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 Heart upon my sleeve. ¤ Freya

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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyDim 18 Aoû 2019 - 21:25

Des jours durant, Tim avait écumé chaque centimètre carré du cimetière à la recherche de la jeune Doherty, en vain. C'était comme si elle avait disparu dans des volutes de fumée. Il y avait bien des moments où elle devait travailler, non? Et puis, il avait réfléchi, pensé à ses réactions lors de leur dernière rencontres, des réponses à ses messages et Decastel avait compris. Elle savait pertinemment qu'il était là, à chaque fois. Alors, elle se cachait de lui, voulait l'éviter à tout prix, restait à savoir pour quelles raisons exactement. Timothy allait vite le découvrir car il ne comptait pas la laisser s'échapper aussi facilement, oh que non. Elle lui avait déjà fait le coup une fois et depuis sa conversation avec Jillian, le jeune soldat avait conscience qu'il avait envie de tenter une aventure et pas seulement une aventure, non, une aventure avec elle. Ce n'était pas rien dit comme cela, encore moins pour un garçon comme lui qui n'avait que très peu d'expériences en la matière parce que, non, il n'avait jamais eu de petites amies officielles. Ce n'était que des aventures et puis, il avait été l'amant. Dans tous les cas, il était persuadé que Freya avait apprécié leur moment ensemble et il ne pouvait pas la laisser fuir éternellement. De ce fait, le jeune homme se présenta au cimetière sans se montrer ce jour là. Il attendait de voir si elle viendrait et si c'était le cas, il trouverait la solution idéale pour l'empêcher de partir. Il finit par l'apercevoir, là, au coin du cimetière, se dirigeant lentement vers l'église. Elle portait une robe blanche, légère, le printemps s'annonçant à grande allure autour d'eux et ses cheveux détachés se mouvaient contre le vent. Tim sentit son coeur battre la mesure et il attendit qu'elle fut entrée dans l'édifice pour l'y suivre. Elle alla parler au prêtre, semblait-il et stratégiquement, Decastel alla se terrer dans le confessionnal proche de l'entrée, prête à la happer lorsqu'elle repasserait par là. Il entendit une conversation autour de futures funérailles, autant dire que le sujet ne passionna pas tellement le soldat. Soudainement, elle prenait congé et il entendit des bruits de pas s'approcher de sa cachette. D'un geste vif, il s'extirpa du confessionnal et attrapa Freya par la main pour l'y entraîner, fermant la porte derrière eux. Un léger filet lumineux passait entre les grilles qui menaient vers l'autre côté du confessionnal et les yeux bleus de Tim brillaient dans ce flot de jour inopiné. "T'es dure à traquer, Freya Doherty... Tu comptais m'éviter encore combien de temps?" On peut peut être parler, toi et moi, non?" Il la regarda avec tendresse, tâchant de ne pas faire remonter trop de souvenirs à ce moment là, son dos se plaquant contre la porte. L'endroit était définitivement exigu et s'il osait s'approcher d'un unique centimètre, il se retrouverait contre elle. "Est-ce que je t'ai blessé? Dis moi si j'ai fait quelque chose de mal, vraiment... C'est pas ce que je veux." Non, au contraire, il voulait pouvoir lui faire du bien mais pour cela, Timothy avait besoin de la faire parler et plus difficile encore, d'obtenir sa confiance. Alors, il se contenta de la regarder, dans l'attente de la tornade parce qu'elle allait forcément le haïr, non? C'était ce que les femmes faisaient de mieux avec lui, le fuir puis le mépriser. Tim ne voulait plus de cela, il voulait tout le contraire et c'était vers Freya qu'il se tournait, uniquement elle.
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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyLun 19 Aoû 2019 - 19:50


C'était devenu un jeu, celui du fameux chat et de la souris. Un attrape moi si tu peux dans les rues de Brisbane et plus particulièrement entre les chemins sinueux de tombes et de fleurs du cimetière de la ville. Une danse sordide qui s'est imposée et la faute retombe entièrement sur Freya. Elle a les règles entre les mains et c'est elle qui dicte les choses depuis maintenant plusieurs jours. Elle sent sa présence à chaque fois, comme si le cimetière se met à transpirer quelque chose de différent quand son propriétaire légitime y met les pieds. Et c'était peut-être le cas. Un sixième sens développé par hasard, ou est ce qu'elle l'a toujours eu ? Non, d'habitude, elle ne fuit pas. Au contraire, elle se jette tête et mains jointes dans la gueule du loup.

Mais pas cette fois. Pas avec Tim.
En accord avec soi même, parce que c'est assez rare pour le préciser, Freya avait décrété de ne pas s'imposer dans la vie du jeune homme. Au final, leur soirée passée ensemble reste un peu brouillée. Son réveil en pleine nature, la tête lui donnant envie de se taper la tête contre le sol et les messages de Tim, qui s’inquiétait. Ce qu’elle ne veut pas. Mais il a insisté et elle a fini par ranger son téléphone, méditant en pleine forêt sur les actions que les avaient emporté quelques heures avant. (Enfin, pour être honnête, elle ne fut pas non plus pressée de se lever pour avoir le monde qui tangue et les boyaux qui se tordent.)
Mais ce qu'elle a ressenti, ses membres s'en rappellent encore. Il l'avait rendu vulnérable, il semblait lire en elle, il l'avait traité comme de la porcelaine. Et elle ne sait pas si c'est bon pour sa santé mentale ni même pour son esprit d'être traité de la sorte. Elle risquerait de se faire des films, d'avoir un putain d'espoir pour quelque chose qu'elle sait d’inaccessible pour les gens comme elle. Les pourris, les malades, les païens de la société. Et elle n'a pas envie d'être déçue, de dégringoler, d'être rien de plus qu'un putain de vase qu'on a maladroitement posé et qui finit brisé en mille morceaux sur le sol. L'espérance, il n'y a rien de pire mais en même temps…
En même temps, Freya ne peut s'en empêcher. Malgré elle, contre sa meilleure volonté, à contre courant de ce que sa tête veut. Mais sa tête veut quoi d'ailleurs ? Perdue, embrouillée, le D reste avant le A et le M s'incruste entre les deux. Deux et deux, ça fait cinq, c'est bien connu.

Alors Doherty a fait du mieux qu’elle a pu pour l’éviter. Elle ignore à vrai dire s’il est encore à Brisbane ou non. Il avait évoqué un deuxième camp d’entraînement. Est-ce qu’il y est en ce moment ? Est-ce qu’il a poursuivi cette idiote complètement conne d’aller jouer de la gâchette pour s’éloigner de cette ville qui l’a fait visiblement souffrir ? Les doigts ont souvent tapoté, joué du piano à côté de son téléphone (des souvenirs qui lui oppressent le cœur et qu’elle met rapidement de côté). Appeler, envoyer un message, faire un pas ? Non.
Non. Le téléphone est abandonné sur le côté et ses préoccupations dévient.

Et aujourd’hui, la jeune femme a un événement mortuaire à discuter avec un proche du grand Seigneur que personne n’a jamais vu. Ce n’est jamais une conversation qui l’enchante, mais ce n’est rien face à l'événement en lui-même. Après de (trop) longues minutes de conversation, le prêtre prend congé d'elle – où est ce que c'est l'inverse ? Après tout, parler enterrement, cérémonie et autres rituels religieux, ce n'est toujours pas son truc, à la Doherty. Pourtant, elle essaie. D'y mettre de la bonne volonté. Pour lui. (Toujours.) Freya finit par remonter l'allée centrale, la tête déjà préoccupé par un autre sujet quand elle est happée par une main avant qu’elle se retrouve tout bonnement enfermé. Dans un putain de confessionnal.

« T'es dure à traquer, Freya Doherty... Tu comptais m'éviter encore combien de temps? » On peut peut être parler, toi et moi, non? » Et devant deux bleus perçants qui la regardent, qui la scrutent, la même d’œil qu’elle cherchait à éviter et qu’elle voulait fuir. « Est-ce que je t'ai blessé? Dis moi si j'ai fait quelque chose de mal, vraiment... C'est pas ce que je veux. » Parce qu’il le mérite, Freya se mit d’abord à lui taper le bras. « Putain Tim mais ça va pas de m'foutre la touille comme ça ! T'aurais pu t'en manger une! »

Pourquoi il fait ça, pourquoi il ose la forcer à une conversation qu’elle ne veut, qu’elle rejette ? Et c’est quoi, ces conneries ? Est-ce qu’il lui aurait fait du mal ? Non, évidemment que non et c’est là tout le problème. Rien ne va de mal. Rien chez Tim ne transpire la malhonnêteté, la fourberie, le mensonge. Il n’est pas vile, il n’est pas méchant, il n’est pas sarcastique. Il est d’une putain de sincérité, que ce soit dans ce qu’il dit, dans ce qu’il fait ou dans son comportement. Une sorte de candeur d’enfant dans un corps d’homme qui réussit pourtant à la dérouter et l’effarer.
Alors Freya pose ses mains sur ses hanches, furibonde et regardant partout – aussi distrayant que peu être un confessionnal – que le jeune homme en face d’elle. « J’ai rien à dire. J'vois pas de quoi on a parlé. J’ai des trucs à régler, tu permets ? »

Ne pas croiser son regard, rester indifférente, se montrer blasée.
Même si son sang s’agite, que sa tête la maudit et son cœur manque d’exploser.
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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyLun 19 Aoû 2019 - 21:46

Il aurait pu s'en aller en voyant sa réaction mais Tim n'y comptait pas, non, il allait plutôt s'accrocher. Bien sûr, le jeune soldat ne pouvait pas défaire ce qui avait été fait ou les événements qui s'étaient joués une nuit dans les vignobles mais, en avait-il réellement eu l'envie jusque là? Absolument pas. En discutant avec Jillian, il avait compris que la vie avançait à grande vitesse et que s'il se laissait trop aller à ruminer ses amours passées, il finirait tout seul à attendre que quoique ce fut se passe... Comme il l'avait fait pendant plus de trente ans, déjà. Timothy n'était plus un gamin pourtant, il avait même grandement mûri ces derniers temps et il était bien décidé à agir pour obtenir ce qu'il désirait. Et là, à l'heure actuelle, il voulait que de Freya lui parle, qu'elle arrête cette fuite en avant et lui expose de but en blanc ce qu'elle comptait faire de ce qu'ils avaient osé être quelques heures ensemble la dernière fois. Il ne s'attendait pas à une confrontation des plus simples, la jeune Doherty s'était toujours montrée coriace. Tim en avait conscience, il le sentait même dans sa manière d'agir alors qu'elle avait pris congé du prêtre qui semblait bouder de la manière dont allait s'effectuer le service funéraire. Tim avait vite oublié de son côté que Freya était en plein milieu de sa journée de travail et qu'elle n'avait pas que cela à faire de se faire enfermer dans le confessionnal de l'église pour discuter avec lui. Cela dit, Tim lui barrait la route et elle le frappait sur le bras pour avoir osé la déranger alors qu'elle était dans ses rêves. "Excuse moi mais si je me montre à toi, tu pars directement alors j'ai été obligé de jouer la carte de la surprise, tu vois..." Elle ne pourrait pas nier ce fait. Freya avait passé les derniers jours à s'en aller dès qu'elle apercevait sa silhouette s'approcher et ce que Tim pouvait dire, c'était qu'elle excellait dans l'art du cache-cache. Le jeu l'avait usé et peut être que cette fois, Tim perdait patience parce qu'elle croisait les bras et qu'elle l'invitait gentiment à se pousser pour qu'elle puisse reprendre le cours de son existence. Elle n'avait vraiment rien à lui dire? Timothy hocha la tête en signe de dénégation en s'approchant d'elle, son regard bleuté la toisant avec malice. "Non, Freya. On sortira pas d'ici tant qu'on aura pas réglé ça... Que quelqu'un vienne te chercher, ça te fait peur tant que ça, hein? Tu me fais pas confiance?" Il la regarda avec des yeux pénétrants, électrisants, son corps à seulement quelques centimètres du sien, sa main venant frôler sa joue avant de de la laisser retomber contre son propre corps. "Si t'as besoin de tout savoir, je peux tout te dire, enfin en résumé tout de même. Je m'appelle Tim, j'ai trente deux ans, mon père m'a abandonné quand j'avais trois ans, ma mère est dans un asile et j'ai eu du mal à m'aimer à cause de ce qu'elle m'a fait subir. J'ai toujours eu du mal à m'affirmer, à savoir ce que je voulais dans la vie..." Il s'arrêta quelques instants, ne sachant pas jusqu'où il pouvait se laisser aller dans les confessions, jusqu'au bout tant qu'à faire. "Je suis pas parfait. J'étais vierge jusqu'à il y a quatre mois environ. Mon premier amour est enceinte de moi et dieu seul sait ce qu'elle veut faire de tout ça, mais elle est en couple avec un autre et la vie continue. Je suis devenu soldat et maintenant..." Il posa nettement sa main sur son visage cette fois, la fit glisser jusqu'à son menton pour qu'elle le regarde réellement. "Je veux être avec toi mais tu me donnes du fil à retordre. Sauf que tu vas pas me fuir, Freya, pas maintenant. Je te laisserai pas partir. Pas avant que tu me jettes réellement. En me disant de façon claire, nette et précise que t'as rien ressenti la dernière fois avec moi et que ça te touche pas que je sois là à te dire tout ça... Si tu me dis rien de ça, je t'embrasserai, Freya." Son regard azur essayait de déchiffrer ses yeux ébène et Timothy n'avait peut être jamais fait preuve d'autant de détermination jusque là. Pour elle, il en était capable.
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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyLun 19 Aoû 2019 - 23:59


« Excuse moi mais si je me montre à toi, tu pars directement alors j'ai été obligé de jouer la carte de la surprise, tu vois... » Est-ce que Freya doit se sentir coupable ? Totalement. Est-ce qu’elle l’est ? Un peu. Il marque un point et elle ravale alors sa surprise, son choc et ses cris. Tim la remet tranquillement en place et elle finit par regarder ses chaussures parce que, oh, il faudrait leur passer un coup de brosse par dessus, tiens. « Non, Freya. On sortira pas d'ici tant qu'on aura pas réglé ça... Que quelqu'un vienne te chercher, ça te fait peur tant que ça, hein? Tu me fais pas confiance? » Alerte rouge, non, alerte noire. Tim s’approche, elle voit ses pieds s’avancer et Freya ne peut pas empêcher ce réflexe sordide de lever les yeux vers lui.

Erreur. Faute fatale. Elle le sait et pourtant, elle est coincée.
Bordel.

Et si ses yeux ou son physique ne suffisent pas à l’emprisonner face à lui, voilà qu’il déboule le résumé de sa vie. Mère en asile, abandon du père, premier amour enceinte (quoi?), avec un autre (pardon?) devenu soldat… Pourquoi ? Doherty ne sait pas quoi faire de ces informations, ça ne fait que tourner dans sa cabosse sans savoir où se ranger, où se foutre, ni quoi en dire parce que franchement, est-ce qu’il y a quelque chose à dire ? Sa première fois coïncide avec son premier amour qui est enceinte et qui est avec un autre et qui coïncide avec le fait qu’il soit devenu soldat. Est-ce que le fait qu’il soit allé se donner en chair à canon pour la patrie par amour (ou par abandon ?) est censé la rassurer ? Parce que Freya en crèverait littéralement si quelqu’un vient à mourir juste pour elle.

Et le bougre la force à le regarder, la noirceur des yeux bruns de la jeune femme se mélangeant à la lumière de ceux azurés du jeune homme. « Je veux être avec toi mais tu me donnes du fil à retordre. Sauf que tu vas pas me fuir, Freya, pas maintenant. Je te laisserai pas partir. Pas avant que tu me jettes réellement. En me disant de façon claire, nette et précise que t'as rien ressenti la dernière fois avec moi et que ça te touche pas que je sois là à te dire tout ça... Si tu me dis rien de ça, je t'embrasserai, Freya. » Cette dernière est bien trop chamboulée pour dire quoique ce soit à la seconde près. Il vient de lui faire toute une sortie directe de sa vie en même pas cinq secondes et il la menace de l’embrasser si elle reste silencieuse ?
A tout bien reconsidérer, ce n’est peut-être pas un si mauvais change, au final.

« Que… Qu’est-ce que tu veux que j’te dises, Tim ? Pourquoi tu- » Pourquoi moi ? Freya passe la main dans ses cheveux, tic nerveux et habituel de celle qui ne sait pas ce qu’elle est censée dire ni faire. Sa main finit par se gratter l’oreille avant de se décider à croiser les bras pour éviter tout autre geste déplacé, stressant ou qui peut dénoter une once de panique. Qu’elle n’a pas, évidemment, pas du tout. On lui souffle de le rejeter, purement et simplement. Parce que ça serait la meilleure chose à faire après tout. Plus pour lui que pour elle. Ces relations les plus fortes se sont finies en catastrophe intégrale, la bouffant mais les bousillant encore plus. C’est le résultat de gens comme elle.
Même son meilleur ami ne la comprend plus.
« J’parle pas aussi bien qu’toi, Tim. Je… C’est confus, là haut, et tu- Tu me déstabilises, là, à me déballer ta vie comme ça. Je sais pas- je sais pas quoi dire. » C’est soudain, c’est inattendu, ce n’est pas ce que je voulais – où alors si ? Tu sais que tu ne le rejetteras pas de toute façon. T’as beau dire le contraire, te le hurler corps et âme, tu veux qu’il continue à faire ça. Venir te chercher. T’accorder son attention. C’est ce que tu aimes. C’est ce que tu apprécies. C’est ce qui fait baisser ta première barrière parce que la sensation d’exister est là. L’impression de compter pour quelqu’un, s’il te plaît, ne me lâches pas comme les autres avant toi.

Doherty ferme les yeux, inspire légèrement avant d’expirer et d’ouvrir les yeux. « Freya, vingt sept ans. Père pyromane, mère quasi morte sinon folle, un jumeau qui s’fout en l’air. Voleuse, portée sur la bouteille, ancienne addict. Je n’suis jamais partie m’engager dans l’armée pour fuir mais je devrai y songer parce que je brise c’que je touche. » Sa mâchoire se crispe alors que le plus gros du détail reste planqué sur sa langue, refusant de dépasser son gosier. Pourtant, c’est le genre de détail qui ferait fuir n’importe qui de censé mais Tim possède cette détermination dans les yeux qui fait douter Freya dans ses certitudes. « J’te fais pas confiance parce que j’ai peur que tu m’fasses mal. » Doherty se pince la lèvre. « Et j’me fais encore moins confiance pour ne pas t’en faire aussi. » Elle ne blâmera pas tout sur sa maladie, c’est trop simple sinon.

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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyMar 20 Aoû 2019 - 0:41

En croisant enfin son regard, Tim peut y lire de la peur, non, une terreur intense. C'était ce qu'il redoutait: Freya n'était pas assez aimée alors, elle préférait fuir que de souffrir ou faire souffrir. Elle vivait différemment en ne s'attachant à rien ni personne parce que c'était bien plus aisé ainsi, de ne se laisser atteindre par aucun être vivant. Se rabattre sur l'alcool, la drogue ou n'importe quelle source d'adrénaline valait mieux que cette douce peur de se faire rejeter et tout cela, Decastel le comprenait fort bien. Certes, il ne s'était jamais réfugié dans de tels milieux mais lorsqu'il avait eu le coeur brisé, il avait couru vers le danger, même si c'était d'une toute autre sorte. Il était parti à plus de mille kilomètres de là pour ne plus rien ressentir, tout oublier et aucune méthode n'avait réellement fonctionné. Non, il n'y avait que l'acceptation qui permettait d'aller de l'avant et de permettre à l'être vivant de retrouver le droit chemin. Freya avait besoin de cela elle aussi, d'accepter qu'elle était plus vulnérable qu'elle le pensait mais que ce n'était pas une catastrophe, encore moins une tragédie. Il suffisait de trouver une personne capable d'accepter tout cela, les qualités comme les défauts, les peurs comme les certitudes et pour une fois dans sa vie, Timothy était persuadé d'être en mesure de le faire. Il n'attendait que le feu vert de la jolie Doherty face à lui. Au moins, elle le regardait, c'était un bon début après le temps qu'elle avait passé à regarder ses chaussures et il avait posé une main sur sa joue pour la confronter à ses yeux azur. Oui, elle allait l'écouter et oui, il sentait ses troubles après qu'il eut fini. Tim arrivait à se décrire avec une facilité déconcertante mais, elle ne l'avait pas connu avant lorsqu'il était si timide et qu'il refusait de parler de lui. Les autres, toujours les autres, c'était plus simple à gérer. Néanmoins, Decastel avait compris que ce n'était pas possible d'obtenir ce qu'on voulait dans la vie en n'étant pas honnête avec autrui et en n'acceptant pas de se confier plus que de raison. Cette fois, il le faisait, il ne cachait rien à Freya, mieux encore, il lui demandait clairement ce qu'elle désirait parce qu'il avait conscience que s'il ne la bousculait pas, elle allait prendre ses jambes à son cou. Choisir cette douce facilité. Elle ne le ferait pas et ce, même si elle lui disait à quel point elle était confuse face à son récit et il le sentait, elle ne trouvait pas les mots et lui, il attendait. Patiemment. Qu'elle formule le fond de sa pensée, la regardant avec tendresse, son pouce glissant sur sa joue durant tout le processus. "C'est ce que tu crois ça, Freya. Mais les gens se brisent tout seuls, tout le temps, et ton expérience de vie, c'est ce qui fait que tu es toi et c'est cette personne là que je veux. Celle qui souffre, qui a une histoire familiale compliquée, celle qui a peur, qui doute mais qui se relève malgré tout." Elle n'avait pas à se cacher avec lui, au contraire et c'était ce que tentait de lui prouver un Tim qui approchait son visage du sien pour lui murmurer la suite de son propre discours. "La vie, ça fait mal, Freya, je peux pas te mentir et te dire le contraire, mais tu peux pas t'empêcher de vivre parce que tu veux pas souffrir... Moi, j'ai pas peur d'avoir mal. Plus maintenant. Ferme juste les yeux, repense à notre soirée et dis moi juste ce que t'as ressenti, est-ce que tu t'es sentie en sécurité? Est-ce que tu m'as fait confiance? Est-ce que tu m'as donné de toi?" Tim connaissait les réponses et il s'était encore plus rapproché d'elle durant son discours, ses lèvres frôlant les siennes, son souffle sentant le sien. "N'aie pas peur. Laisse toi vivre. Laisse toi être avec moi, Freya, être heureuse, je suis sûr que tous les deux, ensemble, on peut le faire..." Et il déposa juste un doux baiser sur ses lèvres, rien que cela pour voir si elle le rejetterait. Si c'était le cas, peut être qu'il s'en irait et qu'il la lasserait libre de vivre avec ses peurs, rien n'était moins sûr autrement.
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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyMar 20 Aoû 2019 - 14:43


Il la prend de court. Elle ne s’était pas attendue à ce genre de choses ce matin en se réveillant. Elle était juste en pilote automatique et il vient de la faire complètement dérailler. Je ne sais pas, Tim, pourquoi ça me tombe sur la tête maintenant, pourquoi ça te prend comme ça, est-ce que tu penses vraiment que je suis le remède à ta solution ? Une pommade à utiliser parce qu’on n’a rien de mieux sous la main ? A vrai dire, Freya se retrouve dans les mêmes chaussures que lui – à croire que tout est une affaire de pompes, aujourd’hui. Indécise, elle se prend dans les lacets à chaque fois. Elle n’a jamais été maladroite, non. Elle est juste toujours perdue dans le brouillard, parce qu’elle n’est jamais complètement elle-même, parce qu’il y a d’autres voix à l’intérieur de sa tête, parce qu’elle boit pour tenter de se remettre les idées en place. Elle pense qu’un coup d’alcool fort fait autant de bien à la tête qu’à une blessure béante. Et dans le fond, Freya aime à penser que c’est vrai. Pendant quelques heures, bénites et délicieuses, pouvoir être soi-même – ou ce qu’elle pense être sa personnalité profonde. Ce n’est pas forcément reluisant, ce n’est pas très glorieux. Mais c’est ce qu’elle fait de mieux car elle n’a jamais vraiment connu autre chose.
Elle aurait pu. Mais on ne lui a pas laissé le temps.

Le droit chemin, Doherty ne l’a jamais connu. Elle s’est toujours paumée dans des spirales tumultueuses où ses chevilles vrillent et s’écartent et ses genoux finissent par s’entrechoquer. Il n’y a pas de bon ou de mauvais chemin, il y a juste celui qu’on décide de prendre, une route tracée devant soi à la destination incertaine. Souvent, on dit que ce n’est pas le point final qui est important, mais le voyage en lui-même. Autant dire que Freya n’a jamais autant voulu se rapprocher de la fin plus que ces derniers mois. (Non, c’est faux, tu l’as frôlé tellement de fois dans le passé. Mais ce n’était pas toi, n’est-ce pas ?)
Les paroles de Decastel la laissent planter là, elle qui tente vainement de se contenir. Mais il la lit, putain. Il est littéralement en train d’observer chaque tic qu’elle a, il est en train de mettre des mots sur ses actions, il essaie même de se justifier pour elle. Il la met devant ses propres peurs et il les retourne contre elle, il les tord et il semble n’être qu’une cible au centre de tir – un coup, l’épaule, un autre, la jambe, le troisième, dans la tête, le dernier, en plein cœur. Il veut l’achever en bonne et due forme, qu’elle n’est plus rien à dire, qu’elle baisse ses fichues armes. Il a déjà réussi une fois. Et être aussi vulnérable, aussi mise à nue, ce n’est pas dans les habitudes de Doherty. Elle blâme l’alcool pour ça, encore et toujours. Tim est le premier à le dire, les gens se brisent tout seuls. Mais les autres peuvent aussi le faire, aussi remuer le couteau dans la plaie, rappeler une douleur qu’on ne veut qu’enfouir au plus profond de soi et jeter la clé du coffre pour ne plus avoir à y penser. Bordel de monde à la con. Et même quand on pense avoir un moment de répit, ce n’est qu’une illusion. Une douce fumée qui vous enveloppe, qui vous berce et qui finit par se dissiper dès que vous commencez à vous sentir bien.

Tu peux pas t'empêcher de vivre parce que tu veux pas souffrir. Si, Tim, c’est possible. Et tu n’es pas bien placée pour ce genre de remarque, toi qui a quitté ta vie pour la guerre, au nom des beaux yeux d’un amour perdu et détruit. Plus maintenant. Ni jamais, c’est bien aussi. Elle a été brisée il y a presque dix ans – doux souvenirs qui lui sont revenus récemment en pleine poire – et elle en panse encore les ecchymoses. Pourtant, elle en a eu, d’autres relations depuis.
Mais il y a ceux de passage, il y a ceux qui marquent, il y a ceux qui restent et il y a ceux qui persistent.
Et Tim fait définitivement parti de la dernière catégorie.

« Ferme juste les yeux. » Tu m’en demandes de trop, Tim. Cette soirée, j’y repense plus que je veux l’admettre. Parce que je persiste et que mon cerveau apprécie de me répéter ce que j’ai laissé filer. C’est fou comment il n’y a pas pire ennemi que soi-même. Il demande ce qu’elle a ressenti, si elle lui a fait confiance. Bordel, oui, elle a envie de crier. Pourquoi elle se met des barrières, déjà ? Parce qu’elle aime chercher les complications. Tenir les gens à bout de bras mais en même temps leur faire comprendre qu’ils peuvent, qu’ils doivent oser.
Tim ose alors frôler ses lèvres contre les siennes, faiblement. Une tentation sordide dans un lieu comme une église. « N'aie pas peur. Laisse toi vivre. Laisse toi être avec moi, Freya, être heureuse, je suis sûr que tous les deux, ensemble, on peut le faire. » Freya ferme les yeux malgré elle. Un soupir et il l’avale entre ses lippes qui viennent sur les siennes. Trop doucement, trop tendrement. Le genre qui vous en donne trop mais en même temps, pas assez. Elle a le réflexe de chercher de nouveau sa bouche, de frôler la courbe de la sienne, avant de se réfracter, un coup de tonnerre dans la tête qui la ramène à la réalité. Wake up. Non, please, pas maintenant. Si. Ouvre les yeux. Repousse le. Définitivement.

Toutefois, quand elle déploie ses paupières pour poser ses iris sur ceux de Tim, il y a un effritement qui s’opère. Cause à effet de quelqu’un qui gratte la surface et plus encore. « Tu sais pas dans quoi tu t’engages, là. » Freya n’a pas bougé plus que ça, toujours à quelques millimètres de la tentation même. « Le champ d’bataille, c’est ma tête. Ça n’a rien avoir avec ce que t’as appris au camp. » Elle pourrait lui dire mais elle ne veut pas. Il ne la jugera sûrement pas mais même dans un confessionnal, ce n’est pas le genre de choses que l’on dit comme ça.
Mais mieux vaut prévenir que guérir.

« T’espères vraiment qu’une personne comme moi va pouvoir te… Quoi, te guérir ? » De son premier amour, de sa première (et seule) rupture, de ce que cette fille a pu causer en lui. « J’suis pas un pansement ni un deuxième choix, Tim. Qu’est-ce qui me dit que t’iras pas la rejoindre, celle qui attend ton gamin ? » Un triangle – ou un carré, whatever – amoureux, ce n’est pas quelque chose dans lequel elle veut s’engager. Freya ne supporterait pas de se voir dans ce genre de situation et encore plus avec une femme enceinte de l’autre côté du cadran. « Et puis, t’es un soldat. J’ai déjà des proches qui frôlent la mort tous les jours, je peux- Je peux pas en rajouter un de plus sur la liste. » A croire qu’elle s’entoure de la crème de la société sans le vouloir. Ceux qui risque leur peau pour les citoyens, pour l’humanité, pour les protéger et les servir. Freya n’ignore pas que ce sont des métiers à vocation mais il n’empêche que ça lui fait toujours une peur panique. Comme recevoir un coup de fil parce que son pompier de frère se trouve à l’hôpital. Même des années après, elle ne s’y fait toujours pas.
Et puis, il faut bien qu’elle essaie de trouver de dernières excuses pour le bloquer. Le laisser sur le palier et espérer qu’il finisse par tourner les talons.

Même si au stade où ils en sont, ça la ferait s’effondrer bien plus qu’elle ne peut le penser.


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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyMar 20 Aoû 2019 - 22:53

Elle s'acharnait à le repousser. Mille excuses s'échappaient de ses lèvres et peut être qu'il fut un temps, Tim aurait hoché la tête et serait sorti de sa vie. C'était la personne qu'il avait été pendant longtemps, celui qui fuyait et qui rongeait son frein dans son coin mais il n'était plus question d'agir ainsi. Plus question de lâcher l'affaire et de donner raison à des arguments qui paraissaient invalides à ce moment là. Dans le fond, Freya cherchait juste à tester la véracité de ses propos, voir jusqu'où il était prêt à aller pour l'avoir, elle. Ce que la jeune Doherty ne savait pas, c'était qu'il était fin prêt à aller loin, à aller jusqu'au bout du monde même s'il le fallait. Après des semaines de recherche de son identité, sans trop savoir ce qu'il voulait obtenir de la vie ou dans l'avenir, Timothy avait fini par comprendre que le temps n'était pas son allié, que jamais il ne réussirait quoique ce soit en restant dans l'attente, en étant patient. A ce moment là, en tout cas, il n'avait pas envie de l'être, raison pour laquelle il avait enfermé Freya dans ce confessionnal alors qu'il y avait encore tant d'espaces où il aurait pu passer un instant avec elle. Clairement, le décor n'était pas ce qui intéressait Decastel à ce moment là, il n'y avait qu'elle, ses yeux ébènes si confus, ses gestes nerveux et cette façon qu'elle avait de réfléchir tout en l'écoutant. Tim avait encore tant à lui confier et il le ferait en temps voulu, lorsqu'elle aurait enfin accepté qu'eux deux, ce soir là, sous les étoiles, ce n'avait pas été du flan, pas juste un instant suspendu qui n'avait pas la moindre importance. La douceur qui s'était jouée entre eux, la manière dont ils avaient ressenti des sensations uniques, tout cela s'apparentait à quelque chose qui avait de la valeur. Énormément même, aux yeux de Tim. Il avait clairement fallu qu'il dise au revoir à Charlie pour comprendre qu'il ne pouvait pas rester accroché à un souvenir: il avait besoin de grandir, de prendre ses responsabilités et surtout, d'agir. Ce qu'il faisait à ce moment là, en déposant délicatement ses lippes sur les siennes. Elle se laissa faire, comme subjuguée par ce qu'ils partageaient. Timothy se détacha rapidement néanmoins, voyant bien que Freya était prête à succomber à nouveau, proche, oui, si proche. Elle n'en fit rien, cherchant encore les dernières barrières au fond de son coeur pour justifier qu'il devait la laisser. Qu'il devait partir. Sa folie, voilà la raison qu'elle avançait, son cerveau qui ne tournait pas rond ou quelque chose s'y approchant, une raison totalement futile pour Tim, pour ce garçon qui n'avait jamais vécu les choses comme les autres et qui avait été molesté par tous pour cela, justement. "T'es pas un champ de bataille. Ou alors, on l'est tous. Peu importe ce que tu es, ou ce que tu crois être, je peux le gérer. Je t'assure." Elle ne lui avait rien dit mais Tim se doutait qu'il y avait quelque chose qui se cachait sous ses mots mais s'il y avait bien quelque chose qu'il était capable d'appréhender et d'affronter, c'était la maladie d'autrui. On parlait du garçon qui avait visité sa mère toutes les semaines pendant deux décennies alors qu'elle était celle qui l'avait le plus blessé dans sa vie alors, tout ce que Freya avait comme argument pour l'effrayer n'allait pas fonctionner. Assurément. Il la regarda avec des sourcils froncés parce qu'elle parlait de son histoire avec Charlie et elle émettait des doutes sur son envie d'être avec elle, de rester avec elle du moins si la jolie blonde revenait le chercher. Doherty essayait à tout prix d'appuyer là où cela faisait mal mais Tim ne souhaitait pas la laisser continuer, il ne souhaitait pas la laisser dire qu'il allait être un de ceux qui reviendraient les pieds devant dans le cimetière qu'il lui avait léguée. "Je cherche pas à guérir, je cherche à être moi. Et t'es pas un second choix, Freya. On s'est quittés en toute connaissance de cause avec elle et on a bien défini qu'on avançait chacun de notre côté... Et là, maintenant, je suis avec toi et je veux ça, avancer avec toi. Tu me résistes beaucoup cela dit et ça arrange pas mes affaires parce que, crois moi, je compte pas mourir au combat ou que sais-je encore. Je compte bien camper devant ta porte des heures s'il le faut, jusqu'à ce que tu me dises oui. Jusqu'à ce que Freya Doherty devienne ma petite amie. Et tu peux me sortir toute ta panoplie d'arguments du pourquoi on doit pas être ensemble, je crois qu'il y en a absolument aucun qui fonctionnera." Il lui fit un sourire joueur, son nez se frottant au sien, ses yeux bleutés plantés dans ceux ambrés de sa comparse alors que sa main se posa sur sa hanche, son corps se dirigeant vers le sien. Timothy resterait planté là des heures si c'était nécessaire car il avait décidé que Freya ne pourrait pas le fuir, pas lui résister. Pas cette fois-ci. Plus jamais à partir de maintenant.
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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyMer 21 Aoû 2019 - 15:34


« T'es pas un champ de bataille. Ou alors, on l'est tous. Peu importe ce que tu es, ou ce que tu crois être, je peux le gérer. Je t'assure. » Oh, elle ne le croit pas l’être, Tim. Elle sait qu’elle l’est. Elle essaiera de le cacher, de le faire croupir dans les prisons internes de ses os parce qu’elle ne voudra pas décevoir ou blesser. Elle lui lancera juste des bouts de pain à travers le grillage pour être sûr que son appétit ne va pas la dévorer en retour. Comme si cela suffit. Le champ de bataille est à l’intérieur, une tempête perpétuelle d’incompréhension avec elle-même. Ce sang qui est pourri, ces os qui sont broyés, cette peau qui a embrassé des flammes bien trop proches, bien trop réelles pour n’être qu’une simple illusion. Alors Timothy a l’expérience d’une mère à l’asile, qui l’a visiblement traumatisé plus qu’il ne le montre. Est-ce que ça doit la rassurer ? Non. (Oui ?) Aucune bonne réponse, ici, juste une simple vérité. Il veut avoir les épaules assez larges pour la porter mais dans quel but ? – ne cherche pas, il est là, ce lien. Vous l’avez créé, vous l’avez enlacé et vous l’avez consolidé il y a quelques jours.
Une opération a été instaurée, une formule a été murmurée et c’est peut-être le début de quelque chose. De la fin ? Voyons, ne sois pas aussi pessimiste. Le verre est à moitié plein, toujours, rappelle toi. Quand quelqu’un vous promet la lune, les étoiles et toutes les constatations qui vont avec, il est naturel de ne pas y croire. Il est humain de considérer que c’est trop beau pour être vrai. Freya n’a jamais eu l’audace de se laisser bercer dans ces douces illusions – mensonge. Il y a bien eu une fois. Mais le retour à la réalité a été si terrible, si brutal, si violent, qu’elle a décrété qu’elle ne se le souhaite plus. Espérer, rêver, convoiter. Ce n’est tout simplement pas fait pour elle. C’est bon pour les autres mais pas pour une fille comme elle. Il lui a fallu du temps mais elle a fini de l’accepter.
« D’autres ont prononcé ces paroles avant toi et on ne les a jamais revu. Alors j’espère que t’as raison. » L’espoir, ce satané optimiste qu’elle est en train d’avoir. Pour lui, rien que pour lui, juste pour lui et elle n’en est même pas consciente de comment elle en est arrivée là.

Mais voilà que Tim pense que c’est le bon moment de venir tout foutre en l’air.
Je cherche pas à guérir, je cherche à être moi. Une voie sur son identité, sur ce qu’il est mais Tim, on le cherche tous, ça. Qui on est, pourquoi on est ce que l’on montre, où est-ce qu’on va, des questions existentielles qui dans le fond ne vous quittent jamais et vous remettent toujours en question. Comment peux-tu penser que t’y arriveras avec moi, Tim, qu’est-ce qui te fait croire que tu ne vas plutôt te perdre avec moi ? Tant de confiance pour une seule et même personne, une responsabilité à couper le souffle. Elle ne s’y est pas préparée, à ça, Freya. Elle n’a pas été conçu pour ce genre de choses. Elle qui n’a jamais vraiment su démêler le vrai du faux dans sa propre personnalité. On s'est quittés en toute connaissance de cause avec elle et on a bien défini qu'on avançait chacun de notre côté. C’est toujours ce qu’on dit. Qu’on réussisse à tourner la page, que le livre est bien fermé, que chacun part dans des directions opposées. Mais le premier amour ne part jamais, il reste, il est tapi, dans un coin, dans l’ombre. Il attend juste le bon moment pour sauter à la gorge, vous étouffer et vous emporter, quand vous vous y attendrez le moins, quand vous serez au plus faible de votre état. Tim, Tim, Tim, un cœur même brisé ne fonctionne pas comme ça. Comment te le faire comprendre, comment te le dire ? Et pourtant, il a l’air tellement honnête, terriblement bourré de bons sentiments, rempli d’exactitude. Il donne un coup de pied à chacune de ses barrières.
Et il y arrive. A les faire courber, à les faire s’allonger. Comme si c’est un jeu d’échec et qu’il veut absolument avoir la main mise et dire fièrement ‘échec et mat’. Même si Tim ne ferra jamais ça avec arrogance et fierté, ce n’est pas son genre.

Je compte bien camper devant ta porte des heures s'il le faut, jusqu'à ce que tu me dises oui. Freya baisse les yeux, brise le lien visuel entre tout en laissant échapper un léger rire devant ces paroles avant de relever la tête. Il est tellement proche, son nez contre le sien, elle sent même son sourire contre sa peau. Elle ne veut pas lui donner la satisfaction de baisser les bras, même si elle sent que tout s’écroule autour d’elle dans un vacarme d’acier. Il agit comme le pire des tentateurs en la rapprochant de lui un peu plus – comme si l’endroit n’est pas assez petit comme ça. Elle a son cœur qui fourmille, ses jambes qui ne manquent que de se dérober sous elle et ses propres mains qui se dirigent vers ses bras. Pour l’avancer ou pour l’éloigner, elle ne serait dire. Peut-être juste pour le tenir là où il est. « T’as pas intérêt à mourir au combat. Je te détesterai à vie si ça arrive. »

Mais la lutte est inutile. Il est plus persistant qu’elle l’aurait songé. Il tient bon, il ne lâche pas l’affaire, tout comme il la retient physiquement contre lui. Est-ce qu’il a peur qu’elle s’échappe ? Elle en serait capable. Mais honnêtement, elle n’en a pas envie. Même si elle a l’impression qu’elle va défaillir à tout moment parce que ce genre de choses, elle ne l’a pas prévu dans son agenda fictif. « J’ignore c’qui t’amène vers moi, soldat, mais… » Freya passe une main sur une mèche de Tim pour la relever en arrière.

Ces traitres d’iris dévient de ceux du jeune homme pour se porter à sa bouche avant de remonter vers le haut. « Si tu veux quelque chose, Decastel, prends-le. Si t’es prêt à accepter les conséquences, les embrouilles et les emmerdes qui vont avec… Ne tourne pas autour du pot. Arrête de demander l’autorisation. » A demi-mot, elle la lui donne, cette autorisation. Ecrite, orale, tout ce qu’il veut. Cependant, Freya ne fera pas un geste car ce n’est pas elle qui s’est enfermée ici avec lui. Tim veut venir à elle alors Tim viendra la chercher. Un air de défi planté au visage, une voix qui camoufle un désir certain, un regard qui cherche à le provoquer.

S’il veut rebrousser chemin, c’est maintenant.
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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyJeu 22 Aoû 2019 - 2:05

Réfléchir n'était plus dans ses prérogatives, Tim l'avait bien trop fait jusque là, toujours à chercher des justifications, des mots pour trouver un sens à sa vie. Cette fois, il n'y avait pas forcément de logique, juste cette envie qui s'était immiscée au fond de lui, cette évidence qui le faisait agir. Enfin. Sa rencontre avec Freya aurait pu être de l'ordre du hasard, une journée d'automne après du vandalisme dans son joli cimetière, une jeune femme débarquant pour l'aider à nettoyer les dégâts. Decastel n'avait pas posé de questions, il s'était laissé aller à leur conversation, souriant face à l'audace de la beauté sous ses yeux et ils auraient très bien pu ne jamais se revoir à partir de là. Le destin en avait décidé autrement parce qu'il avait fallu que Timothy quitte Brisbane quelques temps, et qui de mieux pour le remplacer dans sa dure labeur que la belle Doherty qui semblait si encline à filer un coup de main? Elle était celle qui fallait, celle qu'il devait revoir, celle qu'il avait envie de revoir. Pas une, pas deux, pas trois fois mais des tonnes, jusqu'à ce qu'il s'épuise de la regarder dans les yeux et de la trouver si jolie avec cette couleur ébène qui détonnait si grandement avec les siens, azur. Ils étaient différents, certes, mais il y avait ce lien qui les rapprochait, cette attirance qui valait le coup, ce moment d'égarement qui les avait attirés dans les bras l'un de l'autre sous les étoiles. Tim y avait repensé ces derniers jours parce qu'il avait senti cette magie qui s'était tissée entre eux, c'était le moment ou jamais. C'était elle, ou personne. Voilà ce que Timothy s'était dit en se dirigeant d'un pas décidé vers l'église pour l'enfermer entre quatre murs de bois. Elle était farouche forcément, parce que c'était Freya et qu'elle avait peur. Tout le monde la quittait, c'était une fatalité qui brisait le coeur de Tim mais il ne voulait pas être un nom de plus sur cette liste, il voulait être celui qui lui faisait changer sa perspective du monde et qui lui offrait le bonheur qu'elle méritant tant. "Je ne suis pas les autres." Il lui disait cela avec une voix assurée puisque c'était une réalité, Tim ne serait plus celui qui fuyait à des milliers de kilomètres parce qu'on lui faisait mal. Il valait mieux que cela, il était un soldat mais pas que, il était aussi celui avec un coeur pur, un coeur qui ne demandait qu'à aimer la beauté brune sous ses yeux dans cette magnifique robe blanche qui le rendait si désirable. Elle était belle et ses barrières flanchaient peu à peu, peut être parce que ses lèvres avaient glissé sur les siennes, peut être parce que sa main s'était accrochée à sa hanche et qu'elle essayait de trouver une dernière parade à tous ces mots. Il n'y en avait plus, plus aucune que Tim pourrait écouter, plus aucune qui pourrait le faire partir désormais. "Je mourrai pas, t'auras pas à en arriver jusque là, promis." Tim y croyait dur comme fer: de toute manière, il n'avait même pas terminé sa formation et avec tout ce qui se passait, il ne savait vraiment pas s'il allait avoir le luxe de s'absenter encore plusieurs semaines de Brisbane. Il n'en avait plus l'envie en tout cas, pas à ce moment là. Freya reprit la parole, ses yeux ambrés visitant ses traits et le jeune Decastel sentit sa main dans ses cheveux, un geste tendre initié par la belle Doherty. Il la voulait et elle le suppliait d'arrêter de demander, d'attendre et juste de la faire succomber. Il vit ses yeux se balader jusqu'à ses lèvres et ses iris océan en firent de même de son côté, au moment où sa main descendait vers sa croupe, plus assurée que jamais. Il se mit à sourire et en à peine deux secondes, ses lèvres étaient sur les siennes, avides. Il la voulait, il l'avait et Freya ne pouvait plus contrecarrer ses plans car les embrouilles, les embûches, tout cela, Tim les acceptait avec plaisir. Il voulait le tout et ce fut ce qu'il lui montra en collant son corps au sien, sa bouche entrouverte cherchant à faire valser sa langue contre la sienne, sa main joueuse sur ses fesses collant son bassin un peu plus au sien. Respirer. Deux secondes. "Suis-je assez explicite sur ce que je veux? Toi. Avec tout ce qui va avec, le package entier." Et Tim s'avança encore, plaquant le dos de Freya contre le mur en bois du confessionnal, l'embrassant à nouveau, plus vivement encore, ses mains baladeuses se promenant sur ses courbes avantageuses, lui offrant tout ce qu'il était dans ce nouveau baiser parce que c'était le début de leur aventure, un début qui promettait tant, un début fougueux.
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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyVen 23 Aoû 2019 - 10:29


Je ne suis pas les autres. Oh elle espère, Tim. Elle marque tes paroles sur ses os en osant croire que tu les tiendras. Que tu ne laisseras pas tomber dès la première crise. Ce n’est pas anodin, ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère. Il a déjà eu à s’occuper de sa mère, qui a fini dans un asile et par faire souffrir son fils, comment est-ce qu’il peut se jeter dans la gueule d’une nouvelle louve qui n’est pas mieux dans sa tête ni dans sa peau ? Une liberté, une accalmie, un brin de repos, voilà ce qu’elle voit dans les yeux de Tim. Ne me déçois pas, ne brise pas ces rubans rouges qui sont en train de nous encercler les poignets un peu malgré nous. 

Ses pensées s’arrêtent nettes face à la réaction du jeune homme face à ses mots. Percutants, brisant cette glace qu’elle a essayée en vain de mettre entre eux. Il a une main baladeuse et son sourire, satisfaisait malgré tout et désarmant à souhait, finit par s’échouer sur ses propres lèvres, l’entraînant malgré elle dans une danse qui finit par lui faire fondre les trois grammes de résistance qui aurait pu lui rester quelque part dans son être. Il l'avale, il l'engloutit entièrement et complètement. Un charme naturel et une aisance surprenante dont elle ne s'était pas attendue venant de lui. Il y a quelques mois encore, il rougissait dès qu'elle faisait une allusion positive à son apparence. Le pire étant qu'elle n'a jamais cherché à le charmer. Il ne faut pas être aveugle pour ne pas voir que Tim est séduisant. Son sourire de coin, ses yeux brillants, ses traits fins… Instinctivement, Freya se mit à caresser sa mâchoire tout en le tenant près d’elle.
Parce qu'elle peut. Parce qu'elle aussi a son autorisation pour ce genre de geste. Qu'elle peut marquer son empreinte sur lui comme il lui demande de le faire.
Finalement, elle est aussi avide et désireuse que lui. Là non plus il n’y a pas besoin d’avoir fait des études en comportement humain pour comprendre ce que veut dire ce rush dans son sang, ce palpitant dans son cœur, cette douceur dans son bas ventre. Comme s’ils ne le sont pas assez, le jeune homme la rapproche encore plus de lui et elle finit par passer ses bras autour de son cou alors qu’il éloigne ses lèvres, haletantes et rougissantes des siennes. Suis-je assez explicite sur ce que je veux? Toi. Avec tout ce qui va avec, le package entier. Alors qu’elle se mord la lèvre, Tim emmêle ses pas dans les siens pour la coincer entre lui et le mur. Tous les câbles de son cerveau sont déconnectés, à Doherty, et elle accueille son nouveau baiser avec un empressement non dissimulé. Une de ses mains vient faire pression dans ses cheveux parce que maintenant qu’il est là, hors de question de partir.
Sweet sweet ironie.

La jeune femme se laisse complètement perdre entre ses doigts qui flânent sur elle alors qu’elle rompt leur baiser doucement pour reprendre sa respiration. Freya en profite pour l’embrasser sur la commissure de ses lèvres tout en souriant légèrement. « Je crois... Je crois que les ondes sont encore un peu brouillées. C'est pas très clair, comme message. » Elle penche la tête sur le côté tout en la plaquant contre le mur, vile tentative de gratter cette surface soigneuse du jeune homme pour essayer d’en faire ressortir autre chose. Et si ses yeux d’un bleu assombri lui disent quelque chose, c’est qu’elle n’est pas loin de son but.
« D'autres confessions à faire, soldat ? » Sa voix est basse alors que son autre main s’aventure tranquillement sur la hanche du jeune homme, sous son vêtement, pour y frôler quelques doigts froids et assurés sur sa peau. Sa bouche finit par s’aventurer sur le cou et la mâchoire du jeune homme, respirant son odeur à plein poumons, comme si c’est son nouvel oxygène. Et sûrement que ça l’était. C’est toujours grisant comme sensation et que dieu leur pardonne pour le pêché qu’ils s’apprêtent à commettre dans sa propre maison.

Mais il y a bien une connerie qui dit « aime ton prochain » n’est ce pas ? Quelle plus belle preuve d’amour que deux êtres, qui ne se seraient jamais rencontrés si le destin ne l’avait pas décidé autrement, s’unissant pour essayer de récupérer les miettes de cœurs éparpillés aux quatre coins pour les former de nouveau ? Un coeur complet, un coeur fort, un coeur tendre.

Je promets de veiller sur lui mais s’il vous plait, ne me laissez pas le temps de le briser comme d'autres l'ont fait avant.
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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyVen 23 Aoû 2019 - 21:17

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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptySam 24 Aoû 2019 - 1:12

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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptySam 24 Aoû 2019 - 23:00

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Message(#)Heart upon my sleeve. ¤ Freya EmptyDim 25 Aoû 2019 - 15:12

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