce qu’elle a pris plus tôt dans la soirée aurait pu aider mais c’est tout le contraire ; tout est multiplié, tout est accentué, tout est plus intense. Terrence qui lui écarte les jambes, Terrence qui vient sur elle, Terrence qui lui prend les mains, Terrence qui murmure chaudement son prénom, Terrence qui n’est pas sûr. Freya déglutit, Freya se raccroche à ses doigts, Freya se cale à sa respiration, Freya lui embrasse les cheveux quand il se niche dans son cou. Il n’est pas rassuré, elle ne l’est pas plus. Et pourtant, quand il a l’air de la questionner d’un simple regard, elle presse ses jambes un peu plus autour de lui ; je suis prête, je t’attends, tu peux venir.
Être prête, c’est tellement quelque chose d’abstrait. On ne l’est jamais vraiment. Une de ses mains vient s’accrocher à son épaule et Freya ne cache pas une légère grimace alors qu’elle le sent, bordel qu’elle le sent rentrer. Elle n’arrive pas non plus à cacher la légère larme, mais elle ignore si c’est l’émotion ou une douleur fugace. Pourtant, elle garde ses jambes autour de son copain et elle fourre sa tête dans l’amas de ses boucles alors qu’il a sa tête posée contre son épaule. Un cocon protecteur, rien qu’à eux, vivant un des moments les plus importants de leurs vies. Son autre main vient se poser contre son cou pour le rapprocher encore plus d’elle et elle lâche un léger gémissement avant qu’elle n’entende « Terry?? Terry?? Putain il est où ce con ? Terry?? Freya ?? Est-ce que quelqu'un les a vu?? C'est bientôt minuit là!! » Ledit Terry lève son visage vers elle et elle peut percevoir une lueur amusée, aussi bien dans la brillance de ses yeux à peine éclairés que sur le ton employé. « Ils peuvent toujours nous chercher hein? » Elle s'en fiche du nouvel an, des célébrations, de résolutions qu'on ne tient jamais. Le sourire de Freya se perd contre les lippes de Terrence qui vient les quérir pour un baiser et ça, ça c’est familier. L’embrasser est devenu aussi naturel que respirer et son ouïe se fait la malle, n’entendant qu’un bourdonnement des gens qui se souhaitent une bonne nouvelle année. La sienne commence remarquablement bien, le garçon qu’elle aime la choyant comme elle ne l’avait jamais été, son cœur gonflé d’un amour et d’une affection débordants. Terrence commence à prendre un certain rythme et Freya se mord la joue. Incrusté en elle, elle savoure ses caresses sur son visage et ses lèvres à elle se font un peu plus insistantes alors qu’il semble hésitant. « N’ai pas peur. » Il n’a pas à l’être. Elle a beau avoir un visage de poupée, elle n’est pas si facilement cassable. Une Doherty qui en a dans le coffre, qui est bien plus résistante et vaillante qu’elle peut le croire. Alors Terry commence à assurer un peu plus et leurs souffles se joignent et s’emmêlent et c’est juste parfait, aussi parfait que ce genre d’instants peut l’être. La chaleur de son bas ventre s’amplifie, ses membres se réveillent, elle n’a jamais eu l’impression d’être aussi vivante. Ses mains caressent la peau de Terrence, n’importe où qu’elle peut toucher, qu’elle peut guérir. Il fait tout le travail parce qu’elle ignore si elle peut/doit faire quelque chose et la connaissant, elle serait capable de tout ruiner. Le prénom de son copain retombe doucement sur ses lèvres, incapable de plus de cohérence, sa respiration saccadée et son cerveau anesthésiée étant réduit à l’état le plus bestial de l’être humain. Mais son cœur lui rappelle que ce n’est pas un simple coup. Ils font l’amour, bordel, il lui fait l’amour et c’est la chose la plus magnifique qu’on peut espérer pour une première fois. Même si ça peut être douloureux, même si c’est un saut dans le vide absolument terrifiant.
« Putain !! Putain Freya je- » Les yeux bruns de Freya le regardent avec appréhension, avec crainte, comme si quelque chose ne va pas. Et elle le voit se courber contre elle, partir dans un univers dont elle n’a jamais mis les pieds et il a l’air de s’y plaire pendant les secondes que cela dure. Elle le jalouse à ce moment-là, frustrée et curieuse de savoir à quoi ça ressemble mais en même temps, la petite suédoise passe une main sur son torse pour aller chercher son palpitant qui s’est emballé et qui est plus frénétique que jamais. « Pardon... Putain j'suis désolé. J'suis...vraiment désolé. » Terrence se détache d’elle et Freya se mord les lèvres entre elles parce que, comment lui faire comprendre que ce n’est pas grave alors que dans le fond, ça l’est quand même un peu ? Il se sépare d’elle, il est à côté d’elle et elle finit par relâcher un soupir de soulagement quand il tourne sa tête vers elle. « C’est pas grave, Terry. » Qu’est-ce qu’elle peut dire d’autre ? La jolie blonde se tourne sur le côté et vient se coller à son côté, une jambe entre les siennes et ses lèvres lui embrassant l’épaule avant de poser son menton dessus. « J’crois qu’ça prouve bien que tu l’as vraiment jamais fait. Ou que j’suis sacrément bonne. » Et elle éclate d’un léger rire devant ses propres mots qui, finalement, la descendent plus basses que terre. ‘Être bonne’, ce n’est pas flatteur, pas pour une fille. C’est être relégué au rang d’objet, d’une chose qu’on regarde pour se faire du bien et qu’on rejette pour le reste. Mais dans sa bouche, à ce moment actuel, ça sonne presque comme un compliment. Freya approche son visage de celui de Terrence pour l’embrasser tendrement alors que sa main vient se balader sur son torse nu. « Bonne année à toi, hotshot. » Elle lui mordille doucement la lèvre avant d’embrasser sa joue, son nez, ses sourcils. « Je sais pas ce qu’on est censés faire parce qu’moi, j’ai très envie de découvrir l’monde où t’es allé. » L’extase, l’envie, le point culminant. Est-ce que tu peux m’y emmener, Terrence ? Est-ce que je peux voir à quoi ça ressemble, là-bas ? Je brûle encore, j’ai besoin que tu fasses quelque chose, n’importe quoi, mais ne me laisses pas comme ça.
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| | | | (#)Sam 1 Fév 2020 - 1:59 | |
| En arrivant ici ce soir, il ne pensait pas que ça se finirait ici, dans ce lit, avec Freya nue en dessous de lui, leurs cerveaux à moitié anesthésiés par les drogues qu'ils s'étaient enfilés et les coeurs sur le point d'exploser. Il avait souvent imaginé ce que ça ferait et à quoi pourrait ressembler sa première fois, mais ne s'était pas attendu à pas que ça se déroule comme ça, de manière impromptue chez son pote Sammy au nouvel an alors que tout le monde beuglait à côté en se souhaitant la bonne année. Entre Freya et Terry, c'est maladroit, sensuel, adolescent. Ils se découvrent, mais s'apprivoisent et il se débat avec son envie et sa raison, Terry, se demande si c'est une bonne idée de faire ça alors qu'ils ne sont pas tout à fait dans leur état normal, s'interroge sur le fait qu'il ne veut pas gâcher ce moment si spécial ou, pire, ne pas s'en souvenir. Pourtant, quand ses mains frôlent sa peau, que ses lèvres emprisonnent les siennes et que ses gémissements parviennent jusqu'à ses tympans il sait qu'il n'oubliera rien. Ils plongent dans l'inconnu, tous les deux, parce qu'une première fois ce n'est pas rien, c'est un engagement, c'est un pas en avant, c'est l'envie d'aller plus loin. Ensemble, ils ne le sont pas depuis si longtemps que ça, un an tout au plus et jamais il ne s'était attendu à se laisser attraper le coeur comme ça, Terry, lui le ptit mec un peu trop sûr de lui en apparence, lui le petit con avec son joint collé entre les lèvres à scander à qui voulait bien l'écouter qu'il avait peur de rien ni de personne. Il avait eu faux partout. Parce que son coeur ne lui appartenait plus et qu'il flippait comme jamais allongé là, entre les jambes de la fille qu'il aimait. Il était fier comme un paon de se pavaner dans la cours du lycée avec Freya à son bras, usait souvent d'arrogance pour s'attirer les regards jaloux des autres mecs, mais dans cette chambre mal éclairée il n'en menait pas large, les épaules tremblantes et le souffle saccadé. Et alors qu'il l'entend l'encourager de sa voix douce il reprend confiance, s'agite doucement en elle, le bassin qui ondule avec tendresse et la bouche entrouverte collée contre la sienne. Il ne sait plus à quel moment il a effacé les contours de son corps, Terrence, pour fusionner avec sa peau à elle, mais il aime ça, terriblement. Le monde autour disparait, les voix s'éteignent et plus rien ne subsiste que leurs souffles fébriles et leurs gestes fragiles. C'est la première fois et il sent que ça vient vite, Terry. Bien trop vite même. On l'avait prévenu pourtant de penser à des trucs dégueulasses pour ne pas faire le puceau et pas éjaculer en deux secondes. On lui avait donné des astuces, mais dans le feu de l'action il avait tout zappé, fixé au fond de ses yeux sombres, son coeur vibrant au rythme de ses soupirs, l'esprit perdu dans un ailleurs bien trop nébuleux pour qu'il puisse parvenir à penser à que ce soit de désagréable. Mais malgré toute sa bonne volonté, ce qu'il redoutait venait finalement d'arriver. Il se sent minable, Terry. Minable. Inutile. Lamentable. Faible. Et alors qu'il se retire, honteux et les joues rouges, il aurait envie de se laisser rouler du lit pour se cacher en dessous pour ne plus jamais en sortir. C'est débile putain. J'ai tout gâché... j'ai tout gâché j'suis nul. Il déglutit, pourrait se frapper lui-même s'il ne se retenait pas, imaginait déjà Freya raconter à ses copines que son mec était un putain d'éjaculateur précoce qui n'avait pas tenu quatre minutes. Pourtant, elle lui assure que ce n'est pas grave. Ouais, pas grave hein, j'ai jouit comme un con et c'est pas grave... Mais elle ne s'éloigne pas, Freya, se rapproche même, se colle et l'encercle de son corps tout en lui embrassant l'épaule. J’crois qu’ça prouve bien que tu l’as vraiment jamais fait. Ou que j’suis sacrément bonne. Il esquisse un semblant de rire tout en se mordant la lèvre en l'entendant rire aussi, la regarde et fronce le nez. Je l'avais jamais fait, non. Toutes ces putains de rumeurs comme quoi j'ai baisé Nicole, Laura et Maddy, c'est que des conneries. Et ... j'ai pas envie de dire que t'es bonne, c'est vulgaire. Mais.. t'es sacrément.. fin.. Il hausse les épaules et se plaque une main contre les yeux. Il ne se reconnait plus, se sent vraiment honteux. De tout. Et alors qu'il comptait lui dire un truc du genre "aller, laisse tomber j'suis nul mais la prochaine fois ça sera mieux", il sent ses lèvres chaudes venir se poser sur les siennes, ses doigts fins qui parcourent son torse. Il frissonne, retire sa paume de son visage et vient la perdre dans ses cheveux. Bonne année à toi, hotshot. Il sourit tendrement. L'observe, marque un temps. Bonne année, bunbun. Peut être qu'il s'était dit qu'elle s'en tiendrait à ça, que c'était terminé pour ce soir, qu'ils allaient se rhabiller et redescendre faire la fête. Mais elle semble brûler d'un feu nouveau, Freya, pas rassasiée, pas satisfaite. Je sais pas ce qu’on est censés faire parce qu’moi, j’ai très envie de découvrir l’monde où t’es allé. Il inspire et sa respiration se bloque. Est-ce que je comprends bien? Et-ce que t'as envie que je... ? Soupir. Il tremble à nouveau, ses yeux qui viennent se perdre au fond des siens pour y trouver une réponse. Et ce qu'il y voit l'incite à la basculer sur le dos, les mains qui, délicatement, viennent se saisir de ses cuisses. Il ne sait pas trop ce qu'il doit faire en vérité mais il se laisse guider un peu gauchement par son intuition, l'atroce sensation qu'il va encore faire ça de travers accrochée férocement tout au fond de ses tripes. Pourtant il y va. Il explore. Il goûte. Il l'entend répondre à ses coups de langue, au touché de ses doigts et ça dure, c'est long, mais il tient bon, veut se faire pardonner, veut lui faire oublier ce qu'il n'avait pas su lui donner. Et quand il la sent se cambrer en gémissant plus fort il comprend alors qu'il a réussi, qu'il n'est peut être pas si nul que ça finalement, qu'elle ne va peut être pas raconter à ses copines qu'il est à chier, Terry. Peut être qu'il était assez bien pour qu'elle veuille le garder.
C'était assez étrange, comme soirée. Une première fois, ca peut se passer de bien des manières et surement que des années après, Terry en garderait un souvenir doux-amer, quelque chose de bon mais de mal fait, comme s'il avait fauté. Il y repenserait comme une expérience qui l'avait marqué tout en espérant l'oublier, parce qu'il n'avait pas réussi à être à la hauteur de ce que l'instant méritait. Et s'il ne garderait en mémoire que l'échec, il occulterait surement avec quelle tendresse ils étaient restés l'un contre l'autre une bonne heure durant, les doigts frôlant les doigts, les mots d'avenir lancés jusqu'au plafond comme des promesses de lendemains meilleurs, sourires épinglés partout contre les joues. Il négligerait surement aussi la suite, deux ados totalement heureux mais fatalement défoncés, qui, main dans la main, avaient rejoints la soirée comme si de rien n'était, identiques en tout points à ce qu'ils étaient juste avant, mais totalement différents pourtant. Et ils avaient célébré ce début d'année 2007 comme ils l'avaient désiré, cacheton sur la langue et bière dans la main, la musique trop forte et les yeux à demi-fermés en ignorant la tempête à venir et les nuages sombres au dessus de leurs têtes. Parce qu'ils se pensaient invincible et immortel, Terry.
Mais la vie allait vite se charger de lui prouver qu'il s'était lourdement trompé.
- fin -
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| | | | | | | | She brings the rain (freya) |
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