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Message(#)blurred lines - tommy EmptyMar 10 Sep 2019 - 22:44

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@Tommy Warren & Marius

Quand tu avais vu le nom de Tommy s’afficher sur ton écran de téléphone, tu avais été légèrement étonné avant de décrocher et de trouver à l’autre bout du fil une Moïra très excitée. « Tonton Marius !!! Tu veux bien m’amener faire du surf ? Lene elle peut plus avec son bébé et personne ne peut m’apprendre. » Tu n’avais pas eu le temps de prononcer le moindre mot et un petit sourire se dessina sur ton visage. « Bonsoir à toi aussi Moïra, tu as l’air d’aller très bien ! » Tu ne pouvais pas voir la demoiselle mais tu savais qu’elle devait être en train de lever les yeux au ciel. En vérité, tu étais étonné de ce coup de téléphone. En général, les sorties que Tommy te laissait organiser avec Moïra s’organisaient par texto pour limiter les contacts inutiles entre vous. Il était clair et net que si vous ne vous sautiez plus à la gorge, c’était pour le bien être de Moïra que tu refusais de ne plus avoir dans ta vie à part si ton frère te l’interdisait définitivement. « Alors tu veux bien m’accompagner ? » Tu ne lui demandais pas comment elle avait su que tu faisais du surf, tu pouvais sentir les bonnes idées de Beth de très loin désormais. Peut-être que ta soeur ne l’avait pas fait exprès, peut-être qu’elle avait simplement sauté sur l’occasion si Moïra lui avait parlé de son manque de professeur de surf. Tu ne connaissais pas Lene mais ta nièce t’avait parlé de cette nouvelle passion et des cours qu’elle prenait pour apprendre à surfer. « Dit à ton père que je suis disponible ce week-end, s’il est d’accord je t’accompagnerai. Il peut me contacter par message. » Tu pouvais entendre les petites exclamations de joie de ta nièce qui ne tarda pas à raccrocher certainement pour aller convaincre Tommy de la laisser venir avec toi. Tu n’attendis pas bien longtemps pour que ton frère te contacte par messages car le lendemain il vérifiait que tu étais toujours libre. Pour la suite, tu n’étais pas très inquiet, tu passerais chercher Moïra et tu la ramènerais à l’heure indiquée, vous fonctionniez toujours comme cela. Mais au fil des messages, tu compris que Tommy désirait vous accompagner. Face à ce retournement de situation, tu hésitais pendant quelques secondes à prétexter un empêchement de dernière minute. Certes, vous aviez appris à être tous les deux cordiaux pendant les deux minutes où vous vous croisiez toutes les deux semaines en moyenne mais si Tommy vous accompagnait, vous alliez devoir passer l’après-midi ensemble et c’était déjà plus compliqué. Toutefois, tu te souvenais de l’enthousiasme de Moïra et passer du temps avec elle était tout ce qui comptait.

Le week-end était arrivé plus rapidement que prévu. Tes cours à l’université et les projets que tu essayais de monter pour la fin de l’année te prenaient le plus clair de ton temps. Certains de tes collègues pensaient que tu t’investissais trop, toi tu pensais plutôt que tu en faisais juste assez. Ton métier, ta passion étaient devenus ta vie, ce n’était pas le cas de beaucoup de tes collègues qui, même s’ils aimaient leur boulot, avaient d’autres choses à faire en dehors, plus importantes pour eux. Le samedi matin, tu étais passé à la librairie pour acheter un roman pour Moïra. Elle t’avait parlé de cette série qu’elle adorait et tu savais qu’elle arrivait au bout de son dernier tome. Tu pris également le temps d’acheter des cookies pour le goûter et quelques jus de fruits. Ne rien laisser au hasard, viser la perfection, c’était pour toi un réflexe désormais. Tommy ne conduisant pas, tu avais proposé de passer les chercher juste après le déjeuner pour vous conduire jusqu’à la plage. Tu avais appelé en avant pour réserver deux planches de surf sur la boutique de location de la plage. Même si le printemps commençait à être bien installé, il ne faisait pas encore très chaud alors tu enfilais un pantalon en toile et un t-shirt prenant soin de bien prendre ta combinaison que tu enfilerais une fois sur place. A treize heures trente, tu montais dans ta voiture et tu pris la direction de l’appartement de ton frère. Tu n’étais jamais rentré à l’intérieur, tu croisais toujours Tommy chez Beth mais tu avais l’adresse, c’était bien suffisant. Tu arrivais quelques minutes avant l’heure de rendez-vous et tu envoyais un message à ton frère. Tu n’eus pas à attendre longtemps car tu vis Moïra sortir de l’immeuble en courant pour venir te prendre dans ses bras. « Tonton Marius ! » Un grand sourire se dessina sur ton visage alors que tu la serrais dans tes bras. Tu profitais toujours de ces petits moments comme volés à quelqu’un d’autre. « Ma nièce préférée ! Comment tu vas ? » Lui demandas-tu alors qu’elle se lançait dans sa réponse commençant à te raconter ses derniers exploits dans la cour de l’école. Tommy ne tarda pas à faire son apparition bien plus tranquillement que sa fille. Il était évident qu’il était aussi peu à l’aise que toi dans cette situation ce qui te rassurait légèrement il fallait l’avouer. « Salut. » Te contentas-tu de dire. Tu aimerais pouvoir affirmer que ce problème de communication s’était installé depuis le retour de Tommy à Brisbane mais la vérité c’était que tu n’avais jamais su parler à Tommy, même quand vous étiez enfants. « Le coffre est ouvert si vous voulez y déposer vos affaires. J’ai réservé deux planches à la plage pour que nous n’ayons pas à attendre. » Dis-tu en reprenant la direction de la porte conducteur. Tu laissais Moïra et Tommy prendre place dans la voiture avant de dire à la petite fille : « On s’attache mademoiselle ! Et il devrait y avoir quelque chose pour toi dans le siège devant toi. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil dans le rétroviseur. Une fois que vous fûtes tous attachés, tu démarrais la voiture laissant Moïra découvrir la surprise qui l’attendait. Le silence s’installa ensuite entre Tommy et toi. Cette cohabitation forcée dans ce petit habitacle était presque insurmontable. Tu laissais le silence prendre le dessus jusqu’à ce que vous sortiez de Brisbane. Alors que Moïra était plongée dans son livre, tu jetais un regard à ton frère. Gosh … Beth aurait été parfaite pour briser la glace, pour briser le silence …

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Message(#)blurred lines - tommy EmptyLun 11 Nov 2019 - 16:27

Une fois n’était pas coutume, la fille s’était beaucoup moins faite prier que le père pour sortir du lit en ce dimanche matin, et Tommy s’était autorisé une double ration de café pour se donner le courage d’affronter la journée qui l’attendait. Bien sûr que sur le coup vouloir jouer les mecs raisonnable et se persuader qu’y mettre un peu du sien ne pourrait qu’arranger ses affaires avait été facile ; Mais la date butoir approchant l’excès de zèle s’était transformée en mauvaise idée, et même en véritable corvée qu’il regrettait amèrement au matin fatidique. Presque quatre ans étaient passés depuis le retour de Tommy en terres australiennes, depuis ses retrouvailles avec Moïra, et depuis le dernier acte de sa brouille avec son frère aîné ; Quatre ans, et pourtant l’angoisse était toujours la même lorsqu’il laissait sa fille à la garde de Marius, même pour quelques heures. Qu’il tente de la lui prendre à nouveau, qu’il dégaine l’avocat hors de prix et les attaques sans fondement visant à le présenter comme un mauvais père … Il tentait de se persuader que Beth, au moins elle, ne le laisserait pas faire et que la situation n’en viendrait jamais là, mais son inconscient lui continuait d’alimenter sa méfiance à l’égard de Marius et de ses soi-disant bonnes intentions. C’est donc on ne peut plus crispé que Tommy avait ouvert la porte de l'immeuble en saluant au passage l'un de ses voisins, Moïra adressant quant à elle un grand signe de la main à son oncle tout et trépignant d’impatience, l’extrémité de ses deux nattes dansant sur le dessus de ses épaules. « Tonton Marius ! » En retrait, Tommy avait laissé Marius et sa nièce apprécier leurs retrouvailles sans chercher à s'y mêler, faisant mine de s’intéresser au mot affiché sur la porte par la copropriété de l'immeuble voilà déjà trois bonnes semaines. Trop de locataires retenaient artificiellement l’ascenseur et créaient des pannes à répétition. Finissant néanmoins par s’avancer, le barbu avait répondu au « Salut. » de son aîné par un « Salut. » du même ton, limitant la prise de risque à son maximum, et se contentant de hocher la tête lorsque Marius avait indiqué « Le coffre est ouvert si vous voulez y déposer vos affaires. J’ai réservé deux planches à la plage pour que nous n’ayons pas à attendre. » Débarrassant Moïra du sac à dos qu’elle avait insisté pour prendre et transporter ainsi ses propres affaires, comme elle le faisait lorsque Lene l’emmenait surfer – exception faite de la planche de surf que Tommy lui avait offert au dernier Noël, et pour laquelle la voiture de Marius n’était pas aussi adaptée que celle de l’ancienne surfeuse – il y avait déposé celui-ci ainsi que le sien dans le coffre, s’autorisant un regard par-dessus la plage arrière pour observer de quoi il retournait lorsque Marius avait ajouté « On s’attache mademoiselle ! Et il devrait y avoir quelque chose pour toi dans le siège devant toi. » Laissant sa fille prendre place à l’arrière, il avait ouvert la portière côté passager non sans faire remarquer avec douceur « Qu’est-ce qu’on dit ? » tandis qu’elle se plongeait déjà avidement dans la quatrième de couverture. « Merci merci merciiiii. » S’était-elle alors aussitôt repris, se détachant pour se pencher par-dessus les sièges avant et gratifier Marius d’un baiser sur la joue. Le goût – et la facilité – pour la lecture, un autre trait que la fillette tenait assurément de sa mère. « Je peux commencer à le lire maintenant ? » Attachant à son tour sa ceinture, Tommy avait utilisé le rétroviseur pour croiser le regard de sa fille « Si tu veux, mais attention à ne pas te rendre malade. » Bien que le soleil du printemps n’ait rien d’agressif, il avait ensuite fait glisser ses lunettes de soleil sur son nez dans le simple but de ne pas avoir à croiser directement le regard de son frère. Les verres fumés lui donnant la sensation d’une barrière entre eux, il se sentait moins à la merci de Marius – un peu moins. Si seulement Beth avait accepté de lâcher son boulot pour les accompagner … Mais fallait-il vraiment s’étonner du fait que leur sœur vive et respire boulot y compris un dimanche ? Sans doute que non. Accoudé à la fenêtre, Tommy s’attendait donc à vivre un trajet allongé par le silence pesant qui régnerait dans l’habitacle, avant que la solution ne vienne à nouveau de Moïra : « Tonton Marius, est-ce qu’on peut mettre la musique ? Lene met toujours la musique quand on va faire du surf. » Sans doute fort peu consciente du fait que son oncle n’aurait pas la même notion de « bonne musique » que Lene, dont les goûts penchaient plutôt vers les Britney Spears et autres Spice Girls, la fillette avait offert à Marius le regard de chien battu qu’elle savait utiliser à bon escient. Tommy quant à lui se contentait d’approuver silencieusement l’initiative qui permettrait d’éviter un silence gênant ou même pire : une tentative laborieuse de conversation. Ce n’était que l’affaire d’une petite heure, au fond.

Une petite heure au bout de laquelle la voiture et l'intégralité de ses passagers étaient bel et bien arrivés en un seul morceau à destination, les plages de Gold Coast s'étendant à perte de vue et terminant de ridiculiser la pauvre plage artificielle dont était dotée Brisbane. La météo plus qu'indulgente et le vent raisonnable avaient poussé un grand nombre d'Aussie à venir prendre eux aussi un bain de soleil, et non sans avoir bataillé un peu pour trouver une place de parking le trio avait fini par mettre pied à terre. Laissant son livre sur son siège, Moïra avait sautillé la première hors du véhicule, son impatience ne se canalisant même plus, et alors qu'elle ouvrait la marche après avoir récupéré son sac dans le coffre Tommy en avait fait de même avec le sien, laissant à Marius le soin de récupérer ses propres affaires et de verrouiller son véhicule. Ouvrant la marche, la fillette marchait quelques mètres devant eux, et se sentant atteint par une vague de courage qu'il n'était pas certain de conserver longtemps Tommy avait pris sur lui et adressé à son frère « Merci d'avoir accepté. Elle était tellement déçue de ne plus avoir personne pour surfer avec elle. » Suffisamment pour que son père n'ait pas encore eu le cœur à tenter de lui expliquer que même après la naissance de son bébé Lene n'aurait peut-être plus de temps à lui accorder, et déjà suffisamment à faire avec sa propre progéniture. « C'est juste le temps que je trouve à nouveau quelqu'un pour lui donner des leçons. » Chose qui, il en avait conscience, n'arriverait peut-être pas avant la rentrée ; On ne trouvait pas un moniteur de surf à tous les coins de rue, et la plupart ne cherchaient de nouveaux élèves qu'en début d'année scolaire.
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Message(#)blurred lines - tommy EmptyDim 17 Nov 2019 - 15:43

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@Tommy Warren & Marius

Il t’était arrivé à de nombreuses reprises d’imaginer un monde où Tommy ne serait pas revenu chercher sa fille. Où Moïra serait encore chez toi, où vous habiteriez encore cette petite maison que tu avais louée et que tu comptais acheter mais tu n’en avais pas eu le temps. C’était cruel que d’y penser trop souvent mais quelque chose te disait que Tommy devait s’imaginer la même chose mais en envisageant que tu ne rentres pas de Paris. Après tout, tu aurais pu y rester mais l’Australie te manquait, Beth te manquait et malgré le fait que tu te sentes bien en France, ce n’était pas chez toi, pas vraiment. Le retour avait été difficile et avait ouvert un nouveau chapitre dans la guerre que ton frère et toi vous meniez depuis votre enfance. Mais aujourd’hui, il n’y avait plus seulement vous dans cette guerre, il y avait cette petite tête blonde qui était la seule personne à pouvoir vous forcer à faire des compromis. Toi en n’essayant pas de récupérer la garde de Moïra à tout prix parce que ta nièce aimait profondément son père, tu en avais été témoin ces deux dernières années. Et Tommy en acceptant que tu vois sa fille de temps en temps, pour lui faire plaisir. En voyant ton frère s’approcher de ta voiture en ce dimanche matin, tu n’avais pas besoin qu’il te fasse un dessin, sur son visage était écrit combien cette sortie lui coûtait. Il n’était pas difficile de comprendre que Tommy se méfiait de toi comme de son ombre, que chacune de tes paroles, que chacun de tes gestes était étudié et toujours envisagé d’abord comme une attaque. Tu étais le premier à reconnaître que ce comportement n’était pas infondé mais depuis ton retour de Paris, tu avais essayé de faire amende honorable. Oh tu n’étais pas assez naïf pour penser que ton frère et toi alliez soudainement devenir amis et passer votre temps ensemble, ça tu es à peu près certain que cela n’arrivera jamais. Toutefois, passer quelques heures ensemble sur une plage ne devrait pas être un calvaire n’est-ce pas ? Pourtant, c’est bien comme un calvaire que cette journée commença car Brisbane se trouvait à une heure de voiture des côtes australiennes. Cela voulait dire une heure de covoiturage avec ton frère, pensée peu réjouissante. Mais ce dernier disparut derrière ses lunettes de soleil et ne parla qu’à Moïra qui, certainement sans le savoir, vint à votre secours en te demandant : « Tonton Marius, est-ce qu’on peut mettre la musique ? Lene met toujours la musique quand on va faire du surf. » Tu avais compris que Lene était une amie de Tommy et qu’elle était la professeur de sur de Moïra suite à vos conversations à ce sujet quand vous vous voyiez et tu allumais la musique avant de changer de radio. Tu écoutais principalement du jazz et de la musique classique mais ce n’était certainement pas ce que Moïra voulait écouter. Tu trouvais donc une radio au hasard et voyant la petite fille chantonner à l’arrière, tu décidais de laisser la station pour le reste du voyage. On dit que la musique adoucit les moeurs, en tout cas, elle habita le silence du véhicule et vous permit d’éviter toute tentative de conversation.

Une fois arrivés à destination, tu eus à peine le temps de couper le moteur que Moïra était déjà à l’extérieur du véhicule, prête à foncer dans l’eau. Cela fit naître un sourire sur tes lèvres et tu laissais le père et la fille récupérer leurs affaires dans le coffre avant d’en faire de même. Tu fermais la voiture à clé avant de suivre le chemin tracé par Moïra vers la cabane installée à l’entrée de la plage où vous alliez récupérer vos planches.  C’est silencieux que tu marchais aux côtés de Tommy, préférant le silence tranquille aux querelles incessantes. « Merci d'avoir accepté. Elle était tellement déçue de ne plus avoir personne pour surfer avec elle. C'est juste le temps que je trouve à nouveau quelqu'un pour lui donner des leçons. » Tu tournais la tête vers ton frère, étonné d’entendre ces mots sortir de sa bouche. Tu aimais penser que tu étais le plus raisonnable de vous deux et que c’était toujours Tommy qui mordait en premier même si ce n’était pas tout à fait vrai. Vu l’excitation de Moïra, tu pouvais comprendre que ton frère se soit retrouvé un peu coincé. « Tout le plaisir est pour moi, je ne pense pas être capable de dire non à Moïra. » Dis-tu avec un petit sourire amusé sur les lèvres. Depuis que Tommy avait repris la garde de sa fille, tu étais dépendant de ses envies quant au temps que tu passais avec la petite tête blonde et elle sera toujours ta priorité alors tu ne te vois pas refuser ce genre de propositions. « Ce n’est pas idéal mais je peux surfer avec elle de temps en temps le temps que tu trouves quelqu’un. » Proposas-tu en haussant les épaules. Cela te ferait sortir de chez toi et passer du temps avec Moïra mais tu savais déjà que ton frère allait décliner ta proposition voilà pourquoi tu ajoutais : « Je demanderai à des collègues s’ils connaissent des personnes qui pourraient être intéressées. » Le bien-être de Moïra et son développement était le plus important pour toi et tu avais un certain nombre de collègues avec des enfants. « Tu n’as pas envie d’apprendre pour surfer avec elle ? » Demandas-tu légèrement intrigué. Tu ne savais pas très bien pourquoi mais tu pensais que ton frère se serait mis lui aussi à ce sport pour le partager avec sa fille. Vous étiez arrivés devant la cabane et tu quittais ton frère pour aller récupérer les planches et payer pour la location. Le responsable du magasin apporta vos planches et Moïra s’empara de la sienne des étoiles dans les yeux. « Avant de se jeter à l’eau, allons poser nos affaires et nous préparer, ce serait bête d’attraper froid. » Parce que oui, même si les températures étaient clémentes pour le printemps, l’eau elle était encore bien froide.

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Message(#)blurred lines - tommy EmptyJeu 21 Nov 2019 - 8:46

Une partie de lui – et de façon purement égoïste, il en avait conscience – aurait aimé pouvoir garder sa fille rien que pour lui et n’avoir à la partager avec personne qui ne soit pas Alice. Mais ce n’était qu’une utopie, une projection involontaire de ce qu’auraient pu être les choses s’ils étaient rentrés au Canada après son incarcération et qu’il n’avait pas dû vendre leur maison canadienne pour rembourser une partie de ses dettes. Si Alice avait été toujours là ils auraient pu se suffire à eux-mêmes, construire leur propre cercle, agrandir leur famille … Tant de possibilités qui n’en seraient pas, tant de Et si … qui ne menaient à rien. Tout seul Tommy ne se suffisait pas, ou du moins il ne pouvait pas suffire à sa fille, et parce qu’hormis un père lui aussi disparu Alice n’avait jamais eu aucune famille, les Warren étaient tout ce sur quoi la fillette pouvait compter et le brun ne pouvait pas se résoudre à l’en priver, peu importe les relations parfois tendues, parfois franchement mauvaises, qui le liaient à certains des membres de cette famille. Peu importe les choix – condamnables, selon Tommy – de Marius, ou les opinions – discutables, toujours selon Tommy – tranchées des parents Warren sur ce que devrait être l’éducation de leur unique petite-fille, et pour lesquels le brun tenait bon en refusant de céder à des décisions avec lesquelles Alice n’aurait pas été en accord. Mais se serait-elle opposée à l’idée que Moïra passe du temps avec son oncle, un oncle qu’elle avait elle-même aimé durant un temps ? Bien sûr que non, et pour cette raison aussi Tommy devait peu à peu se résoudre à lâcher du lest quoi qu’il en coûte à ses propres rancœurs. Et quoi qu’il en coûte à sa fierté, car le simple fait de devoir remercier pour le fait que son frère ait accédé à la requête de Moïra concernant son envie d’aller faire du surf était pour lui une épreuve. « Tout le plaisir est pour moi, je ne pense pas être capable de dire non à Moïra. » avait à ce sujet répondu Marius, officialisant au moins le sentiment partagé que les efforts n’étaient réciproquement faits que pour contenter la petite tête blonde qui marchait fièrement devant eux. « Ce n’est pas idéal mais je peux surfer avec elle de temps en temps le temps que tu trouves quelqu’un. » Pas idéal, c’était en effet le moins que l’on puisse dire aux yeux de Tommy, qui pourtant avait secoué la tête lorsque son frère avait suggéré « Je demanderai à des collègues s’ils connaissent des personnes qui pourraient être intéressées. » parce qu’aussi improbable que cela puisse paraitre, le brun préférait encore savoir sa fille sous la surveillance avisée de Marius que sous celle d’un ou une illustre inconnu(e). C’était aussi ce qui rendait difficile le fait de trouver un remplaçant à Lene, qui malgré son côté parfois tête brûlée avait toujours eu la confiance du Warren. « Je suppose que t’es pas mal occupé avec ton boulot. Mais si tu lui proposes quand tu as un peu de temps, je doute qu’elle te dise non. » Du moins, son frère lui était toujours apparu comme un bourreau de travail, pas beaucoup plus capable que Beth de décrocher – un autre des innombrables points communs que possédaient les deux aînés des Warren, sans doute. « Je ne vous collerai pas aux basques à chaque fois, si ça peut te rassurer. » Feignant la nonchalance, il avait enfoncé les mains dans les poches de son jean sans ralentir le pas. En réalité il savait déjà que l’idée lui coûterait, et le ferait se méfier à nouveau de ce que Marius pourrait bien avoir à dire à Moïra lorsque les oreilles de son père ne seraient pas à proximité … Mais la fillette n’avait plus cinq ans, elle en avait le double avec cela une plus grande capacité à faire la part des choses. C’est du moins ce qu’espérait Tommy. « Tu n’as pas envie d’apprendre pour surfer avec elle ? » Comme si l’idée lui paraissait saugrenue, il avait laissé échapper un vague rire avant de secouer à nouveau la tête « Je suis un peu trop vieux pour ça, à mon avis. » Pas pour surfer, mais pour apprendre. Il voyait un peu cela comme le ski, les premières semaines devaient surtout consister à boire à la tasse en tentant de jouer les équilibristes sur la planche, et ce n’était pas à trente-cinq ans que l’on apprenait à améliorer son équilibre. « Et tu sais bien que je nage comme une pierre. » Il exagérait un peu, on trouvait bien pire nageur que lui, mais pour autant Tommy ne se considérait pas comme particulièrement à l’aise dans l’eau. Et sans le jugement total de Lene sans doute Moïra se serait-elle retrouvée à surfer avec une paire de brassards ET un gilet de sauvetage, juste « au cas où ».

Après que nièce et oncle aient récupéré leurs planches, Moïra autant ravie de récupérer sa planche que de constater qu’elle avait encore pris trois centimètres lorsque le gérant l’avait mesurée avant de lui trouver une combinaison à sa taille, quand Tommy se demandait lui quand au juste elle comptait arrêter de grandir, le trio avait pris la direction des vestiaires après que Marius ait lancé « Avant de se jeter à l’eau, allons poser nos affaires et nous préparer, ce serait bête d’attraper froid. » en ouvrant la marche. Les vestiaires en question, de petites cabanes alignées sur le sable, étaient suffisamment pris d’assaut pour que tous les trois y passent chacun leur tour, les deux premiers pour enfiler leur combinaison et le dernier pour troquer son jean contre un short de bain mais sans se séparer de son tee-shirt – officiellement pour éviter les coups de soleil, officieusement parce qu’à bosser en extérieur à longueur de journées Tommy cultivait une trace de tee-shirt qui lui donnait l’air un brin ridicule s’il se mettait torse nu. « Hep, hep, jeune fille, t’as pas l’impression d’avoir oublié quelque chose ? » Coupée dans son élan alors qu’elle s’élançait déjà sur le sable, Moïra s’était retournée vers son père en minaudant « Nooon … » sur un ton qui signifiait que si, bien sûr. Tube de crème solaire à la main, son père avait agité son doigt pour lui faire signe d’approcher, et acceptant son sort non sans un soupir théâtral la fillette s’était laissée couvrir les joues, le front et surtout le nez de peintures de guerre qu’elle avait étalé de mauvaise grâce. Après en avoir mis une noisette dans sa propre main pour en faire de même, il avait d’ailleurs tendu le tube à Marius, avec l’air de lui dire qu’il avait intérêt à ne pas refuser pour montrer le bon exemple. « Et pas d’imprudence. » Cette dernière recommandation faite tant à l’intention de l’un que de l’autre, Tommy avait finalement cessé de jouer au parent relou, et s’était fait le gardien des affaires de tout le monde après avoir trouvé un spot à son goût sur le sable et s’y être installé, lunettes de soleil sur le nez et regard majoritairement tourné vers le duo de Warren occupé à tenter de compter les vagues de Gold Coast. En vérité, il aurait pensé que d’assister au spectacle de sa fille s’amusant comme une folle avec son oncle serait plus difficile à avaler pour lui, mais c’était moins terrible que ce à quoi il s’était préparé … Pas qu’il ne l’admettrait à Beth si elle venait à lui poser la question cela dit, et la connaissant, il ne doutait pas qu’elle le ferait. « C’est tout ce qu’il reste de lui, j’ai pas pu m’en empêcher. » avait-il d’ailleurs décidé d’envoyer à sa sœur ainé après avoir pris une photo du sac de Marius, dont dépassait une jambe de son pantalon. La réponse ne s’était pas faite attendre longtemps, à croire que sa sœur craignait vraiment le déclenchement d’une nouvelle guerre nucléaire, et à son « Ça ne me fait pas rire Tommy !! » il s’était contenté de répondre à son tour « Seulement parce que tu n’as pas d’humour, dear ;-) » avant de ranger son téléphone en remarquant Marius et Moïra qui revenaient dans sa direction planche sous le bras. « L’eau était bonne ? » À en juger par la manière dont sa fille de  retenait de claquer des dents, il avait une vague idée de la réponse, et s’étant levé pour sortir sa serviette du sac il l’avait enroulée dedans avec un brin de tendresse, avant de relever les yeux vers son frère. « Ça a été ? » Personne ne s’était noyé et Moïra était toujours en un seul morceau, alors il supposait que oui, mais posait tout de même la question par principe. « Je ne savais pas que tu surfais toujours. » Avait-il même fini par hasarder dans une maladroite tentative de ne pas laisser s’installer un silence gênant. Il savait que Marius avait surfé à une époque, certes, mais tenait avec encore bien trop d’aisance sur sa planche pour que ses dernières vagues remontent à des années.
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Message(#)blurred lines - tommy EmptyDim 8 Déc 2019 - 18:15

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@Tommy Warren & Marius

Dans une famille normale, ou du moins dans une famille où les membres ne passaient pas leur temps à se crier dessus, se faire des coups bas et autres plaisanteries de ce genre, les moments familiaux étaient appréciés et souvent contés par les personnes de ton entourage comme des moments où l’on peut lâcher prise et être soi-même. Combien de fois as-tu entendu dire qu’un frère ou une soeur était un ami donné par la nature ? Tu te retenais fortement de lever les yeux au ciel à ces paroles pour ne blesser personne mais tu n’en pensais pas moins. Dans ta famille, cela n’avait jamais été possible. Et cela depuis votre plus tendre enfance. Tu ne te souvenais pas d’un temps où Tommy et toi vous étiez entendus, cela n’était jamais arrivé. Ton père haussait les épaules en disant que vous étiez trop différents, ta mère avait passé son temps à essayer de créer une complicité qui était incapable de naître. Aujourd’hui, la rancoeur et les multiples coups bas, des deux côtés ont créé entre vous un ravin qu’il vous sera sans doute impossible de traverser. Mais alors que Moïra gambade devant vous, un énorme sourire sur les lèvres avec sa planche de surf sous le bras, tu ne peux t’empêcher de te demander si cette petite tête blonde, fruit de l’amour de ton frère et de celle que tu as toi aussi aimé à la folie, pourra être celle qui accomplira le miracle de créer un pont de bois fragile au dessus de ce ravin, premier et peut-être seul lien qui existera jamais entre ton frère et toi. Rien que le fait que Tommy et toi veniez de survivre à une heure de voiture, dans la même voiture, pour que tu emmènes Moïra surfer était un miracle à tes yeux. Ton retour de Paris avait été brutal, les premières rencontres avec Tommy avaient fait renaître en quelques secondes la colère et la haine que tu avais pu ressentir mais cela allait faire deux ans désormais. Toujours seul, toujours accro et passionné par ton travail, le temps que Tommy t’accordait avec sa fille était toujours très précieux à tes yeux. Tu espérais que ton frère comprenait à quel point mais peut-être que ce n’était pas le cas. Tommy avait toujours semblé se concentrer sur ses souffrances et ses joies à lui, ne semblant pas se rendre compte des personnes qu’il blessait sur son passage. Du moins, avec toi cela s’était passé comme ça. De ton côté, tu avais toujours su calculer avec une certaine précision les conséquences de tes actions, en particulier quand tu cherchais à blesser ton frère. Mais c’était du passé et aujourd’hui tu espérais que les vieilles querelles étaient restées à Brisbane, loin de la plage et de l’océan. « Je suppose que t’es pas mal occupé avec ton boulot. Mais si tu lui proposes quand tu as un peu de temps, je doute qu’elle te dise non. » Tu essayais de dissimuler la surprise que tu ressentis aux paroles de ton frère. Parce que même si tu n’avais pas douté une seconde que Moïra te dirait oui à chaque fois, ce n’était pas de l’accord de ta nièce que tu doutais. Mais si c’était Tommy qui te le proposait alors cela voulait signifier qu’il ne dirait pas non lui aussi. Hum … Surprenant mais intéressant … « Je ne vous collerai pas aux basques à chaque fois, si ça peut te rassurer. » Tu secouais légèrement la tête à ces paroles. Tommy ne te faisait pas confiance et ne te ferait peut-être certainement jamais confiance en particulier quand cela concernait sa fille. Et tu savais que tu ne pouvais t’en prendre qu’à toi-même. Car malgré vos différents, c’était à toi que Tommy avait laissé Moïra pendant un an et demi. Mais aujourd’hui la situation était différente. L’idée de priver ton frère de sa fille ou inversement ne te paraissait pas très séduisante car même si tu n’étais pas très admiratif du mode de vie et de l’entourage de ton frère, tu ne pouvais nier que Moïra était sa priorité numéro un et la petite fille le lui rendait bien. « Moïra passera toujours avant mon boulot. Et puis j’ai accumulé un certain nombre de congés que je finis par ne jamais prendre, je doute que mes collègues m’en veuillent de m’absenter de temps en temps. » Au contraire, ils en seraient certainement ravis car ton acharnement au travail n’était pas un traite de ta personnalité qui t’amenait que des amis. « Tu peux continuer à nous accompagner si tu préfères mais tu risques de finir par t’ennuyer. » Parce que tu doutais que vois vos têtes sortir de l’eau après chaque chute ne devait pas être exaltant et aussi parce que contrairement à ce que Tommy devait penser, tes conversations avec Moïra n’étaient pas passionnantes. Enfin si, tu aimais discuter avec ta nièce et tu espérais l’aider à se cultiver et s’ouvrir l’esprit au maximum mais tu évitais le plus souvent de parler de ton frère, sujet sensible sur lequel tu avais peur de ne pas toujours te contrôler. Et perdre ton calme ou ta patience devant Moïra n’était pas une option. « Je suis un peu trop vieux pour ça, à mon avis. Et tu sais bien que je nage comme une pierre. » Tu n’avais que de vagues souvenirs de Tommy dans l’eau car les vacances familiales étaient bien loin dans ton esprit. Mais effectivement, il était rarement le premier à se lancer dans l’eau contrairement à vos soeurs. « Moïra a donc hérité des gènes de sa mère car c’est un vrai poisson dans l’eau. » Tu essayais de garder le ton de ta voix le plus neutre possible mais tu savais que tu marchais sur une piste glissante. Jamais tu n’avais discuté d’Alice avec Tommy, du moins jamais en dehors de disputes où son nom arrivait pour ponctuer un argument, et il était peut-être temps de lever ce tabou. Parce qu’aujourd’hui, même si Tommy avait gagné la bataille du coeur d’Alice, vous l’aviez tous les perdue à jamais.

Les planches récupérées, il était temps de se changer rapidement. Tu enfilais ta combinaison de surf sur le maillot que tu avais en dessous. Il faisait bon à l’extérieur mais tu n’étais pas naïf, l’eau elle serait glacée. Retrouvant Tommy et Moïra à la sortie, tu souris en voyant la moue de ta nièce quand ton frère lui présenta la crème solaire. Tu laissais le duo faire sans intervenir, te contentant d’attraper la crème solaire tendue par ton frère alors qu’il te disait : « Et pas d’imprudence. » Tu étalais un peu de crème sur ton visage avant de lui rendre le tube et d’attraper ta planche. Moïra semblait prête et Tommy satisfait ce qui lançait donc la session de surf de la journée. « Prête à affronter l’océan ? » Demandas-tu à ta nièce alors que vous avanciez vers les vagues. C’était la première fois que tu surfais avec Moïra et que tu la voyais surfer alors tu ne savais pas réellement à quoi t’attendre. C’était également la première fois que tu avais un enfant avec toi dans l’eau lors d’une sortie de surf et si cela te rendait légèrement nerveux, tu n’en montras rien. Tu laissais ta nièce te conter ses exploits dans l’eau qui te permirent de comprendre qu’elle était bien plus expérimentée que tu ne le pensais. Il fallut se faire violence pour rentrer dans l’eau mais bientôt vous étiez tous les deux sur vos planches prêts à affronter les vagues. Alors que tu regardais Moïra prendre la première, un énorme sourire sur les lèvres tu respirais pleinement pour la première fois de la journée. Loin de Tommy, c’était comme si tu pouvais enfin baisser le bouclier et focaliser enfin ton énergie sur Moïra. Tu pris quelques vagues à ton tour puis tu lui donnais des conseils et plus le temps passait, plus les lèvres de ta nièce viraient au bleu. Malgré ses protestations t’assurant qu’elle n’avait pas froid, tu lui dis : « Je pense que nous méritons une pause pour se réchauffer un peu. Et puis ton père doit s’ennuyer tout seul sur la plage. » Ce dernier argument sembla convaincre Moïra qu’il était temps de revenir sur la plage. Vous vous laissâtes porter par les vagues jusqu’à la plage alors que la petite fille te racontait une anecdote sur une histoire qui s’était déroulée à l’école quelques jours plus tôt. Tommy vous avait vu arriver et vous tendit une serviette quand vous arrivâtes à sa hauteur : « L’eau était bonne ? Ça a été ? » Tu enlevais ta combinaison avant de t’entourer de la serviette pour te sécher rapidement. Le soleil qui brillait dans le ciel te réchauffait déjà les membres et c’était plus que nécessaire. « Disons que l’eau pourrait être meilleure mais pour la saison, on ne peut pas se plaindre. » L’été n’était pas encore arrivé à Brisbane et même si la température de l’eau allait légèrement s’améliorer, ce ne sera jamais une température très élevée. « Moïra est très douée, elle a eu une excellente professeur et contrairement à toi, l’eau semble être son élément. » Dis-tu à ton frère pour essayer de le taquiner. Tu avais décidé d’être aventureux aujourd’hui et Tommy aussi car il te dit : « Je ne savais pas que tu surfais toujours. » Tu finis de boire une gorgée d’eau avant de tendre la bouteille à ta nièce en lui souriant. Comme à peu près tout dans votre vie, les informations que Tommy avait de toi et inversement venaient de Beth ou de vos parents et il y avait une raison pour laquelle tu avais arrêté de surfer la première fois et pour laquelle reprendre avait été difficile. T’installant sur ta serviette que tu venais d’étendre dans le sable, tu lui dis : « J’ai eu envie de reprendre en me promenant sur les côtes françaises. Alors je suis remonté sur une planche, multipliant les week-ends au bord de l’océan. Et cette fois-ci j’ai décidé de ne pas m’arrêter en rentrant. » Le surf, c’était quelque chose que tu avais découvert avec Alice. Ces longs week-ends sur la côte Atlantique sont comme marqués au fer rouge dans ton esprit. Te tournant vers Moïra, tu lui demandais : « Tu sais que la première fois que je suis monté sur une planche, c’était parce que ta maman m’avait mis au défi de le faire ? » Tu vis les yeux de ta nièce s’écarquiller et tu évitais de regarder le visage de ton frère préférant ne pas savoir ce qui s’y trouvait comme expression. « C’est vrai ? » Tu hochais la tête en riant légèrement. « Comme je n’en avais jamais fait, j’ai terminé aux urgences avec une entorse à la cheville. Et pour se faire pardonner Alice m’a dit qu’elle m’apprendrait. Elle serait fière de voir que tu reprends le flambeau. » Dis-tu en passant une mèche des cheveux de ta nièce derrière son oreille. Tu avais peut-être été trop loin, tu ne savais pas mais tu n'avais pu t'empêcher de raconter à ta nièce cette anecdote.

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Message(#)blurred lines - tommy EmptyLun 13 Jan 2020 - 21:45

La chose n’aurait pas été imaginable quelques mois en arrière – elle n’aurait même pas été envisageable en réalité. À la seconde où Marius avait fait son retour en terres australiennes Tommy avait senti la panique le gagner, et la crainte que son aîné tente de lui reprendre Moïra par des biais juridiques s’était réveillée. Sa fille n’était peut-être pas élevée dans la ouate et les rues résidentielles de Logan City comme lui l’avait été, mais elle ne manquait de rien et son père mettait un point d’honneur à ce que les fins de mois difficiles ne le soient que pour lui, si se priver était le seul moyen pour que sa tête blonde, elle, soit à son aise. Et si le brun ne pensait pas avoir eu une enfance malheureuse, elle lui laissait en revanche un aller goût de frustration et de regrets, preuve selon lui que l’éducation bourgeoise de leurs parents n’était pas la recette miracle à laquelle se référer à tout prix. Parce qu’il avait toujours été le préféré Marius n’était peut-être pas de cet avis, et peut-être même trouverait-il le moyen d’estimer que Tommy était fautif de ne pas s’en être satisfait et de ne pas avoir marché dans ses traces, mais en sa qualité de père le barbu s’estimait en droit d’élever sa fille comme il le désirait et au plus près de ce qu'Alice et lui avaient à l’origine envisagé. Méfiant à l’égard des intentions de son frère, Tommy l’avait donc été durant de nombreux mois, suffisamment pour refuser catégoriquement que l’oncle ne puisse voir sa nièce autrement que sous la surveillance de Beth, devenue malgré elle l’atout neutralité de la fratrie. Et si Tommy faisait parfois mine de s’en plaindre, en reprochant à sa sœur de courir après une paix familiale qui n’avait jamais existée, force était de constater que sa pugnacité avait finalement eu l’effet escompté : il entendait n’être présent ce jour-là que pour mieux se rassurer, s’étant finalement résolu à rendre à Moïra et son oncle des moments en tête-à-tête dont il prenait aujourd’hui la température. Et s’il avait ravalé le brin de sarcasme lui étant automatiquement venu à l’esprit lorsque Marius avait assuré « Moïra passera toujours avant mon boulot. Et puis j’ai accumulé un certain nombre de congés que je finis par ne jamais prendre, je doute que mes collègues m’en veuillent de m’absenter de temps en temps. » – avec toutes les vacances qu’avaient les professeurs, il trouvait encore le moyen d’avoir accumulé des congés supplémentaires ? – il avait affiché une mine étonnamment sereine au moment de décliner d’un signe de tête au « Tu peux continuer à nous accompagner si tu préfères mais tu risques de finir par t’ennuyer. » ajouté par son aîné. Il n’était de toute façon pas dupe, et se doutait bien que Marius proposait simplement par politesse ou parce qu’il s’en sentait l’obligation pour ne pas faire de vagues. « Ça ira, je ne pense pas que vous aurez besoin de moi. » Et s’il voulait bien tenter de prendre sur lui pour permettre à Moïra de tisser de nouveau une relation avec son oncle, il ne tenait pas spécialement à en être le témoin. Une chose à la fois. D’autant plus que l’eau n’était clairement pas son élément de prédilection, un fait que les années et une épouse basque n’avaient pas suffit à changer. « Moïra a donc hérité des gènes de sa mère car c’est un vrai poisson dans l’eau. » La mention d'Alice lui arrachant un frisson, le regard de Tommy s’était assombri un instant avant de se reposer sur sa fille, lui faisant murmurer d’un ton songeur « Sur ça et sur plein d’autres points. » Et fidèle à lui-même le brun ne pouvait s’empêcher d’en être rassuré, certain que Moïra n’aurait rien à gagner à hériter de lui tant il ne se trouvait que des défauts.

Le fantôme d'Alice semblant tout à coup planer sur la discussion, les deux hommes n’avaient rien échangé d’autre jusqu’à ce que ne soient récupérées les planches de surf, et une fois les deux dompteurs de vagues prêts des pieds à la tête Tommy les avait laissés s’élancer avec enthousiasme et était allé s’installer sur le sable près de leurs affaires. Il y avait toujours chez lui cette petite pointe d’appréhension lorsqu’il voyait sa fille se hisser sur sa planche, et pire encore lorsqu’elle finissait par en chuter – mais plus rien à voir avec la crispation totale dans laquelle il était la première fois qu’il les avait accompagnées Lene et elle. Il ne s’y connaissait pas des masses en surf mais il était néanmoins capable de voir qu’au fil des semaines, des mois, Moïra avait adopté des postures et des réflexes prouvant que la cadette Adams faisait un bon professeur, quoi qu’ils en aient tous pensé au premier abord. Moins à l’aise, Marius semblait chercher ses repères auprès d’une tête blonde bien plus proche de l’adolescente en devenir que de la petite fille qu’il avait côtoyé durant deux ans et demi, et malgré un brin de méfiance toujours en fond Tommy y assistait avec moins d’agacement qu’il ne l’avait présagé. Ce qui ne l’avait pas empêché pour autant d’être bien content lorsque tout ce petit monde avait regagné la terre ferme, réceptionnant sa fille pour l’enrouler dans sa serviette et frotter énergiquement sur ses épaules pour la réchauffer un peu. « Disons que l’eau pourrait être meilleure mais pour la saison, on ne peut pas se plaindre. » avait d’ailleurs commenté Marius lorsque son frère avait questionné sur la température de l’eau. « Moïra est très douée, elle a eu une excellente professeur et contrairement à toi, l’eau semble être son élément. » Passant une main affectueuse sur les nattes mouillées de la fillette, son père avait répondu « Il parait, oui. Un vrai poisson. » dans un vague sourire, peinant toutefois à soutenir le regard de Marius plus de quelques secondes d’affilée. Et il lui avait fallu se forcer pour ne pas laisser le feu s’éteindre et le silence devenir gênant, sa remarque sur le surf lancée comme une bouée de sauvetage pour empêcher à la conversation de se noyer trop vite. « J’ai eu envie de reprendre en me promenant sur les côtes françaises. Alors je suis remonté sur une planche, multipliant les week-ends au bord de l’océan. Et cette fois-ci j’ai décidé de ne pas m’arrêter en rentrant. » Malgré lui Tommy s’était senti méfiant à nouveau, suspicieux des raisons qui avaient pu pousser son frère à continuer de fréquenter les côtes natales d'Alice quand ses quartiers étaient établis à Paris. « Tu sais que la première fois que je suis monté sur une planche, c’était parce que ta maman m’avait mis au défi de le faire ? » Levant le nez vers lui avec surprise, la petite avait questionné « C’est vrai ? » en se saisissant de la bouteille d’eau, et obtenu de son oncle quelque chose dont Tommy n’avait pas été témoin depuis des années : un rire. Mais tandis que Marius reprenait « Comme je n’en avais jamais fait, j’ai terminé aux urgences avec une entorse à la cheville. Et pour se faire pardonner Alice m’a dit qu’elle m’apprendrait. Elle serait fière de voir que tu reprends le flambeau. » le visage de la fillette avait semblé se fermer un peu, et si son père avait mis quelques instants à s’en rendre compte c’était parce que lui-même ne savait que faire des images que cette anecdote faisait se former dans son esprit. Imaginer l’amour de sa vie au bras d’un autre n’était jamais plaisant, l’imaginer au bras de son frère l’était encore moins, et autant que faire se peut Tommy tâchait de s’empêcher de penser aux mois qu’avaient partagé Alice et Marius par le passé. « Je peux aller me chercher une glace ? » avait finalement demandé la fillette un peu de but en blanc, levant le nez vers son père d’un air renfrogné. Si un autre jour il aurait exigé « le mot magique » cette fois-ci il n’avait pas ergoté, se contentant de fouiller ses poches à la recherche de monnaie. « Tiens, prends-toi quelque chose à boire aussi si tu veux. » Abandonnant sa serviette près du sac à dos de Tommy, Moïra avait murmuré un « Merci. » et pris la direction de ma buvette sous le regard soucieux de son père, et incompréhensif de son oncle. D’abord vaguement tenté de laisser Marius dans une position délicate pour lui donner une leçon, le brun avait néanmoins préféré faire preuve de moins d’amertume et fait remarquer en enfonçant les mains dans ses poches « Elle n’aime pas trop qu’on la compare à sa mère. » Son frère ne pouvait pas le savoir, c’est vrai. Tommy lui-même peinait encore à comprendre pourquoi sa fille se braquait toujours aussi facilement à ce sujet. « Elle n’aime pas trop parler d’elle de façon générale ... J’ai essayé. » Il avait même essayé à de nombreuses reprises, avant de finalement se faire une raison. Lui qui parlait si difficilement d'Alice avec les autres aurait aimé pouvoir partager ses souvenirs avec leur fille, et lui faire connaître sa mère par ses récits faute qu’elle n’en ait gardé des souvenirs. « Ça doit être lourd pour ses épaules … Porter le souvenir de quelqu’un qu’elle ne connaît pas mais à qui on la compare sans cesse. » Et Tommy n’avait pas besoin de le dire, Marius saurait de quoi il parlait. Moïra était le portrait craché de sa mère, pas seulement pour sa blondeur et ses sourcils en permanence arqués en une expression songeuse, mais aussi par certaines expressions et par son tempérament. Pour Tommy c’était un crève-cœur autant qu’un bonheur, mais qu’il se forçait dans les deux cas à dissimuler au mieux tant la petite semblait y être réceptive de la mauvaise manière.
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Message(#)blurred lines - tommy EmptySam 7 Mar 2020 - 22:06

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@Tommy Warren & Marius

Comment recréer des liens avec son frère quand vous aviez passé la plus grande partie de votre vie à ne pas vous entendre et pire, à vous faire souffrir ? Tous les moyens avaient été bons pour te venger de cette dépression, de ce coeur brisé que tu avais dû surmonter. Encore aujourd’hui tu ignorais si tu l’avais réellement surmonté ou s’il continuait à te suivre où que tu ailles. Pourtant, tu avais quitté Alice en rentrant en Australie, qu’elle trouve quelqu’un d’autre, c’était inévitable et tu t’étais fait à l’idée. Ce qui avait tout chamboulé c’était que cette autre personne soit ton frère. Mais cela faisait maintenant plus de dix ans que tout cela s’était passé et en rentrant de tes années en France, tu avais voulu arranger les choses, du moins un minimum. Et rien que le fait que Tommy et Moïra soient tous les deux là sur cette plage avec toi, c’était bien plus que ce à quoi tu pensais avoir accès un jour. Des amis t’avaient demandé à plusieurs reprises si tu pensais essayer de récupérer la garde de Moïra mais tu en avais assez de te battre contre ton frère. Seule la preuve que ta nièce ne vivait pas correctement et que ton frère n’était pas un bon père aurait pu te décider mais tu avais vu tout l’inverse alors tu n’avais rien fait. Enfin si, tu avais essayé de prouver à Tommy que tu ne cherchais qu’à avoir une petite place dans la vie de Moïra. Tu avais donc respecté son souhait de te tenir à l’écart et même si des fois, les piques et les divergences d’opinion étaient inévitables, tu considérais que vous ne vous en sortiez pas trop mal. Une partie de toi ne pouvait s’empêcher de se demander jusqu’à quand mais il ne fallait pas être trop pessimiste. Que Tommy te propose de passer du temps avec ta nièce sans supervision de sa part était inespéré. Tu savais reconnaître cette permission comme le test qu’il était et le brin de confiance que vous aviez pu construire. Tu ne te faisais pas trop de soucis, tu n’avais pas prévu d’enlever Moïra de toute manière. « Ça ira, je ne pense pas que vous aurez besoin de moi. » Ne rien ajouter te sembla judicieux à cet instant précis et tu préférais afficher un léger sourire. Que Tommy te fasse confiance ainsi te faisait plaisir, plus qu’il ne devait le penser. La route était encore longue pour vous deux et peut-être qu’elle vrillera de nouveau mais tu espérais que cette fois vous arriveriez à passer vos différences. La mention d’Alice était quelque chose qui vous amenait habituellement aux mains ou du moins qui faisait rapidement monter la tension. Pourtant, tu avais envie que cela change. Alice avait été une femme merveilleuse et elle serait en train de vous tirer les oreilles si elle voyait que des années après sa mort, elle était encore la raison principale pour laquelle vous ne vous entendiez pas. « Sur ça et sur plein d’autres points. » Tu hoches la tête sans rien ajouter une nouvelle fois. La réapparition de Moïra te permet de clôturer cette conversation alors que vous vous préparez pour vous jeter à l’eau. Un sourire apparaît machinalement sur ton visage, le surf a toujours été associé à des moments heureux de ta vie et tu espères que cela continueras ainsi encore longtemps.

Après de longues minutes à surfer avec Moïra, il est temps de revenir sur la plage où Tommy vous attend. L’anxiété qui t’avait quittée dans les vagues revient pointer le bout de son nez. C’est toujours le cas quand Tommy est à proximité. Parce que même quand tu ne veux pas démarrer une joute verbale, tu finis toujours par dire la mauvaise chose. Et tu ne peux pas rester éternellement silencieux en présence de ton frère d’où l’anxiété qui se dessine de dire la mauvaise chose. Mais les sujets abordés sont pour l’instant banaux alors que Tommy vous interroge sur la température de l’eau et sur l’expérience que vous veniez de partager. « Il parait, oui. Un vrai poisson. » C’était amusant de voir comme des fois les enfants prenaient des habitudes, s’attachaient à des activités bien loin des centres d’intérêt de leurs parents. Pour le coup, la passion de Moïra pour le surf était née bien après que tu aies eu la petite fille à ta charge alors ce n’était pas toi qui la lui avais transmise. Tu avais envie de demander comment cela lui était venu mais tu avais appris à apprécier le silence et ce qu’il pouvait apporter. C’est ton frère qui posa une question pour relancer la conversation. Et sans réellement savoir pourquoi, tu te mis à raconter à Moïra tes débuts de surfeur. Ils n’étaient vraiment pas glorieux mais tu avais envie de partager cette anecdote avec ta nièce. Toutefois, il aurait fallu être complètement aveugle pour ne pas voir la jeune femme se refermer sur elle-même et baisser petit à petit les yeux. La disparition de son sourire te fit le plus de peine et te laissa sans voix parce que tu ne comprenais pas ce que tu avais dit de mal. Sentant ta gorge se serrer, tu préférais ne rien dire plutôt que d’aggraver la situation, ce que tu avais l’habitude de faire avec Tommy. Et c’est ton frère qui te sauvé, à ta plus grande surprise, en envoyant Moïra se chercher quelque chose à la buvette. Tu ne les écoutais que d’une oreille, te repassant la scène en boucle, te perdant petit à petit dans de multiples conjectures. Tommy te ramena à la réalité en te disant : « Elle n’aime pas trop qu’on la compare à sa mère. Elle n’aime pas trop parler d’elle de façon générale ... J’ai essayé. Ça doit être lourd pour ses épaules … Porter le souvenir de quelqu’un qu’elle ne connaît pas mais à qui on la compare sans cesse. » Le regard focalisé sur Moïra à la buvette, tu pris le temps de bien comprendre ce que te disait ton frère. Tu avais longtemps été qualifié d’insensible mais tu entendais dans la voix de ton frère la peine que cela lui causait. Pourquoi est-ce que ta nièce ne voulait pas entendre des histoires de sa mère ? Peut-être que vous les compariez trop finalement, sans le faire exprès parce que vous aviez tous du mal à faire le deuil d’Alice et pourtant, pour toi, Moïra était bien sa propre personne. Il y avait autant de similitudes entre elle et sa mère qu’entre elle et son père qui faisaient qu’au final, elle était unique. « Il est peut-être temps qu’on la compare à son père un peu, qu’elle se rende compte que l’on n’attend pas à ce qu’Alice revive en elle. » C’est le regard perdu vers l’océan que tu prononces ces mots. Tâche difficile qui vous attendait mais le mal était peut-être plus profond qu’anticipé. « Parce qu’elle ressemble autant à toi qu’à Alice. Crois-moi, j’ai de très vifs souvenirs de l’enfant et de l’adolescent que tu étais. » Entre une taquinerie et un souvenir difficile à avaler. Tu avais eu 7 ans quand Tommy était né, tu l’avais vu grandir, tu avais vu le faussé se creuser entre vous, inévitablement. Le silence s’installa de nouveau entre vous et quelques minutes passèrent où tu laissais ton regard se perdre dans l’océan avant de le reposer sur ton frère et de lui demander : « Et si c’était de notre faute ? » Ton coeur se serrait à cette pensée mais tu ne pouvais pas t’en empêcher. Devant le regard perplexe de ton frère, tu continuais. « Moïra est une petite fille intelligente. Les enfants sont des éponges et nous n’avons pas toujours été les plus subtils et les plus contenus lors de nos rencontres depuis ton retour. Et puis il y a toutes les conversations que l’on a pu avoir avec Beth et que Moïra aurait pu entendre. Je … » Tu soupires avant de passer une main dans tes cheveux mouillés pour dégager les mèches de ton visage. « Des fois je ne peux m’empêcher de me dire que c’est de notre faute, de ma faute certainement. » Parce que pouvais-tu vraiment partager cette faute avec ton frère ? Tu prenais le risque de briser ce semblant de confiance entre vous mais tu devais lui confier cette pensée parce que le but ultime n’était-il pas d’aider Moïra ?

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Message(#)blurred lines - tommy EmptyJeu 9 Avr 2020 - 16:39

D’un naturel enjoué, il était rare que la mauvaise humeur de Moïra subsiste bien longtemps même lorsqu’une contrariété venait écorner son quotidien de petite fille. Mais si d’aventure cela arrivait elle avait toutes les peines du monde à ne pas le montrer, et la manière dont elle plissait le nez ou fronçait le menton étaient bien souvent des indicateurs infaillibles de son agacement. Pas plus Tommy que son frère n’auraient donc pu passer à côté du brusque changement d’expression survenu sur le visage de la fillette tandis que Marius évoquait – avec, on le sentait, un brin de nostalgie dans la voix – des souvenirs le liant à sa mère, et donnant à Moïra de quoi aller s’acheter un goûter à la buvette toute proche Tommy avait attendu qu’elle se soit suffisamment éloignée pour tenter de mettre des mots sur ce brusque changement de comportement. Fut un temps où il aurait sans doute sauté sur l’occasion d’un faux pas de son aîné pour le lui faire remarquer, trop heureux de pouvoir mettre à mal la perfection d’éducation dont Marius s’était targué pendant si longtemps après avoir pris la responsabilité de sa nièce en l’absence de Tommy. Mais le temps n’était plus à la compétition et le brun n’avait simplement plus la même énergie qu’avant à se battre pour le moindre petit bout de fierté mal placée ; Sans doute avait-il aussi repris un peu confiance en son rôle de père, assez au moins pour ne plus craindre que la seule volonté de Marius soit suffisante à le déchoir de sa place auprès de sa fille. Et au bout du compte, il aurait fallu faire preuve de toute sa mauvaise foi pour sous-entendre que le faux-pas dont venait de se rendre coupable son frère l’avait été en toute connaissance de cause … Tommy lui-même commençait tout juste à apprivoiser l’idée qu’il ne pourrait peut-être jamais partager avec Moïra les souvenirs de sa mère comme il aurait souhaité le faire. « Il est peut-être temps qu’on la compare à son père un peu, qu’elle se rende compte que l’on n’attend pas à ce qu’Alice revive en elle. » Les mains enfoncées dans les poches de son short et le regard un temps accroché à sa fille, le brun avait reporté son attention vers Marius avec un fond de surprise et s’était heurté au profil songeur de ce dernier, dont l’attention semblait happée par la ligne d’horizon que dessinait l’océan. « Parce qu’elle ressemble autant à toi qu’à Alice. Crois-moi, j’ai de très vifs souvenirs de l’enfant et de l’adolescent que tu étais. » Gêné, probablement plus par le ton et les mots employés par son aîné que par le souvenir du garnement qu’il avait pu être dans sa jeunesse, Tommy avait secoué la tête « Ça va, ne te fatigue pas. On sait tous les deux que moins elle tiendra de moi et mieux ce sera. » Qu’on ne s’y trompe pas, il n’y avait contre toute attente aucune animosité dans la voix du brun tandis qu’il répliquait. Au mieux une bonne dose de fatalisme, car s’il regrettait encore parfois amèrement d’avoir été si peu compris par ses parents et ses aînés durant son adolescence il ne pouvait pas nier non plus n’avoir pas été un modèle de facilité. « Même pour moi … Crois-bien que j’espère ne pas avoir à gérer une crise d’ado comme la mienne ou celle de Scarlett. » Est-ce qu’il la craignait déjà d’avance, cette période où quittant son costume de petite fille Moïra prendrait le chemin de soupirer avec insolence en se lamentant que son père était vraiment un naze ? Assurément. Il la craignait même un peu plus fort chaque jour qui passait, car le temps filait à une allure folle et déjà l’époque où sa fille s’installait sur ses genoux et refusait de dormir sans Monsieur Lapin lui semblait lointaine.

Imitant la posture de son frère, Tommy avait abandonné un bref soupir et laissé son regard vagabonder vers la ligne d'horizon. C’était tellement étrange. Ce paysage, cette plage … ce n’était pas la première fois qu’il venait, il avait déjà accompagné Lene et Moïra lors d’une virée surf dominicale, il y avait fait son lot de soirées alcoolisées durant la période qui avait suivi la fin du lycée, il était même déjà venu avec Alice durant les premières semaines de leur relation. Il avait des tas de souvenirs liés à ce lieu, et pourtant il avait l’impression de le voir pour la première fois. « Et si c’était de notre faute ? » Sorti de sa contemplation par la voix de Marius, le brun avait secoué la tête comme pour chasser la torpeur dans laquelle il avait manqué se laisser glisser, et tourné la tête vers son frère « Moïra est une petite fille intelligente. Les enfants sont des éponges et nous n’avons pas toujours été les plus subtils et les plus contenus lors de nos rencontres depuis ton retour. Et puis il y a toutes les conversations que l’on a pu avoir avec Beth et que Moïra aurait pu entendre. Je … » Machinalement, le regard de Tommy avait glissé à nouveau dans la direction de Moïra, qui ne comptait plus qu’un unique client devant elle avant d’atteindre le comptoir de la buvette. « Des fois je ne peux m’empêcher de me dire que c’est de notre faute, de ma faute certainement. » Le moment avait de quoi surprendre. À la fois parce que Marius n’était pas du genre à faire état de ses ressentis, et surtout parce qu’il n’était pas homme à reconnaître ses torts – du moins, Tommy n’en était jamais témoin. Et qu’était-il supposé faire, lui ? Tenter de lui donner tort ? Il ne s’en sentait pas capable, parce que ce qu’avait fait Marius en tentant de le priver de Moïra restait à ses yeux quelque chose d’impardonnable, quelque chose qu’il ne parvenait pas à oublier et qui allait bien au-delà des guéguerres d’ego qui les avaient opposés toute leur vie. « Je ne veux plus que sa vie soit chamboulée. » avait-il fini par répondre, le ton sérieux, le regard se posant à nouveau sur son frère pour ne plus en bouger. « J’ai fait des choses dont je ne suis pas fier, et je suppose que toi aussi. Mais on a enfin un quotidien qui nous plait, elle a ses habitudes, ses copains de classe, ses rituels … Je veux que les choses continuent dans cette direction. Et je sais qu’elle est heureuse que tu sois de retour et qu’elle puisse passer du temps avec toi, je ne compte pas vous en empêcher … Mais ça sera à toi de t’adapter à nous, pas l’inverse. » Et si sa remarque pouvait sembler empreinte d’une certaine sévérité, elle n’était à ses yeux qu’un moindre mal en comparaison des décisions drastiques prises l’un envers l’autre ces dernières années lorsqu’il avait été question de la petite fille. « Tu serais prêt à me donner ta parole, là-dessus ? » Juste ça, juste la promesse de nager en suivant le courant plutôt que de chercher les éclaboussures. Ils avaient suffisamment donné à ce sujet, tous les trois. Tous les sept, en réalité, car cette bataille était devenue celle de tous les Warren, qu’ils le veuillent ou non.
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Message(#)blurred lines - tommy EmptyDim 12 Avr 2020 - 12:21

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@Tommy Warren & Marius

Difficile de s’entendre car difficile de se comprendre. Tommy avait toujours été une sorte de mystère pour toi. Vous étiez des opposés. Vos parents n’auraient pas pu produire des enfants si différents s’ils l’avaient voulu. Et ces différences n’avaient jamais été résorbées. Jamais vous n’étiez arrivés à un terrain d’entente, une forme d’acceptation de l’autre qui aurait pu vous permettre de construire une relation fraternelle. Non, vous étiez restés dans l’incompréhension de l’autre, une incompréhension dans laquelle des trahisons et des coups bas s’étaient amassés au point que tu ne savais même plus aujourd’hui les comptabiliser. Tu avais l’honnêteté de reconnaître que tu étais rancunier et que la perte d’Alice n’avait pas été facile à avaler. Encore aujourd’hui, une partie de toi n’est pas certain de pouvoir leur pardonner tout comme Tommy ne te pardonnera certainement jamais de l’avoir coupé de sa fille quand il était en prison au Canada. Vos tords étaient nombreux mais la fougue du passé, l’envie de se battre pour ce que vous estimiez chacun être votre droit était terminée. Désormais, Moïra devait être votre priorité et il était évident que le sujet de sa mère était un sujet sensible. Tu n’avais pas vraiment envisagé que cela puisse être le cas et comme tu ne parlais pas souvent d’Alice et encore moins en présence de Tommy, tu n’avais pas pu anticiper cette réaction de la part de ta nièce. C’était déstabilisant mais cela te donnait surtout envie de réfléchir aux raisons qui ont amenées Moïra à ne pas vouloir parler de sa mère. Parce qu’il doit y avoir une raison ou plusieurs qui se cachent derrière tout cela et toi autant que Tommy vous n’y êtes peut-être pas étrangers. Les tords sont partagés, tu aurais pu ne pas entrer dans ce jeu puéril, tu aurais pu ravaler ta rancoeur et être celui qui mettait un terme à toute cette compétition malsaine qui s’était installée entre vous pendant des années mais tu ne l’avais pas fait. Tu avais abusé de la confiance que Tommy avait placé en toi pour t’occuper de sa fille à la place. « Ça va, ne te fatigue pas. On sait tous les deux que moins elle tiendra de moi et mieux ce sera. » Un sourire amusé se dessina sur ton visage et tu secouais légèrement la tête. Il fallait avouer que tu espérais que Moïra ne récupèrerai pas tous les traits de caractère de ton frère mais il y en avait certains qui pouvaient pourtant lui être utiles. Tu avais peut-être été le fils parfait aux yeux de tes parents mais tu n’avais pas toujours été heureux et la solitude dans laquelle tu vivais aujourd’hui était le témoin de démons dont tu n’arrivais pas à te défaire. Tu n’étais pas non plus un très bon exemple et tu te souviens avoir jalousé certains traits de Tommy, encore plus quand il s’est avéré qu’Alice les préférait aux tiens. « Même pour moi … Crois-bien que j’espère ne pas avoir à gérer une crise d’ado comme la mienne ou celle de Scarlett. » Cette fois tu laissais échapper un éclat de rire. Imaginer ton frère devoir gérer une Moïra adolescente si elle n’en faisait qu’à sa tête comme Scarlett était vraiment très amusant pour toi. « Nos parents te diront que tu l’auras mérité. » Lui dis-tu pour le taquiner. « Contrairement à ce que tu penses, certaines de tes qualités pourraient être utiles à Moïra dans sa vie. Et elle est déjà bien plus posée et réfléchie que tu ne l’as jamais été alors ne perds pas espoir ! » Tommy avait été, dès l’enfance un enfant qui prenait beaucoup de place dans tous les sens du terme. Toujours à la recherche de la prochaine connerie à faire, laissant son impulsivité prendre toute la place par moment. Moïra était elle, une enfant bien plus calme. Mais c’était également une enfant qui avait grandi dans un environnement changeant et pas toujours parfait et cela pourrait se retourner contre vous tous à un moment donné.

Le regard perdu dans l’horizon, tu réfléchissais. Tu réfléchissais aux différents facteurs qui auraient pu amener Moïra à ne pas vouloir entendre parler de sa mère. Et une hypothèse te vient à l’esprit, une hypothèse qui fait peser la responsabilité de la situation sur tes épaules mais également sur les épaules de ton frère. Parce que Moïra était devenu un pion dans votre guerre et vous n’aviez peut-être pas assez pris soin de la tenir en dehors de vos discussions houleuses. Alice avait dû se faufiler dans des conversations, tu ne saurais plus dire dans lesquelles et à quel moment mais cela avait dû arriver. Tommy est lui aussi pensif face à tes paroles. Il prend son temps pour te répondre, choisissant certainement la posture qu’il veut adopter, ne laissant pas son impulsivité prendre le dessus cette fois. « Je ne veux plus que sa vie soit chamboulée. J’ai fait des choses dont je ne suis pas fier, et je suppose que toi aussi. Mais on a enfin un quotidien qui nous plait, elle a ses habitudes, ses copains de classe, ses rituels … Je veux que les choses continuent dans cette direction. Et je sais qu’elle est heureuse que tu sois de retour et qu’elle puisse passer du temps avec toi, je ne compte pas vous en empêcher … Mais ça sera à toi de t’adapter à nous, pas l’inverse. » Tu fronces légèrement les sourcils à ces paroles. Pas parce qu’elles te surprennent ou parce que tu n’es pas d’accord mais parce que tu n’as pas l’impression d’avoir imposé quoi que ce soit à Tommy depuis ton retour de France. Au contraire même, tu as l’impression d’avoir marché sur des oeufs. Tu avais demandé de voir Moïra, certes, mais tu n’avais jamais imposé de jour, de régularité, de dates, quoi que ce soit de ce genre. « Tu serais prêt à me donner ta parole, là-dessus ? » Ton regard plongé dans celui de ton frère, tu sais qu’il y a bien une chose dont il est certain. C’est que tu tiendras ta parole. C’est une question d’honneur et de droiture, tu refuseras toujours de déroger à tes principes. Mais quelque chose te dit que sous cette promesse se cache la peur de quelque chose d’autre. Une action dont ton frère te croit capable et dont il cherche protection. « Tu as peur que je fasse quoi exactement ? » Finis-tu par lui demander. Tu as envie de voir à quel point ton frère te prend pour un connard parce que depuis ton retour, c’est bien le bien-être de Moïra que tu fais passer en premier. « Je ne suis pas fier de tout ce que j’ai fait par le passé mais depuis mon retour je ne pense pas t’avoir forcé la main pour voir Moïra. Peut-être que ce n’est pas visible mais j’ai vraiment à coeur son bonheur avant tout autre chose. » Et parce que tu n’auras certainement jamais d’enfants, Moïra te permettra au moins d’avoir le rôle de l’oncle sur lequel elle pourra se reposer si besoin. Même si cela veut dire ne pas critiquer les faits et gestes de ton frère quand il fera un faux pas parce que comme tous les parents il en fera. « On ne sera probablement pas souvent d’accord mais je peux te donner ma parole. Je ne compte pas te brusquer, juste avoir une place dans sa vie. » Parce qu’en te demandant de prendre soin de sa fille quand il était en prison, Tommy t’avait donné un rôle dans la vie de cette dernière que tu n’aurais jamais eu si Alice ne vous avait pas quittée. Tu aurais certainement connu Moïra par des photos et des récits interposés et rien d’autre. Mais en la laissant avec toi, Tommy avait ouvert une porte que tu n’avais pas envie de voir se fermer sans te battre pour cette place, aussi petite soi-elle.

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Message(#)blurred lines - tommy EmptyMer 22 Avr 2020 - 6:18

Parfois il se rappelait qu’au bout du compte, Moïra reproduisait sans le savoir le schéma vécu par sa propre mère une génération plus tôt. Alice elle aussi n’avait été élevée que par son père, avec cela de plus que sa mère à elle avait choisi de disparaître, mais à ce propos Tommy n’avait jamais obtenu beaucoup plus de détails – peut-être parce que son épouse elle-même n’avait jamais obtenu les réponses à ses questionnements. Bien que résolument indépendante Alice évoquait toujours son père avec douceur, et quand bien même Tommy ne l’avait rencontré qu’à de trop rares occasions avant qu’il ne décède – quelques mois seulement avant sa fille, mais avec au moins la satisfaction d’avoir pu rencontrer sa petite-fille au moins une fois – l’homme lui était apparu comme bienveillant, doué de peu de mots mais profondément attaché à la chair de sa chair. Le temps passant le brun avait fini par se persuader que si un jour Moïra finissait par parler de lui de la façon dont Alice parlait de son propre père, alors ce jour-là il pourrait estimer ne pas avoir fait du trop mauvais travail … Mais Tommy n’était pas naïf, il savait que les véritables difficultés étaient encore devant lui, qu’elles prendraient plus d’ampleur à mesure que sa fille gagnait en indépendance et s’éloignait du nid douillet de l’enfance pour la période tant redoutée de l’adolescence. Il avait toujours entendu Alice admettre ne pas avoir été une adolescente facile, trop impatiente de grandir, trop impétueuse, et lui-même avait conscience de ne pas avoir été une partie de plaisir pour ses parents ; Autant dire qu’une adolescence tranquille pour Moïra, il n’y croyait pas trop. « Nos parents te diront que tu l’auras mérité. » lui avait d’ailleurs à ce sujet fait remarquer Marius, et bien que Tommy aurait eu à dire sur les opinions parfois discutables de leurs parents il n’avait pas nié – une partie de lui savait que son frère avait raison. Qu’il ajoute ensuite « Contrairement à ce que tu penses, certaines de tes qualités pourraient être utiles à Moïra dans sa vie. » l’avait en revanche pris par surprise, car les compliments entre les deux frères étaient rares, pour ne pas dire inexistants. Mais trop pris au dépourvu pour trouver quoi répondre, il avait laissé Marius ajouter « Et elle est déjà bien plus posée et réfléchie que tu ne l’as jamais été alors ne perds pas espoir ! » et finalement il s’était contenté d’acquiescer, armé d’un sourire à la fois songeur et teinté d’incertitude. « Ça en revanche, c’est un truc qu’elle ne tient ni de son père ni de sa mère. » Peut-être était-ce un de ces traits qui sautaient une génération ? À moins qu’elle ne l’ait simplement hérité du temps passé au contact prolongé des deux aînés Warren en l’absence de Tommy.

Il y avait malgré tout un statut quo implicite auquel ni Marius ni lui ne semblaient vouloir déroger : admettre avoir fait des erreurs – même à demi-mot – était une chose, mais s’en excuser en était une autre et il s’agissait-là d’une limite qu’aucun des deux frères ne semblait disposé à vouloir franchir. Il en allait sans doute de même pour le pardon, en vérité. Reste que puisque l’ainé semblait disposé à mettre certaines choses à plat, soulever certains questionnements, Tommy avait jugé le moment opportun pour émettre ses propres réserves quant à la place que son frère entendait reprendre dans la vie de Moïra. Il avait fini de se braquer et de n’envisager la situation que par ses extrêmes, il  était prêt à redonner à son frère une certaine marge de manœuvre dont il l’avait un temps privé car il savait à quel point cela tenait au cœur de la fillette … Mais cela ne se ferait pas sans conditions. Sans garanties. « Tu as peur que je fasse quoi exactement ? » Sentant sa nuque se raidir légèrement, il avait pris une inspiration plus appuyée que les autres et adressé à son frère un regard sérieux. « Je tiens pas à rejouer David contre Goliath devant un juge. Ou à voir ma légitimité en tant que père remise en question. » Parce que c’était de cela qu’il s’agissait à l’époque, pas vrai ? Le priver de Moïra pour le punir d’avoir eu la préférence d’Alice, et finalement se persuader que lui, l’oncle à qui tout réussissait toujours, faisait un meilleur modèle que ce père voleur qui payait ses erreurs au fond d’une cellule. Mais Tommy avait terminé de payer, Tommy faisait de son mieux, et contre toute attente il ne s’en sortait pas si mal … Il avait fait ses preuves, et il refusait de laisser à nouveau qui que ce soit le tirer vers le bas en tentant de le persuader du contraire. « Je ne suis pas fier de tout ce que j’ai fait par le passé mais depuis mon retour je ne pense pas t’avoir forcé la main pour voir Moïra. » lui avait alors opposé son aîné. « Peut-être que ce n’est pas visible mais j’ai vraiment à cœur son bonheur avant tout autre chose. » Et c’était vrai, il fallait lui reconnaître au moins cela. Mais pour l’heure cela restait un peu léger pour dissiper entièrement la méfiance de Tommy, et bien qu’il ait répondu « Je n’ai pas dit le contraire. » pour tâcher de ne pas verser d’huile sur le feu l’exigence qu’il avait formulée en premier lieu n’en était pas moins légitime. Et si Marius n’avait rien à se reprocher il n’aurait pas dû avoir de problème à donner sa parole à ce sujet. « On ne sera probablement pas souvent d’accord mais je peux te donner ma parole. Je ne compte pas te brusquer, juste avoir une place dans sa vie. » Instinctivement le brun avait senti la raideur dans ses omoplates se détendre légèrement. Par quel miracle parvenait-il à la fois à se méfier de Marius sur des actions vieilles de cinq ans et à le croire sur simple parole ? Lui-même n’en avait pas la moindre idée en vérité. « Bien. Dans ce cas ça me suffit. » Et il était pratiquement certain que même Beth n’en attendait pas tant lorsqu’elle avait pris connaissance de cette escapade à Gold Coast aux airs de fausse bonne idée. « Et je m’attends pas nécessairement à ce qu’on soit d’accord sur grand-chose, juste … » Cherchant la meilleure façon d’imager son propos, il avait repris « Que les erreurs de l’un ne deviennent pas automatiquement des cartouches pour l’autre dans la foulée. » Ils avaient passé l’âge de jouer aux cow-boys et aux indiens, et il ne faisait jamais bon avoir un fusil chargé dans la famille … Même lorsqu’il était totalement métaphorique.

Fine observatrice, Moïra semblait quant à elle avoir compris que la discussion qui se tramait entre son père et son oncle avait le goût de l’importance, et traînant plus que de raison au moment de rebrousser chemin elle avait pris le temps de commencer sa glace avant même de les avoir rejoints. Lorsque le regard de Tommy était venu chercher dans sa direction néanmoins elle avait repris un rythme de marche raisonnable et était remontée jusqu’à eux. « Tu as trouvé ton bonheur ? » Hochant la tête en guise de réponse, la fillette avait tendu la main vers son père pour lui rendre ce qui restait de monnaie, et la faisant disparaître dans l’une des poches de son short il avait indiqué « Tu as une tache. » et répondu à son « Où ça ? » en glissant un bout d’index sur l’extrémité de sa glace pour lui en coller sur le bout du nez « Ici. » Le gratifiant d’un « Pffff. » faussement bougon, elle avait grimacé pour atteindre son nez avec le bout de sa langue et récupérer ainsi l’excédent de chocolat déposé par Tommy et l’image avait arraché à ce dernier un éclat de rire franc. Après quoi, et non sans avoir d’abord jeté un regard dans la direction de Marius, il avait indiqué « Allez, finis ta glace tranquillement et après on se mettra en route pour le retour. » et alors qu’il ne l’aurait jamais espéré en début de journée un constat lui avait soudainement sauté aux yeux : le trajet du retour serait peut-être moins lourd et moins désagréable pour son frère et lui que ne l’avait été l’aller.
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