Une soirée fille, c’est exactement ce qu’il me fallait en ce moment. J’ai besoin de me poser avec une amie, avec un petit verre à boire, de trainer dans nos pyjamas et de regarder des films plus cul-cul ou drôle les uns que les autres en mangeant de la nourriture pas du tout diététique. Alors lorsque Sybille m’a envoyé un message pour me proposer ce genre de soirée parce que ces deux colocataires ne sont pas là, je me suis jeté sur l’occasion. J’ai préparé un gros sac avec une bouteille pour faire des petits cocktails (pas trop fort bien sûr), un pyjama et bien sûr de nombreux DVD. Je me suis arrêté au supermarché pour aller acheter une pizza, quelques cookies avant de me mettre en route vers l’appartement de mon amie. Malgré nos nombreux SMS échangés au cours des quelques mois passés, cela fait un moment que Sybille et moi n’avons pas passé de temps ensemble. J’ai appris le retour d’Ambroise en Écosse et j’avais voulu être là pour mon amie. Je crois qu’en réalité cette soirée nous fera le plus grand bien à toutes les deux, moi pour oublier tout ce qui me prend la tête ces derniers et elle pour oublier que son frère n’est plus là. Ayant un frère jumeau également, je comprends que cela ne soit pas facile pour Sybille de ne plus avoir Ambroise dans les parages. Les choses sont un peu différentes pour moi, car de ne plus vraiment avoir Zeppelin dans ma vie est entièrement de ma faute. Je secoue légèrement la tête, ne voulant pas me lancer dans ce genre de pensées.
Quelques minutes plus tard, je suis devant la porte de mon amie et frappe à la porte. Il ne faut qu’un cours instant avant que la porte ne s’ouvre sur le visage souriant de la brunette. Je lui adresse à mon tour un grand sourire avant de la serrer rapidement dans mes bras. « Je suis trop contente de te voir. Ça faisait trop longtemps. » Elle m’invite à la suivre dans son appartement ce que je fais sans aucune hésitation. L’endroit n’a pas vraiment changé et me retrouver dans cet endroit familier où j’ai de bons souvenirs me fait du bien. Je pose mon sac près du canapé avant de sortir ce que j’ai amené pour notre soirée entre filles et je lui tends. « Je nous ai pris quelques trucs. Et si ma mémoire est bonne, j’ai pris tes cookies préférés. Je t’avoue que je n’ai pas eu le courage de les faire moi-même. » Je lui adresse un nouveau sourire. Cela me fait vraiment le plus grand bien depuis cette histoire avec David de pouvoir reconnecter avec mes amis et ma famille, j’en ai bien besoin. « Comment tu vas ? »
Oakley avait été la première personne qui lui était venue en tête lorsque Sybille apprenait qu’elle allait passer sa soirée seule à l’appart. Clément et Elora ne seraient pas là ce soir, elle doute même d’avoir retenu les raisons, s’étant précipitée vers des projets dès lors qu’elle avait été prévue. Elle sait que Clément lui a dit qu’il ne rentrait que le lendemain, et le reste de sa phrase s’était évaporée dès lors qu’elle avait sorti son smartphone, des idées plein la tête. Et de l’autre côté, si elle avait bien compris, Elora travaillait. Rien de tout ça n’importait vraiment. Pour une fois que la jeune australienne était totalement libre pour une fois, elle s’était bien décidée de rentabiliser ce temps, et de ne pas passer une soirée plateau-netflix en compagnie de Moana. Quand bien même elle les adore plus que tout. Clément lui parlait encore des raisons de son absence qu’elle envoyait déjà un sms à Oakley, dans l’espoir d’avoir enfin cette soirée dont elles parlaient depuis des lustres, mais toujours repoussée. Pas facile d’avoir un emploi du temps synchronisé.
Sybille s’active, même en s’étant prise à l’avance, elle est quand même en retard. Elle ne peut s’empêcher de goûter à cette pâte toujours pas cuite pour vérifier pour la troisième fois si elle est n’est pas trop salée. Elle en avait aussi profité pour ranger un peu l’appart, rangeant toutes ses vestes qui trainaient un peu partout sur son lit, dans un tas de vêtements qu’elle regretterait dans quelques heures, et qu’elle déplacerait à nouveau. Elle avait profité d’avoir un peu de temps devant elle pour cuisiner un peu, du moins, elle avait essayé de faire un apéritif dinatoire respectable. Pour l’occasion, elle avait essayé de faire des mets végétariens pour Oakley, dont elle s’estimait assez fière pour le coup.
Derrière elle, Moana surveille ses arrières, couchée près de la porte d’entrée de la cuisine, on peut entendre sa respiration à cause de sa position trop peu confortable pour une sieste. Sybbie jette un coup d’œil à l’horloge sur le plan de travail, celui qui est toujours en en retard de dix minutes mais que personne n’a jamais eu le courage de remettre à l’heure. Son amie ne devrait pas tarder, et elle se félicite intérieurement d’avoir réussi à faire ce qu’elle voulait dans les temps. Elle s’autorise un dernier morceau de fromage, qui fait revenir Moana vers elle, comme la mendiante qu’elle est. La jeune brune coupe un petit morceau, pensant déjà à ce que son meilleur ami pourrait lui faire comme reproche, et le donne à la pauvre chienne au regard amoureux. « Ça reste entre nous, ma belle. », se hâtant de tout ranger dans le frigo comme elle le pouvait. Elle s’était même permise de prendre une photo de ce qu’elle avait bien pu réaliser, presque trop étonnée d’elle même. Une habitude de prendre en photo toutes les assiettes qu’elle peut avant de les dévorer.
Puis Sybille avait profité des quelques minutes qu’elle avait devant elle, aussi rare que la jeune australienne qui cuisine, pour aller se recoiffer. A peine de le temps de croiser le miroir qu’elle entend Oakley frapper à la porte, qu’elle se dépêche d’aller rejoindre. Sur le chemin, elle en profite pour baisser un peu la musique qu’elle s’était lancée, l’un de ses albums préférés du groupe Metronomy, et de détaler vers la porte d’entrée avec une discrétion qui lui est propre. Sans grande surprise, elle ouvrait la porte pour découvrir le doux visage d'Oakley, et un immense sourire se dessinait sur son visage tout naturellement, tellement immense qu'il en rejoignait ses oreilles. De ces personnes qui redonnent immédiatement chaud au cœur et le sourire, Oakley était très certainement l'une de ces personnes que Sybille citerait en premier. Parmi toutes les discussions qu'elles avaient eu dernièrement, certaines n'avaient pas été très gaies, elle espérait secrètement qu'elle ne passerait pas la soirée à parler du départ d'Ambroise, sinon son sourire disparaitrait assez rapidement. Elle avait su en discuter avec elle dès le début, et son soutient lui avait été essentiel, pour ne pas dire capital. « T’imagines pas à quel point ça me fait plaisir de te voir ! » Les deux jeunes filles s'enlacèrent très rapidement, et Sybille ouvrait grand la porte pour la laisser entrer. « Tu connais les lieux. T'es comme à la maison, fais comme chez toi ! », avant de la suivre, tellement contente de voir qu'elles avaient enfin trouvé du temps pour se retrouver. Une soirée entre amies, c'est vraiment ce dont elle avait plus que besoin ces derniers temps. D'ailleurs, Clément avait du flairer la déprime chez la jeune MacLeod et l'avait bien fait sortir de nombreuses fois cet été. A peine arrivée, elle lui amène déjà ce qu'elle a rapporté pour la soirée. « T’es trop adorable. Mais 'fallait pas, j'te le dis à chaque fois. », terminant en lui adressant un sourire, se dépêchant d'aller ranger ces provisions dans la cuisine. Elle salivait déjà sur ce qu'elle avait ramené pour leur petite soirée. Sur le chemin, elle lui avoue avoir mis la main à la pâte. « J'ai fait quelques trucs pour ce soir. » Sybille dépose tout sur le plan de travail, et sort la tête de la porte entre-ouverte, un sourire en coin cette fois-ci. « Je sais ce que tu vas dire - » Elle lève la main vers Oakley, tel un stop. « - Que la dernière fois que j'ai testé un truc, ça a cramé. Mais pas cette fois ci, promis. » Sybbie termine par éclater de rire à repenser à cette dernière soirée catastrophique où elles avaient terminé par commander un uber eats en catastrophe. La fille porteuse de malchance était très certainement Sybille, mais au moins elles avaient bien rigolé. Elle revient dans le salon avec deux verres. Quelques idées lui montent en tête qu'elle essaye de balayer immédiatement. La dernière soirée, ils étaient trois avec Ambroise. « Ça va plutôt bien. Enfin, je crois. » Il était assez rare qu'elle avoue ses coups de mou. La dernière personne en date était son colocataire, mais elle savait qu'elle pouvait se confier aisément à son amie. « Et toi ? Raconte moi les derniers potins. », lui adressant un nouveau sourire, bien sincère. Elle dépose les verres sur la table basse, et repart chercher les boissons, caressant au passage les petites oreilles de la chienne qui s'était endormie en plein couloir.
Cela fait des mois, peut être même un an complet maintenant que je n’ai pas passé de soirée avec Sybille. Nous nous sommes vus de nombreuses fois bien sûr, nous avions partagé quelques restaurants et quelques moments ensemble, mais nous n’avions pas fait de soirée fille depuis bien trop longtemps. Depuis que nous nous connaissions, ce qui date de la première année d’université, Sybille et moi avons toujours apprécié des moments toutes les deux. La plupart du temps nous avions eu pour habitude de trainer tous les quatre, avec nos frère jumeaux Ambroise et Zeppelin, mais nous avons toujours mis une certaine importance à également passé du temps juste toute les deux. La petite brune est d’ailleurs bien rapidement devenue l’une de mes amis les plus proche depuis que nous nous connaissons. On se comprend sur beaucoup de choses ou les autres personnes qui nous entoure ne comprenne pas forcément. Alors bien sûr quand mon amie m’a proposé de venir passer la soirée avec elle, et de dormir à son appartement, je n’ai pas hésité une seule seconde avant de lui répondre que je serais au rendez-vous. C’est exactement ce qu’il me faut depuis que toute cette histoire avec David s'est arrêté. J’ai besoin de me changer les idées et de passer une bonne soirée à parler de tout et de rien en mangeant de la nourriture bien grasse qui fait bon au moral.
A la seconde ou la porte de l’appartement s’ouvre sur le visage de mon amie, qui me sourie largement, je sais que ce soir va être une bonne soirée. Je viens rapidement la serrer dans mes bras, déposant un baiser sur sa joue avant de la suivre dans l’appartement. « Moi aussi, ca me fait plaisir de te voir tu sais ! Ca faisait bien trop longtemps qu’on a pas fait un truc toutes les deux. » Bien sur, je sais que cela est en grande partie de ma faute. Ces derniers mois, je me suis éloigné de beaucoup de monde et de certains de mes amis les plus proches parce que j’étais dans une situation difficile. Mais maintenant que les choses commencent à aller doucement mieux, je reprends contact avec mes amis et je m’arrange pour passer beaucoup de temps entourer des gens qui ont toujours été important pour moi. Pour le moment, seul mon frère jumeau Zeppelin reste celui que je n’ose pas contact de peur qu’il ne m’en veuille bien trop. Enfin, je tente de ne pas penser à cela, ne voulant pas me miner le moral et je retire mes chaussures avant de poser ma veste sur le dos du canapé. Je finis ensuite par lui donner ce que j’ai ramené et comme à son habitude Sybille me dit que cela n’est pas nécessaire. Je lui adresse un grand sourire avant de prendre la parole. « Je sais, mais ca me fait plaisir. » Je lui adresse un nouveau sourire avant de me baisser pour saluer la chienne que je connais déjà par le biais de Sybille, mais également par celle de Clément. J’écoute alors mon amie me raconte qu’elle a cuisiné quelque chose, mais avant que je ne puisse répondre elle m’assure n’avoir rien brûler. Je ne peux m’empêcher de rire légèrement en l’entendant dire cela. « Je te crois. J’ai hâte de goûter ca alors. En espérant que je ne finisse pas avec une intoxication alimentaire. » Je laisse échapper un rire et lève les yeux vers Sybille qui me tire la langue. Cela me fait vraiment du bien de passer du temps avec elle, cela me change les idées et me permet de rire un peu. Je lui demande alors comment elle va, même si je me doute qu’elle a encore du mal à avoir Ambroise si loin d’elle. « Tu sais que si tu veux parler, tu n’hésites pas d’accord ? » J’ai toujours eu cette tendance à être présente, à aider les autres et à prendre soin d’eux qu’à prendre soin de moi. J’ai toujours été comme cela et je crois que ce n’est pas vrai prêt de changer. « Moi ca va, doucement, mais sûrement je remonte la pente, tu sais. Mais je vais mieux. Je vis avec Isaac maintenant et ca se passe bien. Je reprends doucement contact avec pas mal de mes amis, donc ca va. » Je lui réponds avec un sourire. Il est vrai que de vivre avec mon frère ainé me fait beaucoup de bien, nous avons beaucoup reconnecté ces derniers temps et c’est exactement ce qu’il me faut. J’ai également repris contact avec Cian, et quelques autres amis proches et je passe beaucoup de temps avec Tad, l’ancien voisin de David. Nous nous entendons très bien et il est beaucoup présent pour moi depuis l’arrestation de mon ex petit ami.
Un sentiment de bien être avait envahi l’appartement. En vérité, Sybille avait attendu cette soirée dès lors qu’Oakley avait accepté son invitation. Ce genre de Sybille surexcitée, encore plus que d’habitude, dont personne ne veut avoir à faire. Elle lui avait proposé de se rejoindre à l’appart, et pour le coup elles étaient toutes les deux d’accord sur ce point : c’était ce genre de soirée qu’il leur fallait, à toutes les deux. Même si, de son côté, Sybille espérait qu’elle n’avait pas de drame à lui raconter, ou de catastrophe quelconque. Elles auraient très bien pu se rejoindre pour aller boire un verre ou même se faire une sortie ciné, mais ça n’aurait pas été propice aux grandes discussions et confidences qu’elles se réservaient pour ce soir là, même si la jeune australienne était plus partante pour la soirée remontage de moral plutôt que de déballage de peines. Oakley avait toujours fait partie de ces personnes sur qui elle regrettait de ne pas pouvoir consacrer plus de temps.
Elle n’a pas besoin de lui dire de se mettre à l’aise, elle sait parfaitement qu’elle peut se sentir comme chez elle et prendre toutes les aises dont elle a besoin. Un peu de rangement pour sa venue n’avait pas fait de mal, sinon elle aurait dû se batailler pour pouvoir y poser son sac. Sybille retourne chercher quelques fours dans l’espace cuisine, tout en arrivant à tendre l’oreille pour écouter Oakley. Elle passe même quelques fois la tête à travers la porte entre-ouverte pour écouter ses paroles. Revenue dans le salon, elle installe le tour sur la table basse, presque à deux doigts d’en faire une photo instagram pour attester de sa réussite, mais trop pressée de vouloir y goûter. Attendre Oakley avait été une épreuve pour ne pas tout dévorer avant son arrivée.
Sa plaisanterie sur l’intoxication alimentaire ne manque pas de la faire rire aux éclats tellement cette dernière est réelle, et qu’elle ne risque pas d’être vexée. Oakley lui atteste également qu’elle peut lui parler de tout ce qu’elle veut, ce qui lui réchauffe évidemment le cœur. Elle lui répond d’un signe de tête positif, tout en se replaçant une mèche de cheveux derrière l’oreille. Finalement, Sybbie se retrouvait dans la situation de la jeune sportive, à se retrouver à mille lieues sans grandes nouvelles de son frère jumeau, ce qu’elle aurait juré il y a encore quelques semaines, quelques mois, que jamais ça ne pourrait lui arriver. C’était impensable. « Tu peux pas savoir combien ça me rassure de savoir que tout va mieux pour toi. », lui répond-elle, immédiatement, et le plus sincèrement au monde. « Et si tu savais comment je m’en veux de pas avoir été plus présente, je veux dire : physiquement présente. » Et c’était le plus important, pour elle. Évidemment qu’elles échangeaient depuis tout ce temps, mais ce n’était pas la même chose. « Et comment tu le vis, tout ça ? J’veux dire - ça se passe bien avec Isaac ? », enchaîne-t-elle rapidement. La situation était forcément meilleure, mais elle espérait tout de même qu’il n’y avait pas de malaise ou de soucis. Le plus rassurant dans cette situation, c’était surtout qu’elle avait désormais un environnement sain. Elle lui fait un signe de la main pour lui rappeler qu’elle n’a pas à hésiter à se servir. Pour l’encourager elle englouti l’un des canapés au concombre à son tour. Quelques pièces n’attendaient qu’à se faire voler, parmi d’autres biscuits apéritifs, et d’autres sucrés pour le couplage sucré-salé que Sybille adore. Elle avait déjà hâte de dévorer les cookies d’Oakley devant leur film.
Je n’ai jamais trop aimé parler de moi, et j’ai encore toujours moins aimé me plaindre. Je sais que j’ai traversé quelque chose de difficile et qu’il me faudrait surement du temps pour véritablement aller mieux, mais au fond, je suis envie et c’est ce qui compte. Je suis là, je m’en suis sorti et c’est le plus important. J’ai toujours eu tendance à voir les choses positivement, à toujours essayé de garder le sourire, et même si cela n’a pas été facile au cours de l’année passée, au final j’ai énormément de chance parce que je suis entouré de personne merveilleuse. Les violences faites aux femmes ne sont pas rares, bien au contraire, elles sont très répandues, mais beaucoup de ses femmes n’ont pas la chance d’avoir des gens présents pour les aider. Je sais que, dans mon cas, les choses ont rapidement été prise en charge lorsque j’ai décidé de porter plainte, mais que c’est très loin d’être toujours le cas et que bien souvent les accusations ne sont pas prises au sérieux. Ce n’est également pas rare que mes proches se sentent coupable de ne pas m’avoir aidé, ou simplement de ne pas avoir vu que les choses n’allaient pas, mais pourtant ce n’est pas leur faute. Sybille n’est pas la première à me dire qu’elle aurait aimé être là pour moi et pourtant je ne lui en veux pas le moins du monde. La seule que je prends responsable pour tout cela c’est moi, et David bien entendu. Même si ce n’est pas tous les jours facile de penser comme ça, j’ai fini par comprendre que ce qui s’est passé n’est en rien ma faute et que je ne le ‘méritais’ pas. Je souris tendrement à la petite brune en face de moi et prend sa main dans la mienne. « Tu n’as pas à t’en vouloir tu sais, absolument pas. Tout ceci n’est pas de ta faute. Et puis… Je m’étais éloigné de tout le monde, personne ne se doutait de ce qu’il se passait. » J’ai longtemps repousser les gens à cause de cette situation et je me suis renfermé sur moi-même. J’ai arrêté de parler à ma famille, à certains de mes amis. J’ai arrêté de sortir, et a une époque, j’ai même arrêté de vouloir survivre. Oui, cette dernière année a été difficile, vraiment difficile mais je me dis que je n’en ressors que plus forte. « Oui, ca se passe super bien avec lui. Il est aux petits soins mais ca je ne peux pas lui en vouloir, au contraire. Et puis… » Je souris légèrement. « Ca fait du bien, je l’avoue. » Isaac prend soin de moi depuis que j’ai débarqué à l’hôpital dans un piteux état en demandant à le voir. Cependant, d’avoir quelqu’un qui me complimente, qui me supporte et qui ne me m’insulte pas à chaque faux pas est un grand changement je dois bien l’avouer. Je n’ai plus vraiment l’habitude que l’on prenne soin de moi.
J’adresse un nouveau sourire à mon amie qui s’assoit à mes côtés. Elle me tend son plat de petites friandises et j’en mange une avec appétit. « Je dois bien avouer que c’est bien meilleur que la dernière fois. » Je laisse échapper un nouveau rire avant de m’installer un peu plus confortable dans le canapé. Je n’ai jamais eu beaucoup d’amie fille, mais Sybille est surement l’une des plus importante. Elle a toujours été là pour moi, tout comme je l’ai toujours été pour elle. En plus de cela, de la voir me rappel toujours de très bons souvenirs, ceux ou nous trainions tous ensemble, avec Ambroise et Zeppelin, à l’université. Je dois bien dire que des fois cela me manque de passer des moments tous les quatre ensembles. C’est assez rare de trouver des amis qui comprennent qu’une relation entre frère et sœur jumeaux peut être différentes d’une simplement relation frère et sœur, que c’est quelque chose de bien plus fort et de bien plus spécial. « Et comment tu vas toi ? Avec le départ d’Ambroise et tout ca ? Je sais que t’as surement pas envie de parler mais… Enfin je veux juste être sur que ca va. » Je sais à quel point c’est dur de vivre sans son frère jumeau près de soit et je sais également qu’Ambroise et Sybille ont toujours été très proches et inséparable. « Tu dois surement être au téléphone avec lui tous le temps non ? » Je lui adresse un léger sourire et vient caresser Moana qui s’est installé entre nous deux, surement dans l’espoir qu’on lui donne quelque chose à manger. « Et puis sinon, tu me raconte quoi de beau ? »
C’est tout naturellement qu’Oakley prenait la main de la jeune australienne, qui ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle essayait de la rassurer malgré ses erreurs, alors qu’elle, se trouvait vraiment minable. Et plus elle y pensait, plus elle avait du mal à comprendre comment et pourquoi elle lui pardonnait aussi facilement. Sybille ne répond rien en retour. Ce n’est pas bon signe en général, quand elle préfère se taire, et ne pas sur-enchainer. La bavarde qu’elle est préfère lui adresser un sourire sincère, presque gênée, puis se passer la main sur le visage. Après tout, à quoi bon lutter, défendre des causes qui nous tiennent cher, si l’on en oublie notre entourage qui en est directement concerné ? Ça lui avait d’ailleurs mis le coup de poing en pleine figure qu’il lui fallait pour enfin lui ouvrir les yeux. Elle s’était finalement rendu compte qu’elle avait peut-être été trop égocentrique sur ce coup, et s’en était presque rendu malade. Croire que les soucis ne concernent que les inconnus, ou ces bénévoles dans les associations qu’elle soutient, ça a avait été sa plus grande erreur jamais commise à ses yeux. Désormais, elle voyait tout différemment, et essayait plus que jamais de faire attention à ses proches, ou du moins, beaucoup plus attentivement qu’auparavant. La jeune brune récupère doucement un sourire lorsqu’elle ajoute qu’il est au petits soins, et surtout, que ça lui faisait du bien. Elle ne pensait ne même pas mériter sa compassion. Elle laisse même y échapper un petit soupir, rassurée. C’était, après tout, tout ce qui comptait désormais. Sybille avait toujours été du genre à aller de l’avant. Cependant, malgré les paroles rassurantes de son amie, elle s’en mordrait encore les doigts pendant des siècles.
Le compliment d’Oakley qui la charrie un peu lui remonte un peu le moral, réussissant à penser un peu à autre chose. Elle lui répond d’un claquement de doigts la faisant paraître pour quelqu’un de pas du tout humble, mais évidemment avec humour. Sybille en profite pour elle aussi sauter sur quelques fours en face d’elles. Elle les dévore comme si elle n’avait pas mangé depuis des semaines, et affirmant d’un signe de tête qui annonce que ce n’est pas si mauvais, comme si elle était digne d’un grand chef ou d’une grande testeuse. Du moins, pour goûter, elle n’avait jamais fait preuve de faiblesse, elle s’était même montrée assez douée. Mais lorsque Oakley lui demande à nouveau, et plus sérieusement, si pour elle tout se passe bien de son côté, elle commence à rejouer avec une de ses mèches de cheveux. Au final, elle détestait pas mal parler d’elle. Du moins, des sujets un peu plus fâcheux. Elle lui remet immédiatement la situation dans les pensées, mais finalement touchée de voir qu’elle s’inquiète vraiment pour elle. « Disons que ça va mieux. On fait aller, comme tu peux imaginer. Mais ça va déjà mieux. » lui répond-elle dans un soupir, se pinçant les lèvres. Le moral de la jeune australienne était pourtant à tout épreuve, et elle était d’ailleurs rarement dans une période morose. Mais cette année avait été un coup de massue, et donc par extension un coup mémorable sur sa personnalité jusqu’ici radieuse et à toute épreuve. Oakley faisait partie de ces personnes avec qui elle assumait d'avoir ce coup au moral. « Ouais, t’as tout compris. J’crois que j’ai jamais autant aimé Skype de ma vie. » Petite blague pour détendre un peu l'atmosphère qui devenait un peu pesante. La vérité était pourtant réelle, elle ne le lâchait pas avec leurs conversations vidéos, et paniquait presque lorsqu’il avait du retard pour un rendez-vous skype en pleine soirée. Mais c’était bien la seule chose qui lui restait et elle ne voulait pas lâcher ça. Les sms toute la journée, ça, ils en avaient déjà l’habitude. « ‘Puis rester toujours occupée, ça aide aussi. », reconnaissant au fond d’elle qu’elle fuyait dans d’autres responsabilités, surtout pour ne pas trop y penser. Mais sur le coup, elle avait un peu honte de ce qu'elle venait de sortir. L’idée de le rejoindre à l’autre bout de la terre ou presque l’avait envahi pendant ces dernières semaines, mais ces envies commençaient tout doucement à se tasser. Oakley enchaîne d’ailleurs sur le deuxième sujet fâcheux. Du moins, pour la jeune brunette. Sybille l’observe caresser Moana, qui sait toujours vers qui se tourner pour avoir ce qu’elle veut. (Et elle l’obtient d’ailleurs toujours.) « Et euh, pff, à côté ... Hmm. Laisse moi y réfléchir. », cherchant ses mots sur cette annonce tout à fait banale pour elle. Elle en profite pour goûter ces crackers avant de ré-enchainer d’une forme qui lui est singulière. « Bah ! C'est vrai, j'ai oublié d'te dire. Je pense arrêter l’Université, mais … Mais c’est pas un très grand secret pour toi, j’imagine. » Ou alors elle l’avait flairé à des kilomètres, elle aussi. Elle s’en plaignait déjà depuis des lustres dans leurs conversations par textos interminables. Des conversations d'à peu près tout et n'importe quoi. Ce n’était au final qu’une question de temps pour avoir le courage de prendre cette décision. Sybbie savait bien qu'elle pouvait lui annoncer sans crainte d'être jugée, même si elle lui disait que c'était une mauvaise idée, elle avait avec elle une confiance aveugle et une aisance hors paire. Par contre l'occasion rêvée pour le poste de son job de rêve, elle l'avait gardé bien en réserve pour lui annoncer en face à face.
Sybille et moi sommes assez semblables sur pas mal de point. Tout comme moi, elle n’aime pas parler d’elle et elle a également toujours été du genre à garder le sourire, garder la tête haute et ne pas penser négatif. Cependant, même si elle le fait à merveille, je sais que ces derniers temps sont compliqués pour elle. Je sais à quel point les choses sont dur depuis que son frère jumeau n’est plus dans le parage, je le sais parce que je vis un peu la même chose, et même si la situation n’est pas la même si Ambroise est celui qui a décidé de partir alors que c’est moi qui me suis éloigné de Zeppelin, je comprends ce qu’elle ressent. Mais cela n’empêche que je sais que cela ne doit pas être simple pour Sybille et qu’Ambroise doit lui manquer terriblement. Sybille est l’une de mes rares amies filles et j’ai toujours eu un peu plus de facilité à me confier à elle, tout comme elle le fait avec moi. Je lui adresse alors un sourire qui se veux rassurant et je tente de trouver quelques mots, mais je sais que je n’ai jamais été très douée pour cela. « Tant que ca va un peu mieux, c’est l’essentiel. Et si jamais tu as besoin de parler, ou de te changer les idées, tu m’appelles, peu importe l’heure, et le jour, d’accord ? » Je sais qu’elle le sait déjà, mais je veux être sûr qu’elle n’hésites pas à le faire si elle a vraiment besoin. « Oui, tu m’étonnes. Heureusement qu’on vit au 21° siècle quoi. » Je ris légèrement, essayant de détendre un peu l’atmosphère, ce que nous avons bien besoin toutes les deux. Tout comme elle, je finis par goûter les petits fours qu’elle a préparé maison et je dois bien avouer qu’ils sont bien meilleurs que la dernière fois qu’elle en avait fait. Au moins personne ne risque de mourir d’empoisonnement cette fois-ci.
Je finis par changer de sujet et après avoir pris une gorgée, je lui demande ce qu’il y a de nouveau dans sa vie. Je la regarder réfléchir quelques secondes avant qu’elle ne finisse par me dire qu’elle a pris la décision d’arrêter la fac. Je sais que cela fait un moment qu’elle y pense, un moment qu’elle n’a plus envie de continuer, mais elle n’a jamais eu le courage de le faire jusqu’à maintenant du moins. « Pas vraiment, mais tu sais… Tant que tu fais ce que tu aimes, c’est l’essentiel. Tu sais ce que tu aimerais faire du coup ? » J’ai la chance de faire ce que j’aime dans la vie, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. L’avantage pour Sybille d’arrêter ses études c’est qu’elle allait enfin pouvoir trouver, ou du moins essayer de trouver ce qui lui plaît et ce qu’elle a envie de faire dans la vie. Je gratte alors la tête de Moana, qui ne se fait pas prier et qui pose sa tête sur mes genoux, comme si elle espérait également que je lui donne à manger. « Bon alors, tu nous as prévu quoi comme soirée du coup ? Quel film as-tu choisi ? » J’aime tous les genres de films, mais je dois bien avouer que ce soir je me serais bien fait une soirée super héros ou bien alors une soirée films d’horreurs. « Je t’avoue que des petits films d’horreur ou des trucs bien débiles ca me tente bien. T’en dis quoi ? » Je lui adresse un sourire. « Mais d’abord on peut aller se mettre en pyjama tiens, comme ca après on bouge plus. » Une vraie soirée pyjama comme je les aime.
D’habitude, elle joue nerveusement avec ses doigts quand elle est anxieuse. Un moulinet avec ses pouces qui en énerve plus d’un. Fort heureusement, ce ne sont pas des situations qui arrivent souvent chez la jeune brune qui a plutôt tendance à prendre la vie du bon côté pour ne pas se faire submerger par l’anxiété. Fixant Oakley dans les yeux, elle boit ses paroles réconfortantes, malgré la difficulté de la réalité qui se montrait face à elle. La blague sur le 21ème siècle la fait bien rire, quand bien même elle serait bien capable d’envoyer des lettres les plus personnalisées les unes comme les autres à son pauvre frère jumeau qui se sentirait obligé d’y répondre de la même manière. D’ailleurs elle commençait à trouver cette idée plutôt sympathique, qui germait déjà dans son esprit trop vif. Mais cette plaisanterie a le don de la détendre à nouveau. « Ok, je penserai à t’appeler en plein mental breakdown à trois heures du mat’ » Sarcasme saupoudré d’un peu de vérité sur le fond, l'autodérision n’avait jamais tué personne. Pourtant moins sarcastique que son frère, à croire qu’elle avait bien appris de son frère jumeau depuis tout ce temps sur ce genre de phrase. « Je plaisante. », jaugeant un peu la réaction de son amie en face d’elle. Elle hausse les épaules, se passant une main dans les cheveux. La voyant réceptive, elle ne peut s'empêcher de sauter à nouveau à pieds joints. « C’est plus vers six heures du matin. » termine-t-elle, avant de lâcher un rire discret. Finalement elle essayait de la rassurer malgré tout, comme elle le pouvait. Puis finalement elle ne peut s'empêcher de blaguer sur ce genre de sujet, histoire de ne pas l’inquiéter plus qu’elle ne devait déjà l’être. « Non, c’est une blague, hein ? » Elle lâche un nouveau rire avant de baisser le regard sur Moana qu’elle pensait endormie. Ne pouvant s’empêcher de la caresser, elle continue d’adresser un sourire apaisé vers son amie, et de continuer d’une voix posée et plus sérieuse. « Merci. » Elle n’avait pas besoin d’en dire plus, son regard montrait à quel point elle lui en était reconnaissante. Ce n’était pas des paroles en l’air, et elle le savait bien. Oakley n’était pas du genre à lui balancer des paroles juste rassurante pour le moment, c’est paroles qu’elle ne tiendrait pas. Sybille lui vouait une confiance ultime.
Elle n’est pas étonnée, sans grande surprise, Sybille approuve d’un signe de la tête qu’elles sont bien sur la même longueur d’onde. Elle est toujours contente de voir combien les discussions sont toujours faciles avec Oakley, c’est pour ça qu’elle pouvait lui parler de tout et n’importe quoi. Rassurée, elle lui sourit en retour. « T’imagines bien que je ne sauterai pas à pieds joints sans être certaine d’avoir de quoi rebondir. » Cette fois-ci elle était bien sincère. Si elle avait bien appris une chose de son père, c’était de tout prévoir, et d’être de rigueur. Même si la tentation de tout quitter sans avoir de parachute pour atterrir avait bien tourné dans sa tête depuis quelques mois, elle avait attendu la toute dernière certitude pour prendre cette décision. « On m’a proposé quelque chose au H.E.R.O. ». En vérité c’était depuis quelques mois déjà mais tout se concrétisait enfin, et superstitieuse comme elle pouvait l’être, elle avait préféré attendre le tout dernier moment pour en parler à ses proches. « Et j’ai accepté ! », élargissant maintenant son sourire jusqu’aux oreilles exagérément, pour bien montrer qu’elle en était ultra contente, mais surtout au fond, un peu fière de cette proposition. Même si elle lui en avait parlé plusieurs fois de ce souhait d’intégrer l’équipe officiellement et de quitter le banc des bénévoles, Sybbie ne lui en avait pas encore fait part, de la bonne nouvelle.
L’idée du choix du film la remet sur pied et son sourire jusqu’aux oreilles lui revient immédiatement. Les étoiles lui reviennent dans les yeux, et l’excitation de cette soirée un peu éclipsée par ces discussions plus sérieuses revient de plus belle. Elle se relève plus vite que le saut qu’elle fait en sortant du lit aux aurores. « Ok. Ok. The sujet. », parlant de nouveau avec les gestes, cette fois-ci ses bras attestant du sujet sérieux mis sur le plateau. Elle ne peut s’empêcher de sautiller, et de bouger de droite à gauche, comme si elle cherchait quelque chose qu’elle ne trouvait pas. « Alors. » Elle s’arrête net, ne bougeant plus du tout, réfléchissant à sur ce qu’elle avait réfléchi pour les films. Les bras croisés, l’index sur les lèvres, comme la caricature des grands savants. « Des films bien débiles, hmmmm - … C’est pas d’ça qu’on manque. », se souvenant finalement que ces dvds qu’elle nomme débiles sont en fait les préférés soit d’Ambroise ou de Clément, dont elle n’arrive pas à s’arrêter de les charrier avec leurs soit disant “chef-d’oeuvre”. Leurs voix s’entremêle, et Oakley trouve que la meilleure idée est finalement celle d’aller se changer immédiatement. Idée qui la débloque immédiatement et la remet en marche, au niveau : programmation hyperactive. « Ouais, t’as raison. Go. » ‘Go’, c’était un peu tout ce qui motivait l’australienne, à n’importe quelle situation. Tic de langage qu’elle utilisait exagérément. Elle ne peut tout de même s’empêcher sur le chemin de tourner la tête vers son amie, à en marcher en arrière pour pouvoir lui expliquer ce qu’elle avait en tête, et ne pas la perdre de vue. La jeune brune s’était déjà bien évidemment penchée sur le sujet, elle avait réfléchi pour la soirée films à l’instant même où elles avaient bloqué cette date. Ce n’est un secret pour personne, ses films favoris sont les films musicaux, les comédies musicales, surtout d’outre-mer. Un certain petit péché mignon. Mais cette soirée, elle se la gardait pour une prochaine fois. Une soirée Cabaret - Chicago - Grease, elle la réservait à Clément (pour son plus grand bonheur de pouvoir critiquer Hair, ou encore, le plaisir de reproduire certains pas si l’envie les prenait.). Elle épargnerait la soirée Footloose à Oakley, même si l’idée est plutôt séduisante pour Sybbie, elle essaye de s’en défaire. Arrivée près de sa chambre, entre sa porte et celle de la salle de bain, elle jette un coup d’oeil furtif vers sa porte entre-ouverte. Elle se gratte la tête un peu gênée. « Oh, et fait pas gaffe au bazart … », mimant de la tête une sorte de honte, à se cacher derrière ses mains pour ensuite en rire. Sybille avait prévu de ranger le salon, c’était fait. Le soucis, c’est qu’elle n’avait fait que déplacer problème d’une pièce à l’autre. Ajoutant à son organisation douteuse habituelle un peu plus de bazart. Mais finalement, c’était bien plus rangé que d’habitude. Elle avait fait les efforts jusqu’au bout pour accueillir son amie. Elle faisait aussi des efforts depuis qu’Elora les avait rejoint, histoire de ne pas trop la terroriser, et surtout de paraître ordonnée (un certain défi pour la jeune MacLeod).
Elle lui fait signe de choisir l’une des deux portes, celle qui lui convient le mieux. Peu pudique, Sybille aurait pu se changer n’importe où, surtout en présence de ses amis, elle ne se prend pas vraiment la tête. La porte est d’ailleurs entrouverte, elle en ressort avec son jogging favori, celui qui n’a jamais été utilisé une seule fois pour faire du sport, ce qui était la plus grosse différence majeure entre Oakley et elle. Un chignon fait à la va-vite, il ne lui en fallait pas plus, puis elle avait enfilé l’un de ses pulls préférés, son hoodie Tegan & Sara (parce qu’il est doux et qu’il tient bien chaud). Dans quelques semaines elle ressortirait ses pulls d’hiver et de noël préférés. Elle ressort plus excitée que jamais, encore plus qu'auparavant. « Alors … Qu’est ce qu’on a ? » Elle entrouvre un peu plus la porte de sa chambre, élevant un peu la voix pour que son amie l’entende bien. Elle les avait déposé dans ce couloir, sur le meuble près de sa chambre qui rangeait un peu de tout, mais surtout des papiers qu’elle devait trier depuis des siècles. « T’es plus quoi ? » Elle fouille dans ce petit tas de DVD et de blu-ray qu’elle a réussi à rassembler malgré toutes ses idées qui lui étaient venues en tête. « T’es plus Marvel ou DC ? » Elle tient dans chacune de ses mains deux différents blu-ray, dont elle n’arrive pas à départager. Celui de droit est indéniablement Aquaman, une édition limitée qu’elle a réussi à avoir avec une boîte spéciale. Elle hausse des épaules, plutôt séduite par le second. Dans celle de gauche, X-Men. « J’ai raté le dernier X-Men au ciné’, j’aimerai bien me rattraper. » Ce n’est que lorsqu’elle voit son amie enfin prête qu’elle se tourne vers elle. Elle ne peut s’empêcher de prendre la pause avec le dvd pour essayer de le vendre. Elle aurait été une piètre vendeuse mais qui aurait fait bien rire les clients. Elle tire la grimace en montrant celui dans son autre main. « Et sinon on a plus calme. », désignant d'un signe de tête les boites près d'elle. Celui au dessus de la pile est Le diable s'habille en Prada. Sybille espérait secrètement qu'elle saurait choisir, parce qu'elle n'avait jamais été du genre à départager les choix les plus simples, indécise comme elle était.
Si il y a bien des choses qui m’ont toujours tenu à cœur et qui ne changerait pour rien au monde dans ma vie, c’est d’être présente pour les gens qui m’entourent. J’ai toujours été comme cela, toujours fait passer mes amis et ma famille avant mon bonheur à moi. Cela m’avait souvent joué des tours lorsque j’étais plus jeune, mais ne m’avait pas changé pour autant. Je pense que c’est important d’être là pour ses proches, même si ce n’est pas forcément facile de savoir quoi dire, mais au moins d’être présent pour eux, de leur faire comprendre que si ils en ont besoin je suis là, que ce soit par téléphone ou par message et que je peux même débarquer à n’importe quel heure du jour ou de la nuit. Je ferais vraiment beaucoup de choses pour mes proches et Zeppelin m’avait souvent répété de faire quand même attention et de prendre soin de moi quand même. Pourtant au cours de l’année ou j’ai vécu avec David, le fait d’aider les autres et de ne pas trop me concentrer sur moi, m’avait aidé à ne pas penser au mal qu’il me faisait. Peut-être pas une bonne chose, mais à l’époque, je pensais faire le mieux. J’adresse un sourire à mon amie avant de prendre la parole. « C’est normal tu sais. Je suis là pour toi, autant que tu veux. » Je sais que Sybille ferait la même chose pour moi, que si j’ai besoin à n’importe quelle heure, n’importe quel jour elle serait là.
Sybille me parle alors de son travail, ou plutôt du fait qu’elle n’est pas lâcher la fac sans rien avoir derrière. Je ne doute pas qu’elle doit sûrement avoir un plan, quelque chose de prévu qui fait qu’elle pouvait bien lâcher la fac sans se retrouver sans rien du tout. Je sais à quel point la brunette est impliqué dans l’association LGBTQ+ de Brisbane, à quel point elle donne de son temps et je ne suis pas étonné qu’elle ait accepté une offre venant de leur part. « C’est génial ca ! Ils t’ont proposé quoi ? » Sybille est tellement à fond dans cette association qu’elle doit surement en connaitre tout. Elle doit surement également être parfaite pour le role. « Tu vas faire quoi exactement ? » J’ai toujours voulu faire partie d’une association, peut être une d’animaux ou pour les LGBTQ mais je n’ai jamais encore trouver le temps pour pouvoir m’y investir complètement. Peut-être que quand toute cette histoire de tribunal sera derrière moi, je prendrais le temps de m’informer plus et de me lancer dans quelque chose. Je lui adresse un nouveau sourire avant de reprendre la parole. « Peut être qu’un jour je viendrais faire partie des bénévoles avec toi. »
Prenant un bout à manger et le fourrant dans ma bouche en faisant un bruit de satisfaction je finis par lui demander ce qu’elle nous a prévu pour cette soirée fille. Sybille a toujours de bons films, ou de bonnes choses de prévus alors je ne doute pas un seul instant qu’elle nous a encore fait un programme parfait pour une soirée très agréable. Nous allons rapidement nous changer pour nous mettre en pyjama, la tenue parfaite pour une soirée qui s’annonce vraiment plaisante. Je suis ensuite mon ami dans sa chambre avant de me laisser tomber sur le lit alors qu’elle me propose de nombreux films. J’en profite pour caresser la tête de la chienne qui nous a suivit et qui s’est bien rapidement installé sur le lit à côté de moi. « Hmm… Je dirais plutôt du Marvel. » Je n’ai peut-être jamais lu les comics, mais j’ai toujours été une grande fan de Marvel, j’ai vu presque tous les films et en général c’est avec Zeppelin que je vais les voir au cinéma. « Oh oui le dernier X-men ca me va ! Je ne l’ai pas vu non plus. » Je lui adresse un grand sourire. « D’ailleurs, j’ai toujours trouvé ce titre un peu sexiste. Pourquoi X-MEN alors qu’il y a aussi des femmes. Je crois qu’il faudrait qu’on renomme ca. » Je ris légèrement. Bien sûr au fond, je sais que ce n’est qu’un nom, mais j’en ai discuté avec quelqu’un il y a pas longtemps et j’y ai pensé lorsque mon amie a prononcé le nom. « C'est qui ton X-men préféré d'ailleurs ? »
Lorsque la jeune australienne lui demande alors ce que tout ça consisterait, elle ne peut que continuer sur sa lancée, telle la langue bien pendue qu’elle avait toujours été. « Finalement, exactement comme avant. Ou presque. » La brunette coupe ses phrases entre la salle de bain et le couloir, d’un essaie de coiffure à l’autre, en se baladant dans le couloir la brosse à dent à la main qui au final ne servira qu’à accessoiriser ses paroles. « Disons que le truc cool : c’est que j’ai plus de responsabilités. » Et c’est aussi le point important qui la stressait autant qu’il l’excitait dans cette histoire. « J’ai la fameuse double casquette de bénévole et employé » Sybille imite la fameuse casquette invisible, comme si elle travaillait dans un fast-food, le genre de mimique dont elle n’arrivait jamais à s’empêcher de faire. « Art & culture. J’te rassure, j’ai quand même passé un entretient, et tout. », continue-t-elle, dans un gloussement, comme si elle avait besoin de se justifier. Même si elle connaissait l’équipe qui étaient devenue sa seconde famille, elle avait fait tout ça dans les règles, évidemment. « En ce moment, je bosse sur la médiathèque. D’y intégrer plus de noms diversifiés. On a la seule bibliothèque complètement Queer de Brisbane, c’est plutôt cool, non ? » Terminant par opter par la coiffure qu’elle appelait Leia, elle part retrouver Oak qui finalement est déjà en pyjama. « On peut dire que ça fait plaisir de voir ses efforts récompensés, c’est surtout ça que je trouve cool. » Sybille enfile finalement un des gilets qui traine sur son bureau, pour la frileuse qu’elle est. « Évidemment. T’es la bienvenue. J’te ferai visiter les locaux ! Tu peux même venir pour boire un café, tu verras, c’est cool. »
De retour dans le salon, elle remarque Moana qui en a profité pour voler leur place. Sybille en profite, elle, pour poser les quelques blu-ray sur la table basse et d’engloutir les derniers biscuits salés dans l’une des coupelles qui n’ont pas fait long feu. Sybille imite un “air-high five” à distance lorsque son amie lui dit qu’elle choisi pour Marvel, approuvant son choix avec un grand sourire. Elle était toujours mieux assise en tailleur par terre que sur le canapé, quand elle ne s’y affalait pas. Une mauvaise habitude dont elle avait du mal à se séparer. « Ok. Trop cool. Vas pour X-men ! Je le gardais bien au chaud, en plus. » N’ayant pas eu le temps de le voir au cinéma, elle s’en était mordu les doigts. Et ensuite elle n’avait pas eu le temps pour dévorer ce blu-ray.
Alors que Sybille s’empresse de se relever pour introduire le film dans la console, alors qu’Oakley lui dit qu’elle trouve le nom de cette team sexiste, Syb observe la jaquette du film avec une impression de familiarité en voyant la fameuse Jean Grey. Elle avait déjà hâte de voir ses scènes ‘badass’. Se tournant vers la jeune australienne, elle lui adresse un sourire presque naïf. « J’y avais jamais pensé, c’est marrant. » Elle approuve d’un signe de tête. « J’suis même pour virer tout ces mecs. », terminant d’un rire bien sonore, elle rejoint son amie dans le canapé, la manette en main. « Surtout que dans les comics récents, il y a une team d’X-Men composée seulement de femmes, j’trouve ça trop cool. » Elle en avait parlé avec Ambroise qui s’y connaissait beaucoup mieux, et ça avait éveillé sa curiosité. Au final, elle avait été totalement séduite et elle s’était promis un jour de les lire.
Sur le visage de la jeune australienne se dessine une expression joyeuse, que l’on pourrait prendre pour un élan d’excitation à nouveau. La jeune brunette tourne la tête vers Oakley, alors que le blu-ray passe les quelques pubs habituelles. Plusieurs noms lui viennent immédiatement à l’esprit mais l’une lui vient le plus naturellement possible. « Storm ! Sans hésiter ! » Elle l’avait toujours trouvé cool, que ce soit dans les anciens films avec la grande Halle Berry, ou même dans les plus récents. « Pour ses pouvoirs vraiment trop cool, et son charisme. Quelle classe. » S’étirant totalement, cherchant dans son dos le plaid qu’elle avait laissé derrière elle, elle lui retourne la question. « Et toi ? »