There is a swelling storm and I'm caught up in the middle of it all and it takes control of the person that I thought I was, The boy I used to know. But there, is a light In the dark, and I feel its warmth, In my hands, and my heart. Why can't I hold on?
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Les oranges avaient plus de vitamines mais il fallait les presser tous les matins en sortant du lit, et si Lonnie n’avait déjà pas la force de se faire couler un café avant de partir au boulot il n’aurait certainement pas le courage de sortir le presse agrumes – si seulement il en avait un – du placard avant de perdre du temps et de l’énergie à découper des oranges puis à la presser. Sur la liste de course écrite d’une main peu rassurée il avait quand même noté entre parenthèses (3 oranges = 10 cl de jus !) en évitant soigneusement le regard de sa mère qui le suspectait de ne pas écouter une seule de ses recommandations. Mais tout de même, il avait fait l’effort de mettre de son panier autre chose que de la bière et des plats préparés, et ça c’était une avancée dans sa vie. Certes il ne savait pas encore comment faire pour bien choisir son melon et pas assez de confiance en lui pour prendre des poireaux qui finiraient par pourrir quelque part dans son frigo mais maman serait sans doute fière de le voir ainsi arpenter les rayons du supermarché avec un petit panier à la main là où, d’habitude, il se contentait de jeter sous un bras un pack de douze. « Et tu penseras bien à changer de savon, celui-ci te donne la peau sèche. » Dans le rayon des produits d’hygiène il avait tourné en rond, coincé entre le déodorant et le dentifrice, sans jamais trouver autre chose que du savon en tablette dont seules les personnes âgées avaient l’utilisation. Le flic faisait tout pour éviter le sujet fâcheux ainsi que le regard inquisiteur de Gail qui se doutait bien que son gamin lui cachait quelque chose mais qui était trop bien élevée pour essayer de lui tirer les vers du nez, elle le ferait avec Finn lors de la prochaine visite du rouquin. Mais même en évitant le sujet il fallait tout de même trouver de quoi parler pendant une heure, et quand Lonnie avait évoqué son frigo vide la matriarche avait sauté sur l’occasion pour donner à son fils une liste longue comme le bras de produits alimentaire et autres afin de lui faire ‘perdre un peu de poids’, selon ses mots.
Finalement il avait opté pour un gel douche 4 en 1 au nom typiquement vendeur tel que ‘virilité boisée’ avant de se rapatrier vers le rayon des chips qu’il connaissait par cœur. Ça n’était pas sur la liste, remplacé par un ‘houmous + carotte’ écrit d’une main hésitante qui surplombait le fameux ‘steak de soja’ dont sa mère vantait les mérites depuis que la prison avait organisé une journée végétarienne, mais Lonnie était grand pour décider si oui ou non il avait envie de se boucher les artères en mangeant gras devant la télé, n’en déplaise à mère Hartwell. La main enrobant un énorme paquet de chips au vinaigre le flic s’était dirigé vers la caisse d’un pas rapide afin d’éviter la mère de famille, et son caddie rempli à ras bord de couche culotte et de petits pots pour bébé, qui tentait de calmer trois enfants en bas âges rendu excités par tout le sucre qu’ils avalaient. Après un sourire timide à la caissière qui essaya de lui vendre la dernière promotion sur les crèmes antiride Lonnie avait retrouvé le calme de sa voiture toujours aussi mal garée sur le parking, s’imaginant déjà le visage d’Ashy si jamais elle reconnaissait la ‘virilité boisée’ au court de leur rencontre ce soir. Pas qu’il en est quelque chose à faire, de son avis … enfin peut-être … Mais là n’était pas la question. Même si cette rencontre n’avait rien de plaisante pour le bleu il se voulait quand même d’être un minimum présentable quand il demanderait à la conseillère des explications quant à son intrusion dans la vie de Leah. Parée de ses bonnes volontés et de son sourire timide Romy avait creusé son trou dans la vie du fic sans lui demander son avis, sympathisant avec ses amis, essayant de contacter son frère alors que Lonnie tentait désespérément de renouer un lien avec lui … bref, elle faisait tout et n’importe quoi pour que le flic cède sous la pression. Et c’était ce qu’il avait fait, en quelque sorte, en acceptant de parler à Harvey. Un point pour Ashby. Effaçant d’un mouvement de la tête la pensée que la blonde s’était uniquement servi de lui pour mener à bien sa barque Lonnie avait démarré la vieille bagnole non pas sans faire sursauter une grand-mère quelques mètres plus loin.
Arrivé devant le Canvas un peu en avance le flic avait préféré attendre dans sa voiture plutôt que de prendre le risque de sortir et ainsi de prendre froid et d’avoir à sortir une cigarette pour s’occuper les mains et l’esprit. Ces derniers jours il tentait de réduire sa consommation, même si ça jouait sur son tempérament et mettait ses nerfs à rude épreuve il avait fait une promesse à Gail de ne pas se laisser emporter par un cancer avant de lui avoir fait un petit enfant. Alors il se contentait de jouer avec l’auto radio en faisant défiler les stations du bout des doigts tout en guettant dans le rétroviseur la silhouette de la jeune femme qui, selon les derniers messages envoyés, était en route pour le bar. S’obligeant à ne pas regarder son téléphone sous peine de devenir fou Lonnie avait passé et repassé le petit texte préparé à l’avance dans son esprit. « Vous n’avez pas le droit », « C’est inadmissible », et « J’en toucherai deux mots à votre supérieur » semblaient être des phrases inadéquates pour débuter une conversation mais le flic avait la ferme intention de taper du poing sur la table pour être sûr de se faire entendre par Romy qui avait sauté à pieds joint dans sa vie sans penser aux éclaboussures que cela pourrait produire. Le regard du bleu avait divagué un instant alors que la radio crachait le dernier morceau à la mode sur onde saturée, et dans le miroir du rétro il avait aperçu la jeune femme devant le bar. C’était le moment ou jamais pour faire demi-tour en prétextant une mauvaise grippe intestinale… En enclenchant la poignée pour sortir du véhicule Lonnie avait soupiré lourdement avant d’adresser un signe de main à Romy et verrouiller la voiture, encore plus mal garée que d’habitude. « Je n’attendais pas dans la bagnole comme un serial killer hein … mais il faisait froid, je n’avais pas envie de patienter devant le bar et que les gens pensent qu’on m’avait posé un lapin. » Trop d’explications, trop de mots, un ‘bonsoir’ aurait suffi, abruti. Et la remarque sur les tueurs en séries parce qu’elle bosse dans une prison ? Pathétique. Lonnie c’était mordu l’intérieur de la joue avant d’inviter la blonde à entrer en tirant la porte pour la laisser passer, maman Hartwell – pour le peu qu’elle avait éduquée ses gamins – avait toujours mis un point d’honneur sur la galanterie. « J’espère que le choix de lieu est correct pour ce genre de discussion … c’est la première fois que j’organise un rendez-vous pour sortir ma mère de prison. » Une fois à l’intérieur un serveur hipster avec un anneau dans chaque orifice avait fait son apparition comme le lapin d’Alice, beuglant presque dans les oreilles du flic que la spéciale de ce soir était une bière artisanale à base de foin recyclé alors qu’il entraînait Lonnie et Romy vers une table au centre de la pièce.
Lonnie & Romy ⊹ I watched my wild youth Disappear in front of my eyes Moments of magic and wonder It seems so hard to find Is it ever coming back again?
Lonnie Hartwell n'avait pas été des plus explicites dans ce message qu'il lui avait envoyé l'autre jour, et bien que le flic ait consenti à céder qu'il désirait la voir au sujet de son frère, Romy n'avait pu s'empêcher de sentir la nervosité la gagner à mesure que le rendez-vous approchait. Pendant toute l'après-midi, elle s'était sentie idiote d'avoir tourné en rond dans l'attente d'une heure acceptable pour quitter son petit appartement, ce dernier n'étant situé qu'à quelques encablures du bar sélectionné pour cette seconde rencontre ; plus conventionnelle celle-ci. La première n'avait rien eu d'évident, et si Romy avait témoigné sa volonté d'interférer dans la vie des Hartwell en se plantant avec détermination devant le fils cadet sur le parking de la prison, ce soir elle comptait bien montrer qu'elle était plus qu'une effrontée qui gribouillait son numéro sur un paquet de cigarettes. Elle avait prévu d'user ses jambes, de laisser sa voiture garée sur le trottoir en se disant que Fortitude Valley n'était pas bien grand, et finalement lorsque sa veste fut enfilée et que sa paire de babies était venue habiller ses pieds, la petite blonde s'était dotée d'une profonde inspiration puis avait quitté son immeuble la tête pleine de phrases toutes faites à dégainer pour contrer le type compliqué auquel elle aurait à faire dans les minutes à venir ; un Hartwell au moins aussi têtu que ne l'était Gail. S'observant parfois dans les vitrines qu'elle croisait sur son chemin, Romy se surprenait à replacer les mèches rebelles qui s'extirpaient de la coiffure approximative qu'elle s'était faite pour s'occuper l'esprit quelques minutes plus tôt, se disant au passage que le flic se foutait bien de l'esprit folk qu'elle avait voulu donner à sa chevelure alors qu'ils allaient discuter de la possible libération conditionnelle de sa mère. Elle avait besoin de Lonnie pour raisonner Gail, pour lui insuffler l’envie de passer à autre chose et d'accepter cette main qu'elle s'efforçait de lui tendre depuis des mois maintenant sans avoir jamais réussi à l'atteindre. Car si la conseillère grappillait quelques bribes de conscience de la part de la mère de famille (par moments du moins) c'étaient bel et bien Lonnie et Harvey qui pourraient véritablement changer la donne dans son entreprise. Rendue à quelques de centaines mètres du bar, la jeune femme avait tout de même prévu d'envoyer un message au Hartwell pour signifier qu'elle était en chemin (quelques fois que son rendez-vous ait oublié, ou pire, décidé de se dérober) mais non. Sitôt sa présence confirmée, Romy avait retrouvé comme un regain d'énergie en activant ses jambes, et c'est arrivée face à la devanture éclairée du Canvas qu'elle laissait son regard balayer les alentours à la recherche du flic. Une recherche qui ne dura que quelques secondes à peine. D’un signe de la main, ce dernier l’avait interpellée, et c’est machinalement que la petite blonde avait fait quelques pas pour venir à sa rencontre, notant au passage que sa voiture n’était pas des mieux stationnées. « Je n’attendais pas dans la bagnole comme un serial killer hein … mais il faisait froid, je n’avais pas envie de patienter devant le bar et que les gens pensent qu’on m’avait posé un lapin. » D’accord ? Un peu désarçonnée par cette façon de la saluer, Romy hochait la tête en réfrénant un sourire qui lui venait naturellement. Est-ce qu’il était au moins aussi nerveux qu’elle ? Ou alors très maladroit ? Qu’importe, soufflant un : « Bien sûr. Bonsoir, Lonnie. » la petite blonde laissait de côté l’aspect peu conventionnel de cette approche pour l’accompagner à l’intérieur du bar, appréciant le fait qu’il ne la laisse pas batailler avec la lourde porte battante. « J’espère que le choix de lieu est correct pour ce genre de discussion … c’est la première fois que j’organise un rendez-vous pour sortir ma mère de prison. » Lui glissant un regard par-dessus son épaule, Romy haussait les épaules en rétorquant que … que rien en fait, puisque sa petite voix passait par-dessous celle d’un serveur qui les amenait à une table en baragouinant quelque chose au sujet d’une soirée spéciale bière artisanale blablabla. « L’audition doit lui manquer pour parler si fort. » ne put elle s’empêcher de commenter une fois installée, et tandis qu’elle se débarrassait de sa veste pour la reposer sur le dossier de sa chaise, Ashby se retournait pour répondre enfin qu’ « un bar c’est toujours mieux qu’un parking. » dans un demi sourire qui n’avait pas vraiment vocation à rendre l’atmosphère plus légère. Moins dramatique, au mieux. Jetant un coup d’œil à la carte placée devant eux, Romy fronçait vaguement les sourcils, observant à la ronde en se demandant bien à quel moment leur serveur attitré viendrait leur demander quoi prendre, et c’est dans un souffle qu’elle relevait le menton pour préciser à Lonnie : « Du moins, tant qu’ils ont autre chose qu’un truc bio en stock. » Ce qui devait être le cas. Le foin recyclé ne devait pas attirer grand monde, du moins elle l’espérait. Comme si le hipster barbu avait lu dans ses pensées, il était arrivé à leurs côtés après quelques secondes à peine, un carnet coincé entre les doigts, et c’est sans avoir consulté grand-chose qu’elle éludait les suggestions du type en préférant une brune à leur expérimentation étrange. Laissant ensuite Lonnie décider ce qu’il prendrait (et curieusement, elle porterait un intérêt particulier à ce choix) Romy s’était finalement laissée retomber contre le dossier de sa chaise, croisant les bras contre sa poitrine avant d’entamer la conversation sitôt le serveur disparu. « Alors, vous avez parlé à votre frère. » Puisqu’il ne servait à rien de tergiverser, autant entrer tout de suite dans le vif du sujet.
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Ne pas l’attaquer de but en blanc au tout début de la conversation allait être un véritable challenge pour le bleu qui ruminait déjà dans sa barbe naissante en imaginant Romy dans l’appartement d’une Leah déconcentrée qui n’aurait plus su où se mettre face à une telle intrusion dans sa vie. Elle avait le chic, la petite conseillère, pour se glisser dans le quotidien de ceux qu’elle avait « pris pour cible » et Lonnie ne doutait pas une seconde qu’elle était du genre à ne pas lâcher l’affaire aussi facilement. Assis inconfortablement sur le siège conducteur il avait jeté un coup d’œil dans le rétroviseur alors que son cerveau lui criait de prendre la poudre d’escampette et de prétexter avoir chopé une mauvaise grippe parce que « le temps change et ça se refroidit ma petite dame ». Mais la curiosité avait piqué son esprit quand, attablé en face de Leah pour une soirée banale, la brune lui avait précisé qu’une certaine Romy Ashby l’avait accostée en toute franchise pour lui parler de Gail Hartwell, une femme qu’elle n’avait pas revu depuis des années, un fantôme dans son passé qui ne la concernait pas, de toute façon. Alors il ne fallait pas que le flic l’attaque tout de suite, histoire de rester un minimum poli et bien élevé devant la blonde qui aurait – de toute façon – plus d’une occasion pour entendre ce que Lonnie avait à lui dire ce soir. Certes il avait parlé à Harvey pour essayer de débloquer cette situation, et cette rencontre avec son aîné avait été bien plus productive que toutes les courtes minutes de conversation téléphonique qu’ils avaient échangées ces dernières années. Mieux qu’une frère Lonnie avait retrouvé un soutien, une épaule sur laquelle se reposer et une oreille attentive qu’il n’avait pas hésité à solliciter au cours de leur conversation. Harvey était prêt à faire des efforts de son côté si et seulement si il arrivait à parler avec Romy au cours d’un rendez-vous afin d’en apprendre plus sur le dossier de Gail, de comprendre toutes les finalités de cette histoire, et le flic ne pouvait pas lui en vouloir d’être aussi attentif – même si Harvey faisait ça non pas pour sortir leur mère de prison mais plus pour sortir Lonnie d’une dépression certaine. Soufflant de l’air froid dans l’habitacle de la voiture le bleu avait enclenché la poignée en distinguant la silhouette de la conseillère près du bar, il était maintenant trop tard pour faire marche arrière, elle le verrait et il aurait l’air encore plus stupide que la première phrase qu’il lui lance pour démarrer leur conversation. Une allusion aux tueurs en séries sans même un ‘bonsoir’ ? Yes, super, bon début de soirée et moins 3000 points pour Lonnie Hartwell dont les joues avaient déjà pris une teinte rosée. « Bien sûr. Bonsoir, Lonnie. » Et voilà, il avait l’air d’un con devant la petite blonde et n’avait –maintenant – plus que l’envie de s’enfuir en courant devant le regard incompréhensif d’Ashby qui le rangerait dans la catégorie ‘fou à lier, ne pas approcher’. Tirant la porte pour laisser passer la jeune femme Lonnie n’avait pas eu le temps de souffler qu’un barbu au teint pâlot leur avait sauté dessus pour essayer de vendre sa bière au foin bio tout en les dirigeant vers une table au centre de la pièce, histoire de bien être au milieu de l’attention. « L’audition doit lui manquer pour parler aussi fort. » Un sourire se hissa sur les lèvres du flic qui approuva d’un signe de la tête tout en évitant le regard du serveur dont le bonnet trop grand lui descendait sur les yeux. « C’est sans doute les écarteurs qu’il a dans les lobes, ça permet pas le passage du son. » Merde, c’était maintenant bien plus dur de lui en vouloir si – en plus d’être assez sympathique – Romy Ashby se révélait dotée d’un humour qui plaisait au flic. « Un bar c’est toujours mieux qu’un parking. » Et voilà qu’elle se remontrait sous ce nouveau jour, plus agréable, plus détendu, et Lonnie en oubliait presque qu’il avait des choses à lui reprocher. « Tout sera toujours mieux que le parking d’une prison. » Ajustant sa veste sur le dossier de sa chaise en écho à la jeune femme Lonnie avait dressé la carte du bar devant son visage pour essayer de se redonner un peu de constance. Respire Hartwell, tu es l’homme de la situation, tout va bien se passer. C’était pathétique de se donner un pep talk caché derrière la carte des boissons, mais il avait besoin de se rassurer et – surtout – il devait montrer à la jeune femme que malgré toutes les bonnes intentions qu’elle présentait, elle n’avait pas le droit de se jouer de lui comme elle l’avait fait en s’introduisant dans la vie de ses proches. Gail avait sans doute creusé un tout petit trou dans la carapace de Romy Ashby mais cela ne lui donnait pas la permission de s’en servir comme elle l’avait fait, et Lonnie comptait bien lui faire entendre entre deux gorgées d’une mousse artisanale. « Du moins, tant qu’ils ont autre chose qu’un truc bio en stock. » Un nouveau sourire était venu égayer les lèvres du rouquin alors que le serveur était apparu comme par magie à leur côté en faisant sursauter le flic en passant. Romy jeta son dévolu sur une brune qui piqua la curiosité de bleu alors qu’il pointait du doigt une pinte de blonde belge dont le nom était imprononçable pour un australien pur souche. « On est peut-être tombés pendant la soirée spéciale ‘bière au compost’. » Eurk, rien que d’y penser ça dressait les poils sur les bras de l’amateur de bière qu’était Lonnie. Rejetant cette image de son esprit Lonnie avait plongé son regard dans celui de la blonde qui croisait maintenant les bras sur sa poitrine comme pour amorcer le début d’une longue conversation, après tout ils étaient venus là pour ça et Lonnie était maintenant prêt à en découvre avec la conseillère. « Alors, vous avez parlé à votre frère. » Acquiesçant d’un signe de la tête Lonnie s’était enfoncé dans son siège sans quitter la jeune femme du regard avant de se mordre l’intérieur de la joue, les mots brûlants déjà sa gorge asséchée. « J’ai parlé à mon frère oui. » C’était la seule indication qu’il donnerait à Romy, du moins avant d’avoir une explication quant à son entrée dans la vie de la Baumann qui n’avait rien demandé à personne. « Et vous, vous avez parlé à Leah Baumann. » Calmement, avec un sourire sur les lèvres qu’il ne pouvait pas contrôler, Lonnie s’était redressé – les coudes sur la table – afin de ne pas attirer l’attention sur eux. « J’étais assez surpris de l’apprendre d’ailleurs … mon amie d’enfance que je viens à peine de retrouver et qui m’annonce qu’une femme est venu la trouver pour parler de Gail Hartwell, qu’elle n’avait pas revue depuis des années… » Lonnie avait gratté le bois de la table sous son ongle, conscient qu’il s’engageait dans une pente abrupte avec Ashby et qu’il pouvait perdre son soutien, lui qui – maintenant – se voyait déjà en promenade avec sa mère fraichement sortie de prison. « Alors avant que je vous parle de mon frère j’aimerai que vous m’expliquiez, parce que si vous voulez que je reste de votre côté il va falloir me montrer que je peux vous faire confiance Ashby. » L’utilisation de son nom de famille était volontaire même si le ton de sa voix était resté calme, et alors que le serveur déposait devant eux les consommations Lonnie s’était reculé pour lui faire place non sans quitter la jeune femme des yeux.
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La petite blonde ne pouvait pas vraiment se baser sur leur précédente rencontre pour décider s'il semblait nerveux ou naturellement maladroit, toujours est-il qu'elle ne se formalisait pas vraiment en entendant le Hartwell lui expliquer le pourquoi du comment il s'était retrouvé à attendre dans sa voiture plutôt que devant le bar ; abstraction faite de la mention serial killer. Elle s'engouffrait à l'intérieur du pub en le précédant de peu, et alors que tous les deux se laissaient guider à une table par un serveur aux allures de hipster mal dégrossi, ce dernier avait abandonné la notion de discrétion en leur beuglant une histoire de bière bio dans les oreilles. « C’est sans doute les écarteurs qu’il a dans les lobes, ça permet pas le passage du son. » Romy tournait le visage vers un Lonnie qui approuvait d'un vague signe du menton, comme réceptif à son trait d'humour. En retour elle esquissait un sourire, se mordant l'intérieur de la joue en notant qu'il se détendait sûrement un peu, et comme pour débuter cette entrevue sur de bonnes bases elle précisait que le lieu qu’il avait sélectionné se prêtait plus que le premier pour tenir une conversation. « Tout sera toujours mieux que le parking d’une prison. » Il n’avait pas franchement tord. Se hissant sur son tabouret, Romy se débarrassait de sa veste qu’elle déposait sur le dossier, puis jetait un coup d'oeil à la carte tout en glissant par moments son regard vers le Hartwell dont elle percevait encore une note de … nervosité ? Elle ne saurait pas vraiment dire tant elle ne pouvait que deviner son visage derrière la carte des boissons ; alors elle parlait, jugeant providentielle l’arrivée du serveur et de son carnet. La petite blonde déballait quelque chose sur ce houblon bio qu'elle ne s'aventurerait pas à commander, lui préférant une brune plus douce à son goût. Le flic, lui, optait pour une blonde qu'il désignait de l'index sur le papier plastifié, et l'espace d'une seconde elle en aurait presque était tenté de dire "excellent choix" si la situation s'y était prêté, mais ce n'était pas vraiment le cas. Elle croisait les bras contre sa poitrine, observant l'employé disparaître avec leur commandes tandis que Lonnie brisait le silence d'un : « On est peut-être tombés pendant la soirée spéciale ‘bière au compost’. » qui la fit sourire. « On va à contre-courant alors. Mais c'est pas plus mal. » Oh elle ne jugeait pas, quoique, peut-être un peu. Romy n'était pas contre le fait de tester de nouvelles choses, mais en l’occurrence ici c'était un peu trop, et la carte d'un bar faisait partie de ces sujets avec lesquels on ne plaisantait pas vraiment bien qu'elle ne lancerait pas le débat ce soir. Désormais débarrassés du hipster, la conseillère se risquait plutôt à entrer dans le vif du sujet, à savoir l'aîné Hartwell. Lonnie lui avait dit qu'il l'avait rencontré, et il lui semblait que c'était ce qui l'avait poussé à programmer ce rendez-vous. Elle s'était trompée visiblement, car bien que le flic lui réponde par : « J’ai parlé à mon frère oui. » il avait tout de suite enchaîné par un : « Et vous, vous avez parlé à Leah Baumann. » qu'il lançait en avançant ses coudes sur la table, comme prêt à tenir une discussion à laquelle elle s'était attendue plus ou moins. Romy l’imitait, joignant ses mains en soutenant son regard avec une expression d'une neutralité bien trop lisse pour cet endroit ; elle revêtait le masque de la conseillère comme à chaque fois que l’on venait lui parler de son travail, et bien qu’il s’agisse de Gail et d’un dossier dans lequel elle s’épuisait plus que de raison, elle ne se risquerait pas à braquer le fils cadet. Oui elle avait parlé à Leah Baumann. Et elle aurait aimé que cette dernière puisse lui apporter plus de réponses à ses questions. «J’étais assez surpris de l’apprendre d’ailleurs … mon amie d’enfance que je viens à peine de retrouver et qui m’annonce qu’une femme est venu la trouver pour parler de Gail Hartwell, qu’elle n’avait pas revue depuis des années… » Son regard délaissait les traits de son visage pour glisser vers cette table que Lonnie malmenait du bout de l’ongle, se demandant au passage ce que cela traduisait, puis sans pouvoir mener au bout cette réflexion ce dernier rompait à nouveau le court silence qui s’était installé. « Alors avant que je vous parle de mon frère j’aimerai que vous m’expliquiez, parce que si vous voulez que je reste de votre côté il va falloir me montrer que je peux vous faire confiance Ashby. » Ashby, hein ? Romy remontait le regard, faisant à peine attention au serveur –étonnamment silencieux- qui déposait leurs boissons devant eux. « Vous savez depuis combien de temps j’essaie de faire germer l’idée dans la tête de votre mère, Lonnie ? » Elle avait beau se montrer aussi calme que lui, il y avait toujours dans la voix de Romy cette sorte de pointe d’agitation qui perçait chaque fois que le sujet lui tenait à cœur. Du bout des doigts elle replaçait les verres convenablement, comme pour s’occuper les mains le temps de trouver quoi dire, puis à nouveau elle croisait ses coudes contre la table, se penchant légèrement pour lui faire face à nouveau. « Des semaines, pour ne pas dire des mois. J’aurais peut-être dû venir vous voir plus tôt. C’est vrai. Mais je n’ai pas envie qu’elle s’habitue à nos rendez-vous maintenant que je suis sûre de pouvoir lancer cette procédure, qu’elle se trouve d’autres parades et qu’on épuise son stock de recettes de cuisine. Donc oui, j’ai parlé à Leah Baumann. Parce que j’ai besoin de vous. Et j’ai besoin de vous maintenant. » Les lèvres plissées, Romy comprenait que sa façon de faire avait sans doute pu secouer le Hartwell. La libération conditionnelle de sa mère était un sujet délicat, et il l’était d’autant plus maintenant qu’elle commençait à comprendre qui il était et comment cette famille fonctionnait. « Je suis désolée d’arriver de cette façon dans votre vie. Mais on a pas le temps d’attendre. J’ai pas le temps de vous attendre. C’est mon job de faire en sorte qu’elle soit dehors et … » Romy s’interrompait une seconde, se gardant bien de donner son propre ressenti. Elle appréciait beaucoup Gail Hartwell, et retrouvait en elle une douceur et une attention que sa propre mère n’avait jamais été capable de lui prodiguer. Bien sûr, elle ne faisait pas le parallèle, mais elle mentirait si elle disait que son investissement dans ce dossier se limitait au cadre professionnel. La petite blonde avait pris goût à leurs rendez-vous, s’était prise d’affection pour cette femme, et bien qu’elle n’ait jamais rien formulé de tout cela à qui que ce soit, la détermination qu’elle mettait dans ce dossier dépassait de loin ce qu’elle fournissait habituellement, en témoignait sa présence dans ce bar d’ailleurs. « … enfin j’ai besoin de vous, Hartwell. » qu’elle soufflait pour finir, espérant que son petit laïus soit suffisant pour convaincre le flic quant à sa bonne volonté.
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Sans connaître la petite blonde sur le bout des doigts Lonnie avait quant même retenu l'effort de présentation de la part des deux parties, lui avait enfilé autre chose qu'un survêtement minable et un t-shirt probablement trouvé, et la conseillère semblait avoir fait un effort pour ne pas se cantonner aux vêtements de boulot qui lui donnait un air beaucoup moins guilleret que celui qu'elle affichait ce soir. C'était surprenant, agréable, et ça donnait à la petite voix dans la tête du flic une raison de plus pour lui hurler de ne rien dire ce soir et de simplement profiter de cette soirée et cette charmante compagnie, lui qui n'avait eu que pour interlocuteur le chat de la voisine depuis de - trop - nombreuses soirées. Mais non, il ne fallait pas oublier le contexte de cette discussion et le pourquoi qui avait poussé le flic à donner rendez-vous à Romy dans un bar plutôt que sur le parking vide d'une supérette, un peu de galanterie aiderait sûrement à faire passer la pilule au niveau quand il se déciderait à mettre les points sur les 'i' avec la petite blonde, et puis il avait été bien élevé par sa mère. Mais il fallait la voir comme il la voyait maintenant, drôle et amusante, un maigre sourire se dessinant sur son visage de poupée. Secouant la tête pour balayer des idées qui n'avaient pas lieu d'être dans une telle situation Lonnie avait pourtant adressé un sourire à la petite blonde alors qu'il prétextait que n'importe quel endroit serait toujours mieux que le parking d'une prison et qu'il espérait ne pas être tombé dans une soirée spéciale "houblon artisanal dont la provenance reste inconnue". Se détournant du regard de Romy afin de déposer sa veste sur le dossier de la chaise Lonnie en avait profité pour effacer du bout des doigts une goutte de sueur qui avait perlée sur son front et qui trahissait la nervosité du flic. Il y avait de quoi, être nerveux, et le bleu avait beaucoup de mal à se faire à l'idée qu'il devait enfiler son pantalon de grand garçon et montrer à Romy qu'il était venu là pour régler ses comptes et non pas pour passer un rendez-vous tout ce qu'il y aurait pu avoir de normal, bien que ça ne l'aurait pas gêné... Prenant place à son tour sur le tabouret Lonnie avait adressé un sourire crispé à la conseillère avant de faire glisser ses mains moites sur le tissu de son pantalon, non sans se moquer discrètement du serveur venu leur vanter les bienfaits de la bière bio alors que ce dernier repartait avec les commandes notées sur un petit carnet qui devait sûrement être composé de chanvre recyclé. « On va à contre-courant alors. Mais c'est pas plus mal. » Que la petite conseillère lui glissa alors que le serveur barbu prenait tout le temps du monde à servir deux bières dans deux verres, parce qu'il faisait ça avec patiente et avec amour afin de respecter la plante, sans doute. « Du moment qu'il ne me parle pas de saucisson vegan. » Parce que le bleu avait des limites qui ne fallait pas franchir, la charcuterie faisant clairement partie des choses pour lesquelles il serait prêt à manifester dans la rue. Mais l'heure n'étant pas aux idées révolutionnaires mais bien à une discussion pour le moins déplaisante Lonnie avait haussé un sourcil alors que Romy démarrait les hostilités en quémandant si le flic avait eu le temps de parler à son aîné, pièce majeure du puzzle qu'ils essayaient de monter ensemble. Acquiesçant d'un mouvement de la tête le bleu avait fait glissé ses bras sur la table afin de se rapprocher de la blonde, installant - pour le coup - une ambiance malsaine dont il n'aimait pas les nuances. La petite blonde s'était également avancé vers lui, le laissant sur sa faim dans une expression surprise alors qu'il déballait le discours travaillé à l'avance qu'il avait ressassé de trop nombreuses fois dans son esprit. Elle n'en avait rien faire, soutenait son regard sans jamais plisser des yeux, sans jamais prendre cet air coupable que Lonnie avait imaginé. Romy gagnait, même cette bataille dans laquelle elle tenait le rôle de la "méchante". Elle gagnait partout, tout le temps. Dans l'esprit de Lonnie il avait l'impression de brasser du vent, dans son cœur il avait ce pincement d'émoi, un peu ridicule, un peu con, le genre de truc qu'il avait pas ressenti depuis Greta. Alors il fut le premier à baisser les yeux une fois son discours terminé, s'empourprant comme un adolescent, le regard sur la bière que le serveur avait déposé devant lui quelques instants plus tôt. « Vous savez depuis combien de temps j’essaie de faire germer l’idée dans la tête de votre mère, Lonnie ? » La voix agitée mais le regard calme la petite blonde avait de nouveau percé un trou dans la carapace du Hartwell qui, le dos maintenant appuyé contre le chaise, avait redressé les yeux pour essayer de lui faire face. « Un bout de temps je présume. » Il présumait bien mais jouait très mal les insolents, incapable d'avoir un niveau de confiance en lui assez élevé pour tenir tête à Ashby qui inspirait pour prendre de nouveau la parole, ses mains trifouillant les verres posés sur la table. « Des semaines, pour ne pas dire des mois. J’aurais peut-être dû venir vous voir plus tôt. C’est vrai. Mais je n’ai pas envie qu’elle s’habitue à nos rendez-vous maintenant que je suis sûre de pouvoir lancer cette procédure, qu’elle se trouve d’autres parades et qu’on épuise son stock de recettes de cuisine. Donc oui, j’ai parlé à Leah Baumann. Parce que j’ai besoin de vous. Et j’ai besoin de vous maintenant. » Bam. Comme un caillou qui explose une fenêtre, comme un le sourire d'un gamin qui reçoit le cadeau rêvé à noël. Une sensation de bien, de chaud, qui s'emparer du flic alors qu'elle s'approche à nouveau de lui en faisant glisser ses coudes sur la table. Elle a besoin de lui, pour cette histoire, pour sortir une mère de prison, pour son boulot. Mais dans les oreilles du bleu, habituées aux réprimandes et aux ordres, les paroles de la blonde lui font manquer un battement alors qu'il s'accroche à sa bière pour ne pas tomber à la renverse. Au diable son plan pour la faire culpabiliser, au diable les reproches qu'il avait à lui faire ce soir. Un pavé dans la marre, un grand coup dans sa gueule. Romy Ashby avait les mains prises sur sa vie, et il la laissait faire. « Ok, je comprend. » Le bleu avait fait descendre une gorgée de bière avant de reprendre en souriant. « Vraiment, je comprend. Mais venez me trouver ou envoyez moi un message avant de faire quoi que se soit avec des gens qui me sont chers. Je n'ai que très peu envie de les impliquer dans mes soucis. » Il avait ajouté un sourire à ses paroles avant de reprendre un peu de liquide entre ses lèvres, une façon pour lui de retenir des mots qui n'auraient pas de sens dans cette conversation, des pensées qu'il voulait encore garder secrète. « Je suis désolée d’arriver de cette façon dans votre vie. Mais on a pas le temps d’attendre. J’ai pas le temps de vous attendre. C’est mon job de faire en sorte qu’elle soit dehors et … » Elle s'excusait, ce qui était une première dans leu relation, et si Lonnie avait été perplexe au début il n'avait maintenant plus aucuns doutes sur les intentions de la conseillère envers Gail. « … enfin j’ai besoin de vous, Hartwell. » Enocre une fois cette sensation qui remplissait le roux d'une vague de chaleur, passagère et totalement déplacée, leur relation n'étant que purement professionnelle. « Comment elle a réussi ? » Il avait croisé les bras sur sa poitrine, bien plus détendu que lorsqu'ils étaient entré dans le bar quelques minutes plus tôt. « Ma mère, comment elle a réussi à percer vos barrières ? Parce que vous devez en avoir non ? Des barrières entre vous les femmes que vous voyez. » Il était curieux de savoir que sa mère avait bien pu dire ou faire pour se mettre Romy Ashby dans la poche au point où elle semblait capable de tout tenter pour la faire sortir. « Et ne vous inquiétez pas, je suis là, je ne compte pas partir, plus maintenant que je sais que vous pouvez la faire sortir. » Hésitant, le cœur balançant entre la simple mauvaise idée et l'action totalement déplacé, Lonnie avait décalé sa main de quelques centimètres afin de venir frôler celle de la conseillère posée sur la table.
Lonnie & Romy ⊹ I watched my wild youth Disappear in front of my eyes Moments of magic and wonder It seems so hard to find Is it ever coming back again?
Elle aurait aimé qu'on lui refourgue un manuel, qu'on lui explique comment devait se dérouler un rendez vous de ce genre, car malgré son apparente confiance en elle, Romy n'avait pas la moindre idée de l'attitude à adopter en présence du fils Hartwell. Déjà la première fois, la blondinette s'était laissée aller à une course poursuite sur le parking de la prison qui n'avait strictement rien de conventionnel, plantée devant lui les joues rosies par l'urgence dans un pull trop grand pour elle et des baskets qui lui donnaient l'impression d'avoir douze ans. Ce soir, sa tenue avait beau la mettre plus à l'aise, elle n'en demeurait pas moins perdue entre les conventions, et quelque part, la conseillère justifiait son envie de se glisser sur ce tabouret plutôt qu'entre les murs froids de son bureau en se disant que Lonnie n'était pas de ceux qu'il fallait confronter trop rapidement à la dureté de la réalité. « Du moment qu'il ne me parle pas de saucisson vegan. » Après la bière au compost, ç'aurait sûrement été le pompon, aussi Romy se surprit à rire, un peu trop naturellement, mais c'était sans doute mieux que de se planquer derrière des sourires polis qui ne lui correspondaient pas. Comme pour se reprendre ensuite, elle avait rapidement abordé le sujet le plus sensible, celui pour lequel ils s'étaient donné rendez vous aujourd'hui ; Harvey. La blondinette passait sous silence leur rencontre, préférant entendre ce que le flic avait à lui dire, et quelque part elle avait bien fait. Il lui reprochait de s'être immiscée dans sa vie à un point qui, certes, dépassait le politiquement correct, mais qui lui semblait être indispensable pour accélérer les choses, pour ne pas laisser filer Gail. Elle l'avait chamboulé, elle était allée trop loin, mais à défaut d'agir de façon raisonnable elle s'était montrée investie, et essuyait les remarques du fils sans ciller. Son cœur battait un peu plus vite dans ce jeu de regard. La blondinette craignait qu'il se montre plus entêté qu'elle, plus tenace, mais malgré tout ce fut lui qui céda en premier en détournant les yeux, lui préférant une bière qui ne commençait pas chaque phrase par une question existentielle. « Un bout de temps je présume. » Romy hochait la tête sans relever. Les lèvres pincées elle arrangeait les verres devant eux, prenant une pause nécessaire pour répondre elle même à sa question, et alors qu'elle s'attendait à absolument tout un attirail de réprimandes, le flic la surprenait en concédant : « Ok, je comprend. » Pardon ? Le sourcil relevé, la petite blonde le fixait avec un étonnement qu'elle ne contrôlait pas, clignant des paupières en l'observant prendre une gorgée de sa bière alors qu'elle n'avait pas touché à la sienne encore. « Vraiment, je comprend. Mais venez me trouver ou envoyez moi un message avant de faire quoi que se soit avec des gens qui me sont chers. Je n'ai que très peu envie de les impliquer dans mes soucis. » Oh. Romy ouvrait la bouche comme pour rétorquer quelque chose, comme pour se lancer dans un nouvel argumentaire qui correspondait à son tempérament, et pourtant elle la bouclait. Brièvement du moins. Elle aurait aimé (encore une fois) avoir l'air plus pro, faire remonter la barrière de filtres qui auraient du être la sienne, mais rien n'y faisait et c'est alors que ses lèvres s'étiraient dans un demi sourire qu'elle répondait : "Je comprends." en écho aux paroles du flic. "Je ne ferais plus rien sans que vous soyez au courant. Promis." Ses épaules s'affaissaient, et finalement elle s'excusait pour sa façon de s'introduire dans sa vie de façon si ... rapide, justifiant cette empressement par le temps qui filait à une vitesse folle. Elle n'avait pas envie que Gail s'habitue à la contrer, elle avait envie de faire germer cette idée dans l'esprit de la détenue, pas de la laisser mourir dans un coin. Il fallait agir, et si dans un premier temps Romy s'était battue pour la mère de famille, aujourd'hui elle commençait à ressentir un pincement au cœur pour les Hartwell dans leur intégralité, pour ce fils qu'elle avait en face d'elle et dont elle ne savait pas s'il la troublait ou la confortait dans son envie de faire sortir cette femme de prison. « Comment elle a réussi ? » Lui semblait il plus détendu, le flic avait posé cette question en croisant ses bras contre son torse, la jaugeant du regard sans qu'elle ne comprenne trop ce qu'il voulait dire par là. « Ma mère, comment elle a réussi à percer vos barrières ? Parce que vous devez en avoir non ? Des barrières entre vous les femmes que vous voyez. » Oh. Owh. La blondinette eut à nouveau besoin de temps pour répondre, de prendre une gorgée de sa boisson et d'apaiser sa gorge asséchée. Lonnie avait compris qu'il n'y avait absolument rien de conventionnel dans sa manière de procéder, puisqu'il était évident qu'aucun de ses collègues ne s'investissait comme elle le faisait pour Gail, qu'elle même ne s'investissait pas autant pour certains de ses dossiers, alors d'une voix à peine assurée elle répondait : "Elle agit comme une mère." envers moi, bien qu'elle ne le dirait pas aussi clairement. Résidu de conscience professionnelle. La détenue s'était montrée plus présente envers Romy en six mois qu'elles se voyaient que sa propre mère en vingt ans. Au fil du temps elle avait fini par développer une profonde affection pour cette femme, et une volonté de ne pas la laisser tomber. Quelles que soient les difficultés. « Et ne vous inquiétez pas, je suis là, je ne compte pas partir, plus maintenant que je sais que vous pouvez la faire sortir. » Cette discussion prenait des allures d’ascenseur émotionnel pour la jeune femme qui peinait à calmer les battements de son cœur. Elle comprenait que sans le soutien du flic elle ne pourrait rien faire, elle se montrerait plus fragile qu'elle ne l'aurait voulu, mais alors que cette phrase aurait du la calmer, Romy baissait le regard vers sa main, frôlée de façon intentionnelle par celle du Hartwell dans un geste qu'elle ne savait pas bien interpréter. Il lui laissait comme une brûlure, comme une morsure sur le bout des doigts, et tandis que sa raison lui tambourinait dans les tempes de s'écarter elle se surprenait à approcher son auriculaire du sien, l'accrochant brièvement. "Je ..." commençait elle, balbutiait aurait été plus correct. La petite blonde se demandait bien ce qu'elle faisait, pourquoi elle s'autorisait un contact qui réveillait chez elle quelque chose d'inédit. Gail, il y avait toujours eu Gail qui s'était glissée entre le fils Hartwell et elle, et pourtant ce soir elle se surprenait à l'intégrer à ce tableau, à l'intégrer dans son esprit comme une entité qui se détachait de la détenue. "Je vous promets de tout mettre en oeuvre pour la sortir de là." lui souffla t'elle en attrapant son regard, en laissant transparaître dans ses iris bleutés une détermination qui était propre à la boule d'énergie qu'elle était. "Maintenant parlez moi d'Harvey." Retour à la réalité, au pragmatisme. Romy avait besoin de remettre une barrière pour se raccrocher à son job, pour oublier cette parenthèse et se focaliser à nouveau. Elle avait un objectif qui était clair en venant ici, mais qui désormais avait changé, englobait aussi le fils cadet. Si elle venait à échouer, la petite blonde ne saurait sûrement pas assumer, plus maintenant. Raison de plus pour réussir. Elle réussirait. Ils réussiraient ensemble.
There is a swelling storm and I'm caught up in the middle of it all and it takes control of the person that I thought I was, The boy I used to know. But there, is a light In the dark, and I feel its warmth, In my hands, and my heart. Why can't I hold on?
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Est-ce qu'il pouvait considérer cette soirée comme un rendez-vous ? Lonnie avait beau remué la question dans tous les sens son esprit n'arrivait pas à décider sur le contenu de cette soirée, et si il n'avait clairement pas sorti l'attirail du parfait gentleman en arrachant quelques roses à un fleuriste en échange d'une poignée de billet le flic avait tout de même envie de passer une soirée agréable en compagnie de la conseillère. Premièrement car la question qu'ils allaient aborder ce soir n'était pas des plus simples, deuxièmement parce que derrière son attitude si forte et si indépendante Romy avait sans doute à coeur de bien faire, de faire plus afin d'aider la famille Hartwell, quitte à passer une soirée une compagnie du fils cadet qu'elle avait déjà poursuivie sur le parking de la prison. Elle avait ce degrés de dévotion à son travail, à cette affaire, ça rendait Lonnie aussi fébrile qu'impressionné par la complexité de la petite blonde qui lui donnait du fil à retordre, dans un sens qui lui échappait. Mais lui aussi, au fond, savait que cette soirée était l'occasion rêvée de remettre les choses à plat avec Romy, de repartir du bon pied dans cette relation plus qu'étrange qui lui serrait le coeur d'une manière incontrôlable. Elle avait un joli sourire, et il se devait de cacher le sien avec que la petite blonde se retournait vers lui avec un rictus sur les lèvres, illuminant le regard du flic dont la tête ne faisait que de tourner depuis de longues secondes maintenant. C'était facile de dire que Romy Ashby avait foutu le bordel dans sa vie, il était plus compliqué de reconnaître qu'elle l'avait aussi fait dans sa tête. Parler de Harvey était plus simple que de devoir cacher son sourire, et alors qu'il déballait son sac - la pression quittant peu à peu à ses épaules - Lonnie se surprise à se dire qu'au bout du compte l'intrusion de la petite blonde dans sa vie n'était "pas si terrible". Et alors qu'il écoutait avec attention le discours de la jeune femme le flic haussa un sourire sur ses lèvres quand cette dernière approcha son visage du sien en faisant glisser ses coudes sur la table, remuant les mains et les verres afin de masquer sa nervosité. Il n'était pas le seul à être sensible alors, à avoir le coeur aux bords des lèvres et l'esprit complètement flou face à cette situation. L'écouter parler, s'agiter ainsi pour défendre son cas mettait Lonnie de plus en plus à l'aise avec l'idée de laisser la conseillère s'occuper du dossier de sa mère, parce qu'elle y mettrait tout le coeur nécessaire et que ça le rassurait, quelque part. Romy finissait son discours dans un souffle rapide alors que le flic se contentait de hocher la tête en souriant, comme un con, un idiot dont le coeur tambourine contre la poitrine, un idiot qui fini par laisser échapper deux petits mots. Un "je comprend" que la conseillère reçoit comme une balle en pleine poitrine et qui lui fait hausser les sourcils. Mais oui, il comprend, mieux, assez pour fermer les yeux et la laisser prendre une place considérable dans sa vie. "Je comprends. Je ne ferais plus rien sans que vous soyez au courant. Promis." Lonnie avait hoché la tête à l'affirmative tout en prenant une gorgée de bière entre ses lèvres, laissant descendre le liquide ambrée dans a gorge alors qu'il tentait de camer le feu sur ses joues. "Alors on se comprend." Encore une fois il ne pu s'empêcher de sourire, devant cette situation, devant la blonde qui avait l'air sincère, devant cette soirée qui prenait une autre tournure que celle qu'il avait imaginé plus tôt dans la voiture. "Merci de prendre en compte tout ça... Mes amis sont rares et je n'ai pas envie de les perdre sachant qu'il est très dur pour moi de m'en faire de nouveau." Il jouait la carte de l'homme sensible mais drôle, un peu maladroit, un peu enfant qui ne savait pas encore différencier une soirée normale d'un soirée professionnelle mais qui faisait de son mieux. Curieusement il avait envie de savoir comment Gail avait réussi à percer les barrières de la petite blonde, s'appuyant contre le dossier de sa chaise Lonnie avait porté la bière a ses lèvres avant de briser le silence en questionnant la conseillère sur son attachement à maman Hartwell. "Elle agit comme une mère." Et cette réponse, et le regard timide de la blonde ainsi que la façon dont elle avait prononcé cette phrase, tout dans cette situation avait donné à Lonnie un sursaut au niveau de la poitrine. "Elle à ce don oui.... ça et son boeuf bourguignon." De par son regard Lonnie avait essayé de transmettre à la blonde tout ces non-dits qui n'osaient pas franchir ses lèvres mais qui lui brûlaient la gorge. La main du flic avait avancée lentement sur la table jusqu'à venir frôler celle de la blonde dans un instant incontrôlable, presque fantastique, durant lequel il avait senti le sang grimper jusqu'à ses joues et le souffle se faire court dans sa poitrine, encore plus quand la blonde accrocha son doigt un bref instant. Frisson éphémère, électricité qui parcours un court instant le corps du flic qui se détend. "Je..." Retirant sa main de la table pour ne pas en faire trop, pour ne pas être celui qui s'impose, Lonnie avait adressé un demi sourire à la jeune femme tout en essayant de calmer le feu dans ses joues, le poids sur sa poitrine. "Je vous promets de tout mettre en oeuvre pour la sortir de là." Sincère, honnête, à nue devant lui Lonnie ne pouvait que hocher la tête devant cette affirmation alors qu'il trempait de nouveau ses lèvres dans cette bière si finement choisie. "J'ai confiance en vous Romy." Il utilisait son prénom avec bien plus de confiance qu'il ne l'avait pas avec son nom de famille, quasiment sûr maintenant pouvoir le faire sans s'attirer les foudres de la jeune femme. "Maintenant parlez moi d'Harvey." Le flic s'était raclé la gorge tout en faisant disparaître de ses lèvres le petit sourire imbécile qui n'avait pas quitté ses lèvres depuis de longues secondes, reprenant sa place, replaçant ses coudes sur la table. "Il viendra la voir, j'en suis certain. Le soucis avec Harvey c'est qu'il veut vous rencontrer avant, pour être sur que vous n'êtes pas en train de me mener en bateau." De lui fait croire à un rêve qui n'arrivera jamais, de le laisser s'envelopper dans l'espoir de pouvoir à nouveau serrer sa mère dans ses bras pour, finalement, se voir retirer le droit d'être à nouveau un petit garçon. "Je pense qu'il a peur pour moi, peur de devoir me ramasser à la petite cuillère si tout ça ne s'avère être qu'un rêve idiot...." Dans un soupir Lonnie avait fermé les yeux, passant une main moite sur son front fiévreux rendu chaud par le contact physique mais aussi par la vulnérabilité qu'il laissait transparaître. "Faites que ça fonctionne Romy, sil vous plait." Suppliant comme un enfant Lonnie avait pourtant affiché un sourire sur ses lèvres, redevenu gamin, sa main frottant nerveusement contre le bois de la table alors qu'il se promettait de mettre toutes les chances de son côté pour faire sortir sa mère.
Romy ne s’était jamais sentie si nerveuse lors d’un rendez-vous, et bien qu’il était encore abstrait de se raccrocher à la barrière professionnelle pour qualifier l’échange qui se jouait entre elle et le fils Hartwell ce soir, elle gardait en tête que sa volonté initiale de faire sortir Gail de prison était propre à ses fonctions. Elle avait beau s’investir plus que de raison, voir sa carapace se fendiller à chaque rencontre avec cette femme qui l’avait touchée sans qu’elle n’en connaisse trop les raisons, la conseillère essayait toujours de sortir de son bureau la tête vidée. Elle y arrivait plutôt bien en général, mais ce soir tout plantait en beauté. Lonnie entrait dans son esprit comme une entité à part entière qui se détachait de la limite du « fils de ». Derrière ses joues rosies et son regard fuyant, la petite blonde voyait en lui quelqu’un qu’elle avait envie de ne pas décevoir, qu’elle avait envie de connaître, ne serait-ce que pour combler les manques laissés par la description que Gail en avait faite. Elle comprenait qu’être arrivée dans sa vie comme un boulet de canon n’était pas la méthode réglementaire pour s’en faire un allié, mais là encore, si jusqu’il y a encore quelques jours elle se moquait bien de sa manière de récolter des infos pour convaincre la mère de famille, aujourd’hui elle avait envie d’y mettre les formes, donc oui, elle entendait son point de vue. "Alors on se comprend." Un sourire lui étirait le coin des lèvres, répercuté par mimétisme sur les traits d’une Romy qui se détendait peu à peu. "Merci de prendre en compte tout ça... Mes amis sont rares et je n'ai pas envie de les perdre sachant qu'il est très dur pour moi de m'en faire de nouveau." D’un mouvement de tête elle approuvait cette remarque, répliquant pour la forme : « Je serai aussi discrète que possible. Enfin j’essaierai. » une précision nécessaire ; Romy avait beau être un petit gabarit, elle avait une fâcheuse tendance à prendre beaucoup de place lorsqu’elle se mettait une idée en tête, et le malheureux Lonnie Hartwell en faisait les frais aujourd’hui. C’était sans doute pour se racheter qu’elle consentait à se découvrir un peu, à lui expliquer les raisons de sa dévotion pour le dossier de Gail. En temps normal elle n’aurait jamais admis accorder un traitement de faveur à la détenue, mais les choses étaient un peu trop différentes ce soir, alors elle se lançait. "Elle à ce don oui.... ça et son boeuf bourguignon." Romy esquissait un demi sourire, à mi-chemin entre la tendresse et la tristesse. Il y avait quelque chose dans cette famille qui la bouleversait, qui la changeait de son propre schéma où tout était on fleek d’apparences. Une fratrie de trois où elle était la seule à faire office de joint pour maintenir un ensemble. Une mère dépressive, un père absent, une grande sœur partie vivre à l’autre bout du pays et un petit frère qui avait profité de ses études supérieures pour quitter le navire. Les Hartwell n’étaient pas la famille parfaite, mais à en juger par l’attitude des fils et de la mère, tous se sentaient profondément concernés, et ce simple fait réchauffait le cœur de la petite blonde qui se promettait de tout faire pour ne pas échouer, bravant ainsi les principes premiers de sa profession. Quand bien même elle n’était plus à ça près, établir un contact physique avec le flic n’était qu’un pas de plus vers ce qu’elle avait envie de faire à défaut de se cantonner à ce qu’elle devait faire. Brièvement, sans doute un peu trop, elle avait attrapé son doigt dans un geste qu’elle n’expliquait pas, qui lui laissait la peau à vif, et tandis qu’il retirait sa main avec rapidité, Romy faisait fonctionner ses articulations pour reprendre le contrôle de la sienne, comme pour se reconnecter à l’instant. Avec sincérité, elle exposait ensuite ses intentions ; faire sortir Gail. C’était son job, ce qu’elle faisait de mieux, et bien que la libération de la détenue ne soit pas son seul objectif elle préférait rassurer Lonnie sur cette première étape. "J'ai confiance en vous Romy." Au revoir Ashby, donc. Bien. La blondinette hochait la tête avec un demi-sourire au coin des lèvres, soufflant un : « Merci » qui, elle l’espérait, suffisait à rendre audible toute la reconnaissance qu’elle lui portait. Sans lui elle était coincée, et elle avait besoin d’avancer. Le temps filait à une vitesse folle ces derniers temps, et dans la mesure où elle n’aimait pas vraiment perdre un temps jugé précieux, la conseillère réajustait la conversation si tôt les dernières mises au point effectuées. Harvey. Il fallait qu’ils discutent d’Harvey, du fils prodigue. Elle l’espérait du moins. "Il viendra la voir, j'en suis certain. Le souci avec Harvey c'est qu'il veut vous rencontrer avant, pour être sur que vous n'êtes pas en train de me mener en bateau." Le fils Hartwell s’était raclé la gorge, prenant un air plus sérieux qui plaisait tout autant à la control freak qu’était Romy en ce qui concernait son job. "Je pense qu'il a peur pour moi, peur de devoir me ramasser à la petite cuillère si tout ça ne s'avère être qu'un rêve idiot...." Elle fronçait les sourcils, l’observait se passer une main fatiguée sur le visage avant de l’entendre poursuivre : "Faites que ça fonctionne Romy, s’il vous plait." dans un élan de sincérité qui la laissa muette quelques secondes. « Vous savez que je ne la lâcherai pas, hein ? » qu’elle demandait, prenant avec assurance cette main qu’il agitait contre la table pour la reposer avec douceur. Il était nerveux, et sa nervosité finirait par la gagner à son tour si elle se laissait happer, alors elle préférait prendre les devants et l’apaiser. Un peu. Autant qu’elle le pouvait du moins. « Et je ne vous lâcherai pas non plus. Il faudra composer avec moi un moment. » Ce qui était une bonne, comme une mauvaise nouvelle. Gail ne sera jamais seule, jamais laissée en autonomie totale sitôt les grilles de la prison franchies. Romy avait toujours mis un point d’honneur à mener jusqu’au bout la réinsertion professionnelle et personnelle de ses dossiers, elle n’allait pas faire d’exception, surtout pas avec celui ci. « On rediscutera du pratique. Des procédures, des étapes. C’est long et fastidieux et je veux pas vraiment vous embrumer l’esprit encore plus ce soir. » qu’elle concédait dans un demi sourire, les lèvres pincées dans une moue qui voulait dire ’désolée’ « Je … on peut peut être profiter de cette soirée le temps que vous intégrez tout ça ? » La tête penchée sur le côté, la petite blonde laissa un sourire plus large lui étirer le coin des lèvres, précisant ensuite : « Vous savez elle m’a raconté pas mal de choses sur vous et votre frère. » Des anecdotes de famille, des souvenirs que la détenue gardait précieusement et qui avaient trouvé leur place dans la mémoire de la conseillère. « Si ça vous dit. Sinon on peut aussi pester contre la bière bio. » ou rentrer. Romy lui laissait le choix, elle n’avait pas envie de s’imposer. L’ascenseur émotionnel qu’était cette discussion semblait s’être calmé, mais peut-être pas suffisamment. Peut-être que le flic désirait retrouver la sécurité de son appartement, auquel cas elle comprendrait.
There is a swelling storm and I'm caught up in the middle of it all and it takes control of the person that I thought I was, The boy I used to know. But there, is a light In the dark, and I feel its warmth, In my hands, and my heart. Why can't I hold on?
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Il n'y avait presque plus rien de professionnel entre Lonnie Hartwell et Romy Ashby, et si la paire s'évertuait encore à garder un minimum de barrières dressées dans leur relation on pouvait sentir que l'atmosphère tendue de la première rencontre avait laissé place à quelque chose de plus tout qui apaisait le flic tout en lui foutant une trouille bleue. Alors oui, il n'y avait presque plus rien de professionnel entre les deux mais le rouquin gardait toujours au fond de lui cette peur de s'accrocher au futile, au "peut-être que" et n'avait pas à coeur d'être de nouveau déçu si jamais il s'aventurait à baisser de nouveau sa garde. Mais elle n'arrangeait rien, Romy, ni elle, ni son sourire, ni les petites attentions qu'elle tentait de dissimuler derrière le masque du boulot. Elle n'arrangeait rien à ce cœur tambourinant lourdement dans la poitrine du bleu alors que la discussion s'égarait sur les entrées de la jeune femme dans la vie d'un Lonnie qui ne voulait pas faire de vagues dans celles de ses amis. Si elle avait réussi à mettre la main sur Leah alors que le flic venait à peine de la retrouver il n'était sûrement pas compliqué pour la conseillère de venir frapper à la porte de Finnley Coverdale ou de Tad Cooper, créant ainsi un malaise entre Lonnie et ses potes pendant la prochaine rencontre beer pong. « Je serai aussi discrète que possible. Enfin j’essaierai. » L'air mutin, un maigre sourire sur le visage alors qu'elle formulait les derniers mots avec une étincelle dans les yeux, Romy venait de lui faire une promesse qu'elle se devait de tenir pour se pas perdre à jamais la confiance d'un Lonnie qui, sourire aux lèvres, hocha la tête lentement. « Je compte sur vous alors. » A vrai dire il comptait sur elle pour beaucoup de choses, comme sortir Gail de prison, mais ... baby steps. Si Romy avait développé un soft spot pour la mère Hartwell elle l'avait bien caché jusqu'ici et s'attira l'émotion d'un fils cadet trop longtemps privé de sa mère et qui pouvait comprendre que le sourire pâle mais attentionné de la prisonnière avait ce don de faire fondre les cœurs. Sur les lèvres de la conseillère s'étira un sourire à mi chemin entre la tristesse et la tendresse qui heurta Lonnie en plein cœur alors qu'il portait à ses lèvres une nouvelle gorgée de la bière qui n'était, finalement, pas si mauvaise que ça. Il voulait la questionner, lui demander si toute cette histoire avec sa mère n'était pas une parade pour oublier les problèmes qu'elle devait affronter dans sa vie, mais le flic n'était pas assez intime et pas assez curieux pour s'engouffrer dans les brèches que Romy avait laissées ouvertes un court instant, il se contenta donc d'un sourire compréhensif qui - il l'espérait - ferait l'affaire pour le moment à défaut de pouvoir la serrer contre lui. En exprimant sa confiance envers la petite blonde Lonnie avait abattu ses dernières cartes, fait tomber ses dernières barrières alors que la conseillère soufflait timidement un « Merci » qu'il accepta en hochant la tête avant de se racler la gorge pour entamer une discussion plus professionnelle se basant sur Harvey et sur la décision prise par l'aînée de venir à la prison à l'unique condition de rencontrer Romy avant. Cette discussion avait relancée la nervosité de Lonnie qui ne pouvait s'empêcher de gratter le bois de la table de ses ongles alors qu'il exposait points par points les conditions imposées par son frère mais aussi la peur que les frères Hartwell partageait, à savoir celle de se faire mener en bateau par la conseillère. « Vous savez que je ne la lâcherai pas, hein ? » Elle avait fait glisser sa main sur celle, nerveuse, du flic qui s'arrêta aussitôt, le coeur frappant contre sa poitrine. Dans un moment d'absence, peut être trop vite pour qu'il se rende compte, Lonnie avait serré la main de Romy comme deux adolescents qui se découvrent pour la première fois. « Et je ne vous lâcherai pas non plus. Il faudra composer avec moi un moment. » Lonnie détourna le regard un instant pour combattre la nervosité, combattre le feu dans ses joues et la marée sous ses paupières, agrippant sa bière pour se donner une constante alors la jeune blonde penchait la tête sur le côté pour appuyer ses paroles. « Mince alors, moi qui pensait être débarrassé de vous... » Taquin, joueur, le flic avait haussé un sourire sur son visage alors qu'il reprenait une posture d'adulte et non pas d'enfant impressionné. « On rediscutera du pratique. Des procédures, des étapes. C’est long et fastidieux et je veux pas vraiment vous embrumer l’esprit encore plus ce soir. Je … on peut peut être profiter de cette soirée le temps que vous intégrez tout ça ? » Il avait très envie de profiter de cette soirée avec la conseillère, jamais il ne l'avouera, mais il en avait très envie. D'un geste de la main le bleu attira l'attention du serveuse en pointant du doigt les bières posées sur la table pour commander une nouvelle tournée, peu importe la provenance du breuvage tant qu'il restait en bonne compagnie. « Je vous préviens que j'ai plein de sujet de discussion très barbant... mais je serais plus qu'heureux de les partager avec vous. » Prolonger cet instant, ne plus avoir à compter les secondes ou même les heures, se taire sur les sujets fâcheux pour ne laisser transparaître que l'envie d'un moment d'absence, de futilité, être heureux un instant. « Vous savez elle m’a raconté pas mal de choses sur vous et votre frère. » Curieusement il n'en était pas étonné du tout, maman Hartwell avait du trouvé de nombreuses parades aux questions de la conseillère, parler de Harvey et Lonnie avait sans doute été un moyen pour elle de faire diversion, quitte à assommer Romy de souvenirs qu'elle ne pouvait qu'imaginer. « De bonnes choses j'espère ... ça me ferait mal d'apprendre que vous savez tout de mon enfance alors que je ne sais rien sur vous. » Le flic voulait redistribuer les cartes et s'assurer que les deux parties avaient le même chemin à parcourir, car si la conseillère connaissait maintenant une grande partie de sa vie Lonnie ne pouvait pas en dire autant. « Si ça vous dit. Sinon on peut aussi pester contre la bière bio. » Montrant du bout du menton le serveur qui ne les avait pas lâché des yeux durant la préparation de deux nouvelles bières qu'il mettait un temps fou à sortir de la bouteille Lonnie s'était approché de la jeune femme en murmurant. « Il pourrait me servir la pire bière du monde que je l'accepterai avec plaisir juste pour profiter de cette soirée avec vous. » Ok, c'était poussé et sûrement bien trop direct pour un homme qui n'avait réussi à draguer que deux fois dans sa vie mais, étrangement, les barrières du bleu étaient tombées plus rapidement que prévu. « Mais avant j'aimerai vous poser une questions, si vous le voulez bien ? » Le flic avait reculé d'un mouvement sur sa chaise avant de laisser glisser la dernière lampée de liquide dans sa gorge. « Est-ce qu'on peut commencer à a se tutoyer ? Parce qu'on va vraiment passer du temps ensemble et à un moment ou à un autre ma langue va fourcher. » Sourire joueur sur les lèvres le bleu avait tout oublié des potentielles embûches sur leur chemin, tout ce qu'il voulait s'était faire la paire avec Romy et travailler main dans la main pour obtenir le résultat escompté, quitte à passer tout son temps libre avec la blonde, une chose qu'il espérait au plus profond de lui.
Romy promettait d’être discrète, de ne plus s’immiscer dans la vie de Lonnie sans qu’il n’en soit informé, et qu’il s’en rassure, elle allait essayer de se tenir à cette ligne de conduite un maximum. Si la blondinette avait pour objectif premier de faire sortir Gail, elle ne le ferait pas à tout prix, et plus elle discutait avec le fils cadet et plus elle se rendait compte qu’il n’était pas de ceux qu’il fallait brusquer sous peine de le voir se briser. Elle avait beau avoir l’impression de le connaître, d’en savoir beaucoup sur lui, il n’en était rien, et c’était un Lonnie different de celui dépeint par la détenue qui se tenait devant elle, loin du petit garçon qui faisait des châteaux de sable le dimanche après midi. Ce n’était pas pour lui déplaire, ni pour lui plaire ... enfin elle n’en savait rien. Pas vraiment une grande adepte du « foutu pour foutu » Romy, qui s’était pourtant déjà laissée troubler par les grands yeux de Gail, se trouvait désormais à outrepasser à nouveau ce que la profession lui permettait en investissement en laissant au Hartwell l’espoir brûlant de voir sa mère quitter les quatre murs de sa cellule. Elle ferait tout ce qu’il lui était possible pourtant. « Je compte sur vous alors. » lui répondît il après un hochement de tête, satisfaisant la conseillère qui prit une gorgée de sa boisson pour apaiser sa gorge sèche. Cette discussion commençait à devenir bien trop intense, pour lui comme pour elle bien que la blondinette se raccrochait à un semblant de professionnalisme elle avait laissé tomber les barrières et s’était risquée à quelques confidences, sans trop savoir pourquoi. Elle aurait pu se cantonner à une réponse banale lorsque Lonnie lui avait demandé pourquoi elle se sentait si concernée par le sort de sa mère, mais ce n’aurait pas été correct. Elle s’immisçait dans sa vie ... et se devait d’être honnête. Il lui semblait. Heureusement pour elle le flic ne releva pas sa remarque, lui adressant un sourire compréhensif auquel elle réagissait par mimétisme. Sa vie n’était pas à plaindre bien qu’elle ait dû composer avec la secrétaire de son père comme figure maternelle durant toutes ces années, et peut être qu’ils en discuteraient un jour, mais pas maintenant en tout cas. Ils réglaient les derniers détails de cette première étape, arrivaient au bout d’une discussion qui les avait épuisés l’un et l’autre comme en témoignait la main du rouquin qui s’affairait nerveusement à malmener la surface de cette table et que Romy tentait de calmer d’une pression, de quelques paroles dont elle espérait qu'elles puissent le rassurer quant à ses intentions et sa sincérité. « Mince alors, moi qui pensait être débarrassé de vous... » Lui qui avait tourné la tête, relevait maintenant vers elle un regard plus assuré, plus taquin, l'un de ceux qui plaisaient à la blondinette tant elle y trouvait quelqu'un fait du même feu qui l'animait. Finalement, peut être qu'elle n'avait pas tout chamboulé dans la tête du flic, et alors qu'elle mit à sourire à sa remarque, elle se disait que le laisser tranquille ne pourrait pas lui faire de mal. Un peu, du moins. Elle avait envie de lui laisser un peu de temps pour intégrer toutes ces idées, pour l'intégrer elle dans son esprit, et si jusqu'à présent elle s'était cantonnée à son rôle de conseillère ... sans trop savoir pourquoi Romy renversait la barrière pour se présenter sous un autre jour, être elle même sans amener Gail pour faire le lien. L'idée initiale était d'instaurer un climat apaisé, mais peut être qu'elle avait envie de passer un peu de temps avec Lonnie, de le connaître et de se faire une image différente que celle du garçon dépeint par sa mère. Tacitement, le flic approuvait, faisait signe au serveur de leur amener une nouvelle tournée, et alors qu'elle le regardait faire en croisant ses bras sur le rebord de la table, elle secouait doucement la tête en l'entendant lui répondre : « Je vous préviens que j'ai plein de sujet de discussion très barbant... mais je serais plus qu'heureux de les partager avec vous. » L'important étant la seconde partie de cette phrase. "Je suis sûre du contraire." Elle en était persuadée même. La blondinette avait beau ne pas connaître le flic, elle voyait tout de même en lui quelqu'un de plus intéressant qu'il ne le laissait entendre, alors comme pour le rassurer elle s'était risquée à lui confier que Maman Hartwell s'était laissée à de nombreuses confidences concernant ses fils. « De bonnes choses j'espère ... ça me ferait mal d'apprendre que vous savez tout de mon enfance alors que je ne sais rien sur vous. » Elle souriait avec douceur, secouant la tête comme pour l'arrêter. "Je sais beaucoup. Et vous savez j'ai eu l'enfance la plus banale qui soit." Famille unie en apparence, fratrie sans faux pli, pas de drama plus conséquent que l'oncle Sam s'étant fait attrapé avec la babysitter à l'automne 2008 ; les Ashby ne seraient jamais un sujet de série à succès. Néanmoins, malgré ce fait et cette soirée bio artisanale, Lonnie fit le choix de rester à ses côtés, lui glissant un : « Il pourrait me servir la pire bière du monde que je l'accepterai avec plaisir juste pour profiter de cette soirée avec vous. » comme dans un murmure alors qu'elle l'avait senti se rapprocher un peu plus d'elle. Elle avait cligné des paupières, fronçant les sourcils le temps de savoir si elle devait écouter les alertes rouges qui s'allumaient une à une dans son esprit où si elle devait commencer à apprécier cette chaleur qui se propageait dans sa poitrine. Ils étaient peu nombreux, ceux pour qui elle avait l'impression d'être plus qu'une simple boule d'énergie, une simple épaule, alors ... sans trop savoir comment réagir elle avait hoché du menton, d'une façon presque imperceptible. Elle était là, sa faiblesse. Invisible, banale, Romy en avait des dizaines des qualificatifs qu'elle se collait sur le front, et bien qu'elle ait elle même désiré qu'ils poursuivent sur une note un peu moins administrative ... elle n'aurait pas vraiment pensé que le flic désire la passer avec elle Romy plus qu'avec elle conseillère. « Mais avant j'aimerai vous poser une questions, si vous le voulez bien ? » Hein ? Quoi ? Questions ? Ok. La blondinette se reconnectait, renouait ses neurones les uns aux autres pour recouvrer un semblant de logique dans le fil de ses pensées, puis d'un nouvel hochement de tête elle l'incitait à poursuivre alors qu'il se reculait doucement, comme pour dire quelque chose d'un brin plus sérieux. « Est-ce qu'on peut commencer à a se tutoyer ? Parce qu'on va vraiment passer du temps ensemble et à un moment ou à un autre ma langue va fourcher. » Ah ? Romy haussait le sourcil, partant d'un petit rire comme ... soulagée. Elle se passait une main dans les cheveux, dénouant maladroitement les boucles qu'elle s'était pourtant embêtée à faire avant de venir jusqu'ici. "Sur le moment j'ai pensé à quelque chose de ... je sais pas. Sérieux. Grande révélation. Mais oui, bien sûr." Elle souriait, jouant à nouveau avec sa pinte dans une habitude qu'elle s'était pourtant promise de chasser. L'idée de la réchauffer en laissant ses doigts la faire tourner la rebutait finalement moins que de ne pas l'avoir pour canaliser son anxiété.
***
Ses doigts pianotaient sur son téléphone tandis qu'elle se débarrassait de ses chaussures en les balançant avec grâce (pas vraiment) dans l'entrée. Elle essayait d'écrire depuis un bon cinq minutes sans toutefois trouver les mots justes, hésitant entre le : "Prim, faut qu'on parle." trop solennel, et le "Prim, j'ai un rendez vous. Faut qu'on aille faire du shopping." pas vraiment représentatif de l'état émotionnel de la blondinette en ce début de nuit. Finalement elle avait tout effacé, rangeant son téléphone dans la poche arrière de son jean alors qu'elle se laissait retomber de tout son long sur le canapé, bien heureuse d'avoir l'appartement pour elle seule sans avoir à parler à qui que ce soit. Ses méninges fusaient, se menaient une lutte qu'elle ne contrôlait pas vraiment entre ce qu'elle pensait devoir faire et ce qu'elle avait envie de faire, et même si elle avait enfoui son visage dans le moelleux d'un coussin, rien n'y faisait et elle n'arrivait pas à se sortir les souvenirs de cette soirée du crâne. Lonnie Hartwell avait fichu un bazar monstre dans son esprit ; l'arroseur arrosé. Il l'avait fait rire, s'était montré sous un angle que la jeune femme n'aurait pas vraiment imaginé ... et qui lui plaisait. Sans doute un peu trop. Elle avait aimé sa façon d'être, sa façon de voir les choses, et si initialement elle avait prévu de s'en faire un allié pour sortir Gail de prison ... aujourd'hui ses intentions dépassaient un chouïa (ou pas) cette idée, et ... oui, elle avait envie de le revoir dans des circonstances qui dépassaient le cadre de la prison. La réciproque devait être vraie puisqu'ils avaient convenus d'un second rendez vous, et alors que Romy essayait encore de trouver un semblant de justification à ce qui se tramait entre eux, son esprit fatigué lui imposa l'évidence ; elle en avait envie alors qu'elle arrête de se voiler la face. Extirpant à nouveau son téléphone de sa poche, elle pianota quelques mots qui n'étaient cette fois ci pas destiné à sa cousine, ni même à sa meilleure amie, mais à Lonnie à qui elle écrivait : "Je suis bien rentrée chez moi. Merci pour tout. Hâte d'être à vendredi. xx, Romy." et cette fois ci pas d'hésitation. Elle avait envoyé sans vraiment réfléchir, sans vraiment attendre de réponse non plus. Commencer à se faire à l'idée qu'elle voyait le flic différemment d'une aide professionnelle l'inquiétait, mais l'apaisait aussi tant elle avait l'impression qu'ils se comprenaient sur toute la ligne, alors ... peut être que ce n'était qu'une question de temps pour que les choses s’imbriquent.