| (sohassan) how to disappear completely |
| | (#)Mar 10 Sep 2019 - 10:09 | |
| sohan & hassan how to disappear completelyThat there, that's not me, I go where I please, I walk through walls, I float down the Liffey. I'm not here, this isn't happening, I'm not here, I'm not here. ☆☆☆ Pour la seconde fois, sa voisine de siège avait jeté un regard inquisiteur vers Hassan, l'obligeant à cesser de secouer nerveusement sa jambe en faisant grincer, par la même occasion, la gomme de sa semelle contre le linoleum du couloir. Il mourrait d'envie d'un thé, même un mauvais, mais prendre le risque de quitter sa place pour aller jusqu’à la machine à café qu'il avait repéré dans le hall du commissariat c'était prendre le risque que quelqu'un lui passe devant pour déposer plainte, et le brun estimait avoir déjà perdu suffisamment de temps avec cette histoire. Cette histoire, celle de comment il était sorti de chez lui la veille en fin d’après-midi pour s’octroyer, comme chaque mercredi, une longue balade au cours de laquelle ses deux colocataires canins s’en donnaient à cœur joie et dépensaient leur trop-plein d’énergie, pour découvrir à son retour sa maison sans dessus-dessous, visitée par un intrus aux motivations encore floues. « Pour le procès verbal, vous me confirmez qu’après vérification de votre part, rien n’a été dérobé à votre domicile ? » que lui avait demandé à ce sujet l’officier de police chargé de prendre sa plainte lorsqu’enfin son tour était venu, l’air peu concerné et levant à peine le nez de son ordinateur. « Rien. Ou alors rien de suffisamment important pour que je le remarque. » Ni objets de valeur, ni matériel électronique, ni mobilier. Ses deux passeports avaient atterri au milieu du bureau avec le reste du contenu des tiroirs de son bureau mais ne manquaient pas à l’appel, les livres avaient été dégagés sans ménagement de sa bibliothèque sans qu’aucun ne manque à l'appel, sa penderie avait été mise en pagaille sans même que la montre offerte par Qasim pour ses trente ans ne disparaisse … A croire que mettre le souk était la véritable finalité. Ou que l’intrus cherchait quelque chose de précis. Quelque chose qu’il n’avait pas trouvé, ou quelque chose de tellement futile qu’Hassan n’en avait même pas réalisé la disparition. « Bien, dans ce cas vous avez probablement juste fait les frais d’une farce d’enfants du voisinage. Pas de quoi s’alarmer. » Facile à dire, pour celui dont le logement n’avait pas été visité par un intrus. Le brun, lui, ne pouvait s’empêcher de penser qu’un autre jour Spike et Bandit auraient pu être à la maison, et que les choses auraient pu tourner très mal … Soit pour eux, soit pour le mal intentionné. Et puis, bien que cela paraisse futile, on avait vandalisé certaines de ses plantes et ça Hassan s’en agaçait profondément – lui qui en prenait toujours tellement soin. « En fait, je … » Semblant hésiter, Hassan était à deux doigts de remettre sa tête dans le sable pour faire l’autruche, mais l’œil à la fois attentif et impatient du policier l’avait poussé à cracher sa valda une bonne fois pour toutes. « J’ai déjà reçu une lettre comme celle que j’ai trouvé hier soir, et que vos collègues ont récupéré. » Il l’aurait bien sortie comme preuve, histoire de, mais il se figurait très bien le billet en question froissé sans ménagement et croupissant au fond de l’un des tiroirs de son bureau à l’université. « Enfin c’était pas exactement la même, mais disons qu’on reste dans le même courant de pensée. » Celle de cette catégorie de personnes qui préfèreraient que leur Australie ne soit peuplée que de John Smith et de Charles Watson, bien blancs et bien fidèles à l’image jaunie du parfait petit colon. Tout ce qu’Hassan n’était pas, en l’occurrence. « Je l’ai trouvée sur le pare-brise de ma voiture il y a quelques semaines. Et un peu après ça on m’en a aussi crevé les pneus. » Et les voilà qui prenaient tout de suite une autre dimension, les hypothétiques enfants du voisinage. « Vous auriez dû commencer par là. » Semblant tout à coup plus intéressé, l’officier de police avait repris « Vous avez déposé une plainte pour ces précédents faits ? » Non, et ce n’était pourtant pas faute que Gwen le lui ait conseillé. « J’ai pris ça pour la frustration d’un élève mécontent, je ne m’en suis pas trop inquiété. Mais maintenant … » Maintenant il en venait à se dire qu’un élève mécontent n’irait pas jusqu’à s’introduire chez lui pour y faire Dieu sait quoi. « À l’évidence, quelqu’un vous en veut, monsieur Jaafari. » L’ennui, c’est qu’Hasssan était bien incapable de voir qui pourrait avoir une dent contre lui ; Il ne se connaissait pour ainsi dire aucun ennemi. À moins que … La copie du procès-verbal récapitulant sa plainte qui lui était destinée pliée dans une main, l’enseignant avait réajusté son sac à dos sur son épaule après avoir regagné le couloir. A la place qu’il occupait tout à l’heure, un petit blond au physique nerveux semblait attendre son tour avec la même impatience que lui précédemment, et l’espace d’une seconde Hassan avait presque compatis. Une seconde seulement, après quoi il avait recommencé à se triturer l’esprit en repensant aux points que la discussion avec le policier avait fait se relier dans sa tête sans qu’il n’ose lui en faire part – il ne voulait pas accuser sur une intuition, et plus encore il ne voulait pas réveiller le loup endormi. Jetant un coup d’œil à sa montre, il s’était en tout cas félicité d’avoir reporté son cours de l’après-midi au samedi matin suivant ; Ses élèves pestaient probablement à ce sujet à l’heure qu’il était, mais le cours en question aurait dû débuter il y avait déjà presque une heure désormais, et quand bien même il enfourchait sa moto dans la minute qui suivant et flirtait avec l’excès de vitesse le temps qu’il traverse Spring Hill et ses bouchons de fin de journée il arriverait à l’université tout juste à l’heure où son cours aurait dû toucher à sa fin. Déjà un peu agacé par la situation, la violation de son domicile, cette plainte qui avait duré cent ans – au moins – et ses propres conclusions, le voilà désormais qui pestait intérieurement sur le trafic et le fait qu’au vingt-et-unième siècle personne n’ait encore été capable de mettre au point la téléportation. Vaste sujet, qui l’avait suffisamment perdu dans ses pensées pour que la voix de Sohan ne lui parvienne qu’au moment où le Khadji l’attrapait par la manche faute d’avoir obtenu son attention en l’appelant « Vieux, tu m’as fait peur. » en avait sursauté l’enseignant, regardant un quart de secondes autour d’eux en s’apprêtant à se demander ce que son ami faisait là. Il travaille là, banane. Le procès-verbal semblant soudainement lui brûler les doigts comme une vilaine pièce à conviction dont on avait oublié de se débarrasser, Hassan avait noyé le poisson en reprenant « Je t’ai pas entendu arriver avec ce brouhaha. » tandis que ses mains s’occupaient à ouvrir son sac pour y fourrer la feuille sans se soucier de la froisser comme un vieux kleenex. Le brouhaha avait bon dos, lui, bien qu’au rez-de-chaussée du commissariat les bruits parasites et les conversations entremêlées produisent en effet une cacophonie peu agréable. « Tu partais ? » avait-il questionné ensuite, enfonçant simplement une porte ouverte puisque le blouson et le sac de Sohan servaient de réponse à eux seuls.
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| | | | (#)Lun 16 Sep 2019 - 0:59 | |
| Sohan n'avait pas vu la journée passer. Il avait eu du travail à ne plus savoir quoi faire à peine avait il mit les pieds au commissariat ce matin. Il y avait eu un énorme beug dans la nuit visiblement et il n'avait même pas eu le temps d'aller se chercher un café qu'il s'était installé derrière son écran d'ordinateur pour se mettre au travail. Ce fameux beug qui à première vue lui avait paru banal l'avait occupé quasiment toute la matinée et lui avait fait vivre un faux espoir à deux reprises quand il avait été persuadé d'en avoir trouvé la cause. Ca avait été un réel casse-tête. Le genre de problème qui semble simple à résoudre, mais qui ne l'est pas, ou comment se faire des cheveux blancs en une demi-journée. Ils avaient dû s'y mettre à deux et Sohan soupçonnait fortement qu'un des agents qui travaillaient cette nuit avait tenté de résoudre le problème tout seul, ce qui avait eu l'effet inverse. Pour lui, ce n'était pas possible autrement. Un beug comme celui-là n'arrivait pas tout seul et il était certain que si personne n'avait tenté de toucher, il avait résolu ça en quelques minutes à son arrivée. Enfin, il n'était pas là pour jeter la pierre à qui que ce soit. Après tout, il était pour ça. C'était la nature même de son travail et si les policiers savaient tous comment résoudre le moindre soucis informatique qui se présentait à eux, Sohan ne serait pas indispensable à la vie du commissariat. C'était donc un mal pour un bien. Tant que ses collègues continueront de bidouiller des logiciels qu'ils ne maîtrisent pas, il aura de quoi occuper ses journées et finalement, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Au contraire. Pour Sohan, chaque beug, chaque faille ou chaque problème était comme un challenge, une énigme à résoudre, de préférence en un temps record et en conservant l'intégralité des fichiers présents sur le serveur. C'était un travail, mais dans le fond, ça l'amusait et il prenait plaisir à le faire. Il préférait de loin les journées comme celle-ci, où il était solidité de tous les côtés où tout semblait aller de travers sur le serveurs ou les ordinateurs, aux journées où il n'avait que très peu à faire et où l'on n'avait pas besoin de lui. C'était bien beau d'être assis derrière un écran d'ordinateur, c'était là où il se sentait le plus à l'aise, mais s'il ne faisait rien, ça n'avait pas d'intérêt pour lui et pouvait devenir ennuyeux très rapidement et s'ennuyer au travail, très peu pour Sohan. C'est une main sur son épaule qui le fait tourner la tête et lâcher son écran des yeux en fin de journée. "Tu comptes rester là toute la soirée ?" Lui demande un de ses collègues et Sohan jette machinalement un regard vers l'horloge accrochée au mur. "J'ai pas vu l'heure." Répond-il en se passant une main dans les cheveux. "Je finis ce que je suis en train de faire et j'y vais." ajoute t-il avant que son ami ne lui souhaite une bonne fin de journée avant de s'en aller. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour régler les deux ou trois choses qu'il était en train de vérifier puis il avait éteint son écran. Le reste attendrait bien demain matin. Pour l'heure, tout semblait fonctionner quasiment comme d'habitude et c'était largement suffisant pour permettre à l'équipe de nuit de travailler sans être embêtée. C'était son seul soucis en général avant de rentrer chez lui : s'assurer qu'il laissait le réseau et les ordinateurs en état de marche suffisant pour permettre à ses collègues du soir de travailler normalement, parfois il n'avait pas le choix que de reporter au lendemain matin, mais en général, il mettait un point d'honneur à finir ce qu'il avait commencé.
Il avait attrapé son blouson, récupéré son téléphone portable et avait jeté un dernier regard vers son bureau avant de sortir de la pièce. Il se dirigeait vers la sortie du commissariat quand une silhouette familière attira son attention. "Hassan !" Lance t-il à son ami avant de se diriger vers l'australien. Australien qui n'avait visiblement pas entendu qu'on l'interpellé puisqu'il n'avait pas réagi avant que Sohan n'arrive à sa hauteur et l'attrape par la manche pour attirer son attention. "T'es pas serein et tu deviens sourd ? Fais gaffe la vieillesse commence à se faire sentir hein !" lui lance t-il en riant. Il n'imaginait pas lui faire, mais c'était visiblement l'effet qu'il lui avait fait s'il en jugeait pas le sursaut et les propos de son ami. Sohan hoche tête pour acquiescer à la question de Hassan. "C'est la fin de la journée pour moi." Précise t-il en souriant. En théorie il aurait dû déjà être parti, mais ça, ce n'était pas bien grave. "Qu'est-ce que tu fais là toi ? Ca va ? T'as un soucis ?" Lui demande t-il. C'était la seule chose pour lui qui pouvait justifier la présence d'Hassan au commissariat à cette heure-ci. Peut-être qu'il avait une autre raison. "On n'avait pas prévu de se voir, rassure moi j'ai rien zappé non ?" Ce serait le comble de commencer par tâcler Hassan pour au final, oublier quelque chose d'aussi important qu'un rendez-vous. |
| | | | (#)Lun 11 Nov 2019 - 16:41 | |
| Ses derniers souvenirs de présence dans un commissariat – celui-là même, en fait – remontaient maintenant à plus de trois ans, et Hassan aurait bien souhaité qu’ils restent les derniers. Il peinait d’ailleurs à croire que ces deux mésaventures puissent avoir un quelconque lien, mais sa discussion avec l’agent de police venait de lui mettre le doute, et de ce fait il n’avait même pas su attendre d’être à l’extérieur pour cogiter à ce sujet d’un air soucieux. Tout à ce qui occupait ses pensées, il n’avait donc ni vu ni entendu Sohan avant que ce dernier ne l’attrape par le bras faute d’être parvenu à attirer son attention autrement. « T'es pas serein et tu deviens sourd ? Fais gaffe la vieillesse commence à se faire sentir hein ! » Running gag dont les Khadji et les Jaafari usaient et abusaient depuis toujours, Hassan se serait en temps normal engouffré dans la brèche avec plaisir en sommant son ami de respecter un peu mieux ses aînés, mais preuve qu’il avait réellement l’esprit préoccupé : sa seule réaction à la remarque de Sohan n’avait été qu’un sourire un brin crispé, que l’éclat de rire du Khadji était à peine parvenu à dérider. « C'est la fin de la journée pour moi. » lui avait-il ensuite sobrement fait remarquer lorsqu'Hassan avait comme qui dirait enfoncé une porte ouverte, et dès lors il n’avait plus eu le moindre espoir d’échapper au « Qu'est-ce que tu fais là toi ? Ça va ? T'as un souci ? » qui avait suivi. Semblant frappé d’une soudaine incertitude, l’informaticien même froncé les sourcils et questionné encore « On n'avait pas prévu de se voir, rassure moi j'ai rien zappé non ? » Presque tenté de prétendre que oui pour expliquer ainsi sa présence dans les locaux de la police, l'enseignant s’en était empêché par souci d’honnêteté et parce qu’il se refusait à mettre la situation sur le dos de Sohan. Ou sur le dos de qui que ce soit d’autre, d’ailleurs. « Non, non t’inquiètes … J’avais rendez-vous. » Ce qui voulait tout et rien dire à la fois, en réalité. Mais sans être un mensonge pour autant. Semblant danser d’un pied sur l’autre comme s’il était pris d’une envie pressante, le brun avait affiché une légère grimace avant d’admettre à demi-mot « J’ai eu un petit contretemps à la maison. Du genre cambriolage, bref. » En réalité il se sentait bouillonner de l’intérieur rien que d’en parler de nouveau. Il ne cessait de s’imaginer ce qui aurait pu se passer si ses deux chiens étaient restés à la maison la veille … Crever des pneus, laisser des mots désobligeants ou mettre quelques étagères sans dessus-dessous était une chose, mais s’en prendre à ses chiens ? Hassan ne l’aurait pas supporté. Secouant néanmoins la tête avec une désinvolture on ne peut plus feinte, il avait aussitôt proposé « Mais si tu as le temps de boire un verre … ? » cette fois-ci de façon toute à faire sincère. « Si tu acceptes, tu me permets de repousser à plus tard le moment où je devrai rentrer chez moi et ranger tout le bazar qui a été mis. Mais loin de moi l’idée de vouloir t’influencer. » Corvée déjà repoussée la veille, puisqu’après le passage chez lui de la police pour les constatations d’usage, Hassan n’avait pas eu le courage de remettre son appartement en ordre dans la foulée et avait préféré aller demander l’asile avec ses deux boules de poils chez le père de Clara et Olivia, jamais contre un peu de compagnie, et à la langue suffisamment bien tenue pour que le brun soit certain que l’information ne remonterait pas aux oreilles des parents Khadji, ou de leur benjamine. Dans la poche de son jean, le téléphone de l’enseignant s’était mis à vibrer, et lâchant un court instant Sohan du regard il avait tout juste pris le temps de constater le nom de Gwen sur l’écran d’accueil et de rejeter l’appel sans y réfléchir à deux fois. Pour elle aussi, il verrait plus tard, mais il avait déjà la quasi-certitude qu’elle n’apprendrait rien de cette histoire – elle lui dirait qu’elle avait eu raison de ne pas prendre les pneus crevés avec la même désinvolture que lui, et égoïstement Hassan refusait de s’entendre dire qu’il avait eu tort. « En fait je meurs de faim. » avait-il finalement fait savoir lorsque son regard était remonté vers Sohan. « Et par faim je veux dire : des frites. » Une montagne de frites, suffisamment pour lui faire oublier que l’autre chose dont il avait présentement terriblement envie, c’était une cigarette. Et aujourd’hui ne serait pas le jour où il briserait le pacte fait l’année précédente d’arrêter le tabac pour de bon.
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| | | | (#)Jeu 21 Nov 2019 - 8:43 | |
| Sohan est surpris de croiser Hassan ici. Le Jaafari a beau travailler dans le coin, le commissariat est rarement leur lieu de rencontre de premier choix. Il n'y a que peu d'intérêt que de se retrouver là, alors qu'ils peuvent aisément se donner rendez-vous dans un café du quartier. Ce qui était loin de manquer dans cette partie de la ville. Il ne peut donc s'empêcher de le questionner. Se demandant tout de même s'il n'avait pas loupé quelque chose. Après tout, même s'il taquinait Hassan depuis des années sur son âge et le temps qui passe, lui aussi n'était pas non plus épargné par le poids des années et quand Hassan prenait un an de plus, il fallait bien se rendre à l'évidence que lui aussi en prenait un. Hassan lui dit avoir un rendez-vous. Il ne précise pas plus que ça de premier abord, ce qui fait lever le menton à Sohan, un air interrogateur sur le visage, se demandant quel genre de rendez-vous pouvez bien impliquer que son ami se trouve ici à cette heure-là. "Un cambriolage ?" Demande t-il, pas certain d'avoir bien entendu, pas certain d'avoir bien compris, ou alors parce qu'il avait trop bien compris justement et espérait s'être trompé. Cependant, c'était bien ça la raison de la présence d'Hassan au commissariat aujourd'hui ce qui ne manqua pas d'effacer immédiatement le sourire sur les lèvres de Sohan, le remplacement par l'inquiétude qu'on pouvait aisément lire sur son visage. "Ca va ? Ils t'ont rien volé de valeur ? Et les chiens ?" A choisir Sohan préfèrerait entendre que Hassan s'était fait dérober tous ses biens de valeurs si ça voulait dire que ses deux chiens n'avaient rien et étaient sains et saufs. Il hoche vigoureusement la tête de haut en bas quand Hassan lui demande s'il a le temps. "Tu rigoles ? Bien sûr que j'ai le temps." Il aurait toujours le temps pour Hassan. Il ferait en sorte de se libérer s'il le fallait pour Hassan. Cette question ne se posait même pas. Surtout quand il s'agissait de faire penser à autre chose à son ami et à repousser à un peu plus tard le moment où il devrait rentrer chez lui confronté aux dégâts de petites frappes qui n'avaient pas eu mieux à faire de leur soirée que de saccager la maison du professeur qui n'avait franchement rien fait pour mériter un tel acte. "Tu m'influences tellement que c'est moi qui t'invite ! Je peux même t'aider à ranger si tu as besoin d'aide." Non pas qu'il soit une vraie fée du logis, mais s'il pouvait aider Hassan de cette manière, il le ferait sans l'ombre d'une hésitation. Il ne pouvait pas imaginer comment il se sentirait s'il se faisait cambrioler, il y avait toujours eu quelque chose qui le terrifiait à l'idée que quelqu'un pénètre chez lui, qu'il soit là où pas et s'amuse à tout retourner à la recherche d'un quelconque objet de valeur ou pour le simple plaisir de détruire. C'était bien une de ces choses dont il était extrêmement reconnaissant de n'avoir jamais eu à vivre. ll ne s'en porterait pas plus mal si ça continuait sur cette lancée jusqu'à la fin de ses jours. "T'as déjà déposé plainte ou t'attendais ton tour ? Je peux attendre avec toi, j'ai tout mon temps." Même si ça prenait plusieurs heures. Ca ne le dérangeait absolument pas. Il y passerait même la nuit entière sans broncher s'il le fallait si ça pouvait apporter ne serait-ce qu'un peu de soutien au Jaafari.
"Tu réponds pas ?" demande t-il a Hassan, quand il le voit baisser les yeux sur son téléphone, visiblement en train de sonner, avant de décliner l'appel d'un coup de doigt habile. Il ne sait pas si son ami a parlé de son cambriolage à d'autres personnes. Peut-être a t-il gardé ça pour lui, peut-être que certaines personnes sont en train de s'inquiéter à l'heure actuelle et pourtant, c'est un tout autre constat que lui offre Hassan. Il meurt de faim et veut des frites. Ca ne manque pas de faire sourire Sohan qui se dit que malgré tout, le trentenaire ne perd pas le nord et qu'il préférait probablement reporter son attention sur la nourriture plutôt que sur la montagne de ménage qu'il avait à faire chez lui après l'intrusion. "Va pour des frites. On peut aller au Mcdo au coin de la rue, ou alors, n'importe quelle brasserie du coin, il y aura forcément des frites. L'un ou l'autre me convient." Il n'était pas très difficile, pas très regardant non plus. Tant que ça se mangeait, ça lui convenait et quand il s'agissait de frites, il n'y avait pas de quoi se prendre la tête trop longtemps. Cependant, il laissait à Hassan le loisir de choisir ce qu'il préférait, ce qui lui faisait le plus envie sur le moment et le suivait avec entrain là où son ventre allait les conduire. "Tu penses qu'ils vont réussir à trouver les coupables ? T'as des caméras de sécurité chez toi ? Ou alors tes voisins ?" demande t-il, bien trop curieux. Il n'a pas envie de remuer le couteau dans la plaie bien trop longtemps, mais s'il pouvait se rendre utile et trouver quelque chose que la police aurait manqué à première vue, rien ne lui ferait plus plaisir que d'aider Hassan de la sorte. |
| | | | (#)Dim 8 Déc 2019 - 3:55 | |
| S’il fallait une preuve supplémentaire que cette histoire de cambriolage avait laissé Hassan un peu à côté de ses pompes, quand bien même il avait largement conscience de s’en sortir sans trop de problèmes, l’idée de tomber sur Sohan en mettant les pieds au commissariat ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Il avait pris attache avec ce poste de police plutôt qu’un autre simplement parce qu’il était le plus près des locaux d’ABC, mais sans qu’il ne sache pourquoi son esprit avait en revanche totalement occulté le fait qu’il s’agissait de celui où travaillait son ami. Pour autant, Hassan était bien content de le voir et avant senti sa crispation redescendre d’un cran avec l’apparition du Khadji. D’abord incertain quant à sa volonté de révéler sa récente déconvenue, l’enseignant avait fini par se dire qu’il n’avait aucun intérêt à faire plus de cachoteries qu’il n’en faisait déjà ces derniers temps, aussi s’était-il contenté de secouer la tête pour tempérer la situation lorsque Sohan avait répété « Un cambriolage ? » avec incrédulité pour demander aussitôt après « Ça va ? Ils t'ont rien volé de valeur ? Et les chiens ? » Touché de voir que l’ordre des priorités de Sohan était le même et que ce dernier semblait avoir conscience de l’importance qu’accordait son ami à ses deux animaux, il avait simplement répondu « On ne m’a rien volé tout court, à priori. Et les chiens étaient avec moi, on était en balade. » Haussant les épaules, il avait arboré un air résigné « Soit j’ai eu affaire au voleur le moins dégourdi mais le plus chanceux de tous, soit … » Il ne savait pas trop, loin de lui l’envie de remettre en cause le travail du policier qui venait de prendre sa plainte, mais Hassan peinait à voir cela comme une véritable menace. « Rien. C’est probablement juste une mauvaise blague. » Désireux de ne pas s’appesantir plus longtemps sur la question, il avait préféré proposer au Khadji d’aller boire un verre, histoire de donner une impulsion un peu plus agréable à sa fin de journée « Tu rigoles ? Bien sûr que j'ai le temps. Tu m'influences tellement que c'est moi qui t'invite ! Je peux même t'aider à ranger si tu as besoin d'aide. » Laissant échapper un léger rire, le brun avait plaisanté « Ça serait le moment rêvé d’abuser de ton enthousiasme pour te proposer de faire ma vaisselle par la même occasion, tu sais ? » mais repris d’un ton plus sérieux pour décliner « C’est gentil, mais je devrais m’en sortir. Ça fait des semaines que je me dis que je devrais songer à un ménage de printemps, au moins maintenant j’ai une bonne excuse pour m’y mettre. » Il n’irait pas jusqu’à prétendre que cette histoire avait eu un côté positif, mais il tentait au moins de voir le verre à moitié plein faute de mieux, et n’était par ailleurs par mécontent d’en avoir terminé avec la corvée du commissariat, comme il l’avait fait valoir juste après lorsque Sohan lui avait demandé « T'as déjà déposé plainte ou t'attendais ton tour ? Je peux attendre avec toi, j'ai tout mon temps. » à juste titre. « Non c’est bon, j’en sors justement. Le policier m’a dit qu’on me recontacterait si y’avait de nouveaux éléments. » Et qu’on se le dise, Hassan ne se faisait aucune illusion quant au fait que sa plainte finirait dans le sous-dossier d’un sous-dossier et qu’il n’en saurait jamais rien de plus. Et puisque pas de vol, pas de déclaration à l’assurance … autrement dit l’enseignant n’aurait même pas perdu trois heures de son temps à déposer plainte s’il n’avait pas été certain que Gwen lui prendrait la tête à ce sujet dans le cas inverse. Et parlant de Gwen, sa photo s’était affichée sur l’écran de son téléphone, arrachant à Hassan une grimace incertaine avant qu’il ne remette à plus tard. « Tu réponds pas ? » Faisant nonchalamment disparaître le téléphone dans la poche intérieure de sa veste, il avait répondu « Un seul problème à la fois. » avec néanmoins quelques remords à qualifier la jeune femme de problème, quand en réalité elle ne faisait que s’inquiéter pour lui. Noyant le poisson, le brun avait préféré en revenir à son estomac, prétextant une faim de loup qui n’avait rien d’imaginaire et une envie de frites qui ne surprendrait personne – tout allait toujours mieux avec une assiette de frites et de la sauce barbecue. « Va pour des frites. On peut aller au Mcdo au coin de la rue, ou alors, n'importe quelle brasserie du coin, il y aura forcément des frites. L'un ou l'autre me convient. » Pas enthousiasmé par la perspective d’avoir trois quarts de glaçons pour un quart de boisson dans son verre, Hassan avait préféré opter pour l’option brasserie et les deux hommes avaient par conséquent quitté le commissariat pour bifurquer à droite. Plus animée qu’à son arrivé trois heures plus tôt, l’avenue s’était remplie des habitants qui quittaient leurs bureaux pour rentrer chez eux ou s’accorder eux aussi un crochet par l’un des bars des environs. « Tu penses qu'ils vont réussir à trouver les coupables ? T'as des caméras de sécurité chez toi ? Ou alors tes voisins ? » Son casque de moto dans une main, Hassan avait eu une moue pensive en repensant à l’expression passablement horrifiée de Kelly lorsqu’elle avait découvert une voiture de police garée dans sa rue et appris que la maison à coté de la sienne avait eu un visiteur indésirable. Ses lèvres s’étaient pincées, son menton avait tremblé d’un énervement qui semblait n’avoir duré qu’un quart de seconde, et finalement elle avait couiné son offuscation à l’idée qu'Hassan se soit fait cambrioler avec cet air qui sous-entendait qu’elle était quand même bien contente qu’il se soit agit de lui et non d’elle. Pas que le brun ne lui en tienne rigueur ; Elle avait raison. « Il se passe jamais rien dans ce quartier, je suis sûr que la moitié des gens ne ferment même pas leur porte à clefs … J’avais laissé la baie vitrée de la cuisine entrouverte. » Cela lui servirait de leçon cela dit, il fermerait tout à double-tour à partir de maintenant. Mais des caméras ? Hassan avait trop foi en la bonté des gens pour être ce genre de personnes. « J’espère juste que les commérages de voisinage ne remonteront pas jusqu’à ta mère, sinon tu peux être sûr que je vais en entendre parler pendant trois siècles. » Réalisant après coup que mentionner Fatima n’était probablement pas la chose la plus intelligente à faire en présence de Sohan, le brun s’était mordu la langue avec dépit et avait haussé les épaules comme pour effacer le fantôme de la marocaine. « Bref, dans tous les cas je doute qu’on retrouve le coupable. Je penche pour un de mes élèves, j’ai dû froisser son ego … à la rentrée il sera passé à autre chose. C’est juste pas plaisant de t’imaginer quelqu’un déambuler chez toi à ton insu pour y faire Dieu sait quoi, et j'arrête pas de me demander ce qui se serait passé si les chiens avaient été à la maison. » Atteignant le pub le plus proche, les deux hommes s’y étaient engouffrés sans attendre, accueillis par le brouhaha de cinq à sept, et avaient fait un détour par le bar pour commander avant de se chercher une table où s’installer. « Bon et toi, qu’est-ce que tu racontes ? Et ne me dis pas rien, t’es pas encore assez vieux pour que je te crois sur parole si tu me dis que ta vie se résume à aller et venir entre ton boulot et chez toi. » Le brun avait l’impression de monopoliser la conversation depuis tout à l’heure, et il était bien trop facile pour Sohan de s’en sortir sans avoir à parler de lui si on ne lui tendait pas directement la perche.
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| | | | (#)Lun 16 Déc 2019 - 8:56 | |
| Sohan est rassuré d'apprendre que rien a été volé chez Hassan et qu'en plus de cela, ses chiens étaient avec lui lors de l'intrusion dans son domicile. Ca ne rendait pas l'évènement moins grave, mais ça rendait en revanche les conséquences un peu moins lourdes. C'était une chose de savoir que quelqu'un était rentré chez vous quand vous n'y étiez pas, s'en était une autre de savoir qu'en plus de cela vous vous retrouviez dépossédé de certains biens de quelconque valeurs ou que vos animaux aient payés les frais de cette visite non désirée. Sohan hoche donc la tête, soulagé d'entendre les mots d'Hassan. “Soit quoi ?” demande t-il quand le Jaafari s'arrête en plein milieu de sa phrase. Comme s'il ne voulait pas aller au fond de sa pensée. “Tu penses que ça pourrait être quelqu'un qui voulait simplement s'en prendre à toi en saccageant tout chez toi ?” Demande t-il. Il ne savait pas si c'était ce qu'Hassan avait en tête. Ni même s'il avait des raisons de penser que tel pouvait être le cas, mais il ne pouvait s'empêcher de poser la question. Après tout, soit c'était le fruit du hasard et les apprentis voleurs n'ont pas trouvé ce qu'ils étaient venus chercher chez le professeur, soit rien de tout ça n'a un rapport avec un quelconque hasard ou un quelconque vol et ne serait qu'un acte visant à nuire directement à son ami. Ce qui était sûr en tout cas, c'était que Sohan, lui, ne croyait pas du tout à la mauvaise blague. “C'est un peu gros pour une mauvaise blague tu penses pas ?” Il n'avait pas vu l'ampleur des dégâts qui étaient à déplorer chez son ami, mais un cambriolage en lui-même n'entrait absolument pas dans la catégorie des blagues de son point de vue. C'était bien trop sérieux pour ça. A moins d'avoir l'esprit complètement tordu et même là, ça ne justifiait absolument rien. Ca justifiait simplement la raison pour laquelle Sohan était prêt à aider son ami à nettoyer et ranger chez lui toute la nuit s'il le fallait. A une exception près : la vaisselle. “Pour la vaisselle je crois que je préfère encore te payer un lave-vaisselle si c'est que ça.” Répond-il en plaisantant. Il ne pourrait pas l'expliquer, mais c'était bien une des tâches qu'il appréciait le moins et tous les jours il remerciait silencieusement le type qui avait eu l'idée d'inventer cette machine révolutionnaire sans qui il devrait passer au moins cinq minutes de son temps à nettoyer et récurer ses plats tous les jours. On était bien loin de la partie de plaisir. “Si tu vois que finalement tu t'en sors pas, tu sais où me trouver de toute façon.” Il débarquerait sans hésiter, avec son huile de coude et une boite de donuts dans les mains pour donner un peu de motivation à l'ouvrage. Parce qu'avec Hassan faisait partie de sa famille et que pour sa famille il n'hésiterait pas à se plier en quatre s'il le fallait. Il était même prêt à attendre plusieurs heures avec lui au commissariat pour porter plainte s'il le fallait, même si aujourd'hui ça n'allait pas être nécessaire, Hassan lui déclarant que c'était déjà chose faite et qu'il n'avait plus rien à faire à part attendre qu'on le contacte s'il y avait du nouveau et d'expérience, Sohan savait que ça pouvait prendre un long moment, voire ne jamais arriver. Ce qui était bien souvent le cas dans ce genre d'affaires où il n'y avait aucune piste et qu'il n'y avait donc aucun moyen de faire le rapprochement avec d'autres faits similaires.
Quand Hassan ignore l'appel sur son téléphone, Sohan n'insiste pas. Ne cherche pas à savoir quel pourrait être cet énième problème. Ce n'est pas le lieu, ni le moment et il aurait bien l'occasion de questionner son ami un autre jour. Il se contente simplement de hocher la tête et de passer à autre chose et en particulier, l'estomac du Jaafari qui semblait crier famine. Il lui propose plusieurs options et suit son ami jusqu'à la brasserie qui se trouve à l'angle de la rue à seulement quelques mètres du commissariat. Le quartier était encore bien peuplé à cette heure-ci, les gens sortant du bureau se pressaient dans les rues. Il y avait ceux qui pressaient le pas, soucieux d'arriver à temps à leur arrêt de bus, puis il y avait ceux qui allaient retrouver quelques amis dans un bar autour d'une pinte de bière, petit détour agréable avant de retourner chez eux pour la soirée. La brasserie ne faisait pas exception et le service semblait déjà tourner à plein régime. Sohan s'installe sur une chaise avant de questionner un peu plus Hassan sur le cambriolage avec cette envie de résoudre l'affaire, comme s'il avait les moyens de le faire tout seul. Ce n'était pas aussi simple que ça. Surtout quand Hassan habitait dans un des quartiers tranquilles de la ville, déclarant à juste titre qu'il ne s'y passait jamais rien. Jusqu'à aujourd'hui, aurait pu rajouter Sohan qui n'était cependant pas là pour enfoncer le couteau dans la plaie. “Oh là, je peux rien te garantir. Tu la connais aussi bien que moi, tu sais qu'il y a pas grand-chose qui lui échappe. Surtout dans le quartier. Attends qu'elle prenne le thé avec ses amies et tu peux être sûre qu'elle va te bombarder d'appels pour avoir des explications.” Répond-il. Il était difficile, voire presque impossible de cacher quoi que ce soit à Fatima, surtout quand c'était aussi gros que ça. Un cambriolage à Logan City, ce n'était pas monnaie courante. Il n'allait donc pas falloir longtemps pour que l'information remonte aux oreilles de la matriarche. Il n'y avait aucun moyen pour qu'elle passe à côté de cette information, pas quand elle retrouvait ses amies du voisinage au moins deux fois par semaines pour boire le thé et parler des derniers ragots. Pas de doute, il allait en entendre parler pendant un moment. “Un de tes élèves ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ? C'est quand même hyper grave si c'est ça. Qu'il soit passé à autre chose à la rentrée ou pas.” s'exclame t-il ayant bien du mal à imaginer qu'un des élèves d'Hassan puisse en avoir après lui. Au contraire, il l'avait toujours imaginé comme le professeur que tout le monde apprécié et était donc surpris que son ami puisse tirer de telles conclusions. “Tu crois que les chiens auraient attaqués ? Même si c'est des amours, si un inconnu débarque alors que t'es pas là tu penses pas qu'ils auraient protégés leur territoire ?” Il était peut-être difficile d'imaginer la réaction d'animaux, même ceux qu'on connaissait bien. Il y avait probablement cette part d'incertitude et d'imprévisibilité qui faisait qu'il était probablement impossible de réellement savoir comment les choses se seraient déroulées si la situation avait été différente. “Non non t'as raison j'suis pas assez vieux pour ça. Ce serait plutôt toi ça, mais je dois bien avouer que j'ai pas de grande nouvelle à t'annoncer. C'est plutôt la routine quand même, même si je fais pas que bosser et heureusement.” Lui répond-il en souriant avant d’ajouter. “J’ai recroisé un type que j’avais aidé il y a trois ans de ça. Il m’avait contacté pour l’aider à retrouver son frère qu’il avait perdu de vue depuis des années. Je lui avais trouvé une piste dans une des salles de boxes de la ville, je l’avais pas revu depuis, donc je savais pas ce qu’il en était, mais apparemment la piste était la bonne du coup il a pu renouer avec. Bon apparemment les retrouvailles se sont pas passées comme prévu, mais tout commence à rentrer dans l’ordre de ce qu’il me dit. Du coup ça fait assez plaisir à entendre.” Raconte t-il à Hassan, se remémorant parfaitement le jeune italien paumé qui était venu le trouver, alors qu’il était fraîchement débarqué de son pays natal. Sohan n’avait pas eu le coeur à lui dire non, bien trop attendri par son histoire. |
| | | | (#)Lun 13 Jan 2020 - 21:51 | |
| Le policier avec lequel il venait de s’entretenir avait enrobé les choses d’une manière différente, mais l’idée restait plus ou moins similaire à celle développée par Sohan et le « Tu penses que ça pourrait être quelqu'un qui voulait simplement s'en prendre à toi en saccageant tout chez toi ? » qui lui avait échappé face à l’hésitation songeuse d’Hassan. Haussant les épaules, le concerné ne savait toujours pas trop sur quel pied danser à ce sujet, mais rejoignait néanmoins son ami sur le fait que « C'est un peu gros pour une mauvaise blague tu penses pas ? » … Mais après tout, Logan City devait bien avoir également son lot de gamins désœuvrés prêts à n’importe quelle bêtise pour se donner un peu d’adrénaline. « Qui sait. » Le brun en tout cas préférait considérer cette option dans le cas où celle de l’élève en colère ne cadrerait pas suffisamment, incapable d’envisager sérieusement la possibilité de s’être fait un ennemi, un vrai. Et parce qu’il avait l’impression que plus il retournait le problème dans tous les sens moins il en avait justement un, de sens, l’enseignant avait préféré botter en touche et rebondir sur la proposition de Sohan de l’aider à remettre de l’ordre chez lui afin que cette mésaventure ne soit plus qu’un mauvais souvenir. Une proposition que le brun n’avait pu s’empêcher de tourner avec humour, ramenant sous la lumière le nemesis de toujours de sa vie d’adulte : la vaisselle. « Pour la vaisselle je crois que je préfère encore te payer un lave-vaisselle si c'est que ça. » Laissant échapper un rire, pas le moins du monde étonné tant la corvée en était autant une pour son ami que pour lui, il avait cependant acquiescé lorsque Sohan avait ajouté « Si tu vois que finalement tu t'en sors pas, tu sais où me trouver de toute façon. » et finalement l’un et l’autre avaient repris leur marche pour quitter le commissariat, Hassan préférant pour le moment ignorer les tentatives de Gwen pour l’avoir au téléphone. Un Khadji passerait toujours avant le reste, proverbe Jaafari. Sans surprise, le bar débordait de salariés débauchant à peine et désireux de prendre un verre et décompresser un peu avant de regagner leur foyer – Hassan en faisait partie plus souvent qu’il n’était prêt à l’admettre, la compagnie de ses deux chiens ne suffisant pas toujours à provoquer son impatience à regagner sa maison. Le reste du temps, du moins, car cette histoire de cambriolage avait momentanément ébranlé ses certitudes sur le fait que rien de grave n’arrivait jamais dans les rues paisibles de Logan City. « Oh là, je peux rien te garantir. Tu la connais aussi bien que moi, tu sais qu'il y a pas grand-chose qui lui échappe. Surtout dans le quartier. » avait à ce sujet commenté Sohan en s’installant, lorsqu’Hassan avait brièvement mentionné Fatima. « Attends qu'elle prenne le thé avec ses amies et tu peux être sûre qu'elle va te bombarder d'appels pour avoir des explications. » Grimaçant d’un air las, sachant très bien qu’il avait raison, le brun avait vaguement secoué la tête « Je suppose qu’il vaudrait mieux que j’en parle à Yasmine moi-même avant qu’elle ne l’apprenne de sa bouche, dans ce cas … » La mésaventure ne méritait pas qu’on en fasse tout un plat, mais ses relations avec la jeune femme étaient déjà suffisamment tendues pour qu’il préfère s’éviter un nouvel épisode de la série Fatima, le messager maladroit. Et à elle aussi, il servirait la théorie qui lui semblait à la fois la plus plausible et la moins préoccupante : celle de l’élève à l’égo un peu fragile. « Un de tes élèves ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ? C'est quand même hyper grave si c'est ça. Qu'il soit passé à autre chose à la rentrée ou pas. » Pratiquement certain que plaisanter sur le fait qu’il aurait peut-être des nouvelles du coupable après avoir corrigé les examens de fin de semestre ne ferait pas rire Sohan, l’enseignant avait simplement hoché la tête. « Un petit malin a crevé les pneus de ma voiture sur le parking de l’université … Le même qui a glissé une lettre d’insultes sous la porte de mon bureau, je suppose. » Marquant une pause, il avait haussé les épaules. « J’avais vu ça avec le doyen, je pensais pas que ça prendrait de telles proportions. » Force était de constater, pourtant, que s’attaquer à sa maison était un cran au-dessus : ce n’était plus seulement son statut de professeur qui était visé. « Mais ça, je préfèrerais que tu le gardes pour toi en revanche. » Là encore, un seul problème à la fois. Sans compter que Yasmine avait probablement d’autres chats à fouetter actuellement. « Tu crois que les chiens auraient attaqués ? Même si c'est des amours, si un inconnu débarque alors que t'es pas là tu penses pas qu'ils auraient protégés leur territoire ? » Interrompus dans leur conversation par l’arrivée de leurs boissons, ils avaient remercié le serveur en lui offrant un sourire poli, après quoi seulement Hassan avant répondu « Bandit a peur de son ombre alors y’a peu de chance, mais Spike … Disons qu’à la façon dont il s’égosille sur le facteur tous les jours comme si c’était l’antéchrist, je me risquerais pas à rentrer dans la maison sans y avoir été invité si c’était pas mon chien. » Il ne savait pas trop d’où lui venait cette obsession pour le facteur, d’ailleurs. Il avait seulement cru remarquer que le chien de Kelly avait développé la même hystérie à son égard … Une histoire d’uniforme, peut-être. « Mais non en soit c’est surtout que … Enfin, dans la mesure où je ne sais pas qui est entré chez moi, j’ai aucune garantie qu’il ou elle ne s’en serait pas pris à eux s’ils avaient été là. » Et rien que d’en parler lui faisait froid dans le dos. Il fallait être un sacré lâche pour s’en prendre à autrui, mais il fallait l’être encore plus pour s’en prendre à un animal. Se refusant à y penser plus en détails, Hassan avait préféré changer de sujet. Il avait la désagréable impression de monopoliser la conversation avec sa mésaventure, et ce n’était pas ainsi qu’il souhaitait profiter du temps que Sohan avait accepté de lui accorder. Leurs boulots respectifs et les journées qui s’évertuaient à toujours ne durer que vingt-quatre heures réduisaient drastiquement les occasions de se voir sur un coup de tête, et s’il avait été trop obnubilé par la raison pour laquelle il devait se rendre au poste de police en premier lieu pour y penser tout seul, il entendait bien profiter d’être tombé sur Sohan pour le faire parler un peu de lui – chose que le concerné faisait rarement de son propre chef. « Non non t'as raison j'suis pas assez vieux pour ça. Ce serait plutôt toi ça, mais je dois bien avouer que j'ai pas de grande nouvelle à t'annoncer. C'est plutôt la routine quand même, même si je fais pas que bosser et heureusement. » Plissant les yeux d’un air faussement mauvais face à la boutade concernant son âge, Hassan l’avait laissé continuer sur sa lancée. « J’ai recroisé un type que j’avais aidé il y a trois ans de ça. Il m’avait contacté pour l’aider à retrouver son frère qu’il avait perdu de vue depuis des années. Je lui avais trouvé une piste dans une des salles de boxe de la ville, je l’avais pas revu depuis, donc je savais pas ce qu’il en était, mais apparemment la piste était la bonne du coup il a pu renouer avec. Bon apparemment les retrouvailles se sont pas passées comme prévu, mais tout commence à rentrer dans l’ordre de ce qu’il me dit. Du coup ça fait assez plaisir à entendre. » Attendri par l’histoire, plus encore parce qu’il y voyait peut-être un vague parallèle avec les quelques péripéties qu’avaient subi sa relation avec Sohan, Hassan avait souri « C’est chouette ! Mais attends j’ai loupé un épisode ? Depuis quand tu joues au détective privé, c’était pour le boulot ? » Le brun était soudainement curieux, plus habitué à entendre Sohan parler dans un jargon d’informaticien qui laissait supposer qu’il ne côtoyait au boulot que d’autres informaticiens disposés à parler la même langue étrangère que lui – car pour Hassan c’en était une, au même titre que le russe ou le mandarin. « Parlant de frère, Qasim et Olivia viennent passer les fêtes à Brisbane cette année, on fera certainement un repas avec les Davis histoire que les petits puissent fêter Noël … Je te garde une place à table ? » Sohan pourrait bien répondre non, ce serait cependant sous-estimer le pouvoir de l’insistance de non pas un mais deux frères Jaafari pour le faire changer d’avis. « Je vais aussi proposer à Yasmine … Mais j’ai pas encore trouvé le temps. » Ou plutôt il n’avait pas encore osé.
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| | | | (#)Dim 9 Fév 2020 - 4:39 | |
| Il avait du mal à croire à la mauvaise blague. C'était bien trop gros pour lui, bien trop de mauvais goût et si s'en était une, il était intimement convaincu que le coupable avait de sérieux problèmes psychologique. Pour Sohan, ça n'avait rien de drôle et ça lui hérissait le poil de savoir que c'était arrivé à Hassan. Ca n'arrivait pas toujours aux autres finalement et même s'il n'y avait pas grand-chose à faire, Sohan se montrait prêt à aider son ami de n'importe quelle façon et ce même s'il devait retrousser ses manches pour l'aider à remettre de l'ordre chez lui. C'était le moins qu'il pouvait faire selon lui et il serait prêt à être sur le pied de guerre sans broncher … Sauf pour la vaisselle peut-être qui était bien une des corvées qu'il appréciait le moins. Un comble pour le cuisinier dans l'âme qu'il était. Il se retrouvait toujours avec une montagne de plats et d'ustensils à nettoyer et ne pouvait pas être plus reconnaissant d'avoir la chance de posséder un lave-vaisselle qui se chargeait très bien de cette corvée pour lui. Enfin, il n'était pas non plus catégorique quand il s'agissait d'aider Hassan. Si c'était ce qui referait la journée de son meilleur ami, il remonterait les manches de sweat avant de se saisir d'une éponge et plonger les mains dans l'eau. Il ne ronchonnerait pas, ne se plaindrait pas non plus, mais à choisir, il préférait tout de même payer à manger au Jaafari, ce qui était bien plus agréable selon lui que devoir s'occuper de la vaisselle sale. Surtout que le bar s'avère bien plus convivial aussi. Il est animé par des salariés venant tout juste de quitter le travail et se retrouvant autour d'une bière ou d'un petit quelque chose à grignoter tout en parlant des évènements, marquants ou pas de leur journée. Une ambiance qui, Sohan l'espérait, suffirait à changer un peu les idées d'Hassan l'espace d'un instant avant qu'il ne rentre chez lui et ne se retrouve confronté au chaos laissé par cet étudiant à l'ego bien trop fragile pour son propre bien comme l'avait expliqué Hassan. Il hoche la tête pour acquiescer quand Hassan lui dit qu'il devrait en parler à Yasmine avant que cette mésaventure arrive aux oreilles de Fatima. “Tu sais aussi bien que moi à quel point elle déteste apprendre les choses par l'intermédiaire de maman.” En particulier quand il s'agissait d'Hassan pour une bonne dizaine de raisons, à commencer par l'impression d'avoir été mise sur la touche quand les affaires d'Hassan arrivaient aux oreilles de Fatima avant d'arriver aux siennes. Ce que Sohan pouvait comprendre puisqu'il préférait entendre les nouvelles de la bouche de l'intéressé directement, plutôt que de la bouche de sa mère qui l'aurait entendu de la bouche de la voisine qui l'aurait entendu de quelqu'un d'autre. Par principe. Parce qu'il n'y avait pas de raison d'y avoir de secret ou de non-dit entre eux, surtout quand c'était impossible à cacher.
Et il est surpris par la suite des révélations d'Hassan. Révélations qui lui semblent bien plus graves que ce qu'il n'aurait pu imaginer. La théorie de l'élève vexé se faisait bien plus crédible qu'il ne l'aurait pensé. “Ca a commencé quand ces évènements ? Le doyen a une idée de qui ça pourrait être ? Ou toi ? T'as une idée ?” demande t-il. Ce n'est pas le genre de choses qu'il aime entendre. Il est difficile pour lui de ne pas prendre les choses trop à coeur quand il s'agit d'Hassan. Ils ont beau ne pas avoir le même sang, pour lui, il fait partie de sa famille et qu'on s'en prenne à Hassan lui fait le même effet que si quelqu'un s'en prenait à Yasmine. Ca le dépasse et il n'est même pas sûr qu'il soit possible de trouver une explication crédible à tout cela. “T'en fais pas, je lui dirai rien”. Répond-il, comme s'il avait réellement besoin de le préciser. Ce n'était pas à lui d'en parler à Yasmine. C'était à Hassan et contrairement à Fatima, Sohan savait tenir sa langue. Il n'était pas du genre à laisser échapper des informations qu'il n'avait pas à révéler. Il se considérait comme une personne de confiance et emporterait probablement n'importe quel secret dans la tombe s'il le fallait. Un des avantages à ne pas être des plus bavard et de ne pas prêter plus d'attention aux ragots. “Une chance qu'ils n'étaient pas chez toi. Qui sait comment ça aurait pu finir cette histoire.” Autant pour les chiens que pour le sombre idiot qui s'était que cela pouvait être drôle de s'introduire chez quelqu'un pour tout retourner. Si Spike se montrait agressif avec le facteur qu'il voyait pourtant régulièrement, il n'aurait effectivement pas fait de cadeau à un inconnu et ça n'aurait fait qu'ajouter un problème sur les épaules d'Hassan. Sohan ne préférait même pas imaginer ce qui se serait produit si la personne en question avait fait du mal aux chiens. La seule éventualité lui glaçait le sang.
Quand Hassan change de sujet, il n'insiste pas, après tout, le but est de lui faire penser à autre chose l'espace d'un repas et ce serait contre-productif de tenter de décrypter la situation dans les moindres détails, tenter de trouver une quelconque logique ou même établir le profil du coupable. L'affaire était maintenant dans les mains de la police et même si Sohan savait que ça ne voulait pas dire qu'il y aurait un quelconque résultat, Hassan avait fait tout ce qu'il pouvait faire jusqu'à présent. Il n'y avait plus qu'à attendre et continuer son chemin. Alors, il lui parle de Nino, oubliant qu'à l'époque Hassan et lui n'était déjà plus en bon termes et réalisant qu'il n'avait finalement jamais eu l'occasion de lui parler de cette histoire. “J'y ai joué une fois, mais c'était pas pour le boulot.” Explique t-il. Il y avait beaucoup à dire sur cette histoire. “C'était il y a un peu plus de trois ans, ce type est tombé sur ma carte de visite que je donne pour mes dépannages et il m'a contacté. Je pensais que c'était pour réparer son PC, mais en fait il voulait que je l'aide à retrouver son frère, je sais pas trop où il avait entendu que je me débrouillais en informatique ou que je bossais pour la police. Le fait est que je me suis laisser amadouer par son histoire et que j'ai pas eu le coeur à lui dire non. J'avais réussi à lui trouver une piste plutôt fiable et après ça j'avais plus entendu parler de lui, jusqu'à il y a pas longtemps du coup.” C'était la version courte. La version longue était qu'il avait longuement débattu avec lui-même pour savoir s'il utilisait les ressources de la police ou s'il se contentait de son propre matériel, que l'histoire lui avait forcément fait penser à lui et Hassan ou même à ce qu'il serait prêt à faire pour retrouver Yasmine et il avait fini par céder. Une seule fois parce qu'il n'était pas forcément très confortable avec tout ça malgré tout et qu'il s'était juré de ne plus recommencer, même s'il pouvait se faire beaucoup d'argent comme ça. Il ne faisait pas ça pour cela et n'était pas matérialiste pour un sous. Un large sourire se dessine sur le visage de Sohan quand Hassan mentionne Noël et lui propose de se joindre à lui et sa famille pour l'occasion, ça lui fait extrêmement plaisir, d'autant plus quand il repense au fait qu'il y a deux ans lui et Hassan ne se parlait plus. Alors, il hoche vigoureusement la tête, il n'y avait pas de doute quant à sa réponse. “Avec plaisir ! Ca fait longtemps que j'ai pas vu Qasim et les enfants en plus.” répond-il avant d'ajouter “Pour Yasmine tu devrais pas trop tarder si tu veux qu'elle vienne, je sais pas encore si elle a prévu de faire du bénévolat comme l'an dernier, mais si elle s'est déjà engagée, elle ne viendra pas et si t'as vraiment pas le temps, t'as qu'à demander à Clara de lui faire passer le message.” Parce que finalement, leurs deux familles étaient liées bien plus qu'il n'y paraissait. |
| | | | (#)Dim 29 Mar 2020 - 22:53 | |
| Il y avait bien sûr un véritable désir de ne pas inquiéter les autres avec ce qui n’était à ses yeux qu’une mésaventure sans importance, mais sans doute la discrétion d'Hassan à ce sujet venait-elle aussi d’un besoin inconscient de se rassurer lui-même : tant qu’il n’en parlait pas et continuer de traiter cela par-dessus la jambe, il pouvait continuer de se voiler la face et de prétendre qu’effectivement, ce n’était rien d’important. Tellement peu important que les seules personnes au courant l’étaient par la force des choses, Sohan par sa présence au commissariat et Gwen comme passagère de sa voiture lorsqu’il avait trouvé la première lettre. Mais les cambriolages à Logan City n’étaient pas légion, et les secrets ne le restaient jamais bien longtemps face à l’armée de langues bien pendues que constituaient les retraités du quartier, aussi Hassan se retrouvait-il un peu dos au mur. « Tu sais aussi bien que moi à quel point elle déteste apprendre les choses par l'intermédiaire de maman. » lui avait à ce sujet très justement fait remarquer Sohan à propos de sa sœur, et y répondant par une grimace d’approbation le brun s’était promis de réparer cet impair à la première occasion, désireux de ne pas donner un nouveau coup de canif à la relation un peu hasardeuse que Yasmine et lui entretenaient actuellement. Bien qu’il ait tenté de minimiser les faits face à son ami, ce dernier affichait un air soucieux au moment de réclamer plus de détails « Ça a commencé quand ces évènements ? Le doyen a une idée de qui ça pourrait être ? Ou toi ? T'as une idée ? » et Hassan avait dodeliné la tête d’un air évasif avant d’assurer « Quelques semaines. » quand « quelques mois » aurait sans doute été plus honnête – mais au fond cela ne changeait pas grand-chose. « Mais non, j’ai aucune idée. Honnêtement, je vois passer des centaines d’élèves toutes filières et options confondues, ça peut être n’importe qui. » Et donc ne même pas être un élève, mais toutes les autres options semblaient simplement encore moins plausibles que celle-ci, et Hassan n’avait pas le goût de l’envisager. « T'en fais pas, je lui dirai rien. » lui avait néanmoins assuré Sohan, comprenant sans mal le sous-entendu de son ami quant au fait de garder cela pour lui, autrement dit loin des oreilles de sa sœur. Etait-ce de la sagesse ou de l’inconscience ? Toujours est-il qu’au bout du compte Hassan n’y voyait que le fait que tout cela aurait pu être pire et qu’il ne s’en sortait pas si mal : on ne lui avait rien volé et surtout ses chiens étaient sains et saufs. « Une chance qu'ils n'étaient pas chez toi. Qui sait comment ça aurait pu finir cette histoire. » Mal, probablement, et parce qu’il se crispait déjà suffisamment d’y penser tout seul il avait préféré ne pas rebondir sur le sujet, au risque de grogner sans que cela ne change quoi que ce soit au problème. Non content de passer le relais de la conversation à Sohan, Hassan l’avait écouté avec attention mais également un brin de surprise – ce qu’il lui décrivait avait plutôt des allures d’enquête privée que de dossier arrivé jusqu’à son bureau par des voies officielles. « J'y ai joué une fois, mais c'était pas pour le boulot. » lui avait-il alors admis du bout des lèvres, avant d’offrir plus de détails « C'était il y a un peu plus de trois ans, ce type est tombé sur ma carte de visite que je donne pour mes dépannages et il m'a contacté. Je pensais que c'était pour réparer son PC, mais en fait il voulait que je l'aide à retrouver son frère, je sais pas trop où il avait entendu que je me débrouillais en informatique ou que je bossais pour la police. Le fait est que je me suis laissé amadouer par son histoire et que j'ai pas eu le cœur à lui dire non. J'avais réussi à lui trouver une piste plutôt fiable et après ça j'avais plus entendu parler de lui, jusqu'à il y a pas longtemps du coup. » Les lèvres du professeur s’étaient étirées en un sourire à mesure que Sohan avançait dans ses explications – parce qu’évidemment il s’était laissé amadouer, et évidemment il n’avait pas eu le cœur à dire non. « Du coup ça fait un peu de toi leur marraine la bonne fée, non ? » s’en était-il alors amusé, s’autorisant une gorgé de son verre avant de reprendre d’un ton néanmoins plus sérieux « Et ça ne t’a pas donné envie de réitérer l’expérience ? De jouer au détective privé, j’entends. » Il balançait cela comme ça, mais après tout si Sohan y avait trouvé à la fois du fun et un côté gratifiant, pourquoi pas ? Mais après tout Hassan n’avait aucune idée d’à quel point une telle activité nécessiterait pour le Khadji d’utiliser ses ressources professionnelles à mauvais escient. Reste qu’à vanter les aventures fraternelles d’autrui, Sohan lui avait rappelé qu’il n’avait toujours pas eu l’occasion de lui proposer de se joindre à eux pour le repas de « Noël » qu’il organisait en profitant que Qasim et sa marmaille soient là. « Avec plaisir ! Ça fait longtemps que j'ai pas vu Qasim et les enfants en plus. » Trop longtemps, sans doute, et de cela le brun se sentait un peu responsable, sans oser en faire la remarque. « Reda crapahute partout maintenant, je crois que c’est celui qui a le plus hérité de la bougeotte des Jaafari en fin de compte. » Et si Olivia ne s’en inquiétait pas encore c’était assurément parce qu’elle n’avait pas connu les deux frangins à l’apogée de leur hyperactivité, de leur collection de bleus et de celle de plâtres. « Pour Yasmine tu devrais pas trop tarder si tu veux qu'elle vienne, avait en tout cas repris Sohan, je sais pas encore si elle a prévu de faire du bénévolat comme l'an dernier, mais si elle s'est déjà engagée, elle ne viendra pas et si t'as vraiment pas le temps, t'as qu'à demander à Clara de lui faire passer le message. » Grimaçant légèrement, Hassan avait dodeliné la tête avec incertitude. Car si ses relations avec Yasmine demeuraient fragiles, celles que Clara entretenaient avec eux semblaient se désagréger au rythme de ses décisions post-rupture. « Ouais, je sais pas trop … C’est un peu compliqué avec Clara actuellement. » A en juger par l’expression qu’arborait Sohan, il avait échappé aux derniers rebondissements à ce sujet, et l’air un peu las le Jaafari avait entrepris de récapituler. « Elle a décidé de s’inscrire à un truc de télé-réalité, j’ai pas tout compris au principe, mais en gros on t’organise un mariage à l’arrache et tu découvres ton heureux ou heureuse élu(e) devant le maire. » C’était probablement encore plus bizarre en vrai que ça n’en avait déjà l’air en le racontant. Ce qui n’était pas peu dire. « On ne peut pas vraiment dire que son initiative ait fait l’unanimité, alors je ne sais pas trop si elle fera Noël avec nous. » Quelque part il espérait presque que non, car Clara savait mettre de l’huile sur le feu tout comme Qasim savait ne pas mâcher ses mots pour partager sa manière de penser … Les esprits auraient bien le temps de s’apaiser d’ici là, mais rien n’était moins sûr. « Et là je réalise que je viens peut-être de t’inviter dans un bourbier. Je te redirai au pire, Qasim et Olivia restent dans le coin une dizaine de jours donc y’aura d’autres occasions. Et puis tu sais bien que tu passes à la maison quand tu veux, de toute façon. »
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| | | | (#)Mar 21 Avr 2020 - 8:50 | |
| Quand Sohan résume brièvement l'histoire de Nino pour Hassan, il se retrouve automatiquement renvoyé trois ans plutôt, avec ce jeune italien sorti de nulle part qui n'a vraisemblablement aucun problème d'ordinateur, mais semble plus que sûr de lui. Sohan n'avait jamais demandé pourquoi il l'avait choisi lui, rien sur sa carte de visite qu'il distribuait ici et là ne laissait penser que ses compétences ne se limitaient pas seulement à la réparation et à la résolution de bugs. Rien ne disait non plus qu'il travaillait pour la police de Brisbane et donc rien n'aurait permis à Nino de le choisir lui plutôt qu'un petit hacker qui se serait sans doute fait un plaisir de pirater absolument toutes les bases de données qu'il aurait pu trouver sur son chemin. A l'heure actuelle, tout cela restait un mystère, mais les faits étant que Sohan avait accepté de l'aider, après mûre réflexion et s'étant fait amadouer par l'histoire du jeune homme. A l'époque, si les conditions avaient été différentes, il en aurait parlé à Hassan avant même de prendre une décision. Il aurait compté sur son ami pour l'aider à peser le pour et le contre. Aurait compté sur lui pour lui faire savoir s'il faisait une énorme bêtise ou si au contraire, il pouvait se lancer là-dedans sans regarder derrière lui. Mais à l'époque, il ne se parlait déjà plus et si ce n'était pour aujourd'hui et sa récente rencontre avec Nino, Hassan ne serait probablement au courant de rien. C'était le passé. Sohan avait fait ce qu'il avait à faire, avait laissé l'italien avec la piste qu'il avait pu trouver sur son frère et chacun avait repris le cours de sa vie. Il ne savait donc pas vraiment si ça faisait de lui leur marraine la bonne fée, mais cette remarquer d'Hassan le fait rire puisqu'il se souvient de sa discussion avec Nino la dernière fois, qui même si elle laissait présager une bonne relation entre les deux hommes, faisait écho à des retrouvailles pas forcément bienvenues. "Marraine la bonne fée je sais pas, mais ils ont réussi à se retrouver à des milliers de kilomètres de chez eux alors c'est plutôt pas mal. En revanche, non, j'ai jamais eu envie de me remettre dans la peau d'un détective privé." Répond-il en souriant. Ca ne lui avait jamais traversé l'esprit d'ailleurs. Pour lui, c'était l'histoire d'une seule fois, parce qu'on était venu le trouver, que l'histoire de ces deux frères l'avait touché, mais rien de plus. Ca n'avait pas éveillé en lui une vocation qui lui aurait donné envie de se pencher un peu plus vers cette voie-là. "J'crois que c'est vraiment un métier à part entière et je laisse volontiers ça à ceux pour qui c'est une réelle passion. Je préfère largement m'en tenir à bidouiller des machines." Ca demandait selon lui un investissement émotionnel bien moindre. Il avait aimé se la jouer à la Sherlock Holmes, il n'y avait pas de doute là-dessus, mais il avait aussi apprécié le fait d'arriver à quelque chose de concret. Il avait cependant assez de recul sur les choses pour imaginer que ce n'était pas comme cela que ça se terminait à chaque fois. Il avait eu de la chance et c'était lié à tout un tas de facteurs bien précis, notamment les ressources dont il avait pu user, la zone de rechercher plutôt limitée, la certitude que la personne recherchée était encore en vie, des éléments qui avaient permis à Sohan d'arriver au bout de cette énigme sans trop de difficultés et surtout, sans trop se faire de cheveux blancs. Il préférait donc rester sur cette expérience positive et fermer à tout jamais ce chapitre de sa vie professionnelle.
Il retrouve un sens de normalité qu'il avait presque oubliée quand Hassan lui propose de se joindre à lui pour le repas de Noël, plus une excuse pour se retrouver qu'une conviction religieuse, mais ça ne change rien au fait que ça lui fait chaud au coeur et lui rappelle aussi ce qu'il a manqué pendant des années. Cependant, il a tiré un trait sur tout ça, sur le passé, sur les potentiels scénarios qui auraient pu se produire si les choses avaient été différentes. Il prenait le présent comme il venait et profitait de ce qui pendant des années avait été la norme avant de passer à la trappe. "C'est dur à imaginer ! Il était si petit la dernière fois que je l'ai vu. J'oublie toujours que tout comme nous, chaque année, il prend un an de plus." Ce qui était encore plus dur à imaginer c'était que la situation avec Clara soit compliquée ou même qu'elle souhaite s'inscrire à une émission de télé-réalité impliquant un mariage à un parfait inconnu. Ca ne manque d'ailleurs pas de faire lever un sourcil inquisiteur à Sohan qui n'est tout d'un coup pas sûr d'avoir tout bien entendu ou même tout bien compris. Ca le surprend, mais en même temps, il ne connaît pas si bien Clara, c'est bien plus l'amie de Yasmine que la sienne, alors peut-être se fait il des idées sur elle, à des kilomètres de la réalité. "Comment ça ? Je croyais qu'elle était en couple avec Nicolas depuis des années ? Ca semble sorti de nulle part cette histoire." commente t-il en haussant les épaules. Elle a sûrement ses raisons, il ne la connaît pas plus que ça et ne peut donc pas apporter un quelconque jugement même si pour lui, ça ressemble plus à une farce qu'autre chose. Puis Sohan se met à rire quand Hassan mentionne le bourbier dans lequel il vient peut-être de l'entraîner. Ca le fait rire, parce que ça lui parait presque normal tout ça. "Qu'est-ce que serait un repas de famille sans son lot de drama ?" demande t-il en riant. Parce que mine de rien, la famille d'Hassan était un peu la sienne, tout comme l'inverse était vrai. "T'en fais pas, ça me dérange pas du tout, je sais très bien que malgré tout ce sera un bon moment et dans le pire des cas ça me ramènera des dizaines d'années en arrière quand tu te disputais avec Qasim pour des bêtises." Un peu de nostalgie qui faisait du bien parfois, il n'y avait pas de mal à ça. "Tu veux manger quoi ?" demande t-il pointant le menu d'un signe de tête. "Apparemment le burger du chef est une tuerie." Il n'avait pas eu l'occasion d'y goûter, mais certains de ses collègues ne parlaient que de ça quand il était question de choisir ce qu'ils allaient bien pouvoir manger au déjeuner. |
| | | | (#)Ven 1 Mai 2020 - 0:23 | |
| Sohan et ses machines, une grande histoire. Qu’Hassan ne comprenait pas toujours entièrement, probablement parce qu’il était plutôt de ceux qui appelaient Sohan à la rescousse lorsqu’ils appuyaient malencontreusement sur une touche qu’il aurait mieux valu ne pas titiller, ou parce qu’ils renversaient leur tasse de thé sur leur clavier dans un moment de maladresse. Au fond les informaticiens étaient un peu les charmeurs de serpents du vingt-et-unième siècle, ils parlaient un langage que personne d’autres ne comprenaient et ils avaient la technique pour s’éviter la morsure sournoise du virus 2.0 … et dans le cas de Sohan ils étaient également imbattables à Snake, autre serpent aussi vintage que numérique celui-ci. Du travail la conversation avait finalement dévié vers leurs vies personnelles, ou plus généralement vers la famille au sens large que représentait le clan Khadji-Jaafari-Davis lié par un habile jeu d’amitiés, de mariages et de liens tissés par le temps … Et tandis que du côté du petit dernier de Qasim on poussait à vue d’œil, Hassan vantant ses talents d’explorateur en culotte courte à un Sohan qui s’était exclamé « C'est dur à imaginer ! Il était si petit la dernière fois que je l'ai vu. J'oublie toujours que tout comme nous, chaque année, il prend un an de plus. » persuadant ainsi son oncle de sortir son téléphone portable pour fouiller dans sa galerie de photos afin d’illustrer la chose, du côté des Davis et plus particulièrement de leur cadette on gérait sa rupture de manière un peu … atypique. Bien qu’il se soit décidé à en toucher un mot à Sohan puisque le prénom de la blonde avait atterri dans la conversation, l’enseignant avait conscience d’ignorer probablement une grande partie de l’histoire, la partie qui lui aurait sans doute permis de comprendre un peu mieux cette décision qui d’un point de vue extérieur avait tout l’air d’un caprice. Le Khadji non plus ne semblait pas y trouver le moindre sens, et s’en était étonné en répondant « Comment ça ? Je croyais qu'elle était en couple avec Nicolas depuis des années ? Ça semble sorti de nulle part cette histoire. » pour n’obtenir d’Hassan qu’un haussement d’épaules impuissant. « J’en sais pas beaucoup plus que toi, honnêtement. » Et le peu qu’il en savait il ne le tenait même pas de Clara elle-même mais du père de cette dernière. « Je savais que les absences de Nicolas lui pesaient un peu, surtout ces derniers mois, mais je ne pensais pas qu’ils iraient jusqu’à se séparer. » Mais hormis les principaux intéressés personne n’était jamais à même de connaître tout ce qui pouvait se jouer au sein d’un couple, alors Hassan évitait de juger cette rupture sans savoir de quoi il retournait réellement. Ce qu’il jugeait beaucoup plus en revanche c’était cette idée saugrenue d’épouser un inconnu pour avoir sa minute de gloire à la télévision, comme si le mariage n’était qu’une vague mascarade et non pas un engagement sérieux. Qui sait quel blaireau on lui présenterait pour faire de l’audimat ? Non, il fallait que Clara revienne à la raison avant cela … Et puisque le brun ne doutait pas que le sujet animerait les prochains repas de famille, il avait affiché une mine déconfite en réalisant que son invitation pour Sohan avait au bout du compte tout l’air d’un cadeau empoisonné. « Qu'est-ce que serait un repas de famille sans son lot de drama ? » s’en était pourtant amusé l’intéressé avant de lui assurer « T'en fais pas, ça me dérange pas du tout, je sais très bien que malgré tout ce sera un bon moment et dans le pire des cas ça me ramènera des dizaines d'années en arrière quand tu te disputais avec Qasim pour des bêtises. » Plissant les yeux en affichant une moue boudeuse, il avait secoué la tête en prétendant « Là, je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler. » sans croire lui-même à ce qu’il avançait ; D’être devenus colocataires avant même d’être véritablement des adultes, avec toutes les contraintes qui allaient avec, avait provoqué entre les deux Jaafari d’indéniables frictions, quand bien même leur proximité n’en avait jamais été entachée profondément. Revenant à une conversation plus triviale, Sohan avait ensuite demandé « Tu veux manger quoi ? » et tandis qu’Hassan jetait un coup d’œil au menu en dodelinant la tête son ami avait ajouté « Apparemment le burger du chef est une tuerie. » pour tenter de l’aiguiller. Mais impossible pour le bras de se sortir son idée de base de la tête, aussi avait-il répondu « Hmm je crois que j’ai juste envie d’une immense assiette de frites. Avec de la sauce barbecue, et de la mayonnaise. Et oui j’ai conscience que c’est une commande digne d’un enfant de six ans. » Est-ce que cela suffirait à le persuader d’être plus raisonnable ? Non. « Mais si tu te laisses tenter par le burger du chef et qu’il vaut effectivement le détour, ça me fera une occasion de revenir, et tu pourras te vanter de favoriser le commerce local. C’est bon pour ton karma. » Et un sourire angélique s’étirant d’abord sur les lèvres du brun, un bref éclat de rire lui avait finalement échappé. Une bouffée d’oxygène après l’après-midi qu’il venait de perdre au commissariat pour, il en était pratiquement certain, un dommage qui ne trouverait probablement jamais de coupable.
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| | | | | | | | (sohassan) how to disappear completely |
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