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 (yasmine & edge) i used to love a good surprise, now i'd rather know ahead of time

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Message(#)(yasmine & edge) i used to love a good surprise, now i'd rather know ahead of time EmptyVen 6 Sep 2019 - 14:27


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Depuis quelques temps, Yasmine avait l'impression que toutes ses gardes étaient difficiles. Induite en erreur par l'imminence de son examen d'admission à l'école de médecine, qui se dérouleraient dans moins d'une semaine maintenant, ses journées lui semblaient interminables et semées d'embûches. Pourtant, elle n'aurait échangé sa place contre celle de quelqu'un d'autre pour rien au monde, même si une fois sa blouse retirée et soigneusement accrochée dans son casier, un tas de petites choses l'attendaient, lui donnant davantage la sensation de vivre un quotidien à rallonge : une seule et interminable journée. Entre plusieurs feux, elle ne se reposait jamais vraiment, mais ce n'était pas comme si elle n'avait pas pris l'habitude d'avoir à peine quelques heures de sommeil au compteur. Elle ne tenait plus les calculs depuis très longtemps, mais elle était persuadée qu'un an de rattrapage, même coupée de tout et de tout le monde, ne suffirait pas à chasser les traces de fatigue qui bordaient ses grands yeux vert.
Dévalant une longues rangées de marches, prête à quitter l'hôpital pour rentrer chez ses parents alors qu'elle avait terminé sa garde depuis quatre bonnes heures déjà, elle était tout d'abord passée vérifier si tout allait bien avec le patient de Norah, s'attardant plus que nécessaire dans le service de réanimation pour s'assurer qu'aucun impair n'était commis – une toute nouvelle habitude qui retardait sans cesse son départ de l'hôpital, mais auquel elle se cantonnait sans tergiverser, l'ayant promis à sa collègue. A mi-chemin pour rejoindre sa voiture, elle écrasa un bâillement avec le dos de sa main, étrangement convaincue par l'idée qu'elle ne mettrait pas autant de temps que d'ordinaire à s'endormir. Encore que, si elle se mettait à penser à l'université, elle se contenterait sans doute d'une sieste qui prendrait fin trop rapidement à son goût ; ou bien elle se laisserait, comme trop souvent ces temps-ci, prendre au jeu des textos nocturnes qu'elle échangeait régulièrement avec Edgerton. A cette pensée, elle repêcha son téléphone portable dans la poche arrière de son jean large, terminant les quelques mètres qui la séparait de sa Jeep en vérifiant les notifications qui remplissaient son écran, et auxquelles elle prit le temps de répondre après s'être engouffrée à l'intérieur.
Quelques minutes lui suffirent pour s'alléger l'esprit de plusieurs messages laissés en suspens à cause de sa longue journée de travail. Tandis qu'elle se souvenait de justesse qu'elle devait passer faire le plein de son bolide avant d'aller rejoindre les bras musclés de ce bon vieux Morphée, elle jeta son téléphone sur le siège passager, non sans laisser un sourire fatigué illuminer ses traits, puis elle démarra. Son carrosse toussota de façon critique, ainsi elle le laissa s'échauffer un peu avant de s'élancer, resserrant avant toute chose sa demi-queue de cheval haute pour se donner le courage nécessaire d'accomplir la dernière entrée de son emploi du temps trop chargé. Enfin, rassurée par le bruit du moteur qui devint graduellement ronronnant, Yasmine quitta le parking du St-Vincent au pas. S'enfonçant dans un Brisbane assombrie par la nuit, elle anticipa mentalement son retour chez ses parents avec un léger pincement de lèvres qui se transforma rapidement en morsure déterminée. Fatima avait commencé sa grande campagne de dissuasion à propos de son déménagement, et tous les moyens étaient bons. Ces derniers temps, elle ne cessait de faire remarquer à sa cadette combien elle avait l'air épuisée, prétextant à ce sujet que son sommeil ne s'arrangerait pas dans un nouvel environnement ; mais c'était trop tard, n'en déplaise à sa mère. Yasmine avait enfin trouvé le petit appartement de ses rêves qu'elle prenait plaisir à arranger avant d'y habiter officiellement, c'est-à-dire après son examen, si tout allait bien. Ça l'aidait à reléguer ses angoisses à la dernière place quand, l'esprit entièrement tourné vers la peinture de son salon ou de sa chambre à coucher, elle repoussait le stress qui tentait de s'insinuer doucement, mais sûrement, dans son organisme. Une boule de nerfs, c'était de cette façon que Molly la définissait ces derniers temps, et même si la rousse avait tendance à exagérer, cette fois-là, elle n'était pas loin de la vérité.
Mais à cet instant, elle était sans doute trop épuisée pour se laisser distraire par ses nerfs. Appuyée contre la carrosserie de sa voiture, la main mollement resserrée autour de la pompe qu'elle tenait en fixant le compteur d'essence d'un œil distrait, presque vaseux, elle bailla de nouveau en poussant un soupir, plutôt sonore d'ailleurs, qui résonna en écho dans toute la station-service. Il n'y avait pas âme qui vive, et elle ne s'inquiéta pas véritablement de l'image peu reluisante qu'elle donnait d'elle-même aux caméras de vidéo-surveillance, installées dans chaque recoins de la station. Trop occupée à grappiller les dernières gouttes de carburant qu'elle fit tomber dans son réservoir avant de régler son plein par carte de crédit, elle s'apprêtait à grimper de nouveau dans sa voiture en fourrant son ticket dans la poche de son jean, quand l'arrivée en trombes d'une Mustang à la pompe d'à côté la fit brièvement froncer les sourcils.

Ce fût instinctif, elle referma la porte de sa voiture avec un large sourire qu'elle offrit à Edge aussitôt qu'il descendit de sa voiture. L'interpellant avant qu'il ne puisse se rendre compte qu'elle était là, les bras croisés, appuyée contre la porte de sa voiture qu'elle venait de refermer, elle lui fit, d'une voix suffisamment forte pour passer par-dessus la musique qui s'échappait de sa voiture ; un bon choix au demeurant, mais inutile de revenir sur les excellents goûts musicaux du jeune homme pour le moment "Tu sais, je vais finir par croire que tu me traques." Elle pencha la tête sur le côté, faisant dégringoler la cascade de ses cheveux qui n'étaient pas attachés sur son épaule gauche. Passant sa langue sur ses dents après avoir fait mine de réfléchir, elle plissa doucement les yeux, pointant sa carte de crédit dans sa direction, au lieu de pointer son index comme elle le faisait d'habitude, elle lui dit sur un ton rempli de fausses convictions "Personne ne se croise jamais aussi souvent dans cette ville, ça commence à devenir suspect. Je veux pas t'effrayer, mais je connais des types qui bossent dans la police..." Elle opina du chef pour faire bonne mesure, traçant par à-coups les points de suspension invisibles qui s'élevèrent dans l'air pendant que sa voix s'amenuisait doucement, affectée par la fatigue. Haussant les sourcils en essayant de garder son sérieux, elle posa son regard sur lui avec, sans aucun doute, l'espoir enjoué – ça se lisait dans ses yeux, même à cette distance, aussi minime qu'elle fût – qu'il rétorque quelque chose qui relancerait aussitôt la conversation. Parce que c'était comme ça qu'ils fonctionnaient désormais, et que faire un peu d'humour pour s'éviter de lui faire savoir ouvertement que ça lui faisait plaisir de le croiser – alors que sa journée avait été beaucoup trop longue et beaucoup trop harassante –, c'était plus supportable à ses yeux.
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Message(#)(yasmine & edge) i used to love a good surprise, now i'd rather know ahead of time EmptyDim 8 Sep 2019 - 16:41


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crédit/ griffin-helps (tumblr) ✰ w/ @Yasmine Khadji

Le but de la soirée était avant tout d'aider ton cousin Paul et lui remonter le moral. Sauf que tu n'es pas doué pour faire ça, que ce soit pour apporter une aide véritable aux gens qui t'entourent ou même réussir à remotiver qui que ce soit. La seule personne que tu sais remotiver eh bien... C'est toi. Car tu sais ce qui peut t'abattre et de quelle manière tu vas continuer d'avancer, de pousser et juste... Continuer. Rester sur la touche et laisser la vie abattre ses conséquences sur toi et s'écraser sans que tu dises quoi que ce soit ? Non, ce n'est pas vraiment ton style.
Cependant, tu comprends pourquoi Paul a refusé de t'accompagner, tu peux comprendre qu'il choisisse de se focaliser sur son boulot et uniquement sur son boulot. Car dans le fond, c'est bien la seule source de stabilité dans sa vie. Et tu as respecté son souhait, n'as rien dit au clan Price et ce même quand ta mère t'a appelé il y a quelques jours de cela et que tu l'as informée que Paul pourrait vous rejoindre lors de vos prochaines vacances. Tamara a posé son lot de questions mais tu es devenu un champion dans l'art de changer de sujet ou même de ne pas aborder ceux qui fâchent et tu as su rediriger la conversation ailleurs. Vous vous êtes enfin mis d'accord sur une destination pour les dites vacances, la Thaïlande; une information que tu t'es empressé de partager avec Yasmine, avec qui tu t'es mis à échanger presque quotidiennement des messages depuis peu. La brune est de bonne compagnie, excellente même, mais même elle ne sait pas pourquoi ton cousin se trouve ici, tu t'es contenté d'un simple: il avait besoin d'un endroit où se poser pendant quelques jours, et tu me connais. Je n'ai pas refait cette chambre d'amis pour rien, avant d'aborder un autre sujet, ses gardes à l'hôpital, le fait que tu as véritablement réduit tes passages à la salle de sport... Tout pour garder un peu plus longtemps le secret de ton cousin.
Donc oui, tu comprends que dans un tel climat, Paul n'est pas vraiment envie de se montrer au dehors ou encore aller de l'avant et faire comme si. Mais toi, plus que jamais, tu en as besoin, car si tu ne peux pas trouver de solution à son air défaitiste... Ça va tout simplement finir par te ronger à te petit feu, tu le sais, il le sait sûrement, assez pou ne pas fumer devant toi et paraître un minimum actif sauf que tu vois à travers la façade. Et l'utiliser lui comme une excuse pour justifier tes excès est probablement affreux, un manque de classe flagrant mais tu t'en fiches royalement, c'est très certainement pour ça que tu décides d'écouter tes pires instincts ce soir et que tu te retrouves avec un verre à la main. Un seul à dire vrai, tu ne l'a même pas payé, non, on te l'a offert, on te l'a envoyé et quand la responsable si généreuse fait son apparition, elle a toute ton attention et tu sais que tu as trouvé ta prochaine distraction pour les prochaines heures et jusqu'à demain matin il semble bien.
"Je viens souvent ici et c'est la première fois que je te vois." proclame t-elle en s'appuyant contre le comptoir, très proche de toi, dans une pose qui est beaucoup trop travaillée pour être naturelle. Et à un autre moment, si tu avais un peu plus de jugeotte et sans le whisky dans les veines, tu pourrais lui dire que tu n'es pas intéressé, faire demi-tour et rentrer chez toi pour te coucher tôt. Un acte responsable pour l'adulte toute aussi responsable que tu es. Certainement pas ce soir, et certainement pas quand tout, du regard qu'elle te lance, à son sourire, à la coupe de sa robe te rappelle que tu n'es qu'un homme et que certaines choses ne sont pas sous ton contrôle. On t'a souvent souvent accusé de ne pas être sélectif et de ne pas vraiment avoir de type particulier de femmes, mais c'est complètement faux, tu as toujours été, du moins un minimum, attiré par celles qui savent exactement ce qu'elles veulent. Et qui font un sorte que votre rencontre ne soit pas un accident, ou alors pas le genre d'erreur qu'elles vont regretter le lendemain. Tu sais automatiquement que c'est le cas ce soir et tu lui adresses un léger rire quand elle te dit qu'elle ne veut pas vraiment savoir ton prénom et ne te donnera pas le sien.
"Oh moi qui croyais qu'on allait partager tous nos secrets c'est dommage." "Ouais... Tu as la tête d'un type qui est venu ici pour trouver son âme-soeur, vraiment.""Hmmm... Au moins pour ce soir." concèdes-tu avant de finir ton verre gratuit, détail important que tu n'as pas oublié. Elle ne te quitte pas du regard, et dans d'autres circonstances tu pourrais lui faire remarquer qu'elle est vraiment jolie: brune, avec la peau ambrée et des longues jambes vers lequelles tes yeux ne cessent de revenir... Mais elle le sait déjà, et tu le sais, alors pourquoi perdre du temps à parler ? "Tu veux partir d'ici?" Pas besoin de plus de questions, elle est déjà en train d'attraper son sac et tu ne fais rien pour arrêter le sourire qui orne ton visage, sourire qui ne fait que s'agrandir quand tu te retrouves à embrasser une parfaite inconnue dans un parking, la dite inconnue pressée contre ta Mustang. C'est cliché, mais tu t'en fiches complètement, incapable de réfléchir pour la première fois depuis des heures, le reste n'a pas vraiment d'importance à cette seconde précise, encore moins quand vous finissez pas grimper dans ta voiture. Tout ça a des allures de déjà-vu, songes-tu en démarrant ta voiture en trompe, sortant déjà du parking et en très bonne compagnie cette fois-ci. Sauf que ça ne l'est pas, et que tandis ses mains se font très balladeuses, surtout quand on sait que tu dois garder les tiennes sur le volant, la logique et la raison entrent enfin en compte quand tu réalises que tu dois prévenir Paul que tu ne rentres pas seul. Par simple courtoisie et probablement pour lui conseiller de se boucher les oreilles pour les prochaines heures... Au moins.
Donc oui, l'excuse de la station service est sûrement très nulle, et elle se contente de se rasseoir dans son siège avec un regard plus que dubitatif mais tu prends une profonde inspiration, vérifies que tu es un minimum décent avant de sortir de ton véhicule, portable dans les mains. Tu trouves rapidement le numéro de ton cousin et tu manques de lâcher ton téléphone portable, vraiment, sous le coup de la surprise, quand une voix familière te parvint et qu'un sourire automatique se plaque sur ton visage en apercevant une Jeep que tu connais bien et sa propriétaire."... Yasmine ?" Tu l'oublies l'espace de quelques secondes pourquoi tu es là et pourquoi tu as ton téléphone dans les mains, ton attention toute tournée vers la brune. Qui est bien la dernière personne que tu pensais croiser ici, et à une heure pareille. Et non, contrairement à ce qu'elle semble penser, tu ne la suis pas. "C'est plutôt moi qui devrais me poser des questions Khadji, aux dernières nouvelles, on est dans ma partie de Brisbane." Car si tu devais craindre de croiser l'infirmière à chaque fois que tu t'aventures dans Toowong, pas de doute que tu ne le ferais plus. Tu es sur le point de lui dire, vraiment, et de lui rappeler sur ce ton si joueur et si léger que tu emplois souvent avec elle, que c'est mal de sauter aux conclusions, mais c'est avant que la porte côté passager ne s'ouvre, révélant ta ... Compagnie pour la soirée.
"... J'adore tes goûts musicaux mais j'ai besoin de m'étirer les jambes." Cette phrase est adressée à toi, de toute évidence, tout comme le clin d'oeil qu'elle te lance, son regard finit cependant par dévier vers, Yasmine à qui tu t'adressais il y a quelques secondes. À qui elle lance un vague signe de la main. "Oh. Bonsoir. Je vois que tu es occupé, je vais aller me refaire une beauté pendant que tu finis de... Discuter." Tu n'as pas de réaction, aucune, car vraiment, tu ne sais pas quoi dire toi-même, oui, Yasmine et toi vous vous êtes remis à vous parler, récemment, mais est-ce une raison pour lui rappeler que vous n'avez pas les mêmes activités noctturnes? Probablement pas. Et ce n'est pas comme si tu connaissais son prénom pour pouvoir faire les présentations. Sauf qu'elle prend la décision pour vous deux en faisant le tour du véhicule dans un bruit de talons et en tirant sur ta chemise pour que tu la fixes, et que vos lèvres se rencontrent de nouveau. Et tu pourrais ne pas répondre à ce baiser et simplement penser à autre chose, tu pourrais, sauf que ce n'est pas le cas, et tu finis par laisser échapper un profond soupir quand elle s'éloigne enfin vers la station-service. Yep, ça va être une nuit mouvementée.
La pensée te traverse l'esprit quelques secondes avant que tes yeux ne retombent sur Yasmine qui a dû assister à toute la scène. Well... This is awkward. "Je... Devrais me concentrer sur ma voiture." marmonnes-tu, espérant dissiper la gêne environnante.


Dernière édition par Edge Price le Lun 16 Sep 2019 - 12:09, édité 1 fois
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Message(#)(yasmine & edge) i used to love a good surprise, now i'd rather know ahead of time EmptyLun 9 Sep 2019 - 7:17


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"Je sors du boulot." rétorqua la jeune femme en décroisant les bras. Elle se décolla de la portière de sa voiture et amorça un premier pas dans sa direction ; parce qu'elle s'imaginait déjà qu'ils profiteraient de cette énième rencontre hasardeuse pour bavarder jusqu'à ce que sa fatigue ne la rattrape. Un acquis sur lequel elle se reposa sans même y penser, se laissant subjuguer par ce soupçon de suffisance à l'idée qu'il n'avait sans doute pas grand-chose à faire de mieux à cette heure indue de la nuit. Et puis, Edgerton l'avait dit lui-même la dernière fois qu'ils s'étaient vus : elle était de bonne compagnie après tout. Cette idée en tête, elle fourra sa carte de crédit dans la poche arrière de son jean, poursuivant son chemin pour s'arrêter à la limite des deux pompes. Le ton nettement moins ensommeillé, elle déchargea joyeusement le reste de sa phrase, incontestablement enchantée qu'il ait prit la peine de saisir la perche qu'elle lui tendait gracieusement. Franchement, elle aurait été déçue si le contraire s'était appliqué, mais elle le connaissait assez pour savoir qu'il ne ratait jamais une occasion de verser dans l'humour "Donc techniquement, on est un peu dans ma partie de la ville aussi. Enfin, c'est basé sur le fait que je passe plus de 75% de mon temps dans les environs. Ça te parlera, je sais que t'aimes beaucoup les statistiques." Et un sourire remonta ses pommettes, faisant plisser ses yeux légèrement effilés lorsque, tout en grimpant dans un petit bond sautillant sur la bordure qu'elle avait rejointe, elle appuya sa hanche contre l'angle de la pompe. La tête légèrement penchée sur le côté, et l'air de ne pas y toucher, elle tritura le bout de ses ongles colorés en ajoutant "Je te connaissais pas si territor…" Et évidemment que le reste de sa phrase se perdit dans l'infime silence qui plana entre eux à l'instant où elle se rendit compte qu'elle avait eu tort de sous-estimer le jeune homme et sa façon d'occuper son temps-libre. Ou alors, il ne lui avait pas donné toutes les données lors de leurs échanges par textos, et cette jeune femme qui apparut soudain faisait partie intégrante de sa mécanique bien huilée. Elle qui s'était échinée à deviner s'il avait comblé cet aspect de son existence en guettant la présence d'un anneau à son doigt, elle devait avouer qu'elle restait interdite face à cette apparition subite d'une femme aussi splendide que polie, constata-t-elle. Son regard dévia graduellement de sa trajectoire pour se poser sur le profil de la demoiselle en question "Bonsoir." lui répondit-elle en esquissant un autre sourire dans sa direction, cette fois. Sa main retomba presque lourdement tout contre sa hanche quand elle voulut lui rendre le vague signe avec lequel elle venait de la saluer.
Ce ne fût même pas la surprise de s'apercevoir en temps réel qu'il n'était pas seul qui l'obligea à ravaler sa boutade ; plutôt celui qu'elle avait été assez prétentieuse pour se faire tout un monde autour de cette coïncidence. Alors, pendant une fraction de seconde, Yasmine hésita. Devait-elle prétendre qu'elle n'avait rien remarqué et continuer la conversation comme si de rien n'était en réprimant au passage cet excès d'amour propre qui l'avait contrainte à s'avancer vers le jeune homme ? Ou devait-elle leur souhaiter une bonne nuit à tous les deux et se cantonner au programme de la sienne qui se résumait à quelques heures de sommeil dispatchées au milieu des pensées et des cauchemars qu'elle n'essayait même plus de refouler ? La seconde option était probablement la meilleure, mais son esprit, autant que son corps d'ailleurs, ne semblaient pas tout à fait enclin à faire dans la politesse. Au lieu de quoi, elle resta plantée à l'angle de la pompe qu'elle avait investie, suivant du regard le trajet de la jeune femme qui s'approcha d'Edgerton pour plaquer ses lèvres contre les siennes. Et là encore, elle eut un doute sur la façon dont elle devait réagir.

Un léger rire accompagna le mouvement de sa tête qui se baissa tandis que ses yeux s'écarquillèrent, tout ronds, puis se fermèrent une fraction de secondes. Yasmine fronça le nez pour mieux accuser le coup. Le regard plongé vers le sol, elle attendit que les talons de la jeune femme lui indiquent qu'elle était partie pour relever la tête. Et encore, elle ne le fit pas tout de suite, préférant prendre quelques instants pour mettre des mots sur ce que ça lui faisait vraiment d'assister à cette scène. Ce n'était pas de la jalousie – elle avait déjà expérimenté ce sentiment, et elle savait le reconnaître. Ce n'était pas comparable à la sensation qu'elle avait ressentie quelques mois plus tôt quand elle avait cru qu'Hassan et Ginny étaient devenus un couple lors de son séjour en Afrique. C'était autre chose, un épilogue sans doute moins douloureux, mais tout aussi instructif – parce qu'elle comprit encore un peu plus pourquoi ça n'avait pas fonctionné entre elle et Edge. Elle ne serait jamais ce genre de femmes, assez confortables avec elles-mêmes pour se comporter de cette façon, et qui retournaient à leur petite vie en prétendant que les contacts physiques en public ne gênaient personne. En fait si, et elle la première. Elle ne portait aucun jugement cela dit, enviant rien qu'un peu toutes ces jeunes femmes qui avaient su apprivoiser leur corps et leurs envies et qui en faisaient une force, fières de représenter cette nouvelle génération qui ne supportait plus de se laisser dicter la marche à suivre par les convenances, ou par l'éducation stricte de leurs parents. C'était plus compliqué pour elle, davantage depuis qu'elle s'était fait agresser, mais personne n'était censé le savoir. Elle avait appris à compartimenter cet aspect de sa vie pour en faire quelque chose dont elle seule détenait les codes. Ces derniers, elles les fournissaient à qui elle estimait suffisamment dignes de confiance pour en prendre soin… Edgerton en avait fait partie, irrémédiablement. Elle n'avait jamais été avare en caresses avec lui, elle était même plutôt tactile, mais dépassé un certain stade, quelque chose l'avait toujours poussée à calmer le jeu et à considérer, toute optimiste qu'elle était, que ça viendrait avec le temps. Au-delà de ça, l'intimité était un concept important pour elle, et son esprit ne s'était jamais considéré comme étant véritablement disponible, sans aucun doute que ça avait entériné son envie d'y aller doucement, progressivement. Vraiment, elle avait été convaincue qu'elle finirait par dépasser cette crainte, puisqu'au final, elle avait fait le plus difficile en le laissant atteindre des parties d'elle que très peu d'hommes avait eu l'occasion de parcourir. Mais à chaque fois qu'elle jugeait que ça allait trop loin, elle lui avait demandé d'être patient, sans lui expliquer véritablement ce qui se passait dans sa tête quand elle lui disait avoir besoin d'un peu d'air et d'un peu de temps. Yasmine en avait payé les conséquences, et jamais elle ne se permettrait d'amoindrir la frustration qu'il avait dû ressentir au cours des cinq mois qu'ils avaient passés ensemble. Seulement, en le voyant en si bonne compagnie, elle se dit qu'au final, s'il avait espéré qu'elle se comporte en public comme cette jeune femme, il valait sans doute mieux qu'ils restent amis ; ce qui lui semblait plus que jamais la meilleure issue à leur relation, et confirma qu'elle n'avait pas besoin de mal prendre cette démonstration d'affection.

Mais quand même. Elle ravala sa fierté "Ouais." laissa-t-elle échapper, plus par souci de ne pas laisser l'atmosphère s'alourdir, même si la gêne d'Edgerton était autant perceptible que la sienne. Elle ajouta, sa langue ayant furtivement balayée la rangée de ses dents du haut avant toute chose "Et moi sur la mienne." Ce qui revenait à annoncer son départ. Elle prit une courte inspiration, et après s'être décollée de l'angle de la pompe, elle pivota sur ses pieds pour rejoindre sa Jeep sur laquelle elle se concentra, le regard fixe et déterminé. Ça l'ennuyait, cette impression de lourdeur alors qu'ils avaient réussi à bien s'en sortir jusque-là. Ils ne se devaient rien, c'était quelque chose qu'elle s'était forcée à garder à l'esprit chaque fois qu'ils s'étaient croisés ou qu'ils s'étaient parlé, même par textos interposés ; alors pourquoi ça s'annulerait, tout à coup ? N'étaient-ils pas supposés être devenus des adultes ennuyeux ? Son orgueil, bien que timide, avait beau s'être fait rappeler à l'ordre, elle ne tenait à ce qu'aucun malaise ne vienne gâcher ce qu'ils s'étaient donnés les moyens de reconstruire doucement… très brusquement, ses tennis râpant le sol sous son mouvement, elle pivota de nouveau sur ses pieds. Balançant son poing dans l'air comme si elle venait de lancer une bourrasque dans l'épaule costaud d'une entité quelconque, elle lâcha maladroitement "Elle a l'air sympa." Et dans la bouche de Yasmine, ce n'était même pas ironique. Elle avait l'air sympa cette jeune femme ; elle avait manifestement tout pour elle, c'était tout à l'honneur d'Edge de s'en être avisé.
En revanche, c'était un peu ridicule, et elle ne se fit pas prier pour le lui faire d'elle-même remarquer. Une main s'ouvrant en petit éventail devant son visage très légèrement empourpré, elle lui dit en donnant l'impression furtive de chercher ses mots "Je sais pas pourquoi je te dis ça, c'est ridicule." Et elle fronça les sourcils, puis posant cette même main sur son front, elle secoua la tête en fermant très furtivement les yeux. Elle risqua un sourire un peu nerveux, que ses mains traduisirent définitivement quand elle envoya balader un long rideau de cheveux par-dessus son épaule. Elle rouvrit les paupières, ses pupilles trouvant la silhouette d'Edge qu'elle regarda un instant… avant d'éclater de rire. Il n'y avait pas grand-chose à dire ou à faire d'autre, si ce n'est envisager qu'elle devait avoir l'air fin à tacher de sauver les apparences quand en vérité, elle venait de se prendre le râteau de sa vie – aussi amical qu'il fût.


Dernière édition par Yasmine Khadji le Mer 18 Sep 2019 - 3:08, édité 1 fois
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Message(#)(yasmine & edge) i used to love a good surprise, now i'd rather know ahead of time EmptyLun 16 Sep 2019 - 18:11


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Tu te demandes, l'espace de quelques secondes, si c'est une mauvaise blague ou si c'est juste l'univers tout entier qui décide de jouer avec tes nerfs. Ou quelque chose de supérieur, comme Dieu, le karma, ou Beyoncé, peu importe... Une entité toute-puissante et omnisciente qui sait que Yasmine et toi vous essayez, vous faites de votre mieux pour vraiment redevenir amis, et qui a décidé que vos routes devaient se croiser aujourd'hui. Ce soir, qui plus est, quand tu décides, enfin, après des semaines à être sage, il faut bien l'avouer, à faire un tout petit et léger écart. Ton écart, justement, s'éloigne vers la petite boutique de la station de service dans un claquement de talons et toi tu es obligé de faire face à Yasmine et ce début de soirée qui est forcément une erreur cosmique. Ou quelque chose comme ça. Ou alors c'est toi qui es trop dramatique. (Of course not, you're perfect...) Ou alors le sentiment que tu sens naître au creux de ta poitrine, juste là où ton cœur devrait battre, est bien trop étranger pour que tu le reconnaisses.
Tu es presque gêné, presque en train de t'en vouloir... Pourquoi au juste ? Ce n'est pas comme si tu faisais quelque chose de si condamnable que ça, tu as su trouver une autre adulte, consentante, avec qui passer quelques heures, on ne peut pas te blâmer pour ça. On pourrait te juger, te faire remarquer que tu es celui qui dit vouloir mettre toute cette vie-là au placard pour pouvoir te poser... Avec la bonne personne justement, avec la bonne femme. Et oui, il y a deux ans en arrière, tu pensais que Yasmine était cette femme-là, justement, mais ce n'était pas la réalité, juste l'image parfaite et lisse que tu te faisais de la brune, sans prendre en considération ses sentiments à elle. Tu as tourné la page, tu t'es réveillé justement tout ça pour... Pour... Pour quoi ? Excellente question. Tu fermes les yeux quelques secondes quand Yasmine reprend la parole, une partie de toi remerciant la brune et son tact naturel et le fait qu'elle essaye. Non vraiment, la situation est gênante. Tu aurais pu croiser n'importe qui ici, Ariel, Ezra... Même Tamara Price et tous, ils t'auraient lancé un sourire avant de rouler légèrement des yeux, et c'est tout. Oui, même ta génitrice a eu vent de ta réputation, bien malgré toi, et elle s'est faite à l'idée que si tu ne lui avais pas encore présenté de petite-amie officielle, c'était pour une bonne raison. Mais Yasmine a raison, vous devriez juste retourner à vos voitures respectives, vraiment, tu hoches la tête, sans pour autant regarder l'infirmière droit dans les yeux, et continues le message que tu rédigeais pour Paul. Car c'est bien pour cette raison que tu t'étais arrêté ici et non pour faire la conversation avec ton ex sur ta conquête du soir, surtout quand ta relation avec l'ex en question s'est terminée car tu es allé voir ailleurs.... Non vraiment, quelqu'un de très haut placé t'en veut personnellement.
Mais tu peux passer à autre chose et faire comme si de rien était, tu es monsieur imperturbable après tout, du moins tu aimes faire croire aux autres que rien ne peut t'atteindre et... Tu relèves la tête au moment où Yasmine reprend la parole, offrant son propre commentaire sur ta... Distraction de l'heure. Sympa? Oui, tellement sympa que tu ne sais pas comment elle s'appelle et que tu étais en train de la ramener chez toi pour voir à quel point elle est sympa. Tu ne dis rien de tout cela, bien sûr que non, tu portes ton regard vers la supérette, l'aperçoit dans l'allée des boissons sucrées et ce n'est définitivement pas son dos que tu regardes. "Hmm ...? Oui, j'en suis certain." Tu ajoutes ça sur un ton tellement détaché et si peu convaincant qu'il est sûrement facile de comprendre comment et pourquoi elle était dans ta voiture. Non vraiment, il faut que tu lui demandes son prénom, ou les choses risquent de devenir vraiment compliqués... Le rire de Yasmine la seconde suivante te fait tourner la tête et tu t'apprêtes à demander à la brune si elle va bien, avant de réaliser que oui, elle a toutes les raisons du monde de rire. Vous savez tous les deux que tu ne viens pas de rencontrer ton âme-soeur, alors pourquoi prétendre le contraire ? Yasmine est bien des choses mais elle n'est pas stupide, loin de là, ni innocente, contrairement à ce que tu as pu lui dire il y a quelques années de cela. Vous êtes à des années-lumières de tout ça, vous l'avez déjà établi et vous envoyiez des messages il y a moins de 24 heures de cela... Non, tout ça n'a pas changé parce que tu n'es pas seul ce soir; cela ne changera pas, penses-tu avec un peu plus de conviction.
Au moins, Yasmine est en train de rire, et pas de te traiter de pervers fini et de mettre le plus de distance entre vous... Donc c'est déjà ça, pas vrai ? "La situation est... Originale on va dire. Non, vraiment, je n'ai pas d'autres mots pour la décrire, donc on va partir sur ça." Tu hausses les épaules, fourrant ton téléphone portable dans ta poche et en te disant que tu préviendras Paul, plus tard, oui, beaucoup plus tard, et tu ne sais même pas s'il est chez toi, il a aussi pu sortir se changer les idées et de suivre tes conseils. Oui, toi, tu t'es permis de donner des conseils à ton cher cousin, mais quand il s'agit de vivre en ayant sa vie en bordel, tu as de l'expérience alors... Il n'y a qu'à voir ce soir. Tu finis par croiser les bras sur ta poitrine, t'appuyant contre la carrosserie de ta précieuse Mustang, ton regard cherchant celui de Yasmine. "Mais vraiment Yasmine, on n'est pas obligés d'en parler, on peut même faire comme si on ne s'était jamais croisés et retourner à nos..." Tu es obligé de marquer une pause, à la recherche du bon mot pour décrire la situation... Tu sais qu'elle vient de finir sa journée de boulot, la brune devait probablement rentrer chez elle. Et c'est plus fort que toi, tu as envie de lui demander des nouvelles de Molly, de Sohan, de sa recherche d'appartement, mais tu réalises bien que ce n'est ni le lieu, ni le bon moment alors... "... Occupations respectives." tu termines enfin ta phrase, par une métaphore plus que polie et bien loin de la vérité. Et ami ou pas, Yasmine est bien la dernière personne avec qui tu envisages de parler de ton tableau de chasse ou de tes activités nocturnes. Ça n'arrivera jamais, oh grand jamais. "Je serais un meilleur ami demain, promis." Tu ponctues ta phrase par un léger clin d'œil juste parce que tu peux le faire.
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Message(#)(yasmine & edge) i used to love a good surprise, now i'd rather know ahead of time EmptyMer 18 Sep 2019 - 3:17


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En règle générale, Yasmine savait se départir de l'embarras. Elle prenait sur elle en se risquant à faire de l'humour pour alléger le ton de la conversation et son atmosphère, puis faisait tout son possible pour rassurer la personne en face d'elle en lui faisant bien comprendre que ce n'était rien, que ça pouvait arriver. Elle s'en sortait plutôt très bien d'ailleurs, passée maîtresse dans l'art de détourner les yeux pile quand il le fallait, davantage dans celui qui consistait à emprunter cette petite mine de surprise adorable dont elle seule avait le secret lorsqu'elle prétendait n'avoir rien remarqué, rien du tout. En matière de gênes diverses et variées, tourner la page était donc quelque chose qu'elle parvenait à faire assez facilement et ce, sans se poser de questions. Peut-être que c'était sa formation d'infirmière qui lui permettait de passer l'éponge sur certains faits et préférer prendre ce genre de choses du bon côté, plutôt que de s'enfoncer dans des ruminations interminables au cours desquelles le cerveau mettait en place des fins nettement plus glorieuses… mais ce soir, elle sentait qu'elle aurait du mal à ne pas prendre la mouche à propos de cette rencontre hasardeuse avec Edgerton. Elle était fatiguée, un peu gênée aussi d'avoir cru que sa simple apparition pourrait éventuellement le contraindre à revoir ses plans pour la soirée ; plus que tout le reste, elle était vexée que ce ne soit pas le cas. Ça ne lui arrivait pas souvent, de constater que quelque chose la blessait suffisamment pour que ça influe sur son état d'esprit du moment – à fleur de peau, c'était comme ça qu'on le définissait, une expression bien trop jolie pour traduire le fait d'être passablement énervé, mais ce n'était que son humble avis. Ces derniers temps, la seule personne qui réussissait à faire naître ce changement brusque chez elle, c'était Hassan. Ce n'était pas un exemple auquel elle pouvait se référer en toute sérénité puisque les dernières fois où ils s'étaient retrouvés en tête-à-tête s'étaient plutôt mal terminées, mais elle n'avait pas d'autres points de comparaison, et sans doute qu'Edge le lui aurait reproché s'il avait eu accès à ce qui se déroulait dans sa tête maintenant. Cette réflexion interne, aussi fugace qu'elle fût à l'instant où elle lui frôla l'esprit, eut le don d'installer définitivement le malaise qu'elle ressentait, beaucoup trop consciente de l'ascenseur émotionnel qu'elle venait de dévaler en l'espace de quelques secondes à peine, et dont la brusque halte mit en émoi une bonne partie de ses fonctions vitales – les battements de son cœur en particulier.

Ce n'était sûrement pas le rire cristallin qu'elle laissa échapper qui atténuerait cette impression étrange qui l'obligea à ne pas affronter directement le regard du jeune homme. D'habitude, elle y trouvait un certain réconfort, mais cette fois-ci, elle en doutait, alors elle s'abstint de ne serait-ce que le fixer, cherchant à garder bonne contenance en s'intéressant à l'éclat des jantes de sa Mustang, ou au téléphone qu'il tenait dans les mains, il y avait encore quelques instants. De son côté, il reprenait la parole en tentant de mettre des mots sur l'électricité qu'elle sentait monter du sol et qui la fit cesser de rire. Se trouvant plus qu'idiote, Yasmine décida de se tourner de nouveau pour rejoindre son véhicule. Sur le très court trajet jusque-là, elle secoua la tête en pestant intérieurement contre elle-même, puis elle changea de trajectoire à la dernière seconde – alors qu'elle se dirigeait vers le côté conducteur, elle choisit tout à coup d'aller vérifier si elle avait bien verrouillé son réservoir d'essence. Elle finit par lui dire, lui tournant le dos pendant qu'elle se penchait doucement pour tapoter sur son réservoir, et s'assurer que tout était bien en place "Oh, nos occupations respectives ?" Elle se redressa avec souplesse, levant les yeux au ciel en grimaçant sans qu'il ne puisse la voir, et poursuivit sur le même ton "C'est comme ça que ça s'appelle maintenant ? Merci pour l'update de vocabulaire, je tacherai de m'en souvenir si l'occasion se présente." Après un rire beaucoup plus court que le précédent, elle toupilla sur ses tennis pour lui faire face. Elle dirigea son regard quelque part entre l'espace qui séparait leurs deux voitures ; elle arrêta ses pupilles plus ou moins partout, sauf sur lui, en vérité. Yasmine sentait que son intonation avait légèrement changé, et que l'humour derrière lequel elle se cachait en permanence avait pris des allures de sarcasmes qu'elle détestait par-dessus tout en temps ordinaire. Mais c'était dit, et le haussement d'épaules qu'elle fit en se retenant d'ajouter quoi que ce soit sur l'instant entérina l'ironie qui teintait ses traits délicats.
Sans y penser, elle imita la position d'Edgerton, et s'appuya de nouveau contre sa carrosserie en croisant les bras sur sa poitrine. Continuant à écouter ce qu'il avait dire, ce fût après avoir rassemblé une bonne partie de ses longs cheveux à demis-attachés sur son épaule droite qu'elle consentit à lui répondre "J'aurais probablement pas besoin d'un ami demain, Edge." Prenant toujours soin de fixer un point légèrement au-dessus de sa tête pour ne pas lui donner l'occasion de sonder son regard, même à distance, elle se tut tout de suite après, serrant davantage ses bras sur sa poitrine pour contrer le frisson que l'électricité qui continuait à se déployer sous ses pieds lui procura quand elle avait ouvert la bouche. Ce fût l'emploi de son surnom officiel qui la mit sur la piste et lui fit définitivement comprendre que, malgré ses efforts, elle ne gérait pas bien ce qui était en train de se passer. Quoi que ce fût, parce que pour finir, elle ne savait même pas pourquoi ça l'agaçait autant d'être tombée au mauvais endroit, au mauvais moment. En revanche, cette décontraction qui faisait tout le charme du jeune homme d'habitude, elle ne la supporta pas, pas plus que le clin d'œil qui lui avait échappé et qui avait tendance à faire des miracles sur elle. Là, elle le trouva déplacé, comme s'il avait l'air de penser que la situation ne méritait pas de prendre quelques pincettes et de se montrer un peu moins détendu ; parce qu'ils avaient été ensemble, que ça ne s'était pas bien terminé, et qu'au-delà de la certitude qu'ils ne s'étaient jamais rien promis ou jurés, il restait cependant des choses dont ils n'avaient jamais parlés en détails, et qu'ils avaient à peine explorés – pourquoi elle avait semblé si détaché tout le temps de leur relation, pourquoi il s'était senti obligé d'aller voir ailleurs, pourquoi ça l'avait tant affectée qu'il réussisse à la percer à jour. Ou alors, elle surréagissait. Cette supposition, tandis qu'elle se décollait de sa carrosserie en une brusque poussée sur ses reins qui cognèrent douloureusement contre sa voiture, elle lui donna envie de s'excuser sur le champs. Elle se trouvait injuste, alors elle s'exécuta. Déplaçant ses cheveux d'une épaule à une autre, elle écarta très légèrement les bras pour appuyer sa justification "Excuse-moi. Je suis vraiment crevée, je vais rentrer." Comme si la perspective de faire le pied de grue en attendant avec lui que la jeune femme qui l'accompagnait revienne était une option réelle et séduisante ; elle ne l'était pas, loin de là. Yasmine voulait s'en aller et tout de suite, de préférence.

Se déportant de quelques centimètres pour rejoindre la portière côté conducteur, elle s'avança doucement en se frottant le front. Fronçant les sourcils, elle ferma les yeux dans la foulée. Tachant de trouver un moyen d'apaiser son cœur qui se mit à battre trop fort dans sa poitrine, mais aussi le sentiment désagréable qu'elle venait d'asséner le premier coup de canif dans leur amitié toute neuve, elle marqua une pause trop longue à son goût. Ses yeux se rouvrirent, puis d'eux-mêmes, se promenèrent le long de la vitrine de la superette au travers de laquelle elle observa la jeune femme qui accompagnait Edge. Elle prit une profonde inspiration, et toujours les sourcils froncés, elle s'efforça de dévier son observation pour de nouveau porter son attention sur le jeune homme – mais pas directement "T'as raison, on devrait faire comme si on ne s'était pas croisés ou parlés ou… peu importe, bonne soirée." Elle haussa de nouveau les épaules et laissa filer un sourire à son adresse ; parce qu'elle était comme ça, et qu'elle avait appris qu'une majorité de choses passaient plus facilement avec un sourire, même s'il n'était pas complètement sincère, et qu'il faisait même un peu mal. Au moins, elle lui donnait le change et quelque part, elle craignait que ça lui importe peu de toute façon – il avait d'autres choses en tête, elle pouvait le deviner rien qu'au son de sa voix. Ce fût la raison pour laquelle elle ajouta, probablement avec plus de causticité qu'elle ne le pensait, amorçant un geste pour ouvrir sa portière, et osant enfin lui accorder une œillade fixe, droit dans les yeux "Demande-lui son prénom au moins, ça pourrait t'être utile."
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Message(#)(yasmine & edge) i used to love a good surprise, now i'd rather know ahead of time EmptyMer 18 Sep 2019 - 15:55


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Yasmine aurait pu avoir une tonne de réactions différentes, des tas, et tu n'aurais pas été prêt pour sa véritable réaction pour autant. La brune aurait pu rouler des yeux, te dire d'être prudent sur la route et s'éloigner sans rien ajouter d'autre, une mise en garde et un sourire qui lui sont propres, oui, ça aurait pu convenir. Elle aurait pu s'abstenir de mots aussi, discrète comme elle sait si bien le faire, te lançant l'ombre un sourire avant de grimper dans sa Jeep et de poursuivre le reste de sa soirée. Ou encore véritablement te réprimander, te demander si tu n'as pas mieux à faire justement, ou encore être déçue de constater que tu n'es qu'un homme comme les autres et t'insulter et disparaitre. Tout ça, tu l'aurais compris, tu aurais même admis que c'était justifié mais pas ça.
Quand la brune reprend la parole pour te répondre, il y a quelque chose, juste là, dans l'intonation de sa voix à la façon qu'elle de se tenir qui sonne faux au possible, comme si Yasmine devait se forcer pour te parler, ou faire de son mieux pour contenir sa rage. Ton sourire disparait aussi rapidement qu'il est apparu et tu es sur le point d'ouvrir la bouche, lui demander si tu as mal analysé la situation quand la phrase de trop arrive. Oh... Elle n'aurait pas besoin d'un ami demain, pas vrai? "Pardon ...?" Le mot s'échappe de tes lèvres, trahissant ta propre surprise tandis que tu te redresses légèrement, les bras ballants de chaque côté de ta taille, plus perdu que jamais. Est-ce le fait qu'elle t'appelle Edge qui t'a titillé ou tout ce qu'elle ne dit pas? Un peu des deux, tout à la fois, pas de doute, elle a toute ton attention et tu te retrouves à fixer Yasmine, qui bouge, qui s'excuse déjà pour sa phrase précédente et qui fait comme si tout allait bien. Oui, la brune arrondit les angles et essaye de redonner un coup de couleur à toute la situation, tandis que toi, tu te tiens devant ton véhicule avec une expression interdite sur le visage et un goût amer entre la bouche.
Pourquoi tout ça à des allures de déjà vu ? Pourquoi est-ce que tu fronces les sourcils et prends une profonde inspiration, forcé de constater que tu es légèrement irrité ? Yasmine a touché une corde sensible, pas de doute là dessus, en remettant en cause ton jugement et en t'accusant de... De quoi au juste ? Ces derniers mots te font l'effet d'une douche froide, vraiment, et c'est à ton tour de vouloir rire. Elle est hilarante, parce qu'il s'agit forcément d'une mauvaise blague, pas vrai ? La brune ne peut pas te reprocher ton mode de vie, vous n'êtes plus ensemble et ce qui vous lie, un semblant d'amitié, est seulement là car vous avez décidé de tourner la page tous les deux et d'aller de l'avant. Pas en arrière, pas pour qu'elle utilise ce soir comme une excuse valable pour... Pour appuyer une blessure qui a très mal cicatrisé visiblement. Oui, dans un sens tu comprends, la brune peut se poser des questions, se demander si cela s'est déroulé exactement de la même manière il y a deux ans de cela, quand tu aurais dû être avec elle et fidèle... Est-ce que tu t'es laissé distraire de la même façon ? Est-ce que ça été aussi facile que ça de la metttre de côté ? Tu comprends, mais c'est trop tard, c'est deux ans trop tard et si tu t'es efforcé de ravaler ta rancoeur par rapport au fait qu'Hassan fait toujours partie de sa vie.... Yasmine devrait te rendre la pareille, enfin en théorie simplement.
Tu as envie de juste tourner les talons, vraiment, de ne pas la voir comme une légère hypocrite et continuer ta soirée, en te disant que tant pis, vous ne serez pas amis, c'était une idée complètement folle que de vouloir essayer. Sauf que c'est elle, que tu es toi, et que penser à tout ça te donne presque la nausée parce que ça ne fait tout simplement pas de sens. Les choses sont différentes cependant, tu n'es pas son petit-ami et visiblement, après cette conversation, vous allez redevenir des étrangers. Alors au diable la politesse et le tact... Vraiment. "Si tu as quelque chose à me dire ou encore à me reprocher, fatigue ou non, tu pourrais au moins être directe ou ne pas faire ce genre de sous-entendu qui pourrait être très mal interprété..." Tu trouves ton propre ton très mesuré, plutôt calme quand on y pense bien, quelqu'un d'extérieur à toute la situation n'y verrait que du feu, sauf que ton sourire habituel a disparu, pareil pour le timbre d'ordinaire léger de ta voix. Tu es tenté de juste la laisser repartir avec un conseil bien avisé, le dernier, et continuer ta soirée avec qui tu le souhaites et quelqu'un qui sait ce qu'elle veut de toi et comment faire pour l'obtenir, sans aucune complication, promesse débile ou attache, mais... Tu es lancé. Tu as envie de te taire, une partie de toi te hurle de te taire sauf que tu ne peux plus et que tu enchaines tout aussi rapidement les mots suivants, n'ayant aucune raison de ne pas lui dire tout ce que tu penses. Vu que Yasmine s'est permise de le faire, autant que tout le monde le fasse... Non ? "Mais ce n'est que moi pas vrai ? Je suis le mec sympa et pas du tout susceptible. Sinon je pourrais commenter et ajouter que non, tu n’as clairement pas besoin d’un ami mais quelqu’un qui va te rassurer en permanence. Qui sera toujours disponible, toujours prêt à se plier à tes règles et qui n’aura pas le droit à l’erreur ..."
For the love of god, stop talking. Tu pourrais écouter cette voix interne, probablement la voix de la raison, sauf que tu réalises, au fur et à mesure de tes paroles, à quel point les remarques de Yasmine sont déplacées. Et à quel point... Quelque part... Au fond de toi, tu lui en veux toujours d'une certaine façon. Pour beaucoup de choses que tu n'as jamais dit, parce que tu t'es contenté d'accuser le coup à l'époque, jouant les petits-amis parfaits, et même maintenant, lors de vos derniers échanges, tu as encore fait des efforts pour ne pas la brusquer. Tu ne sais pas pourquoi, ça te vient trop naturellement avec la brune, c'est plus que ton côté protecteur, ce n'est pas comme avec Ariel ou avec Charlie. Non, c'est plus profond, un peu plus malsain, dès que Yasmine est concernée, ton jugement n'existe plus, ton propre confort ou ce que tu ressens passe au second plan et tu es prêt à te plier en quatre pour la brune. Elle n'a même pas besoin de te le demander explicitement, tu le fais à chaque fois. Tu arrives à toutes ces conclusions brusquement et brutalement, un autre type de sourire se dessinant sur ton visage. "Oh non ça j’oubliais, il n’y a que toi qui peux les faire et ensuite t’excuser... Ouais. C'est logique je suppose." Tu hausses les épaules, le geste exagéré au possible, fatigué de constater que vous en êtes toujours au même point au final. Tu es désormais fixé sur le sujet et plus que blessé et vexé, tu es surtout écoeuré. Car il y aura toujours ce mur entre vous, tu connais la brune, elle ne va pas se mettre à parler et à commencer à te dire ce qui ne va pas, oh que non, si c'était aussi simple, les choses auraient mieux finies il y a des années de cela. Elles auraient même pu continuer au final, mais bon...
Yasmine a fait de son mieux pour te garder sur le pas de sa porte pendant des mois, oui, tu es allé voir ailleurs, tu n'en es pas fier, tu es revenu, tu as essayé d'arranger les choses, sauf que tu ne vas pas rester éternellement dehors et qu'à un moment, tu vas devoir passer à autre chose et réaliser que la dite porte est fermée à clef pour une bonne raison. Elle n'a clairement pas besoin de toi. "Enfin bref, tu as raison sur un point, j’ai pas de comptes à te rendre." Ce soir en particulier, surtout pas après avoir exigé de toi de lui dire quand elle manquait de tact, surtout pas. "Mais hein ... Bonne soirée." Ton regard ne cherche plus le sien, toute ton attention tournée vers la petite boutique et la jeune femme désormais à la caisse qui t'adresse un signe de la main avant de se concentrer sur son portefeuille.
Est-ce que c'est une erreur ? Tu n'en sais rien, tu n'as pas envie de te prendre la tête et quelqu'un veut de toi pour quelques heures et franchement, à cette seconde précise, c'est tout ce qui compte.
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Message(#)(yasmine & edge) i used to love a good surprise, now i'd rather know ahead of time EmptyJeu 19 Sep 2019 - 4:17


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Dans une autre réalité, Yasmine aurait osé être directe. Elle aurait répondu à Edgerton qu'elle le trouvait atrocement hypocrite de se baser sur cinq mois de relation pour étayer l'avis qu'il s'était fait d'elle, et lui rappeler dans la foulée qu'au final, ils ne se connaissaient absolument pas. Ils avaient eu leur vraie première conversation il y avait à peine quelques jours de ça, alors soudainement, parce qu'ils avaient évolué chacun de leur côté et qu'ils avaient enfin consenti à se donner quelque chose l'un à l'autre, quelque chose de vrai et pas seulement des démonstrations d'affections fiévreuses et bien souvent écourtées, tous les deux apaisés par les excuses qu'ils s'étaient présentées, ça faisait de lui un expert du cas Khadji ? Dans cette fameuse autre réalité, elle aurait fait en sorte d'appuyer là où ça faisait mal, exactement comme il était en train de le faire, juste pour le blesser profondément, se prouvant ainsi qu'elle pouvait le faire elle aussi et lui faire remarquer que si elle avait fait des erreurs dans le passé, si elle n'avait pas été parfaitement honnête avec lui, lui non plus n'avait pas tout fait pour que les choses se passent bien. Peut-être qu'il pensait sincèrement que si, parce qu'ils avaient chacun gardé une vision bien précise de leur relation dans laquelle ils occupaient individuellement un rôle précis, plus avantageux que la réalité, préservant avec minutie la dignité qui était la leur et qui atteignait des niveaux différents, mais qui était bien là malgré tout.
Sauf qu'elle n'existait pas, cette autre réalité, et que Yasmine savait pertinemment qu'elle ne se lancerait pas dans le jeu des piques blessantes pour se prouver qu'elle était capable d'être injuste et méchante. Elle se souvenait du très joli sentiment qu'elle avait ressenti lorsqu'elle s'était aperçue qu'ils avaient tourné la page et qu'ils pouvaient se parler sans craindre de revenir sur ce qui les avaient poussés à se séparer, de cette revigorante impression de bouffée d'air qui lui avait fait miroiter qu'au contraire de ces derniers mois, elle réussirait à entretenir un lien avec quelqu'un sans être constamment obligée de se justifier... A ce moment-là, ce n'était plus qu'un lointain souvenir. Evidemment, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même, mais d'un autre côté, le jeune homme lui fit brusquement l'effet de n'avoir attendu que ça pour lui dire ce qu'il avait sur le cœur. Elle s'en voulut beaucoup de lui avoir tendu cette perche. D'une façon toute significative, elle sentit sa gorge se serrer.

Elle s'était montrée maladroite, surprise par la tournure qu'avait prise cette rencontre fortuite, et devant le fait accompli, elle n'avait pas su gérer. Yasmine n'était pas jalouse, mais en même temps, le voir en si bonne compagnie avait réveillé quelque chose chez elle, et ce n'était pas le côté le plus glorieux de sa personnalité – beaucoup plus nuancée que ce qu'il laissait sous-entendre par-delà les observations bancales qu'il avait fait d'elle à l''époque, et qui s'appuyaient sur la majorité de ses insécurités, d'ailleurs. C'est ce qui lui dit de la peine, qu'il soit capable de lui cracher cette vérité à la figure en sachant certainement que c'était ce qui pourrait la faire flancher, la plonger dans une réflexion sur plusieurs jours et la contrarier pour une plus longue durée encore. Mais elle s'interdit de le faire, de démontrer ne serait-ce qu'un semblant de chagrin lorsqu'elle prit conscience que ses petites remarques, pas très finaudes, mais pas très méchantes non plus au demeurant, étaient en train de se retourner contre elle. Non, elle ne lui laisserait pas la satisfaction de penser qu'il avait réussi à l'atteindre, même si ça paraissait évident tandis que le sourire douloureux qu'elle avait laissé poindre disparut de son visage.
La main posée sur le cadre de sa portière, Yasmine suspendit l'action qu'elle avait entamée pour monter dans sa Jeep, et tout en hochant la tête, davantage pour se donner bonne contenance que pour exprimer son assentiment à l'égard de ce qu'Edge venait de dire, elle lui répondit calmement "Au moins, je sais enfin ce que tu penses de moi. Après deux ans, je suis tentée de te dire que c'est un grand pas. Mais puisque ce sera aussi le dernier, tu comprends que je vais m'abstenir de te féliciter de m'avoir percée à jour." Un trait d'humour caustique qu'elle n'accompagna pas de son éternel sourire. En revanche, elle soupira par le nez. Détournant le regard pour le poser sur un panneau publicitaire à l'entrée de la station-service, elle prit un long moment avant de reprendre la parole. Réfléchissant à ce qu'impliquait cette conversation, et puisque que le jeune homme semblait si sûr de lui quand il affirmait qu'elle était du genre à ne laisser le droit à l'erreur à personne, elle prit du temps avant d'exprimer ce qui lui tournait dans la tête. Il avait un culot patenté sur ce sujet, et même si elle n'avait pas envie de se lancer dans un renvoi de balle verbal, pas taillée pour ce combat en particulier, elle se permit d'ajouter après un moment, déglutissant pour faire passer le léger picotement qui lui était monté dans la gorge et qu'elle tacha d'ignorer pendant que, dans son for intérieure, elle s'interdisait de se mettre à pleurer "Juste, si j'étais pas capable de reconnaître ton droit à l'erreur, je serais pas revenue vers toi, Edge. Ça m'a pris du temps, mais je te permets pas de remettre en doute mes intentions. Pas comme t'es en train de le faire en tout cas." Oui, ça avait été un long processus pour elle de se dire qu'elle s'était sans doute montrée trop partiale à propos de son infidélité ; parce qu'elle craignait de connaître les raisons qui l'avaient poussées à aller voir ailleurs, gardant dans un coin de la tête qu'en fait, c'était elle qui avait semé cette graine en soufflant le chaud et le froid, puis en lui demandant d'être patient. Elle n'aurait pas aimé lui avouer ses raisons à elle, elle n'aurait pas aimé le regard qu'il aurait immanquablement posé sur elle lorsqu'elle lui aurait avoué que c'était trop dur pour elle à envisager, que ça la mettait mal à l'aise et qu'elle avait besoin de faire un travail sur tout ça. Pourtant, elle lui avait fait confiance sur certains points, vraiment… mais sur celui-là, elle n'avait pas hésité un instant à ériger un mur pour qu'il ne puisse avoir accès à ce qu'elle cachait. En même temps, elle n'était pas sans ignorer que, si elle avait réussi à lui dire quoi que ce soit à propos de son agression, les choses auraient été plus faciles, et peut-être même qu'ils seraient encore ensemble aujourd'hui ; mais elle n'était pas sans ignorer non plus que ce point-là n'était que le premier d'une longue liste de petites choses qu'elle gardait pour elle depuis toujours et qui l'avait empêchée de s'impliquer davantage dans leur histoire.
Elle passa rapidement sa langue sur ses lèvres, poursuivant en fixant toujours le panneau publicitaire "C'est facile de te reposer sur mes insécurités pour te donner l'impression d'avoir marqué un point, mais t'as tendance à penser que ça fait de toi quelqu'un de malin… et en fait, non ; ça fait de toi un connard, et j'aurais jamais cru que je finirais par te décrire de cette façon. Mais nous y voici, et je m'excuserai pas cette fois-ci." Il avait raison, ils n'avaient pas de comptes à se rendre, alors pourquoi prendrait-elle la peine de faire amende honorable en revenant sur ses derniers propos ? Ce qui est dit est dit, et dans l'immédiat, elle n'avait pas envie d'édulcorer ses pensées pour se donner bonne conscience – elle savait déjà qu'elle dormirait mal, de toute façon. Elle pinça les lèvres, puis dans une autre inspiration par le nez, elle finit par tourner la tête dans sa direction. Elle remarqua qu'il n'essayait plus de chercher son regard, et ça lui allait très bien. Elle n'aurait pas supporté qu'il veuille de nouveau sonder ce qu'elle avait à l'intérieur d'elle pour ensuite retourner contre elle ce qu'il était parvenu à dénicher – elle en avait eu assez pour la soirée, et même au-delà de ça. Après un silence qui s'étira dans l'espace qui les séparait, confirmant de fait qu'ils n'avaient plus rien à se dire, elle prit cependant la peine d'ajouter, avec le même ton qu'elle avait utilisé tout du long ; calme, presque doux, malgré le léger tressautement sur les voyelles qu'elle aurait aimé faire passer avec un grand verre d'eau – signe qu'elle pleurerait sans doute à un moment donné, mais pas tout de suite "Prends soin de toi, Edge." Une note bienveillante qui n'était pas surjouée par ailleurs, qui était même plus que sincère, mais qui sonnait pour de bon la fin précipitée de quelque chose dans laquelle elle avait manifestement mis trop d'espoir. Elle grimpa sur la marche de sa Jeep pour s'engouffrer à l'intérieur, ignorant le tapotis des talons de la compagnie du soir d'Edgerton à qui elle n'accorda même pas un dernier regard.
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Message(#)(yasmine & edge) i used to love a good surprise, now i'd rather know ahead of time EmptyJeu 19 Sep 2019 - 6:18


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{i used to love a good surprise, now i'd rather know ahead of time}
crédit/ griffin-helps (tumblr) ✰ w/ @Yasmine Khadji

Quand la brune est concernée, les choses sont plus que compliquées et il y a beaucoup trop de murmures, beaucoup trop de pensées et trop de bruit pour que tu puisses véritablement te concentrer. Ça a toujours été un problème pour toi, et particulièrement avec Yasmine, être capabale de mettre tout ça de côté pour pouvoir véritablement apprécier ses sourires ou encore une simple conversation. Elle n'a probablement pas conscience de ce qu'elle est en train de faire, là, juste là, avec ses mots... Mais si, la brune est en train d'écraser d'un coup puissant et violent tes dernières limites et les dernières traces de raison, celles qui t'empêchent de dire la vérité, de dire tout ce que tu penses et ce que tu ressens vraiment. Car que s'imagine t-elle ? Qu'en deux ans, tu ne t'es absolument pas remis en question ? Rassuré par tes actes et sans te demander ce qui aurait pu se passer si ? Ton naturel décontracté cache beaucoup plus que tes poings ou ta rage habituelle, là c'est autre chose, des regrets et des mots que tu as répété en boucle, dans ta tête, incapable d'aller de l'avant, car incapable de les dire tout haut, plus maintenant pas vrai ...?
Ses répliques font mal, elles sont bien placées, trop rapides pour être évitées et si vous étiez sur un ring, tu ferais de ton mieux pour placer tes avant-bras devant ton visage pour parer ses attaques et pour pouvoir respirer et penser à tes prochains mouvements. Tu ne devrais sans doute pas comparer cet instant à un combat, cependant, c'est tout l'effet que cela te fait, tu n'as pas d'autres points de comparaison justement, et tu pourrais rire de l'ironie de la situation, car Yasmine n'avait pas envie de monter sur le ring, se considérant comme quelqu'un de beaucoup trop pacifiste. Et pourtant, vous êtes là aujourd'hui, elle a fini par enfiler des gants, trop rapidement pour que tu puisses le remarquer, et la voilà en train de t'acculer dans un coin, comme si c'était un sport qu'elle pratiquait depuis des années. L'insulte arrive, tu ne flanches pas, pas surpris par les mots, simplement pas préparé pour leur force ou l'impact qu'ils ont sur toi, le silence de la station-service trop vrai à cette seconde pour véritablement faire de sens. Elle s'éloigne, tu peux entendre les cris de la foule, ceux de l'arbitre, les battements de ton coeur, un claquement de talons...
"Cinq dollars pour un paquet de chewing-gum, c'est du vol mais hein... On va dire que c'est pour tes beaux yeux... T'as fini ?" La réalité et toutes ses sensations te sonnent, tu es au pied du mur dans ta tête et pourtant, tu ne l'es pas vraiment. Tu ne bouges pas quand elle s'adresse à toi, ou passe ses bras autour de ton cou, rapprochant vos deux corps dans une étreinte sans équivoque. Là encore, tu sais quoi faire, tu connais la danse et tes mains bougent de leur propre accord, trouvant facilement ses hanches, un sourire facile et faux au possile sur ton visage. Tu pourrais partir, juste là, effacer le souvenir de Yasmine et ses mots facilement, te perdre aussi littéralement que physiquement. Sauf que tu aperçois toujours la Jeep du coin de l'oeil... Et ce n'est pas vraiment le genre d'Edgerton Price de ne pas finir un combat. Surtout pas sur une telle note. "Donne-moi juste cinq minutes je reviens." Tu lui lances un clin d'oeil qui veut probablement tout dire, avant de lui indiquer la mustang d'un simple signe de tête et une partie de toi est content qu'elle ne pose pas plus de questions. Un seul problème à la fois pas vrai ? De toute façon, tu as pris ta décision et te diriges d'un pas résolu vers la Jeep qui n'a pas encore quitté les lieux, tu ne sais pas pourquoi mais autant l'utiliser à ton avantage. Si ce sont les derniers mots que vous échangez, tant mieux, tant pis, mais Yasmine ne peut pas penser que c'est l'insulte qui t'a dérangé.
Tu t'en fiches royalement, ton opinion de ta propre personne est basse au possible et ce n'est pas la brune qui va changer ça, personne ne peut changer ça, tu sais ce que tu es, ce que tu vaux, de quoi tu es fait... Personne ne pourra jamais changer cela, oui, une partie de toi espère toujours, après plus de 30 ans qu'un miracle va se produire. C'est complètement idiot non ...? Tu dois sans doute des excuses à la brune car elle a essayé, mais personne ne change, tu en es plus que convaincu désormais. Yasmine est installée derrière son volant et tu es presque content, vraiment, que la porte de sa Jeep ne soit pas encore fermée. C'est assez pour que vos regards se croisent et assez pour que tu prennes la parole. Car tu n'as pas fini, si elle veut tout entendre... Qu'elle entende tout, elle a porté ses coups, tu n'es pas tombé à terre, tu n'as pas déclaré forfait, et dans un sens c'est tragique pour elle. "Tu veux que je sois honnête en fait ? Okay... C'était juste un aperçu de ce que je peux faire, mais vu que tu t'es permis de me juger, de m'insulter, de dire tout ce que tu avais sur le coeur... Je vais faire pareil, ça serait vraiment injuste que tu sois la seule à aller de l'avant." Vraiment injuste. Que Yasmine essaye d'alléger sa conscience ou son âme, peu importe, il y a sans doute une chance pour quelqu'un comme elle, tu sais que le chemin de la rédemption n'existe pas vraiment pour toi. Du moins, il n'existe plus. Tu ne crois pas en quelque chose de supérieur, tu sais que toutes tes actions ont des conséquences plus ou moins longues, et tu as toujours fait face aux tiennes. Ce soir également. "Je suis un connard ? Okay fine, don't care. I can live with that. De nous deux, je suis celui qui a le plus conscience de ce qu'il est et tu sais quoi... ? Ça ne va pas m'empêcher de dormir cette nuit ou toutes les suivantes." Tes problèmes, ton existence chaotique, ça n'a jamais été son prolème tu t'es toujours efforcé de tenir tout le monde loin de tout cela, surtout elle, et surtout avant. Oui, toi aussi, tu as volontairement mis de la distance entre vous deux, pour son bien à elle. Mais tu ne t'es jamais menti à toi-même, ça c'est certain. "Oui, aller voir à ailleurs n'a jamais été correct, je l'ai admis et j'ai eu la décence de te le dire sans essayer de me défaire de ma propre responsabilité. That's on me, and trust me I fucking know it."
Tu ne cherches pas à obtenir son pardon pour cette blessure-là, que Yasmine t'en veuille pour toute une éternité, ce sera justifié, tu n'as pas oublié, et tu n'oublieras jamais. Toi-même surpris par ton geste, surpris de savoir que tu pouvais sombrer encore plus bas, dégoûté de réaliser que tu pouvais être égoïste à ce point-là... C'est bien pour ça que tu te tiens le plus loin possible des relations sérieuses, une partie de toi a compris la leçon et a envie d'essayer, sauf que tu ne t'y risques pas car justement, tu n'as pas oublié. Ce n'est pas quelque chose que tu mérites, tu le sais. Sauf que ce n'est pas une confession larmoyante pour tenter de faire comprendre à Yasmine que tu as saisi le message et que tu ne prends plus cette route depuis ta rupture avec elle. Ce n'est pas le moment où tu t'excuses encore une fois et lui demande pardon. "Mais si je suis un connard, tu es une hypocrite. Une hypocrite finie. Il n'y a absolument pas d'autre mot pour ce que tu fais... à faire croire que c'est juste la surface qui t'intéresse et à vouloir jouer les adultes mieux que tout le monde. Tu m'accuses de me servir de ce soir comme une excuse pour te dire ce que j'ai sur le coeur ? Non Yasmine, tu m'aurais posé la question en me regardant droit dans les yeux, je t'aurais dit la vérité, c'est toi qui as décidé de laisser ta rancoeur parler ce soir et dans un sens tu sais quoi ...? Je suis content qu'on se soient croisés, ici, et maintenant... Qui sait quand tu te serais enfin décidée à m'insulter ou à me dire mes quatre vérités...?" Vous rejouez un peu votre rupture dans un sens, sauf qu'elle semble avoir trouvé le genre de courage qu'elle n'a jamais eu avant... Et tu n'as plus la patience de tout entendre sans sourciller, Yasmine a perdu ce droit il y a bien longtemps. Yasmine n'est plus dans ta vie de cette manière, tu pourrais décider de t'envoyer en l'air avec tout Brisbane et elle ne pourrait rien dire, vous n'êtes plus rien l'un pour l'autre, elle s'en est assurée avant de disparaitre au Niger. "T'as deux ans de retard pour être jalouse ou en colère, t'as pas le droit de me faire culpabiliser Yasmine, j'ai essayé de réparer ce qu'il y avait entre nous... tu aurais pu décider de faire ça à n'importe quel autre moment. C'est toi qui n'as pas répondu à mes messages, c'est toi qui es partie Khadji, et moi comme un idiot j'ai attendu." Tu ne sais plus à qui tu parles à la fin de ta phrase, à Yasmine, à toi-même, tout ce que tu sais c'est que tu n'es définitivement plus en colère, pas comme au début de ta tirade. Tu es fatigué et surtout triste, triste d'arriver à ces conclusions là et tu es certain que cela se lit sur ton visage. Mais à quoi bon hein ? Tu finis par reculer, lui laissant enfin la place de démarrer son véhicule et de mettre le plus de distance entre vous deux.
"Mais ouais t'as raison, je suis un connard. De la tête aux pieds, je suis un connard..." Tu fais deux pas supplémentaire en arrière, haussant les épaules. Tu as retrouvé l'ombre d'un sourire, presque déplacé, presque familier, tu t'en moques, ce n'est plus sa responsabilité désormais. C'est ta dernière pensée avant de te diriger vers ton véhicule, prêt à faire ce que tu fais de mieux.
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Message(#)(yasmine & edge) i used to love a good surprise, now i'd rather know ahead of time EmptyJeu 19 Sep 2019 - 17:02


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crédit/ griffin-helps (tumblr) ✰ w/ @edge price

Yasmine gardait une vision assez nette de sa rupture avec Edgerton. Elle se souvenait précisément de la violence du moment, mais surtout de la sensation abominable de s'être sentie trahie tandis qu'elle avait peu à peu pris conscience qu'elle avait causé leur perte. L'histoire se répétait ce soir, à l'exception près qu'elle avait osé sortir de ses gonds et lui dire ce qu'elle avait sur le cœur. Il y avait autre chose qui différait de l'époque de leur rupture : c'était la colère, la vraie, qui l'animait et qui était dirigée vers le jeune homme. Elle la sentait s'insinuer en elle comme un poison lent, influençant sa façon de se tenir et de s'adresser à lui, même sous le calme apparent avec lequel elle maîtrisait son débit de paroles. Derrière sa douceur et la délicatesse de ses gestes, il y avait autre chose qui cherchait à se frayer un chemin. Ça lui était étranger, et ça l'effrayait.
Il y a deux ans, ce n'était même pas contre le jeune homme qu'elle avait été en colère, pourtant. Si Yasmine avait eu le courage de lui demander les vraies raisons de son écart de conduite, elle aurait été en mesure de les comprendre. Plus encore, si elle n'avait pas été farouchement convaincue d'être la responsable de leur déroute, elle aurait peut-être même fait comme elle faisait à chaque fois en prétendant que ce n'était rien, que ça pouvait arriver ; ils n'étaient plus des adolescents campés sur leurs positions respectives à propos de l'exclusivité, et autant elle croyait en l'amour véritable, elle se permettait d'émettre des doutes sur la monogamie, trop observatrice pour ne pas s'être aperçue qu'à leur époque, il s'agissait davantage d'une chimère que d'une réalité, surtout la trentaine approchante ou entamée. Cependant, elle avait compris, sitôt qu'ils s'étaient posés pour en discuter, que c'était son incapacité à mettre des mots sur ce qu'elle ressentait qui avait engrangé cette situation et que quoi qu'elle ferait ou dirait à partir de ce moment-là, elle ne pourrait rattraper le fait qu'elle s'était jouée de cet homme.

Elle s'était franchement détestée pour ça ; elle continuait à franchement se détester pour ça. Elle avait compté sur Edge pour se remettre d'un choc qui continuait à la tourmenter même deux ans après, elle avait espéré qu'il fasse l'affaire pour atténuer les sentiments qu'elle ressentait pour un autre, et elle avait croisé pieusement les doigts pour qu'un jour où l'autre, elle finisse par enfin tomber amoureuse de lui, toute opinion acquise au sujet de ses qualités et à l'impression de sécurité qu'elle avait quand elle se trouvait avec lui. Elle savait très bien que ça ne lui était pas arrivée, de ressentir d'autres choses, plus profondes, que de l'affection et de l'attirance pour lui – elle était sur la bonne voie, mais le chemin restait long tant elle s'était retenue de ressentir plus, bloquée sur l'idée d'un et si qui la rendait malade. Elle n'avait jamais vraiment cru à leur histoire et d'une certaine manière, même détournée, elle ne lui avait jamais laissé la chance de lui faire accepter l'idée que c'était lui qu'il lui fallait et personne d'autre. Il avait été là durant cinq mois, et pendant ce temps si court, elle s'était aperçue qu'elle se sentait bien. Yasmine s'était accommodée à sa gentillesse, à son humour et à sa présence rassurante ; il lui avait même manqué avant de partir pour le Niger quand elle avait hésité à lui faire savoir qu'elle partait. Quand sa décision avait été prise, elle avait trouvé ça indigne de revenir vers lui aussi tôt juste pour le prévenir que ce serait la dernière fois qu'il aurait de ses nouvelles… et puis la colère qu'elle ressentait contre elle-même était encore trop vive pour qu'elle consente à la mettre de côté et à faire comme si tout ça ne l'avait pas touchée. Ce n'était pas vrai ; dès sa rupture avec Edgerton, Yasmine s'était vu changer. Elle était devenue belliqueuse et lunatique jusqu'à ce qu'elle débarque enfin en Afrique, et que huit mois d'angoisses lui fassent réaliser pour de bon que quelque chose n'allait pas chez elle, et que ce n'était pas la fuite qui résoudrait ce problème. C'était sa tactique de prédilection néanmoins, de tourner les talons pour ne pas avoir à supporter la tension qui la mettait dans tous ses états… Et ce fût de nouveau ce qu'elle choisit de faire après s'être déchargée du poids qu'elle n'avait pas hésité à refiler au jeune homme.
Elle le regrettait déjà ; l'insulte était de trop, elle était déloyale, et ça ne lui ressemblait pas, pas du tout. En montant dans sa Jeep, elle s'aperçut tout de suite qu'elle aurait aimé revenir sur une majorité de choses qu'elle venait de lui dire, même si elle restait profondément en colère contre lui. L'excuse de la fatigue n'était plus suffisante, et quand bien même il l'autoriserait à se répandre en regrets à voix haute, elle garderait à l'esprit ce qui lui avait dit quelques secondes plus tôt ; que tout ce qu'elle recherchait chez les autres ce n'était rien de plus que leur tolérance quand elle laissait échapper un mot de travers. Après avoir replacé ses cheveux des deux côtés de son visage, puis en les recoinçant derrière ses oreilles, elle s'apprêta à fermer la portière de sa voiture, évitant de porter trop d'attention à celle qui se trouvait tout à côté. Elle ne se sentait pas trembler, seulement quand elle tendit la main pour tourner la clef et mettre le contact, elle constata à quel point ses mains vacillaient. Elle se demanda comment elle allait faire pour rentrer chez ses parents en un seul morceau… Mais elle n'avait pas vraiment le choix de toute façon, alors elle prit une profonde inspiration pour se donner un peu de courage à la tâche. Se penchant pour attraper la poignée de sa portière, la voix d'Edgerton raisonna de nouveau dans sa direction. Yasmine croisa son regard à l'instant où elle tourna la tête pour le voir s'approcher de sa voiture. Elle ne sut pas pourquoi, un réflexe idiot sans aucun doute, elle eut un élan de panique qui la fit se décaler très subtilement de l'ouverture de sa portière et redouter l'idée qu'il s'approche encore un peu.

Qu'est-ce qu'il était en train de défendre, comme point de vue, exactement ? Celui qu'ils s'étaient tous les deux, à parts égales, manqués de considération et de respect ? Yasmine le savait, pour autant elle ne dit rien. Retranchée dans le silence, elle aurait aimé détourner les yeux des siens, sortir de nouveau de sa voiture pour lui faire face et ne pas lui donner davantage l'impression d'être un petit animal blessé sur le bas-côté. Mais elle ne réussit à rien faire, si ce n'était l'écouter – et trouver qu'il n'avait pas tort, qui plus est. Le seul moment où elle consentit à ouvrir la bouche pour laisser un filet de voix l'atteindre, ce fut pour dire "Je suis pas jalouse." Et même là, elle trouva qu'elle manquait cruellement de conviction. Aussi, elle ne s'éclaircit pas la voix pour autant quand, après qu'il eut terminé sa phrase et qu'elle resta interdite un instant, frappée par la différence de ressenti qu'ils gardaient chacun de cette époque révolue, elle lui demanda sur le ton pur de l'interrogation "T'aurais vraiment voulu que je reste ? T'es sérieux ? T'aurais voulu que je fasse comme si c'était qu'un détail que tu sois passé au-dessus de la seule faveur que je t'ai demandée de me faire à cette époque-là ? C'est sur ça que t'aurais aimé qu'on construise notre relation ? Sur une promesse de ne plus jamais recommencer ?" Elle laissa filer un rire si furtif qu'elle-même ne fût pas sûre qu'il avait existé pendant qu'elle continuait de le fixer, puis qu'en secouant la tête de droite à gauche, elle ajouta, avec un peu plus d'assurance, malgré son menton qui se mit à trembler dangereusement, et sa voix qui sembla étrangement plus grave lorsqu'elle rouvrit la bouche – une première fois, ratée ; puis une seconde ; et cette fois, ce fût la bonne "T'es tellement convaincu d'avoir toutes les données qui te permettent de te créer ta petite image de moi, Edge. Mais je suis désolée de te décevoir, j'ai jamais prétendue être parfaite. Par contre, t'aurais tellement eu envie que je le sois que ça t'a empêché de prendre en compte ce que MOI je ressentais pour toi." L'emphase sur le MOI, elle la fit un donnant un petit coup du plat de la main sur son volant, faisant légèrement grincer la vieille carcasse de sa voiture. Yasmine se redressa dans son siège, le temps de manœuvrer pour lui faire face sans sortir de son véhicule et poursuivre, les larmes au bord des yeux et la voix pleine de trémolos ; elle n'avait plus la force de s'interdire de flancher, bousculée par tant de choses à la fois qu'elle ne savait plus où elle allait, tâtonnant à l'aveuglette dans l'espoir d'apparaître la plus explicite possible – elle ne supporterait pas une seconde fois qu'il l'accuse de tourner autour du pot, même si c'était à raison "A part me reprocher d'être amoureuse de quelqu'un d'autre, t'as jamais voulu entendre que c'était qu'une toute petite partie du problème, et tu sais quoi… c'est pour ça que j'ai toujours su que ça fonctionnerait pas entre nous." Elle ravala ses larmes, mais pas suffisamment. Yasmine les sentait brouiller son champ de vision et emplir sa bouche. Ce qui ne l'empêcha pas pour autant de reprendre de nouveau la parole à l'instant même où il s'engagea en direction de sa voiture, le sourire aux lèvres – un sourire triste, elle le devina à l'absence de ce petit quelque chose qui la forçait toujours à sourire en même temps qu'il le faisait. Elle aurait pu s'arrêter là, avoir un peu de pitié et le ménager, mais elle était lancée de toute façon "Finalement, j'ai eu raison de pas te faire confiance." Elle mentait, elle lui avait fait confiance, vraiment. Mais il venait de l'achever. Bien que son amour propre se réduisait à peau de chagrin, elle devait riposter. Là, elle voulait lui faire de la peine. C'est ce besoin de le piquer dans son orgueil qui eut raison du barrage qu'elle imposait aux larmes qu'elle sentait toujours gonfler au raz de ses longs cils. Parce qu'elle n'avait jamais ressenti autant de colère à l'égard de quelqu'un auparavant, et qu'elle aurait probablement mieux supporté qu'elle soit dirigée vers quelqu'un d'autre que lui.
Edgerton restait Edgerton, et jusqu'à présent, même si elle avait établi un long silence entre eux au cours de ces deux dernières années, la pilule de son infidélité avalée, elle avait toujours gardé une bonne image de lui et de leur histoire. Elle n'était plus sûre qu'elle resterait intacte après ce soir et pour finir, c'est ce qui la mena à fermer la porte de sa Jeep d'un geste brusque avec la ferme intention de quitter la station-service, malgré son champ de vision brouillé et le tremblement discontinu de ses doigts autour du volant.

rp terminé.
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