Le show d’Architects à Brisbane ce soir. Le line up est fou. C’est un truc qui m’a fait tenir ces derniers jours. J’ai vraiment besoin d’un bon concert comme celui là. Ca va être parfait. Il est 17h quand je passe prendre Charlie à son boulot. Il est tôt. Je sais. La salle est tellement près de chez moi qu’on va rentrer se garer dans ma résidence et repartir à pied pour le show. Je l’attends dans ma voiture en face du DBD, j’ai pas envie de perdre du temps à chercher à me garer. Y’a pas de temps à perdre. Elle arrive, un baiser sur ses lèvres, et on est parti.

« Doors are at 7pm. »

Un gars à côté qui dit ça mais cette information m’est pas inconnu. Il est même pas 18h. On a une heure à attendre et du coup. Je sais. Je me sens obligé de me justifier auprès de Charlie. Je crois qu’elle écoute aucun des groupes qui jouent ce soir. Je crois que c’est pas trop le genre qu’elle écoute vraiment. Je crois qu’elle est là surtout pour me faire plaisir. Je crois que je suis amoureux. Je crois qu’elle aussi. Be careful.

« While She Sleeps opens, they play at 7:30pm there is no way I am missing them if they are too slow to let us all in. »

Je vais la prendre dans mes bras et déposer un baiser sur ses lèvres.

« Do you want to sit down ? »

On est genre dans les 30 premiers de la file. J’ai mis un de mes t-shirt Amity Affliction parce que j’en ai pas d’Architects mais je vais réparer cette erreur ce soir. Je vais même en prendre deux. Pour qu’on en ait des qui match Charlie et moi. Je vais essayer, j’ai bien dit essayer, de pas en prendre un de While She Sleeps aussi mais… Je risque d’être faible. Je verrai en fonction de si ils sont vraiment joli ou pas.

Holy Hell

Il parle une langue étrangère avec tout un tas de noms de groupes et de chansons qu’elle ne connaît pas et qui se fondent parfois un peu trop bien dans la discussion. Pourquoi il n’y a pas d’italique à l’oral ? Cela aurait évité à Charlie de nombreux quiproquos dont elle se serait bien passée. Heureusement qu’il passait outre la plupart du temps, happé par tout ce qu’il avait à lui raconter. Elle ne s’en plaint pas, jamais. Il est bien trop heureux de parler de tout ça avec elle pour qu’elle ne lui en tienne rigueur. De son côté la blonde aime aussi découvrir de nouvelles choses et Kane a toujours ça pour elle quelque part. Alors elle fait du mieux qu’elle peut pour aller aux concerts avec lui, elle échange son horaire du soir pour prendre la journée de Yoko. Tout le monde s’échange tout le monde ses horaires de toute façon, ce n’est pas Matt qui les en empêchera. Ils sont beaucoup trop en avance mais la partie hyperstressée d’elle ne se plaint pas. Elle est de ceux qui arrivent trois heures avant à l’aéroport alors qu’elle n’a même pas de bagages à enregister ‘juste au cas où”. Il fait pareil, c’est certain. C’est pour ça qu’ils sont tous les deux dans la file presque deux heures avant le début et qu’on les engueule presque d’être venus aussi tôt. Ils seraient venus encore avant s’ils avaient pu. Il élabore déjà ses plans pour ne rien rater et elle l’écoute avec un sourire sur les lèvres, les yeux rieurs. « You won’t miss anything darl’. » S’il doit pousser tout le monde pour arriver le premier il le ferra, et au fond elle n’attend que ça pour rire de la tête de tous ces inconnus faussement outrés. La jeune femme ferme les yeux le temps du baiser et entrelace ses doigts dans les siens pour ne pas le laisser repartir. « I won’t sit until we come back home. Not even once. » Ses iris bleutées se posent sur les siennes et elle sourit à nouveau avant de venir poser sa tête dans le creux de son épaule. Elle sait bien pourquoi il lui propose ça et elle devrait sans doute l’écouter mais il vaut mieux ignorer le problème. Elle veut s’amuser, vivre, danser, chanter. Elle veut se chanter exister. Pense à autre chose qu’à la musique est inconcevable pour ce soir. « You’d like to be on stage like them ? You could, if it’s what you want. » Peut être que ce n’est pas ce dont il a envie, elle n’en sait rien. Ils n’en ont pas reparlé depuis le soir où il lui a fait écouter ses chansons. Si c’est ce qu’il veut, elle sera là pour le soutenir.

« You won’t miss anything darl’. »

« Ouais ouais. On sait jamais. »

Vaut mieux être trop prudent. C’est pas souvent qu’ils viennent down under ces groupes anglais. Je veux rien louper. Le mois d’août est béni cette année. Y’a Deaf Havana qui joue dans quelques semaines aussi. Tellement hâte. Ca me fait penser à l’année dernière où j’ai été à Leeds festival où j’ai pu voir BMTH et Deaf Havana et Trophy Eyes. Vraiment j’ai vécu ma meilleure vie cet été là. J’avais envie d’aller à Leeds depuis tellement longtemps. J’aurai pas dit non pour y aller cette année aussi mais j’ai été au Download déjà. Je peux pas faire 1000 allés retours en Angleterre non plus. C’es cher ces trucs là.

« I won’t sil until we come back home. Not even once. »

Je roule les yeux. Elle me fait vraiment trop penser à Ari des fois à vouloir faire sa dur tête alors qu’elle a besoin de s’occuper d’elle. De se reposer. Je dis rien. Elle fait ce qu’elle veut. Elle est pas malade. Elle est juste enceinte. Et le gosse il va virer sous peu. Soon I hope. Mais la voir sourire ça me fait sourire. Je suis pas affligé trop longtemps. Et elle se cale un peu mieux contre moi et j’ai mes bras bien autour d’elle.

« You’d like to be on stage like them? » Who said that? 
« You could, if it’s what you want. » Who said that?

« Who said that? »

Je me détache et je vais m’asseoir par terre, un peu comme si j’étais en train de changer de sujet mais pour toute esquive je tends juste les bras, mes jambes positionnées de façon à ce qu’elle n’ait plus qu’à venir se lover entre celles ci. Et puis je sais quand même qu’il faut que je lui réponde un peu mieux que ça mais au moins j’ai donné le ton.

« I don’t want to become a rockstar. What I do is fun for me. More fun than doing it professionally. »

I am so fucking scared. That is the truth. Scared of what? So many things. So many different things. I really don’t want to go there. It’s too much for my shoulders. I can’t do it.

« Now come down here. »

Parce que j’ai toujours les bras grand ouvert en attendant qu’elle vienne s’installer sur moi.

Holy Hell

L’attitude de Kane change en un claquement de doigts selon le sujet qu’ils abordent et malheureusement pour lui, elle sent ses muscles se raidir dès qu’elle aborde le sujet d’une possible carrière musicale. C’était prévisible, elle ne s’en formalise pas ; ne s’en veut pas non plus. Les yeux posés sur les quelques personnes les devançant dans la file, elle décide de ne rien répondre. Elle n’a rien à dire de plus, rien qui ne ressemblerait pas à une pique. Charlie ne veut pas lui lancer de piques alors qu’il fait tant de choses pour elle. Si le sujet fait si mal que ça, ils parleront du chien qu’il est supposé sauver sous peu. Ça sera drôle, ça leur fera penser à autre chose et ça sera parfaite. Ensuite le concert débutera et ils penseront définitivement à autre chose.
Villanelle vient s’asseoir entre ses jambes deux minutes après lui avoir assuré qu’elle ne se poserait pas une seule fois jusqu’à ce qu’ils rentrent chez eux (lui). Elle doute pendant un instant qu’il s’asseoit volontairement le premier pour qu’elle le suive mais si tel est le cas alors il l’a bien cerné. Elle ne peut pas résister à ses mains quémandant qu’elle le rejoigne ni à ce regard si doux et apaisant. Les mots arrivent jusqu’à ces oreilles et dans un premier temps elle ne prend pas la peine de les analyser, se contentant de venir poser son dis contre le torse de Kane et voler un baiser sur sa joue. Seulement ensuite, elle s’autorise à repenser à ce qu’il vient de lui dire alors qu’elle prend chacune de ses mains dans les siennes pour qu’il l’enlace. Elle ne veut vraiment pas qu’il fuit comme ça pour toujours, même s’il finit par la quémander ensuite. « You don’t have to be a rockstar. You can be whoever you want. » Il peut être whatever he wants aussi. Il peut changer de nom, changer de voix, changer d’apparence ; peu importe. A ses yeux il restera toujours son Kane avec le t shirt d’Amity Affliction, celui qui est beaucoup trop impatient d’assister aux concerts, celui qui s’insuiète pour rien. Celui qui a toujours été là quand elle en avait besoin et qu’elle ne le savait même pas.
Jouant doucement avec ses doigts, elle laisse sa tête se poser sur sa clavicule et murmure à peine les mots qui suivent. Il s’agit seulement d’elle et lui, personne n’a à entendre la suite de leur conversation. « You know you can trust me, right ? » Elle a dit qu’elle avait confiance en lui et n’a jamais regretté ses paroles qui sont toujours véridiques depuis. De son côté néanmoins il n’en a jamais dit autant, ne lui a jamais vraiment rien confié de précis si ce n’est cette boule au ventre qui le paralyse. « Tell me clearly if you don’t want to talk about this, but please don’t run. » Cela lui fait seulement mal de savoir qu’elle n’a pas réussit à gagner sa confiance. Elle se rend compte qu’elle n’a sans doute jamais donné assez d’elle même, qu’elle ne lui a pas prouvé qu’elle en serait digne. Elle a passé le plus clair de son temps à lui faire peur pour beaucoup trop de choses, alors c’est certain que ça impacte leur relation. Elle aimerait tant qu’il l’aime autant qu’elle, pourtant.

Je vois dans son air que j’ai piqué un peu trop fort. Je m’en veux presque instantanément parce que j’aime pas blesser les gens mais… J’ai pris ça comme une attaque et j’ai juste répondu comme je l’ai senti sur le moment. Faut que j’arrête de tout repenser dans ma tête. C’est super fatigant. Je sais. Pourquoi je suis pas aussi efficace qu’au boulot avec les décisions ? Cos at work it’s all facts. Here it’s all feels. Je suis trop trop mauvais pour gérer mes émotions. Je connais toute la théorie mais la pratique c’est totalement autre chose. Totalement. J’essaie du mieux que je peux. Je suis loin d’être parfait. Needy bitch. Ouais. C’est moi. Toujours besoin de validation tout le temps de tout le monde, surtout de ceux que j’aime.

« You don’t have to be a rockstar. » Thank you.
« You can be whoever you want. » You can be whoever you want to be…

J’ai « Perfect the way you are » de Empire of the Sun qui se trigger dans ma tête. Mais je pense pas à lui chanter, parce que je sens tellement lourd à toujours avoir une chanson qui se met dans ma tête pour une raison ou une autre. All the reasons. Ouais. Elle est dans mes bras, elle est venu s’installer par tête avec moi, je suis content. Ses lèvres qui viennent sur ma peau aussi, j’aime. J’en avais besoin. Elle est soft. Je suis juste en train de cogiter trop fort. J’ai besoin de me focaliser sur autre chose. Sur elle. Ouais. C’est parfait. Ma tête qui va se poser contre elle, mes bras qui la serrent doucement. You’re not going anywhere. Même si je suis une sensitive bitch qui lance des piques alors qu’elle posait juste une question. Mais je suis tellement dans mes pensées et j’ai encore la chanson de Empire of the Sun en tête, je pense pas à lui répondre quoi que ce soit. Ses doigts se mêlent aux miens. C’est pas grand chose mais j’aime. Je prends. Elle me donne je prends. Je rends moins. J’ai trop donné tout le temps sans rien avoir en retour. Rien sur le long terme. J’essaie vraiment très fort de me faire tous les plans dans ma tête pour les 10 années à venir parce que ça peut très bien s’arrêter demain vu mon historique des relations. Je prends plus rien pour acquis. Rien. Jamais. Broken.

« You know you can trust me, right? » What. On. Fucking. Earth ?

Pourquoi elle me dit ça juste là maintenant ? Elle lit mes pensées ? Les planètes sont vraiment alignés entre nous ? Y’a vraiment un vrai truc ? C’est pas juste un fling ? Un rebound de mon rebound Wendy ? Non? Il se passe vraiment un truc ? Kane since the first day you met there’s something more and you know it. I’m trying hard not to get too excited. It’s too late deep down. We know. I don’t want to be hurt…

« Tell me clearly if you don’t want to talk about this, but please don’t run. » Damn.

Je sais même pas moi même si je veux en parler. You have to. Ouais. Au moins si je fuck up tout avec mes paroles sans filtres, au moins je l’aurai pas aimé trop longtemps. Juste quelques semaines. Quelques mois. Ca devrait aller pour récupérer. Mieux que si j’avais perdu des années à aimer sans retour.

« I’m just… »

Je bute sur les mots mais ils sont là. Ils viennent. Ils vont sortir.

« Told you all my girlfriends broke me. I’m sorry that you are the one I’m… »

Je cherche mes mots.

« I don’t want to… »

Réfléchit avant de parler.

« I want to talk about it. »

Ca se voit pas trop là.

« I’m just trying to protect myself… Cos I’m tired of crying for girls who never really gave a shit about me. I’m always giving 200% and I never felt like anyone ever wanted to do the same for me… »

Damn it hurts to say it aloud. Et là j’ai peur de la blesser avec mes mots mais… C’est juste la pure vérité. Faut que j’arrête de me sentir coupable de dire ce que je ressens. And you feel way too much man. I know.

Holy Hell

Le cœur de Kane s’accélère dans sa poitrine, elle ne le sait que trop bien car sa tête est posée sur son palpitant. Il l’a voulu près d’elle et cette proximité lui joue des tours désormais. Il ne dit rien pour le moment mais son corps parle à sa place. Le corps ne ment jamais et le peu d’indices qu’il laisse à Charlie ne la rassurent pas vraiment. Elle a peut être cherché à aller trop loin trop vite. Ils ne sont pas au même stade de leur relation et même si c’est difficile à admettre ce n’est que la vérité. Elle ne lui a pas montré à quel point il est infiniment important pour elle désormais, bien au delà du lit qu’ils partagent régulièrement. Il est aussi le porteur de son secret et celui de son cœur ; difficile de passe outre.
Finalement il parle et elle se tait, se contente de lui montrer qu’elle sera toujours là d’une manière ou d’une autre en prenant ses mains dans les siennes. Au delà de le rassurer lui, ça la rassure elle. Charlie ne cesse de caresser ses doigts et d’écouter les mots qui sortent péniblement de sa bouche. Ils ont une conversation si importante et pourtant elle ne voit même pas ses yeux en ce moment, ce qui ne fait qu’accentuer sa peur naissante sur ce qu’il dira. « I’m just… » Les doigts de la jeune femme qui se serrent sur les siens. Pour ne pas qu’il fuit, ne pas qu’il la laisse. Elle ne l’accepterait pas. Elle accepte difficilement qu’il évoque ses ex aussi, mais elles font parti de l’équation quoi qu’il en soit. Il ne peut pas changer son passé pour Charlie, il le lui a déjà dit pourtant. Elles sont la cause de tous ces non dits, de toutes ces larmes et de toute cette douleur. C’est difficile de passer après tout ça, d’essayer de réparer ce qui a déjà été brisé mille fois. Un colosse aux pieds d’argile. Celui qui sauve des vies et laisse la sienne défiler. D’accord, elle est sans doute un peu trop dramatique. Mais quand il termine par tout lui expliquer c’est son cœur à elle qui manque un battement. « I’ll stay with you. I’ll be there for you. » Villanelle se sent réellement égoïste à ne parler que d’elle alors qu’il lui expose des pensées si difficiles, pourtant c’est sa manière à elle de lui dire qu’elle comprend. Il vaut mieux qu’elle parle d’elle plutôt qu’elle ne recommence à aborder le sujet de ses anciennes petites amies, puisque cela ne mènera nulle part de toute façon. Elle ne voudrait pas qu’il lui parle de John non plus. « What I mean is … take your time. » Ça fait mal de ne pas se sentir aimée autant qu’on aime, mais une partie d’elle sait qu’il ne cherche qu’à les protéger tous les deux. Il attend encore avant de se donner réellement dans cette relation et elle respecte puisqu’elle sait qu’un jour ça arrivera. Il n’est pas un de ces connards qui veulent seulement coucher avec elle ; cela n’a rien à voir avec ça. Il pourrait passer ses nuits avec qui il veut, il pourrait se pointer avec sa tenue et ça serait un pass vip dans le lit de bien trop de personnes. Pourtant il reste, il reste avec elle et son ventre grossissant. Il sait et il reste. Alors elle reste aussi. Parce qu’il le mérite amplement. « I can give myself to 200% and one day, when you’ll be ready, you’ll give 100%. » Elle peut le faire, se donner corps et âme dans une relation. Elle l’a déjà fait pour des personnes qui ne le méritaient pas alors elle peut certainement le faire pour lui. Elle le fera pour lui. « I can cry for two, I don’t mind. » Conclue-t-elle sur un léger rire. Ça elle le fait déjà, même s'ils pourraient aisément s'en passer. « Keep protecting yourself. » Please.

Alors on avait écrit. On avait passé la nuit à prendre des notes, à raturer tout ce qui était déjà là, à recommencer dans un sens inverse, à biffer ce que l’un et l’autre amenait sans la moindre pitié, franchement amusés. Il arrêtait pas de tousser Levi, ses soubresauts me réveillaient à chaque demi-heure, et honnêtement, j’avais passé presque tout mon stock de menaces de mort – et d’oreillers pour l’étouffer. Autant mieux mettre la nuit blanche à profit.

Il a réussi à se gratter quelques heures de sommeil sur le pont, j’en ai profité pour faire un ravage sur les pages qu’il avait retranscrites la veille, remplissant les marges de notes et de commentaires, de flashs et d’idées qui allaient à contre-sens mais qu’il, j’étais persuadée, allait aimer. Et sinon, ce serait juste une autre occasion pour qu’on se crie dessus comme d’habitude, pour que nos conversations finissent en joutes verbales violentes. Pour qu’on oublie le compte à rebours au-dessus de sa tête, les frissons qui transpercent ma colonne vertébrale à chaque nouvelle mention du Dr Bell, et ses foutus résultats. Fix your numbers. Je l’entends encore en acouphène.

« He’s gonna scream. » ça s’était décidé sur un coup de tête. On allait lui faire la surprise. Levi qui allait franchement bien, pas au top de sa forme mais mieux que d’hab. Joel qui nous avait mis sur la guestlist en échange d’un nude que je lui avais envoyé sans même qu’il ait besoin de demander. Et ma voiture que je gare tout prêt de la venue, les quelques pas qu’on cumulera rien que pour faire comme si on avait effectué le moindre genre d’exercice autre que de courir aux toilettes gerber et/ou ramasser les dégâts dans les derniers jours. On prend ce qu’on peut.

Et Kane est assez facile à repérer, il a mis mon t-shirt d’Amity le voleur, celui qu’Ahren a tatoué d’un gros pigeon à l’intérieur du collet. Il est avec sa potiche aussi, la blondasse baveuse à le regarder les yeux brillants de connerie. Mais je vais behave, bien sûr que je vais me retenir. Ce soir, c’est all about Kane, pas all about his slut. Oups. Ok, à partir de maintenant je behave, promis.

La rengaine te faisait mal au dos, le bile te brûlait la gorge, ta tête suintait des migraines, ton diaphragme était fatigué, mais pourtant, tes doigts enfoncés dans ton cuir chevelu pour retenir ta tête exténuée, tu continuais d'écrire. Tu n'allais pas abandonner cette nouvelle, tu la traînais partout avec toi et tu étais bien déterminé à réaliser un chef d'oeuvre. Tu y mettais toute ton âme, tout ton cœur, comme jamais auparavant. De plus, cet écrit disposait d'éléments propres à Ariane qui ajoutaient des perspectives uniques comme valorisantes.

Elle t'avait traîné de force jusqu'au lit, le carrosse transformé en citrouille, entre deux symphonies pianotées sur son téléphone. T'y étais resté quelques heures, jusqu'à ce qu'elle menace de t'étriper parce qu'en position allongée, tu étais incapable de ne pas tousser régulièrement. Tu avais opté pour une nuit sous les étoiles, persuadé que la brise marine te ferait du bien. Sous le firmament, tu n'avais su t'empêcher de penser à Asher, à votre dernière séance au studio. Puis tu avais dévié vers tout ce qui t'attendait professionnellement, te refusant d'imaginer ta suite médicalement. Fix your numbers. Tu avais encore envie de lui envoyer son bureau au visage, au Dr Bell. Son nom lui était prédestiné, sinistre cloche.

« He’s gonna scream. » Tu avais envie de sortir, de profiter de la musique. Kane était au show d'Architects, tu avais bien envie de l'y croiser, de passer du temps avec lui quand il te semblait que celui-ci te filait entre les doigts depuis des semaines, des mois même. Ariane avait approuvé l'idée et munie de son smartphone fatal, elle arrangeait déjà les technicités. Tandis qu'elle dégainait l'option de son appareil photo, tu te désapais pour passer sous la douche, provoquant le photobomb sans scrupule.

Tu lui réponds par un grognement féroce quand elle te refuse l'accès aux clefs de sa voiture, critiques inlassablement ses manœuvres quand elle vous gare à des kilomètres des lieux. Tu enfonces ton chapeau sur ta tête, sachant pertinemment qu'elle va te le dérober dans quelques minutes. Vous vagabondez quelques temps, achetez quelques tickets pour vous procurer de quoi passer une meilleure journée. Tu hésites à sortir un des joints reposant sagement dans ta poche kangourou mais un Kane en parade nuptiale entre dans ton champs de vision. Tu t'approches rapidement et discrètement de lui. « I’m always giving 200% and I never felt like anyone ever wanted to do the same for me… ». Les paroles n'ont pas le temps de te heurter encore que tu l'attrapes par les épaules dans une étreinte. « What's up, Casanova ?! » Tu tapes amicalement son épaule et poses ton regard sur Charlie que tu ne reconnais pas de suite : mue de pelage. « You changed your hair. » Tu constates en guise de salut, sourcils froncés, frôlant le désapprobateur. Les cheveux te sont sacrés. Ariane a le droit à tes critiques sauvageonnes dès qu'elle passe chez le coiffeur.

« I’ll stay with you. I’ll be there for you. » Tellement de chansons qui me viennent avec ces mots là. Mais je chante pas. J’écoute. Je sais pas si je la crois aussi. J’écoute. J’entends. Je prends ? Je sais pas. Je prends mais je fais attention. Ca fait quand même du bien d’entendre ça. Même si on sait que c’est pas vrai. Why would she stay ? Why would she be different ? Nope. Elle n’est pas différente. J’ai plus confiance c’est triste… Trop triste. Je suis triste que ça tombe sur elle. Mais c’est comme ça. « What I mean is… take your time. » Ok. Ca je peux faire. Ca. C’est vrai. C’est ce qu’il me faut. Peut être que ça va changer. On verra. Si elle reste vraiment. Nos doigts enlacé les uns aux autres je les sens bien. Je nous regarde faire d’ailleurs. Je me focalise là dessus. Pas sur ses yeux. Kinda ashamed not to trust her. « I can give myself to 200% and one day, when you’ll be ready, you’ll give 100%. » Mon. Coeur. Ouf. Je sens ses mots. Je les sens beaucoup trop. Ca me brise le coeur. « I can cry for two, I don’t mind. »

« No need. »

Parce que je suis en train de pleurer là. Pas à chaudes larmes mais ouais, tears in my eyes. Je crois que les pleurs seront toujours là. Quoi qu’il se passe dans ma vie. Je suis vraiment trop sensible c’est ridicule mais je peux pas me changer complètement. Déjà je me donne moins. C’est un miracle. « Keep protecting yourself. » Vraiment. Elle aide pas à me faire arrêter de pleurer. Je pensais pas. Mais ses mots ils m’émeuvent tellement. Elle est vraiment en train de me donner 200% ? On dirait… Ca fait bizarre… Je le crois pas. You don’t deserve. Yes I do. Et je me fais bousculer.  « What's up, Casanova ?! » Levi ??? Je m’attendais pas du tout à le voir là maintenant. Je… Il se passe quoi là ? Je… C’est… « You changed your hair. » Et je vois Ariane juste derrière. C’est beaucoup trop d’émotions pour moi tout ça.

« What are you doing here? »

Ma voix est pas assurée du tout. J’étais déjà en train de pleurer pour les beaux trucs de Charlie et maintenant mes meilleurs amis qui débarquent alors qu’ils me manquent terriblement.

« Are you staying for the show ? »

Je veux pas croire. Je veux pas croire ça. J’espère. J’espère fort. Et j’ai pas bougé de ma place. Charlie est bien contre moi et je suis tellement boulversé par tout là que j’ai juste pas bougé physiquement. Pas touché Levi en retour. Pas cherché à me défaire pour aller vers ma Ari. I froze. My brain can’t deal with all of that. I feel too much. Je me tiens fort à Charlie parce que je tremble un peu. Je veux pas que ça se voit mais je sais que c'est mort. Ari va tout voir. Elle voit toujours tout.

Holy Hell

Ils étaient seulement eux deux au milieu d’une foule déjà impatiente qui ne s’intéressait pas à leurs histoires. Charlie pouvait lui dire tout ce qu’elle avait réellement sur le cœur sans craindre le jugement d’inconnus ne comprenant absolument rien à la situation, ne pouvant pas comprendre non plus. Ses yeux brillaient, signe qu’il était prêt à pleurer à tout moment et la blonde ne faisait rien pour l’en empêcher car cette fois ci cela n’était pas du à de la tristesse. Elle se contentait de garder ses doigts entre ses mains tant pour le rassurer autant lui qu’elle. Qu’il continue de se protéger puisqu’elle sera bien incapable de le faire à sa place. Elle ne sait pas faire ça. Alors Kane écoute, comprend, analyse, se tait. Et elle, malgré la tristesse autour de ses mots, elle continue de lui sourire.

D’abord étonnée, elle rigole rapidement lorsque Levi s’approche de son petit ami et lui donne une accolade. Levi, ok. Elle l’aime bien, il est trop curieux et piquant ; ça lui suffit. Il est toujours dans les parages pour surveiller Kane, aussi, apparemment. Elle s’attend à ce qu’il sorte un préservatif de ses poches à tout moment et cela ne serait pas étonnant. Alors Charlie finit par lâcher les mains du blond pour le laisser aller voir son meilleur ami (même s'il n'en fait rien) en même temps que son sourire s'agrandit. Si Levi passe la soirée avec eux ça peut être drôle, ça peut être amusant. Ça peut aussi être l'occasion pour Kane de voir son meilleur ami et elle ne peut qu’être heureuse de ça. Si elle avait la possibilité de passer cette soirée avec Léo elle aurait réellement été heureuse aussi. Il s’entendrait vraiment bien avec Kane et se retrouveraient à balancer des anecdotes sur la blonde au bout de cinq minutes. Sauf que Charlie n’a que Léo mais que Kane a deux ombres. Levi c’est l’ombre qu’elle aime, l’ombre qu’elle accepte avec plaisir. Celle qui a des reflets roux (pour ne pas dire qui est totalement rousse, en fait) est beaucoup moins aimée et encore moins acceptée. Cette fois ci la blonde arrête de sourire parce qu’elle sait de qui il s’agit, la rousse qui est partout mais dont il ne parle jamais et c’est vraiment beaucoup trop louche pour que ce soit normal. Elle sait qu’elle se fait sûrement beaucoup trop d’idées pour que ce soit réaliste mais la peur de l’abandon est toujours bien trop présente en elle, ce qui la pousse à reprendre les mains du blond dans les siennes et à surtout ne plus les lâcher. Il parle, pose des questions, fait tant de choses qu’elle n’écoute pas parce que ses yeux sont bloqués sur la rousse. Elle est bloquée dans ce cliché des deux filles qui ne se connaissent pas mais se détestent déjà à cause d’un homme. On est dedans. Elle ne l’aime pas et se doute bien que c’est réciproque. Le problème aussi c’est que Charlie ne fait pas le poids, qu’elle n’a aucune argument pour défendre sa cause. L’autre était là avant et l’autre a sûrement toute la confiance de Kane. Tout ce qu’elle n’a pas (tout ce qu'elle n'est pas). Alors elle se raccroche à ses mains, se rassure de ses bras qui se resserrent encore un peu plus contre elle alors qu’elle devrait plutôt s’en inquiéter.
« What would I do without you Levi ? » Elle répond à la remarque sur ses cheveux, lui tend un sourire à lui alors qu’elle la quitte des yeux. Il s’agissait seulement de parler, de dire n’importe quoi mais de ne pas être la poupée gonflable à qui on a enlevé la fonction parole. Il s’agissait aussi et surtout de faire attention à lui mais surtout pas à elle.
Elle est totalement jalouse.

Ça, juste là. « I’m always giving 200% and I never felt like anyone ever wanted to do the same for me… » il le dit, on arrive, je discerne les épaules de Levi qui remontent, à peine, probablement pas assez pour que quiconque le remarque autre que mon regard de rapace. Mais je le vois, je le sens aussi, qu’il a entendu. So did I. « What's up, Casanova ?! » sa main qui s’égare sur Kane, Kane qui reste bloqué, et l’autre qui fait le pantin à vriller ses yeux sur moi. Je sens son regard qui me brûle, c’est dérangeant, mais pas assez pour que je lui accorde la moindre importance. « You changed your hair. » McGrath qui me connaît par cœur, assez pour savoir que son rôle là c’est d’occuper la potiche. Sa voix vole, elle sonne comme une crécelle, exactement comme je l’avais imaginée.

Mes prunelles lâchent pas Kane. « What are you doing here? » « We stalked. » du menton, je pointe son portable qui est tombé de sa poche, là où il a multiplié ses stories depuis le début de la journée. Les chansons qu’il voyait dans tous les signes qu’il s’imaginait croiser au fil des phrases que les gens lui disaient au boulot, dans la rue, au café, les paroles qu’il connaît par cœur, la totale. « Are you happy we did? » il a les yeux humides et la main qui se resserre dans celle de sa blondasse, il bouge pas d’un millimètre, mais j’en ai absolument rien à faire, j’arrive à lire à travers lui à distance, sans même être dans le même pays. Un mètre ou deux entre nous me font pas peur.

« Are you staying for the show ? » « Of course we are. » if you want us to.

Il est prudent Kane, il a mal, ça paraît, c’est normal. Y’a une distance que je mets volontairement entre lui et moi depuis des mois, y’a Levi qui occupe toute ma vie, à qui je donne toute la place. Y’a la crainte que Williamson sache dans quelle merde on est, l’anglais et moi. Y’a tout un monde que j’ai envie de lui dire, y’a tout un univers que je voudrais qu’il sache, qu’il me prouve qu’il est capable de savoir. Also, why didn’t you ask if we’re staying for you, full stop?

Et y’a mon regard qui finit par glisser du visage de mon meilleur ami à la place qu’on va s’improviser au sol près de lui, Levi et moi.

Ma main qui attrape celle de McGrath, qui l’attire par terre la seconde d’après. Ma silhouette qui s’assure de s’installer contre ses cuisses, qui fait gaffe à pas heurter la moindre zone sensible, le moindre point de douleur pour lui – en profitant quand même pour lui filer un coup de coude et un autre aux endroits stratégiques, ceux qui lui feront pas aussi mal que le reste, ceux qui camoufleront la cochonnerie qui le tue de l’intérieur. Qui nous tue de l’intérieur. « What did we miss ? »

Charlie se défait mais je la retiens aussitôt sans m’en rendre compte. Mes mains retournant dans les siennes. Son corps chaud contre le mien, installé confortablement. On est bien là, dans notre bulle qu’ils viennent de percer et que bizarrement j’essaie de garder somehow. Et mes yeux qui sont bloqués sur Ari somehow aussi. « What would I do without you Levi ? » C’est vrai qu’elle le connait. J’avais oublié. C’est la première fois que tout ce monde est au même endroit au même moment. « We stalked. » Pas bien compliqué vu tout ce que je mets sur instagram en tagant toute la terre pour avoir un peu d’attention. Ca marche des fois. Ca fait du bien. Comme là. « Are you happy we did? » Sauf que là c’est elle qui en cherche. Et moi je l’aime trop, je suis faible, je lui donne.

« Yeah of course I’m happy ! »

Ca se voit pas trop parce que je suis un émotional mess right now mais ouais, ils sont là, ils sont important, ils sont avec moi. Elle sait. C’est tout ce qui compte. Elle sait que je lâcherai pratiquement tous mes plans pour un moment avec eux dans une période de ma vie comme celle là. Celle où je ne suis pas entièrement dans la leur. Si je peux me faire une place à un moment ou un autre, je prends tout. Je donne tout ce que j’ai aussi, parce que peut être c’est de ma faute tout ça au fond. Je cogite trop, je sais.

Ils restent pour le show. Vraiment. J’en reviens pas. J’aurai pas cru. Je leur ai rien dit pour pas être déçu et voilà qu’ils me donnent ça sans que je demande quoi que ce soit. Did they make time for me? On dirait et ça me touche beaucoup trop, mais je sais que je devrais faire gaffe parce qu’il va s’en suivre trois semaines sans les voir, des jours sans messages, et ça va faire mal même si je sais que c’est la vie. Qu’ils sont busy. Et mes bras qui se resserrent un peu plus autour de Charlie parce qu’elle est ma seule constante en ce moment.

Also why didn’t you ask if we’re staying for you, full stop?
Parce que ouais, j’ai toujours pas quitté Ari des yeux. Parce que je la connais trop. Parce qu’on sait lire l’un en l’autre. Et je ne réponds pas. Je tourne mon visage, le nichant contre les cheveux de Charlie qui est juste là tout près de moi. Je veux pas qu’Ari puisse lire combien je suis triste qu’on se voit si peu ces derniers mois. Man up Kane. Yeah. Vraiment j’ai pas le droit de l’empêcher de vivre sa vie. De vivre leurs vies à tous les deux. Je vais juste passer plus de temps avec d’autres. Je vais déjà faire un autre karaoké avec Kami dans le mois, ça va être cool ça. Et Levriane qui s’installent par terre. They’re really staying. Parce qu’apparemment avec cette pensée, je me rends compte que je les ai pas vraiment cru. Et je m’en veux d’avoir douté d’eux.

« What did we miss ? » So many things. Mais y’a Sam Carter qui traverse la rue et je freak out complet parce que le gars il marche en mode normal alors que c’est un Dieu pour moi. Et j’ai l’impression personne ne l’a remarqué dans la file. Mais j’ai du flair, j’ai un oeil de lynx quand il s’agit de white boy screaming. Mes préférés.

« Oh my god Sam Carter is right there. »

Je me tends, mais je bouge pas. Je vais pas le courser comme un fanboy parce qu’il a sa vie à vivre. Je l’embêterai après le show. Mais genre, ça me fou un pur sourire aux lèvres je suis OVER EXCITED d’un coup. J’aime beaucoup trop ce mec.

« Should we DM him the best vegan places in town? »

Je dis ça mais Joel a déjà dû tout lui dire. Et je ne quitte pas Sam des yeux tant qu’il est dans mon champ de vision. Il s’éloigne de la salle.

« I love him too much. »

Vraiment. Sam Carter. Mon coeur pour lui. Mais bizarrement en disant ça, je resserre encore un peu mes bras autour de Charlie et mes lèvres sur ses cheveux. I love you too. Parce que j'ai besoin de ressentir du physique plus que dans mon coeur et elle est là. Elle me donne. Je lui donne. Pas 200%, mais je donne... Pas 100% non plus... Mais voilà. Je fais ce que je peux. Mes lèvres contre sa peau, ça me fait du bien. I really do. Mais je le dis pas. J'ai peur de lui avouer et que ça soit encore plus réel alors que je fais tout pour pas souffrir, parce que ça va finir sous peu c'est sûr.

Et puis je regarde autour, au cas où je vois un autre type. Oh god y’a Jamie de Polaris qui sort aussi. Je suis pas bien. J’espère que je vais voir Sean Long. J’ai envie de le rencontrer. J’ai des trucs à lui dire. Mais après le show. Je sais pas si je vais oser là maintenant. Ils font leur vie. Ils sont pas en train de bosser. They’re rockstar 24/7 tho. True.

« What are you doing here? » que vous salue un Kane  émotif. « We stalked. » « You stalked. » Tu corriges avant de froncer doucement les sourcils, interrogateur, ton regard voguant d'un blond à l'autre - puisqu'ils partagent désormais la même couleur de cheveux, ce que tu ne te prives pas de faire remarquer. « Are you happy we did? » Manifestement, vous en doutez tous les deux. « Yeah of course I’m happy ! Are you staying for the show ? » S'engager n'étant pas ta tasse de thé, tu laisses à Ariane le plaisir de répondre à votre meilleur ami et demeure également en suspens devant le soldat du feu qui n'a pas émis le moindre geste amical envers vous. « What would I do without you Levi ? » Charlie attire ton attention, tu lui adresses un sourire complice, joueur. « You'd be lost, obviously. » Hopelessly reaching.

La main d'Ariane agrippe sans ménagement tes doigts, t'impose de t'asseoir sur le sol. La rouquine s'appuie contre tes cuisses, se positionne stratégiquement pour te faire mal mais pas si mal. Tu ramènes ses cheveux dans son dos, passes tes doigts dans la crinière de feu hirsute par le vent. « What did we miss ? » Mais Sam Carter passe devant notre groupuscule et Kane n'a plus d'yeux que pour la star. « Oh my god Sam Carter is right there. » Un rire amusé du comportement de Kane file entre tes lèvres. « Should we DM him the best vegan places in town? » Tu ignores ce qu'est un DM, alors t'es incapable de livrer ton avis sur ce dilemme. Plutôt, tu sors ta petite boîte magique et roule discrètement un joint sur le côté où il n'y a personne de votre bande pour de déranger. « I love him too much. » Ta langue passe sur le papier, le joint est roulé rapidement et bien serré. Tu l'allumes, souffles la fumée dans le cou de la rousse, puis tapotes les épaules de cette dernière. « I gotta go. » En effet, la sécurité te scrute d'un drôle d'air. « Plus I got some red wine to buy. » Tu défais ton emprise d'Ariane et te relèves. Tu lui tends ton joint, soufflant la fumée blanche en l'air sans scrupule, invitation la Parker à te rejoindre pour tes emplettes.

Et on se pose, parce qu’apparemment Kane nous a donné le droit de nous inclure dans son date du jour. Y’a des visages connus que je vois passer autour, un tech qui était du team d’Amity sur le tour d’Europe, une autre que je suis persuadée avoir croisée ailleurs aussi, peut-être pendant les enregistrements de The Voice, je sais pas, je sais plus. Je sais juste que les doigts collants sans raison apparente de Levi se perdent dans mes mèches, que j’essaie de contrôler ses pulsions de coiffeur en étirant le bras derrière moi par-dessus mon épaule, le temps de lui piquer distraitement son chapeau pour l’enfiler de suite. Mine.

« Oh my god Sam Carter is right there. » yep, looks like he is indeed. Il passe vite, trop pour remarquer à quel point Kane fabule sur son cas. C’est l’avalanche de scénarios là, le plus récurrent et logique serait de lui référer des places où manger vegan dans le coin. Mais Williamson s’arrête dans son élan pour l’aimer un peu plus le gars, pour le lui dire haut et fort. Derrière, je sens Levi qui se replace, je force sans même m’en rendre compte l’une de ses jambes contre ma hanche, j’suis plus du tout confortable là. À avoir tourné la tête vers Kane, et à attendre. À attendre qu’il dise un truc, qu’il soit là, qu’il soit juste là, et pas à crush sur le premier venu. Qu’il soit là, et pas à cacher ses yeux et tout ce qu’il retient dans le cou de sa poupée de la semaine. Qu’il soit là quand on l’est, quand on a enfin la force de l’être. Mais non, he’s not there. Yet.

« I gotta go. » j’ai un frisson qui chauffe ma colonne vertébrale, la fumée qui brûle ma nuque et McGrath qui s’esquive la seconde d’après. « Plus I got some red wine to buy. » je complète du désormais célèbre « And I need to pee. » comme un carton jaune qu’on se lançait l’un l’autre depuis des années. Quand on avait besoin de s’isoler, quand y’avait un truc qui tournait pas normalement, ou juste quand on voulait aller faire une connerie à l’abri des yeux chastes de Kane. La red wine alert c’est la coche au-dessus, c’est l’alerte rouge, c’est le cocus nécessaire qui laisse aucune place à la négociation. Alors j’attrape le joint que Levi me tend avant de le glisser contre mes lèvres, d’enrouler mes doigts acérés autour de son poignet. Son poids duquel je me sers pour me relever, et le « Ok. » qui claque à sa suite.

« I’m always giving 200% and I never felt like anyone ever wanted to do the same for me… » T'y penses constamment, alors que tu roules soigneusement ton joint, le corses au fil des secondes, à mesure que les mots du blond retentissent dans ton esprit. Tu rages, tu rembobines tous les agissements qui contrecarrent, à ton sens, les paroles de Kane. Did you really give your 200% when Jet was there, Kane? Did you give your 200% to protect Ari from him? Tu lèches le papier roulé, serres davantage le joint, tapotes pour que l'excès retombe dans ta boîte. Ton pupilles se posent sur un mec de la sécurité, tu te lèches légèrement les lèvres. Ariane replace ta jambe sans cérémonie aucune, tu glisses ton genou entre ses côtes en compensation. « I’m always giving 200% and I never felt like anyone ever wanted to do the same for me… » Do you see that we do give our 200% for you? That we always have, in our way? You were always the center of our thoughts, the barrier to our decisions. Tu parles au nom d'Ariane aussi, parce que vous les avez eues à maintes reprises, ces conversations. A défendre Kane inlassablement, à tout faire pour le protéger, le chérir, l'aimer, parce qu'il était votre meilleur ami et que vous ne pouviez imaginer votre vie sans lui.

Tu renseignes Ari que tu veux - dois - filer, tu rembarques ta drogue, souffles ta fumée dans son cou, te relèves quand elle se détache. « I need to pee » Tu souris, elle attrape le joint puis s'aide de ton poids pour se relever. « See ya, lovebirds. Enjoy the fest. » Tu lances au duo de blonds, ton attention davantage rivée sur Charlie que sur Kane. Congratulations, late redhead, you changed him. He's all yours. Tu t'orientes vers les stands de restauration. L'alcool s'y vend et les toilettes ne sont pas loin. « I can't believe it. » Tu lâches à la rouquine, hors de portée du couple. « After all you've done for him. After all he allowed you to suffer. » Parce que tu t'en fiches bien que Kane te juge insuffisant à la valeur qu'il te donne. Néanmoins, tu n'acceptes pas qu'il dénigre de même la Parker qui a toujours été présente pour l'épauler, le soutenir, et même le baiser. Tu commandes deux gobelets de vin rouge, en tends un à Ariane.