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 kiss & tell (Lou#3)

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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyVen 30 Aoû 2019 - 20:53

kiss & tell
Lene & Lou


L’iconique cd de Britney Spears avait accompli le tour de force de tourner deux fois d’ici à ce qu’elles arrivent sur les lieux. L’Australia Zoo a beau n’être situé qu’à une heure de Brisbane, les familles avaient visiblement décidé d’aller explorer cette partie-là du Queensland provoquant de ce fait des embouteillages dont Lene se serait très bien passée. Les longs voyages en voiture allaient être à proscrire et à chaque arrêt, bien que Lou tente de calmer sa mauvaise humeur en entamant les refrains d’une Britney au sommet de sa gloire, Lene n’arrive pas à reprendre patience – s’il en avait déjà eu un jour, il faut dire – un trajet de deux heures s’était donc imposé là où la moitié suffit en temps normal. L’idée de visiter le zoo avait été abordée rapidement et maintenant que Lene approche du délai où il est possible pour elle d’annoncer sa grossesse – parce que les fausses couches sont plus rares après douze semaines – le moment d’annoncer la nouvelle à Lou s’approche tout autant. Evidemment, elle aurait préféré passer le stade de douze semaines qu’elle s’était fixée mais l’occasion se présente aujourd’hui et si elle aurait cent fois préféré qu’Anwar soit celui qui annonce la nouvelle, elle se dit à chaque fois qu’elle songe à abandonner lâchement que c’est à elle de le faire. Finalement, ces premières semaines où elle ne devait rien dire étaient les meilleures parce que maintenant, la nouvelle va courir et Lene déteste l’idée que quiconque puisse émettre le moindre jugement sur son état. Elle balise mais pour le moment, elle doit tenter d’être le plus naturel possible, ce qui se fait avec un peu de mal mais elle parvient à sortir l’excuse que le trajet lui aura tapée sur le système. Le parc est presque comme dans ses souvenirs. Ceux de la fois où elles étaient allées le visiter avec l’école, sauf qu’au lieu d’aller regarder les animaux, elles avaient préféré jeter leur pop-corn sur les élèves d’autres écoles et semer la discorde entre deux pauses cigarettes bien cachées dans les buissons. Une attitude qu’elle n’oserait plus adopter aujourd’hui tant elle lui parait puérile mais qui était parfaitement naturelle à l’époque.  Le plan est dans les mains de Lou. C’est elle qui s’était enjaillée à l’idée de voir des koala et hormis l’occasion de changer un peu d’air, rien n’avait réellement attiré Lene dans cette endroit. Hormis ses chiens, les animaux n’éveillaient que peu son intérêt. « Tu veux commencer par quoi ? » demande t-elle alors que la naine qui l’accompagne semble étudier – et oui – très sérieusement la carte. « Tu as trouvé un spectacle où l’on peut s’asseoir ? » Elles viennent à peine d’arriver et Lene veut déjà savoir quand elle aura l’occasion de poser ses fesses. Elle commence bien la grossesse. Ses yeux se promènent dans tous les sens à la recherche du bon vieux stand d’antan mais rien n’apparait à l’horizon. « Bah merde alors, on le trouve où le pop-corn maintenant ? » Où ? On ne le trouve plus, tout simplement.
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyMar 10 Sep 2019 - 2:01

Difficile de croire qu’on puisse aller moins vite d’un car scolaire, et pourtant, Lene le bolide a réussi cet exploit haut la main. Je commençais à avoir de sérieux doutes concernant notre heure d’arrivée à destination et le temps qu’il nous resterait pour visiter quoi que ce soit du parc avant la fermeture - pour mieux rentrer à Brisbane sur les coups de six heures demain matin. Puis les panneaux se sont ornés du logo du Zoo, jusqu’à ce que le portail de l’entrée apparaisse enfin. Je laisse la frustration accumulée par chaque pause pipi à l’intérieur de la voiture, désormais verrouillée sur une place de parking à l’ombre. Renaît en moi la Lou d’il y a dix ans, ou du moins, ses souvenirs. Et ils sont nombreux à arpenter ces chemins entre les enclos. « Tu veux commencer par quoi ? » demande Lene tandis que le plan du parc est passé au peigne fin par mes soins. Mon regard scanne chaque case, le tout n’a pas beaucoup changé. Pourtant j’ai hâte de le redécouvrir, moins occupée à être la rebelle de service, ou moins anesthésiée par une substance quelconque. Juste me pencher sur les animaux, lire les écriteaux, en apprendre plus -comme si je ne connaissais pas par coeur le fond de catalogue de documentaires National Geographic. “Les casoars.” dis-je une fois mon choix arrêté. Je pourrais presque entendre un commentateur, dans un coin de ma tête, me dresser la fiche d’espèce de ce très gros oiseau -un des plus grands et dangereux d’Australie, ce qui en fait, forcément, un des plus fascinants. « Tu as trouvé un spectacle où l’on peut s’asseoir ? » Mon regard roule lourdement sur Lene. Même en se massant les lombaires elle n’aurait pas plus l’air d’une vieille bique. “Sérieusement ? On vient de passer trois plombes en voiture et tu penses déjà à t’asseoir ?” Je juge outrageusement, mais cela ne m’empêche pas d'obtempérer ; après tout, l’idée est qu’elle profite elle aussi de la journée, et je suis visiblement bien plus facile à satisfaire. Je ne tarde pas à trouver un spectacle -le show principal même dont mes souvenirs flous ont bien besoin d’être rafraîchis. “Y’a le nourrissage des crocodiles. Si on passe par les serpents, les wombats et les koalas, on arrivera aux casoars et le “crocosseum” est juste à côté.” Un énorme bâtiment, impossible de le rater. Les soigneurs ne font pas que nourrir les bêtes, ils en profitent pour leur faire faire quelques tours impressionnants entre deux moments de pédagogie. Mais j’admets que j’adorerais en voir un se faire bouffer la main d’un coup de crocs. Ca pimenterait la chose immédiatement. « Bah merde alors, on le trouve où le pop-corn maintenant ? » Lene n’a visiblement pas eu le mémo. Repliant soigneusement la carte du zoo puis la glissant la poche arrière de mon short, je réponds ; “Y’en a plus. Ils ont arrêté d’en vendre parce que les gens les filaient aux animaux, et c’est pas bon pour eux. Quel genre d’idiot il faut être pour filer du pop-corn aux bestioles ?” Peut-être des idiotes comme nous. Mais nous étions adolescentes, il y a prescription. “Je prendrais bien une glace par contre.” Et c’est sur ce que j’engage la marche vers un stand non loin de l’entrée où se fournir en crème glacée et autres sorbets avant de débuter notre marche. Bien sûr, toute la population du Queensland a eu la même idée que moi et au moins dix personnes font la queue devant nous, mettant au moins trois mètres de distance entre moi et mon Magnum triple caramel. Dans la file d’attente, des enfants, bien sûr. Braillards et impatients, pendus aux bras de leurs parents désoeuvrés, exigeant que le temps passe plus vite, puis d’aller voir les koalas -non, les kangourous, non, les éléphants. “Pourquoi faut toujours que ce soit envahi par les mioches ?” je soupire en levant les yeux au ciel. Il y en a bien des mignons, ceux qui dorment dans leur poussette notamment, et ceux qui sont venus déguisés en petits animaux -sauf celui en araignée, qu’il aille consulter un psy. Et puis il y en a un, à côté du stand, sa glace à la main, le cornet trop grand pour ses petits doigts couverts de chocolat qui poursuit sa fonte plus rapide que les icebergs du pôle sud. “Regarde celui-là.” j’indique à Lene, souriant déjà face à l’inéluctable et littérale chute de cette scène. Il ne regarde pas où il va, absorbé par le dessert, croise la route d’un caillou plus gros que son orteil, trébuche, s’étale de tout son long, la face dans sa glace. Puis c’est un concert de brâillements qui débute. “C’est ça, pleure.”

LOONYWALTZ
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyDim 29 Sep 2019 - 22:30

kiss & tell
Lene & Lou


Lene n’aurait jamais remis les pieds là si elle n’avait pas tenté de faire plaisir à Lou. Aussitôt entrée dans le zoo, elle avait eu l’impression de rejoindre une cours de récréation et ce n’est pas parce qu’elle avait accepté d’en pondre que ce serait okay de supporter ceux des autres. C’est finalement ce qu’elle semble se retrouver à faire quand Lou commence à étudier sérieusement les lieux et la faune qui s’y trouve. Ce n’est pas de dix ans dont elle semble être revenue en arrière mais bien de vingt-cinq et si ça parait mignon à l’observer faire parce qu’elle a l’allure qui se fond bien dans les sorties scolaires, ça ne fait que provoquer chez Lene l’appréhension de la rencontre avec d’autres enfants. Un peu comme quand son chien rencontre un nouveau congénère, ce qu’il déteste. “Les casoars.” Et elle a l’air d’avoir sérieusement réfléchit longtemps son premier choix ce qui lui échappe totalement parce qu’un oiseau n’est rien de plus qu’un tas de plume et que celui-là est particulièrement disgracieux, une preuve de plus que la sélection naturelle ne se fait pas toujours très bien. Néanmoins, Lene n’est pas là pour elle donc elle se contente d’hausser les épaules pour montrer un signe de consentement. Ce qu’elle demande juste, c’est de pouvoir s’asseoir, ce qui peut paraitre ridicule quand on a passé deux heures en voiture mais moins quand on a un médecin qui insiste sur le repos, vu qu’elle ne s’en accorde pas vraiment sur ses jours de travail. “Sérieusement ? On vient de passer trois plombes en voiture et tu penses déjà à t’asseoir ?” Elle acquiesce en répondant un « Oui » tranquille parce qu’elle n’en voit pas ce qui pose problème vu qu’elles vont de toute évidence se cogner des nourrissages et autres tours de passe – passe avec des otaries, elle préfère encore le faire assise. “Y’a le nourrissage des crocodiles. Si on passe par les serpents, les wombats et les koalas, on arrivera aux casoars et le “crocosseum” est juste à côté.” Et aussi vite que waze, malgré son regard qui en dit un paquet sur ses pensées, Lou parvient à leur tracer tout un itinéraire qui semble convenir à tout le monde, ne reste maintenant qu’à le suivre. « Et bien, c’est niquel, on peut faire ça. » adresse Lene, prête à partir après avoir coché la dernière case de sa liste de chose à faire avant la visite : la bouffe. Elle ne l’avait pas dit sur la route mais elle, elle s’était enjaillée à l’idée de grignoter du pop-corn. “Y’en a plus. Ils ont arrêté d’en vendre parce que les gens les filaient aux animaux, et c’est pas bon pour eux. Quel genre d’idiot il faut être pour filer du pop-corn aux bestioles ?” Même si elle aurait pu répondre qu’ils auraient pu le laisser pour les gens – parce que rien n’empêche les gens de ramener leur propre bouffe et de la filer aux animaux – elle ne peut se priver du regard qui répond à son jugement qu’elles ont fait parties de ces idiots qui nourrissaient les animaux et qu’elles n’ont pas à ce point évoluer depuis. “Je prendrais bien une glace par contre.” Elle évite le sujet et dire vrai, Lene n’a pas l’intention de le lancer plus que ça. Elles ont été des adolescentes stupides, comme tout le monde, rien ne sert d’épiloguer sur le sujet. Plutôt docile, elle se contente de suivre Polly Pocket vers le stand de glace où elles vont devoir attendre leur plombe avant d’avoir le but de leur quête. Pas de stress. C’est Lou qui fait le planning. “Pourquoi faut toujours que ce soit envahi par les mioches ?” Sa question posée à haute voix attire le regard d’une mère de famille stationnée devant elles qui se contente de les regarder avant d’en revenir à sa marmaille. Le regard de Lene est masqué derrière des lunettes de soleil visant à bien faire valoir son impassibilité. Si madame souhaite s’offusquer de la remarque de Lou, c’est qu’elle a conscience intérieurement qu’elle fait chier. Les gens se vexent toujours dès qu’ils savent intérieurement qu’ils ont tort. « Parce que ça ferait faillite sans les familles et que c’est sociétalement impossible point de vue marketing de dire qu’on en veut pas. » explique Lene en croisant les bras sans détacher ses yeux du dos de la dame. « Regarde déjà l’exemple des restaurants « gastronomique », s’ils ne servent pas de pâtes au ketchup, c’est bien pour faire comprendre aux parents que ça sert à rien de venir à plus de deux. » La nourriture est l’argument mais la finalité est bien la tranquillité du client et le level de décibel. “Regarde celui-là.” Indique Lou en lui faisant tourner le regard vers un petit qui semble être le plus heureux du monde avec sa glace en main, bien trop grande pour lui, elle termine inévitablement par terre. Et si à une époque, le spectacle d’un enfant en larme n’aurait pas appelé autre chose qu’un rire graveleux chez Lene, la scène fend plutôt le cœur actuellement, mettons ça sur le coup des hormones qui mettent sa sensibilité à fleur de peau, elle ne trouve rien de drôle à ce qui se joue. “C’est ça, pleure.” Ajoute Lou, méchamment, lui collant une honte instantanément qui reste fort heureusement cachée derrière ses lunettes. Le truc dans son impression d’avoir à balader sa gamine, c’est que Lou est bel et bien d’un point de vue extérieure une grande enfant de trente ans, un détail qui n’échappent pas aux regards qui se sont tournés vers elles et à part prétexter un éventuel retard, Lene ne sait pas ce qu’elle pourrait répondre d’autre que son silence face à ces visages qui finissent sans surprise à se détourner d’elles pour avancer dans la file. Les parents du petits sont venus à son secours et lui offriront à n’en pas douter une nouvelle glace pour remplacer l’ancienne. L’épisode est oublié par tous au moment où elles arrivent devant le stand où Lene se prive pas, elle est faim. « Je vais prendre un hot dog, deux paquets de chips, un de ces petits trucs que vous faites frire ou deux en fait, et une glace. » dit-elle en jetant un coup à ce qu’elle pourrait prendre d’autre, le problème étant que tout est toujours à consommer dans l’immédiat « Puis, vous pouvez ajouter tout ce qu’elle voudra. » dit-elle en désignant Lou.
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyJeu 26 Déc 2019 - 23:35

Les enfants, ça m’échappe. Je ne comprends pas comment il est possible d’une, vouloir s’infliger la douleur de l’accouchement de plein gré, et deux, s’encombrer d’un être humain supplémentaire entièrement dépendant de soi jusqu’à la fin de nos jours. A mes yeux, il y a sûrement une forme de lavage de cerveau dans cette histoire. La société nous fait croire que cela est notre rôle, d’enfanter, que c’est notre devoir pour la survie de l’espèce, que c’est tellement gratifiant et épanouissant de nourrir un bébé baveux, moucher son nez qui coule et nettoyer ses fesses. Je le vois autour de moi, dans la queue pour les friandises ; quel bonheur, oui, cet adolescent dopé aux blockbusters qui insulte sa propre mère, cette fillette impatiente qui s'époumone à moitié par terre. Elles ont l’air aux anges, les mamans aux yeux cernés, encombrées de poussettes au cas où la marmaille soit prise de flemme de marcher, trois sacs entassés sous le landau avec les couches, les biberons et les sandwichs pour toute la famille auxquels Monsieur n’avait pas pensé parce que les pères ne s’étouffent pas dans leur esprit d’initiative et leur implication dans la vie de famille. Les pères travaillent, c’est leur rôle à eux. Ils ramènent l’argent et se tapent des nenettes deux fois plus jeunes qu’eux. Bizarrement, j’ai du mal à voir l’importance de ça pour la survie de l’espèce. Ce cirque, cette farce. « Parce que ça ferait faillite sans les familles, répond Lene à mon intolérance face à ce spectacle, et que c’est sociétalement impossible point de vue marketing de dire qu’on en veut pas. » J’hausse les épaules. Pas parce que je m’en fiche ou que je ne suis pas d’accord. C’est surtout qu’elle a employé pas mal de mots dont je n’ai pas compris le sens, et que je ne tiens pas à passer pour une demeurer. Alors acquiescer me paraît être la meilleure solution. « Regarde déjà l’exemple des restaurants « gastronomique », reprend-t-elle, et j’espère saisir plus d’un mot sur deux cette fois, s’ils ne servent pas de pâtes au ketchup, c’est bien pour faire comprendre aux parents que ça sert à rien de venir à plus de deux. » Et j’ai bien vite fait d’en conclure ma propre morale bien sentie ; “Conclusion : pour avoir les meilleures choses dans la vie, mieux vaut s’épargner d’avoir des morveux.”

Passé le drame de la glace tombée par terre et les hurlements du lardon qui ne peut s’en prendre qu’à lui pour être aussi gauche -et moche par dessus ça- notre tour vient. C’est Lene qui aligne les billets, assez naturellement ; elle a les moyens, et moi, l’aliment principal de mon alimentation sont les macaronis à un dollar les cinq-cent grammes chez Woolies. « Je vais prendre un hot dog, deux paquets de chips, un de ces petits trucs que vous faites frire ou deux en fait, et une glace. Puis, vous pouvez ajouter tout ce qu’elle voudra. » Difficile de savoir qui de moi ou du vendeur écarquille le plus les yeux. J’imagine que le trajet en voiture a drôlement creusé la brune. Plus modestement, je commande à mon tour “Une glace à la vanille, et un Coca Light.” Et non, je ne fais pas attention à ma ligne ; je ne bois toujours que du Coca light parce que j’en préfère le goût. Ce sont les bras bien chargés que nous cédons la place en caisse. Lene s’est jetée sur son hot-dog avec la ferme intention de l'annihiler en un temps record avec voracité. “Ton gros cul tiendra plus sur ta planche de surf si tu continues comme ça.” je fais remarquer en entamant ma glace. “Tu te fais pas vomir après hein ?”

Je ne peux pas m’empêcher de m’imaginer à quoi ressemblerait un monde où les rôles seraient inversés ; nous dans les enclos, eux dans les allées, en train de nous scruter avec une glace dans la main. Il y aurait des animations à l’heure de nous nourrir, et nous serions éduqués à divertir le public à l’aide de quelques tours sympathiques. Tout notre monde se résumerait à quelques hectares de verdure, et une loge pour la nuit. Nous ne verrions jamais au delà. Nous ne saurions même pas qu’il existe quoi que ce soit de l’autre côté de la clôture. Vu sous cet angle, je préfère de loin être de ce côté de celle-ci. “Tu savais que les femelles sont dominantes chez les casoars ? dis-je entre deux lampées de crème glacée. Après l’accouplement, elles laissent les oeufs au gars, et il se démerde avec.” Je l’avais entendu dire dans un documentaire sur National Geographic, aka l’éternel bruit de fond de ma chambre. Je ne peux pas vivre dans le silence, mais je ne tiens pas non plus à voir mon cerveau couler de mes oreilles face à la bêtise des émissions de téléréalité, ni perdre ce qui me reste de moral en regardant les infos en continu. Au moins, je suis devenue une encyclopédie à fun facts sur les animaux d’ici et d’ailleurs. Pas que Lene en ait quoi que ce soit à cirer, je n’en doute pas. Ce pourquoi je ne m’attarde pas plus que nécessaire à ce premier arrêt et reprend rapidement l’itinéraire devant nous mener, à terme, au spectacle de crocodiles. Après les casoars, mon pas lent ne cesse jamais vraiment. J’observe les animaux à distance puisque les premiers rangs sont réservés aux enfants mais que je ne suis pas plus grande qu’eux ; il n’y a qu’à deux ou trois mètres de la clôture que je peux espérer apercevoir une touffe de fourrure. En revanche, le Crocosseum est immanquable, et nous en approchons petit à petit. “Ca fait remonter un tas de souvenirs de venir ici.” je déclare avec nostalgie. Les tendres années à faire ce qui nous chantait, tous ces actes, toutes ses erreurs dont nous n’avions pas à payer les conséquences aussi lourdement qu’à notre âge. Si les choses avaient été différentes dans mon cadre familial, je me demande si, moi, j’aurais tourné autrement. Mais je pense que l'attrait du danger, la quête du frisson et la soif de désobéissance ont toujours été en moi. “Tu crois qu’il y a encore notre tag dans les chiottes ?” je demande avec un sourire de connivence, indiquant d’un signe de tête les WC au pied de l’arène. Je ne me souviens plus ce que nous avions écrit au marqueur là-bas, mais cela impliquait sûrement notre prof et une sordide histoire de gang bang.
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyDim 12 Jan 2020 - 0:17

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Lene & Lou


“Conclusion : pour avoir les meilleures choses dans la vie, mieux vaut s’épargner d’avoir des morveux.” Annonce fièrement Lou, comme si elle détenait là la clé d’une vie heureuse et provoquant de ce fait un certain scepticisme chez Lene dont la condition récente l’amène à n’être que peu d’accord avec les propos de sa meilleure amie. Peut-être que finalement l’attirer dans un endroit aussi plein d’enfant et aussi représentatif de la plaie qu’ils peuvent représenté n’était pas une si bonne idée que ça. Il est pourtant trop tard, Lene avait pris la décision d’être celle qui annoncerait la nouvelle à Lou et elle se doit de l’assumer jusqu’au bout. En soi, y’a rien de dramatique non plus à ce qu’elle ait ce bébé, elle sait très bien qu’elle ne se transformera pas en l’une de ces mamans dont le premier mot d’ordre est le prénom de leur cher tête blonde. Néanmoins, Lene s’empêche d’argumenter. La file d’attente est le dernier endroit pour cette conversation. Elle ne tient pas à ce que des inconnus écoutent les détails sordides de sa vie et en plus de jeter un froid sur la journée, elles en viennent assez rapidement à commander. Bref, pas le temps, pas le moment. “Une glace à la vanille, et un Coca Light.” Demande Lou, une fois que Lene a passé sa commande dont on se demande comment elle compte tenir tout ça dans sa main. Qu’y peut-elle ? Ce n’est pas tant la faim mais juste que toutes ces odeurs là, ça lui aura donné envie de manger tout ce qui se présente à elle. “Ton gros cul tiendra plus sur ta planche de surf si tu continues comme ça.” Elle n’imagine pas à quel point elle est dans le vrai, même si c’est pour des raisons qui sont à vingt mille lieux de la vérité. “Tu te fais pas vomir après hein ?” Les sourcils de Lene se froncent tant la question lui parait saugrenue. Les troubles alimentaires sont pourtant bien la seule chose qu’on ne peut pas mettre dans sa liste de problème. « Non, mais je fais de gros colombins. » dit-elle en souriant, fière de son humour pipi-caca. Son estomac rempli – pour le moment – la balade commence dans le plus grand des calmes. Oui, les enfants courent toujours. Oui, les gens parlent et fourmillent autour d’elle mais si elle arriverait pourtant à qualifier le moment de calme. Si Lene n’est clairement pas le genre à s’abreuver de savoir sur la faune et la flore comme Lou, elle parvient à se montrer intéressée par ce qu’elle a à lui apprendre et l’écoute attentivement. “Tu savais que les femelles sont dominantes chez les casoars ? Non, elle ne le savait pas. Après l’accouplement, elles laissent les œufs au gars, et il se démerde avec.” Sur le moment, elle poserait bien la question au sujet d’une cause à effet entre le fait que les casoars établissent une société matriarcale et le fait qu’ils fassent sans doute partis des animaux les plus moches qu’elle connaisse mais comme ce serait pas très féministe, elle se décide à se taire et à juste se dire qu’il s’agit d’une corrélation. « Je vois, ça fait au moins une espèce sur la planète qui n’a pas de dad issues je suppose. » Quoique, si elle devenait en revenir aux enfants et avoir cette conversation, elle pourrait simplement statuer que peu importe le level de parenting, peu importe que les casoars soit des parents exemplaires, les gosses ont tous des issues diverses et variés. Au moins, en étant un parent de merde, on peut se rassurer en anticipant déjà ce que va être le problème. La conversation ne se lance pas et c’est tant mieux parce que Lene appréhende déjà bien assez l’avis tranché qu’elle va recevoir de Lou concernant la situation et que la prise de tête risque d’être assez forte pour ne pas lui donner envie d’aborder d’autres choses. Elle ignore si c’est une idée dans sa tête mais toutes les discussions qui sont autour d’elle en ce moment n’ont l’air que de tourner autour de la parentalité. Est-ce le karma ? Une coïncidence ou juste qu’avant, elle ne faisait pas attention ? Mystère. “Ca fait remonter un tas de souvenirs de venir ici.” Certains remontent dont celui de ce que ça faisait que de juste s’amuser et de défier l’autorité sans que cela n’ait de graves conséquences mais cette nostalgie est très vite rattraper par le sentiment de culpabilité d’avoir été une si terrible personne et si Lene se trouvait les meilleures excuses du monde pour justifier ce comportement, la maturité l’avait rattrapé et lui faisait remettre en question si l’époque où elle écrasait le plus faible sans regret mérite vraiment sa nostalgie. Elle hausse les épaules, sans opinion. A vrai dire, ici ou ailleurs, les sorties scolaires étaient toutes les mêmes et les décors ne l’avait jamais grandement marqué. Ce qu’elle y avait fait en revanche … “Tu crois qu’il y a encore notre tag dans les chiottes ?” Si c’était le cas, ce serait inquiétant. « Lou, ça doit faire quinze ans. J’espère qu’ils l’ont effacé depuis le temps ! » dit-elle en riant quant au fait qu’à l’époque, elle avait été fière du marquer permanent utilisé parce que justement, elles espéraient que ça tienne pour toujours. « Mais, on peut toujours jeter un coup d’œil, j’espère juste que tu as vraiment envie de faire pipi parce que ça va durer cent ans la queue. » Et curieusement, Lene n’en était pas à cette heure de la journée où l’urgence arrive, ni même au stade où la crevette dans son ventre presse sur sa vessie. « Tu sais, je suis en train de me dire que si j’avais l’occasion de réécrire l’histoire, je ferais en sorte d’être celle qui écoute le guide plutôt que celle qui s’amuse à pourrir la visite des autres. »
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyJeu 6 Fév 2020 - 19:18

« Lou, ça doit faire quinze ans. J’espère qu’ils l’ont effacé depuis le temps ! » Mes yeux roulent dans leurs orbites. Ma bouche fait une grimace. Lene donne bien trop de crédit aux hommes et femmes chargés de l’entretien de ce genre d’endroits, et si elle croit qu’il y en a un pour se motiver à gratter tous les mots doux, les blagues salaces et les dessins de pénis qui couvrent les portes des cabines des toilettes, mon avis c’est qu’elle se met le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. “Tu serais étonnée du nombre de bars qui ont les mêmes tags dans les chiottes depuis quinze ans.” Le cadre n’est pas le même, mais la flemme est universelle -donnez-moi un amen.Il y a plus de chances que l’administration du zoo ait décidé de tout renouveler là-dedans, mais ma maigre expérience des gens en col blanc me laisse penser que leurs priorités sont ailleurs que dans l’aspect parfaitement immaculé de WC que les clients utiliseraient de toute manière. Ce n’est pas comme s’ils avaient le choix. « Mais, on peut toujours jeter un coup d’œil, propose Lene, j’espère juste que tu as vraiment envie de faire pipi parce que ça va durer cent ans la queue. » Pour une fois que sa micro-vessie pourrait nous être utile, Adams n’a même pas envie d’y aller. Dites-moi que c’est une blague. Je pèse le poids de ma curiosité, jauge la file d’attente qui dépasse à l’extérieur ; le ratio n’est pas bon et le contre l’emporte rapidement sur le pour. “Nah. Je préfère croire que les marques de notre folle jeunesse sont indélébiles plutôt que risquer d’être déçue de ne plus les y voir.” Même si, maintenant que Lene a soulevé la possibilité que ce soit le cas, je ne peux pas m’empêcher de ressentir une pointe d’amertume. Je n’ai jamais aimé le concept de passé révolu ; je l’aime immuable, intouchable, éternel. « Tu sais, je suis en train de me dire que si j’avais l’occasion de réécrire l’histoire, je ferais en sorte d’être celle qui écoute le guide plutôt que celle qui s’amuse à pourrir la visite des autres. » Mes sourcils se froncent, sur un regard emprunt d’incompréhension. Pendant une seconde, même le faciès si familier de Lene ne parvient à me rappeler la fille qu’elle était à cette époque ; cette part d’inconnu qui grandit en elle un peu plus à chaque fois que nous nous voyons la rend méconnaissable et me manque pas de me blesser. Pardon, si nos cabrioles sont désormais homologuées aux mauvais souvenirs. Désolée, si ces moments de complicité ruinent l’image qu’elle a de son adolescence. Vraiment navrée. “Parce que ton manque de savoir animalier laisse un tel vide dans ta vie ? Y’a National Geographic pour ça.” je rétorque en détournant le sujet afin de ravaler ma susceptibilité piquée à vif. Maintenant, je suis peut-être la seule, mais je ne regrette pas cette période. Tout était simple, et rien n’avait plus de valeur que la liberté -pas même l’argent. Quand je me libérais des contraintes sociales et de la bienséance qui veulent qu’une Grimes soit sage et souriante, j’avais enfin l’impression de respirer. Et puis, ce n’est pas mettre un peu d’animation dans une sortie scolaire qui a déjà ruiné la vie de qui que ce soit ; nos anciens camarades ont des dizaines d’années encore devant eux pour revenir au zoo sans être dérangés. “Si le guide était cool, on aurait écouté, je reprends, haussant les épaules. Mais il était sûrement chiant, comme tous les guides.” Et pour être moins intéressant qu’une clope ou une bataille de pop-corn, il faut vraiment être soporifique. Peut-être que je me cherche des excuses, et à Lene aussi, dans l’espoir de peindre un tableau moins noir, mais il est déjà trop tard ; elle a ruiné ça aussi pour moi. Je lâche un soupir et lève les yeux le long du Crocosseum. “Viens, si on s’assoit maintenant on devrait avoir de bonnes places.” Le prochain spectacle est dans plus d’un quart d’heure, et il est hors de question que je me plie à la dictature des enfants au premier rang. Je fais la même taille qu’une gosse de douze ans, je peux bien m’asseoir où je veux. Les gradins de l’arène sont parsemés de quelques motivés arrivés encore plus tôt. Quelques poussettes se bagarrent déjà le parking dans l’entrée. Les façades de l’édifice coupent le bruit des marmots qui hurlent de l’autre côté ; j’ai l’habitude des concerts à plus de cent décibels, pourtant ce calme est le bienvenu. Trois ou quatre rangées au-dessus de la fosse aux crocodiles, je pose mon derrière en plein milieu. Il ne reste de ma glace que la pointe du cornet -la meilleure partie, qu’on se le dise. En le croquant entre mes molaires couvertes de chocolat, j’ai toujours la même satisfaction. De mes quatre ans à aujourd’hui, elle n’a pas changé, et ce ne sont pas les chiffres de mon âge qui m’empêcheront de sourire à la toute fin d’une crème glacée. “Tu regrettes vraiment cette période ? je demande finalement, puisque le sujet s’est décidé à trotter dans ma tête jusqu’à avoir le coeur net. Quand on était toutes les deux et que rien ne semblait vraiment important ?”
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptySam 21 Mar 2020 - 22:49

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Lene & Lou


Les souvenirs remontent. Ceux des rires avec Lou ont toujours en premier plan mais maintenant Lene peut se rappeler du visage des autres derrière elles, à réprouver leurs comportements et à être gênés voir même blessés par leur paroles et agissements. Elle se fichait d’être correcte à l’époque et chaque regard noir en sa direction était royalement ignorée par le reine des guêpes qu’elle était. Seulement, le regret s’installe et chaque fois qu’elle imagine que dans quelques années, une autre pimbêche pourrait faire vivre à son bébé ce qu’elle infligeait aux autres, elle ne se supporte plus. Certes, elles avaient profité mais elles l’avaient fait au dépend des autres et c’était une chose misérable. “Parce que ton manque de savoir animalier laisse un tel vide dans ta vie ? Y’a National Geographic pour ça.” Réplique Lou, prenant visiblement la mouche aux paroles de Lene comme si celles-ci étaient tournées vers elle alors que l’intention de la brune n’était pas de la vexer. C’est une pensée comme celle qui traverse l’esprit de la jeune femme depuis plusieurs semaines. “Si le guide était cool, on aurait écouté Mais il était sûrement chiant, comme tous les guides.” Ajoute Lou, comme pour se donner bonne conscience alors que quinze ans après, la seule chose adulte à faire serait d’admettre que malgré le fun ressenti à l’instant T, elles auraient mieux fait d’être plus studieuse. Peut-être que les années qui ont suivis auraient été moins difficile si elles avaient fait de meilleurs choix. Mais ça, ce débat et cette réponse, elle n’est pas certaine que Lou soit dans l’état d’esprit pour l’entendre. Et peut-être aussi que c’est une bien mauvaise idée que d’aborder un sujet susceptible de mener à une conversation soutenue le jour où elle prévoit de lui annoncer sa grossesse. “Viens, si on s’assoit maintenant on devrait avoir de bonnes places.” Elle fait oui de la tête, silencieusement et sagement, elle suit Lou à travers la cohue des cris et de pleurs formés par une foule d’enfant et de monde venus observer le même spectacle qu’elle. Elle ne fait aucun commentaire, sachant pertinemment la réponse qu’il engendrerait. “Tu regrettes vraiment cette période ? » demande finalement Lou après qu’elles se soient posé et dans l’attente du spectacle. « Quand on était toutes les deux et que rien ne semblait vraiment important ? » Lene prend la minute de la réflexion afin de trouver comment elle veut formuler sa phrase. Elle finit par hocher la tête. « Je ne regrette pas la période, simplement mon comportement. » Mais encore ? « J’étais égoïste et je ne pensais qu’à moi et à vrai dire, je ne trouve pas une seule excuse à mon comportement. » Ce n’est pas forcément le moment pour aborder d’autres conséquences de ses actions passées. « Je ne sais pas toi ? Est-ce que tu referais tout pareil ? Il y’a cent façon de rire et marcher sur les autres n’en est pas une. » conclue t-elle avec un air pensif. Ses paroles se veulent de l’ordre du constat et non du jugement, de toute façon, ce qui est fait ne peut être défait.
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyDim 29 Mar 2020 - 0:33

Lene est prise d’une crise d'introspection et moi, je me dis que j’enchaînerais bien sur une seconde glace pour faire passer la pilule de ses remises en question. Ca doit être l’âge, le fameux cap des trente ans. Je n’ai jamais pris le temps de sonder le passé en quête de conclusions comme si j’allais les écrire sur une photo de plage en fond pour inspirer les générations futures. J’ai des constats très simples issus de mes expériences ; je porte la poisse, il ne fait pas bon d’avoir des sentiments pour moi, je ne suis pas faite pour être soumise à l’autorité, la drogue c’est mal et je n’aime pas les cupcakes. Pas besoin de plus que ça. Je trace ma route, j’évite de regarder dans le rétroviseur trop souvent. « Je ne regrette pas la période, simplement mon comportement. J’étais égoïste et je ne pensais qu’à moi et à vrai dire, je ne trouve pas une seule excuse à mon comportement. » précise Lene à propos de nos années de pestes au fond du bus. Le comportement était la meilleure partie. Avoir le droit d’endosser la pire attitude et subir de maigres conséquences. Aujourd’hui, le moindre mot de travers pousse une trentaine de sombres inconnus à vous juger et vous lyncher sur les réseaux sociaux. Un centime qui manque, et le fisc est à vos trousses jusqu’à ce que vous fassiez hypothéquer la maison de votre grand-mère. Grandir, devenir adulte, c’est avoir de moins en moins droit à l’erreur, et se prendre des baffes de plus en plus grosses de plus en plus injustement. « Je ne sais pas toi ? Est-ce que tu referais tout pareil ? Il y’a cent façon de rire et marcher sur les autres n’en est pas une. » Oui, mais c’est la plus drôle. Ca l’est encore aujourd’hui, seulement je ne me le permets plus histoire de ne pas finir au poste pour avoir blessé l'ego de je-ne-sais-qui. J’hausse les épaules, pas vraiment émotionnée. Si je le pouvais, est-ce que je déciderais de ne pas tirer les cheveux de cette fillette, de ne pas mordre ce garçon, de ne pas faire courir telle rumeur, de ne pas humilier tel ado à la cantine et respecter un peu plus mes professeurs ? Je ne crois pas. La seule chose que je changerais, que j’éviterais, c’est de tomber dans le piège nommé Wilhem. "Y'a que deux options. Écraser les gens, où se faire écraser." C’est de plus en plus valable au fur et à mesure que le temps passe. L’école, c’est toute la société au format miniature. Il y a un directeur feignant pour gouvernement sur qui personne ne peut compter, il y a de toutes les ethnicités, toutes les classes sociales, il y a des clans, il y a de la compétition pour être le meilleur, et il y a des coups de pied au cul pour les cancres. C’est manger, ou se faire manger. "Comme dirait Don Diego de la Vega, quiconque dit le contraire veut te vendre quelque chose." Et si Hollywood nous a tous appris quelque chose, c’est que lorsqu’un type avec un masque dit quelque chose, alors c’est forcément un mantra à suivre pour la vie. “Et peut-être que je suis pas celle qui a le mieux tourné après ça, je reprends, assez lucide pour ne pas voiler la face à propos de mon propre destin suite à ces années de persécutions, mais au moins je ne laisse personne me marcher sur les pieds. Alors que cette sale niaise attardée de Georgie Colinson doit sûrement être la poule pondeuse d’un mari abusif aujourd’hui.” Quelque chose entre sept et douze enfants, avec un certain Brad ou Bob qui met les pieds sous la table, bière à la main devant le match, attendant qu’on lui serve sa pitance du soir comme s’il était le roi de la jungle. Si Georgie Colinson avait réagi au lieu de pleurer quand je lui ai volé ses vêtements quand elle était sous la douche du gymnase, quand j’ai enseveli ses plats de la cantine sous le sel, ou quand j’ai mis une araignée dans son sac à dos, peut-être qu’elle aurait un destin moins pitoyable dans mon imagination. Mais les gens trop innocents, trop gentils, finissent toujours par se faire écraser. C’est bien pour ça qu’on a fait des films par dizaines où le gentil gagne, ce qui a donné des générations de loosers. Aujourd’hui, on inonde les salles obscures de films qui rendent les vilains glamour, en espérant corriger le tir.
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyDim 19 Avr 2020 - 12:16

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Lene & Lou


Ces dernières semaines avaient été le théâtre de plusieurs réflexions dans la tête de Lene. Les reproches d’Eva lui revenaient régulièrement en tête quand bien même qu’elle se défendrait toujours de ne pas être celle qui a commencé les hostilités mais qui les a terminés, la pensée qu’elle n’avait malgré tout aucune excuse pour agir comme elle le faisait à l’époque se matérialise de plus en plus dans son esprit. Rien n’excusait le harcèlement et cette réalisation laisse Lene avec un sentiment de culpabilité qu’elle ne pourrait effacer qu’en acceptant le côté reprochable de ses décisions d’antan. "Y'a que deux options. Écraser les gens, où se faire écraser." Et pendant longtemps, elle a été d’accord avec Lou et cette maxime. Lene avait dû apprendre à sortir les crocs très tôt pour se défendre et prenait à cœur de ne pas montrer la moins faiblesse qu’un autre individu pourrait exploiter, seulement, à quoi ça l’avait mené tout ça ? Elle reste seule, désespérément. Les seules personnes l’entourant étant ceux ignorant cette part d’elle et ceux ayant participé. Son attitude lui avait fait creusé une parfaite tour d’ivoire qui semblait la protéger de l’extérieur, la rendre inatteignable. Ce n’est qu’aujourd’hui que la tour se révèle être un piège et qu’au lieu d’être à l’abri, le monde a repris sans elle et elle n’y pas de place. "Comme dirait Don Diego de la Vega, quiconque dit le contraire veut te vendre quelque chose." Elle ne dit rien, l’expression de son visage suffit à montrer ce qu’elle en pense : que Lou essaie de se convaincre de la chose. Lene est sceptique. Elle savait qu’elles ne seraient pas d’accord sur ce point et ça lui fait drôle. Des divergences d’opinion, c’était très peu arrivé entre elles. “Et peut-être que je suis pas celle qui a le mieux tourné après ça, mais au moins je ne laisse personne me marcher sur les pieds. Alors que cette sale niaise attardée de Georgie Colinson doit sûrement être la poule pondeuse d’un mari abusif aujourd’hui.” Est-ce une façon de se réconforter de dire qu’il y’a pire que soi ? Non, c’est juste du nivellement par le bas. « Et tu penses que de l’avoir persécuté l’a aidé à éviter ça ? Ou même que ça a écarté la possibilité que ce soit elle qui écrase les autres ? » pointe Lene, se retenant de pointer que de se justifier en se comparant aux autres n’est pas une bonne raison d’avoir agi et est juste une tentative pour se sentir moins coupable. Elle ne le dit pas, parce qu’elle comprend, parce qu’elle avait eu le même réflexe quelques semaines plus tôt quand Eva lui avait mis tous ses malheurs sur le dos. « Être de l’un ou l’autre côté de la balance n’a rendu personne heureux dans cette affaire. » Persécuteur, persécuté. Regardons deux minutes là où ça a mené tous les autres. Elles sont seules, pas forcément épanouie dans la vie. Et cette Georgie se laisse marcher dessus – enfin, ça reste supposé - « Je veux pas élever mes enfants et leur apprendre ce mantra, je veux autre chose. » finit-elle par ajouter, se mordant la lèvre que cette remise en question puisse être mis sur le dos d’un évènement aussi cliché que la grossesse qu’elle est en train de vivre, et enfin prête à dire la chose et annoncer à Lou que leur dynamique va changer, pas pour le pire, elle espère parce que pour elle, ce bébé, ça change juste leur duo en trio, c’est juste l’occasion de former l’être humain idéal à ce monde qu’elles cherchent tant à battre. « Je vais avoir un bébé Lou et ça remet beaucoup de mes choix de vie en question. » Et ça lui colle la trouille, surtout, mais ça, c’est perceptible sur son visage.
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyMar 28 Avr 2020 - 20:56

Les remises en question étaient légion dans la vie de Lou depuis quelques années, et quand bien même ne fut-elle jamais ravie d’effectuer quelques rétrospectives à propos de certaines erreurs passées, ses conclusions l’avaient souvent aidé à aller de l’avant, à changer pour le mieux. Alors elle avait appris à entendre la critique, l’accepter si elle la jugeait pertinente, et hausser les épaules dans le cas contraire. Elle n’était pas parfaite et ne cherchait pas à l’être, mais elle avait aussi conscience que les événements dont elle se prétendait la victime étaient liés à des choix discutables et un style de vie qu’elle avait décidé d’adopter en se fichait du reste. Non, Lou n’était pas la spécialiste de l’empathie et de la considération. Sa personne passait en priorité et son instinct de survie aiguisé faisait d’elle un être relativement primaire à bien y réfléchir. On appelait la jungle urbaine de cette manière pour une raison. Manger ou être mangé, c’était un mantra dont la jeune femme avait vu l’application plus d’une fois, si bien qu’elle l’avait assimilé immédiatement. Manger ou être mangé, écraser ou être écrasé ; et elle était petite, maigre, naïve, pas particulièrement futée, une proie facile en somme qui avait décidé d’être bourreau pour ne pas se faire manger toute crue. Lene pouvait se montrer aussi sceptique qu’elle le voulait et soudainement croire qu’elle valait mieux aujourd’hui que la gamine qu’elle était hier, mais si elle avait adopté ce comportement, c’était parce que les gamins étaient cruels de nature, méchants, et qu’à cette période charnière de la vie où chaque instant forge un peu plus l’adulte qu’ils deviendraient, il était hors de question de faire partie de ceux qui se faisaient marcher sur les pieds. Georgie Colinson n’était qu’un exemple parmi d’autres de ce que Lene aurait pu devenir si, au contraire, elle avait décidé de faire partie des gentils. « Et tu penses que de l’avoir persécuté l’a aidé à éviter ça ? Ou même que ça a écarté la possibilité que ce soit elle qui écrase les autres ? Être de l’un ou l’autre côté de la balance n’a rendu personne heureux dans cette affaire. » Lou estima que la remarque méritait en haussement d’épaules supplémentaire. Les “et si” l’ennuyaient ; rien ne changerait le passé, il ne servait à rien de porter dessus un jugement aussi critique. “Je ne l’ai pas persécutée. Tout de suite les grands mots. Je la taquinais, j’essayais de la secouer un peu.” Du moins le pensait-elle à l’époque. C’était tout ce qui importait. Oui, cela l’amusait d’embêter le monde et de se comporter comme une peste, mais elle était une gosse qui ne pensait pas à mal au moment des faits. C’était pour cette même raison que Lou se retint de souligner à son amie toute l’ironie autour du fait de se faire sermonner par quelqu’un dont le harcèlement avait conduit au suicide d’une fillette. Jesus, je me croyais au zoo, pas en thérapie à ciel ouvert.” souffla-t-elle tandis que la musique du spectacle d'alligators commençait à résonner dans les gradins, insufflant excitation et impatience à tous les enfants autour d’elles. Un soigneur était apparu dans l’enclos, débutant la mise en place des derniers préparatifs avant son animation. L’australienne avait jeté son dévolu sur la scène en contrebas plutôt que sur Lene et ses élans de culpabilisation. « Je veux pas élever mes enfants et leur apprendre ce mantra, je veux autre chose. » Pas une minute Lou se sentait capable de prendre cette hypothétique maternité de Lene au sérieux. Il s’agissait une femme qui estimait que le code de la route n’était qu’un ensemble de suggestions pour ceux qui ne savaient pas vraiment conduire. Elle vendait ses dessous jusqu’à peu de temps. “Eh bien apprends-leur à être des paillassons dans un univers où les animaux de la forêt répondent au chant des Princesses, on verra comment ils tourneront.” Après tout, c’était l’image qui avait éduqué de nombreuses générations avant la leur, et le monde avait si bien tourné grâce aux boomers qui furent biberonnés à cet idéal. La musique s’intensifiait, le soigneur débutait son introduction, et la conversation était sensiblement plus difficile à tenir dans ces conditions. Mais malgré la voix de Katy Perry craché jusqu’à saturation dans les hauts parleurs et les pleurs de bébés en dolby surround, Lou entendit parfaitement Lene lâcher le pavé dans la marre ; « Je vais avoir un bébé Lou et ça remet beaucoup de mes choix de vie en question. » Son regard se tourna vers elle et se planta sur son visage. Elle devait d’abord déterminer si son amie la chariait avant d’émettre la moindre réaction. Le sérieux dont elle faisait preuve pouvait être trompeur, mais au bout de plusieurs longues secondes, son faciès de changeant pas, la brune conclut qu’elle disait la vérité. Alors ce fut le choc qui gagna à la roulette russe des émotions. “Tu te fous de moi. C’était ça, tout ton cirque ?” Les arrêts pipi toutes les heures, l’envie de s’asseoir à peine arrivées, le hot-dog, les deux paquets de chips, le truc frit, la glace. Même les hormones pouvaient expliquer cette fichue moralisation sur leurs comportements passés. Lou avait pu s’en douter si l’option bébé n’était pas entièrement exclue de son esprit. Elle rangeait cela dans la catégorie des choses qui n’arrivaient qu’aux autres en priant de ne jamais être cet autre un jour. Elle digérait l’information, non sans difficulté. “Pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant ? Je serais allée avec toi à la clinique ! Et maintenant t’es hors délai pour l’avortement, c’est ça ?” Il était évident que le bébé n’était pas souhaité par Lene -comment pouvait-il l’être, ce grimlin braillard qui allait lui bousiller le corps puis la vie jusqu’à la fin de ses jours ? Pauvre Lene, coincée avec un gamin. Non, il existait des solutions. Si l’avortement était exclus, l’adoption était encore une porte de sortie, entre autres options dont une en particulier lui traversa l’esprit ; “Ecoute, je connais cette nana, elle a fait la fête toute la nuit une fois, genre elle s’est vraiment démonté la tête comme il faut. Et le lendemain, elle a passé la matinée aux chiottes parce qu’elle faisait une fausse couche ! Elle savait même pas qu’elle était enceinte ! Tu peux essayer de faire la même chose !” L’enthousiasme palpable de la brune à l’idée de faire finir le foetus dans la cuvette des toilettes ne passait pas inaperçu auprès des mères qui ponctuaient les gradins autour d’elles. Lou en conclut qu’elles ne pouvaient être que jalouses de ne pas avoir eu l’idée avant qu’il ne soit trop tard pour elles.
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyLun 28 Sep 2020 - 22:15

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Lene & Lou


Alors qu’elle se retrouve à presque lancer un débat sur les anciennes actions, Lene se retrouve à se demander comment elles en sont venues à parler de ce sujet. Certes, depuis qu’elle avait découvert qu’elle portait la vie, Lene avait entamé une sorte de remise en question d’elle-même et avait questionné chacun des choix qui l’avait mené là. Ce qu’elle pouvait dire, c’est que son curriculum vitae de la vie n’était pas glorieux et que si l’on instaurait un système où il fallait être méritant pour avoir un enfant, Lene serait écarté de suite du programme. Mais, ce n’est pas le cas et il faut croire – donnant de ce fait malheureusement raison à toutes les grognasses qui racontent qu’il suffit d’un enfant pour changer – que sa grossesse lui donne au moins envie de passer au crible ses erreurs, apprendre d’elles et si possible, transmettre ses conclusions à son enfant en lui évitant de finir aussi fucked up qu’elle. Gros projet en somme. “Je ne l’ai pas persécutée. Tout de suite les grands mots. Je la taquinais, j’essayais de la secouer un peu.” Reprend Lou quand Lene pose les mots sur la table, intentionnel ou pas, si cette fille se sentait persécutée alors c’est ce qu’elle faisait et malgré toutes les bonnes raisons du monde, ça ne change pas le résultat que l’on connait aujourd’hui. Lourd est la réflexion et écrasant est l’acceptation d’être coupable. En revanche, illusoire est son désir que Lou réalise avec elle. Elle le réalise sur le chemin et regrette de s’être lancée là-dedans. “Jesus, je me croyais au zoo, pas en thérapie à ciel ouvert.” Lâche Lou, le blanc qui aurait normalement suivi sa remarque est étouffé par la musique du spectacle et évite à la bouche bée de Lene d’être tout ce que l’on entend. Peut-être aurait-elle du réfléchir plus de trente secondes avant de lancer cette conversation ? Peut-être aurait-elle du ne pas compter sur Lou pour l’aider dans cette réflexion ? Cela fait un moment que les deux jeunes femmes ne suivent plus le chemin. C’était bête de la part de Lene de penser que cela se ferait à deux. Lene abandonne au final, souffle et finit par aller droit au but en exprimant ses regrets, ou du moins, ses souhaits pour la suite. “Eh bien apprends-leur à être des paillassons dans un univers où les animaux de la forêt répondent au chant des Princesses, on verra comment ils tourneront.” « Tout n’est pas blanc ou noir. » lâche t-elle, impatientée en tentant de garder son calme en observant les reptiles et leur spectacle. Puis, elle lâche la bombe. Elle n’avait jamais été bonne à jouer à tourner autour du pot et il n’y a de toute façon pas de meilleure façon pour l’annoncer à Lou. “Tu te fous de moi. C’était ça, tout ton cirque ?” Son cirque ? Ses remords, ils ont leur place en elle depuis bien longtemps. Depuis qu’elle avait échappé à la mort sous cette grande roue. “Pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant ? Je serais allée avec toi à la clinique ! Et maintenant t’es hors délai pour l’avortement, c’est ça ?” Passons sur le fait qu’elles soient en train d’attirer toute l’attention, notamment celles de mère qui bondissent dès que l’ivg est suggéré autour d’elle. Lene se fout bien de ce que d’autres pensent. Son regard désabusé s’intensifie toutefois. “Ecoute, je connais cette nana, elle a fait la fête toute la nuit une fois, genre elle s’est vraiment démonté la tête comme il faut. Et le lendemain, elle a passé la matinée aux chiottes parce qu’elle faisait une fausse couche ! Elle savait même pas qu’elle était enceinte ! Tu peux essayer de faire la même chose !” Elle se demande l’espace d’un instant si elle est sérieuse et si ce n’est pas une tentative d’humour pour compenser un genre de flip total. Elle sait que c’est la réaction qu’elle aurait, le besoin de s’assurer que c’est bien du sérieux se faisant sérieusement ressentir. « Totalement, et après ça, on pourra manger une omelette pour se remettre de nos émotions ? » ironise t-elle avant d’appuyer du regard. « Je suis sérieuse Lou, je vais le garder. » Elle prend un air calme, parce que céder à la panique serait un peu trop facile et qu’elle sait que sa meilleure amie va le faire. « Ce n’était pas prévu, que ce soit clair mais j’ai réflechi à la chose et j’en ai envie en fait, y’a pas plus d’explication et peut-être que rien ne sera plus comme avant mais je ne pense pas que ma vie sera pire. » Elle hausse les épaules en observant ses pieds. Quelques oreilles curieuses semblent épier un peu la conversation, le reste de l’attention est prise par le spectacle dont Lene ne se soucie pas le moins du monde.
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptySam 17 Oct 2020 - 14:37

Les regards horrifiés, Lou ne leur accordait pas la moindre attention. Que ses paroles soient considérées blasphématoires par les sacro-saintes mamans autour d’elle était le cadet de ses soucis ; elle devait sauver Lene de ce bébé, de cette grossesse prise pour acquise, la fatalité d’une vie ruinée. Elle lui proposerait de lui racler l’utérus au cintre elle-même si cela était la dernière option viable afin d’empêcher de désastre. Lene mère était tout aussi impensable que d’être appelée Tatie Lou. Cela l’horrifiait, lui dressait les poils sur tout le corps. Il devait y avoir une solution. S’il était trop tard pour l’avortement -option qui n’était sans surprise pas passée par l’esprit de la jeune femme après trente années de vies dans un Etat l’interdisant strictement et toute une éducation allant de paire avec la législation en vigueur- l’australienne ne manquait pas de ressources diverses, ni d’imagination, pour sortir son amie de la panade. « Totalement, et après ça, on pourra manger une omelette pour se remettre de nos émotions ? » elle rétorquait avec un sarcasme que Lou ne saisit qu’au premier degré dans l’instant. “C’est dégueu les omelettes, qu’est-ce que tu racontes ?” Etaient-ce encore les hormones qui suggéraient le pire plat de la Terre plutôt que la bonne vieille pizza ou allait-elle très sérieusement lui réclamer des pickles au nutella dans les dix prochaines minutes ?

« Je suis sérieuse Lou, je vais le garder. » Et tout ce sérieux déclaré par Lene se lisait sur son visage, ancré dans ses traits, dans sa posture, dans sa voix. Cette fois elle ne laissait place à aucun doute, et le choc supplémentaire laissa Lou tétanisée par cette réalité qui se dessinait, se précisait ; son amie de toujours, son repère, sa soeur, voulait avoir un bébé. Elle était là, la pierre angulaire de sa vie qui allait tout changer, tout bouleverser, non seulement pour la brune mais pour elles deux. C’était un de ces moments qui connaissaient un avant et un après, l’instant après lequel plus rien ne serait jamais pareil. Si bien des choses avaient changé entre elles depuis des années, si Lou s’était sentie à la traîne et peu à peu lâchée, elle fut soudainement assaillie par un sentiment de trahison et de solitude. Elle voyait Lene à des années lumière désormais, assise là, tout près, mais si loin de celle qu’elle pensait connaître. « Ce n’était pas prévu, que ce soit clair mais j’ai réfléchi à la chose et j’en ai envie en fait, y’a pas plus d’explication et peut-être que rien ne sera plus comme avant mais je ne pense pas que ma vie sera pire. » Elle en oubliait de respirer, Lou. Elle en oubliait le spectacle et toutes les options pour nier la situation plus longtemps. Pourtant elle aurait bien besoin de quelques minutes de plus, quelques heures, quelques jours afin de tout digérer et comprendre à quel moment Lene avait changé à ce point. Elle aurait aimé que le temps s’arrête, juste assez pour hurler un coup et lâcher quelques larmes. Car elle paniquait intérieurement, bien plus que la future maman elle-même. Elle craignait tout ce que ceci signifiait, et les certitudes qu’elle pensait avoir au sujet de son amitié avec Lene. “Tu déconnes ? Tu nages en plein délire. Il suffit de regarder autour de toi pour voir que ta vie va devenir un enfer.” clamait la jeune femme en pointant les gradins ici et là. Les marmots qui pleuraient, qui hurlaient, qui exigeaient de l’attention à tout instant, ceux dont le nez coulait, la bouche bavait, et leurs sourires édentés qui n’étaient pas plus mignons que ceux des retraités incapables d’avaler leur compote. C’était répugnant et oppressant à la fois. “T’es canon, t’as un job cool, t’es pleine aux as, et tu vas ruiner tout ça pour un gamin ?” Avait-elle encore un maigre espoir de faire entendre raison à Lene ? Plus vraiment. Elle exprimait une frustration et une incompréhension qu’elle savait vaines, car il était évident que l’australienne avait pris sa décision, et qu’elle se fichait bien de l’avis de sa prétendue meilleure amie sur le sujet. Elle était mise devant le fait accompli et il n’était rien qu’elle détestait plus que cela. “Et je suppose que le père est un parfait looser qui ne veut pas en entendre parler ?” Scénario banal, prévisible, digne des petit copains de Lene qui n’était pas réputée pour ses goûts en matière d’hommes -pas aux yeux de Lou en tout cas. Elle l’imaginait déjà mère célibataire, future dépressive et alcoolique après avoir réalisé trop tard que sa chère amie avait raison et que son marmot lui avait ruiné la vie.
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyMer 9 Déc 2020 - 21:03

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Lene & Lou


Elle échoue à détendre l’atmosphère en usant de sarcasme. Cela montre à quel point Lou est sérieuse dans ses propos et que l’horreur qu’elle ressent à l’idée de voir Lene affublée d’un gnome pendouillant à ses jupes jusqu’à la fin de ses jours est réelle et non pas surjouée. Lou ne rigole pas. Si Lene s’était attendue à ce qu’elle soit surprise, larguée et pas fan de la situation, elle avait espérée dans le fond à recevoir du soutien et à ce que Lou voit dans cette grossesse l’opportunité d’être dans la vie de ce que Lene a l’intention de voir devenir l’être humain le plus cool de la terre. Au lieu de ça, c’est un autre tableau que la liliputienne peint. “Tu déconnes ? Tu nages en plein délire. Il suffit de regarder autour de toi pour voir que ta vie va devenir un enfer.” Certes, elles ne sont pas dans le meilleur endroit pour se donner une bonne image de la maternité mais ça ne suffit pas à faire peur à Lene. Elle prend à bras le corps le chemin vers le discours du “mon enfant est la huitième merveille du monde” mais elle reste encore assez consciente pour savoir qu’elle ne sera pas une de ces mères qui préfèrent emmener leurs enfants dans des parcs pour ne pas les calculer tout en se donnant la bonne conscience de s’occuper d’eux. Il n’y a pas qu’un seul avenir et ça, elle se sent prête à le démontrer. “T’es canon, t’as un job cool, t’es pleine aux as, et tu vas ruiner tout ça pour un gamin ?” ajoute Lou, un discours que la brune aurait pu tenir il y’a quelques mois et pour lequel elle ne s’offense pas même si elle se prend à être déçue de ne pas obtenir un soutien qu’elle aurait attendu d’une amie. “Pour mon gamin.” Le sien. Et c’est là toute la différence. C’est pas le môme de la marchande de poisson qu’elle va avoir mais le sien et oui, il mérite qu’elle donne tout. Même si c’est pour courir de se le voir renvoyé à la gueule. Le calme de Lene reste tandis que Lou continue de paniquer. Elle s’était préparée à ça. Peut-être que c’est juste un peu plus long que prévu pour qu’elle se calme. Elle se répète que ça va venir, qu’après les grands discours, sa meilleure amie aura assez confiance en elle pour comprendre qu’elle ne deviendra pas tout ce qu’elles ont dénoncé pendant des années. Qu’elles ne deviendront pas leurs parents. “Et je suppose que le père est un parfait looser qui ne veut pas en entendre parler ?” On grimpe dans les clichés et cela dit, Lene s’attendait à ce que cette question tombe. Elle avait dit à Anwar que c’est elle qui avouerait la vérité à Lou. Le moment semble venu. Dans le fond, elle se dit que la filiation de son bébé, le fait que ce soit elle et Anwar, ça n’a pas tant d’importance. Ce n’est pas comme s’il était un de ses exs. “Non, parce que tu le connais.” lâche Lene, ce qui a pour effet de provoquer un silence. La suite, elle ne l’avait malheureusement pas répété. “Je ne suis pas en couple avec lui ou quoi que ce soit puisque c’est ce que tu risques de me demander. Ça s’est juste fait comme ça et au final, c’est pas plus mal parce que ça reste quelqu’un qui a la tête sur les épaules.” C’est vrai que dans la liste des personnes que les deux jeunes femmes connaissent, Lene avait réussi à se reproduire avec un specimen plutôt responsable et qui présageait que l’enfant ne tourne pas trop mal. L’autre moitié ne provient pas d’un fruit raté, au moins. “C’est Anwar le père. ”
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyLun 21 Déc 2020 - 15:20

Toute l’estime, voire l’admiration que Lou avaient un jour éprouvées envers Lene s’écroulaient avec force contre les gradins. Les crocodiles émergeaient des eaux de l’arène toutes dents dehors afin de déchiqueter les cadavres de rongeurs qui constituaient leurs dîner, mais les “ah” et les “oh” des spectateurs couvraient à peine l’indignation de la jeune femme. Depuis des années que leurs chemins avaient pris des tournures différentes, Lene avait été, en comparaison à Lou, celle qui s’en sortait, celle qui réussissait. Des débuts difficiles et des faux départs ne l’avaient pas empêché, au final, de cocher toutes les cases indispensables de la société ; toit sur la tête, nourriture sur la table, travail, indépendance financière. Pendant que son amie dormait dehors, écartait les cuisses, se piquait les veines et faisait de brèves haltes en désintoxication, accumulant les mauvaises fréquentations et les expériences néfastes, elle devenait une adulte, une vraie. Mais jamais Lou n’aurait songé que cela impliquait, à terme, qu’elle veuille également rejoindre les rangs des mamans. Et si cela n’était pas une pilule assez difficile à avaler, Lene s’apprêtait à en rajouter une couche à propos de l’identité du père de son gamin. “Je ne suis pas en couple avec lui ou quoi que ce soit puisque c’est ce que tu risques de me demander. Ça s’est juste fait comme ça et au final, c’est pas plus mal parce que ça reste quelqu’un qui a la tête sur les épaules.” Bizarrement, la spontanéité qu’elle décrivait faisait tâche avec l’image réfléchie qu’elle tentait de donner à cet homme mystère, l’un ne pouvant cohabiter avec l’autre dans l’esprit contrarié de Lou. Et dans leur entourage commun, elle dénombrait bien plus d’abrutis sans cervelle que de parfaits profils de géniteur. “C’est Anwar le père.”

“Quoi ?” Son ton soudainement grave dénotait avec les aigus toujours plus hauts qu’elle atteignait depuis que la conversation avait pris ce tournant. Son regard noisette s’assombrit tandis que son esprit faisait le tour de l’information. Lene avait couché avec Anwar. Lene allait avoir un bébé avec Anwar. Ses muscles se crispaient, ses ongles s’enfoncèrent dans ses paumes. “Le Anwar marié qui a déjà un gamin ? Mon Anwar avec qui je suis en concert tous les jeudis ?” Son Anwar qui assurait sa protection et lui garantissait de ne pas mourir de la main de Mitchell tous les quatre matins. Il avait touché son amie. Sa Lene, à elle. Lui avait-il tourné autour, ou était-ce elle ? Qui avait cherché, qui avait cédé ? Etait-ce un manège qui durait juste sous son nez depuis longtemps ? Lui auraient-ils dit si leurs galipettes n’avaient rien engendré d’autre que des capotes usagées ? “Et tu attends d’être en cloque pour me dire qu’il y a eu quelque chose entre vous ? Tu me fous au pied du mur comme ça ?! Est-ce que t’as fait un gamin dans le dos d’un de mes amis, Lene, c'est ça le bail ?!” Avait-elle prévu son coup dès le départ ? Est-ce que Anwar savait ? Etait-il d’accord avec cette mascarade ou avait-il été piégé ? “Putain, je savais que t’étais une sacré salope, mais ça… Ça dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer de ta part.” bredouillait Lou en sentant la rage border ses paupières de larmes brûlantes. Le sentiment de rejet, la sensation d’avoir été mise à part et désormais laissée pour compte, formaient une boule dans l’estomac de l’australienne. Les priorités de Lene allaient désormais se situer à des années lumières des éternelles mésaventures de Lou. Et Anwar allait avoir l’esprit ailleurs, il ne se soucierait plus d’elle, de sa sécurité, dès lors qu’un petit être bien plus fragile et important allait faire son apparition. Ce bébé allait éclipser les deux personnes sur qui elle comptait. “Va bien te faire foutre.” lâcha-t-elle en se levant soudainement sous le regard médusé des mères qui placèrent immédiatement leurs mains sur les oreilles innocentes des enfants. Qu’ils aillent tous se faire foutre.
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Message(#)kiss & tell (Lou#3) EmptyJeu 7 Jan 2021 - 13:05

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Lene & Lou


C’est con parce qu’il n’y a pas de mot pour justifier sa décision autre que l’adage classique du “tu comprendras le jour où ça t’arrivera”. Elle aurait vraiment voulu que ce soit pas aussi niaiseux et que les conneries qui leur avaient été balancé aux repas de famille ne se soient pas révélé vraies mais les choses se passent comme la vieille tante Irma l’avait prédit : elle voit maintenant que cela lui arrive. Pour autant, Lene ne pense pas tant changer et c’est ce qu’elle aurait voulu expliquer à Lou. Elle aurait voulu lui décrire le futur qu’elle s’imaginait entre eux trois. Pourtant, elle aurait pu prévoir que la suite de la conversation allait tourner sur le père. C’est toujours le sujet de curiosité et malheureusement, le sujet maintenant tombé retire à Lene toute chance d’expliquer sans que ça ne soit la crise. Elle ne se débine pas pour autant et répond à la question. “Quoi ?” Elle garde le regard sérieux afin d’éviter à Lou de lui demander si c’était une blague. Elle pourrait se vexer de constater que sa meilleure amie n’est pas capable de l’imaginer avec une personne saine mais cette réalisation lui passe au dessus de la tête. Ce n’est pas le plus important à souligner maintenant. “Le Anwar marié qui a déjà un gamin ? Mon Anwar avec qui je suis en concert tous les jeudis ?” Le Anwar séparé depuis des années mais pas divorcé au gamin qui a déjà passé l’âge adulte. Mais avec qui elle est effectivement en concert tous les jeudis. “Et tu attends d’être en cloque pour me dire qu’il y a eu quelque chose entre vous ? Tu me fous au pied du mur comme ça ?! Est-ce que t’as fait un gamin dans le dos d’un de mes amis, Lene, c'est ça le bail ?!” Et voilà, la partie dramatisation qu’elle aurait voulu épargner. Elle lève les yeux au ciel, prête à répondre sauf que les propos de Lou vont bien plus loin que ce qu’elle avait imaginé. Soudainement de se voir accusée d’avoir agi derrière le dos d’Anwar et d’avoir prémédité tout ça l’irrite et ne manque pas de démarrer le quart de tour auquel habituellement elle part sans attendre la suite de la conversation. Elle n’avait pas besoin des autres pour élever son enfant et de ce fait, n’avait pas besoin de piéger qui que ce soit. “Et tu attends d’être en cloque pour me dire qu’il y a eu quelque chose entre vous ? Tu me fous au pied du mur comme ça ?! Est-ce que t’as fait un gamin dans le dos d’un de mes amis, Lene, c'est ça le bail ?!” Elle ne pensait pas avoir à raconter chaque détail de sa vie privée. Jamais Lene n’avait demandé l’identité des personnes qui avait partagé le lit de Lou et elle s’attendait à la réciproque, que ces personnes soit connus de l’une et l’autre. Là, l’accusation lui semble de trop et le fait que Lou soit prête à tout rapporter à elle ne tarde pas à lui donner envie de réagir avant d’être coupée dans son élan par la phrase de trop. “Putain, je savais que t’étais une sacré salope, mais ça… Ça dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer de ta part.” Le “Pardon!” lui échappe alors qu’elle a très bien entendu Lou, il y’a peut-être juste une part d’elle qui espère se tromper car l’intention de Lene change du tout au tout. Elle ne s’attendait pas à être insultée de la sorte, ni à ce que son amie réagissent aussi violemment. Dans les faits, Lene ne lui demandait que du soutien sans que ça ne soit une obligation. Elle ne lui demandait certainement pas d’être jugée. “Va bien te faire foutre.” ponctue la liliputienne sans reprendre ses pensées, laissant à Lene la déception de constater que sa meilleure amie préfère s’offusquer plutôt que de se réjouir et qu’elle s'empare d’une situation ne lui appartenant pas pour agir une fois de plus comme si les autres étaient contre elle. Une seconde d’hésitation apparait pendant laquelle Lene réalise qu’elles sont loins de Brisbane et qu’à défaut d’en parler, elles devraient rentrer à deux mais l’insulte résonnant encore dans sa tête l’amène à s’en foutre et à revoir son projet. Au final, elle sera seule et ce n’est pas grave.
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