| LIZIEL • there is fire and starlight in your veins |
| | (#)Lun 9 Sep 2019 - 11:21 | |
| 5h du matin. Brisbane est encore endormi, la lumière peine à se lever et la main de Lizzie qui arrête son alarme est toute aussi mollassonne. Inutile de dire que ça a été une idée bien pourrie que de se décider à aller faire des photos aussi tôt. Mais la dernière fois qu'elle avait effectué le trajet inverse, à savoir rentrer dans ses draps à cette heure ci, elle avait déploré l'absence de son appareil sous la main. La ville est encore endormie mais se montre sous ses plus belles lumières. Elizabeth n'a rien d'une professionnelle, elle n'a pas l'œil que d'autres ont, elle ne fait ça que pour le plaisir (d'elle et de ses followers). Un moyen comme un autre pour exister, pour ne pas se noyer complètement, pour se raccrocher un peu à cette célébrité, cette notoriété passée et datée. C'est presque pitoyable, comme approche, quand on y pense. Mais elle avait fini par y prendre goût, par se laisser emporter, par être obsédée presque de trouver l'angle parfait, aux reflets les plus sublimes. Alors ce n'est que pour cette passion fugace mais dévorante qu'une heure après, Lizzie se pavane dans les rues de Brisbane, appareil autour du cou et le nez en l'air. Se laisser guider par les nuages, par le ciel qui s'éclaire, par le soleil qui émerge avec paresse. L'hiver arrive à bout et ça se sent. A cette heure ci, il y a ceux qui se lèvent pour aller travailler (ou profiter du monde qui est encore endormi). Et il y a ceux qui n'ont visiblement pas vu leur lit depuis la veille au matin. Ses pas la traînent avec lassitude vers la plage et c'est en tirant sur son joint que ses yeux amandes se posent sur l'étendu d'eau. Lizzie laisse la fumée ressortir de ses poumons tout en aspirant l'air marin de l'environnement. Ça lui manque tellement de se tirer d'ici, de vaquer à ses occupations, de se sentir libre. Être enfermée à Brisbane et en plus à cause de sa mère, c'est vraiment un poids mental plus fort qu'elle n'aurait pensé. Pas étonnant qu'elle se mette à fumer de plus en plus. Elizabeth ne se plaint pas car elle a déjà vu la misère dans les yeux. Mais elle ne peut pas aller contre ce que son corps lui crie, les ressentis qu'elle a. C'est violent, c'est inattendu. Pourtant, elle est revenu plusieurs fois. Mais elle savait que c'est temporaire. Là, depuis près qu'un an, elle se doit de veiller sur sa mère et la date d'un prochain départ n'est pas encore envisagée ni envisageable.
Alors Elizabeth encaisse les reproches de sa génitrice, signe l'arrêt de ses ambitions par une peur trop radicale, se détend comme elle peut d'un étouffement trop prenant un peu plus tous les jours. Mais ce matin, elle pourrait presque oublier tout ça au doux bruit des vagues et du ciel qui se pare de ses belles couleurs matinales d'un ciel presque dégagé. Elle sort son cendrier portable et fourre son mégot dedans avant de choper son appareil et de prendre des cadres pour voir ceux qui seraient le mieux. Alors qu'elle vague sur le paysage, que ce soit sur la plage, la mer ou la ville, l'objectif se visse sur une silhouette qui déboule d'un pas peu adroit. Lizzie fronce les sourcils tout en baissant la caméra, son instinct prévenant ne pouvant s'empêcher de se mettre sur alerte. La jeune Potter se dirige alors vers la frêle corpulence qui se dandine tant bien que mal sur ses deux jambes jusqu'à ce que l'inconnu devient une jeune femme et aux traits qu'elle finit par reconnaître.
Elizabeth se tend tout d'un coup, ses membres et sa tête ne sachant pas très bien comment réagir à la situation. L'aider réellement ou laisser Ariel se démerder ? Elle ignore si elle est d'état à subir l'ambiance étrange qu'il règne entre elles. Alors au final, elle reste plantée là où elle est et brandit son objectif dans sa direction. James reste un personnage hors du commun et elle dénote totalement avec le reste du paysage. Clic, dans la boîte. Peut être que c'est stupide, peut être qu'Ariel ne l'avait pas vu. Un peu vain comme espoir puisque Lizzie se trouve pile dans son champ de vision.
Alors cette dernière finit par se gratter la tête et se diriger vers son amie - parce que c'est ce qu'elles sont. Amies. « Y en a une qu'a visiblement passé une bonne soirée. » Lizzie est une maître dans l'art d'engager la conversation, c'est un fait.
- Spoiler:
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| | | | (#)Lun 23 Sep 2019 - 13:45 | |
| Il est cinq heures, Brisbane ne s'éveille pas encore. Dans les rues désertes il n'y a que les silhouettes oscillantes des derniers fêtards, éparpillés comme des billes à la sortie des lieux de plaisir et d'ivresse, témoins s'il en faut des nuits australiennes qui pour certains ne se terminent jamais. Ariel fait partie de ces silhouettes là, les premiers rayons du soleil découpant et déformant son ombre étendue et maigre sur le pavé. Elle n'a que ses envies comme compas, son instinct qui guide ses pas, comme souvent, non, comme toujours lorsqu'elle arpente les rues de la ville, croisera plus tard ceux qui se lèvent à l'heure où elle se couche. Sans skate, elle laisse ses jambes faire le travail, marcher tout droit, tourner à droite, à gauche, nonchalamment, paresseusement, jusqu'à fouler du bout de la chaussure la plage artificielle construite au coeur de la ville. Ça ne vaut pas la côte, la vraie, le sel et le sable, les embruns de l'océan ; pourtant, délaissé des touristes et des locaux, l'endroit désert s'offre à elle plus accueillant qu'il ne l'a jamais été. On est bien, ici, pense Ariel. Tituber dans le sable, le monde pour soi ; l'étendue d'eau qui scintille doucement à la lumière matinale. Damn, elle devrait plus souvent traîner dans les rues de bon matin. Pas sûre qu'elle arrive à se lever en temps normal, c'est sûrement plus intelligent de ne pas se coucher, de se perfuser à la vodka pour tenir jusqu'à l'aube et ensuite débouler dans le paysage. D'ailleurs elle se sent bien, parfaitement bien même : aucune migraine en vue, pas de nausée, pas de fatigue. Si c'est la recette du bonheur et de l'insouciance elle remet ça dès ce soir, et même qu'elle prendra son ordinateur pour finir d'écrire ses articles ou ses commandes. Personne ne viendra l'emmerder de si bonne heure, l'éthanol sera son carburant pour son inspiration et lorsqu'elle aura terminé elle pourra dormir tout l'après-midi. C'est la meilleure idée qu'elle ait eu, non, c'est même génial - elle est à ça d'écrire un bouquin de développement personnel.
Tout à ses rêves de gloire, elle ne remarque pas de suite qu'elle n'est plus seule dans son périmètre, qu'une autre silhouette autrement plus stable a fait irruption dans sa bulle de sérénité. Ce n'est que lorsque l'autre, immobile, devient suffisamment proche pour qu'Ariel puisse distinguer ses traits qu'elle s'en aperçoit. Elle se fige aussi, fait face à un objectif pointé sur elle. Un ange passe, et Ariel ne bouge pas. Elle attend, elle fait ça très bien, de laisser aux autres les initiatives. Ça ne manque pas. Impact dans trois, deux, un...
La remarque introductive de Lizzie fait sourire Ariel. "Elizabeth Potter, répond-t-elle simplement, les lèvres s'enroulant autour d'un rictus malicieux, les syllabes qui s'allongent sur sa langue, les sonorités avec lesquelles elle joue. Elizabeth Potter, Lizzie pour les intimes et le reste du monde. L'enfant prodige de l'Australie. Elle continue sur le même ton, sa lucidité altérée rend difficile de savoir si c'est de l'humour, ou s'il s'agit d'une mesquinerie pourtant étrangère à Ariel qui pointe son nez. Well, yes. Pas toi? Remarque, j'aurais p'têtre passé une meilleure soirée si j'avais su que t'étais dans le coin... ou pas, en fait. Résumer leur relation en une phrase? Check. Les sourcils de Lizzie se froncent brièvement, et Ariel dans son brouillard très personnel décide de lui trouver un petit air contrarié... yay. C'est si drôle de faire tourner la starlette en bourrique. Ça vaaaaa, je plaisante presque. Bon alors, elle jette un regard aux alentours, désigne les environs déserts. T'as rien de mieux à faire que de te lever à l'aube pour photographier les belles filles qui sortent de soirée au petit matin? Ou alors c'est le seul moment pendant lequel tu peux échapper aux paparazzis et sortir sans devoir signer des autographes? Si c'est le premier cas j'suis flattée." Elle lui adresse un clin d'oeil. Pas sûre que Lizzie soit équipée pour faire face à une Ariel ivre si tôt dans la journée.
Dernière édition par Ariel James le Lun 16 Déc 2019 - 22:25, édité 2 fois |
| | | | (#)Mer 2 Oct 2019 - 7:21 | |
| « Elizabeth Potter. L'enfant prodige de l'Australie. » Lizzie pourrait maugréer. Elle pourrait râler, elle pourrait rouler des yeux, elle pourrait pester. Elle pourrait aussi tourner les talons, repartir dignement, faire comme si elle n’a rien vu, ni les yeux hagards ni les mèches scintillantes d’Ariel. Mais ce n’est pas son genre. Lâche mais avec le sourire, s’il vous plaît. Et clairement, James n’est pas dans son état naturel. Il n’y a pas besoin d’avoir des lunettes double foyer ni un diplôme en psychologie ou comportement humain pour le voir. La femme aux cheveux argentés se dandinent comme elle le peut sur ses cannes et Lizzie arque un simple sourcil. Chercher les problèmes n’est pas son genre, entrée en conflit encore moins. Mais le terme ‘’enfant prodige’’ prononcé avec un rictus acerbe, aux tonalités raillardes, Elizabeth décrète qu’elle n’aime pas ça. C’est vexant, c’est humiliant et ça remue le couteau dans la plaie. Il n’y a rien de prodigieux en elle, il y a juste un début prometteur, une cascade vertigineuse sans attache et après une succession de décisions de fuite et d’échecs. Rien dont elle puisse se vanter, rien sur lequel elle peut se raccrocher, avoir une fierté propre. Et en plus, elle joue les ingrates avec sa génitrice – mais ça, elle considère qu’elle en a le droit. Alors Lizzie croise les bras et reste la bouche close, attendant certainement qu’Ariel continue sur sa lancée. Ce qui ne manque pas. « Well, yes. Pas toi? Remarque, j'aurais p'têtre passé une meilleure soirée si j'avais su que t'étais dans le coin... ou pas, en fait. » Sourcils froncés qu’elle se prend cette remarque en plein dans la tronche. Pourquoi ça a l’air si compliqué avec Ariel ? Pourquoi est-ce que Lizzie a le sentiment qu’il y a quelque chose, un truc qui gène une amitié qui pourrait être vachement plus belle, moins teigneuse, moins malicieuse ? Ce n’est peut-être qu’elle qui ne voit que ça. Pourtant, Lizzie est (très) attachée à Ariel. C'est presque frustrant à la longue de pas mettre le doigt sur le mal qui blesse. « Ça vaaaaa, je plaisante presque. Et Lizzie pourrait la croire. Presque. Bon alors, t'as rien de mieux à faire que de te lever à l'aube pour photographier les belles filles qui sortent de soirée au petit matin? Pourquoi, jalouse de savoir que tu n'es pas le centre de mon petit univers de paillettes, Ariel ? Ou alors c'est le seul moment pendant lequel tu peux échapper aux paparazzis et sortir sans devoir signer des autographes? Non, ce problème a été réglé et résolu il y a un moment. Si c'est le premier cas j'suis flattée. » Voilà, bien ce qu'elle peut penser.
Lizzie n'est pas vraiment surprise. Elle a même cet espèce de sourire mélancolique coincé sur le visage. D'une époque où Ariel était un peu moins mordante avec elle. Elle cherche encore à savoir d'où ça vient, pourquoi James s'accorde à ce point à laisser planer un taureau, un éléphant même d'un quelque chose que Lizzie ne comprend pas. Et l'alcool qu'elle a ingurgité n'aide visiblement pas à l'adoucir, surtout à son égard. « Visiblement, je ne choisis pas n'importe quelle fille à photographier. » Ou alors que l’univers a un sacré sens de l’humour. Parce qu'Ariel n'est comme les autres. Elle a un charisme, une aura, un truc. Et surtout elle a été là lors de sa rupture. Elle l'a accueilli, recueilli et disons qu'elles en avaient quand même bien profité. « C’est moi la paparazzi, en l'occurrence. Tu crois que tu peux me faire un sourire pour tes futurs fans ? » Ceux que tu n'auras jamais si, comme moi, tu ne te décides pas un jour à te bouger le cul pour autre chose que de sortir et picoler. Lizzie lève son appareil, un sourcil relevé.
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| | | | (#)Ven 1 Nov 2019 - 23:04 | |
| Les petites heures du matin sont les plus insouciantes. Surtout quand elle est ivre - dans le cas contraire, il est rare de la trouver hors de son lit, le sommeil encore agrippé à son maigre corps. Là, le soleil déjà levé, les seules choses qui s'accrochent à son enveloppe physique sont le vent et l'air triste de Lizzie. Ah, elle va encore passer pour la méchante. Elle porte bien la mélancolie, Lizzie, le regard nuances regret et le sourire qui ravive la mémoire de temps meilleurs. Ses si jolis cheveux clairs qui encadrent son si joli visage, ses doigts délicats qui s'agitent autour de l'objectif... Elle est une oeuvre d'art, et Ariel songe avec amertume qu'elle était faite pour être peinte, pour être une muse de cinéma, éternelle et intouchable. Dans ce qu'elle ne pourra jamais concevoir s'avouer, elle lui reproche sa grandeur et sa décadence, l'envol sublime et le crash terrible. Ça lui fait drôle d'être sur le même plan terrestre qu'elle, là, au milieu de la ville dans un moment incongru comme un rendez-vous secret. Elle la fuit, Ariel, sans en avoir conscience mais sans pouvoir éviter d'en avoir l'air. Elle la fuit comme elle fuit tous ceux et tout ce qui lui rappelle qu'elle pourrait avoir et être mieux. Noie ses déboires, surfe sur les vagues de l'ivresse pour achever de se convaincre encore et encore que les murs qu'elle a construit autour de sa vie sont un horizon plus intéressant que ce qu'il y a derrière. D'où ses pas imprécis sur ce petit bout de plage.
Elle voudrait bien que Lizzie soit méchante. Juste un peu, pour partager son infortune, pour rendre plus douce sa peine. Qu'elle l'envoie au tapis avec un commentaire bien sonné qui puisse donner à Ariel un rictus de plaisir, la jubilation du médiocre qui rencontre l'hostile. Mais Lizzie ne daigne pas lui faire cette faveur, la regarde avec ses grands yeux marron pour rétorquer une boutade dénuée de saveur sarcasme. Classic Potter.
"Je te l'accorde, y'a bien que moi pour traîner ici à c't'heure là. Sacré hasard de se trouver là en même temps. C'est un fait. Mais j'suis quand même flattée." C'est aussi un fait, mais le sourire qu'elle laisse volontairement tordre la commissure de ses lèvres est fait simplement pour jeter le doute. Quant au sourire... "Pourquoi futurs? J'ai plein, plein de fans j'te ferai dire... Elle illustre son argument d'un haussement de sourcils suggestif. Et tu sais bien que je ne souris jamais. Rarement, en tous cas. Ou si elle sourit sans raison, plutôt que de se réjouir, c'est le signe qu'il faut se méfier. Qu'un mauvais coup se trame, qu'une idée aux conséquences désastreuses est en train de germer dans son esprit. Quoique... Si c'est pour toi, je peux faire un effort." La blonde s'exécute, non sans une touche d'ironie, mais suffisamment longtemps pour permettre à Lizzie de prendre un cliché.
"J'pourrais être ton modèle." Pas évident pour quelqu'un qui ne supporte pas les ordres ni les contraintes, mais logique pour quelqu'un qui n'a pas bu une goutte d'eau depuis environ dix heures. Ça ne se discute pas. Et maintenant qu'Ariel a Lizzie sur les bras, elle ne sait pas quoi faire. Elle pourrait fuir, encore, toujours, prétexter une excuse bidon pour se tirer d'ici et laisser la photographe en plan pour cadrer tristement un énième cliché de paysage. Ou alors... "J'allais rentrer chez moi... je crois. ajoute-elle après un instant, confuse. C'est ça ou marcher jusqu'à ce qu'elle ait suffisamment dessoûlé pour ensuite rentrer et dormir. Ou trouver une autre fête, rentrer parce-qu'elle a vu la lumière, et faire passer son état d'ivresse heureuse à cuite calamiteuse. Alors elle se reprend, regarde la jeune photographe avec un air de concentration soudain. "Si tu m'accompagnes t'auras peut-être droit à un nouveau joli sourire, Lizzie. Après tout, t'es bien une de mes fans, non?"
L'invitation se veut un peu sournoise, d'un ton suffisamment cordial pour se présenter comme une vraie proposition, et pourtant suffisamment étrange de la part d'Ariel pour faire naître la méfiance chez Lizzie. Le bon équilibre. Et donner à la photographe le choix: vous accompagnez Ariel, allez page 12. Vous choisissez de passer votre chemin et laisser l'ivrogne se débrouiller seule, rendez-vous page 8. Les conséquences sont imprévisibles, et c'est à elle que la journaliste refile le dilemme: poursuivre leur relation improbable ou abandonner tout espoir de réconciliation. Ariel elle-même n'est pas certaine d'avoir envie de passer la prochaine demi-heure avec Lizzie. En fait, elle n'est certaine de rien concernant l'ancienne star, et c'est là que réside le noeud du problème.
"Et tu pourrais même en profiter pour m'offrir un café."
Mais pour sa défense, elle est encore sous influence, et tout ce qu'elle pourra dire, ou faire, ne pourra pas être retenu contre elle.
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| | | | (#)Sam 16 Nov 2019 - 23:16 | |
| « Je te l'accorde, y'a bien que moi pour traîner ici à c't'heure là. Sacré hasard de se trouver là en même temps. C'est un fait. Mais j'suis quand même flattée. » C’est une grosse coïncidence mêlée peut-être à un nouveau doigt d’honneur de la part de l’univers. Tomber sur Ariel, c’est un peu comme tomber sur la pomme empoisonnée de Blanche Neige ; reluisante et magnifique de l’extérieur, mais une fois qu’on croque et qu’on creuse, il y a un goût de putréfaction qui vient vous gonfler le palais et répugner votre gosier. Pourtant, avec Ariel, le début avait été plus que positif. Elle l’avait irrémédiablement attiré et elles se sont retrouvées dans les mêmes draps sans même comprendre comment c’est arrivé. Mais James a quelque chose d’attirant, elle a toujours eu ce petit truc différent des autres. Même au milieu de la foule, sa nonchalance négligée (mais travaillée et cultivée, Lizzie en est sûre) happe le regard et hurle l’envie soudain de se rapprocher, de lui faire casser cette carapace et d’y entrer pour savoir exactement ce qui se passe dans sa tête. Elizabeth ne se vante pas d’avoi réussi à percer à jour Ariel James, dont même le nom est une véritable poésie en soi. Et pourtant, elles se croisent, elles bifurquent avant d’avoir leurs trajets qui finissent toujours par se retrouver. Donc un hasard, c’en est un. Mais elles devraient être habituées, à force. « Peut-être que ce n’est pas si hasardeux que ça. J’en ai fait exprès, qui sait ? » dit-elle doucement en haussant les épaules, un léger sourire au coin des lèvres. Même si c’est totalement faux évidemment, qu’elle n’est pas sa colocataire, qu’elle ne piste pas les gens. Elle ne sait pas faire, tout comme elle ne sait pas comment faire pour gérer les remarques d’un Ariel sous éthanol. L’australienne caresse machinalement son appareil, à mi-chemin entre son œil et ses lèvres. En attente perpétuelle, comme aux aguets de savoir si James va jouer le jeu ou pas. « Pourquoi futurs? J'ai plein, plein de fans j'te ferai dire... » « Je ne vois personne. » « Et tu sais bien que je ne souris jamais. » Mais Lizzie sourit un peu plus en faisant la moue. « Quoique... Si c'est pour toi, je peux faire un effort. » Une phrase qui finit par accentuer les pommettes saillantes de son visage sous un trait de ses lèvres qui s’agrandit. « So you can be a good girl. » Elle viendrait presque à croire que ce n’était pas possible. Lizzie a la caméra qui est à peine arrivée à son œil que son doigt frôle déjà le bouton pour capturer l’instant. Parce qu’Ariel a fini par sourire, que même si c’est un peu maladroit, qu’elle a les yeux qui brillent d’une lueur différente, il ne faut pas manquer ça. « J'pourrais être ton modèle. » Elizabeth finit par relâcher la caméra qui vient se tenir à bout de sa corde autour de son cou. Elle plonge ses mains dans les poches arrière de son jean tout en hochant la tête. « Evidemment que tu pourrais. » Même si Potter ne cherche pas forcément à photographier les humains. Elle préfère les instantanés, les pris sur le fait, les naturels. Une sortie de soirée arrosée au petit matin est un cliché parfait en soi. Même si c’est Ariel.
« J'allais rentrer chez moi... je crois. » Elizabeth fronce les sourcils mais pince les lèvres pour éviter de répliquer. Une incertitude, un doute, l’envie naturelle de vouloir aider son amie. Parce qu’elles sont censées l’être, amies, n’est-ce pas, Ariel ? Est-ce que c’est là une énième tentative de fuite de ta part ? Voilà quelque chose qui ne surprendrait absolument la jolie brune, qui reste pourtant patiemment sur ses deux jambes dans l’attente de la suite. « Si tu m'accompagnes t'auras peut-être droit à un nouveau joli sourire, Lizzie. Après tout, t'es bien une de mes fans, non? » Voilà Lizzie qui hausse les sourcils de surprise. « Et tu pourrais même en profiter pour m'offrir un café. » Elle nage en pleine incompréhension. « J’aurai presque envie de savoir si c’est l’Ariel bourrée qui dit ça ou si tu le penses sincèrement. Mais ne dis rien. Laisser planer le doute a toujours été une de tes spécialités. » Et c’est bien là la source première du problème. Elles naviguent toutes les deux sans vraiment où se diriger et elles se retrouvent devant des icebergs aussi solides que des rochers. La jolie brune passe une main dans sa nuque avant de faire un signe de tête à Ariel. « Allez, viens. On va marcher un peu et te gorger de caféine. Si ça me permet en plus d’avoir un autre sourire, je ne vais pas dire non. C’est bien trop rare pour laisser passer l’occasion. » Elizabeth aurait presque envie de lui attraper le poignet, ou la main, pour pouvoir la diriger vers le premier café qui sera ouvert à cette heure-ci, mais elle retient ses doigts pour elle. Tout ce qu’il faudra pour qu’Ariel redescende un peu et surtout, qu’elle atterrisse chez elle en un seul morceau. Lizzie ne peut décemment pas la laisser toute seule arpenter les rues de Brisbane dans cet état. Ce n’est pas son genre de laisser une amie en détresse. Même si Ariel lui ferait sûrement ravaler sa définition de l’amitié. « La soirée a donc été vraiment bonne, hein ? »
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| | | | (#)Dim 8 Déc 2019 - 14:06 | |
| Elle lui lance un regard dont elle a le secret, James, un regard qui enflamme ses yeux verts et reflète la lumière du soleil. Lizzie ne se tient qu'à quelques mètres d'elle, répond à ses remarques incohérentes avec cette délicatesse qui la caractérise, et qu'elle lui a toujours connu ; prudente, l'actrice - elle lui fait penser à ces enfants qui s'approchent trop près de la mer et qui se mettent à courir lorsque l'eau arrive et menace de les mouiller. Ça l'arrange, aussi, de ne pas être sobre ce matin, d'être ce bateau ivre qui tangue sans se soucier de prendre l'eau. Il lui faut bien ça pour affronter Lizzie et les nuances de ses yeux bruns, qui posent des questions muettes et formulent un jugement doux... mais ce n'est pas encore assez pour prétendre que la suggestion de Lizzie contient une once de crédibilité. "Oh, please... si y'a bien une chose que tu ne ferais pas exprès, c'est venir à ma rencontre." Le fantôme d'un sourire danse sur ses lèvres et peut-être que la réciproque est plus vraie que l'affirmation - elle préfère penser que leur partie d'échecs les laisse toutes les deux dans une impasse, plutôt que d'envisager Lizzie comme faisant un premier pas vers elle. Mais elle hausse les épaules, se prête au jeu, presque joueuse, toujours à trop s'approcher du danger... quoique pour l'actrice, elle est un danger. "You know I'm not a bad girl, but I do bad things with you..." Des paroles qu'elle fredonne sans savoir d'où ça lui vient, ni qui les chante, juste deux phrases qui servent de réponse au commentaire presque trop taquin de la brune. Ariel n'a rien d'une good girl, si elle obtempère c'est forcément parce-qu'elle attend quelque chose, parce-qu'il y a un prix pour ce sacrifice, c'est forcément intéressé. On est toujours sur cette même dynamique, un sourire et une pieuse obéissance n'augurent jamais rien de bon, et ça l'amuse de voir la jolie Lizzie se prendre les pieds dans ses filets. Malgré elle. Malgré elles.
Ce n'est pas calculé: Ariel est beaucoup de chose mais pas manipulatrice. Elle suit son instinct, place ses pions selon l'envie du moment et il n'y a pas de stratégie. Mais lorsqu'une action produit un résultat ça l'encourage à recommencer, et son sourire qui se prête au jeu semble adoucir Lizzie ; juste assez pour lui donner envie de voir jusqu'où ça peut aller. Comme ça. Pour voir. Ça fait longtemps, après tout. Alors l'invitation suspend ses promesses dans l'air, et la blonde lit sur le visage de Lizzie une expression de surprise presque candide, une confusion impossible à feindre. Elle en rirait presque, et l'adrénaline soudain déclenchée se déverse petit à petit dans ses veines. C'est le début de quelque chose de neuf, Lizzie entre deux eaux à devoir faire un choix: la confiance ou la méfiance. Elles se sont toujours balancé entre les deux, mais jamais si directement. La jeune femme n'a aucune idée de ce qui peut leur arriver, elle n'a aucune idée de ce qu'elle va leur faire vivre, mais l'inconnu est son domaine. Si l'une d'entre elles doit y laisser ses plumes, ce ne sera certainement pas Ariel.
D'ailleurs Lizzie lui confirme qu'elle le sait: laisser planer le doute a toujours été une de tes spécialités. Un sourire espiègle, elle esquisse une fausse révérence. "Et je détesterais décevoir." Ça ne lui fait que trop plaisir de ne rien dire, de ne pas avoir à s'expliquer. Une seconde d'hésitation semble s'étirer sur mille ans, et finalement Potter capitule. Le mirage d'une promesse trop alléchant pour passer à côté, t'as trop de bonne foi, Lizzie. Elle serait presque tentée de lui offrir un authentique sourire mais ce serait trop facile. Tester les limites, ça aussi c'est sa spécialité, et malgré l'heure matinale et les conditions, elle est toujours prête à s'adonner à cet exercice.
Elle lui emboite le pas, l'ombre distordue de sa silhouette maigrichonne marchant en ligne presque droite au rythme des pas de sa voisine. Un silence s'installe une seconde avant d'être rompu par une question presque ordinaire. Normale. Elle devrait peut-être se réjouir que Lizzie prenne de ses nouvelles - ce n'est pas aussi frontal qu'un comment vas-tu, mais ça indique un certain souci, et il n'en faut pas plus à Ariel pour se vexer inexplicablement, pour vouloir répondre, qu'est-ce que ça peut te foutre, de toute évidence si sa soirée n'avait pas été bonne elle ne serait pas ici en train d'arpenter les rues désertes à la recherche d'un peu de paix, mais se trouverait plutôt en train de vomir ses tripes ou dans une cellule provisoire jusqu'au lendemain matin. Elle ne voudrait surtout pas risquer de passer pour une gentille, de donner à Lizzie l'impression qu'elle est assez naïve pour imaginer une normalisation des relations ; mais elle ne veut pas non plus braquer la jeune femme et risquer d'achever prématurément ce qui est en train de se tisser à nouveau entre elles. Comme d'habitude, le mouvement de ses épaules vient remplacer toutes les précisions qu'elle pourrait détailler. "Pas trop mal. Mais vraiment pas intéressant... Elle tourne son visage vers Lizzie. Leurs pas les éloigne de la plage, elles se rapprochent des immeubles hauts du centre-ville. C'est vraiment la première question que t'as envie de me poser? Savoir si c'était une bonne soirée?" Quand Ariel est quelque part, ce ne sont que des bonnes soirées, Lizzie devrait le savoir.
"J'suis sûre que tu peux mieux faire. Le premier café est au moins à dix minutes de marche, je ne vais pas te faire le compte-rendu des verres que j'ai bu là-bas pour passer le temps." Vu le nombre de verres enfilés elle pourrait sûrement les décrire pendant ces dix minutes, mais ce ne serait pas drôle. "Come on Lizzie, tu m'accompagnes, tu acceptes de m'offrir un café... un bout de chemin ensemble c'est pas anodin hein, tu fais pas ça simplement pour t'assurer que mes soirs ne sont pas tristes ou solitaires. En plus on sait toutes les deux que je suis déjà rentrée chez moi dans des états bien pire que ça."
Come on, give me something to play with.
Pas qu'elle ait envie de répondre aux questions, pourtant, Ariel. Mais elle veut juste s'amuser. Et tester les limites... Les siennes, et surtout celles d'Elizabeth.
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| | | | (#)Mer 11 Déc 2019 - 7:53 | |
| « Oh, please... si y'a bien une chose que tu ne ferais pas exprès, c'est venir à ma rencontre. » Lizzie soupire devant l’espèce de sourire que lui fournit Ariel. Pourquoi il faut toujours qu’elle complique tout, comment elle a cette capacité incroyable de tout foutre en vrac en une seule phrase, en quelques brides de mots ? Les yeux verts de James sont pétillants malgré l’ivresse, est-ce que c’est l’alcool qui la rend comme ça ou juste la perspective réjouissante de pouvoir la torturer un peu avant de voguer vers d’autres aventures matinales ? Elizabeth n’est pas sans savoir que l’éthanol qui doit parcourir son système sanguin ne va pas apaiser ce qu’Ariel peut avoir comme ressenti à son égard, sans qu’elle ne sache vraiment la véritable raison. La blonde platine possède tous les secrets, toutes les réponses de cette espèce de rancœur qu’elle dégage envers elle et la brune n’a rien d’autre à faire que de la regarder, de prendre les coups sans savoir comment réagir. Marcher sur des œufs est devenu une habitude, prendre soin de ce qu’elle dit est devenu un art en soi. « You know I'm not a bad girl, but I do bad things with you… » Elle fredonne, le petit ange blonde, et Lizzie penche la tête par-dessus son appareil, parce que ‘bad things’, elle lui en a faites mais surtout de la plus délicieuse des manières. La jeune Potter déglutit, pince ses lèvres puis sa joue intérieure mais laisse couler. Elle laissera à Ariel toute la capacité de nommer tout ce dont elle ne ferait pas exprès selon elle sans qu’elle l’affirme ou non. Parce que déjà qu’en temps normal, il est compliqué d’avoir une conversation avec James, c’est encore pire si celle-ci a bu.
« Et je détesterais décevoir. » « Ce n’est pas dans tes habitudes, effectivement. » De décevoir, de ne pas être franche, de toujours tourner autour du pot sans jamais entrer dans le vif du sujet. Il y a un éléphant dans la pièce mais l’une comme l’autre essaie toujours de le faire passer pour une souris ou, pire, pour une mouche. Un détail sans importance, juste une nuisance qui ruine l’environnement. Lizzie n’est pas plus courageuse qu’elle, ceci dit, n’osant jamais demander pleinement ce qu’il se passe dans la cabosse de la blonde pour enfin pouvoir mettre le doigt sur ce qu’il ne lui convient pas. Parce que Lizzie est comme ça, elle n’aime pas les conflits mais en même temps, elle peut se rendre malade si on a un problème avec elle. Et c’est encore pire si on ne lui dit rien, qu’on prétend que tout va bien quand rien ne va - petite hypocrite qu’elle peut être, elle qui fait exactement pareil. Des talents d’actrice quotidiens, qu’elle use et abuse à chaque fois qu’elle sort de chez elle. Faites ce que je dis mais pas ce que je fais, ring a bell ?
« Pas trop mal. Mais vraiment pas intéressant... » Lizzie observe Ariel du coin de l’œil - pour s’assurer que sa démarche est plus ou moins droite, ce qui est à peu près le cas malgré son épaule qui rentre parfois dans le sien. « C'est vraiment la première question que t'as envie de me poser? Savoir si c'était une bonne soirée? » Elizabeth hausse les épaules dans un geste machinal, ses doigts finissant dans ses poches, les phalanges tâtant instinctivement sa boite et son briquet. « Tu veux que je te demande quoi, Ariel ? Est-ce que tu vas bien, Ariel ? Est-ce que tu es tombée amoureuse la nuit dernière, Ariel ? » Est-ce que parfois tu penses à ton comportement injuste et inexplicable à mon égard, Ariel ? Des questions, Lizzie peut en poser des centaines mais ses lèvres restent closes alors qu’elle finit par sortir de quoi se fabriquer un petit mégot bourré d’énergie. Elle en a besoin - c’est une illusion, c’est faux mais c’est ce qu’elle pense. Tout comme l’illusion dans laquelle se berce visiblement Ariel qui cherche quelque chose d’elle mais encore une fois, sans savoir ce que c’est.
« J'suis sûre que tu peux mieux faire. Le premier café est au moins à dix minutes de marche, je ne vais pas te faire le compte-rendu des verres que j'ai bu là-bas pour passer le temps. » Lizzie garde les yeux concentrés sur la préparation de son joint, distraction bien accueillie pour ne pas répondre. Elle n’a pas besoin de savoir ce qu’Ariel a bu, il n’y a qu’à humer son haleine jusqu’ici et voir ses pupilles dilatées pour comprendre qu’elle a sûrement pris un peu de tout. Mais pas assez pour finir avachie au sol, gardant une certaine dignité et grâce dans ses pas. « Come on Lizzie, tu m'accompagnes, tu acceptes de m'offrir un café... un bout de chemin ensemble c'est pas anodin hein, tu fais pas ça simplement pour t'assurer que mes soirs ne sont pas tristes ou solitaires. En plus on sait toutes les deux que je suis déjà rentrée chez moi dans des états bien pire que ça. » C’est bien ce qu’elle pense. Lizzie soupire en relevant la tête pour croiser le regard d’Ariel avant de sortir son briquet pour allumer son mégot. « Ce n’est pas parce que c’est pas anodin qu’il y a forcément quelque chose de louche en-dessous. » Surtout venant d’elle, qui veut juste être sûre qu’Ariel soit vraiment bien. Car cette dernière a beau s’amuser avec les boutons chaud/froid, la brune ne souhaite que son bien. Comme elle le veut pour tous. Mais puisqu’Ariel semble s’ennuyer.
Lizzie se dit que ce n’est pas anodin si elle l’a croisé dans cet état-là. Elles arrivent dans une rue plutôt calme pour l’heure, commerçante en heure de pointe. Son regard vogue sur les devantures des vitrines, se lamentant intérieurement de toutes ces façades qui restent illuminées même la nuit pour absolument rien du tout. Elle tire un coup sur son joint dans un soupir d’aise alors que ses yeux bruns captent la brillance d’une vitrine de bijoux. « Je suis sûre que tu fais en sorte que tes soirs ne sont pas tristes. On peut toujours compter sur toi pour mettre de l’ambiance, même si ce n’est pas forcément la meilleure, n’est-ce pas ? » Parce qu’Ariel n’est pas forcément un rayon de soleil alors il n’y a pas à penser à ce que les ambiances soient des plus saines quand elle est dans les environs. « Ceci dit, je suis surprise que tu ne sois avec personne, là… A part si tu ressors de chez quelqu’un. » Fuir ne serait pas quelque chose qu’elle pourrait lui reprocher de faire, elle qui fait la même chose. Lizzie tire la manche d’Ariel comme une enfant pour l’entraîner vers la façade de la bijouterie. La lumière du ciel colore la brillance des parures et des bagues, les rendant bien plus attrayantes. La jeune Potter avale une nouvelle bouffée de son joint. « Il y a des années, j’aurai pu m’offrir ce genre de trucs. Maintenant, cela n’est qu’une triste illusion. Tu penses que ça pourrait m’aller, ça ? » dit-elle en pointant du doigt un collier fin, orné de deux petites pépites brillantes turquoises, elles-mêmes entourées de petits contours de tâches de brillant. A vrai dire, Lizzie n’aurait rien à mettre avec ce genre de bijou mais cela ne l’empêche pas de sourire à Ariel en lui posant la question, une simple habitude. « Chiche de le voler, James. » Le menton relevé de défi, Elizabeth ne pense pas qu’Ariel irait aussi loin. Mais est-ce qu’elle connait vraiment les limites de la blonde platinée ? Est-ce qu’elle la connait assez tout court pour pouvoir prétendre ça ? Situation délicate, qui peut virer à l’orage en un instant.
Mais parler des pâquerettes en ignorant la tempête, un art qu’elles maitrisent fort bien toutes les deux, après tout.
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| | | | (#)Ven 13 Déc 2019 - 19:47 | |
| Comme à son habitude Ariel appuie sur les endroits sensibles pour espérer une réaction. Elle se fout bien des banalités, elle se fout bien de raconter ses soirées à Lizzie alors qu'il y a un océan de non-dits entre elles, et qu'elle se sent d'humeur à badiner. Alors elle observe l'ancienne étoile hausser les épaules, ses yeux bruns chercher le ciel, et finalement son air pincé se décider à lui répondre. "Tu veux que je te demande quoi, Ariel ? Est-ce que tu vas bien, Ariel ? Est-ce que tu es tombée amoureuse la nuit dernière, Ariel?"
Son éclat de rire est aussi soudain qu'imprévisible et résonne autour d'elles dans le désert urbain. Dans son hilarité elle manque de buter contre un énorme caillou posé sur sa trajectoire ; se rattrape de justesse et finalement s'arrête sur place, incapable de continuer à avancer tellement c'est drôle, c'est extraordinaire même et sûrement que le reste d'alcool dans ses veines conjugué à l'évidente contrariété qui se lit sur le visage d'Elizabeth y sont aussi pour quelque chose ; mais c'est un véritable fou rire et elle doit presque se tenir les côtes pour stopper l'incontrôlable frénésie qui secoue son maigre corps. "Oh putain... j'm'y attendais pas à celle-là, finit par répondre Ariel d'une voix encore tremblante, les larmes de rires perlant au coin de ses yeux. En quelques pas elle rejoint Lizzie qui l'avait dépassée, lui assène au passage une tape dans le dos, comme une camarade, comme si elle aussi voyait la franche absurdité de la chose. Clairement non, puisqu'elle fronce les sourcils en roulant frénétiquement de l'herbe, la dévisageant comme si elle était devenue folle -et qui sait, peut-être est-ce le cas, mais pas plus que Lizzie. T'es tombé amoureuse la nuit dernière, Ariel? Rien que d'y repenser ça la fait pouffer, c'est ridicule. Merci pour ce fou rire Lizzie, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas autant ri à quelque chose." Ariel a en plus l'audace d'être presque sincère sans se donner la peine d'élaborer.
De toute façon l'amour et Ariel sont des lignes parallèles, qui se suivent parfois de près mais jamais ne se rencontrent. C'est une division par zéro, une aberration logique et mathématique. Ariel ne tombe pas amoureuse, elle ne sait pas faire. On ne lui a jamais donné le mode d'emploi et elle n'a jamais ressenti le besoin de le chercher, écoutant simplement ses pulsions et nourrissant ses fantasmes au gré des rencontres. Tomber amoureux, ça s'apparente à une maladie, c'est pratiquement une expression qui renferme tout ce qui s'oppose à ses principes. C'est un phénomène qui ne s'applique pas à elle, personne n'étant assez cinglé pour vouloir vivre une idylle avec elle. Ce n'est même pas un sujet délicat ; c'est juste un non sujet: Ariel fait l'amour mais ne tombe pas amoureuse... et on ne tombe pas amoureux d'elle, à moins de vouloir repartir avec un coeur brisé. Et c'est juste si drôle que Lizzie lui pose cette question sur ce ton là, probablement déjà en train de regretter son choix de l'accompagner jusqu'au premier café... ou pas. Car il faut croire qu'elle en remet une couche, une couche de douceur et d'innocence, une phrase presque naïve qu'elle souffle dans l'expiration de sa première bouffée d'herbe. Again, Ariel lève les yeux au ciel, et cette fois se contente d'un soupir blasé. "Ugh, mais bien sûr que si. Dès que ça sort de l'ordinaire faut se méfier, tu devrais le savoir non? Rien n'est jamais gratuit, rien n'est jamais sans conséquences, et tout le monde veut quelque chose des autres." Et toi qui marche avec moi, traversant tant bien de mal ce gouffre d'ambiguïté en faisant attention à ne pas y tomber, c'est certainement louche. Pour un peu elle lui ferait presque la morale, Ariel, à sortir des conseils bateau de morale populaire qu'elle même se fiche bien d'appliquer. Elle est bien placée pour le savoir: hormis pour défendre ses convictions, ses accès de générosité sont rarement gratuits. Et en fait, ce serait plutôt à Lizzie de se demander ce qu'Ariel veut.
Elles pénètrent dans la forêt d'immeubles au coeur de la ville, deux silhouettes presque seules, l'heure trop matinale pour attirer les foules malgré les couleurs de l'aube. Lizzie ralentit, les pas traînants pour accompagner le regard fiévreux qui caresse les vitrines avec envie, s'arrête sur les bijoux les plus brillants. Sa voix un peu traînante qui lui parle à nouveau, qui lui demande, au fond, vraiment, ce qu'elle fait là. Mimant ses gestes un peu plus tôt, Ariel hausse les épaules.
"Pour le coup je t'assure que ce n'est pas si suspect de me croiser seule. Ça m'arrive, tu sais? De ne pas toujours être chez ou avec quelqu'un, de ne pas toujours foutre le bordel partout où je passe..." La dernière partie de la phrase est clairement fausse, mais c'est pour la forme. L'art de la contradiction: il ne faudrait surtout pas donner raison aux autres. Mais Lizzie ne l'écoute déjà plus, quelque chose ayant davantage capté l'attention de la brune que les mensonges de la blonde. Et Ariel doit bien la suivre lorsqu'elle l'entraîne à sa suite devant la vitrine délicatement éclairée d'une bijouterie haut de gamme. Ariel glisse un regard en coin à l'actrice, qui semble soudain captivée par les éclats des pierre sous les rayons encore timides du soleil. Tout brille comme des millions de diamants et c'est vrai que cela a quelque chose de fascinant.
La voix de Lizzie trahit une certaine nostalgie qui n'échappe pas à Ariel, et c'est soudain comme si rien n'avait changé. Comme si leurs années de non-dits, de rancune et d'incompréhension venaient de s'effacer pour laisser place à une discussion anodine entre deux jeunes femmes ordinaires. Ariel s'avance, colle son nez près de l'endroit désigné par son amie, un bijou de goût finement ouvragé aux reflets turquoises. Elle se retourne vers Lizzie, un instant, se voit offrir un joli sourire. Une seconde, Ariel se demande si Lizzie sait à quel point elle est belle, à quel point elle est peut-être l'une des plus belles filles qu'il lui ait été donné de voir. Y'a pas que ce collier qui lui irait, pas seulement parce-qu'il mettrait en valeur sa peau pâle, ses yeux d'un brun profond, ses cheveux châtain aux reflets dorés, ses lèvres roses et son sourire angélique. C'est plutôt qu'il n'y a pas une pierre précieuse qu'Elizabeth Potter ne pourrait sublimer en la portant, en daignant lui offrir l'opportunité de parer son cou.
Ariel ouvre la bouche pour répondre, pour répliquer quelque chose de simple et de cruel, parce-qu'elle préférerait se faire écarteler que d'avouer la vérité à Lizzie. Mais elle est prise de court, Et cette fois ne peut dissimuler sa surprise lorsque cinq mots viennent à sa rencontre - ce n’est pas une question, c’est un défi explicite en lettres lumineuses. Chiche de le voler, James.
Ariel ne cherche pas à comprendre. Ariel est comme ça: elle a une réaction viscérale, impulsive ; c'est son instinct qui s'éveille lorsqu'on la défie. C'est son cerveau tout entier qui s’éveille au son du challenge, l'adrénaline qui se met à dévaler ses veines, exaltée par l'alcool. Un court instant, peut-être, Ariel scrute le visage de Lizzie pour savoir si elle a rêvé, si Elizabeth Potter vient bien de la mettre au défi de voler un collier, en presque plein jour, dans une bijouterie de luxe. Elle ne rencontre qu'un menton relevé, un sourire complice, et une lueur d'amusement dans son regard.
Alors sans plus s'attarder, sans un mot, Ariel fait demi-tour. Marche quelques mètres plus loin, s'accroupit pour ramasser un objet - la pierre sur laquelle elle a buté lors de son fou rire. Revient, nonchalante, toujours sans ouvrir la bouche; ça pourrait être une formalité pour elle. Lizzie la regarde toujours avec ce même sourire, tranquille, son joint en main; et peut-être pense-t-elle qu'Ariel joue bien la comédie. Elle s'arrête à sa hauteur, montre à Lizzie la pierre, puis indique la vitrine.
"Juste celui-là? Y'en n'a pas un autre qui te plaît?" Et avant que Potter puisse répondre ou même réfléchir à sa question, Ariel lance de toutes ses forces le projectile contre la vitrine. C’est une belle performance, le fruit de ses années de délinquance qu’elle a passé à vandaliser les magasins ou autres propriétés privées. Un geste d’expérience donc, mûri et assuré malgré l’ivresse, précis et calculé. La pierre décrit un arc presque parfait dans le ciel et percute de plein fouet le verre de la bijouterie qui se fissure en un millième de seconde sous la violence de l'impact... mais n’explose pas. Oops?
Ariel fronce les sourcils, les connexions neuronales de son cerveau peinant à faire le lien entre les événements - ça ne lui vient pas à l’esprit immédiatement que le verre est renforcé, que n’importe qui ne peut pas impunément défoncée une devanture de bon matin pour y voler un bijou. Elle se retourne en entendant un cri, mais ne voit que les lèvres de Lizzie s'agiter dans une expression paniquée. Elles n'émettent pourtant aucun son: la sirène qui vient de se déclencher hurle plus fort.
Alors Ariel rit, inconsciente, insouciante, ce n’est qu’une péripétie banale dans les chemins tortueux de sa vie. La sensation délicieuse que lui procure son délit, loin de l’agiter ou de l’inquiéter, lui fait plutôt pousser des ailes et elle se plaît à savoir qu’elle vient de les mettre dans de beaux draps. She’s still thriving in chaos.
La lueur de folie dans ses yeux verts se réverbère dans la lumière du soleil, et d’une main, elle attrape le bras de Lizzie. "Cours, Potter! Cours sans t’arrêter!" Elle l’entraîne alors à sa suite, sans réfléchir, ses jambes retrouvant la familière sensation de courir pour s’échapper, de courir pour s’enfuir. Elle a beau être petite et maigre, Ariel, elle reste endurante, surtout dans ce genre de situations qu’elle a vécu des milliers de fois. Sans laisser à Lizzie le loisir de protester, de s’arrêter, elle continue de la mener le plus loin possible de l’épicentre du crime où se font déjà entendre les vociférations des sirènes de police. Règle numéro un: ne jamais courir en ligne droite, ça fait une cible facile. Alors Ariel bifurque à droite, à gauche, dans les petits passages un peu glauques qui débouchent sur un autre bloc d’immeubles et finit par s’arrêter dans une ruelle déserte, à bout de souffle mais pourtant extatique, son sourire ravi sur les lèvres témoignant de son excitation.
"Ahhh fuck, j’aurais eu un deuxième caillou, ça passait... déso pour ton collier, Potter, j’y retournerais bien mais pour une fois j’aimerais bien ne pas passer ma journée chez les flics. Et puis elle se tourne vers Lizzie - ses poumons sont en feu, ses joues rouges, sa voix hachée mais putain si c’était à refaire elle signerait direct. D’ailleurs elle hésite vraiment à y retourner, en fait. C’est con d’être passé si près du but... Mais on va dire que ça compte, je l’ai relevé ton défi... je gagne quoi du coup?"
Parce-qu’évidemment, tout cela n’est qu’un jeu.
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| | | | (#)Sam 14 Déc 2019 - 20:31 | |
| « Merci pour ce fou rire Lizzie, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas autant ri à quelque chose. » Autant qu’elle puisse servir à quelque chose, surtout dans la vie d’Ariel James où Lizzie n’a l’impression de n’être qu’une tâche noire ou un peu grisâtre venant ternir son existence toute entière. Pourtant, Ariel s’esclaffe, elle est surprise, l’actrice, de la voir réagir de la sorte. Mais après tout, ce n’est pas surprenant, pas venant de la jeune femme aux cheveux argentés. Cette tape dans le dos, elle aurait pu s’en passer, ceci dit, car elles sont loin d’être à ce niveau de leur relation. Une relation qui n’a aucun sens, qui ne tient debout sans que Lizzie elle-même ne sache comment ni pourquoi. Ariel a été tout un symbole pour elle, la découverte que les courbes féminines ne la laissent pas indifférentes, une vision du monde différente et à part. Elles pourraient être proches, bien plus proches qu’elles ne le sont réellement, que peut le prouver une vulgaire tape dans le dos. Si seulement il n’y avait pas cet éléphant dans la pièce, aussi. « Ugh, mais bien sûr que si. Dès que ça sort de l'ordinaire faut se méfier, tu devrais le savoir non? » Quand ça te concerne, non, je ne suis jamais sûre de rien. Essayer de voir le bon côté des choses à défaut que tu ne le fasses pas toi, est-ce si mal que ça, Ariel ? « Rien n'est jamais gratuit, rien n'est jamais sans conséquences, et tout le monde veut quelque chose des autres. » « Tu penses que je veux quoi venant de toi ? » Une question légitime, qui a du sens à ses yeux alors qu’elle les pose sur sa camarade. Surtout dans cet état, Lizzie n’est pas très sûre qu’Ariel soit efficace dans quoique ce soit. Même si elle semble au moins pouvoir marcher, quand bien même son épaule vient se heurter de temps en temps au sien - elle jugerait presque qu’elle en fait exprès. « Pour le coup je t'assure que ce n'est pas si suspect de me croiser seule. Ça m'arrive, tu sais? De ne pas toujours être chez ou avec quelqu'un, de ne pas toujours foutre le bordel partout où je passe... » Si elle le dit. Lizzie veut bien la croire même si le fond n’y est pas vraiment.
Cependant, une fois devant la vitrine comme une gamine émerveillée devant un objet convoité, le défi dévale de ses lèvres sans vraiment qu’elle ne réfléchisse ni ne fasse attention. Ce n’est qu’une fois Ariel avec son projectile dans la main qu’elle se rend compte de ce qu’elle a demandé et surtout, à qui. Parce qu’Ariel ne va pas refuser, évidemment que non, et encore moins sous l’emprise d’éthanol. C’est complètement aberrant mais c’est l’effet James sur Potter, comme si sa propre conscience se fait la malle pour ne jouir que de simples plaisirs comme ceux-là qu’elle peut acquérir. Lizzie tire sur son joint tout en regardant sa partenaire qui revient vers elle, qui lui demande s’il n’y en a pas un autre qui lui plait. Mais la jeune femme n’a même pas le temps de connecter son cerveau pour lui dire stop, pour arrêter son geste que James a déjà lancé le caillou à pleine force contre la vitrine. Ladite vitrine qui ne vrille pas, ne chancelle pas tant que Lizzie aurait pensé - et visiblement, Ariel aussi, à en juger par le froncement de ses sourcils délicatement dessinés. Des sirènes se déclenchent et naturellement, Lizzie panique. Lizzie se tourne vers Ariel, Lizzie veut lui dire qu’il faut déguerpir mais Ariel n’a pas l’air de l’entendre, pas à travers les hurlements de la sirène qui assènent ses pauvres oreilles d’un bruit persistant.
James se met à rire et Potter ne comprend pas trop pourquoi, mais elle se laisse attraper le bras pour la suivre dans son sillage. « Cours, Potter! Cours sans t’arrêter! » Son mégot est loin derrière elle, impossible de le garder alors qu’elle a d’autres préoccupations. Comme courir, prendre ses jambes à son cou serait l’expression qui conviendrait bien mieux. Elle n’a pas l’habitude, Lizzie, même si elle a fait de l’exercice ici et là. Mais elle n’a jamais eu besoin de courir pour échapper à la police, les sirènes qui redoublent parce qu’une voiture semble se pointer dans le centre. Ariel la fait dériver mille et une fois, la jeune Potter finissant par ne même plus voir où elle va, juste se laisser entrainer dans des routes étroites, sinueuses, peu rassurantes. « Ahhh fuck, j’aurais eu un deuxième caillou, ça passait... déso pour ton collier, Potter, j’y retournerais bien mais pour une fois j’aimerais bien ne pas passer ma journée chez les flics. Mais on va dire que ça compte, je l’ai relevé ton défi... je gagne quoi du coup ? » Elizabeth s’adosse au mur, tentant de reprendre cette respiration qui est hachurée, complètement en vrac, ses jambes tremblotantes sous l’effort dont elle a dû faire preuve. « T’as rien relevé du tout, James. Est-ce que tu vois un collier autour de mon cou, là ? » Lizzie n’y croit pas elle-même ; c’est qu’elle insisterait presque à inciter Ariel à tenter de nouveau l’impossible. « Oublie ce que je viens de dire. » Qu’elle rajoute empressement. Pour que James ne pense pas qu’elle a aussi gagné ça, réussir à débloquer son cerveau pour des combines étranges et perfides et qui dépassent totalement son entendement. La jeune femme finit par se redresser contre le mur, la main sur son visage, les yeux chocolat plongés dans la contemplation d’une Ariel bien trop enjouée, qui a gagné des couleurs et de la vitalité alors qu’elle, elle est à l’impression de l’inverse total. « Il n’y a pas toujours quelque chose à gagner, Ariel. » Même si ça ne m’étonne pas de toi. « Mais je suis étonnée, j’aurai pensé que t’aurai fait preuve de vaillance et que tu les aurais affrontés, ces flics. Ton charme indéniable les aurait envoûtés, j’en suis persuadée. »
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| | | | (#)Jeu 26 Déc 2019 - 12:54 | |
| Elle fait quelques pas pour détendre son corps, tente de faire passer l'air dans ses poumons nécrosés par la nicotine. Reprendre son souffle, ses esprit après cette poussée d'adrénaline - mais son sourire ne s'efface pas de son visage. Elle a les yeux qui brillent encore, Ariel, trop heureuse d'avoir de nouveau goûté à ce sentiment fou. On ne la ferait faire un jogging matinal pour rien au monde, mais courir pour sa liberté, pour échapper à ses responsabilités et pour fuir ses conneries, ça, oui. Elle en oublierait presque Potter pour un instant, concentrée sur ses propres sensations. Potter, d'ailleurs, semble moins apprécier qu'elle cette poursuite matinale, ses mots encore hachés par l'effort. Elle ouvre la bouche pour parler, Ariel s'attend presque à une réprimande, s'apprête à la balayer d'une remarque cynique - mais encore une fois, Lizzie a le don de la surprendre. Ariel hausse les sourcils, attentive, et son sourire s'élargit. On a le goût du défi, Potter? Ça ne dure pas longtemps, la jeune actrice revient sur ses pas, lui somme d'oublier ce qui ressemble à un autre défi idiot. Avec un soupir théâtral mal exécuté, Ariel fait la moue, prétend être vexée. "Mais t'es jamais contente en fait? J'me plie en quatre pour te faire plaisir et voilà la récompense... T'sais quoi la prochaine fois je t'offrirai un collier de nouilles, ce sera bien plus simple." Et l'idée de passer un après-midi à enfiler des macaronis sur un fil simplement pour voir l'expression lasse de Lizzie est plutôt tentante.
Enfin, doucement, leurs soufflent reprennent un rythme régulier et l'atmosphère change. Ariel passe une main dans ses courts cheveux blonds, continue ses cents pas pour détendre ses muscles. Restless, même après une course dans les rues de Brisbane. Elle sent le regard de Lizzie sur elle, évite soigneusement de poser les yeux sur elle lorsqu'elle lui fait part à nouveau de son avis sur le sujet - il n'y a pas toujours quelque chose à gagner, Ariel. Ariel qui fronce les sourcils, qui se retourne finalement pour faire face à Lizzie, mains sur les hanches.
"Si, Potter, je te l'ai déjà dit. On ne fait rien gratuitement, si tu le penses encore t'as quelques années de retard sur la réalité. Peu importe ce que tu veuilles, que ce soit du matériel ou une émotion - de l'argent, un cadeau, de l'amour, de la reconnaissance, des points de réputation, une bonne conscience... ce que tu veux. Mais personne ne fait jamais rien comme ça. Elle s'avance de quelques pas, se rapproche de la brune dont les joues sont encore rosies par l'effort. Par exemple, tu m'as demandé tout à l'heure ce que tu voulais venant de moi. L'australienne avait haussé les épaules, ignorant la question, mais puisque le débat vient de réapparaître... D'un geste soudain et gracieux, Ariel pose ses deux mains contre le mur, emprisonnant Lizzie dans l'espace réduit entre ses bras. Leurs visages sont proches, leurs nez pourraient se toucher, et sûrement que le souffle encore alcoolisé de la jeune femme vient chatouiller les narines de l'actrice. Sa voix se fait un peu plus grave, un peu plus basse. J'en sais rien. Un sourire? Une jolie conversation entre deux amies qui se sont perdues de vue? Une trêve? A kiss? Elle plonge ses yeux verts dans les yeux bruns, rapproche leurs visages, effleure ses lèvres des siennes. C'est un instant suspendu qui ne dure que quelques secondes, puis Ariel s'écarte, libère sa prisonnière, fait plusieurs pas en arrière. Elle s'allumerait bien une clope, là. À défaut - putain de bonnes résolutions - elle sort de son jean une sucette qu'elle glisse dans sa bouche. Si tu ne voulais pas quelque chose de moi, même quelque chose d'infime, tu m'aurais laissée sur la plage."
"Quant à ma vaillance... Elle rit un peu, amusée par l'idée. Je leur rend visite assez souvent mais j'avais d'autres plans que de passer mon après-midi en garde à vue. J'ai déjà échappé une fois à la taule, c'est pas pour y retourner. Et puis, après une seconde de réflexion, ajoute: Et de toute façon, si je plonge, tu tombes avec moi. C'est la loi de la rue, baby." Non, c'est surtout la loi d'Ariel pour emmerder Lizzie mais en cas de pépin, la blonde n'aurait certainement pas hésité à balancer la brune, histoire de rendre les choses plus intéressantes.
"Bon alors, ce café? C'est pour aujourd'hui ou pour demain? Et je te rassure, on peut aller dans un lieu ouvert, j'te forcerai pas à défoncer la vitrine d'une boutique pour un espresso."
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| | | | (#)Lun 30 Déc 2019 - 13:29 | |
| « Quand il s’agit de t’emmerder, j’en suis très contente, en faites. Un collier de nouilles que tu auras peins avec amour, j’espère. Sinon, je risque de ne pas le mettre, ça serait dommage. » Lizzie n’est jamais la dernière pour ce genre de situation, même si la dernière fois qu’elle a eu un collier de la sorte, ça venait d’une tribu perdue en plein milieu du continent africain. Mais l’aventure éphémère qu’a été la tentative de casse lui a offert une sensation d’être vivante plus limpide que tout ce qu’elle a vécu depuis qu’elle est revenue. Elizabeth peut au moins toujours compter sur Ariel et son regard intense pour foutre du piquant ou un quelque chose en plus, quand ce n’est pas de moins, dans sa vie. Et là, James abuse, elle tire sur la corde, elle agite le pommier parce qu’elle veut quelque chose. Ariel veut toujours quelque chose parce qu’elle a cette vision restreinte et absurde que l’on ne peut pas faire un acte sans vouloir une récompense, un bonus, une motivation à l’arrivée. « Ta vision est triste à en mourir, James. » Parce que Lizzie n’a pas le même point de vue. Pour elle, les actes de charité ont encore leur place dans le monde, ils sont encore réels, la preuve est qu’elle en a fait énormément durant les dix dernières années de sa vie. Mais Elizabeth n’a pas le loisir de s’étendre sur le sujet qu’Ariel s’est déjà approchée d’elle, féline hagarde qui finit par l’emprisonner contre le mur derrière la brune. Prison de fortune, la jeune Potter grimace légèrement en sentant l’effluve d’alcool attisé son odorat mais ce n’est rien comparé à la proximité du corps d’Ariel. C’est troublant comment de vieilles sensations peuvent vite remonter à la surface, ses yeux bruns s’échouant une seconde sur les lèvres de l’ange tentatrice avant de les plonger dans la couleur verte de ses iris perçantes. Un sourire? Une jolie conversation entre deux amies qui se sont perdues de vue? Une trêve? A kiss ? Evidemment. Lizzie n’a pas le temps de réaction que James a déjà les lèvres qui frôlent les siennes pour aussitôt les retirer et s’éloigner. Sa mâchoire se crispe sous la tension latente qui s’accentue malgré la libération de la blonde, qui reprend son discours l’air de rien.
Lizzie lâche un soupir tout en repassant une main dans ses cheveux, finissant par s’éloigner du mur parce que ce n’est pas possible de laisser ce genre de réactions se reproduire. Pas qu’elle n’a été troublée. Surprise, oui. Mais troublée… Rien ne la trouble venant d’Ariel. Tout est surprenant à l’extrême avec elle, avec ses réactions aussi spontanées qu’insoupçonnables. « C’est vrai que tu vas sûrement passer l’après-midi en amour avec la cuvette de tes toilettes. » Puis elle secoue la tête. « J’ai rien fait. Pas de ma faute si tu te laisses excitée par le moindre défi qui te viens à la figure. » Surtout alcoolisée et tenant maladroitement sur ses cannes. Lizzie n’a rien à se reprocher, ce n’est pas elle qui est soûle et encore moins celle qui ira faire de l’outrage à agent certainement. Lizzie est bien trop gentille et douce pour cela. Même si elle mettra sûrement son talent d’actrice qu’elle n’utilise pas à bon escient pour se dépatouiller d’un potentiel futur scénario de la sorte. « Me voilà rassurée, Ariel, vraiment. » La jeune brune la regarde un moment avant de sourire légèrement et d’aller déposer un baiser sur la joue, presque à la commissure de ses lèvres. « C’est gentil d’avoir essayé quand même. » Tout ça pour un collier, sérieusement. Lizzie sourit un peu plus parce que ce n’est pas vraiment le genre de réactions qu’elle peut avoir spontanément avec la jolie blonde mais tant mieux. « On va te gorger de caféine avant que tu finisses la tête sur le bitume à pioncer comme une malpropre. Il ne faudrait pas qu’on te prenne pour une épave et que tu finisses à la déchetterie, ça serait une grande perte. » Et elle lui passe devant pour revenir dans la rue où la vie commence doucement à prendre âme.
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| | | | | | | | LIZIEL • there is fire and starlight in your veins |
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