Ok, il est temps d’inverser les rôles. Ca fait une semaine que j’ai pas vu Andy, depuis le mariage le weekend dernier, parce que j’ai pas eu le temps de me dégager, parce que j’ai pris ma place en tant que directrice officielle de l’association Beauregard à Brisbane et que ca à été le rush pour la semaine. J’ai fini super tard chaque jour parce que je voulais absolument gérer ce que j’avais sur le feu et j’vais vite finir sur les rotules si j’apprends pas à déléguer un peu plus. Puis, y a eu ce rendez vous mercredi soir avec un de nos collaborateurs qui m’a complétement flinguée. Quand je repense à ce qu’il m’a dit, glissé à l’oreille… j’suis dégoutée. J’en ai pas parlé à Andy, j’en ai parlé à personne en fait, j’attends juste qu’il revienne vers l’association en disant qu’il arrête de financer notre programme social. J’suis dans la merde et fallait que ça tombe sur moi dès la première semaine de ma prise de poste officielle… Ca m’a carrément miné le moral pour la fin de semaine mais aujourd’hui, j’ai décidé de consacré mon temps et d’être de bonne humeur pour Andy. J’vais pas l’emmerder avec ça.
J’me pointe chez lui en étant allé chercher trois bagels au coin de sa rue. Les meilleurs que j’ai jamais mangé et comme c’est un ventre sur pattes, j’en ai pris deux pour lui et un pour moi. Il sait que j’viens parce que j’lui ai demandé de me réserver sa journée et il sait pas que j’viens les mains pleines. Pour une fois, c’est moi qui apporte notre repas pour ce midi.
« J’suis là ! » que je hurle en ouvrant la porte, parce que c’est un peu comme si j’étais aussi chez moi ces derniers temps à chaque fois que je débarque dans la coloc. Tout le monde s’y fait à me croiser régulièrement. Je vais vers le salon et y a Max qui est installé, étonnant que Summer soit pas dans le coin. Max, c’est le mec de Summer qui squatte la coloc aussi mais lui, si j’ai bien compris, il a carrément posé ses valises dans la chambre de Summer. On en est loin avec Andy. J’ai pas du tout envie de me risquer à ça et c’est pas le moment. « Salut Noa. Andy est dans sa chambre… je crois. » il a pas l’air sûr de lui du tout, il est plongé dans son programme télé. « t’as a mangé pour moi aussi ? » je souris et avant de quitter la pièce, je lui réponds. « ca dépend d’Andy. » en d’autres mots, il pouvait comprendre que ce serait étonnant qu’il reste quelques chose. Je file dans la chambre d’Andy et il en sort au moment où j’arrive devant. « C’est comme ça qu’on m’accueille… » je souris en voyant son torse nue, ok, je souris pas, je craque. Je l’embrasse aussitôt et lève mon bras avec le sac de bouffe en bout de main. « A table ?! »

La bitch a plein de boulot en ce moment alors tu te mets à fond dans le tiens aussi. T’as trouvé des nouveaux clients ces derniers temps et tu réponds à tous tes emails de nouvelles demandes. Y’a du bouche à oreille c’est plutôt très bon. T’es sur deux fronts en même temps là. Les mails et ton site web que tu mets à jour. T’es une control freak bitch quand il s’agit de ton boulot de freelance. Tu veux pas faire attendre les gens mais tu veux faire les choses bien donc certains emails te mettent beaucoup de temps à écrire mais quand même, tu fais passer ça avant ton site. Et t’as littéralement passer la journée sur ton ordi. T’es en boxers. T’as pas bougé. T’as même oublié de manger tellement t’es à fond dans ce que tu fais parce que ouais, il se trouve que ça te plait en plus. Mais là tu commences vraiment à avoir la dalle alors tu te lèves pour aller te prendre de quoi dans la cuisine mais au moment de mettre un pied hors de ta chambre, après avoir ouvert la porte, tu tombes nez à nez avec Noa. « C’est comme ça qu’on m’accueille… » Mais elle reste pas sérieuse bien longtemps, elle vient t’embrasser et t’es mélangé entre être content de la voir et être coupé dans ton boulot. « A table ?! » Ok non t’es content qu’elle soit là.

« T’arrives pile au bon moment. Je meurs de faim. » 

Et tu retournes à l’intérieur de ta chambre du coup parce que si elle est là, c’est que y’a quelqu’un en bas et t’as pas envie de voir du monde si y’a Noa. T’as pas honte d’elle mais tu veux pas la partager surtout. Si vous restez ici, tu peux lui enlever ses fringues sans problème à n’importe quel moment et t’aimes ça.

« J’ai rien mangé de la journée. T’as pris quoi ? »

Tu enlèves des trucs que t’as sur une chaise pour qu’elle puisse s’installer à côté de toi à ton bureau.

Il a l’air surpris de me voir, il m'a pas entendu m'annoncer en rentrant, il est peut-être occupé ou j’sais pas et il a même oublié de manger. Ça c’est grave. Alors je pose ma main sur son front comme la mère Jacobs qui me faisait ça quand j'avais une tête de malade. « t'as pas de fièvre pourtant. » je plaisante et entre dans sa chambre. Son PC est allumé et j'ai l’impression qu’il bossais sur ses photos. « C'est celles du mariage ? » je les avais pas vu et j’etais bien curieuse de jeter un œil aux clichés qu’il avait pris de moi aussi. « prise en flag de vol de bouquet ? » ça me fait rire en y repensant.

Je vais m’asseoir la où il me laisse de la place et lui sort ses deux bagels. « Bagels ! Y en à deux pour toi, je crois que Max à la dalle aussi. » le message est passé au moins. « Celui-ci est au poulet et curry, celui-ci. . . Porc mariné et avocat et le dernier… » J’ai un trou de mémoire, j'y je te un œil.  « C'est bœuf et porc effiloche. Choisi ceux que tu veux, je prendrai ce qu’il reste. » j'ai pris les trois qui me tentaient le plus en sachant que même lui était pas difficile.

« Du coup, comme j'vais me faire un Max de fric maintenant, on va pouvoir fêter ça avec du Champagne non ? » et c'est la surprise que je sors d’un autre sac. « tu vas chercher deux coupes ? » le Champagne était frais et il fallait pas qu'on traîne trop. J'etais si fière de moi à ce moment précis et j’avais envie de partager ça avec lui. « En plus on est sur place pour se coucher et décuver si besoin. » une bouteille à deux, moi c’était suffisant pour me mettre bien.

Elle te prend la température et tu roules des yeux mais t’as aussi un sourire aux lèvres parce que ta mère faisait pareil. Y’a que ta mère qui t’a fait ce geste dans ta vie. Y’a que ma mère qui s’est vraiment inquiéter pour moi. Faux. Juste les autres tu les as jamais cru sincère. Mais Noa. Là. C’est différent. Tu le ressens différent. J’espère qu’elle va pas se transformer en ma mère. Tu risques de plus vouloir la baiser si jamais tu l’associes à ta daronne. Ta main va se poser sur ses fesses, autant pour la faire taire que pour te faire plaisir. Parce que tu sais que ça peut la faire changer de mood d’une façon ou d’une autre. De lui changer les idées surtout. De lui donner envie de te sauter dessus d’entré de jeu. « C’est celles du mariage ? »

« Ouais. »

T’as à peine commencé mais oui, c’est bien celles du mariage qui sont affichées sur ton écran là. « Prise en flag de vol de bouquet. » Ouais ça. Elle ne peut pas mieux dire. La place pour qu’elle s’installe à côté est faite. Tu te remets face à ton ordi.

« Ouais. Mais tu vas être coupée au montage. Je les garderai pour nous. »

Nous ? Fuck off. Et elle sort la bouffe et c’est exactement ce que tu voulais là. Manger. Et elle te sort plein de noms de bagels qu’elle a pris pour toi. Genre, y’a vraiment beaucoup de choix c’est beaucoup trop gentil qu’elle ait pris tout ça. Et elle te laisse le choix en plus. Tu la reprends pas sur son offre parce que y’en a deux qu’elle a dit qui te font beaucoup de l’oeil que les autres. Tu prends un des deux derniers qu’elle a annoncé en premier. Tu déballes et commences à manger. T’as réellement faim. « Du coup comme j’vais me faire un max de fric maintenant… » Ah bon ? Tu sais qu’elle change de boulot mais tu pensais pas que le salaire d’une meuf qui bosse dans une association serait haut. « … on va pouvoir fêter ça avec du champagne non ? »

« Oh yeah ! »

Elle a sorti une bouteille de son sac et vraiment là t’as les yeux qui brillent. Ca fait longtemps que t’as pas bu du champagne. Et tu fais vite le calcul. Vous êtes que deux et y’a toute une bouteille. Vous allez vraiment vous faire plaisir là. Tu comptes pas en filer à tes colocs. « En plus on est sur place pour se coucher et décuver si besoin. » C’est vrai que c’est le meilleur endroit pour se mettre la mort.

« Tu veux te bourrer la gueule au champagne avec moi ? »

Pourquoi ça sonne encore comme une demande en mariage mais avec d’autres mots ? Pourquoi t’as l’impression de passer un contrat quand tu poses ce genre de question Andy ? Pourquoi t’attends de voir sa réponse avec impatience.

« Tu veux me saboter une journée de boulot ? »

Parce que si t’es mort ce soir, tu vas pas être frais demain. Mais t’es déjà en train de lui prendre la bouteille des mains.

« Je te garde avec moi si t’es pas en mesure de bosser non plus demain. »

Ca c’est un plan qui te plaît déjà beaucoup plus. Il vaut plus le coup que celui de juste louper une journée de boulot productive. Tu veux la faire louper le boulot d’entré de jeu. T’es un connard. Mais tu sais que c’est un aussi de jouer avec le feu.

« Combien tu vas gagner ? »

Et pop, la bouteille de champagne qui s’ouvre parce que tu fais ça comme un pro. Mais t’as pas de verre alors tu bois à la bouteille parce que oui, tu n’en as pas foutu par terre. Tu fais ça comme un pro, réellement.

« Ouais. Mais tu vas être coupée au montage. Je les garderai pour nous. » j’espère bien que j’vais pas me retrouver dans l’album photo d’un couple marié que je connais pas. Et tous les invités qui vont se demander c’est qui cette nana que personne connait. Celle qui plus est, leur a volé à toute le bouquet de la mariée. Franchement, quand j’y repense, la honte. « Tu nous fais un album spéciale ? » je souris. Un album rien que lui et moi ou plutôt un album de toutes les photos qu’il aura pris de moi. « Quand est-ce que j’m’amuse derrière l’appareil à te prendre ? » parce que j’me dis que c’est pas juste, faut savoir partagé, même si c’est lui le photographe professionnel. J’peux prendre sa place quelques minutes. « Même si j’avoue que j’kiff vraiment te voir prendre tes photos, ca te donne un air sérieux que t’as pas toujours. » ouais parce qu’il déconne souvent quand même. « Et ce côté mec pro qui taffe vraiment, ca me fait frissonner. » que je dis en plaisantant, mais y a du vrai quand même. « Peut être que ca te ferait la même chose de me voir faire ça. » et même si je sais que j’ai pas besoin de tenir un appareil photo dans les mains pour le faire frissonner, mais faudrait pas que j’ai trop confiance en moi, ca pourrait me jouer des tours.

Je le laisse choisir ce qu’il veut, j’prends celui qui reste. Et quand je sors le champagne, il s’emballe, tant mieux. « Tu veux te bourrer la gueule au champagne avec moi ? » je hoche la tête pour confirmer. « ca change du rhum qui tape trop vite. Maintenant, on peut boire avec raffinement. » je plaisante encore, c’est pas nous mais pour le temps d’une soirée, on peut faire ça. On peut se la péter parce que merde, je suis directrice ! « Tu veux me saboter une journée de boulot ? » il se rattrapera lundi. « Je te garde avec moi si t’es pas en mesure de bosser non plus demain. » j’hausse les épaules. « C’est le weekend, pas besoin d’aller travailler demain. » et un grand sourire s’affiche sur mon visage parce que oui Monsieur Rivera, je reste avec vous demain aussi.

« Combien tu vas gagner ? » Il est bien curieux tien… mais bon, j’ai pas de tabou avec l’argent à cacher combien j’suis censée gagner. « Le double de ce que je gagnais avant. » ca le mène nulle part je sais, mais c’est déjà un bel indice et j’ai du mal à y croire quand même. « 6000 dollars. » et quand on sait que le salaire moyen a Brisbane il est de 4600 dollars, je suis pas trop mal. « C’est important ? » qu’il sache ça ?

Il ouvre la bouteille avant même d’être allé chercher les verres et c’est directement dans sa bouche que le goulot fini, un peu trop tard parce que le sol de sa chambre est déjà bien mouillé par le liquide. « J’avais dis avec raffinement. » et je ris en le voyant avant le champagne qui coulait le long de sa bouche. « t’en as là ! » et comme j’aime pas gâcher, j’viens glisser ma langue sur l’alcool qui coule. Je lui prends la bouteille des mains et l’imite aussi ensuite. « Ca va être compliqué par contre, toute la bouteille au goulot. » j’me lève pour aller chercher deux verres dans la cuisine et Max qui est encore là me demande si Andy est décidé à lui filer un bout de sa bouffe. « J’crois que c’est mort Max, désolée. » ou pas. Je prends les deux coupes et remonte dans la chambre. « c’est mieux ca ! »

Elle veut un album spécial. Elle se fait des plans un peu trop grand. Mais c’est vrai que vous avez parlé mariage, enfants, en plaisantant mais ouais. Les sujets ont été abordés quand même. Du coup elle se fait des films. Elle y croit fort. Elle va peut être trop loin. Vous deux c’est super frais et depuis le début elle a l’air dedans bien plus que toi. Même si t’es bien à fond toi aussi. Elle est le cran au dessus et ça te fait autant kiffer que flipper. Elle parle. Elle parle tellement. Tu te dis qu’elle est de bonne humeur. Tu te dis que le fais que tu sois en boxers simplement doit aider. T’es pas fou. Tu sais. Si elle était en sous vêtements sous tes yeux toi aussi tu serais en mode chien fou. Elle veut prendre des photos avec ton appareil. Elle veut te prendre toi en photo. Tu souris. T’aimes bien l’idée. Tu sais pas si tu lui fais confiance avec ses mains sur ton matos. C’est comme tes enfants. T’y tiens plus que tout. Elle te laisse pas en placer une voilà qu’elle te confie que tu la fais mouiller quand elle te voit bosser. Bon à savoir. Le sourire sur tes lèvres montre bien que tu kiffes cette info. Que tu vas pas tarder à aller l’aider à lui filer encore plus de frissons. « Peut être que ca te ferait la même chose de me voir faire ça. » Yup. Ca te ferait beaucoup de choses. Tu l’imagines déjà.

Et toi t’es en freelance, tu as plus la notion de weekend, mais elle sit. Elle te remet sur terre. Demain c’est dimanche. Elle reste donc avec toi. C’est sûr. Tu le vois sur son visage. Ca te plaît. Un peu trop d’ailleurs. « 6000 dollars. » Holy shit. Ca aussi ça te plaît. « C’est important ? »

« Le fric c’est important ouais. »

Et qu’elle t’ait répondu sans tourner autour du pot, c’est aussi très important. Elle a pas peur de partager cette info. Y’en a qui en font toute une histoire. Genre c’est indiscret. Mais pas elle. Genre. Ok. C’est sérieux vous deux. Elle te dit ce genre de truc sans sourciller. Ca te plaît beaucoup trop que ça t’énerve en même temps. Pourquoi t’as cru qu’elle allait pas répondre. T’aimes pas réaliser qu’elle te confie des trucs. T’aimes pas réaliser que c’est vraiment plus que juste du sexe vous deux. Et que ça marche dans les deux sens. Que ça fonctionne. Quand elle pète pas une crise. Et elle te reprend parce que tu bois à la bouteille. Tu voulais juste boire et y’a pas de verres, tu fais avec les moyens du bord. Mais vu son geste qui suit, tu n’as pas le temps de rouler des yeux parce que c’est beaucoup trop hot. Tu vas lui mordre la joue brièvement alors qu’elle te prend la bouteille des mains. Elle fait sa princesse et va prendre des verres. Tu la retiens pas parce qu’elle a raison. Ce sera mieux avec des verres et t’es autant une princesse qu’elle.

T’es en train de bouffer ton bagel pendant sa courte absence mais clairement tu manges juste parce que tu sais que t’as rien mangé de la journée et qu’il le faut. Sinon là, ta tête est juste remplie de Noa. Ses mots. Ses actions. Son corps. Tu lui prends les deux verres des mains, les poses sur le bureau et tu la soulèves pour aller la mettre sur le lit, ton corps se plaçant entre ses jambes. Son dos allongé sur le lit, ton qui te penche au dessus d’elle.

« Et c’est encore mieux ça… »

Tu vas prendre ses lèvres mais damn ce baiser. Tes mains sur ses cuisses que tu caresses avec envies. Ton bas ventre qui est collé au sien sachant que tu n’as qu’un boxers sur toi… Elle peut voir combien t’es déjà très chaud…

Ouais, le fric c’est important, on me l’a toujours plus ou moins appris. J’peux pas dire que j’suis tombée malheureuse chez les Jacobs. Belle barraque, lui est architecte et elle est cadre de santé à l’hopital. Autant dire qu’ils sont pas trop mal et que ca entrait aussi en jeu pour pouvoir adopter deux gamines je suppose. Jacobs, ils ont toujours été le couple parfait et j’ai toujours eu de l’admiration pour eux. J’avoue que c’est compliqué pour moi de les appeler papa et maman, parce que j’suis arrivée assez tard mine de rien chez eux, j’avais dix ans. Et même si je les aime si fort, j’ai toujours pris une certaine distance, en sachant qu’ils étaient pas mes vrais parents. D’ailleurs, la Jacobs a jamais cherché à me dissuader de connaitre l’identité de mes vrais parents un jour. Elle a rien dit quand je lui ai annoncé que ma mère m’avait appelé, que je l’avais vu et que c’était pas terrible. Elle s’en est pas réjouie, elle s’en est pas non plus fait des sangs d’encre. Enfin, tout ça pour dire que ouais, le fric c’est important mais c’est pas non plus ce qui fait ton bonheur dans la vie. Les Jacobs avaient beau avoir pas mal de fric, ils ont pas pu se construire leur propre famille, ils en ont été bien malheureux jusqu’à ce qu’ils acceptent l’adoption. Et ils ont fait fort, ils ont même pas adopté un bébé qui venait tout juste d’être abandonné. Ils ont été plus courageux que ça, faisant impasse sur toutes les premières années d’un mome, j’trouve ça beau. J’dis pas ça parce que en quelques sortes, ils m’ont vraiment sortie d’une merde et ils m’ont vraiment permis d’être qui je suis aujourd’hui.
Andy est d’humeur joueur, alors que je reviens avec les deux coupes de champagne. Il a pas l’air d’avoir soif, il a pas l’air d’avoir faim non plus, pas des bagels en tout cas puisqu’il lâche celui dans lequel il croquait quand j’entre dans sa chambre. En deux secondes, j’me retrouve allongée sur son lit et lui qui vient se glisser au dessus de moi. Okay, Andy j’ai l’impression de t’avoir manqué pendant une semaine et t’en fais pas, c’est bien réciproque. Je reste silencieuse et je quitte pas ses yeux quand il me regarde. Il est contre moi et il y en a un de nous qui est encore bien trop habillé dans cette pièce.
« Et c’est encore mieux ça… »
Je dis rien, mais j’en pense pas moins. Ouais, c’est encore mieux ça… et là, c’est juste l’explosion. Si on peut dire qu’on collectionne les baisers depuis qu’on se fréquente, on en a eu à toutes les sauces, avec des intensités différentes, avec plus ou moins de conviction, mais là… j’sais pas si c’est l’effet des six milles dollars qui lui fait ça, mais si j’dois lui rappeler mon salaire à chaque fois qu’on se voit pour qu’il y mette autant d’envie, je dis oui ! Et comme une con, ca m’rendrait presque timide, intimidée plutôt. J’le laisse prendre le contrôle, j’le laisse gérer parce qu’il a l’air de tellement me désirer que j’sais plus où me mettre, que j’ai pas envie de faire un faux pas… il imagine tellement pas toute l’influence qu’il peut avoir sur moi. Ca m’fait vraiment de bien et ca m’fait vraiment flipper aussi, mais là, j’ai pas envie de penser à ça, j’ai juste envie de profiter et de laisser mon corps ressentir de belles choses.

***

Allongée dans le lit juste à côté de lui, je reste contre son corps chaud et transpirant, il a tout donné et j’apprécie tellement ces moments là avec lui. Ces moments où on va pas se rhabiller en vitesse pour tracer sa route et se séparer après avoir fait notre affaire. Je sais pas si ça s’est même passé une fois avec Andy. Parce que j’me souviens encore la première fois que j’ai fini dans son lit, j’suis restée dormir aussi, il m’a pas jeté et j’avais pas envie de me barrer aussi vite non plus. Bien sûr, y a rien à voir avec ce qu’il se passe là, j’étais pas collée contre lui à le regarder naïvement et bêtement avec ces foutues étoiles dans les yeux. Mais déjà notre première fois, c’était un assez bon souvenir, surprenant souvenir.
« J’avais presque oublié, ce que ça faisait de pas juste baiser et repartir une fois que l’affaire était finie. » je le coude sur l’oreiller, ma tête posée sur ma main, j’le regarde et j’ai les yeux baladeurs. J’me demande combien de personne il a vu depuis qu’on est ensemble, combien de fois, ca lui était arrivé à lui, de baiser et de se barre directement après, depuis qu’on était ensemble. J’ai pas envie d’aborder ce sujet là et en réalité, ma remarque est pas du tout faite pour le faire rebondir, j’ai pas envie de savoir. J’veux rester dans mon déni, à m’dire que qui sait, peut être que moi aussi, j’vais avoir envie de finir avec quelqu’un d’autre et que j’pourrais me l’autoriser, parce qu’il fait ça, parce que c’est censé être notre fonctionnement. « t’as l’air pensif… » il regarde le plafond alors que mes yeux se reposent tout juste sur son visage. « j’ai l’droit de te demander ce qu’il se passe la dedans… » et mon doigt quitte mes cheveux pour se poser délicatement sur sa tempe. J’ose poser des questions, j’ose entrer dans son intimité, dans sa tête… à mes risques et périls.

Le sexe avec Noa c’est beaucoup trop bon et ça te fait chier deux secondes de t’en rendre compte à chaque fois. Jusqu’à ce que tu dises fuck off et que tu profites juste de prendre ton pied comme jamais à chaque fois. Vraiment. C’est beaucoup trop important pour toi le sexe. Si c’était un fiasco avec elle ça ferait bien longtemps que ce serait terminé votre petite mascarade mais… Nope. Elle est toujours au rendez vous. Elle te rend juste dingue. Tu comprends toujours pas comment elle fait.

Et tu reprends tes esprits, dans ton lit, tranquille, elle est collée à toi et ton bras la garde bien sur ton corps. « J’avais presque oublié, ce que ça faisait de pas juste baiser et repartir une fois que l’affaire était finie. » Tu lèves un sourcil. De quoi elle parle là ? Parce que ça fait un moment que c’est fini ça entre vous. Vous dormez chez l’un et l’autre régulièrement. Bon pas la semaine qui vient de s’écouler mais autant que vous pouvez en tout cas.  Mais c’est vrai que la dernière fois c’était au mariage et vous avez fait ça en mode assez rapide. Pas dans un lit où tu peux profiter de l’avoir nue contre toi. Tes yeux descendent sur son corps d’ailleurs. Too hot. Vraiment cette meuf. Elle te rend dingue et tous les jours un peu plus. Tu sais pas comment t’as fait pour patienter une semaine avant d’avoir cet hot piece of ass contre toi. « t’as l’air pensif… » Tu la sens venir la question qui suit. « j’ai l’droit de te demander ce qu’il se passe la dedans… »  Et voilà. Tu savais.

« T’es beaucoup trop hot. Et je suis un surhomme de pas être venu te prendre sur ton bureau durant la semaine. »

Sourire en coin direct sur tes lèvres.

« Attends toi à ça la prochaine fois que tu m’abandonnes tout ce temps. »

Sourire en coin qui s’agrandit. Tu te sens drôle mais c’est vraiment la vérité que tu racontes là.

J’me demande toujours à quoi il pense vraiment parce qu’il dit jamais rien, c’est forcément qu’il pense beaucoup. C’est pas possible autrement et même si, c’est facile de lire en lui, y a quand même beaucoup de zone d’ombre et ca me frustre pas mal. J’ai envie de savoir tellement de chose sur lui mais le problème c’est que j’ai toujours l’impression d’être trop curieuse, de trop en demander et simplement qu’il a pas envie de répondre. Qu’il a pas envie de partager ça avec moi. Alors que le partage, c’est juste la base de toute relation, qu’être en couple, c’est pas seulement bien baiser quand on veut ou on veut. Et parfois j’repense aux mots qu’à utiliser Jane quand je lui ai parlé d’Andy… un plan cul. Un plan cul régulier mais un plan du quand même… et j’ai absolument jamais mis ces mots sur notre relation mais si Andy s’ouvre pas plus à moi, peut être que c’est seulement ce qu’on est. Sauf que moi j’suis dingue de lui, et que d’après lui, c’est réciproque, d’après les interprétations que je m’en fais, en fait. Et parfois, j’repense aussi à cette soirée pour son anniversaire où son pote, je sais plus comment il s’appelle, George, ou Nick, je sais plus le quel… j’repense à ce qu’il a dit… Andy qui fait tout pour qu’on tombe amoureux de lui et Andy qui disparait. J’veux pas croire ça, j’veux croire à quelques choses de sincère entre lui et moi et quelque chose de fort et d’intense, parce que c’est réellement ce que j’ressent…
« T’es beaucoup trop hot. Et je suis un surhomme de pas être venu te prendre sur ton bureau durant la semaine. » et on en revient toujours à la même chose. Mais bien sûre que mon égo est si flatté d’entendre tout ça, que ca m’plait … « Attends toi à ça la prochaine fois que tu m’abandonnes tout ce temps. » je souris, j’crois que j’lui ai manqué. Mais quoi, c’est quoi qui lui a vraiment manqué ? Mon vagin ? Ou moi, juste moi ? « Je partage mon bureau avec la psychologue et mon assistante. » oui, j’ai une assistante maintenant, c’est merveilleux. Mais du coup, dommage Andy, le bureau, ce sera pour une prochaine fois. Je me redresse, j’avais dis que j’serai chill et que j’me prendrai pas la tête aujourd’hui. J’vais tenir bon. « On a pas bu ce champagne, du coup… » je tends le bras au-dessus de lui pour aller prendre la bouteille. « Tiens… » je lui donne et prends les deux coupes ensuite pour les remplir. Lui en donne une, prend la mienne et la soulève. « A mon nouveau poste. » Je le regarde et souris. « A nous ? » que je questionne, en le regardant.

« Je partage mon bureau avec la psychologue et mon assistante. » T’éclates de rire. Va falloir être rapide du coup. Tu t’imagines déjà à venir en speed quand les autres sont en pause ou en réunion ou en déplacement ou quoi. « On a pas bu ce champagne, du coup… » Elle veut vraiment se mettre la mort on dirait. La vérité c’est que vous pouvez très bien boire sans vous mettre la mort mais tu sais pas pourquoi tu penses direct à finir ivre. Tu sais qu’il t’en faut pas beaucoup pour te laisser aller. C’est pour ça. Tu te connais. Mais tu sais aussi que t’as du boulot en ce moment et ça serait pas sérieux de te niquer une journée à cause d’une peut être gueule de bois. Peut être parce que des fois tu gères. Des fois pas du tout. Plus souvent pas du tout que oui. Tu sens l’âge dans ton corps. Même si t’es toujours super hot et en bonne santé. Elle se fou à moitié sur toi pour choper la bouteille. Elle vous sert. Tu dis rien, tu prends la coupe. T’avais oublié qu’elle avait été les chercher vu comme tu lui as sauté dessus assez vite dès qu’elle a remis les pieds dans ta chambre. « A mon nouveau poste. » Et tu fais tinter ton verre avec le sien. « A nous ? » Ah merde elle avait pas fini. A nous. Bien sûr. Faut toujours qu’elle montre que vous deux y’a un vrai truc. Elle peut pas juste chiller. En vrai ça te dérange pas c’est juste que t’as pas du tout l’habitude de ça. Y’a déjà des gars qui t’ont fait ce coup mais c’était à sens unique les sentiments. Pas là. Du coup tu sais pas. C’est bizarre.

« A nous. »

Mais tu kiffes.