The world revolves around us

Avril 2011.

C’est l’anniversaire de Sky, aujourd’hui.
Quinze ans.
Ca se fête, quinze ans.

Ca se fête pour tous les âges, mais surtout cette année. Parce qu’elles sont un couple. Ou quelque chose qui s’en rapproche beaucoup en tout cas. Sky l’insulte elle plus que les autres, ça doit vouloir dire qu’elle l’aime bien … dans son langage à elle. Ce n’est pas grave, Charlie sait qu’elle n’est pas comme elle et c’est ce qui lui plait le plus sûrement. Elle s’énèrve pour rien et contre tout le monde et la rousse fait toujours le tampon. Ce n’est pas grave, elle en a pris l’habitude avec les années. Tant qu’elle peut être avec Sky, rigoler avec elle et la voir sourire alors elle accepte. La rousse ne saurait pas vraiment dire quand est ce qu’elles ont commencé à se rapprocher, encore moins depuis quand elles n’étaient pas proches. Il n’y a jamais rien eu de simple entre elles, pas au collège déjà, au lycée encore mois. Mais cette année elles sont dans la cour des grands ou quelque chose qui s’en rapproche beaucoup. Elles évoluent dans un nouvel environnement, se voient moins car n’étudient pas les mêmes choses, la rousse doit donc se raccrocher à quelques instants de vie passés à ses côtés. Elle n’a plus personne à qui se raccrocher, plus de Romy, pas trop de Freya et encore moins de Terrence. Elle s’est éloignée de tout le monde alors il ne reste paradoxalement celle dont elle s’est toujours efforcée de rester éloigner pour respecter son souhait. Maintenant elle en a marre d’être la fille de l’ombre, celle que Sky ne voit que quand elle est dans un bon mood ou qu’elle a décrété qu’aujourd’hui elles pourraient s’embrasser dans les toilettes des filles. Pour mieux vivre restons cachés, qu’elle dit. Qu’elle pense. Peut être les deux ? C’est flou, Charlie a fumé son premier joint à la soirée de la veille et il se pourrait bien que la soirée se soit terminée dans la matinée et que ledit pétard ait été fumé à ce moment. Il fait encore effet, c’est ce qu’il faut sous entendre. Ils se passaient le joint, cette douce petite chose remplie de cocaïne, de cannabis et de haschisch. Parce qu’elle a commencé avec un Impérial. La conne. Ca lui a brûlé la gorge, elle a senti la fumée descendre jusque dans ses poumons et ne jamais s’en déloger. Tout était néfaste, tout lui disait qu’elle aurait dû arrêter pourtant elle n’en a rien fait. L’effet de groupe, le besoin de jouer aux grands, le goût de toujours plus. Elle n’a rien arrêté, a continué de tirer pendant de longues minutes jusqu’à ce qu’on lui dise de continuer à faire passer, d’arrêter de faire la radine.
Elle est stone, c’est tout ce dont il faut se souvenir. Une ado perdue un peu trop amoureuse d’une fille qui ne veut rien de tout ça. Le mélange parfait pour une journée qui tourne mal, d’autant qu’elle a eu le malheur de se souvenir de l’anniversaire de Sky. Ou peut être que c’est demain ? Peu importe, au moins elle se sera entraîné à chercher se chevelure dans les couloirs de leur université, à sourire comme une imbécile en la voyant râler contre son casier qui ne ferme pas et elle de donner un coup de pied dedans. Oh, Sky. Alors elle crie son nom et toute l’attention se focalise sur elle. Sa marche devient plus rapide au fur et à mesure qu’elle s’approche d’elle et Charlie ne pense à rien quand ses bras viennent se poser autour de ses épaules et qu’elle cherche à l’embrasser. « Joyeux anniversaire. » Elle garde ce sourire enfantin, ce sourire amoureux. Parce qu’elle est bête et fière d’elle, qu’elle a enfin embrassé Sky en public sans avoir honte de quoi que ce soit et qu’en plus elle le fait le jour de son anniversaire. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

Elle détestait ça, les journées d'anniversaire, le concept de merde par excellence. Les gens faisaient toujours semblants d'être plus sympa avec toi, histoire de se faire bien voir. Ouais, tout ça, c'était juste pour se faire mousser et Sky l'avait constatée en moins de deux minutes avec ses parents qui étaient aux petits soins avec elle avant qu'elle ne parte pour aller en cours. Ça l'emmerdait déjà d'y aller parce que les gens allaient la tanner avec une fête et elle aimait ça que chez les autres. Comme si ses parents auraient accepté une beuverie dans leur maison parfaite de toute manière, c'était foiré d'avance. Alors, elle devrait se contenter de leur sourire et de répondre qu'elle verrait si c'était possible. Belle connerie. Elle avançait à deux à l'heure ce matin là et se traînait dans les couloirs du lycée avec une envie démentielle de s'échapper, ou à défaut de ça, aller fumer une bonne clope derrière le bahut. Autant dire qu'elle allait devoir tenir le choc encore cinq ou six heures et ses quinze ans la rendaient dingue dès les premiers instants. Superbe programme. En plus, elle avait un cours de mathématiques dans une heure et elle n'avait rien foutu dans ses devoirs, comme d'habitude. Bonne action de dernière minute? Elle se disait qu'à la bibliothèque, elle éviterait la plupart de ses camarades importants donc elle tâcha d'ouvrir son casier pour choper les livres correspondants. Une belle merde ça aussi. Rien ne marchait jamais quand on en avait besoin mais après avoir tapé du pied et menacé le bon Dieu et toute sa famille, le fameux placard finit par s'ouvrir et la jeune Reed put reprendre sa respiration, satisfaite. Du moins, jusqu'à ce qu'une belle rousse lui saute au cou pour l'embrasser devant un public réduit... Mais un public quand même. "Wow! Tu réalises qu'il y a des gens autour? On se roule des pelles qu'en coulisses, Vilannelle, faut pas déconner non plus." Elle commençait à marcher dans le couloir, entraînant Charlie vers les toilettes où ce serait certainement plus simple pour discuter de tout ça. Elle referma derrière elle en vérifiant qu'il n'y avait pas une âme qui vive alentour, au cas où. "T'as fumé? T'as la gueule d'une nana qui a fumé... Tu m'aurais jamais fait un truc pareil sinon. Que ce soit mon anniversaire ou non d'ailleurs... Qu'est-ce que tu veux?" Sky faisait sa moue excédée mais pourtant, à la regarder, là, elle savait que c'était la fille la plus canon qu'elle avait jamais vu, pas étonnant donc qu'elle avait envie de l'embrasser tous les quatre matins. Pas en public cela dit, non, là, il y avait des limites.

Elle est belle, Sky, avec ses yeux en amande et ses pommettes qui ressortent quand elle sourit. Pour le moment ce n’est pas le cas, mais elle le fait de temps en temps, quand Charlie regarde ailleurs. Elle le fait quand elles sont seulement dans leur bulle. Promis, ça lui arrive. Peut être que ça lui arrivera dans la journée parce que c’est son anniversaire alors la coutume veut qu’elle soit heureuse en ce jour si spécial qui la rapproche encore un peu plus de la mort. Non, faut pas penser ça Charlie. Les anniversaires, c’est cool, seulement cool. Se rouler des pelles aussi, c’est cool. Mais apparemment pas aux yeux de Sky, celle qui va toujours à contre courant. La brune ne répond pas à son baiser, ne répond pas à son sourire, ne répond pas à ses voeux non plus. Pourtant Charlie ne s’en formalise pas puisqu’il s’agit de Reed et seulement d’elle. Elle pourrait l’insulter qu’elle continuerait sûrement à sourire, parce que c’est Reed. Et parce que c’est elle, elle la suit sans broncher dans les toilettes, sourit parce qu’elle l’a appelé par son nom de famille. C’est sûrement à cause de la drogue, ça. C’est sûrement aussi à cause de la drogue qu’elle affiche cette moue enfantine, qu’elle retrousse sa lèvre inférieure et fronce les sourcils tout en traînant des pieds derrière la brune. « P’r’quoi ? » Les syllabes sont avalées sans qu’elle ne se rende compte et alors qu’elle se pense prête pour participer à un concours d’éloquence à tout moment. Une partie d’elle pourrait se sentir blessée et décider de continuer tout droit dans le couloir, mais l’autre partie gagne la manche parce qu’elle a vraiment envie de voir Sky. Même si c’est dans des toilettes, cela ne la dérange pas. « P’r’quoi qu’en coulisses ? » La rousse continue d’interroger sa semblable qui ne semble même pas l’écouter, trop occupée à vérifier que le Mossad, la CIA et le FBI n’ont pas planqué des micros dans les toilettes des filles d’une lycée lambda. Elle aurait dû s’assurer que Big Brother ne soit pas dans le coup lui aussi.
La rousse la laisse faire, oublie qu’elle était supposée la bouder, accroche ses mains aux sangles de son sac et tourne au beau milieu des toilettes. « Rien fumé du tout m’dame. Même pas un joint qu’on s’est tous fait passer, non non. » Non non, elle ne ferrait pas ça du tout. Jamais de la vie. Jamais elle touchera à tous ces trucs là parce qu’elle sait à quel point ça peut être nocif. Heureusement qu’elle n’a rien fait de tout ça et elle s’en rend compte quand elle cesse de tournoyer dans le vide et qu’elle se rapproche à nouveau de son amie / petite amie / on sait pas trop. Ses mains écartent une mèche de son front et ses yeux se plongent dans les siens. « Ca marche comme coulisses ici ? J’peux t’embrasser du coup, Reed ? » Elle le fait sans attendre la réponse, ferme ses yeux aux pupilles dilatées, repose ses lèvres sur les siennes pour la seconde fois en bien trop peu de temps. « J’veux juste te souhaiter un bon anniversaire. C’est sur la liste des trucs que j’ai le droit de faire ça ? »

Elle savait qu'elle aurait dû rester au pieu, prétexter qu'elle avait chopé une grippe e dernière minute, une maladie bien contagieuse qui aurait pu duper l'attention de ses parents. Pour une fois, Skylar avait voulu faire preuve de courage, affronter le monde malgré le dégoût qu'elle ressentait pour lui et il fallait bien qu'elle en paye le prix, à un moment donné. La jeune Reed n'aimait pas les gestes affectueux en public, elle avait déjà bien du mal à les gérer en privé parce que tout ça lui rappelait à quel point elle était nulle à chier et incapable de rendre heureuse qui que ce fut. Elle même en premier lieu. Tout tournait toujours trop vite dans sa tête et elle finissait toujours par décevoir les gens qui l'appréciaient. C'était tout le temps le cas avec ses parents après tout et pour sûr que ça finirait de la même manière avec Charlie. Elle l'aimait bien, c'était là tout le problème. Elles s'embrassaient de temps en temps, jouaient les effarouchées deux minutes plus tard et le tout finissait en anarchie totale parce qu'elles étaient toutes les deux des filles à problèmes. De toute manière, elles étaient trop jeunes et les gens parlaient bien trop, surtout ceux de leur âge. Maintenant qu'elle avait osé l'embrasser en plein milieu du hall, Sky était persuadée que les rumeurs allaient aller bon train sur les activités extra-scolaires qu'elles avaient choisi... Et ça la faisait chier, vraiment. Elle détestait qu'on parle d'elle, elle détestait qu'on vienne mettre son grain de sel dans ses affaires et pire que tout, elle méprisait le fait de s'attacher à quelqu'un. Alors, Reed tâcha de garder son regard attendrie pour elle au moment où elle entendit les questions d'une Charlie clairement pas nette. Aucune idée de ce qu'elle avait fait la veille mais ce devait être de l'ordre de l'exceptionnel pour la retrouver avec cette tête là. "Parce que ça intéresse trop les gens tout ça. Puis merde, t'as vu notre âge? C'est quoi l'intérêt de jouer aux petits couples à quinze piges? Personne y croit." Elle ne voulait pas y croire en tout cas, e postant juste devant elle, voyant bien ses pupilles dilatées. Ses yeux bleus, ses beaux yeux bleus qu'elle pourrait regarder pendant des heures sans se lasser mais qui l'énervaient aussi au plus haut point quand elle faisait semblant de ne pas comprendre. "On m'la fait pas à moi. Qu'est-ce que t'as foutu de ta soirée, sans déconner?" Elle était curieuse, pas jalouse... Enfin, elle pourrait l'être mais ce serait abusé vu qu'elle ne voulait pas jouer aux petits couples comme elle le disait si bien. Non, Sky restait stoïque, même si elle sentait les doigts de Charlie écarter une mèche de ses cheveux, elle était séduisante, c'était le gros souci. Et forcément, elle avait beau poser la question, Villanelle s'osa à poser ses lèvres sur les siennes avant d'attendre la réponse, comme si c'était une permission accordée d'avance. "Je sais pas, c'est de la merde les anniversaires. Et pourquoi tu voudrais me le souhaiter en me roulant des pelles en public? Je comprends rien à ce que tu fous, Charlie. On a toujours dit que c'était des bisous comme ça, si ça se trouve, t'aimes même pas les filles en vrai alors... Puis, faut se rendre à l'évidence, vouloir plus avec moi, c'est aller droit dans le mur, tu m'as vu?" Elle haussa les épaules parce qu'elle se sentait réellement désespérante. Elle voulait dire merde à Charlie, arrêter leur mascarade et putain, elle en était incapable parce qu'elle était jolie à en crever avec ses mèches rousses, son sourire d'ange et ses yeux azur puis il y avait le fait qu'une bonne partie d'elle avait quand même envie de découvrir plus que ses lèvres. Franchement, c'était chiant d'être Sky Reed.

Les effets de la drogue ne s’annihilent pas soudainement pourtant le comportement de la rousse connaît un changement radical. Sky lui a dit mille fois pourtant, qu’elle ne voulait pas de tous ces trucs de couple, de mains qui s’enlacent, de petits mots qu’elles se font passer entre les tables. Elle ne veut absolument rien du tout qui pourrait laisser faire croire au reste du monde qu’elles ne font qu’un. Elle ne veut absolument rien du tout de ce que Charlie veut et c’est bien là le problème. Il lui aura fallu attendre d’être stone pour qu’elle prenne le courage de le lui dire cependant, parce que déjà à quinze ans elle n’avait rien d’une grande courageuse, la grande perche rousse. « C’est pas toi qui dit toujours que tu t’en fous de ce que les autres pensent ? J’y crois, moi. J’suis là à quinze piges et j’le serai à vingt et même plus tard. » Elle y croirait en tout cas, si un couple avait au moins le bénéfice d’exister. Aux yeux du reste du monde elles ne sont que deux amis qui étudient dans le même lycée, et malheureusement c’est tout ce que Villanelle semble être aux yeux de Sky. Une amie. Une amie comme y’en a plein, sauf qu’elle elle est facile à repérer avec ses cheveux roux. C’est peut être pour ça que c’est elle qu’elle embrasse sous les gradins du stade d’athlétisme, parce que c’est la seule qu’elle peut repérer facilement quand elle a envie de fourrer sa langue dans la bouche d’un autre.

Pourtant elle ne lâche pas l’affaire à propose de la soirée de la rousse, qui répond d’abord par un simple grognement. Elle sait qu’elle doit lui dire sinon elle ne va pas arrêter de lui poser des questions et tout son intérêt va se porter là dessus alors que c’est loin d’être le plus important. Charlie a envie de lui crier qu’on s’en fout de ce qu’elle a foutu de sa soirée et de toutes celles d’avant, que Sky est la seule à compter. Elle a envie de crier trop de trucs parce que la vie d’ado c’est nul et que personne l’avait prévenu à propos de ça. « Ca va, ça va. J’étais à une fête, c’est tout. Chez Jonas. » Jonathan, John, Jeremiah, Jasper … Jodie ? Un prénom en J, c’est certain. Ou peut être que c’était un E. Merde, elle a oublié. C’est de la faute de Sky, elle est trop proche et ça lui fait tout oublier, parce qu’elle est trop belle aussi ; même si ça se voit qu’elle a envie de la tuer. Heureusement que lorsqu’elle embrasse elle ne voit plus son visage réprobateur et qu’elle se contente seulement de sentir son doux parfum, ça a le mérite de régler tous leurs problèmes.

Et elle parle, Reed, elle parle et les mots ne cessent de résonner dans la pièce et dans l’esprit de son amie. Elle râle longuement à nouveau, s’écarte de sa bouche, croise les bras, fronce les sourcils et se pose un pas plus loin, le dos collé à une porte. « Tu crois que si j’aimais les garçons je passerais autant de temps à essayer de te comprendre ? Non parce que t’es un putain de pain in the ass et pourtant t’es la seule que j’embrasse. Et tu le sais, tu fais juste genre de pas être assez bien. » Y’en a plein des gens qui cherchent à tout prix à embrasser quelqu’un, encore plus dans un lycée. Si elle voulait seulement ça, si elle voulait même plus, alors elle aurait pu aller voir ailleurs il y a longtemps déjà. Le truc c’est qu’elle s’en fout du reste du monde et c’est seulement quand elle voit Sky qu’elle sourit pour de vrai, parce qu’elle a ce truc en plus (et elle parle même pas de son doigt d’honneur légendaire qu’elle balance à tout va). « T’as honte de moi ? » Question sincère alors que noisette et océan se font face.

Ce n'était pas le meilleur jour pour avoir une conversation avec Sky, de base, elle détestait le concept d'anniversaire et voilà que Charlie venait remettre sur le tapis toute cette histoire de relation, de couple et tout le toutim. Autant dire qu'il aurait bien fait la gueule si sa chère amie n'avait pas été complètement défoncée en face d'elle. Là, c'était juste inutile et la conversation s'enlisait dans des expressions mielleuses, le genre de mots que seules des gamines de leur âge pouvaient prononcer en y croyant dur comme fer. Comme si leur relation pourrait perdurer encore des années, tout ça était voué à l'échec et Reed en avait parfaitement conscience. La brune n'était pas faite pour la rousse, elle n'était pas une guimauve comme elle et les bons sentiments, tout ça, ça l'emmerdait royalement. Skylar était bien trop indépendante pour se lancer dans une relation sérieuse qui battrait le cours des années et deviendrait quelque chose de stable et solide. Ce n'était clairement pas ce que ces deux femmes là étaient l'une pour l'autre: elles s'amusaient puis se déchiraient, s'embrassaient sous les estrades du stade et se battaient comme des chiffonniers vingt minutes plus tard. C'était cruel de se traiter ainsi mais elles étaient bien trop jeunes pour comprendre que la vie ne marchait pas ainsi, que des relations saines ne devaient pas être de cet ordre là. "Tu crois pas un mot de ce que tu dis. Dans cinq ans, t'auras trouvé un gars et t'auras oublié tout ça depuis un moment. Ouais, je m'en fous des gens mais j'aime pas qu'on parle de moi, quand même, j'ai pas envie qu'on m'emmerde, j'ai déjà plus le courage." Pourtant, les ragots iraient bon train maintenant que Charlie l'avait embrassée devant quelques badauds. Sky ferait avec, comme toujours mais cette conversation l'usait, elle n'avait pas envie de hurler mais juste de profiter de l'instant, profiter de Charlie avant que le tout reparte en vrille parce que c'était inévitable. "Tu t'es bien amusée? T'as croisé qui?" Une manière comme une autre de lui demander si elle avait roulé des pelles à d'autres personnes durant cette fameuse soirée, ce qui contredisait royalement son discours global. Sky ne voulait pas de relation poussée et pourtant, elle ne pouvait pas accepter que Villanelle puisse s'amuser avec d'autres, joli paradoxe qui allait les tuer à un moment donné. Pour le moment, il fallait éviter que tout cela fasse trop de dégâts, se concentrer sur le baiser de la rousse et ne plus penser à rien. Enfin, jusqu'à ce qu'elle ouvre de nouveau la bouche et que ça foute en l'air Sky. "Je sais pas, Charlie, j'en sais rien moi! Je peux pas savoir tes intentions parce que je fais pas semblant, je suis une sacrée connasse au cas où tu l'avais pas remarqué." Elle venait la cherchait puis elle la jetait deux minutes après, un délire qui ne s'arrêtait jamais mais ça faisait tout de même mal à Sky de la voir lui demander quelque chose du genre. Honte d'elle? Grand dieu, ça allait être compliqué. "Bien sûr que non, j'ai pas honte de toi. T'es la plus belle fille de ce bahut, tout le monde hurlerait pour être à ma place, c'est juste que... J'ai pas l'impression d'être saine pour les autres, je suis pas sûre que je t'apporterais ce que tu mérites en étant avec toi, du genre vraiment avec toi. Tant qu'on s'amuse juste à s'embrasser, ça va, il y a pas vraiment de conséquences mais si on va au delà de ça... Tu vas souffrir, Charlie, c'est donné d'avance." Et même si elle faisait celle qui s'en foutait, Sky ne voulait pas de ça. Pas la faire souffrir. Elle lui caressa la joue avec un demi sourire, si seulement elle avait choisi quelqu'un d'autre qu'elle. Si seulement elle pouvait aimer quelqu'un de bien, pas Sky Reed.

Sky l’embrasse puis Sky s’énerve. La routine. Tout se passe comme d’habitude, même si cette fois ci c’est sûrement un peu plus condensé. Elles attendent au moins une minute avant de passer d’un stade à l’autre, généralement. Là il est question d’une seule seconde. Les deux se chevauchent même à vrai dire, puisque les sourcils de la jolie brune se froncent alors même qu’elle a toujours ses lèvres posées sur Charlie. C’est toujours la même chose avec elles. « C’est bon, je t’emmerde plus alors. » L’euphorie liée aux drogues redescend peu à peu, surtout dans une situation comme celle ci. Ses lèvres se décrochent de Sky contre son gré, elle fait un pas en arrière pour s’assurer de ne pas replonger. La seule drogue qui l’attire pour le moment, c’est elle. C’est toujours elle, parce que y’a personne d’aussi inaccessible dans tout le lycée et personne d’aussi beau et intéressant. Ça n’a toujours été qu’elle, d’aussi loin qu’elle s’en souvienne. Impossible de savoir depuis quand elle s’intéresse à Sky et la drogue n’y est pour rien. Il n’y a jamais eu de début tout comme il n’y aura jamais de fin, c’est en tout cas ce qu’elle aime à penser même si la brune a raison. Tout aura changé, dans cinq ans. Elles auront fait leur vie et plus personne ne se souviendra de l’autre, parce que c’est ce que les adultes font : ils oublient.
La question à propos de la soirée est passée sous silence parce que ce n’est pas du tout ce dont Charlie voudrait parler. Elle y répondra plus tard, quand elles auront oublié tous ces sujets si importants qu’elles ont abordé. Ses mains se retrouvent en l’air ; elle abandonne. Elle abandonne déjà la confrontation parce qu’elle sait que cela ne les mènera à rien et qu’elle ne veut pas se disputer avec Reed. Surtout pas aujourd’hui en ce jour si spécial. On ne se dispute pas les jours d’anniversaire, c’est la règle. Dans le monde de Charlie, on ne se dispute pas tout court non plus parce que cela ne mène jamais à rien de bon. « T’es la plus belle, Charlie. Tout le monde te voudrait, Charlie. C’est pas toi c’est moi, Charlie. J’suis pas assez bien pour toi, Charlie. » Elle limite, lève les yeux au ciel, fait des mimiques de ses mains. Cela ne ressemble pas vraiment à un processus de paix pourtant c’est la seule chose qu’elle se sent capable de faire pour le moment. Si elle n’embrasse pas Sky alors elle lui cherche des noises et elle essaye de jouer à l’adulte censée. Les choses ne changeront sûrement jamais. Elle quitte la partie pour aujourd’hui, abandonne le jeu en plein milieu, ne va pas chercher la sauvegarde qui n’était pourtant plus si loin désormais.
Son épaule frôle celle de Sky et elle déverrouille la porte des toilettes avant de l’ouvrir. Les couloirs sont silencieux, plus personne ne sera là pour les dévisager après leur petit numéro. Il ne reste plus qu’elles, si petites au beau milieu de cette université. « Viens on sèche. On sort de là. On sort où tu veux, comme ça personne parlera de toi. Je respecte une distance de sécurité même, celle que tu veux. » Le problème ce sont ces murs qui les entourent et toutes les règles qu’elles s’inventent en plus de celles de la société. Quand elles ne sont que toutes les deux elles ne sont plus les mêmes, ou plutôt, elles sont elles mêmes.
De toute façon Charlie est trop high pour assister à n’importe quel cours.

Les conflits, c'était son dada. Sky avait bien du mal à les éviter avec son caractère de feu et ses manières de rustre. En fait, elle adorait emmerder le monde, faire croire aux gens qu'elle n'en avait strictement rien à foutre de leur tronche, c'était quelque chose de parfaitement grisant à ses yeux. C'était aussi un putain de mensonge si on regardait de plus près parce que Sky portait de l'intérêt à pas mal de gens et Charlie faisait partie de cette catégorie. Elle se rappelait très bien de la première fois où elles s'étaient embrassées toutes les deux, son coeur avait fait un bond dans sa poitrine et c'était vite devenu la plus intense des drogues à ses yeux. L'effet ne s'était pas estompé avec le temps, même si elles ne faisaient que ça, s'embrasser puis se foutre en l'air avec des mots horribles. Ce jour-là ne faisait pas exception, c'aurait été trop facile, même si c'était l'anniversaire de Reed et qu'il était hors de question de passer pour une rabat-joie. Trop tard, c'était fait parce que Charlie s'offusquait, qu'elle arrêtait le conflit avant même qu'il ait commencé, il reviendrait bien assez tôt. Ce fut au tour de Sky de croiser les bras en entendant son imitation, une moue vexante se posant sur ses traits parce qu'elles en revenaient toujours à ce genre de discours. C'était vrai pourtant, Charlie était bien mieux qu'elle et surtout sans elle mais la rousse avait bien du mal à comprendre tout ça. "Arrête, Charlie. Je pense à toi, c'est tout." Elle pensait à elle tout le temps et c'était problématique. Sky avait envie de l'évacuer de son système avant de faire une trop grosse connerie mais elle n'y arrivait jamais vraiment. La brune finissait toujours par se ramener quand la belle Villanelle l'appelait parce qu'elle était accro à ses lèvres et que si elle continuait sur ce chemin, elle serait vite aussi accro à son corps. Elle n'avait que quinze ans, n'aurait pas dû se formaliser de ce genre de choses mais c'était évident que les hormones avaient leur rôle à jouer dans tout ça. En attendant, Charlie l'invitait à sortir des toilettes, voire carrément du lycée, une aubaine pour Sky qui n'était pas charmée par l'idée d'aller faire des mathématiques avec cette humeur. "Je m'en fous de la distance. Mais ouais, on se tire. T'as une idée d'où aller pour mon anniversaire? Au pire, ce sera toi mon cadeau. Toi, et le parc derrière le bahut, y a jamais personne." Elle se remettait à sourire, comme si tout était oublié en un claquement de doigts. Elle attrapa Charlie par la main et se mit à courir dans le couloir, ouvrant la porte à la volée pour faire le tour de l'établissement à la va-vite. Arrivée à destination, Sky se laissa choir dans l'herbe, là, allongée, elle regardait le ciel avant de poser son regard sur sa partenaire. "Allez, viens là. J'ai envie de te faire un câlin." Elle lui ouvrait les bras, plus sereine quand elles ne parlaient pas de leur relation, c'était du Sky de grande envergure, l'emmerdeuse habituelle et dans l'affaire, Charlie était à plaindre parce que c'était à elle de la supporter, elle et ses sautes d'humeur, elle et ses hormones à la noix d'adolescente de quinze piges.

Leur discussion n’a aucun sens, comme toujours. Chacune veut plus et chacune repousse l’autre, alors elles finissent par faire un pas en avant et trois en arrière. C’est la routine, cela pousse Charlie à laisser les paroles de la brune sans réponse. A quoi bon lui rétorquer un “je pense à toi tout le temps” alors que leur relation est vouée à l’échec. Elles n’ont même pas de relation à proprement parlé, parce que fourrer sa langue dans la bouche de l’autre cela ne mène à rien. C’est simplement un passe temps. Avant elles jouaient à garçon contre fille et maintenant elles font de l’apnée. Plus tard elles s’amuseront encore autrement avec des personnes bien différentes. Elles s’oublieront et elles apprendront à s’aimer avant d’en aimer d’autres. C’est la théorie en tout cas. C’est ce que leur rabâchent tous ces films à la télé. Les films n’ont pas le droit de mentir, surtout pas ceux de Noël dans lesquels les âmes sœur finissent toujours par se retrouver et ne faire qu’un. Comme dans la légende de Prométhée qu’elles ont étudié. Charlie se moque bien d’être ou non l’âme soeur de Sky (et le fait qu’elle ne cesse de la repousser la laisse croire qu’on penche plutôt pour le “non”), tout ce qu’elle veut c’est qu’elle soit heureuse. Si elle peut être heureuse sans galocher quelqu’un d’autre devant elle, ça serait encore mieux.
Pour le moment il n’est question que d’elles s’en allant loin de ces murs de malheur et de ces cours soporifiques. Elles, main dan la main, qui courent aussi vite que possible vers ce parc que Sky a évoqué. Un parc, de l’herbe, des fleurs. Un petit coin de paradis, un petit cocon juste pour elles seules alors que tout le monde est encore en cours ou endormi. « Mais moi j’suis pas trop un cad - » qu’elle avait pourtant essayé de dire avant que la brune ne l’entraîne dans cette aventure et que Charlie plaque la main libre sur sa bouche pour ne pas qu’elle crie de joie. Oublié, le ton qui montait dans les toilettes. Oublié, cet ego brisé et ce manque de confiance envers soi même et le reste du monde. Tout est encore plus oublié quand elle accepte de la prendre dans ses bras et surtout qu’elle le lui demande. Elle formule cette envie de la prendre dans ses bras et bien sûr que la rousse est incapable de lui résister, parce que c’est Sky. Elle ne peut rien lui refuser, encore moins quand elle lui sourit comme elle le fait en ce moment. Elle est si belle. Un pas de plus en sa direction et la rousse pose sa tête près de son cou, laisse ses bras l’enlacer au niveau de la taille alors que ses doigts se rattachent à ses côtes. « Désolée. C’était pas supposé être aussi fort ce truc. Je pensais que je fumais une clope. » Parce qu’elle était déjà bête et naïve à quinze ans et que ça ne changera pas, mais aussi parce que c’est bien plus simple de remettre toute la cause de cette dispute sur la drogue.
L’étreinte s’arrête et Charlie s’allonge dans l’herbe, intime Sky à en faire de même pour que leur tête restent côté à côté et leurs pieds aux opposés. « Y’avait pas de gens que je connaissais vraiment. J’y suis allée avec une amie et je l’ai perdu ensuite alors j’suis juste restée là où y’avait du monde tu vois. J’espèrais que t’aurais été là parce qu’on aurait pu être au calme dans un coin. Il y avait une piscine aussi, comme dans les film américains sauf que là personne n’a poussé personne. Toi je suis sûre que t’aurais le poussé le premier qui t’aurait regardé de travers. » Son sourire s’élargit, elle garde les yeux rivés sur le ciel alors que le soleil brûle ces derniers. « Tu m’apprendras à faire des doigts d’honneurs comme toi un jour ? »

Elles avaient juste besoin d'arrêter de parler de tout ça. A chaque fois que les deux adolescentes en arrivaient à ça, mettre un droit sur ces moments qu'elles partageaient, tout était gâché et il fallait des heures pour qu'elles retrouvent une dynamique plus saine. Sky n'avait plus envie de se prendre la tête pour le moment, pas quand il faisait aussi beau dehors et que sa jolie rousse avait l'air de revenir à elle peu à peu. La drogue lui faisait un effet de malade, maintenant, Reed commençait à regretter de ne pas s'être rendue à cette soirée. Elle faisait tout pour rendre ses parents tarés ces derniers temps alors, faire le mur pour fumer des joints avec d'autres adolescents en rut aurait été une occasion parfaite. Elle était restée chez elle néanmoins, mais ce n'était pas si grave puisqu'elle pouvait enlacer Charlie, là, dans le parc derrière leur bahut. Elle sentait bon, c'était une constante qu'elle avait tendance à oublier quand elle avait envie de lui hurler dessus mais Sky adorait ça. Elle aimait également sentir son coeur battre contre le sien quand elles étaient collées l'une contre l'autre, ça lui donnait encore plus l'envie de l'embrasser. Pourtant, elle résista à ce désir un peu fou pour s'allonger dans l'herbe, la tête tournée vers Villanelle. Maintenant, elles pouvaient parler de choses de leur âge, sans risquer de s'entre-tuer à cause d'un désaccord sur l'issue de leur pseudo relation. Sky n'avait pas envie de la lâcher, elle avait juste envie de la dévorer du regard jusqu'à ce que la sonnerie de fin des cours retentisse. En attendant, la paix. Et juste la voix de la rousse qui brisait le silence et Sky aimait ça aussi, quand elle lui racontait ce qu'elle faisait quand elles n'étaient pas toutes les deux. Reed s'autorisait à lui sourire parce qu'elle se demandait bien ce qu'elle aurait fait si elle s'était pointée à cette soirée apparemment endiablée. "J'ai raté l'événement de l'année alors. Des joints de ouf, une piscine, mais pourquoi je suis pas venue, bordel? En plus, j'aurais pu t'emmener dans une des chambres et profiter un peu de tes lèvres, j'ai vraiment foiré sur toute la ligne. Mais je suis contente que tu te sois amusée quand même." Elle fronça son nez en la regardant, rieuse. Sky pouvait être douce parfois, contrairement aux rumeurs qu'on colportait sur elle. Il suffisait juste de gratter un peu cette surface très rigide qu'elle avait, par peur de laisser les gens entrer. C'était trop tard, elle avait laissé entrer Charlie de toute manière. "Ouais, je l'aurais jeté et je lui aurais dit des mots doux par dessus le marché. Y a toujours des connards pour venir te faire chier en soirée. Personne t'a emmerdé j'espère, hein?" Sa main vint caresser sa joue une petite seconde avant qu'elle ne la ramène vers elle, un léger rire s'échappant de ses lèvres en entendant la demande de la rousse. "Bah regarde, c'est simple. Tu fais un regard très méchant, comme ça et là, bim, tu sors l'arme imparable." Sky mima son fameux regard en sortant son doigt d'honneur, heureuse de pouvoir partager dans un domaine où elle excellait. Puis, elle resta silencieuse en posant sa tête sur son coude, regardant la silhouette de Charlie et constatant les reflets du soleil dans ses yeux azurés. Son coeur manqua un battement de cette vision forcément. "T'es tellement belle, Charlie." Ses mots lui avaient échappé et Sky ne s'était même pas rendue compte qu'elle les avait dit, comme quoi elle devait absolument garder son filtre habituel, en toutes circonstances. C'était une question de survie, vraiment.

« Hey, moi aussi j’aurais pu profiter de tes lèvres ! » Elle réplique, rigole de leur insousiance, ne se rend pas compte de ce qu’elle dit. C’est Sky de toute façon, elle ne la jugera jamais. Elles jugent le reste du monde ensemble, s’assoient sur un banc et notent des inconnus à partir de critères totalement aléatoires. Elles font ça régulièrement et elles le font bien en plus, parce que c’est leur truc à elles et tant qu’on ne leur demande pas de rentrer dans les codes de la société elles arrivent à s’épanouir. Elles auraient pu se rejoindre à une soirée dans le seul but de trouver une chambre dans laquelle s’enfermer et passer un moment en tête à tête, ça aurait été typiquement leur genre. « C’aurait été mieux si t'avais été là, n’empêche. » Charlie ne peut pas s’empêcher de lui faire part de cette pointe de remords. Elle n’en veut pas à son amie de ne pas être venue puisqu’après tout elle n’a pas pensé à l’inviter. Elle pensait naïvement qu’elle serait là parce qu’elle est toujours là à toutes les soirées. Elle pensait aussi que Sky avait développé un don de télépathie entre temps, qu’elle savait que tout ce que Charlie désirait c’était de la voir elle. La rousse n’en a rien à faire de l’alcool, des cigarettes ou de toute la drogue qui pourrait traîner. Cela ne l’intéressait pas du tout à ce moment là. Ca l’effrayait même, et seule Reed était là pour elle. « Personne m’a embêté. J’ai pas osé parler à grand monde non plus. » Les langues se délient alors que ses yeux lâchent le ciel pour venir plonger dans les siens. Sa tête se retourne dans l’herbe encore fraîche, ses cils se batant contre les tiges. Le visage de son amie, illuminé, la fait sourire. Elle se montre rarement sous cette facette ci, préfère être la fille renfermée parce que c’est plus facile de rejeter tout le monde que de les accepter et se préparer à souffrir. Charlie ne la juge pas. Elle l’a accepté elle et c’est tout ce qui compte à ses yeux. Elle peut rire, pleurer ou insulter qui elle veut quand elle est avec Villanelle, parce que jamais elle ne sera jugée. Pas elle. Si un jour elle décide de vouloir tuer quelqu’un, la rousse lui demandera seulement si elle a prévu le bonnet pour ne pas laisser ses cheveux sur la scène du crime et ajoutera de prévoir une seconde paire de gants pour elle.
Sa démonstration la fait rire parce que la Reed n’impressionne plus vraiment personne maintenant qu’elle sourit, allongée dans l’herbe verte. « C’est mieux quand c’est toi qui le fait. On pourrait faire une super équipe. » La main de Charlie retourne chercher celle de Sky dont les doigts s’étaient aventuré sur sa joue. A defaut de la ramener sur sa peau, elle se contente de la laisser entrouverte et d’en caresser doucement la paume, du bout de ses ongles. « J’appâte nos victimes en souriant et toi tu te caches derrière la porte et bouh, tu leur fais leur peur du siècle. T’auras le droit d’en insulter quelques uns mais pas tous, sinon ça ne sera plus drôle. » Son plan diabolique exposé à son amie, elle se laisse bercer par le silence qui les envahit peu à peu. Ca leur arrive aussi, parfois, de n’avoir ni envie de s’embrasser et encore moins de se disputer. Ces moments d’intimité sont rares entre les deux jeunes femmes aux tempérament opposés mais toutes deux savent les apprécier à leur juste valeur. « Toi aussi Sky, si tu savais à quel point. » Ces mots sortent à peine de sa bouche alors que la pudeur l’envahit et que ses joues tournent au rosé. Il est bien rare qu’elles se disent de pareil choses, même quand elles ne sont que toutes les deux. C’est pourtant au tour de la main de Charlie de s’approcher du visage de la brune, d’écarte une mèche de ces cheveux bouclés et rebelles en dehors de son visage. « Tu crois qu’on pourra être comme ça pour tous tes anniversaires ? Je te les souhaite même pas si tu veux. Mais juste toi et moi, comme ça, sans personne pour nous juger. Parce que moi j’aimerais beaucoup que ce soit le cas. »

Ce petit quelque chose entre elles paraissait fou, bien souvent ingérable et Sky le savait. Elle n'aurait pas su dire comment tout cela avait débuté, certainement une soirée comme une autre où elle avait bu plus qu'elle n'aurait dû. Et dans un élan de folie, elle avait approché ses lèvres de celles de Charlie puis elle l'avait embrassée. L'addiction était née et depuis, plus moyen de s'en défaire mais pas non plus moyen d'accepter que ce lien puisse être plus fort que cela encore. Être avec quelqu'un, jouer au couple, c'était quelque chose qui l'effrayait trop parce qu'elle n'avait pas envie de changer ou bien de se conformer aux attentes de la société. Au fond, Reed était juste une anarchiste de base, le genre de filles à détester le système et à tout faire pour le gripper alors que c'était con, elle aurait juste pu en profiter comme tout le monde. Sky restait Sky et elle ne voulait donner raison à personne, pas même à Charlie alors qu'aucune âme vivante n'était dupe sur ce qui se tramait entre les deux adolescentes. Un jour ou l'autre, elle craquerait et lui dirait oui. Juste oui, sois mienne et moi tienne, peu importe, on s'en fout parce que je te veux juste toi et maintenant, sans chercher à réfléchir sur le lendemain. Elle se réveillerait certainement avec la boule au ventre d'avoir pris un tel engagement, elle ne le tiendrait pas, ce n'était pas la personne qu'elle était. En attendant, la jeune brune pouvait se contenter de refaire le monde avec Villanelle ou tout du moins se refaire le fil d'une soirée qu'elle avait raté, alors que les opportunités auraient pu être alléchantes si elle avait fait le mur une fois de plus. "Disons qu'on en aurait profité toutes les deux, dans ce cas." Elles passeraient peut être un cap un jour et c'était évident qu'une soirée arrosée ne les aiderait pas à l'empêcher. Pour le moment, elle restait à se regarder avec des petits coeurs au fond des prunelles et c'était déjà bien assez à gérer pour Skylar, l'âme errante de base. "J'aurais mis l'ambiance, ouais. Ou je nous aurais fait virer de la soirée en moins de deux, va savoir... Mais ouais, j'aurais dû faire le mur, merde." Elle aussi aurait pu fumer un bon joint et se détendre, ça n'aurait pas été plus mal vu à quel point elle ne supportait plus ses parents ces derniers temps. S'évader, voilà ce qu'elle aurait voulu mais c'était impossible. Pour le moment, elle pouvait juste le faire dans ses pensées en regardant Charlie et se dire qu'elle avait de la chance d'être avec elle à cet instant précis. "C'est dommage, Charlie. Les gens t'adoreraient si t'osais plus... Après, je vais pas m'en plaindre, comme ça, tu restes plus avec moi." Voilà qu'elle se la jouait territorial mais c'était un fait, Sky ne supporterait pas de voir Charlie trop proche d'autres parce qu'elle la voulait rien que pour elle et c'était purement égoïste de sa part. Elle se détestait d'ailleurs pour ça mais elle n'en disait rien, préférant partir dans des mimes ridicules sous le regard amusé de Charlie. "Hum, ça c'est un plan que j'adore. Tout ce qui consiste à faire chier les gens de toute manière, c'est mon dada." Elle ne commentait pas le fait que Villanelle était le parfait appât parce qu'il était hors de question de se lancer sur une pente glissante, même si, deux secondes plus tard, elle craquait. L'idiote. Lui dire ça, complètement paumée dans la contemplation de ses iris bleutés et voilà qu'elle dérivait parce que la réalité était ainsi, sa beauté plus à prouver depuis un moment et ça la rendait dingue. "J'ai pas tes beaux yeux bleus. Et ton petit sourire là, trop craquante." Il fallait qu'elle continue parce que Sky avait perdu la bataille contre la petite voix dans sa tête mais dans le fond, elle était juste bien avec elle, à la regarder, à poser sa main sur la sienne et se mettre à rêver en sa compagnie. "Je pense, oui, qu'on peut être ce qu'on veut toi et moi. Et moi, ça me plaît qu'y ait personne autour de nous. C'est toujours comme ça que je nous préfère." Les gens l'emmerdaient et lorsqu'elle était en tête à tête avec sa jolie rousse, Sky était plus détendue, la preuve, elle approcha son corps du sien et colla son front contre le sien, sa main caressant sa joue alors qu'elle fermait les yeux. Là, elle était bien. Là, elle se sentait heureuse. "Je suis désolée si je suis horrible avec toi, parfois. Je me contrôle pas." Et elle savait que ça lui faisait mal. Elles étaient deux à souffrir de ça, de ce caractère de merde qu'elle avait et Sky approcha timidement des lèvres de Charlie pour se faire pardonnant, venant juste les poser contre les siennes, délicatement. Pardon, ma rousse, pardon.

Elle aime tellement Sky quand elle est comme ça et qu’elle abandonne toutes ses barrières parce qu’elle sait qu’elle ne craint rien avec Charlie. Elle préfère mille fois la voir souriante et heureuse ainsi plutôt que de constamment essayer de paraître la plus forte. Bien sûr qu’elle est la plus forte, c’est Sky Reed. Bien sûr qu’elle aime le prouver encore et encore au reste du monde, mais cela ne sert plus à rien face à la rousse. Elle sera toujours sa marginale, sa lionne, celle qui fait les plus beaux doigts d’honneur de tout le pays et qui a le don de s’attirer les foudres de toute l’université. Elle marche constamment sur des oeufs, les écrase toujours et pourtant elle s’en sort, parce que contrairement à ce qu’elle dit c’est elle la plus belle fille de l’université. Ca a toujours été elle et ça le sera toujours, c’est immuable. Pourtant la jolie brune éprouve des regrets et Charlie ne peut pas supporter le fait d’en être la cause, alors elle tente au mieux de trouver quelque chose pour la rendre heureuse. « Tu veux qu’on sorte ce soir ? Qu’on fasse le mur toutes les deux ? On est plus à ça près mais c’est toi qui décide de tout aujourd’hui. » Cette soirée là sera assurément bien meilleure que celle de la veille parce que cette fois ci Charlie sait qu’elle aura quelqu’un à qui parler, et pas des moindres. Elles pourront se poser à l’autre bout de la piscine, laisser leur pied dans l’eau éclairée par des néons incrustés dans la pierre et mieux observer le reste des invités tout en sirotant gaiement leur infâme cocktail d’on ne sait trop quoi. Leur cuisse se frôleront à peine parce qu’elles seront en public, mais ce n’est pas grave. Tant qu’elle est à côté de Sky elle peut se contenter de peu, même si elle ne peut pas l’avoir pour elle seule. Les deux pestes en viendront rapidement à se chamailler, à doucement s’éclabousser et enfin ça sera au jeu de qui arrivera à noyer l’autre la première. Petit indice : ce seront des cheveux roux que l’on trouvera au fond de la piscine. « Si jamais on se fait virer alors on fera une contre soirée. Chez moi, Bayside, l’océan et la plage. Je trouve honnêtement que c’est un très bon plan. » Maintenant qu’elle l’énonce à voix haute, ce plan de secours devient encore meilleur que celui de base. Charlie pourrait amener à boire et Sky à fumer, parce que même dans les plans foireux elles forment un super duo. Elle n’aurait qu’à dire qu’elle va dormir chez son amie et la couverture de la brune serait assurée. La mère de Charlie sera absente, les laissant ainsi dans une liberté des plus totales pour le bon comme pour le pire.
Alors que les plans machiavéliques de future domination du monde germent dans l’esprit de Villanelle, son amie ne cesse de la regarder avec des yeux tendres et de la complimenter sans cesse. A vrai dire, si la rousse sourit c’est avant tout parce qu’elle évoque ses désirs de la garder pour elle seule sans ne jamais avoir à partager, et ça c’est ce qui ressemble le plus à un couple. Il n’y a pas le mot clé mais il y a tout le reste, alors Charlie sourit, encore et toujours. Trop craquante. La rousse rigole, fronce le bout de son nez, gênée par tant de compliments les uns à la suite des autres. « C’est à cause de toi que je souris. » Ce n’est que la pure vérité. Sky Reed, la source de tous ses sourires et de toutes ses larmes. Pourtant la brune continue, tente de trouver un sens à leur duo et cela ne fait qu’attrister Charlie sans qu’elle n’en montre rien. Non, elles ne peuvent pas être ce qu’elles veulent, c’est faux. Sky se ment à elle même, implante des espoirs impossibles dans l’esprit fou de Villanelle. Elles n’ont pas le droit d’être qui elles veulent, parce que société, parce que règles, parce que préjugés, parce que peur de l’inconnu. Homophobie. C’est le mot sur toutes les lèvres, celui qui brise le coeur parce qu’elles ne sont que des gamines qui ne devraient pas avoir à être le vecteur de la haine de qui que ce soit. Si l’une d’elles avait été un garçon tout aurait été bien plus simple, on les aurait trouvé craquants. Pour le moment, Charlie ne peut que s’accrocher au corps de Sky qui se rapproche du sien et à leur front collés, leurs yeux qui se ferment naturrelement. Elle sent sa main caresser sa joue, vient y aposer la sienne par dessus, laisse glisser ses doigts sur son poignet. Tant pis si personne n’est un garçon parce que c’est seulement avec elle qu’elle veut vivre ça.
Elle sourit face à la délicatesse soudaine de son amie, va cependant plus loin que leurs lèvres se touchant à peine. Elle l’embrasse réellement, voilà ce que fait Charlie Villanelle avec Sky Reed. Elle lui montre à quel point elle tient à elle et à quel point elle aimerait qu’elles soient toujours rien que toutes les deux, rien que pour ces moments là. « T’es pas horrible alors tu n’as pas à t’excuser. » Elle est la plus belle personne sur cette Terre, même si elle lui brise le coeur quotidiennement. Elle finit toujours par le réparer, et c’est ce qui compte.
« C’est moi qui suis horrible et la pire petite amie du monde, je t’ai même pas offert de cadeau. Je te ferai un gâteau et je te l’amène demain. Il ne sera pas bon mais ça sera caché par plein de colorants et tout l’amour que j’aurais mis dedans. » Elle sourit tendrement, dépose un baiser sur son front avant de se poser près de ses lèvres à nouveau.

La vie était compliquée pour des adolescentes comme elles. A leur âge, il était obligatoire de rentrer dans des cases, surtout celles qu'on décidait toujours pour les femmes: être jolie, se taire, tout faire pour faire plaisir aux garçons et ne jamais faire de vagues. Sky ne rentrait dans aucune de ces catégories, pire encore, elle passait son temps à tâcher de les briser. Jusque là, elle était restée dans un combat passif, se mettant à hurler contre une société patriarcale mais sans aller beaucoup plus loin que des paroles en l'air. Maintenant qu'elle avait quinze ans, elle passait à une toute nouvelle étape. Certains jours, elle décidait que se faire belle, ça l'emmerdait royalement alors elle n'en faisait rien. Se taire? Elle n'en avait jamais été vraiment capable et les garçons, et bien, ce n'était clairement pas sa priorité depuis la puberté. Ce qui lui plaisait avant tout, c'était ça, les jolies courbes féminines de sa Villanelle, ses pommettes si douces et son sourire angélique. Les filles, voilà ce qui l'attirait en premier lieu et même si elle ne se posait pas beaucoup de questions sur sa relation aux hommes, elle n'en avait jamais trouvé un suffisamment plaisant pour qu'elle tente l'expérience d'un baiser avec lui. A l'heure actuelle, la jolie rousse accaparait toute son attention de toute façon. Matin, midi et soir, Reed avait envie de la voir, de faire danser ses lèvres contre les siennes et la prendre dans ses bras. C'était encore parfaitement innocent parce qu'elles étaient jeunes et que tout ça effrayait bien trop Skylar mais elle savait qu'un jour ou l'autre, un pas serait sauté et il n'y aurait plus de retour en arrière possible. Elle ne pourrait plus faire semblant d'être une poupée à la merci des hommes et à la place, la belle brune se contenterait de leur faire de jolis doigts d'honneur pour leur faire comprendre qu'elle ne leur appartenait pas le moins du monde. En attendant, Sky se devait sûrement de remercier le bon Dieu de l'avoir mise sur le chemin de Charlie parce qu'elle l'attendrissait, la rendait plus belle et faisait battre son corps plus fort, quoiqu'elle puisse en dire. "L'idée d'une soirée est tentante mais je crois que je préfère la deuxième option. Toi, moi et l'océan, juste ça. C'est parfait comme cadeau d'anniversaire." Elle ferait le mur dans tous les cas puisque ses parents n'acceptaient pour ainsi dire jamais qu'elle puisse se rendre chez des amies à heure tardive alors, s'il savait que leur fille adorée embrassait son amie à pleine bouche, pas sûr qu'il ne la ferait pas interner la minute suivante. C'était le petit jardin secret de la petite Reed, celle qui était couchée dans l'herbe aux côtés de sa belle rousse, corps presque contre corps, sourire aux lèvres et yeux dans les yeux. Elles étaient bien là, à n'avoir à penser à rien du tout qu'à cet instant de bonheur, loin de leur dispute de tantôt. "Grâce à moi, du coup, non?" Elle lui fait un clin d'oeil, s'approchant encore et encore, toujours plus dangereusement mais cette jolie fille lui donnait tant de papillons dans le ventre, ce que Sky essayait d'éviter à tout prix depuis des années. Il n'y avait pas grand chose à faire contre cela, surtout pas alors qu'elle sentit la main de Charlie se poser sur la sienne, là, contre sa joue délicate et elles se regardèrent un petit moment. Puis, un baiser. Long. Langoureux. Fiévreux, peut être même. Il s'arrêta seulement pour que Charlie répète qu'elle n'avait pas prévu grand chose pour son anniversaire mais Sky aimait mieux ça à vrai dire. La simplicité d'un moment toutes les deux, sans ce putain de monde qui cherchait à les briser à tout prix parce qu'elles ne rentraient pas dans le moule prévu pour elles. "Je te dis, j'ai pas besoin de plus d'attentions, Charlie. Notre soirée ensemble, ce sera amplement suffisant, je voudrais pas que tu te blesses avec le four ou quelque chose du genre. On va pas cuisiner, hein? Juste des chips, de quoi boire et fumer, ce sera très bien." Elle déposa un petit baiser sur son nez avant de venir enfouir son visage dans son cou, se sentant tellement bien quand elle était si proche d'elle. Dommage qu'elle foute tout en l'air à chaque fois, question de principe avec Sky Reed.

Toi, moi, l’océan.
Cette douce mélodie résonne dans l’esprit de Charlie comme la soirée parfaite par excellence. Juste elles deux, à s’aimer et se chamailler dans la même minute, à rêver d’infini toujours plus immense. Elles s’entendront toujours sur ça, au moins, ces filles de Brisbane. Sans aucun doute que c’est effectivement grâce à Sky qu’elle a cet immense sourire. Les lippes de la rousse sont souvent étirées mais jamais autant qu’en la présence de son acolyte si particulière. Elle a ce don de tout lui faire oublier, de la faire rêver comme personne et ce peu importe le contexte. L’assurance de la brune la fait sourire, elle se contente de lui répondre avec une moue faussement boudeuse “Mouais, peut être …” Oui, assurément. Le reste du monde n’existe plus quand Sky est à ses côtés car rien n’est aussi important qu’elle dans son doux coeur. Elle ne prend même pas gare à l’herbe dont l’humidité traverse peu à peu ses vêtements. Cela n’a encore moins d’importance lorsqu’elles s’embrassent doucement, langoureusement, passionnément. “Des chips, ça me paraît être un super repas.” Charlie hoche la tête, émue à la simple énonciation de son souhait que personne ne soit blessé. Elle sait très bien, Sky, que son amie est la fille la plus maladroite de l’univers. Cela fait parti de son charme, sans doute. Heureusement que la brune fait contre-poids dans leur duo et qu’elle a, en apparence du moins, la confiance de cent hommes.

Toi, moi, l’océan. Chips, boire, manger. Plan parfait.

Le moment le plus parfait reste l’instant présent, surtout lorsque c’est Sky qui est la première à montrer des signes d’affection, à déposer un baiser sur son nez et à venir poser sa tête dans son cou. Charlie pose son menton dans ses cheveux, sourit alors même que personne ne la voit, rapproche une ultime fois son bassin du sien jusqu’à ce que leurs os se touchent. La rousse libère sa joue pour venir passer la même main dans sa nuque et laisser ses doigts remonter le long de ses jolis cheveux bouclés et de les lui masser doucement. “On pourra toujours dire que les bougies seront les pétards.” Quinze pétards, ça fait beaucoup ceci dit. Sans doute s’en tiendront-elles à un nombre aléatoire de bougies dans le seul but de marquer le coup. “C’est peut être mieux qu’on reste comme ça, t’as raison. J’ai l’impression qu’on est des agents doubles ou quelque chose comme ça. Je te dis sûrement ça parce que je suis encore défoncée par contre.” Le souffle léger de son rire se perd dans les cheveux de la brune dont le parfum remonte à ses narines. Ces instants là valent mieux que n’importe quel cours, que n’importe quelle étreinte avec qui que ce soit d’autre sauf peut être ceux de Terrence (du temps où ils se parlaient encore). “On peut aller chez moi en attendant si tu veux. Y’a toutes les chips de l’univers.” Ca évitera l’herbe mouillée et repoussera le moment où les grains de sable commenceront à s’immiscer dans tous leurs vêtements. Elle sait aussi que sa mère ne remarquera pas leur présence et qu’elles pourront rester au calme, le temps pour les pupilles de Charlie de revenir à leur taille normale. “On peut aussi y trouver des bouteilles si tu montes la garde.” Comme dans les films. La rousse a toujours rêvé de faire ça. Elles iront à la plage ce soir au moment où le soleil se couchera et s’éclaireront seulement à la lumière du feu consumant leurs joints. Le plan parfait avec la parfaite personne.