RAELYN&SHAY ► An unexpected encounter

(spring hill → brisbane river)

An unexpected encounter
Raelyn Blackwell & @"Shay Khaan"

Mes pieds écrasent le sol d’une foulée rapide, alors que le jour commence à se lever. Pourtant couchée tôt, ce qui reste assez exceptionnel, je n’ai que peu fermée l’œil, comme toujours agitée par mes souvenirs et mes craintes inavouées, ayant toujours eu du mal à fermer l’œil lorsque je suis seule et sobre, et ce depuis des années. Je fais l’autruche, je refuse de voir quelle est la raison à ça, ce qui m’empêche de fermer les yeux lorsque je ne suis pas assommée par l’alcool ou les stupéfiants, ou en bonne compagnie, parce que je n’ai jamais été très douée pour gérer mes sentiments, pour apprendre à les exprimer et à les reconnaître. Chacun ses forces, et ce n’est pas la mienne. Alors après une nuit épuisante, j’ai chaussé les baskets et enfilé une brassière noire ainsi qu’un legging de sport rose, relevé mes cheveux et j’ai quitté mon appartement.

J’ai toujours aimé courir, parce qu’il s’agit d’un des rares moments où je ne pense à rien, où j’arrive simplement à vider mon esprit et faire abstraction des choses qui le hantent habituellement et me tiennent éveillée la nuit. Je ne suis d’habitude pas si matinale, mon mode de vie ne s’y prête pas forcément et il s’agit plus souvent de l’heure à laquelle je me couche que celle à laquelle je me lève pour un footing, mais je laisse mes yeux se poser sur l’horizon qui commence à se parer de jolies couleurs chatoyantes. Je ne suis pas poète, mais capable d’apprécier ce genre de spectacle, et c’est finalement la sonnerie de ma montre connectée qui me fais revenir à moi. Sans m’arrêter de courir, sans ralentir le rythme je relève mon poignet à mon niveau pour afficher le message que je viens de recevoir, déchiffrant difficilement, quand mon souffle se coupe et je suis basculée en arrière. J’atterrit sur mes fesses, sur une étendue d’herbe qui a le mérite de ne pas être aussi dure que le chemin en terre, un peu sonnée par cette rencontre inattendue. Endolories mais pas blessée je relève finalement les yeux vers l’origine de l’impact, une brune à peine plus grande que moi, elle aussi en tenue de sport. Je sais que je ne regardais pas où j’allais, je sais que j’étais prise par la lecture de mon message, mais avec tout l’aplomb que je possède je pousse un juron, avant de frotter mes mains l’une contre l’autre pour en décrocher l’herbe qui s’y est collé, avant de les passer derrière mon cou pour masser mes cervicales. « Putain tu regardes jamais où tu mets les pieds ? » Mauvaise foi ? Si peu… Mais mauvaise humeur et mauvaise nuit, ajouté à mon sale caractère, cela rend ma réaction finalement plutôt prévisible.

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An unexpected encounter

Beep beep

Ça y est, ma fille est devant un écran et je peux donc me permettre d’aller courir. Sauf que j’ai à peine mis le pied dehors que je reçois un sms de Sohan -lu par mon casque- qu’il ne pourra pas venir ce matin. Quelle horreur ! Je vais devoir courir seule avec tous les étrangers autour. Ok, on fait demi-tour et on prend la bombe au poivre. Je ne suis jamais trop prudente. Surtout depuis mon agression. Je fais super gaffe. J’allais à la salle où je retrouvai mon copain John et je tentai d’oublier ce mauvais moment. Je me stoppe donc pour mettre de la musique dans mes oreilles et repartir de plus belle. J’adapte ma foulée à ma respiration avant de tourner vers Brisbane River. Je prends une bonne bouffée d’air frais et les odeurs de café viennent de chatouiller mes narines. Lukà allait réussir à me rendre accro à la caféine. Je commence à courir plus vite pour y échapper. Je risquai de craquer, d’en acheter un deux ou trois et de tous me les enfiler. Heureusement que je ne retournai plus au bureau car j’aurai pu foutre sur la tronche de mon enfoiré de patron. J’attendais que mon livre soit sorti pour lui foutre un doigt d’honneur -dans sa tronche- digne d’un maléfuck et de me casser sans demander mon reste. Qui plus est, l’héritage n’allait pas tarder à être débloqué puisque j’ai fait ma part du boulot et j’allais pouvoir m’acheter une belle maison. Pour être honnête, j’ai commencé à regarder les petites annonces quelques jours auparavant et à part des taudis, je ne trouvais pas grand-chose. Je verrai avec Lulu s’il avait des bons plans. Perdue dans mes pensées, je continuai de courir avant de… BOUM. Rentrer dans quelqu’un pour finir projeter sur les fesses et manquer de me cogner la tête … dans une poubelle ? Ah bah serai-je bonne à jouer aux ordures à cause de ma vieillesse ? Je me relève avant la dame pour me masser le popotin et me tourner vers la jeune dame. J’espère que je ne lui vais pas fait mal. J’ôte mon casque avant de venir courir vers lui pour lui tendre la main mais la demoiselle m’ignore. Urgh. Bonne ambiance. « Je… » J’ai peur de toi, madame. On dirait que tu vas me couper en petits dés comme Hannibal Lecter et me faire revenir à la poêle comme des dés de patates. « Je suis dé… désolée, je n’ai pas vu où j’allais. » Ne pas chialer, ne pas chialer. J’aime pas les gens qui agressent les autres sans raisons. Gens mauvais. Socialisation ? Qu’est-ce que c’est ? Ça se mange ? « B… B… Bon, je vous embête pas plus longtemps. » Et je me la joue comme bip bip et je me barre en courant de suite ou j’attends qu’elle me fusille avec les rayons lasers à la place des yeux ? je sens que je me ratatine sur place avant de la regarder avec des gros yeux d’enfant effrayé. Chose facile quand on fait un mètre cinquante. Ici, Shay au pays des géants désagréables.

️ nightgaunt

(#)Lun 9 Sep 2019 - 13:54

An unexpected encounter
Raelyn Blackwell & @Shay Khaan

Un café, j’aurais dû prendre un café. J’ai voulu tenter de bouleverser les lois de l’univers, celles-là même qui disent qu’une journée ne peut pas bien commencer sans un café, j’ai voulu faire la maligne et me voilà, le cul par terre, sous le choc d’avoir été percutée par une demoiselle qui, même si elle n’a l’air qu’à peine plus grande que moi a réussi à m’envoyer sur les roses. Littéralement pour le coup. Elle a l’air moins sonnée – en tout cas elle se relève plus rapidement alors que je reprends mes esprits et mon souffle un instant de plus. Elle me tend une main, une main que je devrais saisir, parce que la politesse m’y oblige, parce que j’ai réellement besoin d’une main tendue pour me relever – je suis presque sûre de m’en foulé la cheville – mais une main que je ne sais pas accepter. Parce que ce n’est pas mon genre, parce que je fais partie de celles qui considèrent qu’avoir besoin d’aide et un signe de faiblesse ultime, qu’il n’y a rien de plus dégradant, alors c’est un regard défiant que je relève d’abord vers elle. Vers cette petite chose qui semble dans un premier temps perdre tous ses moyens, face à mon attitude revêche. « Je… » Je lève les yeux au ciel, attendant un instant pour entendre la suite. Y’a pas idée de perdre ses moyens comme ça, face à une parfaite inconnue. J’aurais été une impressionnante montagne de muscle de deux mètres je veux bien, mais je suis une petite blonde d’un mètre cinquante six pour quarante-huit kilos. On a vu plus effrayante. « Je suis dé… désolée, je n’ai pas vu où j’allais. » Oui, vraisemblablement, même si c’était mon cas aussi, et je me garde bien de le dire, elle n’a pas besoin de le préciser. Ni de bégayer, ni de s’aplatir en excuses, puisque c’est le genre de chose qui m’agace tout particulièrement. Bon, je respire un grand coup. Je suis en un morceau, la douleur que je ressens à la cheville m’indique que j’ai dans le pire des cas une foulure, alors j’essaye de me calmer quelques secondes, devant l’air désemparée de la brune. « B… B… Bon, je vous embête pas plus longtemps. » Bon là pour le coup on dirait vraiment qu’elle pense que je m’apprête à lui sauter à la gorge. Je pourrais, je suis à peu près sure qu’elle resterait tétanisée mais pour l’instant je n’ai fait qu’être vaguement désagréable, ce qui compte tenu des circonstances est déjà un exploit. Le manque de sommeil se fait ressentir, mais je me contente pour l’instant de lever, encore une fois, les yeux au ciel en poussant un soupir. « Je vais pas te bouffer non plus hein, sois pas ridicule. » J’évalue ma situation, avant de tendre la main vers elle, alors que j’ai ignoré la sienne, de main tendue, quelques secondes auparavant. Je suis comme ça. Tout à l’heure j’avais le sentiment qu’elle volait à mon secours, et cela ne m’a pas plu, à présent avec ma main tendue j’ai le sentiment de l’intimer à m’aider à me relever. D’ordonner presque. Et cette idée, je suis bien plus à l’aise avec. « Allez c’est bon aide moi à me relever. » Je tempère mes ardeurs, parce qu’il serait de mauvais ton que l’on retrouve une joggeuse assassinée de plus au petit matin.

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An unexpected encounter

Beep beep

Je n’aimais pas trop les gens revêches. J’en avais peur. Car ça me rappelait sans cesse mon agression. Ma première pensée fut de lui dire d’aller se faire cuire un œuf. Mais comme je ne voulais pas commencer ma journée en ayant un échange toxique, je pris sur moi. sans doute ma condition de mère avait-elle pris le pas sur ma nature de femme forte ? Je faisais pourtant des arts martiaux et j’envoyai bouler tous les mecs qui me parlaient. Enfin tous sauf Lukà mais il semblait différent. Mais je ne le connaissais pas donc je pouvais me tromper. Je me relevai sans mal pour inspecter les dégâts. Une main légèrement éraflée, j’allais avoir un bleu sur les fesses mais en somme j’allais mieux que la femme que j’avais percuté. Je pris soin de la regarder en bégayant comme une gourdasse. Elle avait un certain charme atypique. Pas un physique qu’on pouvait voir partout. Un nez qui pourrait faire rougir Cléopâtre et de grands yeux en colère. Des yeux qui me fusillaient du regard. Comment lui en vouloir ? Je lui avais fait mal sans le savoir. Je vins vers elle pour lui tendre une main tremblante alors qu’elle m’ignora superbement. Je n’appréciai pas trop les femmes dans ce genre. On dirait des chiens enragés qui mordent la main qui les nourrit. Je me pinçai les lèvres alors qu’elle me demanda de me calmer. Mais bien sûr. J’ai l’impression d’être le grain de maïs oublié dans la boite. Je déglutis avant de lui faire un petit sourire en hochant la tête. Que répondre à ça ? Je passe une main dans mes cheveux avant de froncer les sourcils tandis que la demoiselle vient à me tendre la main pour demander mon aide. Je pensais qu’elle était indépendante. Deux choix s’offraient à moi. Soit je la laissais au sol comme punition pour son comportement désagréable, soit je l’aidais. Signe que je passais l’éponge sur sa réaction disproportionnée. J’optai pour la seconde option avant de venir saisir sa main -plus petite que la mienne- et mobiliser mes muscles pour la relever. L’avantage de faire énormément de sport. « Vous avez mal où ? Demandai-je d’une toute petite voix en la regardant. » Elle était tellement svelte que j’en étais jalouse. J’ai tellement eu du mal pour perdre du poids. « Je m’appelle Shay. Au cas où… ça vous intéresse. » Même si j’étais certaine que non.

️ nightgaunt

(#)Jeu 12 Sep 2019 - 10:09

An unexpected encounter
Raelyn Blackwell & @Shay Khaan

Bien décidée à faire comme je l’entends, et parce que je n’ai toujours rien eu à faire d’être bourrée de contradictions, je refuse sa main tendue pour cracher mon venin, avant de décider qu’il est temps de me calmer, et telle une branche d’olivier je lui tend ma main à mon tour. Non, en fait on repassera pour la branche d’olivier, j’ai simplement besoin d’un coup de main pour me relever. Je déteste ça, que l’on m’aide sous le coup de la pitié, alors j’impose, je lui tends ma main comme si elle n’avait pas le choix, comme si elle ne m’avait pas proposé la sienne quelques secondes avant, comme si c’était moi qui venait de décider qu’elle n’avait pas le choix. Et elle la saisit sans que cela ne me surprenne, elle n’a pas l’air du genre de jeune femme à se rebiffer, pas maintenant en tout cas. Elle a l’air douce, le genre de douceur qui me donne envie de lever les yeux au ciel moi qui en suis totalement dépourvue, voilà ma pensée alors qu’elle me remet sur mes pieds. Bon, ma cheville est foulée, j’en suis pratiquement sure maintenant que le poids de mon corps repose dessus, mais cela semble être le seul dégât de cette chute inopinée. Je noue mes mains pour faire tourner mes poignets avant de les passent dans mon cou, penchant la tête d’un côté puis de l’autre pour défroisser mes muscles, tendus sous le coup de la chute. J’ai envie de me trainer jusqu’au banc le plus proche pour me laisser tomber dessus, mais il est hors de question que je clopine devant elle comme un petit animal blessée, alors pour l’instant je laisse mon poids sur ma jambes, ignorant la douleur avec un sourire sarcastique sur le visage. « Vous avez mal où ? » Si douce, décidément. « Nulle part. » Bon, je ne suis pas certaine d’être convaincante en fait. « La cheville. Mais c’est rien, ça va passer. » Je suis un peu comme un mec dans ces moments là, dans le sens ou ma fierté m’empêche d’être complètement honnête, foutue fierté. « Je m’appelle Shay. Au cas où… ça vous intéresse. » Non, en fait ça ne m’intéresse pas plus que ça, parce que j’ai pas l’intention de faire amie amie avec le boulet de canon qui m’est rentré dedans – encore une fois faisons comme si je n’étais pas en train de regarder ma montre connectée moi aussi, mais qu’au contraire j’étais parfaitement concentrée sur ma trajectoire – mais je lève les yeux au ciel, devant ce manque flagrant d’aplomb. Je lui ai dit que je n’allais pas la bouffer, visiblement elle a du mal à l’intégrer. « Raelyn. » Je pousse un long soupir, avant de replonger mon regard dans le sien. Elle me vouvoie, mais je suis pas du genre à retourner la politesse, parce que les gens que je ne tutoie pas sont bien rares. « J’espère que t’avais une bonne raison au moins pour courir sans regarder où tu fous tes pieds. » J’ai précisé que je ne suis pas d’excellente humeur ?

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Beep beep

Je ne supportais pas les gens désagréables. Certes, je l’avais bousculé mais on avait l’impression que je l’avais giflé voire même insulté. Alors que je lui tends la main pour l’aider à se relever et après un refus, elle accepte. Une fois debout, je me rends compte qu’elle n’ait pas aussi intimidante qu’elle en a l’air. Au contraire, elle semble avoir ma taille, de beaux cheveux décolorés mais des yeux remplis de colère. Naturellement car je suis un être humain et donc dotée de compassion, je lui demande où elle a mal. Nulle part. Réponse crachée telle du venin sur moi alors que je n’ai rien fait. Je serai tentée de lui dire d’aller se faire foutre. C’est ce que j’aurai fait avant mais mes cours de yoga m’ont aidée à prendre sur moi. Je ferme donc les yeux pour mon inspiration et expirer longuement. Je constate qu’elle fait des étirements afin de vérifier si elle a mal quelque part. Décidément, plus cette femme ouvre la bouche, plus elle en devient insultante. Je fronce les sourcils sans répondre. A quoi bon alimenter un conflit ? Elle avait l’attitude d’une femme qui semblait vouloir chercher le conflit avec tout le monde. Je croise donc les bras sur ma poitrine sans lui venir en aide alors qu’elle claudique jusqu’au banc. Elle pourrait toujours se brosser. Je prends le temps de lui dire mon prénom et je peux voir d’ores et déjà que je l’agace. Raelyn donc, me crache son prénom au visage avec un air dégouté et j’ai un petit sourire avec limite un rire. Je me retiens, c’est difficile. Déjà que le tutoiement me gênait pas mal mais ses paroles inquisitrices me donnent l’air d’être le plus gros monstre de l’univers. « Et toi que faisais-tu ? Parce que tu crois être toute blanche et que je suis la seule responsable. » Je passe une main dans ma nuque avant de venir murmurer des paroles incompréhensibles en ourdou avant de ramasser mon téléphone qui était tombé au sol durant la chute. « Je me suis excusée pour ça. Toi non. J’allais même te proposer un café mais tu sais, va cracher ton venin ailleurs. » Je la détaille de haut en bas avant de faire une mine dégoûtée. « Et démerde-toi avec ta cheville. Si t’as des soucis de colère, tu fais comme tout le monde et tu vas à la salle de boxe. Inutile de faire une putain d’affaire d’état pour quelque chose qui n’est qu’un accident. » Puis, je l’abandonne là. Ma compassion a des limites. Il n’était même pas huit heures et j’avais des choses à faire. Je me dirige vers le petit food truck qui vend des cafés pour me prendre un thé et aller m’asseoir à une table avant de sortir une feuille de ma poche et un crayon. La règle numéro une d’un écrivain : toujours avoir une feuille sur soi au cas où l’inspiration viendrait à nous prendre.

️ nightgaunt

(#)Jeu 12 Sep 2019 - 14:37

An unexpected encounter
Raelyn Blackwell & @Shay Khaan

Bambi semble voir rouge d’un coup, et enfin j’ai le sentiment d’avoir à faire à quelqu’un qui a un peu de caractère. Il ne faut pas trop m’en demander, le soleil se lève à peine, j’ai mal dormi, ou peu dormi en tout cas, Alec et moi avons eu une altercation suite au passage de Lou au Club, et je viens de me retrouver le cul par terre après moins d’une demie heure de footing. Alors effectivement, je ne suis pas agréable, je ne lui renvoie pas un grand sourire digne d’un film hollywoodien en lui expliquant que ce n’est pas grave, que mon plus grand rêve ce matin était de me retrouver le cul sur le gazon avec une cheville foulée et des muscles douloureux. La mauvaise foi étant ma spécialité, mon esprit a déjà complètement occulté que j’étais en partie, à moitié en fait, responsable de ma chute pour trouver un exutoire à ma frustration : la jolie brune en face de moi. Je me résous finalement à m’asseoir, parce qu’il est stupide de rester debout à la regarder en chien de fusil, au moment où blanche neige se décide à exploser. « Et toi que faisais-tu ? Parce que tu crois être toute blanche et que je suis la seule responsable. » Je lève un sourcil, un peu surprise mais pas impressionnée par le colère à retardement de la jeune femme. Enfin une réaction normale face à la situation. Je commençais à penser qu’elle avait un problème. « Je me suis excusée pour ça. Toi non. J’allais même te proposer un café mais tu sais, va cracher ton venin ailleurs. » Je ne m’excuse pas, jamais, alors difficile d’imaginer qu’aujourd’hui puisse être la première fois, face à cette jeune femme que je ne connais pas, et dans ce type de circonstance. Je l’ai piqué ? Tant pis, je ne suis pas du genre à m’en formaliser, à me répandre en excuse parce que je n’ai pas rougi et bégayé suite au choc frontal. Finalement c’est un rire qui finis par s’échapper de ma gorge, devant l’agacement presque touchant de la demoiselle. « J’ai du café chez moi, ça ira merci. » Dans d’autres circonstances j’aurais pu. Dans d’autres circonstances elle aurait pu tomber sur une jeune femme agréable, qui aurait ri de la situation avant d’aller se répandre en banalités autour d’un americano. Sauf que cette jeune femme ce n’est pas moi, et que si mon allure frêle et mon visage de poupée donnent l’impression que je vais être douce et chaleureuse, je n’en ai que l’apparence, quand je ne m’en donne pas la peine. « Et démerde-toi avec ta cheville. Si t’as des soucis de colère, tu fais comme tout le monde et tu vas à la salle de boxe. Inutile de faire une putain d’affaire d’état pour quelque chose qui n’est qu’un accident. » Oh, finalement Shay semble avoir trouvé de la répartir alors que la moutarde lui monte au nez et qu’elle tourne les talons. Un nouveau haussement de sourcil, et je hausse les épaules alors qu’elle m’abandonne, retrouvant avec plaisir le calme de ce début de matinée, et le silence, surtout le silence.

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