Le sourire de Sid est contagieux et Aisling sent ses lèvres s’étirer tandis qu’elle l’attire dans son appartement. Finir la soirée ensemble est presque un rituel pour eux, et pourtant l’inviter à rester ce soir lui semble avoir une signification particulière. Envahie d’une étincelle de joie, l’irlandaise se sent libre, étrangement rebelle… et sacrément nerveuse. Toujours prudente, elle tourne les deux verrous dans leur dos et laisse la clef sur la porte. D’un coup ils sont seuls entre ces murs, à l’exception d’Halloween venue elle aussi saluer leur visiteur. Persuadée qu’il a manqué à sa chatte au moins autant qu’à elle, Aisling les laisse se retrouver et s’aventure dans la cuisine à la recherche de ses mugs préférés. C’est d’une bouteille de vin dont j’aurais besoin… Une fois de plus, elle repousse l’envie de boire pour émousser son anxiété. Ses yeux s’égarent sur la silhouette de Sid, nonchalamment appuyé contre le comptoir, et elle se détourne avec un frêle sourire d’excuse lorsque leurs regards se croisent. La gorge serrée sans trop savoir pourquoi, Aisling plonge dans ses placards en se demandant si elle est censée se comporter comme d’habitude ou différemment, ce que faisaient ses nanas après l’avoir avoir invité à partager leur soirée et s’il ne risque pas de la trouver incroyablement fade en comparaison. Il serait pas là avec moi s’il m’appréciait pas comme je suis. Aisling s’accroche à cette pensée rassurante pour garder un calme apparent mais sa nervosité ne trompe pas, comme en témoigne la bouilloire qu’elle repose un peu trop brutalement sur son socle. Les doigts de Sid l’arrachent à ses questionnements en se glissant entre les siens. Surprise et vaguement décontenancée, l’irlandaise se laisse attirer contre lui et le bras qu’il passe autour de sa taille chasse son appréhension. J’ai pas besoin de changer. On est toujours Sid et Aisling mais avec ces petits trucs en plus, elle réalise en relevant les yeux vers son visage serein. Le tatoueur l’a bien compris, et elle se sent soudain reconnaissante de pouvoir bénéficier de son expérience. « Heureusement que tu m’as rattrapé, je m’en allais comme un imbécile alors que j’avais pas du tout envie de partir… et très envie de dormir avec toi. » Un sourire ravi éclaire le visage d’Aisling et ses joues prennent une teinte rosée tandis qu’il murmure la fin de sa phrase. « J’avais pas envie qu’tu t’en ailles non plus. » Elle confie sans mal. Et j’ai très envie de dormir avec toi moi aussi mais… j’sais pas si on devrait, tu sais ? Sa volonté bancale fléchit encore face au regard plein de tendresse qu’il lui réserve et finit par fondre complètement lorsqu’il dépose un baiser pudique sur sa tempe. Elle se sent tellement bien quand il l’étreint de cette façon qu’elle pourrait aisément passer la soirée blottie contre lui sans avoir besoin de rien d’autre ; hélas il s’écarte déjà. « D’ailleurs, tu permets que je te pique l’un de mes t-shirts pour la nuit ? » Les yeux ronds, Aisling sent ses organes se liquéfier. Au cours des dernières années, il lui est arrivé de rentrer chez elle encore vêtue d’un t-shirt que Sid lui avait prêté la veille. Empruntés avec l’intention d’être nettoyés et rendus au plus vite, elle s’est prise à les ‘oublier’ un peu trop souvent, un peu trop longtemps, jusqu’à savourer l’idée d’avoir un petit quelque chose à lui dans quoi se blottir. « Euh… ouai bien sûr t’as qu’à regarder dans ma penderie. » Elle bafouille, embarrassée de se découvrir ainsi démasquée. Pourquoi tu m’as rien dit si tu savais ? « J’allais t’les rendre t’sais, c’est juste que des fois j’oublie. » Plus ou moins consciemment. « Et puis qu’j’aime bien les porter aussi… » Elle avoue avec un petit sourire coupable et baisse les yeux pour disparaître sous sa frange. Quand j’me sens triste ou angoissée, quand j’ai peur de replonger, j’m’enroule dedans et j’me dis que t’es un peu avec moi alors ça m’aide à tenir le coup, tu vois ? Aisling retient cette confession au dernier moment. Étonnement Sid semble trouver son étrange pratique amusante alors autant ne pas plomber l’atmosphère avec ses névroses. Elle le regarde s’éloigner vers sa chambre avec fluidité et se réjouit d’avoir accroché ses trophées à des cintres plutôt que de les avoir laissés en bordel dans ses tiroirs avec le reste de ses t-shirts.    

Halloween la ramène à ses besoins primaires en se frottant contre ses mollets. Aisling trésaille puis sourit en reconnaissant ce contact agréable et se penche pour lui caresser le haut du crâne, le cou et la base de la queue. Le félin ronronne avec appréciation puis miaule histoire de lui rappeler sa mission première. « Okay c’est bon j’ai compris. » Elle rit doucement et remplit sa gamelle de croquettes fraîches. Le cliquetis de la bouilloire lui indique que l’eau est assez chaude et la brune se lave les mains avant de s’en emparer pour remplir les tasses. Elle vient à peine de commencer quand un cri de surprise en provenance de sa chambre la fige sur place. « Mon t-shirt de Black Sabbath ! » Oups Les lèvres pincées pour ne pas rigoler comme une mauvaise élève prise sur le fait, Aisling relève vivement la tête vers l’entrée de sa chambre où Sid se tient désormais, le fameux bout de tissu entre ses mains. « J’savais pas que tu l’avais, j’croyais l’avoir perdu. » Alors c’est plutôt une bonne surprise, non… ? Elle tente de lui répondre, mais les mots restent bloqués dans sa gorge car ses yeux viennent de s’égarer sur le torse dénudé de Sid dont elle découvre la musculature mince et élancée. « Tu me connais, ça aurait bien été mon genre de l’égarer dans mon fouillis. » Happée par sa contemplation des tatouages harmonieux et du corps qui les porte, Aisling parvient tout juste à faire un sens de ses mots. Elle ne reprend contact avec la réalité que lorsqu’une goutte brûlante tombée sur ses doigts lui apprend que l’eau déborde de sa première tasse. « Merde ! » Elle jure à voix basse et attrape vivement un torchon pour éponger sa connerie. Sid s’est déjà rhabillé quand elle relève les yeux et l’irlandaise ne comprend rien à la vague de soulagement mêlée de déception qui déferle sur elle. T’aide vraiment pas mes émotions contraires, tu le sais ça ? « La tisane est prête ? » Il demande en s’approchant, une main perdue dans sa tignasse brune qu’il ébouriffe délicieusement. « Quasiment, y’a plus qu’à choisir c’qu’on veut mettre dedans ! » Aisling répond vivement en brandissant les boites de tisane entre eux comme un bouclier destiné à parer la tentation grandissante qu’il éveille en elle. « Tu préfères quoi ? J’ai vanille, menthe verte, cannelle, gingembre- » Ses yeux s’agrandissent et elle écarte furtivement cette option en se souvenant des vertus aphrodisiaques prétendues de la dite racine. « Non laisse tomber on a pas besoin de ça… » ’Fin surtout moi soyons honnêtes. Les joues brûlantes, elle se reprend et enchaîne sans lui laisser le temps d’en caser une : « ‘Fin bref ! Celui à la vanille c’est l’meilleur mais j’vais le mélanger à la cannelle comme ça on garde notre thème d’automne. » Elle décide en réarrangeant précautionneusement ses tisanes sur le comptoir. Risquant un coup d’œil vers le visage de Sid, elle remarque alors le sourcil relevé soulignant son regard amusé. Nul doute qu’elle le trouverait irrésistible si elle ne se sentait pas si exposée. Quitte à être grillée… N’y tenant plus, Aisling se hisse sur la pointe des pieds et la main sur sa nuque pour le retenir, elle presse ses lèvres contre celles de son copain pour tenter d’effacer le sourire malicieux qui les plisse. « Va t’installer, j’te l’apporte. » Elle capitule avec un petit rire sincère. Bonne perdante, la brune lui vole encore un baiser puis se détourne pour reprendre sa préparation.

Aisling s’attaque immédiatement à son mélange pour retrouver un genre de contenance et remplit deux petits infuseurs chats en silicone, un bleu et un rose, qu’elle accroche aux rebords des mugs fumants. Une boule d’affection enfle dans son cœur alors qu’elle relève les yeux vers le salon pour regarder Sid s’asseoir sur son canapé, Halloween sur ses talons. Plus étonnant encore, elle ressent un bonheur inexplicable à l’idée de préparer une boisson pour son mec et la lui apporter. Guillerette, Aisling arrange alors les restes du gâteau sur une petite coupe et place le tout sur un plateau qu’elle emporte jusqu’à la table basse du salon. « Fais gaffe, c’est chaud. » Elle prévient en lui tendant la tasse avec le petit chat bleu. Puis comme il soulève son bras pour l’accueillir, la brune se glisse tout contre son corps et replie ses jambes sous elle pour se réchauffer les pieds. « Ils sont jolis tes tatouages. » Songeuse, Aisling fait courir ses doigts sur le t-shirt de Sid au niveau de son sternum, puis elle laisse son mouvement glisser vers son nombril avant de placer la paume de sa main sur son flanc gauche qu’elle caresse distraitement de son pouce par-dessus le tissu. « C’est un peu con mais j’savais pas que t’en avais là aussi. Ça t’va super bien. » T’es tellement beau… Elle n’aurait qu’un mouvement à faire pour remonter un peu l’étoffe et glisser ses doigts sur la peau de son abdomen, retracer ces lignes qu’elle n’a que trop brièvement aperçues pour en apprendre les contours, mais quelque chose la retient. Les limites qu’elle s’est toujours imposées avec les hommes lui semblent plus floues que jamais, et c’est peut-être justement pour cette raison qu’elle se raccroche si vigoureusement à son précepte de base : pas touche. Alors pour éviter de succomber à la tentation elle relève les yeux vers son visage et une lueur taquine s’allume dans ses yeux clairs. « J’te présenterais bien les miens mais… tu les connais déjà. » Elle plaisante avec un sourire. Depuis leur rencontre, Aisling n’a jamais laissé personne d’autre que Sid piquer sa peau. Alors forcément, il a réalisé la grande majorité des tatouages qui ornent son corps. Plus surement encore qu’avec ses t-shirts, ça lui donne l’impression de l’avoir partout avec elle et de pouvoir puiser dans l’encre vive la force qui lui fait parfois défaut.  
 

And I know there were times I wouldn't hold your hand;
But baby, now I'm here for you. Maybe you want it too...

Pando

Une lueur d’amusement brille dans le regard de Sid et sa réponse ne se fait pas attendre. « Ouai et j’ai cru comprendre que ton tatoueur était plutôt doué d’ailleurs. » Aisling sent un sourire étirer ses lèvres mais elle essaie de maîtriser son hilarité pour rentrer dans son jeu. « Qu’est-ce que tu crois ? J’ai pas des goûts de chiotte ! Je m’contente que du meilleur… » Elle lance avec un air faussement pompeux et se redresse fièrement. Malgré la plaisanterie, l’irlandaise est intimement convaincue de ce qu’elle avance. L’art du tatoueur parle à son âme, et elle en est tombée amoureuse à l’instant même où ses yeux découvraient son portfolio, entre deux frites et un milkshake, sur le petit écran de son téléphone portable. Captivée par ses créations, elle a su instantanément qu’elle voulait lui confier son prochain projet, le portrait d’Halloween entourée de citrouilles et de fleurs ; un choix qu’elle n’a jamais regretté. Comme s’il se remémorait lui aussi ce petit bout de passé, Sid la ramène à leurs débuts et elle se sent envahie d’une pointe de nostalgie lorsqu’il lui demande : « Tu t’souviens le soir de notre rencontre, j’t’ai dit de m’appeler si tu voulais te faire tatouer ou si t’avais besoin d’un garde du corps pour ton prochain concert ? » Par réflexe, Aisling relève les yeux vers l’entrée où s’est déroulée la scène dans laquelle elle se projette dans difficulté. Elle le revoit, un genou au sol pour remettre ses bottes et se souvient du pincement au cœur qu’elle avait ressenti lorsqu’il s’était redressé ; de la peur que tout s’arrête aussi brusquement que ça avait commencé et de ne jamais le revoir. Et puis elle se souvient la bouffée d’espoir qui l’avait emplie lorsqu’il lui avait tendu sa carte avec un sourire à faire fondre la banquise en hiver. Elle avait eu du mal à croire qu’un type si respectueux et talentueux veuille bien lui offrir une petite place dans sa vie, mais elle crevait d’envie de la prendre. Le précieux sésame serré contre sa poitrine, elle avait à peine attendu qu’il referme la porte pour se précipiter sur son téléphone et rédiger un SMS. Nul doute qu’il l’aurait reçu dans la cage d’escaliers si elle ne s’était pas reprise à dix fois pour reformuler son message. Ouai, sa mémoire flanche à cause des drogues et des angoisses mais cette soirée, Aisling peut se la rejouer dans les moindres détails. Elle hoche la tête et relève le menton pour le regarder, curieuse de savoir où il veut en venir. « Tous mes souhaits se sont réalisés ce soir. » La gorge serrée, Aisling sent son cœur se gonfler d’une d’émotion qu’elle a du mal à comprendre. Elle ignore s’il parle de son envie de la tatouer ou de la ramener à un concert, de l’amitié profonde qui en a découlé, ou bien des remous délicieux de cette dernière soirée. Elle ne sait pas, et elle hésite à faire un trait d’humour pour le lui demander. Mais lorsque leurs regards se croisent, la tendresse qu’elle lit dans celui de Sid lui rappelle que les mots sont superflus pour exprimer l’affection qui les lie. Un sourire ému aux lèvres, elle se redresse alors et caresse délicatement la mâchoire de son copain du dos de sa main. « Moi aussi, si tu savais. » Elle murmure et dépose un baiser sur sa joue avant de retrouver sa place, blottie dans son étreinte. Son bras glisse autour de la taille de Sid et elle inspire son odeur et sa présence tout en resserrant légèrement sa prise comme pour le retenir au plus près d’elle.

Les doigts repliés autour de sa tasse, Aisling profite de ce moment de calme. Sa tisane d’automne réchauffe son corps de l’intérieur, et c’est comme si l’eau bouillante et les épices parcouraient ses organes pour en évacuer le stress accumulé par toutes les émotions fortes de la soirée. A la place, il ne reste qu’une impression de bien-être, un espoir timide irradiant dans sa poitrine et une immense tendresse qui l’enveloppe aussi surement que l’étreinte de Sid. Bercée par l’agréable fond sonore de la playlist qui joue depuis son portable, elle est sur le point de s’assoupir contre son épaule quand il se redresse légèrement. « J’crois qu’on devrait aller dormir. » Leurs doigts se nouent et Aisling se laisse tirer jusqu’à sa chambre. Lorsqu’elle se retrouve face à son lit, une pointe d’angoisse s’éveille dans son corps engourdit alors qu’elle se demande pour la énième fois si elle ne devrait pas lui demander de prendre le canapé. Elle n’a pas le temps de se poser davantage de questions qu’il s’éclipse en direction de sa salle de bain, l’abandonnant à ses pensées. Un soupir confus s’échappe de ses narines tandis qu’elle fouille mollement dans les tiroirs de sa penderie pour se trouver des vêtements plus confortables. Elle finit par mettre la main sur un petit pyjama short et un débardeur en coton blanc, décidant de garder les t-shirts de Sid pour quand il retournera chez lui. « Ton tour. » Lui lance ce dernier lorsqu’il revient quelques minutes plus tard. Avec un petit sourire empreint d’une réserve qui ne grandit qu’en son absence, l’irlandaise se faufile dans la salle de bain. Un coup d’œil au miroir lui apprend que son maquillage a salement morflé et évidemment c’est tout la faute de Sid et ses baisers passionnés, Sid et ses grandes déclarations qui la font chialer. Pour ses cheveux en bataille, hélas, elle ne peut blâmer que le vent. Avec un sourire amusé, elle rassemble ses mèches brunes en un petit chignon, se brosse les dents puis retire les dernières traces de son rouge à lèvre et de son fond de teint, puis elle déloge le noir qui a coulé sous ses yeux. L’idée de démaquiller les cils et les paupières ne lui traverse pas l’esprit. En revanche, elle se laisse tenter par une douche pour détendre ses muscles et retirer la crasse du concert. Enroulée dans un drap de bain le temps de sécher, elle applique sa crème de nuit en prenant garde à ne pas déloger son maquillage puis passe un coup de brosse dans ses cheveux et enfile son pyjama. Puis comme elle ne peut plus repousser le moment éternellement et que Sid l’attend déjà depuis une bonne dizaine de minutes, Aisling pousse la porte de la salle de bain et se dirige vers la chambre.

Elle n’est pas surprise de le trouver déjà couché, installé dans son lit côté fenêtre comme toutes les fois où il est resté dormir chez elle ces dernières années. Son cœur s’emballe en découvrant le sourire qu’il lui adresse et elle s’efforce de lui répondre avec naturel sans être trop certaine du résultat. Aisling s’est blottie contre lui des centaines de fois pour trouver le sommeil dans ses bras, et pourtant depuis ce demi-baiser à l’hôpital le soir de l’accident de Caroline, elle n’arrive pas à se débarrasser de l’impression perturbante que cette habitude amicale ne signifie plus tout à fait la même chose. Ou bien s’était-elle fourvoyée toutes les autres fois ? Troublée, elle essaie de camoufler son hésitation en se concentrant sur ses petits gestes du quotidien : détacher sa chevelure, brancher son téléphone, vérifier qu’il reste de l’eau dans sa gourde… Tu te prends la tête toute seule, il a jamais rien fait pour te mettre mal à l’aise, il va pas commencer maintenant. S’accrochant à cette pensée, Aisling prend une inspiration pour libérer un peu ses poumons et se glisse sous sa couverture avec des gestes emplis de réserve. Comme s’il attendait ce signal, Sid lui tend les bras et attirée comme un aimant, elle n’a pas besoin de réfléchir pour venir de blottir contre lui cette fois-ci. Son jean est rêche contre ses jambes nues, et pourtant elle ne voudrait être nul part ailleurs. La joue posée contre son épaule, l’irlandaise se sent instantanément apaisée, et la logique de ses émotions lui échappe complètement. Elle comprend vaguement, sans pouvoir l’identifier autrement qu’à travers un sentiment confus, qu’elle n’a pas peur de Sid mais de tout ce qu’il pourrait représenter et qu’elle n’est pas encore prête à affronter. Elle relève le visage vers lui, et le sourire taquin qu’il affiche fait bondir son cœur dans sa poitrine. « Tu vois, c’est exactement comme avant, » il murmure et sa voix basse semble vibrer sous la main qui repose contre son torse, « sauf que maintenant, j’peux t’embrasser pour te souhaiter bonne nuit. » Le cœur d’Aisling s’affole lorsque leurs lèvres s’effleurent et les sensations qui l’avaient envahie sur le toit éclosent à nouveau dans son être. « Faut avouer que c’est un sacré avantage. » Elle murmure tout contre son visage, l’âme ravie et le cœur épris. Du bout de la langue, elle taquine les lèvres de Sid qui s’entrouvrent aussitôt pour approfondir leur baiser. Aisling se laisse happer par la sensualité et la tendresse de leur étreinte, fascinée par les sensations que ce simple contact éveille dans son corps. Jusqu’à la sensation de trop, celle qui s’érige comme une barrière invisible entre eux pour la rappeler à l’ordre. Les joues roses et la respiration courte, elle s’écarte aussitôt pour chercher son regard et plonge dans l’océan de ses yeux. « J’sais pas comment j’ai pu m’en passer avant. » Avec un sourire complice elle dépose un dernier baiser bien plus pudique sur ses lèvres beaucoup trop tentantes. Confortablement calée contre son épaule, elle sent ses yeux se fermer tandis que sa respiration s’apaise à nouveau. « Bonne nuit mon Sid. » Elle souffle d’une voix à peine audible. Et comme il resserre légèrement son étreinte autour d'elle, Aisling se prend à sourire toute seule dans le noir, stupéfaite par l’intensité de ce bonheur partagé auquel elle pourrait bien devenir accro.     
 

And I know there were times I wouldn't hold your hand;
But baby, now I'm here for you. Maybe you want it too...

Pando