Titou était tout excité aujourd’hui, quand Lullaby l’avait récupéré, à la seule perspective d’aller encore une fois aux auto-tamponneuses, alors même qu’il les avait déjà demandé à sa marraine à peine une semaine plus tôt. Cela changeait du parc où il jouait surtout avec les autres enfants. Aller aux auto-tamponneuses offrait au duo filleul-marraine un réel moment de complicité, rendant ainsi la jeune femme elle-même friande de ce genre de moments, comme elle montait toujours dans l’auto avec son filleul, à la demande du gérant, Titi étant trop petit pour s’amuser seul dans les autos.
Prenant donc le chemin du parc d’attraction, la jeune femme s’amuse de voir le petit garçon si pressé de rejoindre les petites voitures, alors qu’il tire un peu sur la main de sa tante, pour que cette dernière aille plus vite, si bien qu’elle finit par le prendre au bras pour le canaliser un peu. Mauvaise idée, son Titou n’ayant plus six mois, la demoiselle est bien vite obligée de le poser à terre de nouveau pour soulager tant ses bras que son dos, lui redonnant alors la main en pressant l’allure, songeant qu’ils iraient en voiture la prochaine fois pour y être bien plus vite que par la marche et les transports en communs.
Les petites autos sont là, reluisantes et Titi les pointe du doigt non sans s’agiter, pressé de monter dans un véhicule. Il manque de trébucher dans sa précipitation, la wedding planner le rattrapant in-extremis avant de vérifier qu’il n’ait rien. Ils approchent enfin des caisses de l’attraction et la jeune femme sort son porte monnaie, adressant un sourire à l’homme à la caisse, pleine de gratitude, encore, que l’homme les laisse monter malgré l’âge de Titou.
«- Bonjour vous allez bien ?» s’enquit la demoiselle. «Je vais vous prendre disons.. dix jetons pour commencer.» demande-t-elle en lui tendant la monnaie.
Il sait déjà sûrement que la jeune femme va y revenir rapidement, connaissant le petit garçon qui l’accompagne et qui semble ne jamais en avoir assez de ces petites autos. Bee attrape d’ailleurs ce dernier pour le porter à hauteur du visage de Dimitri.
«- On dit bonjour à Monsieur Horowitz Titou ?» «- Bonjour Monsieur Howowitz !» «- C’est très bien Titou. Et pour les jetons, qu’est-ce qu’on dit ?» «- Merci !»
C'était l'une de ces journées plutôt fructueuses qui faisaient le bonheur des forains et de Dimitri, qui appréciait de voir du monde s'agglutiner autour de son stand, probablement aidé par l''hiver australien qui contrairement à ailleurs n'était ni rude ni capricieux. Il faudrait plus qu'un peu de pluie ou une brise fraîche pour le décourager, mais c'était quand même nettement plus agréable de tenir le stand par un temps doux et ensoleillé, tout comme ça lui garantissait que les clients du parc resteraient un peu plus longtemps et n'iraient pas se réfugier dans le premier bar venu parce qu'il pleuvait quelques gouttes. Aujourd'hui, il y avait comme chaque jour de nouvelles têtes et les habitués qu'il connaissait bien et étaient pour certains des as des auto-tamponneuses, le genre qu'il valait mieux ne pas croiser sur sa route si on ne voulait pas être secoué par le voyage. Dimitri veillait toujours à ce que les règles de sécurité soient respectées, surtout quand des enfants montaient à bord, et ça ne le dérangeait pas de montrer la sortie à ceux qui confondaient son stand avec un circuit de formule 1. Il avait déjà vu plusieurs de ses clients se blesser, et la dernière chose dont il avait besoin quand le stand était aussi fréquenté c'était d'un incident qui ferait venir les pompiers et le forcerait à fermer temporairement. Il pouvait aussi compter sur Billy qui malgré son expérience un peu plus courte de l'univers des parcs d'attractions se débrouillait bien avec les clients, toujours serviable et jamais à court de sourires, étrangement un peu plus encore avec les jolies filles. Dimitri voyait clair dans son manège mais n'avait pas de reproches à lui faire tant qu'il faisait son boulot et ne traumatisait personne, mais il y avait des situations qui nécessitaient qu'il reste tout près pour veiller à ce qu'il n'en fasse pas trop. Certaines clientes avaient en effet la préférence du garçon, et cette pensée lui traversa justement l'esprit au moment où il vit approcher celle qui depuis qu'elle venait souvent au stand avec son petit filleul attirait toujours l'attention de Billy. Il faut dire qu'elle était jeune et jolie, et qu'elle faisait partie de ces clients que Dimitri lui-même appréciait de voir revenir semaine après semaine. « Tiens, t'as vu qui c'est ? Pas de doute, c'est vraiment la plus canon de toutes. » Billy ne perdit pas une miette non plus de l'arrivée de la jeune femme, et c'est un Dimitri habitué à devoir lui mettre des limites qui préféra l'arrêter net avant qu'il soit tenté d'aller l'accueillir. « J'ai vu, oui. Je vais aller m'occuper d'eux, toi t'as des clients à surveiller. » C'était sûrement mieux comme ça, chaque fois que Billy s'approchait d'un peu trop près de la jeune femme il devenait facilement entreprenant et Dimitri n'avait pas envie de le reprendre une énième fois. Ce n'était amusant pour personne, ni pour les clients, ni pour lui d'humilier son employé quand il ne devrait pas avoir à le faire. « Et, Billy, si tu veux draguer tu vas dans un bar, tu fais pas ça ici. » Juste histoire de lui rappeler qu'ici c'était son lieu de travail, et que les clientes même jolies ne venaient pas pour se faire draguer, et que c'était encore moins approprié quand elles étaient accompagnées d'un enfant. Il y avait visiblement des points sur lesquels il aurait encore à revenir à l'avenir, en attendant Dimitri s'approcha de ses deux fidèles clients, un sourire accroché aux lèvres. « Bonjour, très bien et vous ? On a un peu de monde aujourd'hui, mais on attendait impatiemment notre meilleur conducteur. » Dimitri tendit à Lullaby ses jetons, adressant un clin d’œil au jeune garçon qui depuis qu'il venait régulièrement faisait partie de ces gamins auxquels il s'attachait malgré lui, parce qu'ils lui rappelaient toujours combien ça lui plaisait de bosser dans ce cadre, avec une clientèle parfois très jeune qui semblait toujours émerveillée par tout ça. La jeune femme porta l'enfant à hauteur de son visage, et il déposa une bise sur les joues du garçon. « Salut bonhomme, tu peux m’appeler Dimitri. Tu sais qu'un jour, tu seras assez grand pour avoir ton propre manège comme celui-ci ? » Il plaisantait légèrement, tous les petits garçons n'avaient pas forcément envie de devenir forains un jour, mais il était à un âge où cette atmosphère était encore assez féerique, Dimitri lui-même avait connu ça quand il était tout jeune et qu'il voyait son père à l’œuvre. Il reposa les yeux sur Lullaby et retrouva un ton un peu plus sérieux. « Je suis content que vous soyez revenus malgré l'attitude de Billy la dernière fois. Je sais qu'il est parfois un peu lourd, à mon avis ce qu'il lui manque c'est juste une copine. » Dimitri lança un regard amusé en direction de son employé, qui même de là où il était ne quittait presque pas la jeune femme du regard. Dimitri avait beau le mettre en garde ça n'avait pas toujours beaucoup d'effets sur lui et il ne désespérait pas qu'il finisse par se trouver quelqu'un et par penser à autre chose. « Tenez, je vous offre un tour gratuit pour nous faire pardonner et vous remercier de votre fidélité. Ça me fait plaisir. » Il ajouta spontanément en lui tendant d'autres jetons, et parce que c'était le genre de gestes qu'il pouvait bien faire aussi bien en dédommagement et pour la façon dont son employé se comportait parfois qu'à l'égard de ses meilleurs clients.
Elle avait vu le regard de Billy sur elle au moment même où ils étaient arrivés, avec Titou, aux abords de l’attraction et elle était à peu près certaine que lui l’avait repéré tout aussi vite, si pas plus vite, d’ailleurs. Comme elle avance vers l’attraction, la jeune femme sent encore le regard de l’homme sur elle, sur son visage, sur toutes ses courbes et elle devine les pensées qui peuvent accompagner ce regard rivé sur elle, pour avoir déjà eut droit à un petit florilège de ces dernières plusieurs fois, au cours de ses précédentes visites. Billy, malheureusement pour lui, surgissait beaucoup trop tard dans la vie de la jeune femme pour attirer son attention. Mais il ne semblait pas le comprendre, ou pas perdre espoir, malgré tout.
Alors quand c’est Dimitri qui se présente pour donner les jetons pour les autos, la demoiselle mentirait si elle disait qu’elle n’est pas un peu soulagée. Billy aurait encore demandé son numéro de téléphone à la place du montant des jetons, même si elle le connait par cœur depuis le temps. Et puis, elle apprécie Monsieur Horowitz, d’autant plus que ce dernier a fait le bonheur de Titou en acceptant que le petit garçon monte dans les autos tamponneuses, malgré son âge, du moment que sa marraine montait avec lui. Pari tenu, Bee conduisait, depuis, les petites voitures chaque fois que son neveu l’exigeait d’elle, toute dévouée qu’elle était à faire le bonheur de ce dernier.
«- Ahah il vous attendait lui aussi, il réclame «les totaus» à son père depuis hier matin, j’étais attendue comme le messie pour l’emmener, je crois que mon frère n’a pas l’intention de s’asseoir dans ces voitures, lui.» elle rit.
Elle pouvait le comprendre : les véhicules n’étaient pas taillés pour leurs jambes d’adultes. Elle-même sortait toujours de là avec quelques douleurs à la fin de l’après-midi et elle était incapable de se rendre à la patinoire jusqu’au lendemain. Mais si ça pouvait faire le bonheur de son filleul, elle continuerait à se ruiner le dos et tout les membres inférieurs dans les voitures avec lui, jusqu’à ce qu’il soit en âge de conduire seul. Si encore il acceptait de se séparer de sa marraine pour cela. Bee risquait surtout de devoir l’affronter, chacun dans son véhicule, si elle ne continuait pas à lui servir de coéquipière jusqu’à ce que les autos ne puissent plus tolérer leurs deux fessiers.
«- Mais tu ne veux pas avoir de manège hein Titou !? Tu dis ce que tu veux faire plus tard ? Tu me l’as dis l’autre jour ? Avec le camion qui fait pimpon pimpon ?» «- Popier !» «- Oui pompier ! Avec un beau camion rouge ?» «- Vouiiiiiiiiii !»
Le grand rêve de tout les petits garçons, quand ils ne rêvaient pas de devenir policier ou cosmonaute. Il avait tout le temps de changer d’avis dans les années à venir, de douter, d’hésiter, de se sentir perdu face à l’éventail de métiers possibles. Et peut-être qu’il finirait effectivement, qui sait, par tenir un manège : tant qu’il était heureux, Bee n’y voyait aucun inconvénient.
«- Oh je commence à avoir… l’habitude, avec lui…» remarque-t-elle «J’imagine que oui…»
Et ceci étant dit, elle-même célibataire depuis quatre ans, elle ne sautait pas sur le premier beau type passant dans la rue pour oublier Alexandre et sa solitude entre ses bras toute la nuit. Mais soit. Chacun son truc. Organisatrice de mariage, grande rêveuse, grande romantique, naturellement, la demoiselle ne pouvait pas penser comme le faisait un garçon.
«- Oh je vous remercie c’est très gentil ! Tu as vu tout ces jetons Titou !?» «- On est rich ! On est rich !» s’extasie le petit devant les dit jetons, s’attirant le rire de sa marraine. «- Je vais payer mon électricité avec vos jetons à présent, vous pensez que ça va passer ?» fait-elle remarquer amusée.
Bee rit de la situation, de l’imagination et de la perception de son neveu. Décidément, les enfants avaient de drôles d’idées, mais ils voyaient des trésors partout et c’était ce qu’il y avait de plus beau finalement. L’innocence de ces petits êtres.
«- Ma’’aine ! Les totauuuus !!!» la coupe le petit, montrant du doigt les petites voitures. «- Oui oui Titou les autos, les autos, on va y aller, petit impatient !»
Bee adresse un regard désolé à son interlocuteur. Comme d’habitude, il n’y avait pas moyen de discuter très longtemps avant que le petit ne s’impatiente pour rejoindre les voitures et, comme souvent, la discussion s’étalerait sur l’après-midi, chaque fois qu’elle irait racheter des jetons.
Si Dimitri avait appris une chose depuis que Billy était venu travailler avec lui au stand, c'est qu'il était suffisamment imprévisible pour qu'il vaille mieux l'avoir dans son champ de vision quand une jolie fille approchait. Il était aussi et surtout d'une aide précieuse, surtout aux heures les plus fréquentées et c'était bien la raison pour laquelle Dimitri n'avait pas d'autre raison de se plaindre de son attitude, seulement l'arrivée de Lullaby provoquait toujours une tension palpable du coté de son jeune employé qui s'il ne le retenait pas accourrait sans doute pour la saluer en bonne et due forme. Le genre de choses que Dimitri veillait à éviter, car il avait conscience que le jeune homme avait déjà dépassé certaines limites par le passé avec ses compliments un brin trop poussés et ses techniques de drague pas très subtiles, et il y avait des clients qu'il aimerait vraiment ne pas perdre. Pour le bien de son affaire, mais aussi parce que cette jeune femme et ce petit garçon comptaient parmi ceux dont il appréciait la présence et qui débordaient toujours d'enthousiasme. Il ne faisait pas ce boulot parce qu'il croyait qu'un tour d’auto-tamponneuses changerait la face du monde, mais ce dernier n'était pas bien gai alors s'il pouvait donner un peu de bonheur à un enfant, ça lui faisait plaisir. « Alors ce petit bonhomme a de la chance d'avoir une tante qui cède à chaque fois, mes neveux et nièces sont parfois dans les parages eux aussi, ils se rencontreront peut être un jour. » Cette idée lui plaisait assez étant donné que les jours où les enfants de sa sœur venaient le voir au parc d'attractions étaient parmi ceux qu'il préférait, pour la simple raison qu'il n'avait pas d'enfants lui-même à qui faire profiter de cette activité enthousiasmante pour des petits de leur âge, et qu'à force de grandir ils allaient même peut être bientôt pouvoir l'aider un peu. Dimitri comprit que le garçonnet avait quant à lui d'autres aspirations que celle de tenir un stand comme celui-ci, et il pouvait largement le concevoir pour avoir été dans la même situation étant petit, s'amusant dans un rire de son entrain face aux questions de sa tante. « Pompier ? C'est génial, ça fait partie des trucs que j'aurais bien aimé faire aussi quand j'étais gamin. Pour moi ça n'a pas forcément été possible parce que... eh bien, ça ne devait sûrement pas se faire, mais je suis certain que pour toi ce sera différent. » Il lui adressa un clin d’œil, le sourire un peu nostalgique sur le moment de repenser à toutes les occasions qu'il avait certainement laisser filer, entre ses problèmes d'apprentissage qui n'avaient pas facilité son rapport aux études, les problèmes financiers de sa famille, certaines galères personnelles qui ne l'avaient pas toujours poussé dans la bonne direction et finalement les soucis de santé de son père qui avaient réglé la question une bonne fois pour toutes quand il avait été le mieux placé pour reprendre le stand. Pompier, comme d'autres choses, c'était maintenant juste un rêve lointain. « Et puis si jamais un jour t'as besoin d'un peu d'argent de poche, viens me voir et je te donnerai des choses à faire. C'est qu'il commence à connaître le manège par cœur. » Dimitri échangea un regard amusé avec Lullaby, qui il l'espérait savait que même s'il lançait surtout ce genre d'invitation sur le ton de la plaisanterie, Dimitri n'en était pas moins sincère et quelqu'un dont ni elle ni sa famille n'avait à se méfier. S'il n'avait pas toujours eu que de bonnes idées dans sa vie ni traîné qu'avec des gens bien sous tous rapports, il avait un instinct très protecteur avec les plus jeunes et les plus fragiles que lui, et dans son voisinage personne ne l'appréciait plus que les enfants de ses voisins ou Tommy, avec qui le temps passait toujours trop vite quand l'un invitait l'autre chez lui pour parler de tout et de rien. Finalement, Dimitri retrouva un ton plus sérieux lorsqu'il ressentit le besoin de s'excuser à nouveau pour l'attitude de Billy la dernière fois qu'ils étaient venus, soulagé que ça n'ait pas dissuadé la jeune femme de revenir. « J'ai surtout peur qu'il finisse par écorner l'image des forains aux yeux de tous, heureusement ici il est le pire spécimen que vous pourriez rencontrer. C'est dire si on est inoffensifs. » A force, Dimitri aimait mieux en rire, d'autant plus que Billy n'était pas un garçon méchant, juste un peu trop entreprenant parce qu'il n'avait pas tout à fait la philosophie foraine et qu'il était à un âge où il avait peut être besoin d'être canalisé un peu. Et s'il pouvait au moins faire un geste pour compenser, Dimitri n'allait pas se gêner. Les jetons gratuits, ce n'était pas un si gros trou dans sa caisse et c'était largement un dédommagement mérité aussi pour récompenser une fidélité exemplaire comme celle du garçon et de sa tante. « Oh je suis sûr que sur un malentendu, ça peut passer. » Qui sait, avec toute la paperasse des bureaucrates chargés du paiement de leurs factures, on pouvait toujours rêver. Dimitri n'irait pas s'en plaindre lui non plus, s'il pouvait régler ne serait-ce que la moitié des siennes avec ces jetons il s'en porterait beaucoup plus riche, hélas si le parc était un tel lieu de divertissement c'était aussi parce qu'en dehors la vie prêtait beaucoup moins à rêver. L'enthousiasme du garçon à l'idée de rejoindre les autos lui tira un rire et une nouvelle expression attendris. « Il reste justement votre auto fétiche, comme si mon petit doigt m'avait dit que vous viendriez ce soir. » C'était un peu de ça, et aussi sans doute l'espoir que des clients aussi agréables qu'eux viendraient faire un tour au stand comme ils en avaient l'habitude, quand tous n'étaient pas toujours aussi chaleureux et humains. Dimitri s'apprêta ainsi à les conduire jusqu'à l'auto en question, mais eut bientôt la surprise de sentir une présence approcher dans son dos, lorsque la voix de Billy s'éleva. « Eh, salut Lullaby, comment ça va ? Désolé de pas être venu te dire bonjour plus tôt, j'avais du travail à coté. » Dimitri déglutit en réalisant qu'il avait fallu moins de vingt secondes après qu'il ait du tourner le dos à son employé pour que celui-ci se soit habilement faufilé de manière à les rejoindre. « Oui, et t'as toujours des clients à surveiller, je t'ai dit qu'ici je m'en chargeais Billy. » Il croisa les bras sur son torse et lança au jeune homme un regard suffisamment parlant. « Justement, y'en a un qui te demande. Un habitué, apparemment. Mais t'en fais pas, je reste là pendant que tu t'en occupes. » Et lui laisser le champ libre pour embarrasser Lullaby en présence de son neveu ? Certainement pas. Pour autant, Dimitri savait bien que ce n'était pas aussi simple. Il lança alors à Lullaby un regard embêté, brusquement coincé entre sa conscience professionnelle qui lui dictait d'aller voir le fameux client dans l'hypothèse où il aurait besoin de quelque chose ou rencontrerait un problème, et sa conscience humaine qui lui faisait dire que tout ça ressemblait à une mauvaise idée.
Lullaby esquisse un sourire face à la remarque de son interlocuteur. Oui. Face au peu d’enthousiasme de ses parents pour l’accompagner dans les autos-tamponneuses, ce dernier avait bien de la chance d’avoir pour tante un joyeux luron prête à tout pour lui, même à prendre ridiculement place dans une voiture trop petite pour elle, tout ça pour prendre son neveu tout contre elle, l’aider à guider son volant et le maintenir correctement dans la voiturette, en lui évitant de tomber par-dessus bord sous les chocs que les autres joueurs leur inflige.
«- Et on va encore tous les exploser, hein Titou ? On va faire quoi dans les voitures ?» «- BOUUUUUUUUUUUM !!» «- Hé oui ! BOUUUUUUUUM !» répète la marraine amusée par l’enthousiasme et l’impatience du petit garçon.
Il a beau avoir très envie d’aller faire un tour dans les petites voitures, le petit garçon reste sage quelques minutes, pour parler avec Dimitri, dire qu’il veut être pompier plus tard. Le rêve de bien des petits garçons. Policier ou pompier sont souvent les premiers métiers qui intéressent les petits bouts, avant qu’ils ne grandissent et ne changent d’avis, pour la plupart. Mais imaginer que son Titou soit un jour assez grand pour choisir un métier, pour faire des études sérieuses et non plus la petite école… Lullaby n’aime pas trop cette vision, elle préfère largement que ce dernier reste un petit garçon. Mais il pousse vite, le bougre. A croire qu’il mange trop de soupes, lui qui dit que ça fait grandir.
«- On verra hein Titou ? T’as encore tout le temps pour devenir un grand grand grand garçon et choisir ce que tu veut faire ! Mais pour l’instant, on ne grandit pas trop vite, marraine a dit non !»
Evidemment, elle ne peut rien contre la croissance de son Titou, contre l’évolution de ce dernier et Lullaby le sait bien. Même si elle ne veut pas, Titou grandit de jours en jours. Et puis, quand il sera plus grand, il voudra tout faire tout seul, tout faire par lui-même et il n’aura peut-être plus besoin, alors, de sa marraine. En grandissant, leur lien changera ? Elle n’espère pas, le redoute même.
«- Ahah il ne sait seulement pas comment ça fonctionne mais pour le reste il est opérationnel ! Surtout pour faire craquer les tatas et obtenir des tours en plus, il est très très bon pour ça, je pense qu’il vous ferait un carton, à la publicité !» souligne la demoiselle amusée, en même temps qu’elle se moque de sa propre faiblesse face aux sourires et aux petits yeux suppliants que l’enfant pouvait avoir.
Et des tours en plus, il en gagne aujourd’hui, comme le patron cherche à s’excuser du comportement de son employé la dernière fois. Et les fois d’avant, aussi. Billy fait une fixette sur la demoiselle, chaque fois qu’elle est dans les environs, elle a le droit à ses commentaires, ses regards, ses perches tendues, qu’elle ne saisit pas. Pas qu’il soit méchant, Billy. Pas qu’il soit laid, non plus. Mais le cœur de la demoiselle est déjà prit. Titou, inconscient de tout cela, ne voit que le profit qu’il en tire, quand sa marraine lui montre tous leurs jetons et le petit garçon se sent riche. Attendrie, Lullaby l’enveloppe de ses bras pour un câlin. Peu importe l’or, on est toujours riche que de ses proches. De ces moments de partage, de complicité. Son Titou. Son cher Titou. L’innocence et la candeur du petit garçon font fondre son cœur.
«- Sur un malentendu oui, peut-être !» remarque la demoiselle en riant.
L’enfant veut rejoindre les voitures à présent, semblant juger qu’il a suffisamment attendu. La patience à cet âge n’est jamais vraiment un fort, d’autant plus que sa voiture favorite est libre, installée dans un coin à n’attendre que lui, comme le précise Dimitri. Il va falloir qu’ils remettent leur conversation à un peu plus tard, quand l’enfant aura fait quelques tours et voudra boire ou goûter. Mais ils n’ont pas le temps de s’installer, qu’ils sont rejoins par une silhouette bien connue.
«- Bonjour Billy. Ça va merci, et toi ?»
Son patron le reprend illico, précisant que le jeune homme a du travail. De toute évidence, Dimitri s’est réservé le droit de s’occuper de la marraine et du filleul, en tenant son employé éloigné… Mais ce dernier n’en fait qu’à sa tête à présent… Ou pas. Un client réclamerait monsieur Horowitz, qui lance un regard pour le moins contrarié à la jeune femme.
«- Allez-y, je vais faire faire un premier tour à Titou, avant qu’il ne s’impatiente trop.» assure Lullaby pour essayer de le rassurer. En emmenant Titou dans l’auto, elle suppose qu’elle ne devrait pas avoir trop à faire à Billy. Erreur de sa part, puisque l’homme décide de la suivre et l’aider à prendre place dans la voiture, posant ses mains sur elle sans qu’elle n'ait rien demandé, avant de lui donner le petit.
Maintenant qu'il les voyait de nouveau à l’œuvre tous les deux, Lullaby toujours aussi heureuse d'accompagner son neveu au stand et le garçon débordant d'enthousiasme comme à son habitude à l'idée de faire un tour d'auto-tamponneuses, Dimitri ne pouvait s'empêcher d'être attendri. Lui qui avait aussi des neveux et nièces se demandait s'il renvoyait la même image aux gens quand on les voyait ensemble, quand il leur faisait découvrir son stand et les emmenait se promener dans les allées du parc pour s'acheter des friandises dans le dos de leur mère ou leur payer un tour de train fantôme. On l'avait toujours vu comme le tonton cool, celui qui leur laissait tout passer et était souvent le plus déraisonnable des trois quand ils étaient de sortie, et il n'avait aucun mal à comprendre que ce soit aussi important pour Lullaby de partager ces moments-là avec son neveu. Quand on était le frère ou la sœur d'un des parents, on n'était pas souvent consultés pour ce qui touchait aux décisions importantes, mais on avait généralement droit aux meilleurs moments, et de les gâter comme si c'était le seul moyen qu'on ait trouvé de les marquer à notre façon, de faire qu'ils s'attacheront aussi à nous. Une chose est sûre, leur enthousiasme était toujours aussi communicatif. « Rien que ça ! Eh bien, si j'étais vous, je crois que je garderais un œil sur les deux jeunes là-bas, dans l'auto violette. Je les observe depuis tout à l'heure et j'ai l'impression qu'ils veulent en découdre eux aussi. » Dimitri entra volontiers dans leur jeu, d'un air complice et un amusé, jetant un regard en direction des deux ados qui jusque là avaient surtout prouvé qu'ils étaient habiles avec un volant et aussi surexcités face aux autres autos. Il exagérait rien qu'un peu parce qu'il savait que le neveu de Lullaby n'en aurait que plus envie de s'amuser, et que la jeune femme savait que de son coté il gardait un œil sur ceux qui pourraient vouloir foncer délibérément dans le tas comme ça arrivait parfois, depuis le temps il avait appris à les repérer. Que le jeune garçon aspire un jour à devenir pompier, ça lui rappelait que lui-même avait certains rêves étant petit que la vie avait plus ou moins balayé, mais il faut dire que son cas était particulier. « Oui, ta tante a raison, t'es encore loin d'avoir à penser à tout ça. Si tu savais ce que je donnerais parfois pour redevenir un petit garçon, t'as le temps de grandir. » Et de se poser des questions qui arriveraient bien assez tôt à un âge où la vie lui paraîtrait sûrement moins simple, alors tant qu'il pouvait simplement faire des tours de manèges, il ne fallait pas qu'il soit pressé de grandir. « Surtout que le jour où vous ne viendrez plus ici, j'aurai plus qu'à mettre la clé sous la porte. » Dimitri s'amusa, conscient autant qu'eux sans doute que si le stand marchait aussi bien aujourd'hui, c'était parce que certains clients lui étaient particulièrement fidèles. Comme Lullaby et son neveu, qu'il voyait toujours revenir avec le même sourire en espérant à chaque fois que ce n'était pas la dernière. Plus grand, le petit pourrait cela dit lui donner un coup de main avec le stand, même si Dimitri n'était pas certain de savoir si ce serait une si bonne nouvelle que lui soit toujours là dans quinze ans. Pour l'affaire familiale sans aucun doute, mais peut être pas pour ses aspirations qu'il avait parfois de nouveau envie de poursuivre comme à une certaine époque. Le sourire de Dimitri s'étira. « Ça c'est certain, avec lui je sais qu'elles seraient nombreuses à craquer. Même si on augmentait nos prix je suis sûr qu'elles ne remarqueraient rien. » Mais pas sûr qu'à plus long terme le reste de ses clients n'y voit que du feu, c'est pour ça qu'il ne le disait que pour plaisanter. « N'allez surtout pas répéter que je vous ai dit ça. » Il précisa dans un sourire, alors que la conversation dévia sur Billy et l'attitude légèrement envahissante dont il pouvait parfois faire preuve quand Lullaby était dans les parages. Une discussion qu'ils avaient déjà eu mais que Dimitri avait amorcé pour s'assurer qu'il n'y avait pas de problème et qu'elle savait qu'elle avait aussi un allié dans la partie qui ne laisserait pas son employé redépasser les bornes. Mais voilà qu'après une plaisanterie sur les jetons dont il lui avait fait cadeau, et ce câlin entre la jeune femme et son neveu sur lequel Dimitri posa un regard attendri, Billy profita justement qu'ils soient en pleine conversation pour les rejoindre. Pas vraiment l'idée quand il lui avait demandé de rester avec les autres clients, mais c'était un peu tard maintenant. « Très bien, enfin ça me fait surtout plaisir de te... de vous voir tous les deux. » Dimitri observa son employé qui comme souvent semblait troublé en présence de la jeune femme, ce qui aurait pu être mignon si ça n'était pas légèrement maladroit en raison du caractère répétitif et pas très subtil de ses approches. Il pouvait avoir un coup de cœur, mais sa façon de chercher le contact à chaque fois mettait tout le monde un peu mal à l'aise, à commencer par Dimitri qui hésita une seconde avant d'aller voir ce que voulait le fameux client qui attendait après lui. Un regard échangé avec Lullaby et les mots de la blonde le convainquirent qu'il pouvait s'éloigner. « Bien, je vais voir ce qui se passe. Je serai pas loin, amusez-vous bien. » Et Dimitri s'éloigna après un dernier regard concerné en direction de Billy qui devrait avoir bien en mémoire ce qu'il lui avait déjà dit au sujet des clientes, et de celle-ci en particulier. Le client qui l'avait demandé voulait des précisions que Billy ne s'était visiblement pas senti légitime de lui donner, du moins c'est ce qu'il préférait penser – l'autre éventualité étant un peu moins rassurante tant qu'il était à l'autre bout du stand à aider Lullaby et son neveu à monter dans leur auto, non sans laisser traîner ses mains, une chance pour lui que Dimitri ne puisse pas voir ça. « Bien installés ? Allez-y, je vous regarde ! »
Et c'est quelques minutes après que le garçon et sa tante se soient lancés que Dimitri réapparut, retrouvant Billy qui attendait et semblait toujours chercher la blonde du regard de là où elle était. Il posa une main sur son épaule pour le tirer de ses songes et planta son regard dans le sien. « Billy, j'espère que tu t'es pas montré trop entreprenant pendant que j'étais là-bas. C'est une cliente, on doit en aucun cas envahir son espace vital. » Ça ne lui plaisait jamais de le remettre à sa place parce qu'il n'aimait pas agir comme un patron et avait beaucoup de mal à se voir dans ce rôle, mais c'était parfois nécessaire. « Je sais tout ça, c'est juste... Dimitri, franchement, tu crois que j'ai mes chances ? » Il resta silencieux un instant, incapable de sortir le moindre mot tant il était partagé entre l'envie de le secouer une bonne fois pour toutes et celle de lui payer un verre pour effacer cet air accablé de son visage parce qu'il lui faisait de la peine et qu'il avait assez d'atouts pour ne pas s'entêter dans une voie qui semblait un peu compromise. Et c'est au moment où Lullaby et son neveu réapparurent qu'il se sentit soulagé de n'avoir pas à le faire. « Billy, tu sais... hmm, les voilà. » Autant garder cette discussion-là pour plus tard, à un moment où elle ne risquerait pas de les entendre, tout ça était assez délicat pour ne pas en rajouter. « Alors, ça a été ? Vous avez été impressionnants, à vous voir on pourrait croire que vous venez souvent ici. » Il souffla en leur adressant à chacun un clin d’œil. En réalité pas qu'un peu et ça lui faisait plaisir, pour des raisons différentes de celles de Billy même si l'important était surtout qu'ils se sentent toujours les bienvenus au stand et sentent qu'ici tout le monde leur était reconnaissant de revenir à chaque fois. « A ce propos, après tout ce temps je me rends compte que je sais pas ce que tu fais dans la vie. » Il posa un regard curieux sur Lullaby tandis que tout près Billy semblait aussi intéressé par la réponse. Pourvu qu'elle ne soit pas danseuse de revue, pour sûr son employé n'y survivrait pas.
Quelque part, être pleine de vie et positive permettait à la jeune femme de vraiment profiter de son neveu et des moments passés avec ce dernier. Elle ne se posait pas de questions, se contentant de vivre le moment présent – sauf quand il s’agissait d’assumer sa bisexualité évidemment – et cela lui faisait passer des moments fabuleux avec le petit garçon, tout simplement. Ils profitaient bien de ces tours en autos-tamponneuses tout les deux et ces sorties restaient pour l’un comme pour l’autre un réel plaisir si bien qu’il n’y avait au goût de Lullaby aucune contrainte à ce que son frère préfère lui confier Titou pour l’emmener à la fête foraine, plutôt que d’y aller lui-même. Au moins elle profitait de ces bons moment avec son neveu à la place des parents de ce dernier, elle n’allait pas s’en plaindre. Et le petit garçon était particulièrement heureux, aujourd’hui, à l’idée de pouvoir faire BOUUUUUUUM dans les autres voitures, comme il le disait si bien, sous l’œil complice du gérant de l’attraction qui ne manque pas de mettre le duo en garde contre de redoutables concurrents. Lullaby glisse un regard en biais vers ces derniers, bien décidée à en découdre avec eux. Ils allaient voir ce qu’ils allaient voir : ils ne perdaient rien pour attendre.
«- Même pas peur hein mon Titou !? On ne va en faire qu’une bouchée !» assure la demoiselle en adressant un sourire complice et malicieux à son neveu, alors que ce dernier frappe joyeusement dans ses mains pour approuver les dires de sa marraine.
Il connaît bien le manège, Titou, et Dimitri pense qu’un jour, le petit garçon pourra venir l’aider ici. Quand il sera plus grand. Plus grand… Bee préfère ne pas y penser, ne pas penser au fait que son neveu grandit de jours en jours. Le temps passe beaucoup trop vite avec les enfants malheureusement et la jeune femme n’est pas pressée de voir son Titou devenir un adolescent, ramener une petite copine à ses parents et la présenter à sa tata. Oh non, vraiment pas. Bee resterait volontiers la deuxième femme la plus importante de la vie de Titou, juste après sa maman. Voir une autre femme les devancer, ça la ferait un peu grincer des dents, la demoiselle.
«- Oh oui. Loin des problèmes et tout ça… on ne se rend pas compte de la chance que l’on a, quand on est un tout petit !» confirme Lullaby qui aimerait bien, parfois, passer son temps à jouer et à dormir, manger et promener…
Elle rit un peu comme l’homme assure qu’il pourra mettre la clé sous la porte le jour où le petit garçon et la tante ne viendront plus. Ce n’est sûrement pas le cas et Bee doute qu’ils soient les seuls clients réguliers dont l’homme dispose mais elle comprend ce qu’il veut dire. C’est gentil, dans un même temps. Il souligne le fait que Titou et sa tante vienne souvent. C’est leur fidélité qu’il remarque.
«- Souhaitez alors que mes frères m’en fassent d’autres ou que mon prince charmant se décide à me remarquer et me faire un petit prince ou une petite princesse !» souligne la jeune femme en riant à son tour.
Mais le jour où Titou ne viendra plus comme client, la demoiselle est certaine qu’il fera un excellent vendeur, se moquant un peu d’elle-même et de sa faiblesse au passage, alors que refuser quelque chose à son neveux est toujours très difficile pour la jeune femme. Nul doute qu’avec son joli sourire, il en vendrait des tours en plus ! À toutes les tantes, toutes les mamies et toutes les midinettes, sûr et certain ! Ils en profitent pour plaisanter, avant d’aborder un sujet plus sérieux en évoquant l’employé de Dimitri, comme ce dernier a tendance à draguer toutes les filles qui passent par là, principalement la blondinette par ailleurs. Dimitri s’en excuse pour ce dernier, leur offre des jetons pour fidéliser ses clients, en même temps qu’il les remercie de ne pas avoir fuit. Et finalement, Billy se pointe à leurs côtés, saluant Lullaby en la dévorant presque des yeux avant de se tourner vers Dimitri pour s’entretenir avec ce dernier. Au regard que le responsable des lieux jette sur elle, la demoiselle comprend qu’il va devoir y aller mais que cette idée ne l’enchante pas. Tout du moins, l’idée de la laisser gérer Billy ne l’enchante pas. Mais elle le rassure, consciente que l’homme doit faire son boulot et ce dernier s’éclipse, laissant Lullaby et son neveu prendre place dans une voiturette. Et l’homme a la main quelque peu baladeuse sur elle, comme il l’aide à monter dans la petite auto. Lui adressant un regard qui en dit long par-dessus son épaule, la jeune femme s’installe en fin de compte, son Titi contre elle, le volant entre les mains.
«- Oh je crois que ce n’est pas vraiment nécessaire, tu as sûrement mieux à faire et nos pouvons gérer tout les deux !» assure la demoiselle en essayant de repousser gentiment Billy.
Parce qu’elle ne peut pas le repousser violemment, elle ne peut pas l’envoyer promener, elle se doute que ça ferait trop mal, elle imagine la douleur que ça peut être et, comme elle n’aimerait pas qu’Alexandre ou qui que ce soit se comporte ainsi avec elle, la jeune femme ne se permet rien du genre. Trop douce, trop gentille, comme toujours. Ça finira bien par passer à Billy, c’est ce qu’elle se dit. Et pourtant elle sait comme parfois, ça peut durer des mois, des années. C’esy ce qui lui arrive, elle-même, dans ses sentiments pour Alexandre.
«- YOUHOUH !» lancent neveu et tante en se jetant sur leur terrain de jeu, coursant les autres voitures pour leur rentrer dedans.
Ils s’amusent de longues minutes, enchaînant les jetons dans l’appareil, Titou en redemandant toujours plus, si bien que Lullaby est contrainte de rusée pour le sortir du manège, désireuse de l’hydrater un peu. Prétendant qu’ils n’ont plus de jetons et qu’il faut en reprendre, alors qu’il lui en reste pourtant quelques uns, ils quittent le circuit et le petite garçon se précipite vers Dimitri.
«- Dimiti ! Jetons jetons !» brâme le petit garçon alors même que la tante en arrivant derrière lui fait non de la tête. «- Ah oui ? Étonnant ! Nous n’y venons pourtant que… cinq fois par mois en moyenne je crois… Si peu !» plaisante la demoiselle pour répondre à Dimitri. «Titou on dit s’il te plaît !» songe-t-elle à le corriger comme il a oublié le mot magique. «Vient boire un peu d’eau en attendant de pouvoir remonter dans l’auto !»
Le petit garçon s’exécute, alors que Dimitri questionne la jeune femme pour savoir ce qu’elle fait dans la vie, la question n’ayant jamais été abordée. Billy, à ses côtés, semble encore plus attentif à la réponse de la demoiselle que l’homme posant la question.
«- Tatagram ! Elle tatagram, tatie !» braille le petit garçon tout fier d’avoir «retenu le mot» «- Je tiens un blog depuis que j’ai dix-sept ans, en fait et je gère mes réseaux sociaux.» précise la demoiselle en osant pas poser le mot influenceuse. «Mais je suis surtout wedding planner depuis cinq ans.»
Le mannequinat, avec son père à une époque surtout, la demoiselle n’en parle pas. Peut-être pour éviter d’être googlée toute la soirée par Billy quoi que ce dernier serait servit en photos de la demoiselle, s’il trouvait ses pages facebook, instagram… Elle évite déjà soigneusement de croiser le regard de Billy. Qui sait ce qu’il peut penser à présent, ce qu’il pourrait dire. Elle attend la remarque, Lullaby. Elle la devine.
Si certains jours Dimitri ouvrait un œil, posait un pied hors du lit et finissait sous la douche à méditer sur le sens de la vie qu'il menait sans avoir vraiment l'impression qu'il laisserait quelque chose derrière lui si demain il se faisait faucher par un bus, c'est dans des moments comme celui qu'il vivait en ce moment qu'il avait vraiment l'impression de servir à quelque chose. Ce n'était jamais que quelques jetons et des tours de manège, mais si ça pouvait procurer un peu de joie à quelqu'un pendant ne serait-ce que dix minutes d'une journée qui en comptait mille quatre-cent quarante, c'était mieux que rien. Mieux que de se dire qu'il était passé à coté de ses rêves, qu'il ne vivait pas de ce qui le passionnait en premier lieu mais qu'assurer la relève de son père valait bien tous les sacrifices. Mieux que de se morfondre une année de plus sur le vide intersidéral qu'était sa vie personnelle, comblé de temps à autres par la présence éphémère de conquêtes qui n'attendaient rien de lui et dont il n'attendait rien. Mieux que de regarder ses sœurs faire des choix qu'il n'aurait jamais eu le courage de faire, parce que dans son cas les responsabilités lui étaient tombées dessus sans qu'il ait songé ne serait-ce qu'un instant à se défiler. L’aîné, le deuxième homme de la maison et le seul encore capable de soutenir sa mère depuis que la santé de son père jouait avec eux comme dans un tour de montagnes russes. Quelques montées, beaucoup de descentes, et toujours la même impression que leur cœur se décollait de leur poitrine à chaque rendez-vous médical, chaque examen. Celui de son père ne tiendrait pas comme ça dix ans de plus et c'était une pensée qui pétrifiait Dimitri chaque fois qu'il s'autorisait à y réfléchir. La plupart du temps, il préférait relever la tête et sourire en retour à ses clients comme si le fait qu'il soit là ne lui rappelait pas que les choses avaient changé. Lullaby et son neveu faisaient partie de ces personnes qui sans le savoir contribuaient aussi à donner un vrai sens à tout ça, et l'ont certainement motivé à se lever certains matins quand tout était plus compliqué encore. Ces quatre dernières années lui avaient demandé de retenir sa respiration et de serrer la mâchoire plus que durant tout le reste de sa vie, alors oui, s'il pouvait lire dans le regard d'un gamin émerveillé que tout ça lui procurait un peu de bonheur, c'était comme si ça en avait valu la peine. Et nul doute qu'il n'avait pas juste à faire à des clients fidèles et appréciés, mais aussi à de redoutables adversaires pour ceux qui voudraient se risquer à les croiser sur le circuit. « Oh, j'en suis sûr. Je les ai d'ailleurs vu trembler quand vous êtes arrivés, à mon avis votre réputation finit par vous précéder. » Dimitri glissa dans un clin d’œil amusé à ceux qui n'allaient pas tarder à pouvoir aussi se targuer d'être ses deux clients préférés, pas seulement parce qu'avec eux son chiffre d'affaires n'avait pas à se plaindre, surtout parce qu'il ne discutait pas autant avec tous ses clients et que c'était une partie agréable et même essentielle de son boulot. Il n'était pas tout à fait sérieux quand il imaginait un jour le petit garçon venir lui prêter main forte, mais n'ayant pas d'enfant lui-même à qui transmettre ce genre de choses, Dimitri se surprenait parfois – souvent – à s'attacher plus que de raison à des gamins qui probablement oublieraient qui il était d'ici quelques années, quand ils seraient trop grands pour venir ici. Et tout bien réfléchi, lui non plus n'aimait jamais tellement penser à l'avenir, à où il en serait dans quelques années, à la façon dont sa vie aurait changé ou non. Quand il était optimiste, il s'imaginait avoir réalisé plusieurs de ses rêves, bâti quelque chose, évolué, aimé à nouveau, avancé en tout cas. Le reste du temps, il ne voyait pas si loin. « Et puis, lorsque tu grandis, on ne te laisse plus faire autant de bêtises qu'avant. Sauf si tu es comme moi et que tu en profites encore quelques années de plus, mais je suis pas du tout un exemple à suivre, j'ai pas été un adolescent aussi sérieux que mes parents l'auraient voulu. » Il ponctua ses paroles d'un geste de la main comme si aujourd'hui ça l'arrangeait bien que cette période soit derrière lui, quand le recul et les années aidaient aussi à prendre conscience des galères dans lesquelles il avait pu se mettre. Mais retrouvant le regard de Lullaby, Dimitri se pinça les lèvres d'un air confus, légèrement amusé au moment de poser une main devant sa bouche et de jeter un petit regard au garçonnet. « Et je suis à peu près sûr que ta tante va bientôt m'en vouloir d'avoir dit ça... Désolé, c'est un peu mon atelier de sensibilisation à moi. » Il s'excusa en réalisant qu'en tant que tante elle n'avait sûrement pas envie qu'il s'aventure sur ce terrain-là devant un petit garçon qui aurait vite fait de trouver ça un peu trop cool, d'enfreindre les règles et de faire des bêtises. Le genre de choses dont seuls deux adultes pouvaient vraiment mesurer les conséquences, et Dimitri pouvait s'estimer heureux que la seule balafre dont son corps garde la trace soit celle qui datait de son agression d'il y a trois ans. Une chose est sûre, s'il exagérait un peu en prétendant que de ne plus les voir au stand risquerait de lui faire fermer le rideau, il est certain que ce ne serait pas pareil sans eux. Sans le visage angélique et le regard conquis que Lullaby posait sur la frimousse innocente de son neveu, non, le stand n'aurait plus la même âme. Mais assez de sentimentalisme, la confession de la jeune femme l'intéressait beaucoup plus, titillant sa curiosité sans qu'il sache s'il était en droit de la laisser s'exprimer. « Qu'est-ce que j'entends, ta tante a un prince charmant et il se fait désirer ? J'espère qu'il aime les auto-tamponneuses lui aussi, j'attends encore le jour où quelqu'un viendra faire sa demande en mariage ici. » Dimitri souffla d'un air complice à l'attention du garçonnet avant d'afficher un sourire amusé à l'idée que peut être un jour le prince charmant en question se déclarerait et qu'ils viendraient non plus à deux mais à trois. « Je suis sûr que c'est qu'une question de temps, et qu'il est juste trop timide pour se déclarer. » Il reprit doucement, ayant l'impression que Lullaby regrettait la situation. Mais même sans avoir tous les détails il avait du mal à imaginer qu'un type pour qui elle aurait des sentiments puisse ne pas lui avoir envoyé de signe en retour, peut être qu'il attendait juste le bon moment. Dieu sait qu'il n'était pas un expert en relations, mais si une fille comme Lullaby attendait que son prince la remarque, ça laissait peu d'espoirs à tous les autres, même si ce n'était pas Billy qui irait s'en plaindre. Billy qui lui postulerait sûrement sans attendre, et c'était une chance qu'il les rejoigne sans avoir entendu cette partie de la conversation. Qui sait sinon quels élans ça lui aurait inspiré, lui qui en présence de la jeune femme était déjà assez troublé. Un détail qui n'était pas pour rassurer Dimitri tandis qu'il s'absenta pour retrouver un client et ainsi les laisser seuls avec lui, rassuré par le fait que Lullaby ne semble pas aussi mal à l'aise qu'elle aurait pourtant pu l'être. Et il valait sûrement mieux qu'il ne sache pas ce que Billy se permettait dans son dos et une fois sa surveillance levée. « J'ai jamais mieux à faire que de veiller sur vous deux, Lullaby. C'est toujours la partie la plus agréable de mon job, et pourtant il est plutôt cool. » Typiquement le genre de choses qui auraient plongé Dimitri dans un léger embarras s'il avait été là, et ça Billy le savait.
Une chance que l'autre client ne l'ait pas retenu plus que de raison, Dimitri n'était jamais tout à fait à l'aise à l'idée de s'éterniser trop longtemps à l'autre bout du stand quand son employé était au dernier endroit où il aurait aimé le savoir, et la façon dont l'échange s'amorça à son retour ne fut pas non plus pour le rassurer. Que Billy ait l'espoir d'éveiller en Lullaby les mêmes sentiments que ceux qu'elle semblait lui inspirer n'était pas si sordide, il était beau garçon et juste sûrement trop dévoué pour son propre bien, mais depuis le temps ça l'inquiétait un peu qu'il n'ait malgré tout pas perçu certains signes. Lullaby était une jeune femme délicate qui ne souhaitait pas briser un cœur, mais son expérience des histoires compliquées et douloureuses lui disait que celle-ci ne finirait pas bien. Il fut donc soulagé que la jeune femme et son neveu réapparaissent avant qu'il doive s'aventurer sur ce terrain glissant avec lui, retrouvant rapidement le sourire face à l'enthousiasme du jeune enfant. « Alors comme ça tu veux déjà y retourner ? Tu me donneras ton secret pour avoir autant d'énergie, certains jours ça me servirait bien. » Il s'amusa en échangeant avec sa tante un regard entendu, suivi d'une plaisanterie sur laquelle la jeune femme n'eut aucun mal à rebondir jusqu'à étirer un sourire plus paisible sur les lèvres de Dimitri. « C'est rien, tous les gamins qui viennent ici sont pas tous aussi bien élevés, je m'estime parfois chanceux quand ils m'arrachent pas les jetons des mains. » Et il savait depuis le temps faire la différence entre un enfant à qui on n'avait pas inculqué tous les principes de politesse ou laissé passer trop de choses, et un enfant qui débordait simplement d'enthousiasme. « Promis, tu referas un tour ensuite. » Il adressa au garçon un clin d’œil lorsque sa tante l'invita à aller se désaltérer, saisissant l'occasion pour interroger Lullaby sur un point qui depuis le temps faisaient partie des choses qui le rendait curieux étant donné qu'ils avaient pris l'habitude de discuter mais qu'il n'en savait pas beaucoup plus sur elle pour autant. En présence de Billy, la question de l'occupation professionnelle de la jeune femme pourrait s'avérer périlleuse, et il suffit qu'elle confie œuvrer sur les réseaux sociaux pour que Dimitri ait à peine le temps de croiser le regard de Billy avant que celui-ci ne réagisse. « Oh, ça m'étonne pas, j'aurais pu le deviner ! T'es largement aussi belle que les influenceuses que je suis, tu l'es même beaucoup plus, tu dois faire un carton. » Dimitri aurait pu prendre un air surpris, mais la vérité c'est qu'il n'imaginait pas d'autre réaction possible de la part de Billy, celui-ci devenant facilement prévisible quand ça concernait Lullaby, maintenant probablement érigée en reine absolue d'internet dans son esprit amoureux. « Oui, c'est... ça doit être passionnant comme job, et c'est vrai si ça se trouve on reçoit la visite d'une star du net depuis tout ce temps et on en savait rien. » Dimitri tenta de tempérer, tandis que l'idée prêtait elle à sourire. Il ne connaissait de ces trucs que l'essentiel et se contentait d'une page instagram qui était surtout un moyen de poster peu à peu des photos qu'il faisait sans avoir l'air de se prendre au sérieux, alors il était assez impressionné. « Et donc, t'organises aussi des mariages ? » Il demanda avec curiosité, fasciné de lire dans son regard que ça semblait vraiment être deux choses qui lui plaisaient, comme il l'était chaque fois que quelqu'un lui donnait l'impression d'être exactement là où il voulait être. Mais c'était sans compter sur la prochaine intervention de Billy. « A quand le notre, Lullaby ? Je voudrais pas brûler les étapes, mais ma mère adorerait avoir une belle-fille comme toi. » Dimitri se figea d'un air un peu incrédule, espérant presque que Lullaby allait le prendre sur le ton de la blague et qu'ils en riraient d'ici quelques secondes, mais elle comme lui savaient qu'au moins une partie de Billy devait espérer se rapprocher d'elle en usant de ce genre d'avances. Nul doute qu'il avait tout d'un idéaliste et c'était plutôt attendrissant, mais aussi le meilleur moyen de souffrir.
Le petit garçon est tout excité à la perspective d’en découdre sur le bitume de l’attraction, à la perspective de faire boum dans les autres voitures et de passer un bon moment. Il ne se lasse vraiment jamais de cette attraction et pour sa marraine, c’est toujours un réel plaisir que de l’emmener ici, que de lui faire profiter de cette activité qu’il aime tant et à laquelle ses parents ne veulent pas vraiment le conduire tant s’asseoir dans la voiturette avec le garçonnet est on ne peut plus inconfortable pour des adultes. Surtout Philip, ce dernier étant plutôt grand et ayant bien du mal à entrer dans la petite auto. Alors la marraine se sacrifie, quoique le sacrifice ne soit pas bien grand, alors qu’elle apprécie tout particulièrement ces moments partagés, où son Titou semble être le plus heureux des petits garçons. Chaque fois qu’il s’excite pour foncer dans une autre voiture, chaque fois que son regard brille en apercevant les petites autos, chaque fois qu’il rit après l’impact, le coeur de la demoiselle fond littéralement de cette palette d’expressions dont il est capable. C’est sa récompense à elle, son plaisir, pour passer ces journées, ces moments, ensemble.
«- Ils ont intérêt, on ne va en faire qu’une bouchée ! Hein Titou ! C’est qui les plus forts !?» «- Nous nous nous !!!» braille le petit garçon, l’excitation décuplée par l’esprit de compétition qui l’anime alors.
Et elle voudrait qu’il reste toujours aussi petit, son Titou. Qu’il soit toujours aussi excité par tout. La demoiselle voudrait que ce dernier garde son excitation et sa bonne humeur, que les choses continuent de l’émerveiller comme elles le font aujourd’hui. Qu’il reste proche d’elle comme ils peuvent l’être aujourd’hui et ne l’envoie jamais bouler parce qu’il sera devenu grand et n’aura plus besoin de sa tantine. Mais Titou parle déjà de plus tard, comme tout les petits enfants, il pense à ce qu’il sera, rêvant d’être un pompier. Et chaque fois, sa marraine pense qu’elle n’a vraiment pas envie que le temps passe aussi vite. Elle préfère nettement que son Titou continue à faire des bêtises impunément, comme le lui suggère Dimitri.
«- La tante n’est pas en reste quand il s’agit de faire des bêtises avec son neveu, alors elle devrait être en mesure de pardonner cet écart de langage.» assure la demoiselle amusée.
Parce qu’elle n’est pas la dernière à faire des bêtises avec son neveu. De petites bêtises certes mais des bêtises tout de même qui lui valent parfois un regard désapprobateur de la part de son frère aîné, avant que ce dernier ne rit devant la mine affichée par le duo prit en faute, à l’aube d’un mauvais coup. Avec leurs airs angéliques, et leurs sourires qui tentent de faire oublier le méfait à leur victime. Ce n’est jamais rien de fort, jamais rien de grave, mais c’est assez pour que neveu et tante soient grondés ensemble, l’un et l’autre riant par après de la situation. C’était une relation forte qu’ils partageaient, une alchimie particulière. Et ça faisait les affaires de Dimitri, lequel s’inquiétait du jour où le duo ne viendrait plus. Il n’y avait plus qu’à espérer que Lullaby soit de nouveau tante ou qu’elle devienne maman, pour renflouer les caisses mais ce dernier point semblait compromis. Se faire désirer c’était peu de le dire, vraiment.
«- On verra» assure la demoiselle sans donner plus de détails sur Alexandre.
Mais elle était presque certaine que ce n’était pas la timidité qui maintenait l’homme loin d’elle. Seulement le désintérêt. Il ne pouvait pas être timide, avec l’emploi qu’il occupait. Et pourtant elle l’était bien elle-même, en étant pourtant sur le devant de la scène… Mais il lui semblait impossible que l’agent le soit. Il n’en renvoyait pas l’image et supposer que c’était cela qui l’empêchait de parler lui semblait improbable. Elle imagine bien d’avantage qu’il ne soit pas intéressé. Plus plausible selon elle.
Alors que Dimitri est interrompu par un client pour répondre à quelques questions, Billy prend le parti de s’occuper du duo alors que l’enfant se montre de plus en plus impatient à l’idée de monter dans les petites autos et fait du dégât sur la piste. Une aide dont la demoiselle se passerait volontiers alors qu’elle constitue un prétexte pour adopter des gestes quelque peu déplacés à son égard, valant au jeune homme un regard qui en dit long, de la part de la demoiselle et une remarque. Mais il prétend n’avoir rien de mieux à faire et, trop douce, la demoiselle ne cherche pas à poursuivre la conversation, consciente qu’elle pourrait le blesser en lui offrant un refus catégorique. Hors elle craint trop qu’on la blesse pour s’autoriser à le faire elle-même. Elle préfère s’occuper de son neveu e élancer leur bolide sur la piste, que de se préoccuper d’avantage de Billy, focalisant alors son attention sur toutes les expressions faciales et les éclats de voix du petit garçon tout heureux d’enfin pouvoir faire «boum badaboum !»
Ils s’arrêtent au bout de quelques tours, non par maque de jetons comme le pense le petit garçon mais parce que la jeune femme commence à avoir mal dans son véhicule et souhaite hydrater son petit bonhomme, lequel court vers Dimitri en réclamant quelques jetons, oubliant au passage les mots magiques. Un oublie qui lui vaut une gentille remarque de la part de sa marraine.
«- Je crois que ses parents lui donnent du lion au petit déjeuner.» répond Lullaby comme Dimitri s’interroge sur ce qui donne autant d’énergie au petit garçon. «Il y en a vraiment qui arrachent les jetons des mains ? Et les parents ne disent rien !?» s’enquit la demoiselle éberluée par de tels propos. Si Titou s’y amusait, il y aurait sa marraine ou ses parents pour le reprendre immédiatement.
Questionnée sur le job qui occupe sa vie, la demoiselle n’a pas le temps de répondre que son neveu répond fièrement à sa place, tout content de pouvoir dire que sa marraine tatagram, persuadé d’avoir bien retenu le bon mot. Lullaby sourit, attendrie, devant cette petite frimousse toute heureuse et n’a pas le courage, alors, de le reprendre et le corriger pour rappeler que c’est instagram. Une information qui lui attire évidemment un commentaire de la part de Billy. Évidemment.
«- Maintenant que tu le dis, j’me disais bien que ton bronzer était mieux appliqué ces derniers temps...» taquine la demoiselle.
Parce qu’elle est persuadée qu’il ne regarde pas la moindre influenceuse, Billy. D’autant plus que dans la tête des gens les influenceuses c’est surtout des filles accès sur la beauté et les tutos makeup, les swap, les vidéos lookbook et pas plus. Sauf que la demoiselle n’œuvrait pour sa part pas vraiment dans ce domaine particulier, même s’il arrivait évidemment qu’elle aborde ces thèmes dans ses vidéos ou ses articles.
La remarque de Dimitri, en revanche, fait sourire la demoiselle et cette dernière se garde bien de dire que c’est le cas, tant de par le fait qu’elle est connue pour son propre travail, que pour son père qui est mannequin et lui a donné le goût de la mode, le goût de la photographie, aussi. Elle n’en dit rien, Lullaby, préférant largement rester la tata sympa qui emmène son neveu faire des tours d’auto tamponneuse. D’autant plus que Billy ne survivrait pas à l’information ou à l’envie d’aller la googler à longueur de journée et elle préférait éviter d’imaginer quels mots clés il pourrait utiliser.
«- Oui tout à fait, j’organise des mariages et...»
Elle n’a pas le temps de répondre qu’elle est coupée par Billy et son tact légendaire alors que l’homme semble attraper une perche invisible pour parler de leur propre mariage. Qui n’arrivera jamais. Billy a beau être gentil, un peu lourd sur les bords certes, mais gentil et mignon, il n’en reste pas moins qu’un autre accapare déjà toute l’attention de la demoiselle. Cependant elle ne sait pas comment le dire, Lullaby, pour rester la plus douce et la moins blessante possible. Elle ne sait pas à quel point Billy se croit amoureux, mais elle sait que l’amour ça peut faire mal, elle l’expérimente tout les jours et elle imagine qu’elle n’aurait pas envie d’apprendre trop violemment qu’Alexandre a quelqu’un. Alors elle cherche une manière élégante, délicate, de rembarrer gentiment le jeune homme.
«- Ma’’aine c’est ma namoureuse !»
Une petite voix la coupe et détend aussitôt l’atmosphère, Lullaby riant à la suite de cette intervention pour attraper son neveu dans ses bras et déposer un baiser sur sa joue alors qu’il affiche une petite moue contrariée à l’attention de Billy. De toute évidence le petit garçon ne se sentait pas prêt pour partager sa plus fidèle camarade de jeu. Un homme dans la vie de cette dernière pourrait le priver, sait-on jamais, de moments à la fête foraine.
«- Si je prends cinq jetons de plus, j’évite la dénonciation à la police ?» demande la demoiselle sur le ton de l’humour.
Au moins elle aura éviter de rembarrer Billy, avec cette intervention et rien que pour ça, elle se sent reconnaissante envers son neveu, même si le regard de l’homme sur elle laisse supposer qu’il attend toujours une réponse, une réponse qu’elle n’est pas prête à lui donner, tant la réponse qu’elle aurait à formuler n’est pas celle que le jeune homme attend. Avec ce regard sur elle, l’homme insiste finalement, à grand renfort de sourires et l’ambiance s’appesantit de nouveau légèrement.
«- Jamais Billy. C’est pas contre toi.» assure la demoiselle, prenant son courage à deux mains. «Y’a juste… déjà quelqu’un.»
Dimitri ne savait pas de quoi il avait l'air, lorsqu'il encourageait Lullaby et son neveu comme s'il avait particulièrement à cœur qu'ils passent cette fois encore une bonne soirée et aient envie de revenir au stand la prochaine fois, mais lui qui n'avait pas toujours la chance de tomber sur des clients aussi faciles à vivre profitait toujours de ces moments pour relâcher un peu la pression, mettre de coté les choses qui finissaient par le rattraper une fois sa journée terminée, quand il rentrait dans son appartement où seuls ses chiens l'attendaient. Avec eux la vie était toujours plus douce, mais certains jours il avait comme l'impression que ces dernières années l'avaient précipité droit dans un cul-de-sac dont il n'arrivait plus à se sortir. Aucune relation sérieuse depuis Tamsin, comme si son cœur était pris en otage depuis quatre ans et qu'il n'arrivait pas à reprendre le contrôle de lui-même, pétri d'angoisse à l'idée d'avancer quand ça semblait si facile sur le papier. Sa vie sociale substituait par le biais de sorties, mais tournait essentiellement autour d'Alec, d'Eavan, de Tommy et des rares personnes qu'il parvenait à garder dans son cercle proche malgré les années, ou auprès de qui il parvenait à être vraiment lui-même. Nouer de vrais liens avec ses clients, ça restait aussi particulièrement rare et Dimitri n'avait pas la naïveté de penser qu'il était plus aux yeux de ces gamins que le gérant du stand d’autos-tamponneuses qui de temps en temps leur offrait des tours gratuits, mais c'était le genre de choses qui faisaient qu'une journée était un peu plus mémorable que les autres. L'enthousiasme démontré par la jeune femme et son neveu fit naître le même sourire amusé sur ses lèvres, et s'il crut pendant une seconde que Lullaby lui tiendrait rigueur de ses confessions au sujet de son adolescence parfois chaotique, il semblerait qu'il se soit inquiété pour rien. « Eh bien si les deux trublions que vous êtes ont envie d'aller semer la zizanie parmi les autres stands, n'hésitez pas, je vous en serais reconnaissant si vous me ramenez quelques clients. » Dimitri s'amusa en leur adressant à chacun un clin d’œil, évidemment pas sérieux une minute et surtout pas quand il prétendait vouloir causer du tort aux autres gérants, la solidarité qui régnait au parc n'étant que l'une des nombreuses valeurs que la plupart des fils de forains avaient en commun, un peu comme si tout le monde suivait le même code d'honneur depuis des générations. « Je plaisante, la plupart des gens que vous voyez là-bas sont de vrais amis. Venez de ma part et vous aurez peut être même droit à un geste, mais ça reste entre nous. » Il glissa sur le ton de la confidence, prêt à parier que si une frimousse comme celle du neveu de Lullaby se présentait au stand de confiseries et annonçait venir de la part du fils Horowitz, il aurait droit à des churros à moitié prix. Ce n'était pas non plus si souvent qu'il pouvait partager ce genre de tuyaux avec des clients, et sans doute une preuve de plus que ces deux-là prenaient vraiment une place particulière à l'échelle de son affaire. Il n'était pas pour autant tout à fait sérieux quand il disait redouter le jour où ils auraient mieux à faire que de traîner par ici, et pas seulement parce qu'une partie de lui espérait avoir trouvé d'ici là le courage de suivre ses propres rêves. Si le garçonnet grandissait, ce serait pour mieux profiter de ce que la vie aurait d'excitant à lui offrir, peu importe qu'elle ne fasse pas toujours que des cadeaux. Et Lullaby, elle, fondrait peut être sa propre famille, avec le type qui semblait avoir une place particulière dans ses pensées. Une histoire compliquée, devina Dimitri, en comprenant qu'elle ne désirait sûrement pas s'étendre sur la question. « Les hommes sont une espèce pudique et difficile à lire, ce qu'on dit ou ce qu'on montre est rarement le reflet de ce qu'on pense. » Il souffla alors simplement, dans un demi-sourire suffisamment parlant pour qu'elle déduise d'elle-même qu'il n'avait pas de conseil à lui donner si ce n'est celui de ne pas perdre espoir juste parce que chaque sexe s'y connaissait relativement bien pour berner l'autre. Par pudeur, ou parce qu'on était parfois impressionné par la force de ce qu'on éprouvait, il en savait quelque chose pour être passé par là.
Dimitri s'absenta finalement pour laisser Lullaby et son neveu aux bons soins de Billy, ce qui n'était pas forcément pour le rassurer quand on voyait son attitude en présence de la jeune femme, mais il ne pouvait pas ignorer qu'il y avait d'autres clients qui comptaient sur lui. Et il n'avait aucun doute sur le fait qu'en présence de son employé, Lullaby ne risquait pas de se blesser, au risque sinon de le voir accourir et ça c'était probablement un scénario que la jeune femme préférerait éviter. Il fit tout de même en sorte d'être rapide, ignorant que Billy en avait comme souvent profité pour se montrer tactile et aussi subtil qu'à son habitude, et revenant justement quelques instants tout juste avant que ses deux clients préférés n'aient terminé leur tour. Personne ne semblait avoir été traumatisé pendant son absence, à en voir l'enthousiasme du petit garçon c'avait même été un pur moment d'amusement et ça c'était le genre de choses qui amusaient toujours Dimitri, pas du genre à se formaliser quand un enfant oubliait de dire « s'il te plait » ou « merci » sous le coup de l'excitation, surtout quand d'autres faisaient parfois bien pire en toute impunité. « Non, ou si leurs parents disent quelque chose, c'est une fois que je leur ai fait comprendre que j'étais en droit d'exclure qui je voulais de mon stand. En général, ils comptent sur ce genre d'attractions pour occuper leurs enfants pendant qu'ils passent un coup de fil, alors ils font ce qu'il faut pour que ça se passe bien. » L'art et la manière de se débarrasser de ses gosses parce que le boulot se rappelait à nous, une drôle de conception de l'éducation que Dimitri ne validait pas forcément, mais qui était-il après tout pour leur faire la moindre remarque ? « A cinq ans, on peut ne pas avoir intégré tous les principes de bonnes manières, mais à douze ans c'est tout de suite moins pardonnable. » Et lui n'excusait pas de la même manière un tout jeune enfant qui n'arrivait pas à canaliser son énergie, et un pré-adolescent simplement mal élevé et susceptible de répondre quand on lui faisait une réflexion. En matière de job, en tout cas, celui de Lullaby semblait il est vrai un peu plus trépidant si comme il l'imaginait elle avait toute une communauté de fans sur les réseaux sociaux qui attendaient après ses clichés et ses bons conseils. Un détail forcément au goût de Billy, qui ne passa pas à coté de l'occasion de s'enthousiasmer, sous le regard toujours légèrement embarrassé d'un Dimitri qui pourtant avait l'habitude. « J'y pense, si tu veux tout à l'heure on pourra faire un selfie que je posterai sur ma page en t'identifiant. Enfin, si t'es pas trop gênée par mes cent abonnés. » La proposition de Billy était en soi plutôt attendrissante, il ne faisait de mal à personne en se berçant d'illusions, et pourtant Dimitri ressentit le besoin de le reprendre avant que Lullaby ne se retrouve à court d'arguments pour se dépêtrer de cette situation. « Tu sais Billy, je pense que Lullaby vient surtout ici pour se détendre et s'amuser, tout internet n'a pas besoin de savoir où elle se trouve. » Dieu sait pourtant qu'il n'irait pas se plaindre que ça leur fasse un peu de pub, mais non, dans cette histoire il avait surtout à cœur les intérêts d'une jeune femme visiblement trop inquiète de blesser Billy pour lui dire les choses. Une chose pour laquelle Dimitri avait beaucoup d'admiration, car toutes les filles ne réagiraient pas pareil, alors le moins qu'il puisse faire c'était l'aider un peu. Billy sembla comprendre et acquiesça, laissant flotter l'espoir qu'ils pourraient terminer cette discussion sans plus qu'aucune de ses interventions ne vienne y semer de gêne. Mais c'était mal le connaître, lui qui dès que Dimitri eut questionné Lullaby sur son activité de wedding-planner revint à la charge avec un aplomb qui à ce stade frôlait certainement les tendances auto-suicidaires. Au fond, tout ça faisait de la peine à Dimitri qui sentait bien qu'à chaque fois il se rapprochait un peu plus du moment où la jeune femme n'aurait pas d'autre choix que de mettre les choses au clair. La remarque de son neveu détendit l'atmosphère, et celle de Lullaby amusa elle aussi tout le monde. « Oui, ça devrait être assez pour qu'on garde tous les deux votre secret. » Plaisanta Dimitri avant de tourner son regard vers Billy, tentant de lui faire décrocher les yeux d'une Lullaby qu'il n'allait pas tarder à mettre de nouveau mal à l'aise en la fixant de cette façon. Et finalement, comme il l'avait redouté, celle-ci ne put repousser plus longtemps le moment de se montrer honnête. C'était à prévoir, et ça le désolait de ne pas avoir pu empêcher la situation d'en arriver là. « Oh, mais... je vois. » Billy se montra pour une fois peu loquace, l'air visiblement déçu et affecté, même si Dimitri était au fond de lui persuadé que c'était un mal pour un bien. « J'espère qu'il sait la chance qu'il a, je... je crois qu'il vaut mieux que je retourne là-bas. » Et c'est avec un pincement au cœur que Dimitri le regarda s'éloigner, Billy ayant sûrement besoin de digérer l'information et plusieurs mois d'espoirs nettement fragilisés. Il se tourna vers Lullaby. « Je suis désolé que tu aies du faire ça, je sais que ça n'a pas du être agréable. Mais c'était sûrement nécessaire pour qu'il comprenne, au moins pour l'instant. » Est-ce qu'il se résignerait pour de bon ? Peut être, pas sûr, mais c'était déjà ça. « Tu l'as ménagé autant que tu as pu et je t'en suis reconnaissant. Tu ne pouvais pas faire plus. » Il lui assura avec bienveillance, parce que tôt ou tard il aurait fallu que Billy entende les choses même si elles n'étaient pas agréables et qu'il était certainement très déçu. « J'irai lui parler tout à l'heure. Quant à vous, que diriez-vous de refaire un tour ? » Dimitri proposa pour détendre l'atmosphère et remotiver la jeune femme et son neveu, qu'il n'avait pas envie de voir écourter leur soirée à cause de cette histoire. Billy s'en remettrait, le connaissant il n'avait sûrement pas complètement perdu espoir, et en attendant ils avaient mérité de s'amuser.
Si habituellement, des grandes personnes préfère que les enfants se montrent sages, Lullaby ne manque pas encourager parfois son neveu à faire quelques bêtises. La jeune femme considère en effet que les bêtises sont quelques peu formatrices, qu'elles développent une certaine forme d'intelligence, et qu'elles permettent dans un même temps d’affûter son esprit. Parce qu'il faut de la réflexion, pour commettre quelques tours, quelques malices. Alors, même si son frère lui en tient parfois rigueur, cela ne la dissuade pas le moins du monde de montrer à Titou quelques mauvais tours et la demoiselle continue toujours d'embarquer son neveu dans ce genre d'affaires, curieuse de voir jusqu'où l'imagination de ce dernier pourra bien le mener. Après tout, le petit garçon a tout le temps de grandir, de devenir raisonnable. Mais pour l'instant, il est encore tout jeune, et il peut profiter à loisir de la vie d'enfant, il peut s'il le veut sauter dans les flaques, jouer dans la boue ou avec la terre, tomber aussi souvent qu'il le souhaite, se relever et apprendre en fin de compte. On apprend de ses propres expériences, de ses propres expérimentations. Alors là demoiselle laisse Titou profiter de sa vie de jeune garçon, sans le brider, s'assurant seulement qu'il ne commette pas d'imprudence ou mette en danger sa santé et sa vie, évidemment.
"- Mais nous on préfère embêter les monsieur des petites autos. Hein Titou ?"
Questionné par sa tante, le petit garçon acquiesce aux propos de sa marraine, tapant dans les deux mains, en répétant le mot "toto" pour désigner les petites voitures. De toute façon, évidemment, Dimitri n'était pas sérieux dans sa proposition, alors que les autres gérant travaillant sur la fête foraine, se trouvent être des amis. Parce que c'est un petit monde fermé, que celui des fêtes foraines, et Lullaby imagine sans mal que ces derniers peuvent se comprendre, et être proches les un n des autres, comme ils connaissent les mêmes tourments, les mêmes préoccupations, et la même vie en fin de compte, ou presque. Et si les deux jeunes gens viennent de la part de Dimitri, ils auront peut-être même droit à quelques bonus.
"- Olala mon Titou je crois que ça va être une bonne raison pour se manger une bonne barbe à papa non ? Qu'est ce que tu en dis ?" propose la demoiselle, réveillant ainsi rapidement le petit air glouton que son neveu arbore toujours quand il est question de nourriture.
Alors que l'homme se demande ce qu'il ferait, si le duo cessé de venir là son stand, la conversation se transforme en plaisanteries, et la jeune femme se retrouve bientôt à souhaiter pouvoir un jour emmener son fils ou sa fille sur le stand. Comme elle évoque un prince charmant, en pensant bien entendu à Alexandre qu'elle évoque de manière sous-entendu, Dimitri l'interroge de façon détournée sur cet homme qui semble faire battre son cœur, en s'adressant pour cela au neveu de la jeune femme. Et il suppose qu'Alexandre est peut-être tout simplement timide, ce qui l'empêche de parler à Lullaby, bien que cette dernière en doute sérieusement, comme Alexandre occupe un métier sur le devant de la scène, et ne renvoie pas l'image d'un homme qui puisse se montrer réellement timide. Il continue, en assurant que les hommes ne sont parfois pudique, et son discours quoique court se montre plein d'espoirs pour la demoiselle. Mais il ne connaît pas Alexandre et Lullaby ne s'attarde pas sur la question comme elle n'a pas très envie que son neveu parle de l'agent de star à ses parents ce soir. Qui sait ce que son frère pourrait en penser alors et répéter à son père.
Comme Dimitri est content de sa santé, les laissant au bon soin de Billy, la demoiselle et comme d'ordinaire confronté à la drague un peu lourdingue de cette vie, et aux gestes tactiles de ce dernier, comme il essaie de l'aider à prendre place dans une voiturette. La demoiselle tente tant bien que mal de lui faire comprendre qu'elle n'a pas forcément besoin de son aide, mais l'homme s'entête et la wedding planner ne s'attarde pas sur la question, comme elle préfère partir avec son neveu à fond dans les autres petites autos, inconsciente de la conversion qui se tient bientôt à son sujet, entre le gérant de l'attraction, et son employé, lequel espère encore pouvoir séduire la jolie influenceuse. Conversation à laquelle elle met un terme en revenant avec son neveu, comme elle le souhaite hydrater un peu ce dernier et lui faire boire un peu d'eau. Le petit garçon réclame à l'heure des jetons, à courant vers Dimitri comme la jeune femme a été contrainte de ruser et faire croire qu'il n'avait plus de jetons pour que le petit garçon va et bien quitter la voiture. Un petit garçon si pressé, qu'il en oublie par ailleurs de demander s'il te plaît au gérant, ce qui lui vaut d'être repris par sa marraine. Mais Dimitri ne se formalise pas pour autant, révélant à la jeune femme que parfois les petits clients lui arrachent carrément les jetons des mains et ce sans que les parents ne les réprimandes réellement. Un monde.
"- Je vois… Des parents qui ne remplissent pas leur rôle quoi. C'est pourtant la base de l'éducation…." soupire la demoiselle.
Comme si le job de Dimitri consistait à éduquer ses gamins. Ce n'était pas le cas, évidemment. Et là, que pour leur apporter un coup de joie, de la défendre, un moment de bonheur. De fait, les deux emplois de la demoiselle semblait être agréable quand il avait affaire à ce genre de personne. Cependant, loin glamour et des paillettes, il pouvait arriver que la jeune femme soit confronté à des clients particulièrement désagréable voire mal élevés. Cela arrivait aussi parmi les adultes, et ce n'était plus pardonnable à cette période de la de la vie, pourtant la vie ne pouvait rien dire. En attendant, le fait de parler d'Instagram semble plaire à Billy, lequel complimente Lullaby sans même avoir connaissance du travail qu'elle effectue sur les réseaux. Et la demoiselle n'a pas le temps de répondre à sa question que Dimitri ne manque pas de reprendre son employé, de sorte que ce dernier laisse Lullaby tranquille. Mais Billy revient à la charge, comme la jeune femme avoue être également wedding planner, organisant ainsi des mariages et alors qu'il souhaite savoir quand est-ce qu'ils se marieront tous les deux la demoiselle se raidit quelque peu. Son Titou détend l'atmosphère par son intervention, alors qu'il affirme que sa marraine et son amoureuse, ce qui lui vaut un baiser de la part de la concernée sur les deux joues. La demoiselle plaisante alors demandant si en achetant 5 jetons elle échappe à la dénonciation à la police. Un trait d'humour auquel répond Dimitri, avant que la demoiselle ne se tourne finalement vers Billy. La demoiselle ne peut pas le laisser comme cela, elle ne peut pas le laisser espérer, ne peux pas le laisser s'enfoncer dans ses souhaits, dans ses rêveries. Elle ne peut pas faire cela alors qu'elle même souffre de ne pas savoir ce qu'Alexandre éprouve pour elle, alors qu'elle ne sait pas ce qu'elle pourrait connaître avec le trentenaire. Alors même qu'elle voudrait être fixé, elle ne peut pas laisser Billy continuer d'espérer. Alors elle avoue, elle avoue qu'il y a déjà quelqu'un dans son esprit. Et l'homme semble se décomposer sur place. Alors qu'il dit comprendre, il éprouve le besoin de s'éloigner. Il espère que l'homme en question a conscience de sa chance. S'il savait… La jeune femme culpabilise un peu, espérant ne pas avoir été trop directe dans ses propos. Peut-être n'aurait-elle pas dû dire les choses comme cela, peut-être n'aurait-elle pas dû mentionner Alexandre. Mais ce qui est fait est fait et quoi qu'elle culpabilise un peu d'avoir été trop franche, Dimitri semble penser que c'était nécessaire. Tôt ou tard Billy devait bien l'apprendre après tout.
"- J'espère que ça va lui passer..."
L'amour, ça peut vous faire tellement mal. Elle le sait bien Lullaby. Ignorant à quel point Billy peut l'aimer, la demoiselle espère que ce n'est qu'une passade, et que l'homme se remettra bientôt de cette déception.
"- J'aurai espéré ne pas avoir à en arriver là, mais je sais comme il est parfois nécessaire de connaître la vérité…" affirme la demoiselle comme elle-même apprécierait d'être fixée sur ce qu'Alexandre peut éprouver. "On… on va refaire un peu d'auto Titou ?" propose la demoiselle, désolée, culpabilisant, mais ne voulant pas priver son neveu de son plaisir pour des affaires de grands, d'autant plus que Dimitri propose de refaire un tour. Le petit garçon ne se fait pas prier et s'installe rapidement dans sa voiturette préférée en appelant après sa marraine qui ne semble pas se dépêcher assez à son goût.