L’alarme de son téléphone sonne au moment où elle attrape ses clés de voiture, prête à partir à l’aéroport. Son père est dans la cuisine à lui crier de passer le bonjour à Nicolas quand elle le retrouvera mais papa crie pour rien parce que Clara ne récupèrera pas Nicolas comme prévu. L’alarme du téléphone, c’est un énième texto d’excuse pour justifier le fait qu’il ait choisi de passer ses jours de repos à New York avec son fils, encore. Bien sûr, le texto ne manque pas de smiley, de mots doux et d’attention avec une conclusion à base de tu me manques ce qui a pour simple effet que de faire voir rouge à Clara lorsqu’elle le lit. C’est beaucoup trop facile que d’envoyer un message mielleux mais ça ne change pas le fait qu’il est absent, encore. Nicolas n’avait jamais été très présent du fait de son emploi et maintenant qu’il avait appris sa paternité avec une garce qu’il avait fréquenté des années plus tôt, il n’est plus présent du tout et Clara arrive à s’en sentir de plus en plus délaissée. Alors qu’elle range son téléphone dans son sac, papa lui demande si tout va bien vu qu’elle n’est pas partie alors qu’elle avait l’air pressée. Ne montrant rien, elle se contente de répondre d’un grand sourire que tout va bien, qu’elle va être en retard. Seulement, quand Clara avance vers sa voiture c’est pour se rendre à une toute autre destination. Pour le moment, elle fulmine, blessée et en colère, elle a envie d’hurler. Quelques jours plus tôt, elle avait décliné une invitation de Romy à sortir entre fille en boite de nuit sous prétexte qu’elle retrouverait justement Nicolas ce soir-là et que comme cela faisait plusieurs jours que la blonde n’avait pas eu le droit à un moment interdit au moins de dix-huit ans, elle comptait bien passer la soirée avec lui. Le projet étant à l’eau, c’est en descendant les marches de son perron qu’elle s’empresse de tapoter un message à sa meilleure amie lui annonçant le changement de plan et qu’elle compte bien la rejoindre pour passer sa soirée à faire la fête plutôt qu’à se morfondre. Nicolas souhaitait passer du temps en famille, elle n’allait pas rester coincée chez elle pendant qu’il joue un mauvais remake de life unexpected, cela ne ressemble pas à la jeune femme. Durant tout le trajet en voiture, elle continue de ressasser leurs échanges et par réviser tout ce qu’elle pourra lui dire quand elle le verra enfin, si tenté est qu’un jour, il se décide à refoutre les pieds en Australie. Elle avait proposé à Romy de passer la prendre et Clara s’arrête en bas de l’immeuble de cette dernière avant de monter jusqu’à sa porte. Quelque part, d’avoir à monter encore tous ces étages jonchée sur des talons hauts, ça a un effet thérapeutique parce que Clara se retrouve à râler plus pour le manque d’ascenseur que pour l’abandon de Nicolas. Elle s’efforce d’afficher un grand sourire avant de sonner à la porte, sonbut n’étant pas non plus de lui passer l’envie de profiter de la soirée avec elle en lui racontant tous ses malheurs. « Hey ! Merci d’avoir accepté que je vienne en dernière minute. » Parce qu’après tout, Clara est totalement en train de s’incruster alors qu’elle avait dit non au départ et ça, d’ordre général, c’était un comportement qui elle l’exaspérait parce qu’il lui donnait le sentiment que sa compagnie n’est qu’un vulgaire plan b. « J’espère que je dérange pas, je m’en voudrais de tomber au mauvais moment. » balance Clara tout en s’avançant dans l’appartement avec l’aisance qui la caractérise tellement. « Elle est pas là l’autre ? » L’autre, la colocataire cheloue. Un jour, Clara retiendra son prénom.
Lorsque Clara avait annulé cette sortie entre filles suggérée sur un coup de tête, Romy avait été un peu embêtée. Au delà du fait qu'elle aurait aimé passer un peu de temps avec sa meilleure amie tant cette dernière avait l'art et la manière de ne surtout pas la ménager lorsque son moral était précaire, thumbelina représentait le prétexte parfait pour refuser que Jonas passe la soirée à l'appartement comme il le faisait parfois. Ce n'était pas qu'il dérangeait, ou peut être un peu au fond. Le type était sympa dans l'ensemble, un peu envahissant, confondant souvent le principe du plan cul par celui du petit ami dont elle ne voulait pas, mais Romy était Romy, et cette gamine toujours habituée aux boulets avait du mal à se défaire de celui là. Gardant les distances de sa vie privée avec précaution, elle n'avait jamais vraiment évoqué ses amies ou sa famille avec lui. Hors mis Primrose qui avait joué aux cupidons sans foi ni loi lors de leur première rencontre au cours de dessin le mois dernier, Jonas n'était au courant de rien en ce qui concernait la petite Ashby, et c'était sûrement ce qui sauvait leur idylle du roucoulement parfait qui aurait filé des hauts le cœur à cette désormais adepte du célibat. La petite blonde avait très nettement entouré sa vie privée de barrières en acceptant passer un peu de temps avec cet homme, mais comme c'était le cas ce soir, ses beaux principes volaient en éclat du moment même où elle avait décidé de s'y tenir, sa traditionnelle malchance lui rappelant qu'elle n'était qu'une continuité de bourdes depuis vingt sept ans. Clara avait finalement décidé de maintenir cette sortie sans perturber le moins du monde une Romy qui s’accommodait toujours des envies des autres, mais si elle s'était promis de faire disparaître Jonas avant que sa meilleure amie ne débarque chez elle, un fâcheux contre temps avait déjoué ses plans. Au beau milieu d'une série netflix qu'elle avait lancée en attendant que la soirée se passe, la blondinette avait fini par s'assoupir, et visiblement l'attentionné boulet posé à ses côtés avait du trouver ce sommeil important puisqu'il ne l'avait pas réveillée. Ce fut dans un sursaut, et alors qu'un coup de feu retentissait dans l'épisode, qu'elle émergeait. "Merde." Ses poings venaient s'échouer avec douceur contre ses paupières pour dérider son regard fatigué post sieste. Il était tard, bien trop tard, et si son premier coup d'oeil fut destiné à son téléphone sur lequel elle regardait l'heure, le second fut directement pour Jonas à qui elle assénait un coup de coude. "Clara débarque faut que tu t'en ailles." Et bim. Se levant du canapé à la vitesse de l'éclair Romy avait filé dans sa chambre/dressing pour venir enfiler quelque chose de plus seyant que son training. Un jean slim, un chemisier, une paire de boots. Elle remontait ses cheveux dans un chignon approximatif en pestant contre l'horloge et maudissait le brun dans l'autre pièce de ne pas se bouger le train assez vite. Tic tac tic tac. Ce n'était pas tant que Davis était réglée comme un coucou suisse, mais sait on jamais, quelques fois qu'elle ... serait à l'heure. Merde. Le bruit significatif de la sonnette se fit entendre, et tandis qu'elle allait vers la porte pour ouvrir à son amie, elle en profitait pour refourguer sa veste dans les bras de Jonas pour lui demander de lever le camp. « Hey ! Merci d’avoir accepté que je vienne en dernière minute. » La petite stature de Clara entrait dans son champ de vision, et alors qu'elle lui offrait un sourire poli, Romy glissait un regard au type derrière elle qui -heureusement- venait de terminer d'enfiler ses chaussures. "Mais c'est normal." qu'elle marmonnait, distraite. Et il y avait de quoi. « J’espère que je dérange pas, je m’en voudrais de tomber au mauvais moment. » Les talons hauts de la jeune femme s'avançaient dans la pièce de vie, sonnant le glas de cette découverte qu'elle s'apprêtait à faire sous le regard vidé d'une Romy au bord de la crise d’apoplexie ; elle n'assumait clairement pas le benêt musclé à l'air absent à ses côtés. « Elle est pas là l’autre ? » L'autre. Isla, la colocataire assistante sociale qui n'avait pas trouvé grâce aux yeux de Clara. Non. Isla n'était pas là. Isla n'était pas là puisqu'elle avait claqué la porte au bout de deux mois de colocation. En revanche ... "Salu...""... et je t'appelle. Ciao." Trois secondes. Il avait fallu trois secondes à Romy pour mettre Jonas à la porte et venir s'adosser contre cette dernière en tentant vainement de faire comme si cette scène ne venait absolument pas d'avoir lieu. "Isla déménage. Et je suppose que t'as remarqué l'ombre qui vient de disparaître, hein ?" Bravo Captain Obvious. Si le brun avait tenté d'amorcer une discussion, Ashby l'avait très rapidement fait disparaître, et discrète comme elle l'était, Clara avait certainement eu tout le loisir de remarquer la gêne qui découlait de cet échange.
Aucune honte à ce qu’elle débarque presque sans s’être annoncée. Clara, c’est la fille qui arrive, qui prévient un peu mais jamais assez et ça, surtout quand elle sait qu’il y’a peu de chance qu’elle récolte un non ce qui est toujours le cas avec Romy même si le comportement de la blonde peut agacer cette dernière. Après tout, elle avait refusé de sortir ce soir et voilà qu’elle changeait d’avis en dernière minute pour une histoire de garçon. Voilà qui fait très peu hoes before bros mais venant de Clara, c’est une chose plus banale qu’on y croit. Ce soir, on peut dénoter d’un effort parce que sachant très bien qu’elle profite de la gentillesse de Romy en faisant d’elle son plan b de la soirée, elle se fixe d’arriver à l’heure chez son amie, ce qui n’est pas toujours le cas. Clara est réglée à l’heure approximative. Si elle dit vingt heure, tant qu’il n’est pas vingt et une heure, elle n’est pas en retard même la pendule affiche un cinquante-neuf. Elle fait ses pas dans l’appartement, montrant pas l’occasion qu’elle a appris à maitriser ses grimaces dès qu’elle aperçoit cette déco. Un élément la travaille toutefois, celui de voir beaucoup moins de meuble qu’il n’y en avait lorsqu’elle était venue aider Romy à emménager. Si Clara adorerait croire que le bon goût s’est installé dans cet appartement, elle tente néanmoins de ne pas présumer trop vite. "Salu...""... et je t'appelle. Ciao." Sa question posée, son attention est happée par le brun qu’elle n’avait pas calculé à son arrivée et que Romy s’empresse de foutre à la porte avant même qu’elle n’ait eu le temps de répondre à son bonjour. La porte claque. Le silence règne pendant lequel Clara tente de réaliser la vitesse à laquelle la scène s’est produite. Y’avait un mec chez Romy. Ce qui chez Clara veut dire qu’elle baise, grande nouvelle. Elle est toutefois interrompue avant de balancer la première remarque. "Isla déménage. Et je suppose que t'as remarqué l'ombre qui vient de disparaître, hein ?" Elle fait comme si de rien, Clara hausse les épaules avant de pointer la porte du doigt. « J’ai remarqué, c’était pas Isla. » Ou alors, cette dernière avait viré sa couleur de cheveux dégueulasse, mangé beaucoup de soupe, pris des stéroïdes, des hormones et tout un tas de cocktail pour obtenir ce résultat. « En tout cas, ça explique le vide dans la pièce. J’ai failli penser un instant que tu avais réussi à lui apprendre le bon goût. » Mais non, au lieu de ça, la nana était partie. Une bonne nouvelle. Sans perdre le nord, Clara s’empresse de s’asseoir dans le canapé, prête à papoter avant de sortir. « Mais du coup, tu m’avais pas dit que tu baisais. Si j’ai interrompu ta soirée, fallait me le dire, je t’en aurais pas voulu. » Non, mais elle en aurait voulu au destin parce qu’elle, elle ne baise pas. Un sujet qui lui revient en mémoire en abordant le garçon qui vient de partir et lui rappelle que ce soir, elle est censée être furax envers son petit ami qui préfère jouer au papa et à la maman. Elle soupire avant d’ajouter. « Au fait, je peux dormir ici ? » Parce que papa pensait qu’elle serait chez Nicolas, si elle venait à rentrer, il poserait des questions.
La silhouette de Clara s’avançait dans l’appartement avec une assurance qui rendait celle de Romy proche du néant. Le claquement de ses talons sur le parquet (fraîchement posé par les petites mains d’un Caleb à qui elle n’avait pas laissé d’autre choix que de l’aider, sacrifice ô combien nécessaire pour virer le linoléum) semblait sonner le glas de la catastrophe (pour elle) à venir si toutefois Jonas se mettait à ouvrir la bouche, comme pour se chercher une quelconque légitimité dans sa vie. C’était une chose qu’elle n’avait pas la moindre envie de lui accorder ; ils s’amusaient et visionnaient des séries sur netflix pour s’épargner le débrief, ensuite, c’était tout, mais ce qui était clair dans son esprit ne l’était peut-être pas aux yeux du brun qu’elle avait congédié en moins de temps qu’il ne le fallait pour dire « j’ai un plan cul que je n’assume pas. », soit neuf syllabes et sept secondes. Cela n’avait pas échappé à une Clara qui, loin d’être aveugle, avait toutefois laissé Romy se justifier avant de prendre la parole. La petite blonde avait haussé les épaules, puis désigné la porte de l’index en lâchant : « J’ai remarqué, c’était pas Isla. » Ce qui était évident. Enfin quoique sur un malentendu … (non, pas vraiment). « En tout cas, ça explique le vide dans la pièce. J’ai failli penser un instant que tu avais réussi à lui apprendre le bon goût. » Ahah. Un sourire lui naissait au coin des lèvres, plus amusée qu’offusquée par cette remarque. Romy ne s’était pas lancée dans cette colocation par amour du bon goût de l’assistante sociale, mais si jusqu’à présent elle s’accommodait de la déco approximative, elle devait avouer que de pouvoir –enfin- troquer le canapé en velours et la table en formica pour quelque chose d’un poil plus classique la soulageait. « Elle a déménagé il y a quelques jours, je pense que la coloc c’était pas pour elle. » Ou du moins, pas avec une Romy dont les fringues étaient un poil envahissantes et qui cramait les casseroles chaque fois qu’elle se faisait cuire des pâtes. « Enfin elle a repris ses meubles et vit quelques blocs plus loin. Pour l’instant c’est un peu le camping en attendant que le nouveau débarque. Il s’appelle Tad. Je l’ai vu deux/trois fois seulement mais il a l’air sympa. » Ou du moins il n’avait pas l’air d’un dangereux sociopathe. Romy haussait les épaules à son tour, faisant quelques pas vers le meuble à chaussures pour en extirper une paire de talons qu’elle regrettait certainement d’avoir enfilé plus tard, mais qu’importe. Clara quant à elle, s’était glissée dans le canapé, comme décidée à échanger quelques mots avant de quitter l’appartement pour leur virée nocturne, et si la petite blonde ne s’embêtait pas avec les formalités d’usage, à savoir « fais comme chez toi », c’était parce qu’elle savait que ce n’était pas vraiment nécessaire avec mini Davis. « Mais du coup, tu m’avais pas dit que tu baisais. Si j’ai interrompu ta soirée, fallait me le dire, je t’en aurais pas voulu. » « Je baisais pas. » que rétorque du tac au tac une Romy pas franchement déstabilisée par le tempérament direct de son amie. Il faut dire qu’elle en avait l’habitude. « Je m’étais endormie. Et ça me saoule. Parce qu’il est resté. » Elle soufflait, puis se relevait pour faire quelques pas et tester le confort de la chaussure qu’elle venait d’enfiler avant de décider que ça irait pour ce soir et qu’elle souffrirait demain matin. A son tour de se laisser retomber dans le fauteuil, puis de croiser ses jambes par-dessus l’accoudoir pour faire face à une Clara qui semblait être ennuyée par quelque chose au vu du soupir qu’elle venait de pousser. « Au fait, je peux dormir ici ? » Ouais ? Romy haussait le sourcil, sans trop savoir ce qui poussait Clara à venir s’enterrer à Fortitude Valley alors qu’elle avait le choix entre deux logements spacieux entre Spring Hill et Logan City. « Bien sûr. » Son lit était ridiculement petit depuis qu’elle avait dû en sacrifier une partie pour le dressing, mais ça ce n’était pas une surprise et elle ne s’embêtait pas à le préciser. « Mais t’étais pas censée passer la soirée avec Nicolas ? » Non pas que ça la dérangeait d’héberger son amie au contraire. Mais elle voulait savoir si l’origine de cet air contrarié était lié au pilote ou non, ne serait-ce que pour savoir combien de Gin Tonics elles commanderaient ce soir.
Chaque chose devait être étudiée en son temps. Si Clara avait envie de glousser comme une adolescente à l’idée que Romy ait un copain avant de lui demander le moindre détail de leur vie en allant des dimensions exactes de ses attributs à sa capacité à débattre sur la fonte de la banquise, sa priorité est à ce moment précis de communiquer sur le changement d’espace qui s’est opéré dans l’appartement parce que si cela n’avait pas été Romy qui avait ouvert la porte – et si Clara n’était pas certaine de ses facultés dont celle de retenir un étage – elle aurait presque cru s’être trompée d’appartement. Comme quoi, un coup de parquet et des bibelots moches en moins, ça change tout. Elle dirait même que ce serait bénéfique que la pièce reste comme telle maintenant qu’elle a vu ce qu’elle pouvait être de pire. Critiquer, ça allait être la priorité de Clara. « Elle a déménagé il y a quelques jours, je pense que la coloc c’était pas pour elle. » C’est un peu comme dans un couple où Clara cherche à critiquer l’autre parce que la relation avec sa copine n’a pas marché alors que cent pour cent des chances de l’échec doivent être dû à la dit copine. Si on est cohérent, la nana n’aurait pas quitté son propre appartement si elle n’avait pas été profondément exaspérée. Clara se doute que vivre avec une Romy, c’est pas de tout repos quand on est coincée. Mais, pas grave, c’est mieux comme ça de toute. « Ou alors, elle a réalisé son goût affreux, ne l’a pas assumé et a pris la fuite. » suggère Clara, fidèle aux règles de l’amitié qui veut que ça ne soit jamais la faute de la copine, quand bien même que l’excuse fournie soit peu plausible. « Enfin elle a repris ses meubles et vit quelques blocs plus loin. Pour l’instant c’est un peu le camping en attendant que le nouveau débarque. Il s’appelle Tad. Je l’ai vu deux/trois fois seulement mais il a l’air sympa. » Ouais, elle argumenterait dans son délire de c’est pas ta faute Romy qu’elle a pris les meubles pour les jeter mais ce sujet, en vaut-il la discussion ? « Bwarf, ça fait une déco zen, c’est pas si mal. » Bon, elle le dit surtout parce qu’elle a souvenir de l’ancienne déco parce que très clairement, si Clara revient ici dans deux semaines et que ça ne ressemble pas à une photo pinterest, elle va hyperventiler. « Puis, t’as toujours voulu camper. Là, tu le fais sans les moustiques. Win-win ! » Elle positive. Quelque part, ça l’aide beaucoup à oublier la raison de sa présence ici aka toute la situation actuelle avec son petit ami. « Attends, tu emménages avec un mec ? Tu t’rends compte que c’est le genre d’aventure qui va encore faire de toi la mère d’un individu masculin ? » pointe Clara avec perspicacité parce qu’elle l’avait bien constaté du temps où Romy était maquée et que la conclusion était aussi là dans son couple avec Nicolas, emménager avec un homme, c’est l’adopter et se retrouver à le torcher en toute occasion, qu’il y’ait du sexe ou pas. « Je crois que tu as un problème. » souligne Clara en se demandant si Romy n’essaie de dire adieu à cette liberté nouvellement retrouvée. Plutôt disposée à papoter qu’à réaliser le programme de base qui consister à boire à l’œil en papillonnant des yeux, elle prend ses aises en attaquant finalement le sujet du jeune homme qui a pris la fuite – ou plutôt qui a été mis à la porte – à son arrivée. « Je baisais pas. » « Je dis ça en général, pas à ce moment précis. » éclaircie Clara alors que Romy poursuit « Je m’étais endormie. Et ça me saoule. Parce qu’il est resté. » « Pas parce que je suis venue ? » demande t-elle, ne voyant aucune offense à ce que son amie lui reproche l’annulation de sa partie de jambe en l’air, Clara serait elle-même capable de formuler ce genre de chose si elle baisait avec son petit ami de temps en temps mais il suffit de jeter un coup d’œil à l’agenda du pilote pour en déduire que non. « Tu peux le dire si j’ai interrompu un truc. » Pas qu’elle ait besoin de le préciser. Elle sait qu’elle peut être complètement honnête avec Romy et que l’inverser est possible. Cette absence de filtre est ce qui lui plait tant. Parfois, il y’a pas de mal à entendre des vérités difficiles. Finalement, Romy se décide à la rejoindre dans son étalage sur le canapé. C’est après une seconde de silence marquant la fin du sujet que Clara se risque à demander pour dormir ici en sachant pertinemment que ça montrerait l’anguille sous la roche. « Bien sûr. » Pendant quelques secondes, elle se retrouve à prier que Romy ne verbalise pas ce qu’elle aura relevé, c’est peine perdue. « Mais t’étais pas censée passer la soirée avec Nicolas ? » « Si. » dit-elle, avant de reprendre sa colère où elle l’avait laissé et en montrant parfaitement la contrariété sur son visage. « Seulement monsieur a préféré ne pas prendre son avion pour passer sa soirée, ou après-midi, je sais pas quelle heure il est à New York, pour jouer au papa, en oubliant une fois de plus l’idiote avec qui il voulait encore des enfants le mois dernier à Brisbane. » explique Clara, sans cacher son amertume avant de ponctuer son récit par un « Mais t’inquiète pas, je lui manque » Des mots qui écrit dans un texto, avaient fini par perdre toute valeur à ses yeux.
Clara ne lui avait pas sauté dessus d’entrée de jeu pour savoir ce qu’il en était du type qu’elle venait de mettre à la porte comme s’il représentait la plus grande boulette de l’histoire, et quelque part, Romy la remerciait. Elle préférait cent fois parler du départ d’Isla le temps que ses méninges s’ordonnent correctement et que ses joues retrouvent une couleur acceptable; un fait dramatique. A vingt-sept ans la blondinette n’assumait toujours pas d’avoir une relation éphémère. « Ou alors, elle a réalisé son goût affreux, ne l’a pas assumé et a pris la fuite. » Oui. Sûrement. Pas vraiment en fait, mais la petite blonde fut ravie de constater que son amie ne lui jetait pas la pierre de cette colocation avortée et hochait la tête en acquiesçant, précisant ensuite que la rouquine avait embarqué ses meubles à quelques rues plus loin en laissant exprimer le sens décoratif d’une Romy beaucoup trop accro à Pinterest dans tout l’appartement. A commencer par ce parquet qu’elle avait installé pour ne plus voir la moindre petite parcelle de linoléum dégueulasse sous ses tapis, qui ne méritaient pas telle cruauté qu’on se le dise. « Bwarf, ça fait une déco zen, c’est pas si mal. » Vu sous cet angle. La petite blonde penchait la tête sur le côté, avant d’hausser les épaules. « Puis, t’as toujours voulu camper. Là, tu le fais sans les moustiques. Win-win ! » Depuis quand Clara Davis se montrait elle si enjouée pour du camping indoor ? Sûrement en comprenant qu’elle ne reverrait plus l’ancienne coloc bobo écolo de sa meilleure amie traîner potentiellement dans leurs pattes lors de leurs soirées masques à l’argile et mojitos, bien que le prochain locataire de la chambre vacante ne soit pas forcément mieux. « Attends, tu emménages avec un mec ? Tu t’rends compte que c’est le genre d’aventure qui va encore faire de toi la mère d’un individu masculin ? » Elle hausse les épaules, tentant vaguement de rassembler les souvenirs qu’elle avait de Tad. Le type n’avait pas tiqué lorsqu’elle lui avait demandé les dimensions de son armoire (information ô combien importante) et n’avait pas non plus pris ses jambes à son coup lorsqu’elle lui avait avoué être un peu bordélique. « Non, ça va. Celui-là à l’air bien et je sens qu’on se partagera la vaisselle à Mario Kart. » Tad n’avait pas l’air aussi maniaque que l’était Isla, et quand bien même il venait à lui demander de faire à manger le pauvre devrait s’habituer aux coquillettes puisque Romy ne maîtrisait rien d’autre. « Je crois que tu as un problème. » A nouveau elle hausse les épaules, l’air de dire « je gère » alors que ces derniers temps elle ne gérait pas grand-chose en fait. En témoignait le mec qu’elle venait de faire disparaître. Un plan qui s’incrustait, qui espérait quelque chose qu’elle n’était carrément pas disposée à lui accorder et …. qu’elle n’était pas prête à assumer. « Je dis ça en général, pas à ce moment précis. » Romy fronçait les sourcils, se laissant retomber sur le canapé. « Oui ben même en général, c’est … occasionnel. » C’était. Puisqu’entre temps Jonas avait décidé que passer lui rendre visite à l’improviste était plutôt chouette et elle n’avait pas le cœur de lui avouer qu’elle s’en foutait bien. Ce n’était pas quelque chose qu’elle cachait à Clara, espérant que cette dernière ait peut être une astuce miracle « refaire disparaître un boulet » en stock. « Pas parce que je suis venue ? » Romy arquait un sourcil, l’idée de virer Clara pour Jonas lui semblant hautement improbable. « Tu peux le dire si j’ai interrompu un truc. » Pas du tout. La petite blonde secouait la tête négativement, soufflant : « Tu sais, ce type commence à me filer plus de maux de tête qu’il ne réussit à m’en enlever alors … » Un brin fataliste, Romy haussait les épaules, poursuivant : « C’était amusant pendant deux semaines maintenant ça l’est plus. Faut que je m’en débarrasse. » avec détermination. Elle avait lourdé Josh pour ne plus s’encombrer avec un boulet, alors aussi musclé soit branche d’arbre, qu’il retourne désormais à ses cours de dessin. Après quelques secondes de silence, Clara s’était finalement décidée à lui demander si elle pouvait rester dormir, et si d’ordinaire Romy lui aurait ouvert sa porte sans poser la moindre question, ce soir elle s’interrogeait. Il lui semblait que son amie devait passer la soirée avec son prince charmant, mais vu le ton de la blonde, tout ne s’était pas passé comme prévu. « Si. » Le visage de Clara était passé de baby doll à Anna Wintour dans ses mauvais jours. « Seulement monsieur a préféré ne pas prendre son avion pour passer sa soirée, ou après-midi, je sais pas quelle heure il est à New York, pour jouer au papa, en oubliant une fois de plus l’idiote avec qui il voulait encore des enfants le mois dernier à Brisbane. » Oh. Oh. Romy penchait la tête vers Clara, fronçant les sourcils en se redressant à mesure que le sujet semblait brûlant et nécessitait sa concentration. « Mais t’inquiète pas, je lui manque » que concluait la blonde, amère. Il était évident que Romy s’inquiéterait, et même si d’instinct elle aurait été tenté de respecter les règles de l’amitié et de l’insulter de connard d’entrée de jeu, ce n’était pas la tactique à adopter. « Ok. Ça a pas l’air d’aller. » Combiner le fait d’avoir un fils à l’autre bout du monde et celui d’être engagé dans une relation sérieuse dans l’autre hémisphère n’avait rien d’évident, et même si elle pouvait comprendre la position de Nicolas, celle qui lui importait le plus était Clara. « Tu le crois encore quand il te dit qu’il veut s’investir ? » Elle devinait que non, mais peut être que d’en parler rendrait les choses plus claires. « Enfin ... je suppose que ça va pas aller en s’arrangeant. Il va grandir, son gamin. » et elle ne disait pas ça pour enfoncer le clou bien au contraire, cependant Romy se devait d’être honnête envers Clara, et ne pas la conforter dans l’idée que tout irait pour le mieux ensuite alors qu’elle n’en pensait pas un traitre mot. Si son amie n’était pas à l’aise maintenant, qu’en serait-il ensuite ?
Clara n’est pas bien convaincue du quotient « bonne idée » de la dernière initiative de Romy à emménager avec un homme. Elle venait tout juste de se débarrasser d’une sacrée bécassine sans aucun goût et qui devait incarner la raison pour laquelle les loyers sont si peu cher dans le coin qu’il fallait qu’elle s’embarrasse d’un énième boulet. Loin de Clara l’idée de critiquer le jeune en question sans le connaitre mais elle part simplement du postulat que tous les hommes sont des bébés, particulièrement ceux qui se retrouvent à vivre en coloc alors qu’ils ont le pied dans la trentaine. « Non, ça va. Celui-là à l’air bien et je sens qu’on se partagera la vaisselle à Mario Kart. » Elle ne dit rien mais son regard ne manque pas de laisser transparaitre toute son opinion sur le sujet parce qu’elle a toujours malgré tout du mal à admettre que sa meilleure amie puisse parfois laisser passer l’hygiène. Elle décide de ne pas commettre la même erreur – ou pas – qu’avec la première colocataire de Romy et d’attendre avant de juger le nouveau spécimen. Au lieu de ça, elle rebondit sur le jeune homme qu’elle a vu jeté à la porte quelques minutes plus tôt, comme si elle allait vraiment faire comme si elle n’avait rien vu. « Oui ben même en général, c’est … occasionnel. » soutient Romy, ce qui n’évite pas à Clara le petit regard plein de sous-entendus qui veut aussi lui faire comprendre que y’a absolument pas de mal à vouloir se faire plaisir une fois de temps en temps et que s’il avait fallu que ce soit elle qui décampe, elle l’aurait accepté – en échange de détail, obvi - « Tu sais, ce type commence à me filer plus de maux de tête qu’il ne réussit à m’en enlever alors … » soupire Romy, la mine loin du tableau idyllique que l’on aurait pu imaginer. « C’était amusant pendant deux semaines maintenant ça l’est plus. Faut que je m’en débarrasse. » « Là, je peux faire quelque chose pour toi ! » déclare Clara, enjouée, parce que qu’on se le dise, la jeune femme dispose d’un passé assez rempli en matière de rupture difficile et de texto incisif. Si Romy ne savait pas comment passer l’étape, Clara est une fois de plus parfaitement apte à l’aider à prendre les choses en main (sans compte que ça l’amuse). Seulement, alors qu’il était question de rupture, si l’hypothétique de Romy la faisait rire, la sienne qui parait imminente lui fait plus mal au cœur qu’autre chose. Elle est triste de constater que les choses ont bien changées et que le côté inédit de la situation la désempare. « Ok. Ça a pas l’air d’aller. » conclue Romy après que Clara lui eut expliqué la situation entre elle et Nicolas. Le visage enjoué qu’arborait la blonde dix minutes plus tôt pendant qu’elle se moquait de la dernière conquête de son amie a disparu, désormais il ne reste que les traits de cette fille qui se rend compte peu à peu que son couple est mort. « Tu le crois encore quand il te dit qu’il veut s’investir ? » Elle lève les yeux vers Romy, son regard veut tout dire : elle ne croit plus en rien les concernant. « Enfin ... je suppose que ça va pas aller en s’arrangeant. Il va grandir, son gamin. » « Non, en effet. » approuve Clara d’un ton neutre, ne sachant pas comment en parler. Elle sait qu’elle n’est pas jalouse de cet enfant, ni de sa mère et elle reste contente pour Nicolas qu’il soit papa et qu’il ait l’occasion d’enfin réaliser son rêve. Seulement, elle avait le sentiment de ne plus lui servir à rien. Comme si avoir un enfant était tout ce qu’il avait attendu d’elle, qu’il avait pris son mal en patience avec ses refus à concevoir mais que maintenant qu’il avait un fils, elle ne servait à rien. Et en agissant ainsi, il avait donné raison à toutes ses peurs concernant la maternité. Nicolas n’avait pas mis son travail en suspens pour avoir plus de temps à consacrer à Ethan, c’était leur relation qui patissait. Elle passerait toujours après son travail. « Je le crois sans difficulté quand il me parle d’investissement que ce qu’il veut me dire, c’est qu’il en attend de moi. » Elle soupire avant de reprendre. « Seulement, il se rend pas compte à quel point il est formaté à attendre que je joue les épouses attentives et sages alors que lui peut faire ce qu’il veut et il a jamais su saisir qu’attendre à la maison qu’il rentre du travail n’est pas mon projet de vie. Il veut que je vienne vivre avec lui mais il sera toujours là qu’entre deux avions, temps que je passais déjà à ses côtés. Il veut des enfants mais là encore, il me prouve que si on en avait, il jonglerait entre le bébé et son travail, mais pas avec moi. Il veut toutes ces choses mais c’est à moi de bâtir cette vie pendant qu’il est loin et c’est pas ça que je veux. » Le pompom d’un des coussins est venu se glisser entre ses doigts tandis qu’elle explique la situation merdique qu’est sa vie actuelle. Elle sait que c’est sa faute, qu’elle aurait pas du se renier pour Nicolas, et que de toute façon, elle ne l’a pas vraiment fait vu ses activités nocturnes. Peut-être serait-il temps qu’elle réalise que si elle a besoin de voir ailleurs, ce n’est pas sans raison.
Le sujet sur la nouvelle colocation de blondinette s’était évaporé pour laisser place à une discussion sur Jonas, fait disparaître (jeté dehors aurait été plus correct) par une Romy qui ne retirait plus le moindre amusement à l’idée de poursuivre sur sa lancée de femme indépendante dont le plan cul avait le QI inversement proportionnel à sa masse musculaire. Bien qu’il soit sympa. Elle avançait sans remords à Clara qu’il fallait qu’elle s’en débarrasse, car elle savait qu’elle pouvait le faire sans être jugée. Non pas qu’il y ait un quelconque jugement à avoir à ce sujet en 2019 mais Romy n’était pas coutumière des relations qui n’étaient pas basées sur quelque chose de plus consistant qu’une alchimie physique et … au final ce n’était pas plus mal ainsi vu qu’elle se sentait enchaînée à un boulet. « Là, je peux faire quelque chose pour toi ! » ah ? La petite blonde haussait le sourcil, se demandant bien ce qu’avait son amie en tête (d’autant plus qu’elle était passée de son air dépité à un poil plus enjoué) « Si ça te dit de partager tes lumières je suis preneuse. Parce que je n’en peux plus. Si je me colle un nouveau musée avec lui mes nerfs vont lâcher. » Et ce serait sans doute bien qu’ils le fassent puisqu’elle pouvait simplement mettre fin à cette histoire en étant honnête, mais Romy restait toujours Romy, et si dans son travail elle pouvait se montrer acharnée et déterminée, dans sa vie privée il en était tout autre chose. Sa situation n’était de toute façon pas dramatique, et alors que Clara lui exposait la sienne la petite blonde n’avait aucun mal à laisser tomber ses bébé problèmes pour la rupture à venir de sa meilleure amie. « Non, en effet. » Il ne fallait pas être devin pour voir que quelque chose n’allait plus, et quoi de plus normal. Nicolas délaissait sa petite amie pour son fils, ce qui n’avait rien de surprenant mais qui devait être compliqué à intégrer pour la blonde qui n’avait rien demandé. « Je le crois sans difficulté quand il me parle d’investissement que ce qu’il veut me dire, c’est qu’il en attend de moi. » Romy penchait la tête sur le côté, intégrant ce qu’elle avait à lui confier les lèvres pincées. « Seulement, il se rend pas compte à quel point il est formaté à attendre que je joue les épouses attentives et sages alors que lui peut faire ce qu’il veut et il a jamais su saisir qu’attendre à la maison qu’il rentre du travail n’est pas mon projet de vie. Il veut que je vienne vivre avec lui mais il sera toujours là qu’entre deux avions, temps que je passais déjà à ses côtés. Il veut des enfants mais là encore, il me prouve que si on en avait, il jonglerait entre le bébé et son travail, mais pas avec moi. Il veut toutes ces choses mais c’est à moi de bâtir cette vie pendant qu’il est loin et c’est pas ça que je veux. » Clara maltraitait le coussin, et Romy ne lui en voulait même pas. Si cela lui permettait de se canaliser elle pouvait tous les prendre. Elle ramenait ensuite l’une de ses jambes contre elle, posant son menton sur le sommet de son genou avant de répondre d’une voix neutre : « Si t’arrives pas à t’adapter à son mode de vie maintenant, ça n’ira pas en s’arrangeant en venant vivre avec lui. Surtout si son fils se greffe à l’équation. » Il était inutile d’édulcorer son point de vue, et si la petite blonde offrait tout son soutien et sa compassion à sa meilleure amie ce n’était pas en jouant aux optimistes de service qu’elle l’aiderait. « … et si vous avez un enfant mais que son boulot ne change pas tu seras prise au piège dans une prison dorée. Il est génial ton prince charmant, et je dis pas ... vous allez bien ensemble, mais choisis toi toi plutôt que de le faire passer avant. » Parce que si pour le moment tout allait bien, thumbelina allait rapidement se mourir à petit feu en s’oubliant, et Romy avait beau être dans le drama elle ne se sentait pas de voir Clara changer en acceptant une situation qui ne lui ressemblait pas.
Même si elle allait régler la question en quelques secondes, Clara reste plus qu’heureuse de régler le problème relationnel que Romy lui expose. La jeune femme ne dispose pas de beaucoup de compétence mais ironiquement celle de rompre avec des gars pour lequel elle n’éprouve aucun attachement est plutôt développée. On en veut pour expérience toutes ces relations sans lendemain ou suite dépassant la semaine qu’elle avait vécu avant de rencontrer Nicolas, et si la rupture qu’elle s’apprête à causer ne ressemble en rien à celle qu’elle a orchestré par le passé, aider Romy aura au moins le mérite de l’aider à remettre un pieds à l’étrier. « Si ça te dit de partager tes lumières je suis preneuse. Parce que je n’en peux plus. Si je me colle un nouveau musée avec lui mes nerfs vont lâcher. » Haussant les épaules, elle tend la main vers sa meilleure amie, attendant qu’elle lui donne quelque chose. « Passe-moi ton portable. » Elle reprend sitôt l’objet en main. « Jonas c’est ça ? » Il ne suffit que quelques secondes à la jeune femme pour pianoter un message plutôt concis qu’elle envoie directement au jeune homme pour lui faire comprendre qu’il n’a plus à mettre les pieds chez elle désormais. Le genre de message avec une punchline serré qui devrait lui passer l’envie de tenter une réconciliation. Rompre est très facile quand on se soucie peu de l’estime que les gens peuvent avoir pour eux-mêmes. « Voilà, c’est fait. » dit-elle en rendant le smartphone pour poursuivre sur les problèmes qui l’ont amené elle à venir ici, à savoir sa relation boiteuse à Nicolas qui devrait être achevée avant de terminer dans un état encore plus lamentable qu’elle ne l’est actuellement. La partie raisonnable du cerveau de Clara sait que c’est vers là qu’elle s’avance, la partie émotionnelle a encore du mal. Si elle sait que c’est le point final, elle n’arrive pas à se résoudre à sortir son premier amour de sa vie. Des choses qui lui passent par la tête, elle n’en avait jamais parlé, ou alors, elle l’avait toujours fait à demi-mot à cause de la trop grand importance qu’elle accorde toujours à cette image de jeune femme parfaite qu’elle tient à renvoyer. Celle qu’être avec Nicolas lui permettait d’avoir. « Si t’arrives pas à t’adapter à son mode de vie maintenant, ça n’ira pas en s’arrangeant en venant vivre avec lui. Surtout si son fils se greffe à l’équation. » Disons que, ce qu’elle aurait surtout apprécié, ça aurait été une rencontre à mi-chemin. Que lui aussi, s’adapte à sa vie, mais là encore, c’était trop demandé et à bien y réfléchir, il n’aurait jamais réussi à coller à la vraie Clara. « … et si vous avez un enfant mais que son boulot ne change pas tu seras prise au piège dans une prison dorée. Il est génial ton prince charmant, et je dis pas ... vous allez bien ensemble, mais choisis toi toi plutôt que de le faire passer avant. » Un petit sourire se dresse sur le visage d’une Clara qui avait qu’on le lui dise, qu’il faut que ce soit elle d’abord. « C’est ce que j’aimerais faire, mais je me sens tellement égoïste à penser à ce que moi je veux, et je sais que personne ne verra les choses comme ça, et que je vais en avoir pour des mois, voire des années à justifier de comment je peux quitter un homme comme ça et ça me fait peur, je ne gère pas très bien les reproches tu sais. » Même si cela ne regardait personne, Clara mentirait si elle affirmait ne pas se soucier de ce que les autres pensent.
Romy faisait une confiance aveugle en Clara. Elle n'avait jamais vraiment trop su pourquoi, mais c'était le cas, alors lorsque cette dernière annonçait : « Passe-moi ton portable. » en lui tendant la paume de la main grande ouverte, la petite blonde le fit sans sourciller. Presque pas du moins. « Jonas c’est ça ? » Oh non. Elle n'allait pas ? « Voilà, c’est fait. » Si, elle l'avait fait. Romy hésite un instant entre le fait d'être embêtée de lourder ce pauvre Jo comme un con ou celui de se sentir soulagée de le voir disparaître alors qu'elle se sentait lentement glisser vers une relation exclusive qui ne lui convenait pas du tout. Finalement, c'était la seconde option qui l'emportait, et d'un haussement d'épaules elle récupérait son précieux en répondant : "Merci." sans trop savoir encore si elle le pensait ou non. Clara lui avait tiré une sacrée épine du pied, mais d'un autre côté ... cela prouvait qu'elle n'était toujours pas prête à assumer ses décisions comme une grande alors qu'elle se clamait libre et indépendante après avoir lourdé Josh. Heureusement (façon de parler) pour elle, il y avait un autre sujet qui méritait qu'elle mette entièrement ses méninges à disposition de thumbelina, et vu la gravité des choses, la petite blonde ne pouvait que se montrer la plus à l'écoute possible. Le prince charmant jouait avec son cœur, et bien qu'elle puisse entendre son point de vue, elle ne pouvait que constater que quelque chose clochait, et clocherait toujours si le pilote ne prenait pas une décision qui ne laissait pas sa belle sur le carreau. Clara méritait mieux ; non car elle était sa meilleure amie mais parce qu'elle s'investissait dans cette histoire, d'une façon différente du Rollins. Elle le voyait sur le long terme là où lui semblait la considérer comme une poupée qu'il pourrait modeler au gré de ses envies, à sa vie décousue. « C’est ce que j’aimerais faire, mais je me sens tellement égoïste à penser à ce que moi je veux, et je sais que personne ne verra les choses comme ça, et que je vais en avoir pour des mois, voire des années à justifier de comment je peux quitter un homme comme ça et ça me fait peur, je ne gère pas très bien les reproches tu sais. » Oui, elle savait, mais elle comprenait aussi que les apparences pouvaient vite être trompeuses et qu'elle devait s'en moquer du regard des autres. "Un homme comme lui te rend malheureuse, c'est tout ce que je vois." soufflait elle avant de glisser son bras sous celui de la petite blonde et de décréter d'un ton décidé : "Les reproches tu t'en tapes. T'auras bien assez à gérer tes propres émotions avant de devoir jouer à la hotline infos pour toute une flopée de gens qui ne te connaissent pas. T'as besoin de boire. On va arroser tout ça de margaritas et tu te montreras bien plus philosophique, tu verras." en l'entraînant en dehors de chez elle, son sac à main attrapé à la va vite. Si quelques abrutis ne comprenaient pas les choix de Clara, elle, le ferait.