Je l’avais promis à Matt cette soirée. Le tour des rhumeries de Brisbane. Il m’avait surpris à en sortir deux ou trois de plus où je n’étais jamais allée. En même temps, il a un bar, il connait forcement mieux le marché que moi. Par contre ce dont j’étais sûre, c’est que moi au moins, je ne nous ferais par marcher pour rien. Mon itinéraire était parfaitement étudier pour aller d’un point A à un point B sans faire de pas inutiles. Tout se suivait avec une logique imparable et l’ensemble du trajet que j’avais tracé ressemblait finalement à deux paires de couilles sans la tige qui les accompagnait. Matt m’avait rit au nez, mais moi j’avais plutôt trouvé que ça ressemblait à deux nichons ou encore à des cerises. Mais soit, chacun y voyait ce qu’il voulait, si ca commençait déjà à amuser la galerie, tant mieux. On n’était pas au bout de nos peines.
Arrivés devant le quatrième bar, je mettais en garde Matt. « J’te préviens Matt, si tu recommences à boire dans moi, je vais pas être contente ! On a dit qu’on se suivait, alors on se suit ! » s’il pensait que je l’avais pas grillé entrain de boire ce shooter de vieux rhum de Guadeloupe, il avait tout faux. « C’est pas parce que ma vessie est plus petite que la tienne que tu dois en profiter ! » et maintenant, je me retiendrai pour aller aux toilettes ou alors, il viendra me tenir la porte. « Au lycée, j’pouvais pas aller aux chiottes sans que Jane m’accompagne, tu vas devenir ma nouvelle amie des toilettes ! » et ca c’était une menace suffisamment importante pour qu’il ne s’y remette pas.
Je lève la tête sur l’enseigne du bar. « Le repère des pirates ! Jack Sparrow n’a qu’à bien se tenir ! » et moi j’imitait la même démarche que le célèbre pirate de Disney bien qu’après ces verres, je n’avais plus besoin de me forcer pour ne pas marcher très droit. « Aller compagnon, allons dévaliser ces tonneaux ! Gare au trésors, j’ai soif d’or ! » et en levant le bras, je pousse cette porte et me faufile à travers la populasse du bar, direction le comptoir en forme de grand navire de pirate ! C’était une des bars que Matt avait suggéré. « Waooow ! Pirates, en voilà un navire de taille ! » et me voilà à chantonner le générique de pirate des caraibes.

« J’te préviens Matt, si tu recommences à boire dans moi, je vais pas être contente ! On a dit qu’on se suivait, alors on se suit ! »  « Roh, diminue pas mon appréciation veux-tu! » elle a de la chance que j'ai arrêté de m’esclaffer de la forme grivoise de sa carte pour l’entendre m’avertir, parce que clairement j’aurais pu juste faire la sourde oreille. Mes lèvres encore humectées de rhum volé et mon sourire de con qui n’en finit plus de grandir. « C’est pas parce que ma vessie est plus petite que la tienne que tu dois en profiter ! » je roule des yeux, lève la tête pour chercher la prochaine enseigne à la liste, le prochain bar à rhum dont le nom me dit quelque chose, sans plus. « Petite nature, encore et toujours. T’es répétitive, Noa. » y’a un goût sucré dans ma bouche que j’adore, y’a une chaleur contre mes joues qui confirme que la soirée est déjà bien entamée aussi.

« Au lycée, j’pouvais pas aller aux chiottes sans que Jane m’accompagne, tu vas devenir ma nouvelle amie des toilettes ! » et c'est là où elle arrive encore et toujours à piquer mon intérêt Noa. Mes pas dans son sillage, on est à une rue de notre prochain arrêt quand j’ai les yeux qui brillent de mille feux. « C’est une invitation officielle? Parce que j’ai toujours rêvé de voir si c’était vrai toutes les rumeurs comme quoi vos toilettes sont toujours plus deg que les nôtres. » un peu plus et j’en taperais dans mes mains, si j’étais pas occupé à lui tenir la porte pour qu’elle entre dans le bar, elle qui décide qu’une fois sur les lieux, elle va jouer sa propre interprétation cringe à souhait de Jack Sparrow. Les gens nous regardent, elle chante que plus fort, et je m’esclaffe, je sais faire que ça avec elle. « J’aimerais mieux que tu ailles faire la pirate plus loin le temps que je vole des gorgées dans tes verres. » mes paupières battent la mesure, mais pour sûr que je nous repère deux bancs directement au bar pendant qu'elle se charge de commander ce qui lui fait envie.

Le mixologue qui s’affaire à remplir nos verres, mon regard de gamin qui admire les installations inspirées des plus impressionnants bateaux de pirates. « Ouhhhhhhhh celui-là c’est mon genre. » que je soupire, savourant chaque goutte, quand le rhum qui touche maintenant mes lèvres est de loin le meilleur qu’on a pu goûter ce soir. « Hey, t’as tenu compte de mes suggestions aussi? » et il capte Matt, il est lent à la détente mais il capte tout de même, quand je réalise que ça c’était un des endroits que j’avais envoyés à Noa quand elle s’était mise en tête de préparer le planning de la soirée. « Tu mérites une double dose. » plein de gratitude d’avoir été pris au sérieux, je recommande un deuxième round, le regard qui passe du second verre qu’on lui sert au drapeau noir arborant fièrement une tête de mort qui flotte sous l’air climatisé le moins glamour du coin. « Oh damn. Si j’arrive à leur piquer, ça va direct sur le bateau de Levi! »

Les menaces pour que Matt arrête de boire sans moi semblent seulement le frôler. Il s’en fou, ca le touche pas. Il continuera et moi j’aurai un train de retard. No way. « Si tu recommences, y a plus de confiance entre toi et moi. » est ce que là ca va prendre un peu plus ? Est-ce que Matt McGrath tien à notre solide amitié liée par les effluves d’alcools ? C’est ce qu’on allait voir… en attendant, ma proposition d’être ma nouvelle amie de toilettes semble lui ravir. « C’est une invitation officielle? Parce que j’ai toujours rêvé de voir si c’était vrai toutes les rumeurs comme quoi vos toilettes sont toujours plus deg que les nôtres. » je roule des yeux. « Ok Matt, à partir de maintenant, t’es mon ombre. Si j’vais aux toilettes, tu m’suis et tu verras par toi-même. » et au diable les regards de ces vierges effarouchées de voir un homme dans les toilettes des nanas. « et j’crois que c’est pas qu’une légende. C’est toujours dégueulasse chez les nanas. Pour le coup, c’est peut être moi qui irait chez les mecs ! » et je pense que les hommes sont moins regardant sur qui entre dans leur quartier général.
Et ce bar, de la sélection de Matt qui m’en fou plein les yeux. Où est mon cache œil ? Où est ma jambes de bois ? Où est ma longue vue et mon perroquet sur l’épaule ? Pirate ou pas pirate ?! Je m’arrête de chanter mon air préféré quand Matt me dit en quelques sorte de me la boucler. « J’aimerais mieux que tu ailles faire la pirate plus loin le temps que je vole des gorgées dans tes verres. » et je me plante juste devant lui, pointant mon index devant ses yeux. « tu le vois ? » qui bouge de droite à gauche. «Mon ombre j’ai dis !J’irai nulle part sans toi ! Si tu me vole des gorgées, je t’en volerai autant ! Pire, je viendrai les récupérer au fond de ta gorge McGrath ! » et ca sonne particulièrement bien comme nom de pirate ça ! « En garde McGrath, on m’appelle Jacobs 360 degrés dans le coin. Pas parce que j’suis hot as fuck, comme dirait Andy, mais parce que j’vois tout ce qu’il se passe dans mon dos ! » et hop, la commande est passée. J’en ai les yeux qui brillent encore, de ce décor, de ce rhum doré qui se verse dans le verre, ca sent bon. « Ouhhhhhhhh celui-là c’est mon genre. » il confirme ce que je pense, il a déjà goûté alors que j’y ai à peine trempé les lèvres. Et je tombe à la renverse. « Hey, t’as tenu compte de mes suggestions aussi? » il est serieux ? Je le regarde désabusée… Mon Dieu, on l’a déjà perdu. On peut plus rien y faire. « Un homme à la mer… il est en train de sombrer !» et je vois dans ses yeux qu’il capte vite, qu’il comprend tout seul. Je me met à rire aux éclats, peut être un peu trop pour quelqu’un de sobre, mais suffisament pour quelqu’un qui avait vidé des tonneaux avant d’arriver ici. « Tu mérites une double dose. » et je lève mon verre. « Une double dose !» et mes yeux qui se fixent sur ce liquide si beau qui coule à nouveau dans mon verre. « Oh damn. Si j’arrive à leur piquer, ça va direct sur le bateau de Levi! » de quoi il parle ? Je regarde Matt, suit son regard, voit le drapeau qui flotte au dessus de nous. « J’suis sûre qu’ils en ont plein en réserve. Si tu m’laisse monter sur tes épaules, je le choppe, ok ? » j’suis prête à faire l’escalade, la voltigeuse. Je me redresse. « Hop, baisse toi ! » je m’échauffe, fait craquer mes doigts, mon cou et pli les genou en un mouvement rapide, bas, haut, hop. On l’aura ce drapeau, on l’aura !

C'est confirmé : je serai désormais admis dans les toilettes des nanas grâce à Noa, et d'un high five bien déterminé additionné d'une poignée de main secrète qu'on arrive jamais à faire comme il faut dans le bon ordre à chaque fois - mais on essaie vraiment fort, je jure - qu'elle aussi peut venir pisser chez les mecs quand elle veut. « Un homme à la mer… il est en train de sombrer !» j'éclate de rire, la ramène à la surface, l'ironie ici, avant de cogner bruyamment mon verre sur le sien en doutant vraiment du fait que le tout va pas nous péter entre les mains vu l'impact et sa force.

La double dose est pas trop dure à lui négocier, elle a le regard brillant de celle qui est déjà bien avancée, et c'est parfait, parce que c'est toujours à partir de ce moment-là que Noa et moi on a des conversations très intelligentes et des idées aussi brillantes que logiques : nope, nope, nope. Comme là, mes impulsions bourrées me soufflent à l'oreille que le drapeau au-dessus du bar fit la décoration de Cadence. « J’suis sûre qu’ils en ont plein en réserve. Si tu m’laisse monter sur tes épaules, je le choppe, ok ? » « Le monde aurait besoin de plus de gens positifs comme toi, Noa! Ton verre est toujours plein! » que j'éclate, enjoué, hilare, la voix bien forte aussi. puis mon coup d'oeil voit son verre justement. « Tant qu'il est pas rempli de rhum - parce que là, il fait pitié tellement il est vide... » je pouffe, incontrôlable.

Elle fait craquer ses jointures, je comprends pas pourquoi, me penche de suite pour agripper ses hanches et la foutre sur mes épaules sans délicatesse aucune. Noa, c'est la petite soeur casse-cou, c'est la meilleure pote sans complexe, c'est aussi la fille que je tente de garder le moindrement en un morceau le temps de l'installer, mes mains sur ses mollets et sa silhouette chambralante que je passe proche d'échapper à quelques reprises en croyant dur comme fer que personne s'en est rendu compte. Tout le monde a vu Matt... « Tu l'as, c'est bon? » je tourne sur moi-même, sent sa main se plaquer sur mes yeux, dans mes cheveux, je ri trop fort pour l'entendre, mais suis assez intelligent pour distraire l'assistance et le barman qui revient vers nous en lui pointant le sens complètement de l'opposé du bout d'un index inquisiteur. « Y'a une bagarre! Là! Vite! » y'a rien. Mais ça, le barman le comprend pas, quand il rebrousse chemin et file vers l'endroit où je l'ai leurré. « Les gars de bars sont tous les mêmes, pas méchants, mais bien cons. » attends une minute, je suis un gars de bar moi aussi, non?

Faut que j’m’échauffe, j’peux pas monter sur ses épaules sans que mes articulations soient prêtes. Il est prêt à me réceptionner et je grimpe haut. « Oh merde ! » regarde pas en bas Noa, regarde pas en bas… je lève les yeux et j’regarde ce drapeau si proche de moi. J’ai qu’à tendre le bras mais faut dire que ca tangue par ici… c’est pas très stable et je manque presque de tomber en arrière mais j’me rattrape vite fait contre le haut du bar et hop, j’élance mon bras, je choppe le drapeau et redescend bien vite. J’entends même des applaudissements derrière. J’suis si fière de moi en vrai. « Y'a une bagarre! Là! Vite! » Quoi ? je regarde dans la direction qu’il pointe, j’vois rien moi. « Où ça ? » je tends son drapeau à Matt avec un bien grand sourire sur mes lèvres, qui s’efface quand je comprends qu’il y a pas de bagarre et qu’il y a pas que les barmans qui sont cons visiblement. « Bien joué ! » je roule des yeux, sa technique d’évitement, sans doute un peu tard, a bien marché faut croire. « T’as les marques de mes pompes sur ton t shirt ! » je dis en passant mes paumes sur ses épaules pour virer la poussière que j’y ai laissé. « c’est pour quoi ou qui que j’ai pris ce risque là ? J’ai cru que j’allais tomber et m’éclater le crâne derrière ! » mais je sais bien que tous les hommes derrières nous attendaient que ça pour pouvoir me rattraper au vol au cas où et me peloter comme il faut. « Du coup, on attend quoi pour la troisième tournée ? Après, on va au dernier bar ! » pas l’temps de se poser et bon, on était aussi les voleurs du drapeau au crâne blanc, fallait pas trainer, par ici très longtemps. J’avais l’impression d’avoir fait le casse du siècle. « et cache moi ça sous ton t-shirt ! » que je fais en voyant le tissu toujours à vue dans sa main. « Au fait ! » que j’ai comme un éclair qui me vient là ! « J’ai croisé ta sœur Jill, y a pas longtemp ! On a fait une soirée ensemble du coup, sans toi ! » je fais la moue, désolée ! « Elle m’a tout dit ! à propos de toi ! Je sais tout Matt ! » je secoue la tête. « et en réalité, j’me suis dis : mais qui est donc Matt… je le connais pas ! Quelle est ta couleur préférée ? C’est quoi le genre de petit dej que t’aime prendre ? Quelles écoles t’as fréquenté ? Pourquoi on a jamais ce genre de conversation ? Pourquoi tu fais toujours le con ? » et je débite, lui laissant pas la place de poser un mot entre mes questions. J’espère qu’il a bonne mémoire, qu’il va se souvenir de ce que je lui ai demandé. J’attends qu’il me réponde aussi vite mais j’l’ai déjà perdu, j’le vois dans ses yeux.

« Où ça ? » damn que je suis fier là, damn que je me bombe le torse qu’elle soit tombée dans le panneau elle aussi. Mais heureusement pour mon ego qu’elle aurait démantelé d’une claque derrière la tête si elle m’avait vu, Noa en a rien à faire de mon potentiel vantard quand elle a la mission en action comme seule priorité.

Elle se moque, elle roule des yeux, je roule aussi. « T’as les marques de mes pompes sur ton t shirt ! » ses mains qui passent nettoyer les marques presque territoriales qu’elle y a laissées, et ma silhouette mollasse du haut taux d’alcool ingéré qui suit un peu trop exhaustivement son mouvement. « Calme-toi, j’ai une machine à laver sinon, pas besoin de me disloquer un truc non plus. » « c’est pour quoi ou qui que j’ai pris ce risque là ? J’ai cru que j’allais tomber et m’éclater le crâne derrière ! » elle ramène ma priorité à moi, quand Jacobs pensait au résultat, moi je pensais à la famille. « Levi j’t’ai dit! Mon cousin! » ça m’apparaît illogique qu’elle ignore de qui je parle, le gars vivait presque au DBD, y’avait absolument aucun moyen que qui que ce soit passant la porte du commerce ne sache pas de qui il s’agissait dans ma tête vide.

J’éclate de rire bien trop fort pour pas être remarqué quand Noa flippe qu’on soit pris en flagrant délit. « et cache moi ça sous ton t-shirt ! » « À vos ordres, cap’tain! » c’est sûr que dans le scénario potentiel, elle est le boss, je suis le moussaillon. Le verre qu’on gobe donc, et la sortie qu’on enfile au pas de course – je dis « on », mais c’est juste elle, moi je traîne de la patte rien que pour la faire rager. Ça marche je pense.

Et donc, Noa et Jill se connaissent. « Elle m’a tout dit ! à propos de toi ! Je sais tout Matt ! et en réalité, j’me suis dis : mais qui est donc Matt… je le connais pas ! Quelle est ta couleur préférée ? C’est quoi le genre de petit dej que t’aime prendre ? Quelles écoles t’as fréquenté ? Pourquoi on a jamais ce genre de conversation ? Pourquoi tu fais toujours le con ? » « Roh, et tu fais quoi du mystère? De l’inconnu? Du voile de brume que je mets volontairement sur ma personne, du - » et c’est pas Noa qui m’interrompt dans mon discours, c’est la clôture dans laquelle je fonce à pleine vitesse en énumérant d’énièmes conneries. Mais c’est vrai ce qu’elle dit, que j’en dévoile pas beaucoup. Comment un dude peut parler autant et absolument rien dire? Elle a le pouvoir de me faire me remettre en question en deux temps trois mouvements Noa, et c’est probablement parce que c’est l’une de mes meileurs amis que je – oh damn.

« Noa. NOA ! » j’arrête tout encore plus, ma respiration saccadée sur laquelle je prends pour encercler ses avant-bras de mes mains et plonger mon regard paniqué dans le sien. « Noa je viens de penser à toi en te qualifiant de meilleure amie ! » ça m’a secoué, call me sentimental. « T’as le droit de me demander ce que tu veux savoir du coup – free pass. » et je fais un effort surhumain pour me rappeler de ce qu’elle a déjà abordé.

Quelle est ta couleur préférée ? « Brun chocolat, le truc riche, le truc foncé, genre la couleur de mes yeux, r’garde. » et je les ouvre grands, attendant qu’elle voit ce dont je parle.
C’est quoi le genre de petit dej que t’aime prendre ? « N’importe quoi avec du bacon ou du fromage dessus. Points bonus si y’a les deux. »
Quelles écoles t’as fréquenté ? « Tout le cursus ici jusqu’à l’université. Et trois universités différentes pour une session chacune à Londres. »
Pourquoi on a jamais ce genre de conversation ? « Parce que tu me poses jamais ces questions-là ! » j’accuse, moqueur.
Pourquoi tu fais toujours le con ? « Pourquoi pas? » le jeu de sourcils qui rend le tout encore plus pathétique qu’il l’est déjà.

« À toi! C’est quoi ta couleur préférée ? Le genre de petit dej que t’aime prendre ? Quelles écoles t’as fréquentées ? Pourquoi tu veux avoir ce genre de conversations ? Pourquoi t’aimes pas que je fasse toujours le con ? »

« Levi j’t’ai dit! Mon cousin! » Bah oui, Levi, le fameux pirate, qui d’autres ? « Pourquoi j’ai jamais fais le lien ? » parce que Levi fréquente aussi l’associaiton Beauregard et que j’ai déjà vu son nom me passer sous le nez une paire de fois. Et en même temps, je sais pas si j’peux dire à Matt que son cousin à un cancer, parce que j’sais pas s’il est au courant et qu’en même temps j’suis soumise au secret professionnel et donc j’ai même pas le droit d’évoquer avec lui le fait que je connais non seulement son cousin parce qu’il squatter le DBD surement autant que moi, mais aussi parce qu’il vient depuis quelques temps régulièrement à l’association. Il traîne tout le temps avec la jeune Adèle, et je crois que ces deux là on créer un beau lien pour se soutenir dans leur maladie. Mais ca m’rendrai presque triste d’un coup à penser à tout ça. Aller, j’suis pas là pour me foutre à chialer parce que j’ai l’alcool qui va me faire couler à flot toutes les larmes de mon corps. No Way Noa, t’es pas là pour ça ! Alors Matt il a intérêt à cacher son drapeau de pirate sous son t-shirt pour qu’on se taille d’ici et vite, mais un dernier verre avant de lever l’encre et filer aussi vite qu’on est venu. C’est con, j’aimais bien le bar mais j’flippe qu’on nous mette au cachot pour vole de drapeau noire.
Il traine McGrath, il prend son temps pour sortir de là alors que j’suis déjà dehors, à regarder le prochain bar sur ma liste. A cinq cent mètres, on était à moins de cinq minutes, parfait. Il est là et c’est pas trop tot, alors on commence à se mettre en route et j’interroge. J’veux tout savoir sur lui à présent et s’il répond à mes questions, on pourra être sûre que j’en saurai plus sur lui que j’en sais même sur Andy… la triste réalité de ma vie sentimentale. « Roh, et tu fais quoi du mystère? De l’inconnu? Du voile de brume que je mets volontairement sur ma personne, du - » je l’avais pas vu venir celle là. Cette clôture qu’il se prend, parce que j’aurai pensé qu’il allait l’esquiver comme j’avais fait. Je m’arrête, voulant m’assurer que ça va, ca m’fait rire aussi, mais lui il continue, comme si de rien était. Il me passe même devant pour continuer sa route, ce qui m’laisse un peu con. « Bon… ca a l’air d’aller. » si ca s’trouve l’alcool tape plus fort que ce qu’il vient de se prendre en pleine face. Ca m’fait marrer et j’le rejoins en trottinant presque. « Noa. NOA ! » « Quoi ? » il me fait peur ce con. « tu t’es fais mal ? » des fois qu’il ai un temps de latence pour quel a douleur monte au cerveau et voilà qu’il me prend dans ses bras. Cette soirée n’a plus aucun sens. « Noa je viens de penser à toi en te qualifiant de meilleure amie ! » et ca m’fait rire. Il pense à moi alors que j’suis à côté de lui. Je ressers mes bras autour de lui aussi. « t’es con ! » « T’as le droit de me demander ce que tu veux savoir du coup – free pass. » mais ca m’offre le droit d’avoir mes réponses. Alors j’attends, curieuse parce que ça fait un moment que j’ai posé mes questions déjà. Je crois que moi-même, j’me souviens pas exactement de ce que j’ai demandé. « Brun chocolat, le truc riche, le truc foncé, genre la couleur de mes yeux, r’garde. » et j’ai pas l’choix que de regarder ses yeux qu’il ouvre grand devant moi. Je souris si fort. « N’importe quoi avec du bacon ou du fromage dessus. Points bonus si y’a les deux. » touché par les anglais il semblerait. « Tout le cursus ici jusqu’à l’université. Et trois universités différentes pour une session chacune à Londres. »
et il enchaine encore, m’impressionnant un peu plus. « Parce que tu me poses jamais ces questions-là ! » c’est pas faux, j’prends ma part de responsabilité. Et il fini par conclure « Pourquoi pas? » et cette dernière question j’me souviens même pas quelle était la réponse, mais j’vais pas lui dire, j’vais paraitre si bête contrairement à lui. « À toi! C’est quoi ta couleur préférée ? Le genre de petit dej que t’aime prendre ? Quelles écoles t’as fréquentées ? Pourquoi tu veux avoir ce genre de conversations ? Pourquoi t’aimes pas que je fasse toujours le con ? » Je comprends mieux sa dernière réponse et ca m’revient. Je ris, toujours avec ses bras autour de moi. « Ok, ok… à mon tour. » euh, ma couleur préférée… « Vert ! J’adore le vert, parce que le rapport à la nature… j’suis pas une grande écolo, j’essaie juste de faire gaffe dans mon quotidien, à préserver la nature, l’environnement. Le vert, c’est aussi l’espoir ! J’aime pas le jaune parce que c’est la couleur des cocus… ou alors faut un jaune moutarde, ça j’aime… en fait, ca dépend tellement des nuances… j’aime pas la couleur des épinards, ce genre de vert foncé par contre, j’aime beaucoup le vert kaki ! tu vois la différence ? » j’hausse les épaules. Pour moi, la différence était vraiment notable. Je me reconcentre sur les questions. « Je déjeune rarement… parce que je prends pas le temps. Mais j’ai toujours quelques pièces qui trainent dans mon sac pour prendre un truc à grignotter à la machine au boulot… c’est mal je sais. Par contre, si je déjeune, j’adore les craquotte avec un peu de beurre et un peu de confiture, nan, gelée de groseille. J’adore ! et j’étais pas à la fac, j’étais à l’institut de formation pour le tourisme et le commerce à Brisbane, l’IFTCB ! et après j’ai fais la formation pour être éducatrice, mais j’avais déjà travaillé en agence de voyage avant !» et un haussement d’épaules accompagne mes dernières réponses. « Parce que j’aime savoir avec qui je partage un verre de rhum et comme on est pas au premier, il est temps de faire les présentation ! Et j’adore que tu fasses le con, ca m’détends, t’as pas idée ! » j’avais l’impression d’avoir tant parlé, j’ai plus de salive ! « j’ai soif et le prochain est un peu plus loin encore ! » parce que Matt avait eu une illumination, qu’on s’était arrêté de marché et qu’on se faisait ce jeu de question réponse à faire du sur place, l’un dans les bras de l’autre. « on y va ? »

« Vert ! J’adore le vert, parce que le rapport à la nature… j’suis pas une grande écolo, j’essaie juste de faire gaffe dans mon quotidien, à préserver la nature, l’environnement. Le vert, c’est aussi l’espoir ! J’aime pas le jaune parce que c’est la couleur des cocus… ou alors faut un jaune moutarde, ça j’aime… en fait, ca dépend tellement des nuances… j’aime pas la couleur des épinards, ce genre de vert foncé par contre, j’aime beaucoup le vert kaki ! tu vois la différence ? » « T’as vraiment réfléchi à ton truc à un point où je pense que je vais passer le reste de la soirée à tenter de trouver un truc vert kaki pour te le pointer. » et ça y est, on est clairement au moment fatidique où autant Noa que moi, on est bourrés. Habituellement, c’était elle d’abord, moi ensuite, on avait l’alcool qui se chevauchait et c’était bien rare que j’atteignais le même niveau qu’elle de toute façon – l’expérience et les mauvais choix de jadis m’avaient rendu un peu plus tolérant qu’elle. Mais là, c’était un fait : on marchait aussi croche l’un que l’autre, et on avait le débit de parole le plus long et lourd de l’univers. Le high five sorti de nulle part que je lui tends est donc nécessaire pour aucune raison apparente.

J’ai arrêté d’écouter pour être l’oreille la plus attentive qu’elle puisse connaître la seconde d’après. « Je déjeune rarement… parce que je prends pas le temps. Mais j’ai toujours quelques pièces qui trainent dans mon sac pour prendre un truc à grignotter à la machine au boulot… c’est mal je sais. Par contre, si je déjeune, j’adore les craquotte avec un peu de beurre et un peu de confiture, nan, gelée de groseille. J’adore ! et j’étais pas à la fac, j’étais à l’institut de formation pour le tourisme et le commerce à Brisbane, l’IFTCB ! et après j’ai fais la formation pour être éducatrice, mais j’avais déjà travaillé en agence de voyage avant !» la vérité c’est qu’il y a tellement de mots qui passent de sa bouche à mes oreilles que je suis essoufflé mais pas autant qu’elle, quand elle finit par reprendre son souffle et que je pouffe de plus belle. « Parce que j’aime savoir avec qui je partage un verre de rhum et comme on est pas au premier, il est temps de faire les présentation ! Et j’adore que tu fasses le con, ca m’détends, t’as pas idée ! j’ai soif et le prochain est un peu plus loin encore ! » j’ai pas remarqué jusque-là que mes bras sont encore autour d’elle, qu’on se vomit des phrases et des exclamations et des sons depuis qu’on est sortis, qu’on bloque le passage aux piétons qui nous regardent tantôt amusés tantôt découragés au fil de leurs pas.

« Il est loin? » je demande, pas tant convaincu, le regard perdu par-delà la rue et Noa qui trottine à côté de moi. « Parce qu’on pourrait prendre un taxi et descendre au port. » je brandis le drapeau de pirate bien haut, l’agite sous ses yeux, victorieux, malicieux. Levi est pas là ce soir qu’il m’a dit, on pourrait se faufiler incognito sur le pont de Cadence, installer le truc et repartir sans se faire voir. Mon plan est nickel dans ma tête et se ferait legit en à peine une heure, on aurait le temps de revenir ici pour poursuivre l’épopée au bon goût de rhum ; mais encore une fois, c’est sûr que mon cerveau alcoolisé me joue des tours, et que tout dans cette suggestion sent la grosse connerie à plein nez.

Je sais pas si j’ai soif parce que l’alcool ca déshydrate ou si j’ai soif parce que j’ai jamais autant parlé de toute ma vie en si peu de temps. Ou si peut être que j’ai déjà plus parlé que ça, mais là j’viens de me mettre à poil devant Matt presque en lui disant autant de chose sur moi. Autant de chose qu’il a surement du oublier ou que demain il aura oublié et alors absolument tout l’interet de cet échange aura disparu. « j’aurai du m’enregistrer ou t’envoyer ça sur WhatsApp, tu vas rien retenir… » que je lâche déçue de pas y avoir pensé plus tôt. « A l’avenir, je risque de te faire des interros surprises pour voir si t’as retenu quelques choses sur ma vie ! » puisque j’étais sa soi-disant meilleure amie, fallait bien qu’il me le prouve !
« Il est loin? » de quoi ? j’le regarde sans capter. « Ah ! » le bar ! Ouais ! « pas tant que ça… » j’pensais qu’i lavait compris depuis le début que j’avais fais un itinéraire réfléchi et qui nous faisait pas traverser Brisbane de long en large sans schémas précis. « Parce qu’on pourrait prendre un taxi et descendre au port. » qu’est ce qu’il me raconte ? « Mais, c’est pas du tout sur… » et le voilà avec son drapeau de Pirate qu’il sort de sous son t shirt ! Il était encore caché là depuis tout ce temps. « OUI ! » je comprends bien ! enfin, je comprends qu’il veut aller jouer à Jack Sparow sur le port. « TAXI ! » que je hurle en m’approchant du trottoir, sauf que là, il y a aucun taxi qui se pointe ! « eh ! attends… » depuis quand je prends des taxis moi ? Je sors mon téléphone ! « Uber, c’est moins cher ! » si lui il a du fric, c’est cool mais pas moi, alors on économie comme on peut ! surtout après avoir fait exploser mon compte en banque en shooter de rhum ce soir ! « le port… » que je tape sur l’application. « Dans trois minutes, regarde, il est là ! » je lui met le téléphone sous le nez, on pouvait voir la localisation de notre chauffeur en approche, deuxième à droite, après les feux. Et comme j’ai mon téléphone en main, je fais glisser les nouvelles sous mes yeux, sur mon feed facebook y a pas grand-chose d’interessant, j’allais refermer quand je vois cette annonce. « un appel à candidature ! » je lis dans ma tête… inconnus, tests psychologiques… mariage… lune de miel. « Oh putain Matt ! Tu vas partir en lune de miel ! » je clique déjà sur le bouton inscription. « Attends, on va se poser dans le taxi pour faire ça… enfin, Uber ! » que j’me reprends en levant les yeux au ciel.

Noa part en vrille à se parler à elle-même entre le taxi et le Uber et moi, j'ai décidé que j'allais essayé de trouver la grande ours dans le ciel mais comme j'ai absolument aucune fucking idée de si c'est elle qui est en forme de casserole ou alors que ce sont les deux lignes là, perpendiculaires, j'y passe un bon 3 minutes chrono à chercher en vain. « Uber, c’est moins cher ! » « J’te mérite pas. » que je renchéris, nous découvrant une passion économe, la main sur le coeur et l'émotion dans la voix

Elle se perd sur Facebook, je suis pas offensé, j'ai fini par abandonner le délire des étoiles pour me demander à partir de quelle longueur mes cheveux seraient considérés comme passibles de pouvoir de transformer en man bun. « un appel à candidature ! Oh putain Matt ! Tu vas partir en lune de miel ! » han quoi, wait what? « Non, non, non, OUAIS. » l'évolution dans ma tête qui se fait je sais pas trop comment, les fils qui se touchent pour mieux s'électrifier, et la voiture qui arrive quand Noa annonce que c'est ce qu'on fera sur le trajet.

« Oh my les questions sont si connes. » je lâche, une fois bien calé dans le siège arrière, le moteur en marche, la ville qui défile devant nous et mes doigts qui font 44 typos une à la suite de l'autre, quand je prends les questions connes bien trop au sérieux je crois je pense j'essaie. Puis vient celle qui bloque, celle qui fait l'effet d'une claque au visage, et ma tête que je tourne vers Jacobs au passage. « Tu penses que c’est quoi mon problème avec les filles? » j'inspire, plante mon regard vitreux dans le sien, le bateau de Levi est à 10km à peine. « SOIS, HONNÊTE. »

Une inscription pour une téléréalité, si ca c’était pas la meilleure idée de la soirée ? Après avoir décrocher le drapeau des pirates bien sûre, j’voulais pas froisser mon ami pour si peu. Aussitôt que j’lui en parle, Matt m’arrache mon téléphone des mains pour lire les questions à l’inscription. Y a des trucs sur la vie de couple si j’capte bien et des questions assez nazes, genre, ca leur sert vraiment de savoir tout ça ? « on sait qu’il vont prendre que des gens canons pour leurs émissions. » je sais pas trop si Matt peut comprendre le message mais pour moi, il sera jamais pris et ça m’fait rire. « Pardon. Faut que j’t’avoue un truc ! Quand j’te connaissais pas encore, j’te trouvais pas hyper beau tu vois. » et mon dieu c’est si cruel que ça m’fait vraiment rire de plus belle. « Mais, maintenant, en apprenant à te connaitre, j’trouve que t’es vraiment charmant, tu sais, y a un truc, le charisme ! » est ce que j’m’enfonce ? Sans doute ! Je ris et j’l’embrasse sur ma joue pour me faire pardonner. Il a pas l’air de m’en tenir rigueur de toutes façons,parce qu’il continue de répondre aux questions. « tu permets ? » j’lui prends à nouveau le téléphone pour répondre à sa place. Etes vous exclusif, c’est bien une question pour moi ça. « ils ont quoi tous avec leurs exclusivité là ? de toutes façons toi, la question se pose même pas ! » il a personne en c’moment, ca m’rendrait presque triste mais du coup, j’réponds pour lui et il m’arrache à nouveau le téléphone comme si le fait que j’avoue qu’il avait une vie sexuelle absente était de trop. Sauf qu’il efface pas mais se contente d’ajouter que c’est moi qui ai dis ca. My god, j’en peux plus.
On est déjà arrivé au port le temps de remplir toutes ces conneries et d’envoyer. « faut une photo, c’est écrit là en bas ! » je dégaine l’appareil photo de mon téléphone et c’est dans la boite, j’avoue, j’aurai pu prendre sa photo de profil sur facebook mais c’est moins drole, faut bien que la photo aille avec le texte : qu’ils voient qu’il est pas frais quoi. « t’es si beau ! » je me permet d’en rajouter une couche pour me moquer. « en vrai, j’m’en veux d’avoir dis ca ! » si, j’culpabilise, c’est méchant et en même temps j’suis bien retombée sur mes pattes. Plus le temps passe et plus j’le trouve beau gosse mon Matt !
Aller, pirate, allons attacher ce drapeau sur le mat du Black Pearl ! Seul référence que j’avais en matière de pirate : Pirates des caraibes…