En revenant de la cérémonie je ne suis pas rentrée comme tous les autres à la Base, mais je suis venu ici, au cimetière. Ayant laissé ma casquette d'officier dans la voiture, je marche entre les différentes pierres tombales, appréciant le silence et la sérénité du lieu. Pas un seul bruit, pas un son humain, juste le vent dans les arbres et les piaillements des oiseaux. C'est comme si j'étais dans une bulle de silence, dans un autre monde. Mais pas un monde de bonheur et d'allégresse, mais plutôt un monde de remise en questions, de douleur morale et de questionnement intense.

Ais-je fait les bons choix ? Suis-je réellement légitime en tant qu'officier ? Est-ce vraiment un rang qui me convient ? Honorais-je sincèrement mes médailles, mes galons et autre décorations accrochées sur ma veste ? La réponse à ces questions à toujours été évidente : oui. Oui j'ai toujours voulu gravir ces échelons et oui je suis fier de ces insignes que je porte sur la poitrine. Et pourtant, aujourd'hui, tout cela me semble être un mauvais sort, un cauchemars éveillé. Car ce statut élevé ne me confère pourtant pas le droit de décorer des soldats de l'armée de terre qui étaient au front , ceux qui sont mort pour la patrie et ceux qui reviennent, blessé physiquement, traumatisé moralement. Alors non, je ne me sens pas légitime, en tant qu'officier de la Royal Australian navy, soit celui qui n'a jamais combattut et qui ne s'est que très rarement retrouver dans des conflits, à offrir une récompense à ces jeunes soldats qui n'ont pas été assez bien préparer à le dureté du terrain.

M'immobilisant devant une tombe, je prend une profonde inspiration et, retirant ma veste, je l'accroche à la pierre avant de défaire ma cravate et m'installer à même le sol. Pliant soigneusement ma cravate, mon regard se pose sur le nom de frère et ma gorge se sert.  « Je sais, je sais » soufflais-je  «Tu vas me dire 'ah ben enfin il vient l'autre con hein !' » imitais-je la voix de mon frère  « Et ...j'avoue que je n'ai aucune excuse pour ne pas être revenu plus tôt» je me penche en avant et pose la cravate sur le sol devant moi  «Mais aujourd'hui j'avais besoin de venir te voir, Ian » je penche légèrement la tête en arrière et défait les trois premiers boutons de ma chemise  «J'ai été désigné pour aujourd'hui pour décoré les soldats qui sont revenu d'afghanistan » je baisse mon regard sur mes manches et ouvre aussi ici les boutons  «J'ai pas pu le faire » ma voix se brise alors que je lèves mes manches sur mes coudes  «Je ... » je prend une profonde inspiration  «Je n'ai pas bonne conscience en faisant ça » soufflais-je  «Je n'ai jamais combattu comme toi, je n'ai jamais vu l'horreur de la guerre de mes propres yeux. J'ai toujours été en retrait, sur mon navire, à hurler des ordres pour que les autres soldats aillent plus vite dans les petits bateau qui les emmènent au front et je ... »

Je secoue la tête  « J'ai vu ton ancien régiment» reprenais-je sur un ton un peu plus léger  «Ils ont l'air d'aller bien  » je pose mon regard devant moi et commence à arracher l'herbe  «Tu me manques Ian. Tous les jours mais aujourd'hui plus que d'habitude » reprenais-je dans un murmure  «Ezra va bien, James a quitté la ville, Kate semble se faire à sa nouvelle vie et je ...j'ai repris contact avec Papa » je soupire doucement  «Mais rien n'est pareil sans toi.  » je m'humidifie les lèvres et me passe une main sur le visage, fermant les yeux pour refouler un trop plein d'émotions qui risque de me submerger.

@Freya Doherty

Freya n’est pas du genre à se laisser abattre facilement. Enfin, ça dépend des jours. Du placement de la lune dans le ciel. De son karma. Pleins de choses peuvent facilement lui faire perdre son sang froid. Et en l’occurrence, une petite vieille qui se plaint parce que les arrosoirs sont laissés n’importe où et n’importe comment. Freya eut beau lui dire qu’elle n’a pas encore eu le temps de faire le tour des lieux ce matin (fichues paperasseries), que la petite bonne femme ne lui lâche cependant pas la grappe. La blonde grommelle entre ses dents, respire un bon coup tout en priant que tout se finisse dans le calme et la tolérance.

Une heure après, Doherty est en train de faire le tour des allées, tout en ramassant les outrageants arrosoirs effectivement dispersés n’importe où. C’est dans des journées comme ça qu’elle se demande ce qu’elle fiche ici. Heureusement qu’elle a prit quelques gorgées dans le bureau, sinon, elle aurait perdu son sang froid vachement plus rapidement.
C’est clair que quand Tim lui a proposé sérieusement de reprendre le cimetière pour une durée un peu floue, il a oublié de la prévenir qu’elle allait être confronté à une espèce qu’elle ne supporte pas : les personnes âgées.

(De toute façon, t’aimes personne, toi la première. Qu’est-ce que ça change ?)

Freya soupire pour tenter de faire passer une mèche qui lui gêne les yeux, les mains occupées. You can do it, girl. Sérieusement, la prochaine fois, les papiers attendront. Elle ne pourra supporter une fil indienne tous les matins. Et oui, une personne qui attend, c’est déjà une personne de trop. Alors qu’elle remonte une des allées pour aller accrocher ces fichus trucs à leurs crochets, Doherty grogne en voyant que quelque chose d’autre a été oublié sur une tombe. Pas de caillou, pas de mégot, pas d’arrosoir. Mais une cravate.

Elle lève les yeux et voit quelqu’un partir de dos. Freya l’a vu sans le voir. On s’habitue vite à respecter les gens qui viennent visiter leurs disparus – à condition qu’ils ne viennent pas l’emmerder elle. La jeune femme fronce des sourcils avant de jurer entre ses dents (non, il y a des habitudes que l’on ne perd pas). « Hey ! » Oh, c’est subtil, ça, très classe, Freya. Elle se mord la lèvre de frustration avant d’abandonner les arrosoirs sur place pour prendre le bout de tissu qui traînait. Elle espère quand même qu’il ne l’a pas laissé là volontairement. Ça pourrait être gênant et presque irrespectueux, dans ce cas-là.

Elle a fini à la petite foulée pour le rattraper. « Excusez-moi ! J’crois pas que votre proche est besoin d’ça d’là où il est, à part si son fantôme est coquet. » Elle pourrait se sentir honteuse de dire de telles choses mais à vrai dire, non. Les pincettes, elle ne sait pas encore les prendre. Tim n’a pas eu le temps de lui enseigner ça. Mais Freya essaie. Baby steps, baby steps.

Je me tais, écoute, observe et soupire doucement, me sentant quelque peu idiot d'être venu ici et de parler dans le vent. A quoi m'attendais-je aussi ? Une réponse ? Un signe quelconque ? Je suis bien trop rationnel pour prétendre croire au fait que Ian m'entende de l'endroit où il est. Je ferme les yeux, me pince l'arrête du nez et déglutis.  « Quel idiot» soufflais-je, secouant doucement la tête  «Je suis désolé » désolé pour quoi ? De parler avec une pierre tombale ? D'être aussi con ? D'avoir laisser Cian sans explication ? Il doit sans doute se demander ce que je fou, pourquoi je ne suis pas rentrer à la base comme tout le monde. Rouvrant les yeux, je pose une dernière fois mon regard sur le nom de Ian et fini par me relever. J'attrape ma veste et la dépose soigneusement sur mon bras, évitant de quelconques plies avant de repartir vers la sortie du cimetière.

Mais, alors que je me dirigeais vers le portail, une voix féminine m'interpelle avec un 'hey' sonore. J'ai à pleine le temps de me tourner que mon regard se pose sur une jeune blonde qui me tend ma cravate que j'ai oublié sur la tombe. Tandis qu'elle me parle, me disant que le fantôme de Ian n'aura sans doute pas besoin de cette accessoire, j'observe l'inconnue et me rend compte qu'elle n'est pas si inconnue que ça en vrai. Ou du moins que je l'ai déjà vu dans une tout autre posture.

 «Merci » la remerciais-je en lui prenant la cravate des mains pou la poser sur ma veste.  «effectivement j'en aurais dans doute plus besoin que mon frère » reprenais-je sobrement avant de relever mon regard sur la jolie blonde  «Freya, c'est ça ? » demandais-je finalement  « On n'a pas eu l'occasion de se présenter correctement la dernière fois» se rappelle-t-elle de moi ? Vu le cinéma que j'ai face à Cian et elle, il se pourrait bien que oui.  «Thomas » dis-je avec un doux sourire  «Et Cian n'a jamais été 'mon meilleur coup' » précisais-je. Si elle ne m'avait pas reconnue physiquement avant, elle saura sans problème me replacer dans la situation dans laquelle je l'ai trouvée la dernière fois  «il est juste mon meilleur ami, c'est tout » assurais-je, comme si la précision était obligatoire.

@Freya Doherty

Quand l’homme se retourne, Freya fronce les sourcils instinctivement. Bizarre. Elle a la mémoire plutôt sélective, ne retenant que les visages qui lui importent. Et pourtant, elle a la vague sensation de reconnaître ce visage sobre en face d’elle. « Effectivement j'en aurais dans doute plus besoin que mon frère. » Doherty fronce du nez tout en se grattant la tête. Non, elle ne va pas s’excuser mais la gêne qui vient la déferler suffit à la faire sentir un peu coupable. Son indifférence face au monde qui l’entoure la fout parfois dans de beaux draps et il va falloir qu’elle sérieusement apprenne à foutre ce comportement de côté quand elle franchit le seuil du cimetière.

« Freya, c'est ça ? » Okay, donc, elle l’a bien croisé, quelque part, un jour (ou une nuit qui sait). Mais ça fait quand même un peu flippé donc Freya hausse les sourcils alors que le jeune homme continue sur sa lancée. « On n'a pas eu l'occasion de se présenter correctement la dernière fois. Thomas. » La dernière fois… Thomas ? Elle ne se rappelle pas d’un Thomas. En tout cas, ce dernier se met à sourire, comme s'il sait quelque chose qu'elle ignore. La dernière pièce d'un puzzle dont elle ignore la représentation, certainement. Purée, ça devient un peu déstabilisant. Il va vraiment falloir qu’elle fasse un peu attention à sa consommation, parce que les délires de ce genre, ça ne l’a fait pas beaucoup rire. « Et Cian n'a jamais été 'mon meilleur coup'. Il est juste mon meilleur ami, c'est tout. »

Cian… Cian ! Oh, lui, elle se rappelle. Tout se clique et se claque dans sa petite cabosse. Freya claque des doigts avant d’en secouer vers la direction du dénommé Thomas. « Ah, l’amant qui nous a fait une scène ! » Bizarrement, il y a des choses qui restent. Il faut dire que cette situation avait été assez cocasse que ça aurait été bête de ne plus s’en rappeler. « Comme j’ai dit à Cian, vous faites c’que vous voulez de vos fesses. » Freya eut un sourire de coin amusé tout en croisant les bras. « Visiblement, il a parlé d’moi. » Après tout, comment Thomas peut savoir comment elle s’appelle sinon que Cian lui aurait dit ? « Vous lui faites souvent des scènes magistrales comme ça, à votre pote, quand il est en opération drague ? »

Au moins, ça a eut le don de la faire rire sur le moment. Et franchement, rien que de repenser comment Cian a essayé de s’expliquer, d’une façon outrageusement adorable, Freya en rigole encore.
Décidément, elle ne s’était pas attendue à revoir celui qui aurait mérité un oscar pour sa prestation irréprochable, et surtout dans un lieu pareil. Elle a une question qui veut sortir mais non, pas maintenant. Laisse le terrain se préparer, tranquillement, sans brusquer. Après tout, il est venu pour se recueillir en premier lieu et tu ne le connais pas. Ne le fais pas fuir avec tes questions à la con.

Je n'ai pas envie de mettre la jeune femme mal à l'aise en lui parlant de mon frère décédé, mais je ne peux m'empêcher de faire cette précision, essayant ainsi de palier au cruel manque de tact dont elle fait preuve. Et au final, celle que je pensais être une totale inconnue, s'avère n'être personne d'autre que la blonde avec laquelle se trouvait Cian le soit où Oiver s'était échappé. Je vois bien que le fait que je sache son nom la trouble bien plus qu'elle ne souhaiterais le montrer et j'avoue que je me délecte quelque peu de cette légère position de force.

Je fini par lâcher un rire lorsque Freya capte enfin que je suis 'l'amant qui a fait une scène' à l'amiral et secoue doucement la tête quand elle précise que lui et moi pouvons bien faire ce que nous voulons  «Merci de ton approbation » dis-je, demi sourire moqueur sur les lèvres, inclinant légèrement la tête sur le côté  « Mais Cian n'est vraiment que mon meilleur ami. J'ai beau aimé les hommes, il n'en fait pas parti» souriais-je, alors que mon cœur se sert à l'idée que Myrddin ne reviendra pas de Sydney avant toute une semaine.  « Et oui, il a parlé de toi. Enfin, il m'a juste révélé ton prénom et le fait que ayez passé la nuit ensemble, ce qui ne me regarde aucunement.» assurais-je en levant légèrement les mains en signes d'innocence.

Mes lèvres s'étirent à nouveau à la question suivante de Freya. Si je fais souvent des scène magistrales comme à Cian ?  «Oui » la seule réponse possible  « Pas à ce point là, non, mais on est des spécialistes dans le fait de se lancer des piques, de s'emmerder d'une façon ou d'un autre et...» j'hausse les épaules  «La situation était juste trop belle pour pas que je ne la saisisse » souriais-je  « j'espère que je ne t'ai pas trop choqué ...» je secoue doucement la tête  « Enfin cela dit, je pense qu'on pouvait pas faire plus choqué que Cian» je pouffe de rire en me rappelant du visage de mon meilleur ami  «son expression était quand même vachement priceless, tu trouve pas ? » demandais-je sur un ton qui montre bien qu'il n'y a qu'une seule réponse possible.

@Freya Doherty

« Mais Cian n'est vraiment que mon meilleur ami. J'ai beau aimé les hommes, il n'en fait pas parti. » Freya eut une moue impressionnée au visage. « Pourtant, comme j’crois qu’tu l’as dit, c’est un bon coup. C’est dommage de pas profiter de c’que t’as sous la main. » Mais son regard brun tombe sur la main gauche du jeune homme où une bague discrète mais brillante y est accrochée. « Mais j’vois que visiblement, t’as déjà c’qu’il te faut. » Le mariage. Une institution à laquelle Freya ne croit guère. Mais il reste encore des romantiques dans ce bas monde et le jeune homme – Thomas – en fait visiblement parti.

Il lève les mains tout en lui assurant que Cian n’a pas été plus loin dans ses révélations et Freya claque la langue contre le palais. « C’est dommage, j’allais énumérer toutes les positions qu’on a faites. Franchement, tu rates quelque chose. » Ça pourrait être étrange de parler comme ça à un parfait inconnu mais, de un, il n’est finalement pas si inconnu que ça (avoir croisé quelqu’un une fois sans identifier son identité, c’est quand même déjà le connaître, n’est-ce pas?) et de deux, c’est lui qui lui tend la perche. Elle ne fait que la prendre et s’en amuser en retour. « Par contre, vu c’qu’il a bu, ça m’étonne qu’il ait réussi à se souvenir de même juste mon prénom. » Parce qu’il n’a pas bu du petit lait. Mais elle suppose que ça doit être dans ses gènes de savoir l’alcool (contrairement à elle qui malgré ses efforts, n’y arrive toujours pas).

C’est presque beau, cette amitié entre ces deux mâles, pour le peu qu’elle en a vu et qu’elle en sait. Freya se retrouve souvent des trios bizarres, de toute façon, elle finit par avoir l’habitude. Mais les deux ont l’air d’avoir une amitié forte et ça se déroule et démontre un peu plus à chaque rajout de précision de Thomas. Une amitié pure et simple, et qui ne leur laisse apparemment pas de répit. « Vous semblez vous connaître depuis longtemps tous les deux. C’est sympa d’avoir une amitié comme ça. Une belle bromance, quoi, pour l’peu qu’j’ai pu voir. » Elle, elle n’a pas de bromance (il lui manque quelque chose pour ça) mais des sisterhood. Mais elles ne sont pas aussi saines que de simples tacles entre potes.

« J'espère que je ne t'ai pas trop choqué… » A cette phrase, Freya ne peut s’empêcher de rigoler alors que Thomas renchérit. « Enfin cela dit, je pense qu'on pouvait pas faire plus choqué que Cian. » La jeune blonde hoche la tête avec vigueur. « Son expression était quand même vachement priceless, tu trouve pas ? » Comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres. « C’était salopard, quand même. Mais nan, t’inquiètes, il en faut plus me choquer. Et pi, j’me rappelle qu’il était complètement perturbé après. » Cian qui se perd dans ses mots, l’air effaré de sa connerie, puis dépité. « Le pauvre, tu m’l’avais fait buguer. » Freya croise ses bras tout en haussant les épaules. « Mais ouais, clairement… C’est dommage, j’aurai pu filmer ça. Mais en faites nan, parce qu’il était vraiment trop adorable pour lui faire un sale coup. » Et les hommes adorables bourrés, ce sont des perles. Il faut les sauvegarder comme les plus précieux trésors de de la planète.

C'est un sourire un peu gêner que j'offre à la jeune femme lorsque celle me dit que Cian est effectivement un bon coup et que c'est dommage de ne pas 'utiliser ce qu'on à sous la main'. Automatiquement, mon pouce vient caresser l'intérieur de mon alliance que je porte à la main droite hochant simplement la tête lorsque Freya reprend que, visiblement, j'ai déjà ce qu'il faut  « Et bien plus encore» soufflais-je pour lui donner raison.  «EH eh stop ! » l'interpellais-je alors que la jeune femme continue en disant qu'elle aurait m'expliquer toutes les positions qu'ils avaient prit  «Je ne veux pas savoir tout ça ! La vie sexuelle de Cian Atwood ne le regarde que lui et ses conquêtes » dis-je en grimaçant légèrement. Nous nous disons tout, lui et moi, mais il y a bien des choses que nous gardons nous silence (les positions de sexe en font parti)  « Je ne rate rien du tout, ce serait comme faire l'amour à mon frère et on n'est pas dans Game of Thrones» indiquais-je, haussant les épaules.

La suite, elle me fait déjà plus rigoler. Lorsque Freya commente la consommation excessive d'alcool de Cian, je ne peux m'empêcher de secouer doucement la tête  «ça ne m'étonne pas » avouais-je, inclinant légèrement la tête sur le côté  «Je ne dis pas qu'il ait un problème avec la boisson mais … il est pas du genre à savoir dire stop » combien de fois n'ais-je pas déjà été obligé de le ramener dans le dortoir et le border dans son lit après une cérémonie ou autre célébration ?  «Enfin, tant mieux pour vous deux si c'était cool » ajoutais-je finalement en enfonçant ma main libre dans la poche de ma veste.

C'est alors que la jeune femme annonce quelque chose qui n'est on ne peut plus vrai et qui étire mes lèvres en un léger et tendre sourire  « ça fait 20 ans qu'on se connaît, oui» expliquais-je  « Et à vrai dire, la première année on se détestait, mais méchamment» c'est avec une douce mélancolie que je repense à nos premiers mois emplie de haine et de fight en tout genre  «Mais au final il s'est passé pas mal de choses pour lesquelles je lui en serait éternellement reconnaissant et depuis on se quitte plus » j'hausse les épaules  «J'espère que t'as été gentille avec lui quand même. Sinon ... » je pointe un doigt menaçant sur elle, avant de lâcher un rire.

Je fini par hausser les épaules en pinçant les lèvres en une moue innocente lorsque Freya reprend que mon acte était bien salopard quand même et rigole en apprenant que je l'ai totalement fait bugué.  « Haha merde, c'était pas le but» ou peut-être que si ?  « Bon, apparemment il a rapidement fait un reboot» arquant un sourcil significateur, je secoue doucement la tête, amusé par la tournure qu'à prit cette rencontre  «Enfin ouais, il est adorable, ça c'est sûr » pas toujours, parfois il peut être sincèrement con mais je ne vais quand même pas le dire à la jeune femme  « et du coup vous comptez vous revoir ?» autant que je sois au courant pour pouvoir agir au besoin  «Et tu fais quoi dans la vie ?  » demandais-je, autant pour continuer la conversation que pour m'informer sur la peut-être éventuelle future ex copine de mon meilleur ami.

@Freya Doherty

« EH eh stop ! Je ne veux pas savoir tout ça ! La vie sexuelle de Cian Atwood ne le regarde que lui et ses conquêtes. » Freya éclate de rire (encore une fois?) devant l’air effaré du jeune homme. « Hey, à charge de revanche, mon grand ! Fallait pas venir nous faire ton cirque si tu veux pas en subir les conséquences. » Après tout, Thomas a été le premier à avoir ouvert les hostilités, ce n’est pas Freya qui va se gêner. Et en plus, lui, il n’avait sûrement pas l’excuse d’avoir pris un verre de trop ce soir là. Alors c’est avec délice qu’elle savoure la persistance du jeune homme aux yeux clairs (décidément, il n’y a que ça dans ce pays!) à vouloir la faire taire sur la nuit passée avec son meilleur ami.
Mais pour avoir un frère, voire même deux, elle peut comprendre la portée de l’affection de Thomas pour Cian. Et franchement, c’est touchant de voir une amitié si forte.

« Je ne dis pas qu'il ait un problème avec la boisson mais … il est pas du genre à savoir dire stop. » Soudainement, les yeux de Freya semblent trouver plus intéressants ce qui se passe par dessus l’épaule de Thomas. Elle pince les lèvres et cherche à toute vitesse quelque chose à redire. Parce que cette phrase, ça la frappe un peu plus qu’on peut le croire. Freya n’aime pas parler d’alcool, ça la met mal à l’aise. Parce qu’elle non plus ne sait pas dire stop.
Mais ça, Thomas ne le sait pas. Alors elle chasse sa pensée en haussant les épaules. « Il est irlandais, j’imagine que ça joue. J’ai une copine irlandaise aussi, elle a une capacité et une envie affolante. » Elle fait une pause avant de sourire faiblement. « A croire que c’est leur fichu whisky qui coule dans leurs veines au lieu d’sang. » Parce qu’Eavan agonise depuis des mois de ne pas pouvoir ne serait-ce que tremper ses lèvres – et non, recracher n’est pas non plus envisageable, c’est non.

« Mais au final il s'est passé pas mal de choses pour lesquelles je lui en serait éternellement reconnaissant et depuis on se quitte plus. » La jeune femme l’observe évoquer leur amitié qui a commencé sur des chapeaux de roues. « C’est souvent comme ça que commencent les meilleurs amitiés t’façon. »

« J'espère que t'as été gentille avec lui quand même. Sinon ... » Freya lève les mains. « T’inquiètes pas, j’ai bien pris soin d’lui. La preuve, il en a gardé un bon souvenir. Et moi aussi., rajoute-t-elle en faisant un fichu clin d’œil. » Et ne me tentes pas plus que ça, mon grand, ou je te balance la nuit en détail, que tu le veuilles ou non. La blonde eut un sourire amusé tout en croisant ses bras.

« Haha merde, c'était pas le but. Bon, apparemment il a rapidement fait un reboot. » Doherty ne peut pas s’en empêcher. « Je l’ai fait refonctionné, j’en avais besoin, après tout. » (Et non, ça n’a pas été très compliqué pour ça.) « Et du coup vous comptez vous revoir ? » Freya penche la tête sur le côté tout en fronçant légèrement les sourcils. « A vrai dire, j’en sais rien. Enfin, normalement, je fais pas d’relations d’une nuit mais il n’y a pas eu d’suite pour l’instant. » Pour être honnête, elle n’y a pas vraiment réfléchi. D’autres préoccupations à fixer et sa nuit avec Cian n’a été qu’un échappatoire soudain, imprévisible et fulgurant.

« Et tu fais quoi dans la vie ?  » Freya ouvre les bras tout en désignant les lieux. « C’est moi qui suis en charge de tout ce beau monde. » Elle se bataille brièvement avec une mèche qui s’emporte dans le vent. « L’ancien proprio étant limite parti du jour au lendemain, j’me retrouve avec un cimetière à gérer. » Puis elle rajoute, tout en mordillant sa lèvre avec l’œil (un peu) coupable. « Il va falloir que j’améliore mon tact si j’veux perdurer dans l’métier, par contre, j’crois. » Puis elle désigne Thomas du menton. « J'y connais pas grand chose mais tu serais pas dans l'armée? »

Et en plus elle me prend à mon propre jeu, cette garce ! Lorsqu'elle répond à mon air effaré que, pour ne pas avoir les détails de la vie sexuelle de mon meilleur ami, je n'avais pas venir les emmerder ce soir là, me joins rapidement à son éclat de rire  « Tu marques un point » dis-je, amusé avant de secouer doucement la tête  «Mais hey, la situation m'invitait littéralement à aller me foutre un peu de sa gueule » j'hausse les épaules, affichant un air innocent sur mon visage  «Enfin, je suis désolé que t'ai dû vivre la situation. T'étais juste au mauvais endroit au mauvais moment» affirmais-je, secouant doucement la tête.

Je fais ensuite un petit croché par le prétendu problème avec la boisson de mon meilleur ami -problème qui, en soit, n'existe pas, que l'on soit clair- et j'apprends ainsi que Freya a aussi une amie irlandaise qui tient plutôt bien l'alcool, supposant en même temps que c'est leur whisky qui coule dans leur veine.  « En plus il est tellement dégueulasse leur whisky irlandais» grimaçais-je  « ça fait 20 ans que j'essaie de convaincre Cian que le Scotch est quand même bien meilleur que leur truc qu'ils osent appelé whisky, mais il est la pire tête de mule que je connaisse» je rigole doucement, évoquant ainsi avec une douce nostalgie nos années d'amitié qui, apparemment, ne laisse pas la jeune Freya totalement indifférentes.

S'il est vrai que mon amitié avec Cian est très spéciale à mes yeux, elle reste une amitié plutôt banale à mon sens. Nous ne sommes pas les premiers et nous ne seront pas les derniers meilleurs amis qui peuvent se targuer d'être présent l'un pour l'autre tous les jours depuis près de vingt années. L'âge que nous avons joue aussi un rôle, évidemment. Je souris donc simplement, hochant doucement la tête lorsque Freya affirme que c'est ainsi que naissent les meilleures amitiés. Elle n'a absolument pas tort.

Nous partageons ensuite un nouveau rire lorsqu'elle me dit qu'elle a réussi à faire démarrer Cian car elle en avait bien besoin pour la nuit avant de m'avouer qu'elle ne sait pas s'ils vont se revoir étant donné qu'ils n'en ont pas parlé.  « Je vois ...» dis-je doucement  «Bon, de toute manière y a déjà une autre femme dans la vie de Cian » haussais-je les épaules  «Il n'est pas en couple mais il en est encore sacrément amoureux » je pince légèrement les lèvres  «Enfin, si vous vous revoyez, tu ne lui dis pas ce que je viens de dire compris ? Il risque de me tuer s'il apprend que j'ai dis quoique ce soit sur son ex relation » je grimace, l'air contrit.

Et puis, finalement vient la question qui me turlupine depuis que je les ai vu la première fois ensemble : mais que fait donc cette jeune femme dans la vie ? La réponse est très simple : elle est en charge du cimetière car l'ancien propriétaire est parti du jour au lendemain. Je lui offre un léger sourire amusé lorsqu'elle m'annonce qu'elle devrait faire preuve de plus de tact si elle veut perdurer dans le métier  «Effectivement, ce serait pas mal » dis-je en passant une main sur la cravate qu'elle m'a rendue quelques minutes auparavant avec des mots qui auraient pu être très mal vus et très mal pris par quelqu'un d'autre. Lorsqu'elle désigne ensuite mon uniforme, c'est mon sourire disparaît, laissant place à une certaine incertitude sur mon visage  « Ouais, je suis amiral dans Royal Australian Navy» dis-je doucement, posant ma main sur ma veste de cérémonie  «Je reviens d'une remise de médaille et j'ai pas pu me changer » je dévie légèrement mon regard  «Mon frère faisait aussi parti de l'armée. Il combattant sur terre, lui, par contre. Et ...» je me tais, secouant la tête  « Bref, ouais voilà, haut gradé de la Navy.» reprenais avec une certain ironie, le sourire que j'affiche traduisant parfaitement mon état d'esprit.

@Freya Doherty

« Mais hey, la situation m'invitait littéralement à aller me foutre un peu de sa gueule. » Freya hoche la tête d’un œil souriant. Elle n’avait pas remarqué, vraiment. Et ce n’est pas la simple moitié de la bouteille de vodka qu’elle s’est sifflée ce soir là qui lui ôtera cette scène de la tête. Pour une fois que quelque chose de léger arrive dans sa vie, elle aurait été frustrée de l’avoir oublié parce qu’elle n’a encore pas su tenir ni son alcool, ni sa mémoire. « Enfin, je suis désolé que t'ai dû vivre la situation. T'étais juste au mauvais endroit au mauvais moment. » Freya secoue la main. « T’inquiètes, tu m’aurais vraiment emmerdé que tu t’en serais pris une. » Après tout, elle ne paraît comme ça mais son crochet gauche est d’une précision redoutable… Enfin, quand elle n’a pas bu.

« Ca fait 20 ans que j'essaie de convaincre Cian que le Scotch est quand même bien meilleur que leur truc qu'ils osent appelé whisky, mais il est la pire tête de mule que je connaisse. » Elle n’a aucun mal à croire de telles paroles. Les gens peuvent être parfois tellement patriotiques, ça peut frôler le ridicule. Mais Freya ne peut s’empêcher de sourire en repensant à la tête de Cian quand elle a refusé son verre. « Faut s’dire que le scotch qu’il boit pas, ça en fait toujours plus pour toi. » C’est une Freya qui voit le verre à moitié plein (sans mauvais jeu de mot) qui se présente aujourd’hui.

« Bon, de toute manière y a déjà une autre femme dans la vie de Cian. Il n'est pas en couple mais il en est encore sacrément amoureux. Enfin, si vous vous revoyez, tu ne lui dis pas ce que je viens de dire compris ? Il risque de me tuer s'il apprend que j'ai dis quoique ce soit sur son ex relation. » Freya est presque surprise de voir Thomas s’étaler sur la vie amoureuse – et privée – de Cian. Mais comme il lui en faut plus pour la perturber, elle fait mine de sceller ses lèvres. « T’inquiètes. Promis, j’vais pas faire la meuf jalouse en pleine crise d’hystérie qui débarque chez lui en hurlant que j’avais pensé que notre histoire irait loin. » Être jalouse, elle aime à penser qu’elle ne l’est pas (faux). Quant à être hystérique… Elle met ça sur le compte de son humeur du moment et de son état d’esprit. Les chiens ne font pas de chats, après tout.

Elle l’observe tripoter sa cravate avant que son visage ne se ferme et son sourire disparaisse. « Ouais, je suis amiral dans Royal Australian Navy. » C’est bizarre. Normalement, quelqu’un dans l’armée est censé en être fier, non ? Freya fronce les sourcils à son tour devant ce manque d’entrain qui saute à la figure. « Je reviens d'une remise de médaille et j'ai pas pu me changer. Mon frère faisait aussi parti de l'armée. Il combattait sur terre, lui, par contre. Et… » Oh ? Oh. Oh ! Les yeux bruns de la jeune femme se tournent vers la tombe à quelques pas d’eux avant de les reposer sur le jeune homme, qui n’a plus ses deux iris bleutés sur elle. « Bref, ouais voilà, haut gradé de la Navy. » Pas besoin d’avoir fait dix ans de psychologie humaine pour comprendre là où ça fait mal. « En tout cas, fancy, le costume. » Technique d’alléger l’atmosphère comme une autre. Oui parce que Freya, elle n’aime pas quand l’ambiance se plombe et s’alourdit. Elle peut devenir vite mal à l’aise parce que la communication humaine n’est pas son fort et qu’elle ignore comment parler aux gens comme en ce moment à Thomas.
Ils ne se connaissent pas, elle ne se voit pas lui dire qu’elle est désolée pour lui. Parce qu’être désolée, ça ne ferra pas revenir son frère d’outre tombe. Et qu’en plus, il peut prendre ça pour de la pitié. Et Doherty est bien placée pour savoir que personne n’aime la pitié. Elle eut une inspiration avant de se mordiller la lèvre. « Besoin d’un remontant ? J’ai c’qu’il faut, au cas où. » Après tout, ça, c’est dans ses cordes. L’alcool, boire, c’est un remède comme un autre et ça ne froisse pas. Basique mais efficace.

J’arque un sourcil, pas mal surprit par les paroles de la jeune femme. Ainsi donc elle serait plus du genre sanguine et elle n’aurait pas hésité à frapper un inconnu –moi, en l’occurrence- si jamais je l’avais vraiment embêté ? « eh ben dis donc …» dis-je, sourire en coin «vous vous êtes définitivement bien trouvé avec Cian » que je confirme avec un rire amusé «Il a aussi un côté pas mal impulsif en vrai » god faut vraiment que je me taise et prier pour que Freya ne le revois pas. Ou plutôt que si elle le revoit elle ne lui répétera pas ce que je lui ai dit.

Notre conversation dévie un instant vers le côté ridiculement patriotique de Cian et sa non envie de boire du scotch par pure fierté Irlandaise, ce que Freya me confirme par des paroles respirant le positivisme. Par la suite, je fini par la supplier de ne pas jamais rien révéler à mon meilleur ami. Ce qui se passe au cimetière reste au cimetière « Parfait alors !» souriais-je lorsqu’elle me promet ne pas être le genre de personne jalouse qui débarque chez les autres en crise.
La suite, elle, est, malheureusement, bien moins joyeuse. En me questionnant sur mon métier, Freya ravive mes pensées négatives et moi, évidemment, je ne peux m’empêcher de me justifier, gâchant ainsi l’ambiance légère dans laquelle nous étions jusqu’alors. Même si la jeune gardienne du cimetière fait tout pour éviter l’ambiance oppressante, ça ne fonctionne pas. « Non, c’est bon, ça ira» dis-je lorsqu’elle me demande si j’ai besoin d’un remontant –et je me doute sincèrement de quel genre de remontant il s’agit- « je vais plutôt y aller» reprenais-je en désignant la sorti du cimetière «Merci en tout cas » pour quoi ? Pour avoir discuter avec moi ? Pour m’avoir changé les idées l’espaces de quelques instants ? « Bonne journée et …peut-être à une prochaine hein » je lui souris doucement puis me détourne et, sans un mot de plus, me dirige vers la grille du cimetière.


@Freya Doherty