The Myer Centre. Le centre commercial en plein cœur de Spring Hill. Lieu d’achat, de consommation, de foule qui se masse et qui fait flamber une carte bleue qui n’en peut plus de siffler à tout va. Pourtant, il paraît que le monde va mal, que les gens achètent moins, qu’ils font plus attention, que les achats compulsifs ont la mauvaise tête. Les panneaux publicitaires, les affiches animées n’ont plus le même impact qu’il y a quelques années. Seuls les coupons de réduction sont encore en fête, profitant toujours d’une occasion de trouver un moyen de se faire de l’argent sur le dos d’un consommateur peu averti et qui pense faire une bonne affaire.
Oui mais sans ce fameux coupon, est-ce que vous auriez pensé à acheter ce produit en premier lieu ?

C’est exactement à cause d’un de ces coupons que Freya se trouve dubitatif devant le rayon DVD d’une grande enseigne. Elle le tourne dans ses mains, ses yeux bruns parcourant les rayons avant un enthousiasme quasiment inexistant. Elle apprécie un bon film mais franchement, la sélection devant elle ne lui dit rien. Tous ces trucs fantasy, du genre Seigneur des Anneaux ou Narnia, ce n’est pas son genre. Inception, trop compliqué. Crazy Stupid Love, trop niais.
Elle ne sait pas ce qu’elle veut – comme toujours. Éternelle indécise, qui finit souvent par faire les mauvais choix. Sex and the City ? Plutôt se pendre avec une corde tout en écoutant Lana Del Rey. Ce genre de films, c’est la peste assurée. Des nanas qui pleurent pendant deux heures et demi parce que leurs fiancés les a planté devant l’autel, très peu pour elle.

Alors sa main se dirige vers un original, un vieux de la vieille, un bon Matrix. Voilà une éternité qu’elle ne les a pas vu et en plus, la trilogie fête ses vingt ans cette année. Franchement, est-ce qu’elle serait venue si elle n’avait pas ce bon coupon dans la main ? Non, bien sûr que non. Parce que son ordinateur est aussi vieux que sa cafetière (un truc ancestral et dont elle attend toujours que son cousin lui offre un modèle plus récent) et qu’avaler des cd, c’est se risquer à ne pas les voir ressortir.
La jeune femme soupire parce qu’elle n’est quand même pas sûre, elle ne se rappelle plus si elle avait aimé – vingt ans en arrière, elle n’était qu’une gamine, est-ce qu’elle a vraiment compris l’histoire ? Le mystère reste entier. Mais le seul moyen de le savoir, c’est de tester, non ? Au pire, elle peut se faire rembourser, non ?

Bien sûr. Parce que la société de consommation offre des réductions pour les rembourser juste après, c’est bien connu. Qu’elle peut être candide, cette enfant, quand elle le veut.

Spoiler:

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❝ Toute lutte dans la vie n'est que chaos qui aspire à l'ordre. La solitude est une tempête de silence qui arrache toutes nos branches mortes. #KhalidGibran. ❞

De nos jours, tout le monde sait ce qu’est un centre commercial, c’est un lieu regroupant des dizaines voire des centaines d’enseignes en tout genre. On peut donc en définir que l’on puisse faire toute genre de chose dans un centre commercial, acheté, loué, vendre, même de faire des rencontres de quelle que nature qu'elles soient. C’est comme un lieu culte dans une ville ou les bénéfices pour le centre est colossale et sont en concurrence tous les jours envers les autres centres pour savoir qui sera le meilleur du coin, de la région.

Justin après s’être réveillé à l’aurore pour aller faire un peu de jogging afin de se dépensé afin de paraitre en forme même s’il déteste cela, courir comme un blaireau tout seul, avec pour seul amis un lecteur mp3 qui joue une des playlists qu’il écoute en boucle que ce soit en courant, chez lui ou parfois même à son bureau. Après l’effort, voici le réconfort une fois rentré à la maison pour prendre une bonne douche avant d’aller au centre commercial afin de sortir un peu de chez lui pour se balader à droite à gauche ou le vent l’emportera.

A few minutes ago, il s’était habillé avec un jean délavé et un t-shirt de geek avec pour impression sur la poitrine « I am Hacker ». Une bonne dose de parfum comme d’habitude, sortant en trombe de son appartement avec son smartphone dans sa poche et relié par un casque à sa tête afin d’écouter de la musique pour se rendre là-bas. Sans oublier la clope au bec, bouffer par bouffer comme un grand toxico, se dirigeant de rue en rue pour le centre commercial. Les gens pouvaient surement le suivre à l’odeur avec la dose de parfum de grande marque et l’odeur du tabac froid parcourant les flots du vent accompagnant l’air assez frais de Brisbane.

Arrivant devant le centre, d’un pas décidé afin de se rendre dans l’une des enseignes se trouvant à quelques mètres devant lui. Le voilà arrivé devant un grand rayon de DVD/BLURAY/4K, enfin tous les formats vidéo y était entreposé. Ah la belle époque, ou il y a avait le rayon VHS et c’est tout, maintenant il y a trop de format à des prix exorbitants, mise à part les DVD soldé. C’est alors qu’il remarqua une jolie demoiselle, hésitante, tenant une sorte de papier et un DVD de Matrix, cela dit c’était un très bon film à l’époque de sa sortie. S’approchant d’elle en gardant une bonne distance pour ne pas la froissé tout en prenant la parole d’une voix nonchalante…

« C’était un bon film pour l’époque ! Mais tu pourrais trouver mieux ici je pense... »

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Spoiler:

Voilà que ça commence déjà à l’agacer cette situation. On pourrait lui demande d’appuyer sur le bouton rouge pour envoyer la bombe nucléaire que le résultat de sa réaction serait le même. Freya met toujours du temps à choisir, quand la palette se trouve aussi grande que celle qu’elle a devant le nez. Il faut dire qu’elle manque d’un enthousiasme flagrant. Alors pourquoi tu es venue jusqu’à là ? Pourquoi t’infliger une telle lassitude si ce n’est que pour râler un peu plus, trépigner comme tu sais le faire, grogner face à cette société dont tu ne comprends rien et que pourtant, tu en acceptes les offres alléchantes ?
En pleine réflexion intense (oui, au moins), Freya fut interrompue par une voix masculine derrière elle. « C’était un bon film pour l’époque ! Mais tu pourrais trouver mieux ici je pense... » Elle tourne la tête et son regard brun se pose sur un jeune homme au look qui semble bien accordé au rayon.

La jeune femme arque un sourcil tout en se demandant ce que ça peut bien lui foutre qu’elle prenne celui là ou un autre. Même si elle semble indécise, ce n’est pas une raison pour venir l’aborder alors qu’elle n’a rien demandé. « Tu taffes ici ? Nan parce que j’ai pas demandé d’aide cinématographique à c’que je sache. » Oui, Freya beugle, elle cingle, elle coupe sous les pieds parce qu’elle n’a pas de patience. Ni face à ce fichu rayon ni face à la population humaine.
Elle glisse son coupon dans l’arrière poche de son jean tout en regardant de nouveau la pochette qu’elle tient entre ses mains. « C’est p’t’être pas le mieux mais au moins, c’est divertissant. Et c’est culte. » Et en plus, pour fêter les vingt ans de la trilogie, il y a un prix. Avec le coupon, ça fait une sacré différence pas négligeable. Et Freya qui vient de se faire virer est proche de ses sous, même si elle ne le montre pas forcément.
Et puis, il y a une sorte de nostalgie de ses tendres années derrière l’époque de ce film, et Freya peut être une grande sentimentale quand elle le veut.

Doherty se mit à tapoter le dvd contre sa main, ses yeux s’intéressant de nouveau à ce jeune homme à qui elle n’a rien demandé. « En tout cas, j’suis sûre qu’avec un look comme ça, tu vas m’proposer un Star Trek, nan ? » Voilà une façon d’aborder les gens à sa façon. Après tout, c’est lui qui est venu lui causer, pas elle. A lui d’en subir les conséquences, de surcroît.

Bienvenue dans le monde de Freya Doherty. Qu’elle morde, qu’elle aboie, qu’elle vous envoie chier, voilà un comportement totalement normal pour elle. L’inverse serait plus surprenant. Mais aujourd’hui, Freya n’a rien demandé à personne. Elle pense être en droit de mériter à un peu de répit et si ça doit se trouver dans la pochette d’un film quelconque, que grand bien lui fasse. Pour une fois, elle a songé que se balader dans le centre commercial devait être une activité tranquille. Elle n’avait pas planifié de voir quelqu’un qu’elle connaissait, elle n’a pas de fiole cachée dans son sac – pour une fois – et loin d’elle l’envie de vouloir détrousser quelqu’un, juste pour le fun. Non, Freya se tient sage comme une vieille image de bon point et avait juste décrété que l’épreuve de sa journée sera de choisir un film.

Mais c’est sans compter sur l’univers qui n’hésite pas à la rappeler à l’ordre en foutant sur son trajet un jeune homme à qui elle n’a rien demandé. Parce qu’il faut toujours que ça se passe comme ça de toute façon. Alors Freya soupire, elle passe la main dans ses cheveux, elle a une moue agacée. De vieux réflexes qu’elle n’abandonne jamais, signe qu’elle est déjà lasse d’être ici. En plus, elle en a vraiment sa claque de ne pas pouvoir faire un choix. (Finalement…) « Waouh, tu enchaîne tous les gens que tu connais pas de la sorte ? » Elle arque un sourcil. « Surtout ceux qui se tapent l’incruste comme ça, ouais. J’aime pas trop qu’on envahisse mon territoire sans que j’ai rien demandé. »
Quand il lui confirme que non, Star Wars serait bien mieux, Freya se gratte l’oreille. « Évidemment. Si c’est pas l’un, c’est l’autre, t’façon, hein. Et c’est là que tu vas me dire que la trilogie de base, c’est la meilleure et que les autres sont juste pourries, c’est ça ? » Parce qu’aussi surprenant que cela soit, oui, Doherty a vu les Star Wars. Sur un vieil ordinateur, qui a met au moins trois semaines à tout télécharger. Et elle n’ignore pas non plus qu’il y a un débat vieux comme le monde pour savoir quelle est la meilleure trilogie de la saga. Un début puéril, si vous voulez son avis.

Freya l’observe se diriger vers le rayon des séries et elle pense que c’est fini, qu’elle a enfin la paix. Mais visiblement, son interlocuteur est un coriace qui revient à la charge. « Tu sais quoi ! ‘Scuse moi de t’avoir dérangé dans ta vie aussi passionnante soit-elle. J’suis plutôt froid avec les gens d’habitude, mais toi tu envoies du lourd. Je te voyais galéré à trouver un film, du coup je me suis dit que peut-être… je pourrai t’éclairer... » Freya hausse les sourcils de surprise. « T’as voulu faire ton bon samaritain, ta bonne action de la journée, c’est ça ? Désolé, t’es tombé sur la mauvaise personne, là. » Elle repose le dvd sur l’étalage parce que non, il lui a coupé l’envie de le prendre même sans le vouloir. « Et j’galère pas. J’suis juste indécise, c’est différent. Et ça t’arrive souvent de donner une opinion qu’on te demande pas ? »

Comme si elle ne sait pas les meilleurs choix dans sa vie, franchement.

« Euh pas du tout ! Les trois derniers sont très bien mais ce débat stupide de noobs m’horripile au plus haut point alors passons… » Oh. Donc il ne fait pas parti de ceux là ? Il marque déjà un bon point. Parce que franchement, Freya n’aurait pas été d’humeur à se coltiner un de ces geeks, ou noobs whatever elle n’a jamais compris la différence, qui font étalage d’une science qui de un ne les mène nul part (à part le vide intergalactique) et de deux dont on s’en fout prodigieusement. C’est bien là tout le problème de la société actuellement, de toute façon. A force d’avoir des moyens de communication de plus en plus sophistiqués, développés et surtout à porter de toutes les mains, ça génère plus de conflits qu’autre chose. On cherche la petite bête, on essaie de trouver le débat qui fera fureur, on veut montrer qu’on en sait plus que les copains. Freya a grandi avec l’évolution informatique et technologie, elle fait parti de cette dernière génération qui a eu le pied dans chaque époque, différente et radicale.
Mais visiblement, son interlocuteur semble nonchalant et carrément blasé. Est-ce qu’elle doit lui rappeler que c’est lui qui l’a abordé sans aucune raison ou quoi ? « C’est ça, passons. Faudrait pas te faire passer plus intelligent qu'eux, hein. » De toute façon, Freya préfère la préquelle. C’est avec ça qu’elle a grandi et les premières fois qu’elle est allée au cinéma, c’est pour voir Dark Vader n’être littéralement qu’un gosse. Autant dire qu’il y a des choses qui rendent nostalgiques.

« Un bon samaritain moi ? Euh non j’crois pas ! Non ça m’arrive jamais de parler à quelqu’un, sûrement que c’est qu’avec toi... Je ne sais pas pourquoi je l’ai fait d’ailleurs. On dirait que je t’ai coupé l’envie de voir ton film ? J’en suis désolé, sincèrement… » Non il ne l’est pas, elle en est certaine mais qu’importe. Freya ne va pas se vexer pour un gars qu’elle ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Bon, d’accord, elle s’est déjà emportée pour moins que ça mais quand même. Aujourd’hui, elle essaiera de se maîtriser, d’accord ? Tu penses pouvoir faire ça ? « Qu’avec moi ? Waouh, mais c’est un putain d’honneur que tu m’fais, là, dis donc. » Okay, bon, peut-être qu’il ne faut pas trop lui en demander non plus. « Ouais, tu m’as coupé l’envie. Du coup, vu qu’t’ai là et que t’as envie de blablater, t’as rien à proposer ? » Puis Freya lève les yeux sur lui. « Vu que c’est pour ça que tu t’ai tapé l’incruste en premier lieu. »

it was beauty killed the beast

❝ Toute lutte dans la vie n'est que chaos qui aspire à l'ordre. La solitude est une tempête de silence qui arrache toutes nos branches mortes. #Khalid Gibran. ❞

• Les minutes passèrent, lentement pour Justin, qui se faisait envoyer boulet avec force depuis tout à l’heure par une femme, enfin une femme, est-elle vraiment une femme ? Un semblant de frisson parcourant tout le corps du jeune homme lorsqu’il se poser cette question. Après mûre réflexion, s’en était une mais elle faisait assez flipper quoi. Ah ouais elle ne blague mais absolument pas, sortir cela comme ça, sans l’once d’une pitié dans son ton ni dans son regard. Pour elle s’était normal de prendre les gens de haut, cela devait être comme ça dans sa tête. Justin, préférant ne pas réagir pour éviter un clash qu’il pourrait surement perdre au vu de la puissance verbale de la demoiselle en face de lui. En relâchant malgré tout un léger soupire avant de lever les yeux vers le plafond du magasin...

• Restant sans voix depuis tout à l’heure, juste là à fouiller dans les DVD qu’il voyait en face de lui tout en écoutant la fille se trouvant non loin de lui, lui dire « Ouais, tu m’as coupé l’envie. Du coup, vu qu’t’ai là et que t’as envie de blablater, t’as rien à proposer ? ». Que c'était dur pour lui, de trouver un film à donner à cette fille, pourquoi l'avait-il abordé d'abord, il ne connait pas ses goût en matière de film et au vu de son comportement elle pourrait aussi bien aimer les films sur la guerre et pas les romances que toutes les filles s'arrachent. Quelle idée saugrenue que de l’avoir interpeller comme ça, pour après se rendre compte que tu ne sais pas trop quoi y répondre...

• Le cerveau en feu, cherchant un bon film, qui peut-être ravira la jolie demoiselle, en espérant qu’elle ne l’aura pas vu. Pensif, en regardant de bas en haut, puis de droite à gauche tout en cherchant dans sa tête un bon film, un film l'ayant marqué et pouvant l’émouvoir. Soudain il venait de trouver un film qui se trouver être tout comme précédemment écrit, émouvant, l'ayant marqué et surtout avec un beau casting mais néanmoins pas assez connu pour lui aux yeux des gens. Un film dramatique, ralliant un peu de tout dans le genre, d’un ton sec mais avec un air chaleureux vint lui dire quelques mots après aussi longtemps sans en placer un seul ! « Euh j’sais pas si tu connais Manchester By The Sea ! Vraiment bon cast, bon film quoi et pas assez connu à mon goût. Après ne connaissant pas tes goûts en matière de film, c’est pas évident ! ». En attendant maintenant que la demoiselle lui réponde, il ne savait plus trop ou cette discussion pouvait aller après autant de coup de pression de la belle demoiselle. Elle devait surement détester les hommes ou un truc dans le genre, ou bien c’était la face de Justin qui ne lui revenait pas...

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Spoiler:

Freya ne s’en pas compte parfois de ce qu’elle peut provoquer. Que ce soit la colère, la haine, la peur (?!), l’inquiétude, elle ne lit pas dans les gens comme elle le voudrait. Elle ne joue pas, elle ignore comment on fait les faux semblants. Chez elle, tout est spontané, tout est impulsif, elle agit et réagit en une seconde et demi sans prendre attention aux conséquences, à l’effet boule de neige, ni même à ce qu’elle peut provoquer chez autrui. Elle considère qu’elle n’a pas le temps pour ça. Elle s’en fiche, à vrai dire, ça lui passe au-dessus la jambe et de la tête et c’est presque avec délice qu’elle savoure le désarroi d’autrui en voyant que non, elle a peu- être une gueule d’ange mais elle a un nom de famille, une maladie et un caractère qui sont à des kilomètres la rendre aussi angélique, aussi pieuse, aussi adorable. A vingt sept ans, elle pourrait encore changer ; mais pourquoi faire ? Freya n’a pas envie de perdre son temps avec ce genre de conneries de remise en question qu’elle a déjà entendu trop de fois déjà chez les psys qu’elle a pu fréquenter.

Et dans ce rayon de DVD, aller dans le sens du poil d’un parfait inconnu ne lui vient même pas à l’esprit. Freya ignore à quel point il a pu reculer, mentalement ou physiquement, se retrouver avec un poing dans la tronche par sa façon juste horripilante d’aborder une conversation normale. Parce que Freya n’aime pas qu’on envahisse son territoire sans invitation, que l’on pense qu’il est normal de venir chez les gens comme ça, sans préavis, sans excuse, sans annonce. Ce n’est pas quand même mal poli ? Non, oui, enfin quoique. Si c’est pour aider, ça ne devrait pas compter. Et c’est ce que ce jeune homme essaie de faire. Il essaie de l’aider. La blonde le regarde parcourir rapidement le rayon, les doigts tapotant avec impatience sur son bras croisé entre eux. « Euh j’sais pas si tu connais Manchester By The Sea ! Vraiment bon cast, bon film quoi et pas assez connu à mon goût. Après ne connaissant pas tes goûts en matière de film, c’est pas évident ! »

Freya attrape la pochette qu’il a en main pour lire le résumé. « Un drame, hein ? J’dois avouer que tu m’surprends, je m’attendais pas à ça venant d’un type comme toi. » A comprendre d’un physique de mur à glace, visiblement taillé plus pour fast and furious que pride and préjudices. « Seulement, c’est pas trop mon truc, ça. Enfin j’dépenserai pas mon coupon pour un drame. » Elle peut éventuellement le télécharger. « J’préférai un truc où t’as pas besoin de réfléchir, de préférence de l’action. J’sais que j’ai pas l’air comme ça, mais j’aime bien une bonne baston. », dit-elle, avec un léger sourire (faussement) angélique. « Mais j’retiens celui là quand même. Si c’est naze, j’pourrai v’nir t’engueuler proprement là. Y a rien de pire qu’un film naze. » No pressure, of course.

Freya n’avait pas prévu de faire du social aujourd’hui. Elle pensait que ses yeux qui électrisent n’importe qui veut oser les croiser allait suffire pour réduire l’ambition des plus téméraires à néant. Elle n’avait prévu que de faire un allé retour sur son vélo cabossé et de se terrer chez elle pour profiter de son dernier achat. Tobias est parti dieu seul sait où – ce n’est pas vraiment le genre à laisser des post-il colorés dans l’appartement pour l’informer de ses faits et gestes de toute façon. Du coup, elle peut profiter d’un peu de calme et de silence chez eux – si on oublie le bruit de la ville et celui des voisins qui ont l’air de passé leur temps à déménager. Pourtant, c’est une petite vieille qui habite au-dessus de chez eux. Les jumeaux sont persuadés qu’elle veut leur faire payer toutes les soirées nocturnes sans fin chez eux. Mais aujourd’hui, même la petite vieille de l’étage supérieure semble soit morte soit absente soit silencieuse. Et donc Freya n’a qu’une hâte : se trouver un putain de film et se barricader chez elle. Elle veut juste qu’on la laisse tranquille, c’est si compliqué que ça ? « Euh ! Venir m’engueuler tu dis ? Ça veut dire que tu penses à se revoir ? Ou bien s’échanger nos coordonnés pour après venir me brailler dessus. » Apparemment, oui, l’univers ne veut pas lui lâcher ni la jambe ni le bras il faut croire. En l’apparence de cet homme qui visiblement, ne veut pas comprendre que non, ce n’est pas une invitation pour avoir son numéro. Parce que Freya ne cherche pas quoique ce soit dans ce rayon, à part celui de passer deux heures plantées devant un écran à regarder quelque chose de sympa. Et franchement, oui, si elle peut quand même avoir un moyen de l’engueuler de plus belle face à ses goûts de merde – elle en reste persuadée, ce n’est pas de refus.

Mais pas le numéro, non. C’est trop personnel. « Euh même si je risque de me prendre une tarte ! Ça te dit qu’on n’aille boire un verre ou autre chose ? T’en fais pas c’est pas du tout un plan drague, juste histoire de m’excusé de t’avoir abordé aussi maladroitement… Moi c’est Justin au fait ! » Freya a les yeux qui doivent ressembler à des billes. « Tu t’es laissé pousser des ailes, dis donc, mon coco. » Même si franchement, l’idée d’aller boire un coup ne lui déplait pas. « Tu m’as pas abordé maladroitement, tu t’es tapé l’incruste en donnant un avis dont tout le monde se fout, nuance. » Le charme Dohertyien dans toute sa splendeur. Mordant, sûrement blessant, hors de contrôle. En plus, il est plus proche d’elle qu’il y a cinq minutes ou elle rêve ? « Très bien, Justin. J’vais prendre ça, elle prend le dvd posé par le jeune homme, et après on va voir si t’as d’meilleurs goûts en alcool. » Parce que ça, au moins, c’est son domaine et elle s’y connait. Freya file en caisse et il ne faut pas beaucoup de temps avant qu’ils aient tous les deux leurs fesses posées sur des chaises hautes du bar le plus proche, le sac contenant le dvd trainant sur le comptoir. « J’te préviens, pas d’drague, hein, sinon j’me tire. T’as genre quinze minutes pour m’impressionner si tu veux t’excuser, là. » Après, elle rentre chez elle et elle se regarde ce film, bon sang.