« I got cancer. » Ces mots me hantent. Je réalise juste pas. J’étais sûr que s’ils m’avaient mis de côté c’était parce que leurs vies étaient bien remplies mais non. C’est pire. Ils ont pas voulu me tenir au courant de cette nouvelle horrible. La pire nouvelle. He is not dead yet. Je sais que y’a des gens qui vivent avec le cancer. C’est carrément pas la vie idéale mais vivre c’est toujours mieux que mourir. « I got cancer. » Je réalise pas du tout. « I got cancer. » Vraiment je le crois pas.

On s’est séparé pour aller à l’hôpital après et y’a toujours du monde autour de nous alors que Ari est prise en charge. Mes yeux se posent sur Levi « I got cancer. » Ses mots qui reviennent à mes oreilles. Et moi qui le croit toujours pas. « I got cancer. » J’en sais pas plus. Mais il dit qu’il l’a. « I got cancer. » Et je joue de mes connection au sein de l’hôpital pour accéder au dossier de Levi. C’est totalement interdit mais j’ai besoin de le lire, de le voir. Noir sur blanc et c’est là. Alors que je suis caché dans la salle de pause des infirmières avec une copie du diagnostic que j’ai pu me faire parvenir. Charlie qui garde la porte pour que je sois tranquille dans ma découverte de l’ampleur de la situation. « I got cancer. » He really got it. Fuck. J’ai beau le lire j’y crois toujours pas. He got cancer. Je continue. Je lis tout parce que même en lisant j’y crois juste pas. Je sais qu’il l’a, c’est écrit, mais j’y crois pas. C’est incroyable.

Je ressors de la pièce, je prends la main de Charlie pour retourner au bureau des infirmières. Je vais rentre le dossier discrètement à ma collègue et vraiment je suis muet. J’ai pas les mots sur la situation. Le show d’Architects est à mille lieu dans ma tête. J’ai complètement oublié ça et je vais juste dans la salle d’attente parce que Ari est toujours en train d’être vu. Mais j’attends quoi exactement ? Je sais pas trop. Mais c’est une salle d’attente alors j’attends. Je tourne la tête vers Charlie.

« You can go if you want. I don’t know how long I’ll be here. »

Sûrement toute la nuit, je sais pas. En vrai ça me dérange pas, ces murs c’est mon quotidien. Et j’ai envie de voir Ari et Levi avant de rentrer chez moi. Pourquoi j’ai l’impression je vais plus les voir ? On a besoin de discuter ça c’est sûr. Pour dire quoi ? Je sais pas.

A brand new doomsday

La nouvelle n’avait pas été difficile à accepter sur le coup parce qu’elle n’avait pas eu le temps d’y penser. Le mot en c n’en était qu’un parmi d’autres et il s’était perdu dans la mêlée, entre une Ariane à terre au bras désarticulé, un Kane à essayer de déloger de dessus cet imbécile d’inconnu et un Levi qui lui a évité de justesses des douleurs interminables dans le ventre à cause d’un coup de poing. S’il l’avait vraiment frappé elle aurait peut être eu à faire des analyses elle aussi et elle aurait dû dire qu’elle est enceinte alors non, hors de question que cela ne devienne réel. Cela ne sera jamais moins pire que le mot en c qui ronge Levi de l’intérieur, ce mal qui l’habite depuis plusieurs semaines sûrement et tous ces instants où il paraissait immensément fatigué qui prennent enfin tout leur sens. Il a un cancer, et il va mourir. Le lien de cause à effet est sans doute trop rapide, mais c’est ce qui arrivera à terme. Et même s’il guérit, il aura perdu des années de vie. Même s’il guérit, il ne sera plus jamais le même. Techniquement elle n’y connaît pas grand chose en cancer, mais elle peut se douter de tout ça. Pourtant, quand l’annonce est tombée ce n’est pas vers Levi qu’elle s’est retournée, mais Kane. Au fond elle avait surtout envie d’insulter cet imbécile parce qu’il allait prendre la chose trop à coeur et se renseigner partout. Il allait tout vivre avec Levi, et là on parle seulement de mauvais moments ou d’encore pires. Cette maladie va le détruire lui aussi.
Pourtant elle ne lui montre pas à quel point elle s’inquiète parce que ça rendrait tout encore pire. Elle lui fait seulement savoir qu’elle est là, qu’elle sera là pour Levi aussi même si elle n’était pas supposée être au courant.

La blonde tapote nerveusement des doigts sur le mur alors qu’elle a recroisé ses mains derrière elle, qu’elle garde la porte sans aucune discrétion. Comment est ce qu’ils font dans les films putain ? Ils font pas comme ça Charlie, ils tournent pas brusquement la tête dès que quelqu’un passe. C’est un putain de couloir d’hopital, il y a toujours des gens qui passent. Elle n’a pas pu le convaincre de laisser le dossier de Levi à la discrétion de ses médecins, n’a même pas essayé non plus. Elle sait qu’elle passe en troisième plan et c’est normal. Ses deux meilleurs amis vont mal et elle elle se contente de le tenir dans ses mains quand il est proche d’elle, d’aller le quérir lorsqu’il est plus loin. C’est tout ce qu’elle fait, parce qu’elle ne sait pas quoi faire d’autre. Ce n’était pas supposé se finir dans un hopital. Kane ne va pas sourire ici. Il ne va pas vivre sa meilleure vie. Et elle, ça l’angoisse de se retrouver enfermée entre quatre murs blancs aseptisés.
Aucun mot ne sort de la bouche de personne lorsqu’il ressort de la salle de pause, le dossier en main. Charlie reste interdite, ne fait même pas attention lorsqu’il prend sa main dans la sienne pour l’entraîner à sa suite. Tout semble irréel, un mauvais cauchemars duquel elle sortira bientôt. Sauf qu’elle sait comment elle est arrivée là et elle pourrait résumer sa journée entièrement alors cela n’a rien de fantasmagorique. C’est la putain de réalité et tout est en train de s’écrouler. « You can go if you want. I don’t know how long I’ll be here. » La tête de la blonde se tourne vers lui de façon mécanique, attirée par le bruit produit par sa bouche. Elle est son ombre pour ce soir et les jours à venir. Où il va elle va. Il ne sera pas seul et, dans un sens, elle ne le sera pas non plus. Pourtant, Charlie ne dit rien et garde cette mine impassible qui ne lui ressemble pas. « Did he hurt you ? » Leurs yeux ne se croisent même pas puisqu’elle n’ose pas le regarder, elle se contente d’examiner ses avants bras et de remonter les manches de son tee shirt. Tout se fait de manière automatique, comme si elle n’était pas là. Elle reste alerte à la moindre tâche sur sa peau, le moindre indice d’ecchymose. Mais c’est lui l’infirmier de formation et elle qui tourne de l’oeil à la vue de la moindre plaie ouverte. Elle se contente de se prétendre utile et de jouer un rôle. Ca ne fonctionne même pas. Sa jambe droite tremblement nerveusement sans qu’elle ne contrôle rien et voilà que Charlie est en train de lui écarter les doigts un à un pour continuer son inspection. Elle cherche seulement quelque chose à faire, quelque chose qui la rendrait à peu près utile et le seul qui puisse subir cette crise de panique à peine voilée, c’est Kane. « He didn’t … I think he didn’t. » Peut être qu’il a un cancer lui aussi. Peut être qu’elle devrait demander des analyses, parce que peut être que c’est contagieux. Ca pourrait être devenu contagieux, qui sait. Faut bien que les apocalypses zombies débutent quelque part, hein ? « Tell me you’re okay. » C’est tout ce qu’elle veut entendre, qu’au moins une personne aille bien ce soir. Que ce soit Kane, ça serait encore mieux. Il est le bonus compte double. Si Kane va bien alors elle va bien aussi. Pour le moment elle ne sait pas alors sa langue ne cesse d’humidifier ses lèvres à intervalles régulières et son corps fait tout un tas de choses qui n’ont aucune logique, comme le fait de trembler et de lui donner des envies inédites. Elle veut fumer.

« Did he hurt you? » et elle commence à me toucher pour vérifier si j’ai pas des marques sur la peau. Je dois avouer que non seulement son contact me fait du bien, mais aussi j’aime qu’elle s’inquiète comme ça. Is she really giving 200%? Elle a une longueur d’avance par rapport à mes ex. Elle sait de quoi j’ai peur. Elle a l’air de faire ce qu’il faut pour me rassurer. Elle a aussi l’air sincère. Je peux pas croire qu’elle joue la comédie. Still trying not to look too much into this. Parce que j’ai trop trop peur de l’avenir. L’avenir qu’on aura pas ensemble. Parce que c’est juste voué à l’échec comme toujours. Je suis trop pessimiste dans mes pensées, mais mon coeur est plein d’espoir. Je sais que même si je garde de la distance, je vais souffrir. Parce que ma tête et mon coeur sont pas accordé. J’arrive juste pas à pas l’aimer…

« He only hurt my feelings. »

Je vois qu’elle est pas bien. Elle est grave concerned à propos de tout ce qu’il s’est passé ce soir. Elle a raison de l’être. C’était pas rien tout ça. Vraiment. Ce soir. Je m’en souviendrais longtemps. Toute ma vie. Et elle continue de chercher des traces de violences que j’ai reçu. Mais il doit en avoir plus que moi. « He didn’t… I think he didn’t. »

« He didn’t. »

Je lui confirme, mais elle a bien fait de vérifier parce que je suis dans un état un peu second là. Genre. L’adrénaline tout ça. J’aurai très bien pu avoir un truc cassé que je m’en serai pas encore rendu compte. « Tell me you’re okay. » Et c’est à ce moment là que je reçois le SMS de Levi qui me demande exactement la même chose.

« Wow you guys are in sync. It’s Levi. »

Et je fais passer Levi en premier. Même si Charlie est juste à côté. Il répond vite aux messages. On parle. Je me mordille la lèvre souvent. Et j’ai les larmes aux yeux quand il dit qu’il va se battre pour vivre et rester dans le coin longtemps. J’avais besoin de lire ça. J’avais besoin de voir comment il prend ça. Qu’il est en mode fight. Mais il ne pouvait pas être dans un autre mode en même temps.

« He’s going to fight this. I’m ok. He is not letting himself die. I’m ok. »

Puis je relève la tête vers Charlie, m’essuyant les yeux.

« He doesn’t want people to know tho. So, just don’t say anything. You know… He is famous now. And don’t break his pigeon mug. Please. »

Un sourire se forme sur mes lèvres parce que c’est la requête la plus stupide de la terre. Levi l’a dit pour rire, mais je sais qu’il y tient à ce mug et je sais qu’elle le déteste.

« I’d do anything you want for you not to break it. I’m serious. »

I'm serious mais le sourire sur mes lèvres me rend pas du tout crédible. Quand même je sais qu'elle va me prendre au sérieux. J’en reviens pas que tout en revient à ce mug. Ce mug est en train de devenir aussi important que son cancer. Si le mug est cassé… Ce sera un mauvais présage. Il faut que le mug survive. Il faut que Levi survive.

A brand new doomsday

« He only hurt my feelings. » Si ses pensées étaient vraiment avec elle dans cette salle d’attente alors elle aurait rigolé, parce que cette blague est presque drôle. Ou peut être que ce n’est pas une blague et dans ce cas là elle se sent encore plus mal, même si cela reste difficile à croire qu’il existe encore une étape de plus vers le mal être. « He didn’t. » Charlie voudrait lui crier qu’il n’en sait rien parce qu’à cause de toute cette histoire d’adrénaline, il pourrait avoir un couteau planté dans le dos qu’il ne ressentirait qu’un léger inconfort. Il pourrait avoir un os de cassé même. Il n’y a pas besoin que ça fasse des angles bizarres comme le bras d’Ariane. Il pourrait avoir plein de blessures sans même le savoir parce que le corps humain nous cache souvent bien trop de choses et ça la terrifie qu’il puisse avoir mal.

« Wow you guys are in sync. It’s Levi. » C’est pas ce qu’elle veut entendre, c’est pas la question qu’elle a posé non plus. Elle veut seulement savoir s’il va bien, s’il est toujours le seul sur qui elle peut encore se reposer. Peut être qu’il est en train de gagner du temps parce qu’il ne veut pas répondre à la question ? Et si lui aussi n’allait pas bien ? Elle aime beaucoup Levi. Beaucoup, beaucoup. Mais là elle a envie de le tuer avant que le cancer ne s’en charge parce qu’elle s’en fout qu’il lui ait envoyé un sms. Elle veut seulement savoir si son petit ami va bien, putain. C’est vraiment trop demandé ? Apparemment, oui, parce que ses yeux se rivent sur le téléphone alors qu’elle est une bombe à retardement à côté de lui et que le décompte est déjà bien avance. Ses mains cessent d’inspecter son corps, elle se recule et prend à nouveau place dans son dossier, sa jambe tremblant toujours. Il l’oublie le temps de son échange de sms et cette peur de l’abandon revient au galop de manière purement égoïste alors qu’il règle seulement des problèmes plus importants. « He’s going to fight this. I’m ok. He is not letting himself die. I’m ok. » Et elle comprend enfin. Ils ne sont que des dominos, des putains de dominos dans un équilibre instable. Kane va bien si Levi sa bien. Charlie va bien si Kane va bien. Levi tombe et tout le monde tombe. Sur qui se repose Levi ? Ariane ? Asher ? Ou alors eux aussi se reposent sur lui ? Bordel, ça se complique. Tim se reposait sur Charlie et il a quitté la partie. Peut être qu’il est le plus avisé de tous, au final. Cependant on parle d’Haymitch alors il va se battre et il va gagner toutes les batailles puis la guerre parce qu’aucune autre issue ne sera tolérée. Il va se battre et il va gagner et comme ça son meilleur ami ira bien. Tout le monde ira bien. Tout le monde pourra être heureux et elle n’aura plus jamais à inspecter le corps de Kane pour savoir s’il a des ecchymoses. « You’re ok. » Ces mots qu’elle se répète pour elle même dans l’espoir d’y croire. Ses jambes se croisent sous le siège métallique pour qu’elles arrêtent d’agir contre le gré de la blonde qui souffle légèrement, les yeux fermés et la tête reposée en arrière contre le mur.
Elle ne garde cette position qu’une simple seconde, se redresse aussitôt lorsqu’elle entend Kane se retourner à nouveau vers elle, les yeux brillants. Il pleurait, ou il était à deux doigts de l’être, et elle ne l’a même pas senti. La culpabilité l’envahit à nouveau, elle tente donc de se raccrocher au sourire qu’il lui tend. « He doesn’t want people to know tho. So, just don’t say anything. You know… He is famous now. » Ca lui fait mal qu’il se sente obligé de préciser ça. Elle est l’invitée qui n’était pas prévu à la fête et qui s’est retrouvée au milieu de ce raz de marée d’informations, certes, mais elle n’aurait jamais trahi Levi. Ni lui ni qui que ce soit d’autre. Elle aurait cru que Kane la connaissait assez pour le savoir, qu’il se contente de la remercier de rester ce soir ou même qu’il ne dise rien. Elle ne cherche pas les remerciements ; le silence aurait été préférable. Charlie se retient de dire quoi que ce soit, de fondre en larmes ou d’exploser de rage. Elle n’aurait eu personne à qui raconter ça, de tout façon. « And don’t break his pigeon mug. Please. » Les yeux de la jeune femme qui cessent de regarder ailleurs et qui se focalisent enfin sur lui. Ils sourient tous les deux pour la première fois depuis bien trop longtemps. Elle ne sait pas comment ils en sont venus à parler de ce mug et une partie d’elle ne veut vraiment pas le savoir, mais ils l’ont vraiment fait et le McGrath a vraiment formulé son voeux de garder cette horrible tasse. « He doesn’t want a unicorn mug ? A kitten mug ? Puppy, whale, duck, … lion ? Anything but his fucking piegon, actually. » Le pigeon est vraiment horrible et en plus de tout ça il trône fièrement au milieu du comptoir, du fait que tous les employés doivent parler de ce bout de verre plusieurs fois par jour pour répondre aux questions de clients tout aussi perdus qu’eux. « I’d do anything you want for you not to break it. I’m serious. » Dans d’autres circonstances ç’aurait été le moment où elle aurait élargi son sourire, levé un sourcil et lancé un “anything ?” avant de l’embrasser sur la mâchoire et de laisser ses mains courir le long de son corps. Ils n’en auraient plus jamais reparlé et le problème aurait été réglé. « I’ll remember that. » Sa carte joker utilisable 24/7, c’est ce qu’est devenu cette immondice grâce à Levi. Kane ferait vraiment tout pour son meilleur ami, il ferait tout pour que Charlie l’empotée ne brise pas cette tasse. Elle sait l’importance que peuvent prendre les petits objets en un rien de temps et à quel point elle même serait prête à tout pour que Léo pense à arroser les trois plantes qu’elle lui a confié. Si elles meurent, elle meurt. Si la tasse se brise, Levi meurt. Si Levi meurt, Kane meurt.
Tout est bien trop lié, ça fait si peur.
« Ariane ? She’s fine ? » Elle fait parti du groupe auquel elle tient maintenant. Elle n’était pas attendue, encore moins voulue, mais maintenant elle est dans le lot alors elle a intérêt à bien se porter et réparer ce bras rapidement. Elle fait partie des dominos. « Why did he attack her ? Was he gonna attack you or Levi ? You know him ? Who is he ? Can we go outside ? » Fidèle à elle même dans tous ces moments où elle se sent mal à l'aise et inconfortable. Mille questions auxquelles elle ne laisse même pas Kane le temps de répondre puisqu’elle enchaîne bien trop rapidement. Elle aimerait réellement une réponse pour chacune d’elle, pourtant. Sauf la dernière. La dernière elle voudrait qu’il la suive sans protester parce qu’ils ont le droit de souffler cinq minutes, qu’aucun bras ne sera miraculeusement réparé et aucun cancer guéri. Juste cinq minutes, pour prendre l’air, pour demander une clope à n’importe qui. Pour sortir de cet hôpital qui la rend folle parce qu’elle ne veut pas y penser. Juste cinq minutes, juste eux deux dehors comme ils l’étaient encore il y a quelques heures avant que tout ne tourne mal.
Ses doigts s'entremêlent aux siens, elle cherche le contact avec ses yeux avant de se dérober elle même, de se lever et de prier pour qu’elle n’ait pas à le tirer dehors parce qu’elle n’en aura pas la force. « I won't talk or break anything. I swear. I swear, Kane, I swear. » Ses doigts qui se resserrent contre la main du blond.

« He doesn’t want a unicorn mug ? A kitten mug ? Puppy, whale, duck, … lion ? Anything but his fucking pigeon actually. » Elle l’aime vraiment pas. Je le sais. J’en ai entendu parler des centaines de fois. Elle m’a fait rire tout autant de fois. Mais là, je plaisante pas sur son souhait de le briser. Il doit survivre. Et quand je lui propose tout ce qu’elle veut je savais bien que ça n’allait pas rentrer dans l’oreille d’une sourde. Je sais. J’aurai fait pareil. J’oublie pas ce genre de truc. « I’ll remember that. » Elle non plus.

Je retourne mettre mon nez dans mon téléphone pour voir si Levi a envoyé d’autres messages mais non. Juste un sad emoji et je sais pas quoi ajouter. Et surtout Charlie est juste à côté de moi. « Ariane ? She’s fine ? » Je relève la tête vers Charlie et j’hausse une épaule.

« As fine as you can be with a broken arm. They’re making her a cast. »

« Why did he attack her ? Was he gonna attack you or Levi ? You know him ? Who is he ? Can we go outside ? » Wow. Toutes ces questions d’un coup. Je sais même plus le début. Mais j’ai même pas le temps de réfléchir parce qu’elle glisse dans la mienne et je la serre fermement. Genre. J’en avais besoin. Je le savais même pas. Mais maintenant que le geste est là je sais pas comment j’ai fait sans jusque là. Et je me lève pour la suivre parce que de l’air va me faire du bien. Une fois sur mes pieds je vais porter sa main - qui est dans la mienne - à mes lèvres pour y déposer un baiser. Thank you.

On met un pied dehors et elle reprend la parole. Je sais que j’ai pas encore répondu mais j’allais le faire. « I won’t talk or break anything. I swear. I swear, Kane, I swear. » Je sens la pression sur ma main se faire plus forte.

« Ok. Thank you. »

Et on marche. On sait pas où on va. On va sûrement pas aller bien loin parce qu’il va falloir revenir dans le coin. Je sais juste pas combien de temps. Mais je pense qu’on a une bonne demi heure devant nous facilement. Voir une heure. Je sais pas.

« He’s one of her ex. He’s the worst piece of shit on earth. »

La rage, la haine, dans ma voix est palpable.

« Really I would kill the guy. I would. If I wouldn’t you know, go in jail. I would kill him. »

Je lâche la main de Charlie pour glisser mon bras autour de ses épaules et l’avoir plus près de moi. J’ai besoin de soft là. J’ai besoin de chaleur humaine. J’ai besoin d’amour pour contrer toute cette haine en moi dirigé vers Jet.

« I have no idea what he would have done. He could have done anything. He is mad. Properly mad. He was also probably high. » So was Ari.

And I kinda wish I was too. And I hate that I’m thinking that.

« Can't believe he broke her arm. »

I am so fucking mad. I am mad cos I was right there and it happened anyway. I couldn't help her. I was right there. I was. Right. There. And still he hurt her again.

« I'm gonna go to the police. »

A brand new doomsday

Il est tout ce dont elle a besoin à l’instant, tout ce qui l’empêche de devenir complètement folle ou paniquée ou peut être même les deux à la fois. Elle sait qu’il ne refusera jamais une main tendue ni même une possibilité de rapprocher leurs deux corps pour empêcher le coeur de l’autre de se détacher de sa poitrine. Il ne refusera jamais le contact doux et chaleureux et il est l’un des rares en qui elle a désormais assez confiance pour le lui accorder en n’importe quelle occasion. Quelques mots confirment qu’il n’y a pas eu de complication avec le bras cassé de la rousse, qu’elle s’en sort avec un plâtre. Au moins ses meilleurs amis pourront lui redonner le sourire en écrivant d’horribles choses qu’elle n’assumera pas du tout. Levi, surtout. Kane écrira “i love you” dans toutes les langues et cette fois ci Charlie ne sera même pas jalouse parce qu’elle a compris que cela ne la mènerait à rien d’être aussi conne. Elle ne pense à rien d’autre que Kane dont sa main vient serrer celle de la rousse encore plus fort et dont les lèvres se posent momentanément dessus, le temps d’un baiser. La panique s’estompe peu à peu, aidé par leurs pas les menant vers la sortie et par le sourire énamouré qu’elle lui tend.

Ils finissent par retrouver l’air frais de l’extérieur et se retrouvent à rôder en dehors de l’hopital, seulement éclairés par de grossiers lampadaires. La nuit est tombée et elle ne saurait même plus dire l’heure qu’il est. Cela fait bien longtemps que la batterie de son téléphone a rendue l’âme et elle ne s’en était même pas rendue compte. Le seul à qui elle aurait peut être voulu parler c’est Léo, mais en ce moment ils ne se parlent plus autant. C’est juste comme ça, ça arrive. « He’s one of her ex. He’s the worst piece of shit on earth. » Ses yeux se dégagent du sol, elle les pose vers son visage fermé et sa mine renfrognée. Il doit vraiment être un horrible connard pour que Kane se mette dans un tel état. Le peu qu’elle a vu de lui la laisse penser que c’est bien le cas. Il n’y a aucune excuse possible pour frapper quelqu’un, encore plus quand cette personne est sans défense et totalement innocente. Mais s’il est réellement l’un de ses ex alors à ses yeux Ariane doit être coupable de tous les maux de la Terre. C’est ce qu’aurait pensé John, et cet homme là est encore pire. Bien pire. « Really I would kill the guy. I would. If I wouldn’t you know, go in jail. I would kill him. » Elle cherche désespérément son regard sans jamais le trouver, tente d’apaiser sa colère sans pour autant ne savoir quoi dire ou quoi faire. Il est enragé et a mille raisons de l’être. Et heureusement que c’est Kane, heureusement que c’est lui, qu’il est le seul pour qui elle accepte cette situation qui ressemble bien trop à ce qu’elle a déjà vécu. Elle ne doute pas qu’il serait réellement capable d’user de ses points contre cet homme, mais elle sait aussi qu’il trouvera mieux pour se venger et venger Ariane. Il n’est pas Cian ou Léo, il ne fonce pas tête baissée dans la gueule du gueule. Hein ? N’est ce pas qu’il ne ferrait pas ça, hein ? Parce qu’elle ne pourrait pas supporter l’idée d’avoir assisté à cette escalade de violence sans rien pouvoir faire. Pas deux fois en si peu de temps. Son bras vient s’enrouler autour de la nuque de la blonde, pourtant. Malgré toute la colère qu’il ressent il prend encore le temps d’essayer de se calmer, de penser à lui, de penser à elle. S’il n’a besoin que de ça pour se calmer alors elle lui donnera tout. Elle continuera de se donner à 200%, encore plus dans ces moments là dans lequels son bras devient si salvateur. La main de Charlie vient retrouver la sienne, plongée dans la vide, et sa tête se pose près de lui. « I have no idea what he would have done. He could have done anything. He is mad. Properly mad. He was also probably high. » Les révélations du blond dépitent toujours un peu plus sa petite amie qui se contente de souffler doucement. Être high n’excuse rien. La folie non plus. Il n’aurait jamais dû être capable de s’approcher d’Ariane. Bon sang, voilà qu’elle vient à avoir de l’empathie pour elle. Elle a sans doute son lot d’erreurs mais celle d’avoir aimé quelqu’un qui ne le méritait pas ne pourra jamais lui être reprochée, et ce n’est surtout pas Charlie qui se chargera de l’accusation. Elle n’arrivera sans doute jamais à oublier cette histoire qui n’est pourtant pas la sienne et qui implique tant d’individus qu’elle ne connaît pas réellement. C’est son histoire à elle, contée d’une manière différente. C’est John qui revient encore et toujours la hanter sous des traits différents. Léo prend le visage de Kane, il devient son seul confident. « I'm gonna go to the police. » Il est vraiment Léo et c’est l’un des plus beaux compliments du monde.
Un banc se dessine au loin, devient leur salut. Elle ne peut pas tenter d’apaiser Kane s’ils continuent de marcher sans but précis et si, surtout, elle ne peut pas le regarder dans les yeux. Ils ont besoin de ce contact visuel avant tout, surtout maintenant que Charlie s’est décidée à lui raconter une partie de sa vie qu’elle avait gardé sous silence. Alors qu’ils passent devant l’élement en bois, elle ne lui laisse aucun autre choix si ce n’est celui de venir s’y asseoir. Sa main ne se détache pas des épaules de la blonde et elle vient quérir le bout des doigts de son autre main, avec lesquels elle semble jouer tendrement. Sa tête blonde s’enfonce un peu plus dans le creux de son épaule, ses pieds montent sur le banc pour mieux venir se cacher sous ses fesses. Il est littéralemen son pilier, le seul sur lequel elle se retient. « Promise me you’re not gonna get your revenge. Promise me you only want to kill him but you won’t. » C’est con, ce sont des paroles en l’air, des mots balancés sous le coup de la colère. Elle pensait que c’était le cas pour ses amis aussi, pourtant eux aussi ont fini à l’hopital. Elle n’a plus envie de jouer eu jeu du vrai ou du faux, seulement celui où tout le monde se promet quelque chose et surtout où tout le monde tient ses putains de promesses. Il n’a pas le droit d’être blessé à son tour, il risque déjà bien assez sa vie avec son travail. « I had … issues … with my ex too. The last one. I talked to you about him but … he wasn’t just an asshole. He was violent. Not as violent as Ariane’s ex but it doesn’t forgive anything. People ... people I care about, tried to get revenge and they got hurt. » Elle aurait aimé continué à vivre sa vie sans qu’il ne soit au courant et ne jamais être cataloguée comme la victime de l’histoire, mais elle se doute que si elle n’en parle pas alors la tentation de le frapper sera trop fort. Elle l’a déjà empêché de le frapper lors du show, il n’a pas eu la satisfaction qu’il cherchait et il est frustré. C’est humain. Elle aussi elle aurait aimé frappé John et ne jamais le voir se relever. Tant que cela ne reste qu’un espoir fou, ça lui va. « And the only thing I want is you to be okay. » Parce que Jet peut crever sous un pont, là n’est pas le problème. Tant qu’il n’entraîne pas Kane dans sa chute, il peut faire ce qu’il veut, crever où il veut. « Just go to the police and don’t do anything stupid. She’ll be safe. Life will go on. » Pour une fois qu’elle dit quelque chose de censé.

On se retrouve sur un banc. Je l’ai laissé prendre le lead. J’ai juste suivi. Depuis qu’on est sorti en vrai je fais que de la suivre. Je m’en fou d’où on va, d’où on est, tant qu’on est pas loin de l’hôpital, et qu’on est tous les deux. Parce que j’ai besoin de son contact. Je suis une sensible bitch et mon coeur d’artichaut a besoin d’être soutenu. Elle me soutient grave. Seul j’aurai pu gérer aussi, mais pas aussi facilement. Sa présence rend tout beaucoup plus simple et je sais pas si elle s’en rend compte. Sauf que la façon qu’elle a de se caler contre moi, j’ai l’impression elle est minuscule. Il s’est passé quoi ? Mais je dis rien, je la garde toute contre moi parce que maintenant c’est elle qui a l’air d’avoir besoin de moi. Mais c’est pas un soucis, parce que je suis là. J’ai besoin d’elle aussi. Mes lèvres se trouvent sur ses cheveux, sur le dessus de sa tête. Je la serre doucement. Elle est si minuscule. « Promise me… » Promise me we’ll never grow old, I don’t wanna let go. I wanna stay young… Je suis triggered à ces mots. Surtout la situation actuelle… Cette chanson me hantait déjà y’a quelques semaines et je la ressens encore plus depuis l’annonce de Levi. Je la ressens et je n’ai pas encore eu l’occasion de la réécouter. « … you’re not gonna get your revenge. Promise me… » We’ll never grow old… « … you only want to kill him but you won’t. » Je fronce les sourcils quand ses mots stick enfin dans ma tête. Je ressers mes bras autour d’elle.

« Enough people died because of me already… It’s hard to live with that when you didn’t do it on purpose… I know I couldn’t bare living knowing I’ve willingly killed someone… »

Ca fait très longtemps que personne n’est mort suite à mes gestes médicaux, mais c’est aussi parce que je ne suis plus ambulancier à temps plein. Ca aide. Je touche du bois que ça continue comme ça aussi. « i had issues… with my ex too. » What. « The last one. I talked to you about him but… he wasn’t just an asshole. » Brace for impact. « He was violent. » Mes yeux se ferment. Mon coeur se brise. Mes bras se resserrent avec toute la tendresse dont je suis capable. « Not as violent as Ariane’s ex but it doesn’t forgive anything. » It doesn’t. It’s not a competition. « People… people I care about, tried to get revenge and they got hurt. » Un baiser se dépose sur le dessus de sa tête. Je suis si triste de savoir qu’on lui a fait physiquement du mal… Mentalement aussi très certainement parce que ça va ensemble ces trucs là. Je sais pas comment elle s’est échappé de lui mais elle a l’air de l’être et j’essaie de me focaliser là dessus. « And the only thing I want is you to be okay. » Elle tient tellement à moi… Pourquoi j’arrive pas à le croire ? It’s temporary. As usual. I’m properly broken. « Just go to the police and don’t do anything stupid. She’ll be safe. Life will go on. »

« We’ve beat him up several times already. I mean… I haven’t. I called other friends to beat him for me. I just hate violence I can’t do it… I can’t… »

Tout à l’heure, je l’ai pas frappé. Je l’ai juste mis au sol et effectué une grosse pression sur sa gorge alors que je le maîtrisais. Pas un seul coup donné. J’arrive juste pas. Sobre. J’arrive pas. Je dépose un baiser sur le dessus de sa tête.

« I will never hurt you. »

Parce que j’ai bien compris le message derrière tout ça.

A brand new doomsday

Ce bras autour d’elle qui ne fait que la serrer encore et encore au fur et à mesure que la discussion avance, c’est ce dont elle a besoin. Ce besoin vital de contact humain qui se concentre sur quelques personnes maintenant. Seulement sur lui, en fait. Léo a Clément maintenant, ils ne se croisent plus vraiment, ne font plus rien comme avant. Ils évoluent et tant qu’elle a encore Kane alors ça va. Il reste peu importe les problèmes. Il sera toujours là. « Enough people died because of me already… It’s hard to live with that when you didn’t do it on purpose… I know I couldn’t bare living knowing I’ve willingly killed someone… » C’est difficile de l’entendre dire qu’il a tué des personnes et ce même si elle sait que cela n’avait jamais rien eu de prémédité. Il a toujours eu des métiers compliqués, des métiers pour lesquels il était obligé de s’impliquer bien plus que de raison. On ne peut pas rentrer chez soi, poser les pieds sur la table et s’ouvrir une bière avec le sourire en sachant qu’une mère ne reverra jamais son enfant ce soir parce qu’on a pas pu intervenir  temps. Il n’en parle jamais, mais c’est certain qu’il n’est pas indemne. Ce soir il est réellement en colère parce qu’il s’agit d’Ariane, de son Ariane, mais c’est un hypersensible même en dehors de leur bulle. Elle ne peut pas croire qu’il réussit à oublier quoi que ce soit des traumatismes de son travail et ces quelques phrases le lui rappellent amèrement. Il est brisé. Il lui a dit, il a prévenu, il ne mentait pas. Il n’a jamais menti. « Keep saving lifes, that’s what you do the best. » Même si elle attend toujours le jour où il sauvera un chien, parce qu’elle ne rigolait qu’à moitié lorsqu’elle lui a demandé d’en adopter un.

Son souffle se perd dans ses cheveux et elle sent la pression minime mais pourtant bien présente de ses lèvres sur son crâne. Il n’a pas besoin de parler, de lui dire à quel point il est désolé pour elle ou quoi que ce soit d’autre. Il est là, il s’accroche, il l’aide à se relever. Il lui donne tout l’amour dont il est capable et venant de lui, cela signifie qu’il en donne vraiment beaucoup. Elle en devient le réceptacle et elle l’accepte sous toutes ses formes, que ce soit son bras autour du sien, son baiser dans les cheveux ou ce coeur qu’elle entend battre, signe d’une envolée.
Elle aimerait bien s’envoler avec lui, laisser tous ces problèmes derrière eux.
Les mains de Charlie viennent à la recherche de sa chaleur, une passe derrière son dos pour venir retrouver sa comparse de l’autre côté de ses côtés. Elle l’enlace. C’est tout ce qu’elle désire. L’enlacer pour qu’il aille mieux, l’enlacer pour qu’elle aille mieux. Ses yeux se ferment, preuve de la confiance absolue qu’elle a envers lui.

« We’ve beat him up several times already. I mean… I haven’t. I called other friends to beat him for me. I just hate violence I can’t do it… I can’t… » Il se cherche des excuses, tente de se justifier alors que jamais elle ne l’accusera de quoi que ce soit. Elle relève la tête pour venir le regarder dans les yeux, passer une main dans ses cheveux. Ses lèvres bougent sans qu’aucun mot n’en sorte, pourtant il peu aisément comprendre le “it’s okay” qu’elle lui répète bien trop souvent. It’s okay Kane, it’s not your fault. It’s okay Kane, he deserves way more. It’s okay Kane. It’s okay. Tout va bien et son front revient se coller au sien, sa main redescend au niveau de sa joue. Tout va bien, maintenant. « I will never hurt you. » Ca, pourtant, ça bloque tous ses muscles pendant une seconde. Elle n’était pas prête à ce qu’il dise ces quelques mots, ne le lui avait jamais demandé non plus. Elle même ne savait pas à quel point elle avait réellement besoin de les entendre et la délivrance est immense. Sa tête tombe plus bas, entre ses clavicules, et elle se bat pour que ses larmes restent à leur place. Léo s’était inquiété de ça quand elle lui avait dit qu’elle avait à nouveau quelqu’un dans sa vie et quand Cian a appris à son tour, il a eu les mêmes interrogations. Elle avait alors répondu sans se poser de questions, du tac au tac “he’s not John”, mais maintenant enfin elle en a la confirmation. He’s not him.
Une main se déloge de son corps, elle essuie quelques marques de sensibilité à l’aide de son poignet, laisse sa tête chuter totalement, se repose sur sa cuisse et quémande une main libre pour venir entremêler leurs doigts. « Thank you. » For everything, and not only being human. « Sorry to act like a child. » A toujours paniquer pour un rien, toujours quémander de l’attention alors que le reste du monde règle les problèmes d’adultes. « Looks like we missed While She Sleeps. » Son rire n’est qu’un souffle pourtant elle sourit en levant les yeux au ciel en direction du blond à qui elle vient rapidement voler un baiser en se relevant. « She cares a lot about you, Ariane. I like her. » Elle comprend maintenant, elle comprend tout.

« Keep saving lives, that’s what you do the best. » Ouais. Non. J’ai pas sauvé Chuck. J’en serai traumatisé à vie. Je sais très bien que c’est « à cause de lui » que je suis devenu ambulancier. Que j’ai eu ce besoin de sauver toutes les autres personnes de la terre pour me racheter de pas l’avoir sauvé lui. Mes yeux se ferment, je reste bien contre elle. It’s what you do the best. J’ai vraiment envie d’y croire.

On se retrouve encore plus enlacé si c’est possible. Elle me rassure. Ses yeux. Ses lèvres. Ses mains sur moi. Tout me fait du bien. Je la sens se tendre après ma promesse. Ca me brise le coeur… Elle est vraiment traumatisé par son ex et sa violence. Tellement que mes mots la font réagir à ce point là. Tellement que mes mots étaient nécessaire alors que ça ne devrait pas. Mais je sais que ses démons doivent être plus fort que tout. Je sais ça… Lui mettant le doute à tous les instants sur toutes les personnes qu’elle rencontre et tout ça à cause d’un connard. Et je me rends compte que c’est pareil pour moi. Même si c’était pas de violence, mais mes démons me hurlent combien je dois plus faire confiance à personne maintenant dans mes relations amoureuses. Elle m’a rassuré, avec des mots, avec des acts… Je la serre un peu plus contre moi. On est tellement fucked up tous les deux. J’ai aussi l’impression qu’on est parfait pour se guérir l’un l’autre. Mais j’ai pas envie d’y croire trop fort. Ca fait toujours trop mal après.

Je la vois s’essuyer les yeux et mes bras essaient de lui donner encore plus de réconfort si possible. Mes lèvres aussi. Je dépose des baisers dans ses cheveux à répétitions. Nos doigts s’enlacent de nouveau.

« Thank you. » « Thank you. »
« Sorry to act like a child. » « I’m the same. »
« Looks like we missed While She Sleeps. »

Ca la fait sourire. Au moins ça I guess. Parce que ce concert je l’ai attendu longtemps et je ne l’aurai pas vu. A la place j’ai eu une des pire soirée de ma vie.

« She cares a lot about you, Ariane. I like her. »

« She saved my life a few times… I wish I was kidding… »

J’ai eu pas mal de terrible moment dans ma vie. Deux surtout. Sans elle je suis sûr que je me serai laissé mourir. Moi et mes doutes perpétuels. Moi et mon anxiété. Moi et ma paranoïa. Mais heureusement qu’elle était là et qu’elle tenait à moi.

« I will try to spend some times with her in the upcoming days. If she lets me. We haven’t seen much of each others lately. Same goes for Levi. » I miss my friends.

Ariane a l’air au bout du rouleau. Levi est malade. Je sais pas ce que je vais faire mais je veux les aider à faire de ces moments de merde des passages un peu plus supportable. Je laisse un bref silence pendant lequel j’embrasse encore les cheveux de Charlie.

« I’m gonna give you my extra key. »

Le cheminement dans ma tête est que je ne vais pas être beaucoup dans le coin mais je veux qu’elle le soit toujours si elle en a envie. Qu’elle puisse aller et venir chez moi à sa guise. Parce que je suis en train de réduire la distance que j’ai laissé entre nous depuis le premier jour. Je devrais pas. Mais je le sens comme ça…

Elle recroqueville ses genoux sur son ventre et ses mains sur sa poitrine, amenant avec elles une de Kane. Leurs doigts sont accrochés et pour rien au monde Charlie ne voudrait qu’ils se délient. Il la remercie à son tour, lui pardonne toutes ses réactions enfantines. Il est pareil lui aussi, oui, bien sûr. Elle n’a pas oublié cette étrange sensation de se retrouver face à quelqu’un d’aussi branlant et hypersensible qu’elle. « I’m glad she did. » Mais il a assez souffert dans une soirée pour lui demander comment elle lui a sauvé la vie. Peut être qu’elle en apprendra plus sur lui un jour ou peut être que cela ne se fera jamais. Ce n’est pas ce qui importe, tant qu’il reste toujours quelqu’un pour lui sauver la vie et lui donner une nouvelle chance de goûter à l’espoir. Il mérite vraiment d’être heureux, peu importe avec qui. Peu importe de qui il embrasse les cheveux avec autant de délicatesse qu’il le fait en ce moment. « Sure. She’ll let you make up for lost time. She solely wanted to protect you. Both of you. » Charlie ne connaît rien d’Ariane si ce n’est un de ses sombres secrets, mais elle parle sans crainte. Elle se doute qu’il s’agissait de l’intention de la rousse parce qu’à sa place elle aurait fait pareil, elle aurait gardé le secret de Levi à tout prix pour ne pas entraîner le blond dans la chute de personne. Tout a volé en éclat, pourtant, elle n’a pas parlé. Pas un seul mot. C’est Levi et lui seul qui a ouvert la bouche et elle a respecté son engagement jusqu’au bout. Charlie espère seulement qu’il se rend compte de tous les efforts que ça a dû demander à la rousse, s’il se rend compte à quel point c’est difficile de mentir à ceux qu’on aime pour protéger les protéger. Il le sait sûrement, oui.
La blonde rapproche encore un peu plus la main de Kane près de son coeur et ferme les yeux, sourit comme le ferait une enfant lorsqu’il lui annonce lui céder le double de ses clés. Il lui fait un peu plus confiance, se libère par la même occasion et elle accepte avec plaisir chacun de ces pas vers elle. Le double des clés, c’est un grand pas. Villanelle tente de cacher son émotion derrière le rire et toute la maladresse qui lui est propre. « I’ll try not to lose it in the hour. » Elle ne la perdra jamais. Elle perd souvent tout, mais pas ça, parce que ça signifie beaucoup de choses, et pas seulement le fait qu’elle n’aura plus lui envoyer un sms pour connaître ses horaires toutes les 24 heures. « We exceeded the “than you” quota for one night, but thank you. » Ses doigts se resserrent encore un peu plus autour de sa main qu’elle rapproche encore d’un cran de son coeur. Il est là, il la rassure, il a confiance en elle et elle en lui, il la fait rire, sourire. Il est là, et maintenant elle sera chez lui autant qu’elle le pourra. Ca ressemble vraiment à une relation sérieuse. « Can I go to your place tonight ? I want to stay with you as long as possible, but if you need to go back inside I can’t do that. I can wait hours ouside but I won’t enter. » Voix faible, désolée. Elle était rentrée dans l’hôpital sans s’en rendre compte, sans doute trop sonnée par toutes les révélations et l’enchaînement de situations … mais quand ses esprits sont peu à peu revenus alors la panique avait suivi. Maintenant qu’elle a repris ses esprits, elle se sait incapable de retourner à l’intérieur pour un milliard de raisons lui dévorant tout son courage. « And you won’t leave without them even if you should sleep, I know that too and I respect. » Si c’était Léo elle serait restée. Elle aurait attendu sous sa fenêtre, elle aurait mis la musique à fond dans ses oreilles et fermé les yeux, elle aurait fait n’importe quoi pour rester au plus proche de lui. Kane, c’est Kane. Il ferait n’importe quoi puissance mille. « I could promise you to cook a cake or something even if I’m not sure it’s gonna be edible. » Souriant légèrement, elle dépose un baiser sur ses phalanges.

« I’m glad she did. » Ouais. Moi aussi. J’avoue ma vie est pas si horrible par rapport à d’autre. Je devrais arrêter de faire genre j’ai tout le malheur du monde sur mes épaules. Je suis pas à plaindre. Cos I’m a privilege man with a privilege life. My friends have suffered tragedies and terminal disease but they still laugh about the bad because the good is all they see. « Sure. She’ll let you make up for lost time. She solely wanted to protect you. Both of you. » I know.  Je l’avais senti qu’un truc tournait pas normal ces derniers temps. Mais je sais que je peux jamais rien forcé à Ari. Elle dira ce qu’elle a à dire quand elle voudra le dire, si elle veut le dire. Et là, c’était pas à elle de dire quoi que ce soit. Je questionnais pas la bonne personne, parce que Levi m’a fait voir que du feu. J’ai capté Ari. Pas Levi.

Je sens que Charlie est touché par ma proposition. C’était l’effet escompté. I care about you. Et je veux qu’elle le sache vraiment. Que je lui montre plus que je ne le dis. Parce que je ne le dis pas… Ou pas assez à mon goût. Un baiser de plus sur elle. Sur sa joue cette fois. I really do.

« We exceeded the ‘thank you’ quota for one night, but thank you. »

« Thank you. »

J’ai pas l’impression qu’elle se rende compte de ce qu’elle m’apporte. J’ai vraiment l’impression d’être ingrat à la laisser tout me donner sans rien lui donner en retour. Ou du moins, l’impression que je lui donne rien. Pas grand chose. Parce que d’habitude je suis tellement plus à fond que ça. Mais non. J’ai mis le frein et du papier bulle autour de mon coeur. Pour pas me faire mal quand y’aura l’impact. Parce qu’il va venir. C’est sûr. Je sais juste pas quand. Mais il est au prochain virage. C’est toujours trop beau pour être vrai tout. Je le sais. Toujours. Ca dure jamais. J’attends juste le virage. « Can I go to your place tonight ? I want to stay with you as long as possible, but if you need to go back inside I can’t do that. I can wait hours outside but I won’t enter. » Hmmm. Un truc que je sais pas là. Un truc que je vais pas demander. Qu’elle me dira si elle le feel. Je vais pour ouvrir la bouche et répondre mais elle reprend. « And you won’t leave without them even if you should sleep, I know that too and I respect. » Le virage me parait si loin sur la route. C’est tellement une ligne droite d’un miliers de kilomètres que je vois devant moi. « I could promise you to cook a cake or something even if I’m not sure it’s gonna be edible. » Un sourire se trouve sur mes lèvres. Je sais pas cuisiner non plus.

« It’s ok. You’ll just keep my bed warm until I arrive. »

Un baiser sur son front de nouveau parce qu’on est toujours si proche l’un de l’autre. I love you. Nos mains qui se défont pas un seul instant. Mes yeux qui lui disent ces mots que je me refuse à laisser sortir déjà, parce que j’ai juste l’impression que le virage est au bout de ces trois mots. Qu’il arrivera encore plus vite. L’impact sera plus fort.

« I’m gonna go back inside. They’re maybe done. »

Et je veux pas les louper. S’ils s’en vont parce qu’ils m’ont pas vu je vais être dég. Je me détache juste un peu de Charlie histoire de sortir les clés de chez moi de ma poche. Je vais les mettre dans sa main et je lui fais relever son menton ensuite pour qu’elle me regarde plutôt que mes clés.

« How are you feeling ? »

Ses marques d’affection sont toujours plus appréciées les unes que les autres et la main de Charlie vient se perdre dans ses cheveux après qu’il l’ait embrassé sur la joue. S’il pouvait faire ce même geste sincère jusqu’à la fin des temps alors ce serait bien mieux que n’importe quel paradis illusoire. Ses yeux fatigués se relèvent vers lui le temps d’un sourire. Tout part de travers dans sa vie et il est la seule constante. Elle tente seulement de ne pas l’entraîner dans sa chute ou tout du moins d’alléger son propre poids, surtout maintenant qu’il doit aussi gérer ses meilleurs amis. Ils méritent toute son attention, assurément, bien plus qu’elle et ses problèmes d’enfant. « I’ll try to leave you a spot on the bed. Can’t promise anything tho. » Sa main quitte ses cheveux, balance sa mèche blonde de manière aléatoire, lui lance un dernier sourire entendu. La vérité c’est qu’elle sera incapable de dormir tant qu’il ne sera pas à ses côtés et qu’elle n’entendra aucune respiration. Ca non plus, il n’a pas besoin de le savoir. Elle peut très bien prendre toute la place sans fermer l’oeil. Tant qu’il revient et qu’il accepte de se reposer un peu, tout ira bien.

Kane finit par se détacher lentement et par prendre à nouveau contrôle de sa main sans doute engourdie. Charlie sort à son tour de son cocon, relève la tête de sa cuisse et laisse ses pieds fouler le sol à nouveau. Ils étaient bien, là, seulement tous les deux pour un instant. Il a raison, pourtant, de se soucier de ceux qui ont vraiment de lui et qui l’attendent surement (sans qu’ils ne l'avouent jamais). Elle contente de poser ses yeux énamourés sur la main qu’il fourre dans sa poche comme s’il allait en ressortir le Saint Graal. C’est le cas. C’est meme mieux que ca. Ces clés signifient beaucoup pour tous les deux, pour lui qui a eu trop de fois le coeur brisé pour le donner à quelqu’un d’autre aussi tôt. C’est ce qu’il fait, pourtant, et elle aimerait le remercier mille fois, lui dire qu’elle se montrera digne de lui. Un simple doigt la fait rêver le menton et quitter les clés des yeux. Et la question qu’il pose lui brise le coeur.
Tu veux la version joyeuse ou la vérité ?
On connaît tous la réponse Charlie. Il veut la vérité. « Happy to have you in my life. » Angoissée, terrifiée, brisée, désespérée, tourmentée auraient été tout autant de variantes acceptées. Elle étouffe, développe des peurs panique, ne parle plus à ses proches, se blesse mentalement à défaut de le faire physiquement. Mais elle sourit quand elle est avec lui et ça aussi c’est la vérité, la seule qui compte à ses yeux.
Ses problèmes sont biens insignifiants par rapport à tout ce qu’il a eu à gérer pour une seule soirée. Parce qu’elle ne veut pas lui dire un énième merci empli de sens, elle lui sourit, plonge son regard dans le sien avant de l’enlacer une dernière fois. Elle aurait aimé être assez forte pour l’accompagner à l'intérieur de ces murs. Sa bouche, proche de son oreille, lui susurre pourtant quelques mots. « Don’t know about you but there is no way I’m missing Deaf Havana next week. » Ils ont raté ce concert là, ils n’en rateront pas deux, et elle veillera là dessus. Cette fois ci elle verra les putains d’étoiles dans ses yeux qu’elle attend tant. Il le mérite. « Text me if you need anything. »

« I’ll try to leave you a spot on the bed. Can’t promise anything tho. » Elle me fait sourire. Elle sait aussi très bien que j’ai pas peur de m’allonger de tout mon long sur elle. Been there. Done that. C’est aussi une des choses que je préfère, parce qu’on est au plus proche. Parce que mon corps se confond si bien avec le sien. Tellement bien que j’essaie de l’ignorer parce que de toute façon c’est ce que je me dis à chaque fois que j’ai quelqu’un dans ma vie. C’est qu’une illusion. No it’s true.

Je lui demande comment elle se sent et je vois mille trucs dans ses yeux. « Happy to have you in my life. » You know you can talk to me Charlie ? Yeah ? So why aren’t you telling her? Y’a tant de choses qu’elle me dit pas mais je ne demande pas non plus. Je suis positif qu’elle sait qu’elle n’a pas besoin d’avoir de filtre avec moi. Elle m’a avoué des trucs horrible pas plus tôt que tout à l’heure et maintenant que ça me revient, ça fait sens que c’est pour ça qu’elle est pas au top là. Normal. Ma main va se glisser sur son cou. J’ai apparemment pas la force de me décoller d’elle tant qu’elle est encore devant moi.

« Happy to have you in mine. » I don’t deserve you.

Et elle se rapproche de moi, je la prends dans mes bras parce que c’est pas possible autrement. Surtout pas après l’avoir vu avec ces yeux là. « Don’t know about you but there is no way I’m missing Deaf Havana next week. » Un sourire se forme sur mes lèvres. J’avais oublié ce show. J’ai tout oublié ce soir. Sauf que Levi a un cancer et Ari a le bras cassé.

« If I miss it, it’s because I’m dead. »

Pourquoi faut toujours que je m’imagine mort à tous les instants?

« Text me if you need anything. »

Je vais faire tourner son menton pour aller l’embrasser doucement avant de la quitter pour encore quelques heures. Love you. That is gonna slip anytime soon… But not now.

Et je retourne à l’intérieur et je peux rejoindre Levriane. Je rentre chez moi que plusieurs heures plus tard. Je reste plus longtemps que nécessaire dans ma voiture une fois garée. Je suis perdu dans mes pensées. Levi. Ari. Cancer. Plâtre. Jet. J’ai beau avoir passé une bonne partie de la soirée avec mes meilleurs amis, c’est que maintenant que je laisse l’émotion me prendre de toutes parts. Je fonds en larmes. Tout seul. Dans le noir. Dans ma voiture. Je sais qu’il va se battre mais toute cette soirée. C’était beaucoup trop. Tout. Ari qui a encore eu droit aux humeurs de Jet… Ca me brise tellement le coeur. J’étais là et j’ai rien pu faire. Levi il est malade et je peux rien faire. Mais la protéger de Jet j’aurai pu. J’aurai dû. Tout ça. Tout. C’est trop. Je veux pas les perdre. Pas eux. Jamais. Svp.

Je fais pas de bruit, tout est dans la pénombre. Y’a juste la petite lumière qui est allumée. Je suis le plus fort pour pas faire de bruit parce que je connais mon appart’ par coeur, même dans le noir. Je me désape et je vais la rejoindre dans le lit, j’éteins la lumière au passage et je me colle tout contre elle. I need. Je suis fatigué d’avoir tant pleuré. Je suis fatigué émotionnellement et physiquement. Je suis mort là. Je suis content qu’elle soit là.

Elle a toujours aimé rentrer dans l'appartement de Kane, redécouvrir les lieux à chacune de ses nouvelles visites qui s'éternisaient toujours un peu plus. Elle entrait toujours dans un espace sécurisé dans lequel elle s'était toujours sentie confortable. Pas cette fois ci, pourtant. Il n'y avait rien à découvrir si Kane n'était pas à ses côtés et elle était encore moins confortable en son absence qui se faisait tant ressentir. Il n'était même pas absent à cause de son travail ou d'une soirée entre amis, seulement pour de longues heures d'attentes et de stress dans un hôpital. Ca rendait la blonde malade de le savoir aussi mal, lui et Levi. Et Ariane, un peu, aussi. Charlie avait traîné longuement devant l'hôpital, attendu la dernière seconde avant de lâcher sa main et d'appeler un taxi pour rentrer. Sans aucun doute aurait elle aimée qu'il lui confie ses clés dans d'autres circonstances, mais elle ne regrette pas qu'il l'ait fait. Ca signifie beaucoup pour lui, pour elle, pour eux.
Ce n'est que plusieurs heures plus tard que la blonde s'est enfin apaisée, a arrêté de ronger frénétiquement ses ongles ou se retourner encore et encore dans le lit deux places. Elle s'est assoupie à de nombreuses reprises avant de se réveiller en sursaut, tâtant le matelas près d'elle dans l'espoir de sentir sa présence. Mais rien. Jamais. Seule la lampe de chevet la tenait éloignée des démons tapis dans l'ombre. Son soulagement est immense lorsqu'elle entend la porte d'entrée se refermer doucement, jeu auquel elle est devenue très douée assez rapidement. Son soulagement s'agrandit encore plus lorsqu'elle reconnaît la cadence de ses pas, qu'elle le sait qui essaye de faire le moins de bruits possibles. Il ne lui est rien arrivé de mal. Il revient. Ouf. Elle garde ses yeux fermés, se concentre sur le bruit des vêtements qui se froissent, de la couette qui se soulève légèrement et le matelas qui accueille un nouveau corps. Ses lippes s'étirent encore faiblement malgré la fatigue, encore un peu plus quand il vient se coller à elle. La blonde sent sa chaleur dans son dos, son souffle dans sa nuque et vient entremêler ses doigts avec la main qu'il avait fait passer par dessus son épaule. Un baiser se pose dessus et elle se retourne pour lui faire face. Elle devine ses yeux malgré l'obscurité totale, embrasse son épaule et garde leurs mains serrées contre leur poitrine. Il a besoin de tout ça. Elle aussi.

« I'll be there for you. Forever. In one way or another. I swear. »

Sa voix est modifiée à cause de la fatigue pourtant cette dernière n'a en rien altéré la sincérité de cette phrase. Elle ne sera pas comme toutes ces autres blondes, elle sera une Ariane. Ce n'est pas parce qu'elle n'est plus rousse qu'elle va le laisser. Peu importe comment, même en putain de folle harceleuse, elle sera toujours là pour lui. Il ne peut pas être seul, surtout pas maintenant, et les dominos n'ont pas le droit de tous tomber. Pas encore. Pas sous sa surveillance.

« Love you. »

Sa main libre replace une mèche derrière son oreille, reste ensuite posée sur sa joue. Tant pis si ce n'est pas réciproque, parce que ça aussi elle le pense fermement.

Elle trouve ma main aussitôt que je suis calé dans le lit. Elle dort pas. Elle m’attendait ? Elle m’a senti arriver ? Est-ce qu’on est à ce point là sur cette longueur d’ondes? Non je ne pense même pas à la possibilité où je l’aurai réveillé parce que je sais que j’ai pas fait de bruit. She felt me. I wish. La vérité c’est qu’elle a pas dû réussir à s’endormir parce que c’est vraiment la merde ce soir. Elle le sait tout autant que moi. Elle devait pas être bien non plus après son départ. Les révélations qu’elle m’a fait m’ont brisé le coeur. Je suis maintenant là pour elle. Si elle a besoin de moi. She does. Elle se tourne, elle se colle à moi. Mes lèvres trouvent sa personne peut importe où, juste mes lèvres sur elle, un baiser, deux baisers. Dans ses cheveux.

« I’ll be there for you. » Thank you.
« Forever. » God.
« In one way or another. I swear. » Don’t…

Je sais pas si ça me fait du bien ou du mal. Parce que je vois tellement pas loin. Je prends tellement rien pour acquis. Ca fait 30 ans qu’on me prend pour un con dans mes relations, pourquoi ça changerait aujourd’hui ? Je crois pas aux miracles. Le karma est contre moi tout le temps. Je l’accepte. Je vais un jour à la fois, même si j’ai donné une clé à Charlie. Je sais. C’était bête mais j’en ai envie quand même. Apparemment je suis con tout le temps. Sûrement pour ça que c’est un cycle. Parce que je change pas. Except I do. Je suis beaucoup moins à fond avec Charlie même si mon coeur crie combien il l’aime. I love you. « Love you. » What. Je l’ai pas dit à voix haute. Je sais que je l’ai pas dit. Ou peut être que je l’ai fait ? Non. Non. Je l’ai pas fait. Mais on est trop en phase. Depuis les premiers instants. Ca me fait peur autant que ça me fait kiffer… Maybe she’s the one that will change everything. Maybe she’s the one that will treat me right. Maybe she’s telling the truth. Mon flot de pensée continue alors que mon bras se resserre plus autour d’elle. Mon coeur est serré. Mon coeur bat vite. Mon coeur est pris au piège. Mes yeux sont fermés. Je laisse s’échapper un soupire…

« I love you too. »

Ma voix est cassée. J’ai pas ouvert la bouche depuis mon breakdown dans ma voiture. Mais je suis sincère. Ca sert à rien que je continue de le nier. Je sais que de toute façon l’amour ne fait pas tout dans une histoire. Mais ça aide… C’est vrai.