Lorsque Wylda avait reçu le message de Caleb, elle n’avait pas trop su comment réagir, hésitant entre la joie à l’idée de revoir son cousin et la rancune à l’égard de la façon dont il l’avait traitée deux ans plus tôt et les mois qui avaient suivi. La surprise avait d’abord fait son apparition, étonnée qu’il soit déjà au courant de son retour à Brisbane. Mais l’étonnement avait très vite été dissipé lorsqu’elle s’était souvenue que Romy n’était pas exactement la personne la plus indiquée lorsqu’il s’agissait de tenir sa langue, d’autant qu’elle n’avait pas vraiment précisé que son retour était une sorte de secret d’état ; parce que ça n’était pas le cas. Mais la brune aurait aimé rester discrète, au moins les premiers jours. Avoir le temps de retrouver ses marques, de mettre de l’ordre dans ses idées et d’appréhender ce nouveau départ avec sérénité au lieu de se sentir complètement perdue comme elle l’était. Cette demande de mutation était apparue comme une évidence, comme la solution logique aux problèmes qu’elle n’avait pas encore mais qui ne tarderaient pas à faire leur apparition si elle continuait sur cette voie et s’évertuait à s’investir dans une relation vouée à l’échec. Pourtant, tourner le dos à la vie qu’elle avait menée ces dernières années à Sydney n’avait pas été facile et elle avait d’ailleurs évité de se lancer dans des adieux larmoyants, préférant annoncer son départ au dernier moment à son entourage le plus proche et ce quelques heures avant d’embarquer pour son vol. Pour les marines, ça avait été différent ; elle avait eu droit à une espèce de cérémonie du plus mauvais goût puisqu’elle avait été orchestrée par son ancien amant en personne. Chaque mot sonnait comme une douce supplication à rester dans cette base à ses côtés, mais elle avait conservé un air froid et détaché tout au long. Maintenant qu’elle était revenue dans sa ville natale, il lui restait à peine quelques jours pour mettre ses affaires en ordre avant de reprendre le travail et de faire sa grande entrée dans cette nouvelle caserne, là où elle passerait désormais tout son temps. Elle avait commencé avec Romy en l’emmenant une journée entière sur un bateau afin de renouer – ou plutôt de réamorcer un début de relation – et elle se serait bien arrêtée là si seulement elle n’avait pas reçu ce sms qu’elle avait presque été tentée d’ignorer. Le sujet Caleb était encore différent de celui de sa sœur puisque leur relation n’avait jamais souffert de son départ pour rejoindre les rangs de la RAN. Non, les choses s’étaient détériorées des années plus tard lorsqu’elle avait dû choisir sa mission et son engagement au lieu de se montrer présente pour lui au décès de LV. Au début, elle avait compris sa colère, mettant ça sur le compte de la tristesse et de la mort brutale de sa partenaire de vie. Mais en dépit de ses excuses, le brun s’était terré dans une espèce de rancune qui l’avait finalement amené à ne tout simplement plus lui adresser la parole. Wylda avait tenté de faire preuve de compréhension, mais un certain stade elle avait fini par abandonner, blessée et en colère par le comportement puéril de son cousin. Que croyait-il, que la mort de LV ne l’avait pas touchée elle aussi ? Qu’elle avait préféré frôler la mort au large des côtes chinoises plutôt que de pleurer avec lui sur la tragédie qu’il venait de vivre ? La brune pouvait souvent faire preuve d’égoïsme, mais ce reproche était tout bonnement injustifé. Et c’est avec ces pensées qu’elle prit la direction du Starbucks, pas vraiment certaine de la conduite qu’elle adopterait lorsqu’elle se retrouverait face à Caleb. Poussant les portes du café à à quinze heure moins dix – la ponctualité et le sens du timing étaient pratiquement maladifs chez elle – la jeune femme laissa son regard balayer la pièce avant de constater, sans surprise, qu’il n’était pas encore arrivé. Sans l’attendre, elle se commanda un café noir sans sucre avant de prendre place à une table, se laissant aller contre le dossier du petit fauteuil en fixant la porte d’entrée, les sourcils froncés. Finalement, la frimousse de son cousin fit son apparition et même si une part d’elle bondissait de joie à l’idée de le revoir après autant de temps, elle conserva son air froid en le regardant arriver jusqu’à elle. « Salut. » Lança-t-elle simplement tandis qu’il prenait place devant elle, laissant s’installer un début de silence pesant entre eux.
C’est en plein milieu d’une conversation lambda que Romy avait lâché l’info. « Wylda est à Brisbane. » Elle est de retour. Ma première réaction était positive, j’étais heureux de savoir qu’elle était de retour à Brisbane, j’avais envie de partir en courant jusqu’à chez elle pour lui faire une surprise. Mais après je suis redescendu sur terre. Je ne peux pas faire ça. Parce qu’elle m’en veut sûrement de m’être comporté comme le dernier des connards avec elle. Et elle a tous les droits. Je m’en veux aussi. J’ai été con. Très con. Wylda a toujours été importante pour moi et depuis notre plus jeune âge on a toujours été proches tous les deux. Son départ à Sydney aurait pu nous éloigner mais non. On s’appelait très régulièrement et c’était moi qui lui passais toutes les nouvelles de la famille au grand complet. Dès que je le pouvais je partais la voir un week-end voire encore plus longtemps à Sydney. Bref. C’est Wylda. Et puis il y a eu la mort de LV. J’attendais son retour pour les funérailles avec impatience. Et quand elle m’a annoncée qu’elle ne pourrait pas venir, j’ai eu l’impression que mon monde venait de s’écrouler. Je venais me perdre la femme de ma vie. La femme avec qui j’allais me marier, celle que j’aimais par-dessus tout. Je venais de la perdre. Je l’avais tué dans un accident de voiture. Je m’en voulais tellement. J’avais besoin de Wylda à ce moment-là. J’avais besoin qu’elle soit là avec moi le jour où je verrais le cercueil de ma fiancée, quand j’allais devoir lui dire au revoir pour la dernière fois. Mais elle n’était pas là. Je l’ai pris comme une trahison. J’avais juste l’impression qu’elle me lâchait dans la période de ma vie où j’avais le plus besoin de sa présence à mes côtés. Elle s’est pourtant excusée je ne sais combien de fois. Elle m’a relancée une bonne dizaine de fois, elle prenait de mes nouvelles mais je ne lui répondais pas. Et un jour, elle a elle aussi arrêté de m’adresser la parole. Je ne peux pas lui en vouloir pour ça. C’est légitime de sa part. Si vous saviez le nombre de fois où j’ai pris mon portable, ouvert ma conversation avec elle et tenté de lui envoyer un long message pour lui expliquer ce que j’ai ressenti quand elle m’a dit qu’elle ne pourrait pas être là pour les funérailles. Une bonne dizaine de fois j’ai essayé de l’appeler pour m’excuser de mon comportement. Mais je ne l’ai jamais fait. Par fierté certainement. C’est con. C’est même super con. Mais je compte bien me rattraper. Surtout si elle est définitivement de retour. J’ai pris mon courage à deux mains, laissé ma fierté de côté et je lui ai envoyé un message. J’avais peur qu’elle ne me réponde pas. Et de toute façon si je n’avais pas eu de réponse je l’aurais harcelé de messages jusqu’à ce qu’elle daigne me répondre. Je suis presque sûr que ça l’aurait énervé mais tant pis, tant que j’obtiens un rendez-vous avec elle moi, tout me va.
À treize heures j’ai rendez-vous avec un fournisseur du restaurant. On doit parler de tout un tas de choses bien ennuyantes et cette rencontre se termine une heure et demie plus tard. Ce qui me laisse le temps d’arriver à notre lieu de rendez-vous. Je n’aime pas arriver en retard je suis quelqu’un de très ponctuel et je sais que sur ce point-là ma cousine et moi on se ressemble beaucoup. Je suis même persuadé qu’elle sera déjà installée à une table à attendre mon arrivée. Et c’est avec cinq minutes d’avance que je fais mon apparition dans le café. Je me commande un thé English Breakfast et en attendant ma boisson, je parcours la pièce du regard. C’est très vite que mon regard croise le sien. J’ai envie de foncer vers elle et la prendre dans mes bras tout en lui disant à quel point elle m’avait manqué. Mais elle me rejetterait clairement. Ce qui est normal. Je m’avance vers elle avant de poser mon thé sur la petite table, et je prends place en face d’elle. « Salut. » Bon, ça aurait pu être pire non au moins elle me salue ? Je me désespère… « Salut. » Je répète. Bêtement. Je la regarde. Je déteste percevoir cette froideur dans son regard. Je n’en ai pas l’habitude. Mais en même temps il fallait que je m’y attende. Je sais qu’elle ne dira rien de plus et qu’elle attend que ça soit moi qui prenne la parole en premier. Mais je prends mon temps. Je réfléchis à ce que je peux lui dire sans l’énerver. Je suis content de la voir. Vraiment, vraiment. On a jamais passé autant de temps sans s’adresser la parole. Elle m’a manquée pendant ces deux années. J’ai le droit de lui dire tout ça ? Je suis toujours là, à la regarder comme un con sans être capable de lui dire quoique ce soit. Je me racle la gorge et je prends mon thé pour en boire quelques gorgée comme si cette boisson pouvait me donner un peu de courage. « Tu m’as manqué. » Genre vraiment beaucoup. Je lève les yeux vers elle pour observer sa réaction. Je sais que je vais pas m’en sortir avec tant de facilité. C’est pas avec un sourire et une petite phrase qu’elle va me pardonner. « Et.. Je suis désolé. Vraiment. J’aurais pas dû me comporter comme ça avec toi, tu méritais pas ça. » Elle ne méritait tellement pas ça. Je l’ai rejeté alors qu’elle n’a pas arrêté de faire un pas vers moi. « Et je suis aussi désolé d’avoir mis autant de temps pour m’excuser. Parce que sur le coup j’étais en colère mais c’était surtout ma tristesse qui parlait. Sauf que ça fait un bon moment que je me suis rendu compte que c’était moi qui avait les torts dans cette histoire. Et j’ai attendu qu’elle soit de retour à Brisbane pour lui présenter mes excuses. Je suis con, elle a le droit de me le dire.
Choisir un lieu public était probablement une bonne stratégie si l’on connaissait un tant soi peu le tempérament flamboyant de Wylda. Elle démarrait souvent au quart de tour – surtout quand le sujet la touchait tout particulièrement – mais le fait d’être au milieu d’une foule la canalisait quelque peu. Elle avait beau avoir un sale caractère, faire des esclandres ne faisait pas partie de ses habitudes. Elle ne cessait de se répéter qu’elle était une représentante de la Navy, et ce même lorsqu’elle était en civil. En général, ça l’aidait à relativiser et à se calmer. En apparence du moins. Une fois que Caleb fit à son tour son entrée dans l’établissement, son cœur se serra quelque peu même si elle mit un point d’honneur à ne pas laisser la moindre trace d’émotion se poser sur son visage. Il l’avait blessée et seul son statut de membre de la famille lui avait évité de se faire envoyer sur les roses par la brune. En effet, si un inconnu lui avait fait la même chose, il aurait déjà été mort et enterré dans son esprit. Elle l’observa se commander un thé avant de laisser échapper un « Salut » pour la forme tout en se disant que ce premier pas était déjà bien assez au vu des circonstances. « Salut. »Le jeune homme avait sa tête de chien battu, signe évident qu’il savait qu’il avait quelque chose à se reprocher. En ce sens, lui et Romy se ressemblaient beaucoup ; on lisait facilement en eux. Si d’habitude cet air faisait immédiatement fondre la brunette, aujourd’hui c’était différent. Deux ans, c’était long. Suffisamment long pour qu’elle se construise une carapace en béton armé pour ne plus être touchée par le silence de son cousin. Elle laissa le silence se prolonger, se retenant presque de croiser les bras en haussant un sourcil, l’air de dire « Qu’est-ce que tu vas bien pouvoir me dire pour expliquer ton attitude de connard, Anderson ? » Le brun avala quelques gorgées de sa boisson fumante, presque comme si celle-ci allait pouvoir lui insuffler un peu de courage avant de se lancer. « Tu m’as manqué. »Ah oui ? Drôle de façon de le montrer. Peut-être que s’abstenir de lui donner signe de vie était sa façon tordue à lui de lui faire comprendre, allez savoir. Il lui adressa un sourire qu’elle ne lui rendit pas, continuant de l’observer en silence, attendant de voir ce qui allait suivre. « Et.. Je suis désolé. Vraiment. J’aurais pas dû me comporter comme ça avec toi, tu méritais pas ça… Et je suis aussi désolé d’avoir mis autant de temps pour m’excuser.»Caleb continuait sur sa lancée, et si ces paroles étaient celles qu’elle avait désespérément attendu pendant près de deux ans, elles ne lui apportaient pas le réconfort auquel elle s’était attendue. Se faire traiter de la sorte par la personne dont elle était la plus proche dans cette famille avait été un véritable coup de massue pour elle, d’autant que la mort de LV l’avait elle aussi chamboulée. Elle n’était pas une inconnue mais bien une véritable amie à ses yeux, et le simple fait que son cousin remette en cause toute cette relation lui avait fait beaucoup de peine. Evidemment, la colère et la tristesse expliquaient beaucoup de choses, et sans doute qu’elle lui aurait immédiatement reparlé s’il avait repris ses esprits bien plus tôt. Mais là, ça faisait deux ans. Et encore, la situation se serait probablement éternisée si elle n’était pas revenue à Brisbane, elle en était persuadée. Ses pensées se bousculaient dans sa tête tandis qu’elle réalisait que cette entrevue réveillait davantage de douleur que de sentiments positifs. « Non, je méritais pas ça. Et ce sont pas tes excuses qui vont y changer quelque chose Caleb. T’as agis comme si j’étais la pire personne sur cette planète, comme si tout ça ne comptait pas pour moi. Et me dire qu’il t’a fallu deux ans pour… » Un rire sans joie l’empêcha de terminer sa phrase tandis qu’elle sentait la pression monter d’un cran. «... Pour te décider à t'excuser. Et encore, heureusement que je suis revenue à Brisbane. J'aurais encore attendu longtemps sinon.» L'ironie perçait dans sa voix tandis qu'elle s'évertuait à garder son calme en dépit de la colère qui grondait en elle.
Je n’étais même pas sûr que Wylda répondrait à mon message d’hier. Elle aurait pu m’ignorer et après tout je l’aurais bien mérité c’est ce que j’ai fait pendant deux ans avec chacun des messages qu’elle a pu m’envoyer. Depuis que j’ai reçu sa réponse je me suis passé environ un million de possibilités d’excuses en tête. Et je suis bien conscient que mes excuses ne vont pas tout arranger. J’ai l’impression d’avoir complètement gâché notre relation, cette complicité qu’on avait tous les deux. Wylda c’est pas seulement ma cousine, elle est bien plus que ça. Et c’est peut-être pour ça que je lui en ai tant voulu de ne pas avoir été présente pour les funérailles de LV. Je sais que ce ne sont pas réellement de bonnes excuses, pas du tout. Et elle ne méritait pas que je la traite de cette façon. Je peux peut-être déjà commencer par ça non ? C’est ce que je fais, mais son regard reste toujours aussi froid. Putain elle m’en veut vraiment beaucoup. Elle semble rester insensible à mes excuses. Bon en même temps, je ne pensais pas que quelques mots gentils et un sourire allaient suffire à arranger les choses mais j’avoue que j’aurais plutôt bien aimé. « Non, je méritais pas ça. Et ce sont pas tes excuses qui vont y changer quelque chose Caleb. T’as agis comme si j’étais la pire personne sur cette planète, comme si tout ça ne comptait pas pour moi. Et me dire qu’il t’a fallu deux ans pour… » C’est un rire qui vient terminer sa phrase. Mais pas ce rire que je pouvais entendre régulièrement il y a encore quelques années, c’est plus comme un rire sans joie. Je sais que je l’ai blessé, et je m’en rends encore plus compte maintenant que je la vois. Elle est là, devant moi et elle adopte cette attitude extrêmement froide et distante avec moi. Chose qu’elle ne faisait jamais avant. «... Pour te décider à t'excuser. Et encore, heureusement que je suis revenue à Brisbane. J'aurais encore attendu longtemps sinon.» Je ne peux pas lui dire que ce n’est pas vrai et que dans tous les cas elle aurait reçu un message de ma part parce que c’est faux. Elle a raison et c’est ça le pire. Je me rends compte que si elle n’était pas revenue ici j’aurais encore attendu des mois voire peut-être des années avant de refaire un pas vers elle. Je suis con. J’ai été con. Je laisse de nouveau un silence de quelques secondes s’installer. Je réfléchis à ce que je pourrais bien lui dire sans m’enfoncer davantage. « Je suis désolé. » Voilà la seule chose que je trouve à lui dire pour le moment. Mais je me reprends très vite. « J’ai essayé plusieurs fois de t’envoyer un message pour m’excuser, je t’assure. Mais j’ai jamais eu le courage de te les envoyer. » Elle risque de me demander pourquoi et là, je n’ai pas réellement une réponse à lui donner parce que je ne sais pas moi-même.
Je déteste la voir comme ça avec moi et si je pouvais faire machine arrière je changerais complètement mon comportement avec elle. Je cherche les bons mots à utiliser. Les excuses ne servent à rien, elle me l’a dit. Il faut donc que je tente de lui expliquer mon attitude. Qui, selon moi était totalement excusable les premières semaines voire même les premiers mois. Mais après je n’ai plus aucune excuse et je tente même pas de m’en chercher. « J’ai juste eu l’impression que tu m’abandonnais au moment de ma vie où j’avais le plus besoin de toi. » J’essaye d’être sincère, au maximum. « Mais maintenant je sais que c’était pas le cas, je comprends pourquoi t’as pas pu être là. T’as pas vraiment eu le choix et je t’assure que maintenant avec du recul je le comprends. Mais c’est juste que… » Et c’est à mon tour je ne pas réussir à finir ma phrase. Je me stoppe un moment. Tout simplement parce que même deux ans plus tard, parler de la mort de LV me brise encore complètement le cœur. J’ai toujours beaucoup de mal à parler d’elle. Je l’ai fait avec Prim la dernière fois et je me suis pourtant rendu compte que ça m’avait fait énormément de bien. Mais ça reste très difficile pour moi. Je prends une grande inspiration, et je continue. « Sur le coup je t’en voulais tellement de pas avoir pu te libérer rien qu’une journée. Pour moi mais pour elle aussi. Et après il m’a fallu plusieurs mois pour réussir à me mettre à ta place et pour te comprendre. J’ai essayé plusieurs fois de prendre de tes nouvelles ou juste de m’excuser. Mais je savais très bien que t’allais m’en vouloir. Et c’est normal d’ailleurs. Parce que j’aurais dû m’excuser plus vite je le sais. » J’ai envie de retrouver ma cousine, celle avec qui je passais tant de temps, celle avec qui j’ai partagé des tas de choses. Elle me manque, et je comprends qu’elle m’en veuille. « Je suis vraiment désolé. Et je sais très bien que c’est pas des excuses comme ça qui vont tout arranger… » Mais j’espère tout de même que mes excuses auront un certain impact et qu’elles vont lui permettre de peut-être comprendre un peu mieux le comportement que j’ai eu avec elle ces dernières années. LV me manque. Ma cousine me manque. J’aimerais pouvoir lui dire qu’Alex et de retour dans ma vie et qu’elle est de nouveau en train de me faire craquer, que je sais pertinemment qu’elle finira encore par nous faire souffrir, mais que ça ne m’empêche pas de la laisser entrer dans ma vie pour la deuxième fois. J’ai envie de lui demander comment elle va, de savoir ce qu’il s’est passé dans sa vie depuis deux ans et j’aimerais savoir ce qui l’amène à être de retour ici, à Brisbane. Mais je ne lui dis rien de tout ça.
On aurait facilement pu croire que deux ans était une période suffisamment longue pour préparer des excuses potables, mais apparemment ça n’était pas encore assez pour Caleb qui l’observait presque la bouche en cœur, espérant sans doute qu’un « Je suis désolé » fasse l’affaire pour que leur relation reparte de plus belle. Sauf que Wylda ne l’entendait pas de cette oreille, et elle se sentait presque vexée qu’il n’ait pas élaboré un discours plus approprié. A quoi s’attendait-il exactement ? A ce qu’elle se jette dans ses bras en lui disant que tout était pardonné ? Ça aurait pu être le cas quelques semaines après le décès de LV, mais une si longue période signifiait qu’il se fichait bien d’elle et qu’il n’accordait aucune valeur à leur amitié. Ils avaient beau être de la même famille, la brune l’avait toujours considéré comme le frère qu’elle n’avait jamais eu. Le fait qu’il tourne la page aussi facilement sur elle au vu de l’estime qu’elle lui portait avait été une gifle supplémentaire pour la militaire qui avait préféré elle aussi faire une croix sur lui plutôt que d’attendre désespérément des nouvelles qui n’arriveraient jamais. Elle avait déjà pris sur elle de venir aujourd’hui, par respect pour ce qui les avait liés à l’époque. Mais si Caleb n’avait pas changé d’un pouce sur ces deux années, il demeurait aujourd’hui un parfait étranger à ses yeux. Son cousin ne lui aurait jamais tourné le dos de cette façon, c’était inconcevable. Même le deuil n’expliquait pas une réaction aussi blessante. Alors, la jeune femme écoutait ses belles excuses tout en sentant la colère monter en elle face à une tentative aussi lamentable de recoller les morceaux. Oui il l’avait fait se sentir comme une personne exécrable, incapable de se libérer pour les funérailles de son amie. Oui il l’avait fait passer pour une égoïste alors même qu’elle était partie risquer sa vie pour leur pays. Et oui, elle était convaincue que cette situation n’aurait pas bougé d’un pouce si elle était restée à Sydney. Un silence pesant s’installa entre eux après la première salve de reproche – pourtant contenue – de la jeune femme à l’égard du brun et elle continua de le fixer avec froideur. S’il attendait d’elle qu’elle lui facilite la tâche, il se mettait le doigt dans l’œil. « Je suis désolé. » Voilà qu’il recommençait. « J’ai essayé plusieurs fois de t’envoyer un message pour m’excuser, je t’assure. Mais j’ai jamais eu le courage de te les envoyer. » Et maintenant il lui parlait de courage, est-ce que c’était une blague ? « Ah parce qu’envoyer un simple « Salut, ça va ? » ça exige une dose mortelle de courage, c’est ça ? » Elle secoua la tête en levant les yeux au ciel, refusant en bloc ses explications bancales. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle aurait pu comprendre son silence après son absence à l’enterrement. Elle n’était pas stupide ou dénuée de compassion, elle savait très bien que sa présence était plus qu’attendue et que cette mission était tombée au pire moment. « J’ai juste eu l’impression que tu m’abandonnais au moment de ma vie où j’avais le plus besoin de toi. Mais maintenant je sais que c’était pas le cas, je comprends pourquoi t’as pas pu être là. T’as pas vraiment eu le choix et je t’assure que maintenant avec du recul je le comprends. Mais c’est juste que… » Le regard de la brune se teinta de tristesse en le voyant si démuni face à la mort de LV, encore après tout ce temps. Ses épaules retombèrent un peu mais elle s’abstint de tout commentaire, attendant qu’il termine de formuler ses pensées à haute voix. « Sur le coup je t’en voulais tellement de pas avoir pu te libérer rien qu’une journée. Pour moi mais pour elle aussi. Et après il m’a fallu plusieurs mois pour réussir à me mettre à ta place et pour te comprendre. J’ai essayé plusieurs fois de prendre de tes nouvelles ou juste de m’excuser. Mais je savais très bien que t’allais m’en vouloir. Et c’est normal d’ailleurs. Parce que j’aurais dû m’excuser plus vite je le sais. » Wylda observa son cousin, pas vraiment étonnée par ce qu’il lui disait là. Elle avait eu le temps de se torturer les méninges afin de comprendre les raisons de son silence, de son obstination à ne pas répondre à ses messages ou ses appels. Vraiment, elle comprenait tout ça. La majorité de son entourage ne comprenaient pas que la Navy passe avant tout le reste, qu’elle puisse mettre la priorité sur une mission plutôt que d’être présente pour ses proches. Elle ne cherchait la bénédiction de personne, mais de la part de Caleb ce comportement l’avait étonnée. Il était le seul à lui avoir rendu visite de façon régulière à la base, même à Melbourne lorsqu’elle était encore aux études. Il était également le seul à qui elle se confiait sur ce qu’il se passait, sur les doutes qu’elle avait parfois ou les appréhensions face à certaines épreuves. Il l’avait encouragée et motivée, il savait parfaitement par quoi elle était passée pour en arriver là aujourd’hui et il était également la seule personne de son entourage à être au courant de l’importance de son travail. Parce qu’il en connaissait les moindres détails. Ce choix ne s’était pas fait de gaité de cœur, mais Wylda avait espéré qu’il comprenne. Mais non, il n’avait pas compris. Pire, il l’avait diabolisée et avait choisi de la rayer de sa vie. « Je suis vraiment désolé. Et je sais très bien que c’est pas des excuses comme ça qui vont tout arranger… » En effet. La brune laissa un soupir s’échapper de ses lèvres et elle attrapa sa tasse de café pour en boire une gorgée, le temps d’assimiler ce qu’il lui avait dit et de mettre de l’ordre dans ses émotions. « Je sais tout ça Caleb. Je comprends ta douleur comme je comprends le fait que tu m’en aies voulu de pas être présente. Je pensais juste que tu comprendrais toi aussi que si j’avais pu être présente, j’aurais tout fait pour être là. Mais le chagrin et la colère ont pris le pas sur ce qui aurait dû être une évidence. » Elle haussa les épaules. « Je l’ai compris à l’époque et je le comprends encore maintenant. Ce que je n’explique pas, c’est le fait que t’aies été capable de laisser passer autant de temps sans faire le premier pas après le nombre d’appels et de messages que je t’ai laissé… J’me suis pratiquement mise à genoux pour que tu me pardonnes, et t’as même pas daigné me donner un signe de vie. Rien. Même pas un « Wylda, j’ai besoin de temps… » non… T’as préféré faire le mort et me laisser avec une culpabilité que je devrais même pas ressentir. » Elle serra les dents, contenant tant bien que mal son irritation. « J’en déduis donc que si tu as su te passer de moi pendant deux ans, tu sauras très bien continuer comme ça pour la suite. T’as fais ta bonne action en voulant t’expliquer maintenant que je suis là, c’est chose faite. J’espère que tu te sens mieux maintenant. » Elle ne pensait sans doute pas un mot de ce qu’elle venait de dire, mais tel un animal blessé, Wylda répondait pas l’attaque. La brune s’empara une nouvelle fois de sa tasse afin de se redonner une contenance, détournant le regard vers l’extérieur avec froideur.
Je sais très bien que j’ai merdé et je savais aussi pertinemment que Wylda n’allait pas tout me pardonner aussi facilement, mais je ne pensais pas pour autant qu’elle serait aussi dure avec moi. Après tout je le mérite, j’ai passé les deux dernières années de notre vie à l’ignorer. J’étais la seule personne de notre famille à ne pas lui avoir tourné le dos et j’ai fini par faire la même chose que les autres, je me suis plongé dans un mutisme que je regrette tellement. Je me sens con d’avoir agi de la sorte. Mais j’ai la désagréable impression que quoique je dise et quoique je fasse, elle ne me le pardonnera jamais. « Ah parce qu’envoyer un simple « Salut, ça va ? » ça exige une dose mortelle de courage, c’est ça ? » Non. Et elle a raison c’est ça le pire. C’est moi qui suis en tort dans cette situation. Elle a tous les droits de m’en vouloir. Je ne lui réponds pas, parce que de toute façon on connait tous les deux la réponse à cette question. J’essaye de me livrer à elle, j’essaye de lui expliquer mon comportement. Simplement parce que je veux qu’elle comprenne pourquoi je me suis comporté comme un con. « Je sais tout ça Caleb. Je comprends ta douleur comme je comprends le fait que tu m’en aies voulu de pas être présente. Je pensais juste que tu comprendrais toi aussi que si j’avais pu être présente, j’aurais tout fait pour être là. Mais le chagrin et la colère ont pris le pas sur ce qui aurait dû être une évidence. Je l’ai compris à l’époque et je le comprends encore maintenant. Ce que je n’explique pas, c’est le fait que t’aies été capable de laisser passer autant de temps sans faire le premier pas après le nombre d’appels et de messages que je t’ai laissé… J’me suis pratiquement mise à genoux pour que tu me pardonnes, et t’as même pas daigné me donner un signe de vie. Rien. Même pas un « Wylda, j’ai besoin de temps… » non… T’as préféré faire le mort et me laisser avec une culpabilité que je devrais même pas ressentir. » Je la regarde, je la laisse s’expliquer et m’exposer son point de vue. Et elle a raison. Mais je ne sais pas si ça peut la rassurer mais des signes de vie, je n’en ai donné à personne pendant un très long moment. Et je pense que c’est tout simplement parce que je ne vivais plus tout simplement. Seules les personnes qui venaient me voir avaient le privilège de pouvoir s’assurer que j’étais encore bien en vie. Parce que je ne parlais à personne à ce moment-là, elle n’était pas la seule. Mais tout ça elle ne le sait pas. Parce que je n’ai jamais eu l’occasion de lui parler de LV, de sa mort et de ce que j’ai pu ressentir à ce moment-là. « Mais putain j’étais en colère Wylda. » Je lui réponds, presque d’un ai désespéré. « Pas seulement contre toi, j’étais en colère contre tout le monde et tout temps. J’étais en colère contre mes parents parce qu’ils arrêtaient pas de m’appeler et ça m’énervait, tu peux même pas savoir à quel point. J’en ai même presque voulu à Prim et Romy parce qu’elles venaient me voir après ses cours pour Prim et Romy après son boulot. J’étais tout le temps énervé pour rien. Et je m’en voulais surtout à moi-même parce que c’est moi qui l’ai tué dans ce putain d’accident. » Romy et Prim m’ont elles aussi envoyées de nombreux messages sans que je leur réponde. La différence c’est qu’elles, elles étaient à Brisbane donc elles pouvaient venir me voir pour maintenir le contact. À la mort de LV, je me suis braqué et je refusais l’aide de n’importe qui. Je voulais qu’on me laisse tranquille, et tout seul. J’avais envie qu’on me laisse gérer mon deuil de la manière dont j’avais besoin. Et c’est ce qu’ils ont fait. Romy et Prim ont été très présentes pour moi à ce moment-là sans pour autant en être étouffantes. Et je me rends compte que je ne sais même pas comment Wylda a vécu le décès brutal de LV. Parce qu’elles étaient amies, je sais qu’elles s’entendaient très bien et qu’elles se parlaient plutôt régulièrement. Mais je ne sais pas comment elle a encaissé la perte de son amie. Et je m’en veux. Parce qu’elle de son côté elle était seule et elle a dû gérer son chagrin seule. Alors qu’on aurait pu essayer de gérer ça à deux. « J’en déduis donc que si tu as su te passer de moi pendant deux ans, tu sauras très bien continuer comme ça pour la suite. T’as fais ta bonne action en voulant t’expliquer maintenant que je suis là, c’est chose faite. J’espère que tu te sens mieux maintenant. » Et là elle a réussi à me blesser. C’est sans doute ce qu’elle cherchait à faire, parce que j’ai passé les deux dernières années de ma vie à la blesser elle. Je la regarde et je ne sais même plus quoi lui dire. Elle est braquée, et on n’arrivera à rien à ce rythme-là. « Tu crois vraiment que je fais ça pour me soulager la conscience ? » Je lui demande, toujours en la regardant. Elle vient de me prouver qu’au final elle ne me connait pas si bien que je le pensais. Je sais que j’ai merdé et sans doute je mérite qu’elle me fasse galérer pour avoir son pardon. Mais là, elle m’a blessé et je ne pense pas avoir mérité autant de haine de sa part. « Je pensais que tu me connaissais mieux que ça. » Elle risque de me dire qu’elle ne me connait plus, parce que ça fait deux ans qu’on ne s’adresse plus la parole. Moi je sais que je lui aurais répondu quelque chose comme ça à sa place. Je l’imite, attrapant mon thé pour en boire un peu. J’étais loin d’imaginer que ce rendez-vous tournerait autant à la catastrophe.
Wylda continuait d’observer son cousin avec froideur, son seul moyen pour ne pas totalement céder à la colère qui grondait en elle. Il la regardait avec tristesse, presque avec compréhension. Comme s’il savait qu’il était en tord et qu’il était prêt à accepter ses reproches. Sauf que cet air de chien battu qu’il lui lançait l’exaspérait plus qu’il ne l’adoucissait. La brune avait été profondément blessée par son comportement, et le fait qu’il n’ait que des excuses insipides à lui offrir après deux années de silence ne faisait qu’exacerber l’énervement qu’elle ressentait depuis qu’il avait ouvert la bouche pour prononcer la première salve de « je suis désolé. » Elle laissa donc les vannes s’ouvrir, commençant à lui expliquer qu’elle avait beau avoir compris ce qu’il traversait au début, cela n’excusait et n’expliquait en rien pourquoi il avait cru bon de laisser deux années se passer sans lui donner le moindre signe de vie. Elle lui avait envoyé des messages à n’en plus finir, avait tenté de l’appeler, de prendre de ses nouvelles ; mais rien n’y faisait. Il s’était terré dans un silence plein de rancœur, lui faisant ressentir une culpabilité à l’égard de LV et de lui-même qu’elle lui en voulait d’avoir déclenché en elle. La brune savait qu’elle n’aurait pas pu être présente, que son devoir venait en priorité avant tout le reste. Et même avant elle. Caleb l’écoutait sans un mot, tenant entre ses mains sa tasse de thé tout en plongeant son regard dans le sien. Wylda le fixait, serrant les dents pour s’empêcher de devenir plus agressive, pour se tempérer avant d’exploser en plein milieu du Starbucks. « Mais putain j’étais en colère Wylda… Pas seulement contre toi, j’étais en colère contre tout le monde et tout temps. J’étais en colère contre mes parents parce qu’ils arrêtaient pas de m’appeler et ça m’énervait, tu peux même pas savoir à quel point. J’en ai même presque voulu à Prim et Romy parce qu’elles venaient me voir après ses cours pour Prim et Romy après son boulot. J’étais tout le temps énervé pour rien. Et je m’en voulais surtout à moi-même parce que c’est moi qui l’ai tué dans ce putain d’accident. » Romy et Prim avaient effectivement pu être là, elles. Faire fi de son silence et être présentes, en dépit des rejets à répétition dont il faisait état. La militaire comprenait sa colère, parce qu’elle l’avait ressentie elle aussi. Elle aurait aimé pouvoir le soutenir au travers de cette épreuve terrible, comme ils avaient toujours été présents l’un pour l’autre depuis toutes ces années. Mais sa colère avait bien dû se muer en quelque chose d’autre à un moment, en quelque chose qui aurait dû lui permettre de prendre sur lui et de refaire surface dans sa vie. Il savait à quel point elle était proche de LV, il avait dû se douter que sa mort ne l’avait pas laissée indifférente. Elle avait respecté son deuil, mais s’était retrouvée à faire le sien loin de tout le monde et sans personne à qui parler. LV n’était pas que la copine de son cousin, elle était aussi une véritable amie et un roc sur lequel elle s’était appuyée à maintes reprises lorsque les choses devenaient parfois trop difficiles à supporter à l’étranger. Elle avait failli perdre sa jambe, mais n’en avait parlé à personne afin de respecter la situation de Caleb qu’elle jugeait plus digne de l’attention de leur famille que sa propre blessure. Alors oui il avait été en colère ; elle aussi. « Ca explique peut-être que t’aie été un connard au début Caleb, mais pour le reste ça sert à rien de chercher des excuses ; t’en as aucune. » Elle haussa les épaules, laissant son regard se perdre une nouvelle fois par la baie vitrée, un goût d’amertume dans la bouche. Elle ne supportait pas cette situation. Son cousin était comme un frère pour elle et elle aurait aimé pouvoir mettre tout ça derrière eux avec une accolade et un petit sourire. Sauf qu’elle ne pouvait pas contrôler ce qu’elle ressentait et qu’elle avait davantage envie de lui coller une baffe pour lui faire comprendre à quel point il avait été con que de le prendre dans ses bras. Elle termina donc en lui disant l’exact opposé de ce qu’elle pensait, sans pouvoir s’empêcher d’appuyer où ça faisait mal. Elle voulait le blesser comme il l’avait blessée elle, inconsciemment ou non. « Tu crois vraiment que je fais ça pour me soulager la conscience ? » Non, pas vraiment non. Wylda décida toutefois de se murer à son tour dans un silence pesant, se contentant simplement de le fixer. « Je pensais que tu me connaissais mieux que ça. » La brune resta quelques secondes sans rien dire en continuant de l’observer, ses pensées se bousculant les unes aux autres. Soudain, elle décida de se lever d’un bond, attrapant son sac dans un geste qui traduisait toute sa mauvaise humeur. Elle n’était pas prête à faire un esclandre dans un lieu public, et c’était précisément ce qui allait se passer si elle poursuivait cette conversation. « Moi aussi Caleb. » Se contenta-t-elle de répondre avant de tourner les talons et de prendre la porte de la sortie, laissant son cousin seul avec ses pensées lui aussi. Cette rencontre ne s’était pas exactement déroulée comme elle le pensait, même si elle n’avait pas forcément eu d’attente à ce sujet. Mais il aurait été utopique de croire qu’elle serait parvenue à conserver son calme après ces deux années à se demander ce qu’elle avait bien pu faire pour mériter ce comportement de la part de Caleb.