Le Commonwealth d'Australie, puisque c'est son nom complet, est une monarchie constitutionnelle doublée d'une démocratie parlementaire. Sous la régie symbolique du Roi d'Angleterre, le pays s'articule dans une législature fédérale où six états et trois territoires occidentaux possèdent tous leur propre organisation législative.

Les relations avec la couronne britannique

Le Roi Charles III possède ici le titre de Roi d'Australie, un rôle à part entière différent de son rôle de Roi d'Angleterre. Bien qu'étant considéré comme le chef de l’État, son rôle n'est dans les faits qu'honorifique et cérémonial, et il n'a posé que peu de fois le pied en terres australes. Il est représenté le reste du temps par le gouverneur général d'Australie (dont le dernier en date, Sam Mostyn, a pris ses fonctions le 3 avril 2024) bien que ses pouvoirs soient eux aussi limités et peu utilisés, la gouvernance du pays revenant dans les faits à son cabinet, dont les membres sont soigneusement choisis par le premier ministre.

Durant les années 90, la monarchie a été vivement remise en question notamment après l'élection au poste de premier ministre de Paul Keating, membre du parti travailliste et fervent défenseur de la formation d'une république. La décennie a été marquée par des volontés éparses de réforme constitutionnelle, ayant finalement mené au référendum du 6 novembre 1999 sur la possible transformation de la monarchie en république. 95,10% des australiens participèrent au scrutin et le "non" l'emporta avec 54,87% des voix. Le Queensland fut l'état à rejeter l'idée de mettre fin à la monarchie le plus massivement, particulièrement la moitié sud de l'état, avec un "non" à ~63% pour la ville de Brisbane.

Aujourd'hui, et bien que l'idée de mettre fin à la monarchie suite au décès d'Elisabeth II revienne régulièrement aux actualités, la royauté a retrouvé une certaine popularité auprès des australiens. Le Roi y est respectée, et les princes William et Harry y jouissent d'un fort capital sympathie. La majorité des australiens considèrent actuellement la monarchie comme un gage de stabilité résistant aux autres aléas politiques du pays.

Le système politique

La séparation des pouvoirs -législatif, exécutif et judiciaire- et l'interdépendance entre pouvoir local et pouvoir central sont les deux bases du régime fédéral australien. La séparation des pouvoirs est évoquée dans la constitution à travers trois chapitres spécialement dédiés.

La gouvernance du pays est mise en oeuvre via le parlement australien, un parlement bicaméral composé d'un sénat et d'une chambre des représentants (auquel s'ajoute le Roi de façon honorifique). Les modifications à la constitution se font toujours sur proposition du parlement, et doivent ensuite obtenir par référendum une majorité de voix dans chaque état. La chambre des représentants est composée proportionnellement au nombre d'habitants de chaque état, quand le sénat est lui composé de 12 sénateurs par état.

Le fonctionnement décentralisé des institutions et la liberté donnée à chaque état d'un point de vue juridique a une incidence réelle sur le rapport des australiens à leur gouvernement. La plupart des australiens n'auront au cours de leur vie jamais directement affaire aux insistances fédérales, et la plupart des questions liées à la vie courante sont gérées par les instances fédérées ou locales.

L'Australie est un pays au paysage politique marqué par le bipartisme, opposant traditionnellement la coalition libérale (droite et centre-droite) et le mouvement travailliste (centre gauche) et ne laissant que peu d'espace de parole aux partis plus minoritaires (écologistes, nationalistes, etc).

Le système judiciaire

Chaque état gère ses propres questions de droit au travers de tribunaux locaux. Cependant, le pays possède également des institutions judiciaires fédérales, et le partage des compétences entre ce qui relève du fédéral ou du local est prévu par la constitution.

Les trois plus hautes instances judiciaires du pays sont :  la Cour fédérale, la Cour des Affaires familiales d'Australie et la Haute Cour d'Australie. Si les deux premières servent de recours en appel ultime en cas de litige concernant les décisions judiciaires des instances inférieures (elles correspondent plus ou moins à la Cour de Cassation française), la dernière joue elle le rôle d'arbitre dans les recours en inconstitutionnalité, les litiges opposants deux états ainsi que les crimes et délits commis dans le cadre militaire (on peut la comparer à la Cour Suprême américaine).

La défense et la police

Les forces armées australiennes sont regroupées dans l'Australian Defense Force dont le commandement est unique, et comprenant les trois branches militaires habituelles: la Royal Australian Navy, l'Australian Army et la Royal Australian Air Force. Il faut avoir 17 ans minimum pour s'engager et disposer de la nationalité australienne ou d'un titre de résidence permanente sur le territoire. La Navy et l'armée de terre possèdent chacune une base à Brisbane - ce n'est pas le cas de l'Air Force.

Comparable en effectifs à l'armée française, l'armée australienne est considérée comme une petite armée en comparaison de ses voisins asiatiques. Rarement engagée de manière directe dans les conflits, l'armée australienne est depuis le début des années 2000 majoritairement une armée de soutien, un statut que les australiens revendiquent avec fierté. Les corps militaires australiens ont apporté un soutien logistique aux États-Unis durant la guerre en Irak, et entretiennent des relations privilégiées avec le corps militaire de ce pays ainsi qu'avec celui de Singapour. L'armée australienne participe également aux opérations de maintien de la paix diligentées par l'ONU et est présente sur le territoire nationale dans le cadre de la lutte anti-terroriste.

La police australienne est quant à elle construite sur un modèle similaire à celui des États-unis : une police fédérale compétente sur l'ensemble du territoire, une police régionale propre à chaque état, et une police locale pour les régions rurales ou peu peuplées. Comme pour l'armée, les aspirants policiers doivent être majeurs et posséder la nationalité australienne ou un titre de séjour permanent. Les domaines d'action et d'investigation de la police varient selon les états et les commissariats, et certaines unités n'existent pas partout. La police du Queensland possède sa propre unité d'intervention : le SERT (comparable au RAID français ou au SWAT américain).

La police du Queensland est basée à Brisbane, et possède l'un de ses deux campus de formation en ville. Chaque apprenti policier doit passer par ce campus pour recevoir une formation d'une année, avant d'intégrer un poste de police en tant que stagiaire.

Petits détails qui ont leur importance

› Le Queensland fait figure d'état le plus conservateur d'Australie, la place de la religion y est encore importante et certaines avancées sociales telles que le mariage homosexuel ou le droit à l'avortement (respectivement légalisés depuis décembre 2017 et janvier 2019) ne font pas encore l'unanimité.

› La mairie de Brisbane connait depuis près d'un siècle une alternance régulière entre mandats libéraux et travaillistes. Cependant, les années 1960 à 2004 ont été majoritairement marquées par la présence des travaillistes, tandis que les libéraux dominent le paysage municipal depuis 2004 et jusqu'à aujourd'hui.

› Malgré leurs relations privilégiées, l'Australie possède une législation sur les armes à feu bien plus stricte que les États-Unis. La fusillade de Port Arthur (Tasmanie) en 1996 a entraîné un durcissement drastique des lois à ce sujet, et l'Australie possède un taux de morts par armes à feux aussi bas que ceux d'Europe occidentale.

› Le montant des contraventions et les peines encourues pour les crimes et délits sont bien plus élevées qu'en France, et la justice considère avec sévérité ceux qui se mettent hors-la-loi.

Les Aborigènes d'Australie sont le premier peuple à avoir vécu sur le continent australien, et dont on estime l'arrivée à environ 40.000 ans. S'il apparait probable qu'ils soient arrivés par la mer, leur région d'origine est sujette à de nombreuses hypothèses, la plus répandue étant qu'ils arrivaient du continent asiatique.

Le Queensland possède la particularité d'être le seul état du pays à accueillir deux peuples autochtones distincts : les aborigènes d'Australie, ainsi que les Indigènes du détroit de Torrès originaires des îles du même nom.

Brève histoire des peuples aborigènes

La vie des peuples autochtones d'Australie avant l'arrivée des colons britanniques au XIX^ème siècle était empreinte de diversité, les modes de vies dépendant étroitement de l'environnement et des ressources à disposition. Les peuples établis sur les zones côtières dépendaient principalement de la pèche, tandis que la chasse et la culture des végétaux prenaient une part plus importante dans les régions de l'arrière-pays. Les traditions, les croyances et la langue étaient toutes étroitement liées au rapport de ces peuples à la terre.

Dans les années 1820, l'installation de colonies britanniques a profondément chamboulé le mode de vie des peuples autochtones, et eu un impact profond sur leur subsistance. Les colons ont revendiqué une part importante de leurs terres et y ont bâti des établissements agricoles, entraînant la dépossession des Aborigènes de leur habitat et menant à l'éclatement de conflits violents entre colons et les autochtones.

Les politiques colonialistes mises en place dans les décennies qui suivirent avaient plusieurs ambitions : une assimilation des populations à la culture européenne, un contrôle des individus rattachés à ces peuples, et une suppression progressive des traditions et des modes de vie liées aux peuples autochtones.

Persécutions liées à la colonisation

Les politiques gouvernementales mises en place pour assimiler et contrôler les Aborigènes dans le Queensland, ainsi que dans d'autres parties de l'Australie, ont été largement influencées par une idéologie coloniale qui considérait les Aborigènes comme inférieurs et cherchait à les civiliser selon les normes occidentales. Elles se traduisaient de plusieurs façons :

- une politique d'assimilation visant à "éduquer" et "civiliser" les peuples, en retirant les enfants à leurs familles pour les faire élever dans des familles blanches ou des institutions où leur serait inculqué un mode de vie occidental, ou en interdisant la pratique de la langue ou de la religion aux autochtones. Les pratiques culturelles traditionnelles, telles que la danse, la musique et les rituels, étaient elles aussi réprimées ou interdites.

- un parcage des peuples dans des réserves ou des missions, où le gouvernement exerçait un contrôle étroit sur leurs mouvements, leur accès aux ressources et leur vie quotidienne. Ces réserves étaient souvent situées sur des terres marginales, éloignées de leurs terres traditionnelles et ne fournissaient généralement pas les moyens de subsistance adéquats.

- un contrôle des mariages et des familles : Les autorités coloniales ont exercé un contrôle sur les mariages et les familles aborigènes, cherchant à prévenir les unions interraciales et à dicter qui pouvait se marier avec qui. Ces politiques ont contribué à la fragmentation des familles aborigènes et ont entraîné la perte de liens familiaux et culturels.

- des "lois de protection" instaurées à partir de 1897, donnant aux autorités gouvernementales des pouvoirs étendus sur les Aborigènes. Ces lois permettaient de déplacer les Aborigènes, de les emprisonner, de confisquer leurs biens et de prendre des décisions majeures les concernant sans leur consentement.

Protection et préservation

Malgré une première reconnaissance partielle de la citoyenneté australienne des Aborigènes via une loi de 1948, il a fallu attendre la fin des 60's et l'Aboriginals Ordinance of 1967 pour obtenir la première réelle reconnaissance constitutionnelle des Aborigènes en tant que citoyens australiens.

Dans les décennies suivantes, d'autres lois fédérales et régionales ont peu à peu permis aux peuples aborigènes de faire valoir leurs droits et de récupérer leurs possessions, mais aussi d'obtenir la reconnaissance des exactions et des traumatismes subis par leurs communautés du temps de la colonisation.

Au niveau international, la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones adoptée par l'ONU en 2007 revêt également une grande importance dans la reconnaissance des peuples aborigènes de l'Australie. Elle établit des normes internationales pour la protection des droits des peuples autochtones, y compris le droit à l'autodétermination, à la préservation de la culture et des traditions, et à la restitution des terres.

Quelques traditions à connaître

L'art aborigène tient un rôle majeur dans la transmission et la diffusion de la culture des peuples autochtones. Peintures rupestres, les peintures sur toile, les sculptures, les tissages et les gravures sur écorce font partie intégrante de l'expression artistique aborigène, et après avoir été longtemps brimée et découragée, diverses initiatives sont aujourd'hui mises en place pour préserver et réhabiliter ces formes d'expression étroitement liées à l'histoire des peuples qui y sont attachés.

Les cérémonies et les festivals dédiés à l'art et à la culture aborigènes permettent également de rendre leur légitimité aux traditions opprimées, et de faire connaître les traditions longtemps transmises oralement, afin de les faire perdurer et d'éviter qu'elles ne s'éteignent avec le temps.

La médecine traditionnelle est quant à elle toujours utilisée au sein des communautés aborigènes, et puise ses préceptes dans la spiritualité et dans l'attachement des autochtones à la nature et à l'environnement. Les enjeux environnementaux contemporains sont d'ailleurs un sujet de préoccupation majeur pour les peuples aborigènes, dont les luttes se joignent régulièrement à celles engagées plus globalement dans le pays en faveur du climat.