vagabondes, nos âmes ont pris la route

Noa & Isaac

Le planning de Noa ainsi que le mien devant les yeux, il me semblait que tous les éléments concordaient impeccablement afin de concrétiser le projet que j'avais élaboré depuis l'avant-veille. Ce n'était rien de phénoménal en soit, mais j'avais eu cœur à effectuer les choses bien et je n'étais malheureusement pas un professionnel de l'organisation, si bien qu'il me fallait sans doute plus de temps que la moyenne à mettre en place quoi que ce soit. Dans tous les cas, mis à part le facteur Andy qui demeurait incontrôlable et la menace d'un rendez-vous ou d'une urgence impromptue, rien ne devrait se mettre en travers de la route de ce que je préparais.

Il paraît que lorsqu'on fait le bien, ce dernier nous revient. Ou alors, comme le dicte l'adage : un service en rend un autre. A mesure des coups de main et services que j'avais rendus, j'avais reçu un paiement sous la forme du prêt d'une maison en campagne australienne. Je connaissais le coin puisqu'il était sur la route que j'empruntais régulièrement pour me rendre chez mes parents et vraiment, le cadre était plutôt parfait à mes yeux. Il y avait la nature aux alentours sans craindre non plus de se faire heurter par la faune australienne, des voisins en cas de pépin à quelques kilomètres ainsi qu'une supérette mais personne que l'on pourrait déranger si l'on est trop bruyant. Il y avait aussi un petit lac à proximité et la maison était équipée pour ne manquer de rien.

Puisque l'on parlait fréquemment avec Noa de s'évader un peu, question de se couper de la ville et aussi de se distancer de tous nos problèmes et des mésaventures que nous avions enchaînées sans relâche, il m'était venu naturellement à l'esprit l'idée de l'embarquer dans un week-end en retrait. J'avais fait le stock de bouffe comme d'alcool et mon bolide était prêt à nous conduire jusqu'à la maison que me prêtait mon collègue. Maintenant, il ne me manquait plus qu'à prier pour que Noa soit chez elle et si possible, sans Andy. J'avais pas spécialement envie qu'il se tape l'incruste. Surtout si je finissais par tenir la chandelle, puisque Ginny avait un week-end chargé en vernissages avec Auden.

J'entrais dans l'appartement de Noa et appelais ma meilleure amie : « Noa ?! » Aucun soulier masculin sur le tapis d'entrée, c'était un bon signe.

 Dormir ! C’est tout ce que je demandais. Un peu de sommeil. Mes dernières nuits étaient synonyme d’enfer. Depuis plusieurs jours, je dormais si mal, incapable de fermer l’œil, je mettais des dizaines et des dizaines de minutes avant de trouver les bras de morphée et lorsque j’étais enfin endormi, les cauchemars s’enchainaient, me réveillant par intermittence. La veille, j’avais fini par me réveiller à trois heures du matin en parlant toute seule. Totalement apeurée après voir rêvé d’un accident de voiture avec ma sœur qui ne s’en était malheureusement pas sortie. Le jour précédant, j’avais fini par ne plus pouvoir dormir en rêvant qu’une dizaine d’araignées campait sur le plafond de ma chambre, me forçant a allumer ensuite la lumière pour vérifier qu’aucune bête à huit pattes ne se promenait dans la pièce, impossible de fermer l’œil ensuite. Loan s’est pointé dans ma chambre lundi en pleine nuit après m’avoir entendu crier visiblement. Impossible de me souvenir par contre de quoi que ce soit, surement un mauvais cauchemar, ce qui m’arrivait de temps en temps mais là c’était un peu trop à mon goût. La pauvre, je lui avais fait si peur, qu’on avait fini par s’endormir ensemble ensuite. J’ignore quelle était la cause de tous ces cauchemars et ces insomnies qui me pourrissaient la vie depuis une semaine, mais pitié, laissez-moi enfin dormir ! J’allais profiter de ce weekend, qui pour une fois était tranquille, pour pouvoir me poser, chasser les mauvais esprits de l’appartement et faire en sorte de rattraper ces heures de tranquillité.
« Noa ?! » je suis dans ma chambre, à l’étage quand j’entends cette voix qui me réchauffe toujours le cœur lorsqu’elle résonne dans mes oreilles. J’étais sur mon ordinateur, en train de faire le tour de facebook, mais je ferme le clapet aussitôt pour descendre. Je dévale les escaliers avant de tomber nez à nez avec mon ami qui était sans doute sur le point de me retrouver dans ma chambre. « Le meilleur ! » je souris, le prenant dans mes bras. Je ne l’attendais pas à vrai dire. « Qu’est ce qui t’amène ? » à part le fait de me voir. « Viens, on va à l’étage. Loan est pas là, le taf… » et toujours le taf. « Comment tu vas ? » et j’veux dire par là, comment il va vraiment, sincèrement, pas une question juste pour faire semblant de s’intéresser à lui.

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Noa & Isaac

« Noa ?! » Docile, j'attends un quelconque retour avant de m'inviter davantage dans la demeure de deux de mes plus proches amies. Je connaissais l'appartement par cœur, cependant, je préférais ne pas m'aventurer de manière trop téméraire question de ne pas tomber sur une scène indésirable. Les probabilités pour être surpris aujourd'hui semblait toutefois minimes vu le nombre de chaussures reposant sur le paillasson de l'entrée. Je devinais que Loan devait être au boulot et la Jacobs seule à l'étage.

Je m'orientais ainsi vers la cage d'escalier que Noa ne tarda pas à dévaler en m'accueillant : « Le meilleur ! » Je réceptionnais l'australienne dans une étreinte affectueuse. « Qu’est ce qui t’amène ? » La malice tout comme la fierté se lisaient déjà dans mon regard. J'étais impatient de découvrir la réaction de Noa quand je lui dévoilerai les plans que j'avais tout de même organisés seul et avec cœur. « Viens, on va à l’étage. Loan est pas là, le taf… » « Comment d'hab, » je commentais, sourire amusé aux lèvres. J'admirais le dévouement de mon amie pour sa carrière - ou son compte en banque - mais parfois, je redoutais qu'elle termine en burn out. Je laissais mon interlocutrice gravir les quelques marches d'escalier et hésitais à la suivre. Après réflexion, je pourrais lui annoncer mes intentions directement dans sa chambre, sa valise s'y trouvait et elle y ferait son sac si elle acceptait mon offre. « Comment tu vas ? » « Ça va. » J'annonçais sobrement, mais sincèrement. « Et toi ? T'as l'air crevé. T'as fait nuit blanche ? » Loan m'avait peut-être - je n'étais pas une balance, je ne dirais rien des conversations que j'avais avec Loan sur le compte de Noa - envoyé quelques messages me signifiant qu'elle s'inquiétait pour Noa qui fermait très peu l’œil de la nuit et semblait éprise à d'épouvantables cauchemars. Je n'avais aucune peine à trouver les motifs de ceux-ci - bien que ne possédais pas l’orgueil d'assurer lesquels étaient véridiques. La vie de la trentenaire avait été tout sauf un long fleuve tranquille. Je l'admirais pour être une femme aussi forte malgré tous les obstacles, malheurs et même traumatismes dont la destinée avait pu lui accabler.

Une fois dans la chambre de ma meilleure amie, je m'adossais au mur et lui déclarais, ne retenant davantage mon enthousiasme. « J'ai une surprise pour toi. Enfin, une proposition, plutôt. » Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Je ne souhaitais pas imposer un plan - peut-être foireux à ses yeux - à la brune. « Qu'est-ce que tu penserais de partir de Brisbane pour le week-end ? » Et comme si ça ne coulait pas de source - et pour m'assurer de ne pas me coltiner Andy et finir en overdose de couple quand j'étais loin de ma propre copine - je complétais : « Avec moi. »

J’suis contente de voir Isaac et qu’il débarque sans avoir prévenu. Et il avait plus de chance de me trouver ici en ce moment, il avait pas pris trop de risque à passer à l’improviste. Et maintenant qu’il était là, j’allais profiter pour le kidnapper parce que cette dernière semaine avait été un vrai calvaire. Je ne lui avais encore pas touché un mot sur ma rupture avec Andy, pas envie d’envoyer des messages pour annoncer la nouvelle à tout le monde, j’avais pour l’instant gardé tout ça pour moi. Même Loan n’était pas au courant car en réalité, j’assumais bien moins la raison de notre rupture. J’en avais même presque honte. Et si Loan était ma meilleure amie, c’était encore tôt pour moi d’en parler. C’était assez compliqué de gérer ça. Et je prenais conscience petit à petit que mon état de stress et mes anxiétés, les cauchemars à répétition devaient sans doute être liés. Ma pauvre Loan qui en pâtissait puisque je la réveillais aussi la nuit. Mais j’allais sans doute annoncer à Isaac pour la rupture. Ca me ferait du bien de pouvoir enfin en parler.
Je l’invite à me rejoindre dans la chambre, mon petit cocon préféré cette dernière semaine. « Et toi ? T'as l'air crevé. T'as fait nuit blanche ? » j’en profite pour me regarder dans le miroir accroché au mur et constaté à nouveau les dégâts. « Pas nuit blanche, mais une succession de nuits désastreuses… » et j’avais besoin de me ressaisir. Et je sentais déjà ma gorge se serrer à l’idée de devoir parler des raisons à Isaac. « J'ai une surprise pour toi. Enfin, une proposition, plutôt. » intriguée, je le regarde, attendant qu’il annonce la couleur. « Qu'est-ce que tu penserais de partir de Brisbane pour le week-end ?... Avec moi. » ca m’fait sourire qu’il se sente obligé de préciser que c’était avec lui. D’un coup, le picotement de ma gorge se dissipe peu à peu et c’est avec un large sourire que j’accepte la proposition. « Mais carrément ! On part quand ? » parce que je réalise surtout qu’on est samedi matin et que du coup, on est le weekend… « Maintenant ? » que je dis avec mes gros yeux, prise par la surprise ! « Attends, on part où ? J’met quoi dans mon sac ? Plutôt grosse laine ou maillot de bain ? » qu’est ce qu’il a prévu ? Je m’approche de lui pour le prendre dans mes bras et lui faire un bisous sur la joue. « t’imagine pas comme tu tombe à pic ! » que je lâche, si chanceuse d’avoir un ami comme Isaac depuis toutes ces années.

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Noa & Isaac

Je m'avance davantage dans la chambre à coucher de Noa où j'ai passé d'innombrables heures en sa compagnie, et parfois celle de Loan. J'aimais bien me rendre à l'appartement des filles, il y avait une ambiance singulière qui leur était propre. Il était vrai que nous avions tous les trois des emplois du temps bien chargés, mais je chérissais chaque moment que l'on pouvait passer ou improviser ensemble. Malgré les années et la distance, The Big Bang Crew et tous ses liens restaient increvables.

En toute franchise, je signifiais à ma meilleure amie qu'elle avait l'air exténué. Elle jeta un coup d’œil au miroir avant de confier : « Pas nuit blanche, mais une succession de nuits désastreuses… » Je m'apprêtais à compatir et lui solliciter davantage d'informations avant de poser mon regard sur le reflet de mon interlocutrice dans le miroir. Je sentais qu'elle était à fleur de peau, ainsi, plutôt que de risquer des émotions fortes tout de suite, je préférais user du positif et me lancer dans mon invitation de week-end en périphérie de Brisbane.

Un large sourire étire les lèvres de Noa, se répercute sur mon visage. Je suis ravi que la proposition l'enchante. « Mais carrément ! On part quand ? » « Maintenant ? » « Maintenant ? » Je suggère en chœur avec elle. « Attends, on part où ? J’mets quoi dans mon sac ? Plutôt grosse laine ou maillot de bain ? » Son enthousiasme me fait lâcher un léger rire de bonheur, bien que je n'ai malheureusement rien de grandiose à lui offrir. « On reste en Australie. Mais promis, on sera dépaysé de notre quotidien ! » Personne que l'on connaît aux alentours - personne tout court, d'ailleurs. Les voisins étaient à une quinzaine de minutes. On serait tranquille, dans une petite bâtisse faisant face à la mer et dos à la végétation. Noa me prend dans les bras et je resserre amicalement son étreinte, l'entendant confier : « T’imagines pas comme tu tombes à pic ! » « Je suis sûr que ça nous fera du bien à tous les deux. » Je conjecture, avant de presser affectueusement l'épaule de la Jacobs. L'on se voyait souvent, mais notre dernière virée de ce genre remontait quand même à un petit moment et ça me manquait. « Tu fais ton sac ? Ha et j'suis pas sûr qu'on aura du réseau sur site ! Si t'as des gens à prévenir... » Andy, Loan, le boulot... J'étais impatient de prendre la route. J'informais d'ailleurs, malicieux : « J'me suis chargé des vivres. J'avais anticipé ta réponse... »

 

Ok donc Isaac me confirme que c’est maintenant ! Là, il m’attend, faut que je fasse mon sac, je sais pas quoi y mettre, je me doute bien qu’on part pas loin, qu’on part que deux ou trois jours maximum et donc, ca sert à rien que j’en fasse trop non plus, mais quand même. « On reste en Australie. Mais promis, on sera dépaysé de notre quotidien ! » mais on pouvait même partir à l’autre bout de la ville, si on était que tous les deux pour un vrai weekend, ce serait dépaysant ! Il imaginait même pas comment cette proposition pouvait bien tomber, comme c’était juste le moment parfait. « Je suis sûr que ça nous fera du bien à tous les deux. » je le regarde, suspecte. Est-ce qu’Isaac a encore une révélation à m’faire ? « t’es toujours avec Ginny ? » que je demande accusateur. « Moi, j’suis plus avec Andy. » que je glisse comme ça, normalement, comme si c’était l’annonce banale de la journée. Je regarde ailleurs, vers mon placard pour aller dénicher mon sac de voyage. « J’te raconterai. » parce que je sais qu’il veut en savoir plus, que j’peux pas juste lui lacher ça comme ça et pas lui donner plus d’explication. Mais là, faut que j’me concentre sur mon sac, parce que si j’commence à partir dans tous les sens, on sera encore là demain et clairement, j’veux juste profiter et partir d’ici. « Tu fais ton sac ? Ha et j'suis pas sûr qu'on aura du réseau sur site ! Si t'as des gens à prévenir... » pas de réseau ? « Ca pourrait avoir tendance à m’inquiéter en temps normal… mais là, une bonne coupure, ca fera pas de mal ! » accro aux réseaux sociaux, j’allais faire ma cure pendant ces quelques jours, c’était pas plus mal et au moins, je serai pas tentée d’aller stalker certains comptes… « Je laisse un mot à Loan… » je prend un papier et un stylo sur mon bureau et gribouille un petit mot d’amour, lui disant de ne pas s’inquiéter si elle n’avait pas de nouvelles de moi, je serai entre de bonnes mains avec Isaac. « tiens, écrit un petit mot aussi. » je le laisse faire quand je sors de mon armoire des fringues. « J'me suis chargé des vivres. J'avais anticipé ta réponse... » je souris, c’est vrai que ça aurait pu faire partie de mes questions futurs mais en réalité, je me doutais très bien qu’il avait tout organisé à la perfection. « depuis quand t’as cette virée en tête ? » je le connais, à tout prévoir, il est pas du genre à partir comme ça sur un coup de tête. « Maillot de bain ? » je sors deux bikinis que je tends vers lui. « Brun ou corail ? » je me doute bien que l’un ou l’autre, il s’en fou pas mal, mais ca m’amuse toujours de lui demander ses conseils aguerris. Je finis d’y mettre quelques fringues sans trop abuser pour autant, je me faufile dans la salle de bain de ma chambre pour y prendre serviette et trousse de toilettes. « C’est ok pour moi… je crois. » que je dis en allant tout fourrer dans mon sac que je peine à fermer. « Il y a quelques chose que je dois prendre en particulier ? » j’suis toute excitée, en quelques phrases, Isaac avait dissipé en moi toute notion de stress et pointes de négativité.

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Noa & Isaac

Je suis ravi que Noa adhère à ma surprise de l'embarquer dans un lieu inconnu pour un week-end à deux. Comme je le lui confie, je suis persuadé que cette pause de Brisbane nous fera du bien à tous les deux, ce qui me vaut par ailleurs un regard suspect de ma meilleure amie qui lance : « T’es toujours avec Ginny ? Moi, j’suis plus avec Andy. » Je fronce les sourcils, déstabilisé de la manière avec laquelle elle me renseigne de son nouveau statut de célibataire - bien que sa relation avec Andy n'avait rien du couple lambda. « Je - Quoi ?! » Je réplique, incrédule devant tant de détachement. Quand la Jacobs me parlait du colombien, bien qu'il y avait des problèmes entre eux et certains différends, elle semblait entretenir beaucoup d'affection pour lui - et j'avais tendance à interpréter celle-ci comme réciproque. Je n'étais pas maître dans l'art des unions amoureuses - loin de là -, cependant, j'avais dorénavant le sentiment d'avoir loupé plusieurs épisodes sur ce dossier. « J’te raconterai. » Je hoche la tête, conciliant mais perplexe, suivant du regard mon interlocutrice tandis qu'elle plonge vers sa penderie afin de remplir son sac pour notre virée entre potes.

Je la préviens de la très probable absence de réseau à notre future destination. « Ça pourrait avoir tendance à m’inquiéter en temps normal… mais là, une bonne coupure, ça fera pas de mal ! » Je ris doucement. « Pourquoi ? T'as des doutes sur le fait que je puisse t'assassiner pendant ton sommeil ? J'étais si suspicieux pendant nos cinq ans de colocation ? » Je plaisante, reconnaissant certes qu'avoir du réseau était rassurant au cas où l'on avait besoin de secours. Mais je n'étais pas inquiet, nous n'allions pas au milieu de nulle part et même sans réseau, il y avait un téléphone fixe là où nous nous rendions et une supérette à une quinzaine de minutes en voiture. « Il y a un fixe en cas d'urgence et une supérette pas trop trop loin. » Je complète ainsi. Tout comme Noa, je pensais qu'une bonne coupure ne me ferait pas de mal. Je n'étais pas un fana des réseaux sociaux. Je disposais d'un compte que sur Facebook et Instagram et y postais très peu, si bien que mes photos de profil dataient facilement de plusieurs années. Chloe apparaissait d'ailleurs encore dans certains dossiers photos, aussi malsain cela puisse sembler maintenant que je sortais avec Ginny. Seulement, ce point reflétait dans quelle mesure je ne m'investissais pas dans ces réseaux. En revanche, mon téléphone portable, quant à lui, sonnait vraiment très souvent : que ce soit pour le boulot, le bénévolat, ou des amis voire la famille qui me joignaient de cette manière.

Je m'installe au bureau de Noa alors qu'elle vient avec un papier sur lequel elle laisse un mot à l'attention de Loan pour la prévenir de son absence. Sous ses directives, j'en fais de même, sourire aux lèvres car forcément, j'y mets des plaisanteries. Je range le crayon dans le pot à stylos et préviens Noa avoir prévu les vivres. « Depuis quand t’as cette virée en tête ? » Je ne peux voiler un sourire assez fier. J'avais travaillé dur pour tout organiser - surtout que j'étais vraiment mauvais en termes de planification -. « Un petit moment... » Je laissais quand même planer le mystère et acquiesçais suite à sa demande si elle devait embarquer un maillot de bain dans son sac. « J'aime bien le corail. » Je réponds en riant, un peu aléatoirement, les deux étant très jolis et allant sans doute très bien à Noa. Cette dernière s'absente quelques minutes pour revenir avec une serviette et sa trousse de toilette. « C’est ok pour moi… je crois. Il y a quelque chose que je dois prendre en particulier ? » Mes yeux se posent sur le sac qui se fait malmener pour que la fermeture éclair puisse être fermée. « Non, je pense pas. » Je réponds après réflexion et pour le bien-être du contenant. Je m'étais déjà chargé de pas mal d'éléments pour le week-end et si Noa avait placé dans son sac tout ce dont elle nécessitait pour trois jours, il ne devrait y avoir aucun souci. Je me lève et tends le mot à l'attention de Loan pour qu'elle puisse le déposer là où elle pense le plus opportun. Je questionne ensuite, enthousiaste : « C'est parti ? »

Je prends le sac de Noa de manière à le mettre dans mon coffre tandis qu'elle verrouille la porte d'entrée de son domicile. Je m'installe ensuite au siège du conducteur, bien vite rejoint par la brune. « Y'a des nouvelles cassettes dans la boîte à gants, si tu veux. » Habituellement, Noa était en charge de la musique lors de nos trajets. Bon nombre des cassettes dataient de nos anciennes virées et nos goûts d'il y a plusieurs années. Il y avait aussi l'option radio, mais parfois, pouvoir revenir en arrière et remettre une bande pré-enregistrée avait du bon et faisait remonter de souvenirs agréables. Je démarrais mon bolide et empruntais la route vers la cabine prêtée par mon ami.

Moins d'une heure plus tard, je quittais la route pour emprunter un chemin en caillasse. Par la suite, je me garais à proximité de la petite cabine que nous pourrions occuper durant tout le week-end. La nature nous entourait et le silence régnait, en opposition à Brisbane qui grondait toujours par son activité incessante. Face à la porte d'entrée se trouvait une étendue d'eau ainsi qu'un petit ponton et mon ami nous avait laissé à disposition son barbecue ainsi que le squelette d'un feu de camp. « Qu'est-ce que t'en penses ? » J'interrogeais Noa, espérant de tout cœur que ça lui plaise. « On s'prend une première bière ? » J'invitais, question de débuter ce séjour comme il se le doit si ce lieu était approuvé par ma compagnie pour quelques jours.

 

 J’avoue avoir balancé de manière abrupte qu’avec Andy c’était fini. Mais c’était pas le moment pour s’étaler sur ce sujet, là j’avais mon sac à faire, mes affaires à rassembler pour partir le plus vite possible et fuir cette ville. Le plan me plaisait tant et c’était la meilleure nouvelle de la semaine, du mois même. Partir en weekend surprise avec Isaac : un vrai bonheur. Je promets alors à Isaac de revenir plus tard sur le sujet, quand on sera dans notre moment « révélation, conversation sérieuse » de ce weekend, puisque ça arrivera forcément, ça arrive toujours ! Séquence émotion avant de partir en vrille totale sur les Beatles.
La destination reste mystérieuse et ca me plait encore plus, j’suis hyper excitée de savoir où on va aller et j’ai aucun doute sur la qualité du choix de l’endroit que nous a fait Isaac. Surement pas trop luxueux, un peu isolé, cocooning, suffisamment de confort quand même pour pas être obligé d’aller se laver dans une rivière ou sous une douche froide d’un vieux camping. On n’avait pas des gouts de luxe, mais quand même, y a un standing minimum à respecter. Pas de réseau, pas grave, ca m’ferait du bien pour ce weekend, une vraie coupure loin de tout. J’allais pas être scotchée à mon téléphone au moins. « Pourquoi ? T'as des doutes sur le fait que je puisse t'assassiner pendant ton sommeil ? J'étais si suspicieux pendant nos cinq ans de colocation ? » je ris, absolument pas. Je secoue la tête. « Un vrai soulagement quand t’es parti ! » je lève les yeux au ciel, on sait lui comme moi que c’était pas le cas du tout et que j’ai un peu vécu son départ de la colocation comme une rupture, c’était assez dur, ce sentiment de solitude ensuite, j’le cherchais partout et nos habitudes m’ont vraiment manqué, mais c’était le jeu, une colocation c’est pas fait pour durer de toutes façons. Cinq and, c’est déjà énorme. « Il y a un fixe en cas d'urgence et une supérette pas trop trop loin. » parfait pour faire les ravitaillements, même si Isaac avait déjà tout prévu, je pense qu’il a pas anticipé ma capacité à boire beaucoup en ce moment.
Je poursuis mes allers et retours de la chambre à la salle de bain, au placard, vers la valise. Ce sera maillot de bain corail, très bien, j’avoue que je le préfère aussi. Ma valise est bouclée, j’ai rien oublié, je pense pas et Isaac me le confirme. On peut alors décoller et retrouver le vieux tacos d’Isaac. « Y'a des nouvelles cassettes dans la boîte à gants, si tu veux. » du neuf ! Génial, j’avais fini par croire qu’on serait obligée d’écouter les spices girls et rolling stones à vie dans cette voiture. « Voyons voir… » j’ouvre la boite à gants, des compils rock c’est parfait ! C’était partie pour une heure de karaoké avec des paroles pas toujours certaines et des sons pas toujours très justes…
Isaac sort de la grande route principale et je sens que ça y est, on s’y approche. J’deviens plus silencieuse parce que j’observe la route, les chemins qu’on emprunte et les paysages qu’on traverse. On s’enfonce un peu dans la forêt ou ce qui y ressemble et on arrive enfin sur une étendue d’eau et un petit chalet tout mignon. On sort rapidement de la voiture pour aller à l’interieur. J’suis curieuse de tout voir dedans. « Qu'est-ce que t'en penses ? » Il me pose vraiment la question alors que j’suis sûre d’avoir les yeux qui brillent déjà ? « C’est juste parfait ! » et je m’approche de lui pour une accolade de remerciement et accompagnée d’un baiser sur la joue. « J’suis trop chanceuse de t’avoir ! » je m’écarte et sautille sur place d’excitation. « On s'prend une première bière ? » je hoche la tête, ressort sans avoir fait vraiment le tour et retourne à la voiture pour sortir nos affaires et le sac de course également. On revient à l’intérieur et j’me laisse aller sur le canapé si moelleux que j’en suis surprise. « Wow, j’en sortirai jamais ! » j’m’enfonce dedans mais ca m’plait bien. « Tu veux quoi ? » j’me penche vers le sac de course et où se trouve la bière aussi. « IPA ? Blonde ? Ambrée ? » que je liste en voyant le choix que j’ai sous les yeux. Pour moi, ce sera une blonde pour commencer, pas trop fort pour pouvoir profiter un max. Il s’agirait pas de vraiment plus pouvoir sortir de ce canapé avant ce soir.« T'étais déjà venu ici?»

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Noa & Isaac

Après un trajet en voiture sous trame de fond de compilations rock pas toujours respectées par nos propres interprétations des tubes musicaux, je me stationnais à quelques mètres du petit chemin menant vers le chalet en retrait de la route. Une étendue d'eau lui faisait face, des arbres l'entouraient, de quoi vraiment se sentir loin des tracas de la ville. Je sortais de la voiture et la tranquillité de l'endroit m'apaisait déjà. « Qu'est-ce que t'en penses ? » J'interrogeais Noa, espérant que l'emplacement surprise pour le week-end lui plaise. « C’est juste parfait ! » Un sourire fier apparaît sur mon visage instantanément. Je me doutais que ma meilleure amie apprécierait un minimum l'endroit, elle ne m'était pas si étrangère, mais je n'avais jamais l'assurance de préjuger de ses réactions. Elle me serre dans ses bras en guise de remerciement et dépose un baiser sur ma joue. « J’suis trop chanceuse de t’avoir ! » Je ris doucement et l'observe entrer dans le chalet, songeant que la réciproque était bien entendu vraie. « On s'prend une première bière ? » « Yes ! » J'approuve avec enthousiasme. J'ouvre le coffre, nous emportons les différents sacs à l'intérieur. Noa s'installe dans un canapé duquel elle estime ne jamais sortir. Un nouveau rire file entre mes lèvres et je prends place dans le fauteuil en face d'elle. « Tu veux quoi ? IPA ? Blonde ? Ambrée ? » « J'vais prendre une ambrée, » j'annonce avant de tendre la main pour qu'elle me tende les deux bières que je décapsule machinalement avec mon canif. « T'étais déjà venu ici? » Je hoche la tête à l'affirmative, relatant : « Oui, entre potes. J'ai pas mal bossé sur la baraque avec eux aussi. » Je lui donne sa bière puis m'enfonce un peu plus dans le fauteuil. Je prends une gorgée bien rafraîchissante de ma propre boisson. « J'aime bien cet endroit. J'ai vraiment l'impression qu'on peut déconnecter ici. » Je confie. Je ne pense pas que je m'y rendrais seul toutefois, craignant trop que la solitude finisse par m'étouffer. Mais y aller entre amis permettait vraiment de relaxer et faire une coupure avec les problématiques que l'on rencontrait dans notre vie de tous les jours à mon sens. D'ailleurs, parlant de celles-ci, je questionnais : « Tu veux crever les abcès maintenant ou on garde ça pour plus tard ? » J'entendais par ici le sujet Andy ainsi que ceux que j'aimerais bien partager avec ma meilleure amie. Il était vrai que je n'étais pas réputé pour me confier et que j'avais toujours eu énormément de misère à le faire, même à des personnes dont j'étais proches et en qui je faisais entièrement confiance comme Noa, mais j'apprenais de plus en plus à le faire et force était de constater que ça faisait du bien de discuter de ce qui nous hante avec des proches pour qu'ils puissent nous apporter leur soutien. Ressentir personnellement des sentiments ou galérer dans sa vie privée ne signifiait pas devoir impérativement gérer tous ses problèmes seul.

 

J’suis sur un petit nuage en découvrant petit à petit ce coin de paradis où Isaac m’avait emmené. Un weekend à nous, rien que lui et moi, Noisy enfin réuni et personne pour venir se mettre entre nous deux. C’était plus compliqué d’avoir ces moments complices et intimes ces derniers temps, pour plusieurs raisons : on était tous les deux en couple, on était tous les deux très pris par notre travail, on se voyait aussi avec l’ensemble de notre groupe d’ami – et c’était aussi très bien ainsi ! – mais très rarement tous les deux. On se l’était promis de passer plus de temps ensemble, de ne plus passer à côté de moments importants de nos vies respectives et la chose la plus importante : pouvoir compter l’un sur l’autre, pour le meilleur et pour le pire ! Aucun contrat de mariage entre nous, juste la promesse d’une belle et sincère amitié.
Je balance la canette de bière choisi par Isaac, ambrée pour monsieur et la mienne qui suit car le pro pour ouvrir les bières avec un briquet c’est bien Isaac. D’ailleurs, il sait décapsuler les bières avec tout ce qu’il peut avoir sous la main : ça a été très pratique pour des soirées improvisées où on n’avait pas de décapsuleur à portée de main.
Isaac me semble être bien familier avec l’endroit, arrivés jusqu’ici sans GPS, ca aurait du me mettre la puce à l’oreille, forcément, il était déjà venu. « Oui, entre potes. J'ai pas mal bossé sur la baraque avec eux aussi. J'aime bien cet endroit. J'ai vraiment l'impression qu'on peut déconnecter ici. » et je regarde à nouveau le chalet en bois, chaleureux et cosy. « C’est du beau boulot ! » j’ignore qui sont ces potes avec qui il était déjà venu et avec qui il avait mis la main à la pâte, mais s’ils avaient bossé pour rendre l’endroit accueillant, c’était mission accomplie. « Tu peux venir ici quand tu veux ? Enfin, j’imagine que vous vous partagez les weekends ! » et une gorgée pour moi je ferme presque les yeux pour profiter de cet instant coupé de tout ! Qu’est-ce qu’on est bien ici !
« Tu veux crever les abcès maintenant ou on garde ça pour plus tard ? » je me redresse et regarde Isaac, silencieuse un instant, finalement, il a raison de mettre les pieds dans l’plats et je pense que j’aurai tenu moins longtemps que lui pour aborder le sujet. « T’as été patient. » que je plaisante avant de me mettre en tailleur dans ce fauteuil. « J’t’avais parlé de cette foutu vidéo où je m’engageais à accepter une relation dite non exclusive ? » comme si j’avais signé un contrat hyper important ce soir là alors que j’étais complétement bourrée et pire que ça, complètement dingue d’Andy. « Je sais pas pourquoi j’me suis mis une pression à me dire que si j’avais dis que j’acceptai ça, je devais l’accepter coute que coute. Et que j’avais pas le droit de me plaindre du coup. Et franchement, j’ai essayé, moi aussi de me laisser aller, à me dire : pourquoi est ce que j’arriverai pas à coucher avec qui me plait ? » je m’enfonce un peu plus dans le fauteuil, posant ma tête contre le dossier et regardant le plafond un instant. « J’dois être vraiment stupide d’être incapable de faire ça. Bon, en réalité, j’ai pété un cable pendant la pride. On s’était perdu pendant le défilé et on s’est retrouvé un peu plus tard, j’avais croisé un groupe de jeune sympa, un mec a essayer de me branché, Andy m’a retrouvé à ce moment et... » et ce mec doit être tordu. « ca l’a excité de voir que quelqu’un était après moi. » je grimace, concept qui m’échappe encore totalement aujourd’hui. « Il a voulu qu’on aille se choper aux toilettes, j’ai refusé, j’avais pas envie. Il a pas insisté mais il a juste dit : ok pas d’problème, j’vais bien trouvé quelqu’un d’autre. » pas dans ces termes là, mais c’était le sens. « Ce gars a un problème avec le cul. J’ai dis stop. Et voilà… j’essai d’aborder le sujet avec lui, il se referme, me reproche de vouloir le changer. Il semble savoir qu’il a des soucis liés à son hypersexualité… mais n’a pas envie de les aborder. Donc, here we are. C’est terminé. »

vagabondes, nos âmes ont pris la route

Noa & Isaac

Confortablement installés dans le petit salon du chalet, bières décapsulées en mains, le week-end de déconnexion et repos total pouvait enfin débuter. Celui-ci était, à mon sens, plus que mérité et devrait nous procurer énormément de bien. Par ailleurs, cela faisait un certain temps que Noa et moi ne nous étions pas retrouvés. Nos emplois du temps plus que chargés rendaient difficiles l'organisation de quelques soirées ou repas tranquilles et vraiment, pour une relation où on avait eu l'habitude de se voir tous les jours cinq années durant, je trouvais ça plutôt difficile d'enchaîner les semaines sans trop avoir l'occasion de réellement passer du temps seul à seul avec ma meilleure amie.

Je lui expliquais que j'avais travaillé avec un groupe de copains sur la rénovation de ce petit domicile secondaire. Je souris, reconnaissant, face au compliment qu'elle faisait de la demeure et hochais la tête à l'affirmative lorsqu'elle me demandait quand je pouvais me rendre au chalet. « Tu peux venir ici quand tu veux ? Enfin, j’imagine que vous vous partagez les weekends ! » « Oui, on voit entre nous. Mais bon, on se prend pas trop la tête. » J'observais Noa prendre une gorgée de sa bière et se détendre davantage dans le canapé. J'autorisais quelques minutes de silence salutaires avant d'entrer dans le vif du sujet qui avait été placé en suspens avant que nous ne prenions la route pour quitter Brisbane. « Tu veux crever les abcès maintenant ou on garde ça pour plus tard ? » « T’as été patient. » Un fin rire fila entre mes lèvres, avant que je commente : « Toujours. » Il était vrai que jamais je ne serai aussi patient que Ginny, mais je pensais avoir quand même un bon seuil de tolérance. Puis, dans le cadre de mon métier et suite à des expériences personnelles, j'avais appris à laisser du temps au temps. « J’t’avais parlé de cette foutu vidéo où je m’engageais à accepter une relation dite non exclusive ? » J'acquiesçais avant de prendre une gorgée de ma boisson, attentif. « Je sais pas pourquoi j’me suis mise une pression à me dire que si j’avais dis que j’acceptai ça, je devais l’accepter coûte que coûte. Et que j’avais pas le droit de me plaindre du coup. Et franchement, j’ai essayé, moi aussi de me laisser aller, à me dire : pourquoi est ce que j’arriverai pas à coucher avec qui me plait ? » Je fronçais doucement les sourcils, tentant d'emmagasiner aussi bien que possible la volée d'informations. « J’dois être vraiment stupide d’être incapable de faire ça. Bon, en réalité, j’ai pété un câble pendant la pride. On s’était perdu pendant le défilé et on s’est retrouvé un peu plus tard, j’avais croisé un groupe de jeune sympa, un mec a essayé de me brancher, Andy m’a retrouvé à ce moment et... Ça l’a excité de voir que quelqu’un était après moi. » A ce moment-là, je ne sais pas ce qui me dérange le plus : le fait que Noa se considère comme stupide ou le constat que de toute évidence, Andy et ma meilleure amie ne démontrent par leur affection de manière similaire et cela ne mène qu'au désarroi. « Il a voulu qu’on aille se choper aux toilettes, j’ai refusé, j’avais pas envie. Il a pas insisté mais il a juste dit : ok pas d’problème, j’vais bien trouver quelqu’un d’autre. » Et bien sûr que j'ai un pincement au cœur pour la Jacobs, sachant pertinemment que de tels propos ont dû la blesser sans vergogne. « Ce gars a un problème avec le cul. J’ai dis stop. Et voilà… j’essaie d’aborder le sujet avec lui, il se referme, me reproche de vouloir le changer. Il semble savoir qu’il a des soucis liés à son hypersexualité… mais n’a pas envie de les aborder. Donc, here we are. C’est terminé. » Je grimace doucement, compatissant avec les déboires de mon interlocutrice, avant de baisser les yeux sur ma bouteille. Je savais que Noa s'était vraiment investie pour que sa relation avec Andy fonctionne et qu'elle puisse s'y épanouir, ainsi, entendre que le plus judicieux pour elle avait été de mettre un terme à cette pseudo romance étant donné qu'ils entretenaient tous les deux une vision bien parallèle d'un couple, me peinait. J'aurais préféré qu'ils puissent tous deux trouver un terrain d'entente et être heureux. Cependant, d'un autre côté, j'étais persuadé que cette relation ne serait qu'un tremplin pour que la trentenaire découvre son bonheur dans les bras d'une autre personne.

« Tu sais Noa, t'auras toujours le droit de te plaindre et de changer d'avis. C'est pas parce que tu promets quelque chose sur une vidéo que t'as plus le droit d'évoluer et que t'es condamnée à te tenir à ce que t'as pu annoncer. On change tous au fil des jours et suite à ce qui nous arrive. C'est normal de vouloir d'autres choses ou de regretter des faits qu'on a posés. L'important, c'est pas de se séquestrer dans nos engagements précédents sous prétexte qu'on ait qu'une seule parole mais bien de savoir s'en libérer pour qu'on puisse être heureux et ne pas se retrouver prisonnier de notre passé. C'est pas toujours facile parce qu'on veut pas faire du mal aux autres, mais on peut pas non plus se détruire ou porter un masque en permanence pour les beaux yeux de quelqu'un. » Bien sûr que ça causait un mal de chien d'avoir le cœur brisé en conséquence de ce qu'on pouvait considérer comme des mensonges ou des trahisons. Néanmoins, lorsqu'on aimait véritablement quelqu'un, on l'aimait pour tout ce dont il était composé, y compris ses bons et mauvais choix et ses changements de cœur. De plus, on se devait de respecter l'autre, même quand il s'oriente vers une voie qui ne nous convient pas nécessairement ; et si vraiment ces changements sont insupportables pour les deux partis, il devient malheureusement plus sain de prendre de la distance. « Et tu peux pas aller contre qui t'es, contre tes convictions, contre ta vision de ce qui te rend heureuse et dans quelles conditions tu peux ou veux t'épanouir. C'est pas donné à tout le monde d'être intime naturellement sans sentiment ni attache. Et c'est tout sauf stupide de te battre pour ton bonheur ou lutter contre ce qui te fait de la peine. » Moi non plus, je n'y arrivais pas forcément. Je n'avais eu véritablement que des relations sérieuses et ma seule aventure d'un soir avait fini par devenir une aventure de plusieurs soirs puis une proche amie. Vraiment, je m'attachais beaucoup trop rapidement aux gens pour ne plus vouloir les voir après une nuit. « Peut-être qu'Andy est vraiment hypersexuel et c'est vraiment généreux de ta part de vouloir l'aider. Mais tu sais, de l'aide ça s'offre, ça s'impose pas. Et si pour lui il a aucun souci et n'a pas besoin d'aide, tu pourras jamais rien faire pour l'aider. Et comme tu en as conscience, changer les gens, ça ne se fait pas vraiment non plus sans qu'ils le veuillent. » J'offrais un sourire tendre, compatissant et amical à la brune avant de prononcer : « Si la vie m'a bien appris un truc, c'est que parfois, quand on a pas ce qu'on veut, même si on le veut à nous en crever le cœur, c'est juste parce que c'est pas pour nous et que y'a quelque chose d'encore mieux qui nous attend plus tard. » Je complétais ensuite, sincère : « J'suis désolé que ça se soit passé comme ça avec Andy. »

 

Je crois pas avoir le recul encore suffisant pour me dire et surtout croire que ça aurait pas pu coller, que j’pouvais pas le sauver et qu’il était pas à sauver de toutes façons. On avait juste pas la même façon de voir les choses et même si Andy avait surement vecu quelques chose qui l’avait suffisament marqué pour encore être impacté aujourd’hui, s’il avait décidé que c’était pas si grave, j’étais qui pour aller lui dire le contraire ? J’étais qui pour aller le changer et tout faire pour qu’il colle à ce que j’ai envie qu’il soit, pour me faciliter la vie, pour pas à avoir encore des claques qui se ferment juste devant mon nez alors que j’étais certaine que j’pourrais franchir le pas sans soucis. J’suis personne. Je le sais, je sais tout ça, mais j’aurai pourtant tellement aimé que ça fonctionne, tellement aimer que tout se passe comme je l’avais imaginé, comme j’en avais déjà rêvé. Et c’est bien parce que j’me dis encore que pourquoi pas, pourquoi il ne changerait pas. C’est pour ça que j’dois rester à l’écart et que ce n’est pas plus mal si on se voit plus, si on ne se croise pas. « Tu sais Noa, t'auras toujours le droit de te plaindre et de changer d'avis. C'est pas parce que tu promets quelque chose sur une vidéo que t'as plus le droit d'évoluer et que t'es condamnée à te tenir à ce que t'as pu annoncer. On change tous au fil des jours et suite à ce qui nous arrive. C'est normal de vouloir d'autres choses ou de regretter des faits qu'on a posés. L'important, c'est pas de se séquestrer dans nos engagements précédents sous prétexte qu'on ait qu'une seule parole mais bien de savoir s'en libérer pour qu'on puisse être heureux et ne pas se retrouver prisonnier de notre passé. C'est pas toujours facile parce qu'on veut pas faire du mal aux autres, mais on peut pas non plus se détruire ou porter un masque en permanence pour les beaux yeux de quelqu'un. » Qu’est ce que ça peut être con l’importance que j’donne à cette vidéo, faite un soir où j’étais complètement bourée et lui aussi d’ailleurs, et puis, ça n’a aucune valeur juridique, c’est juste une pseudo valeur éthique, de principe, d’engagement que j’devais tenir. C’est n’importe quoi… à l’avenir : ne plus faire ce genre de promesse, ca risque de me rester en tête bien trop longtemps. Isaac a bien raison, dans cette relation, je portais souvent ce masque qui n’était pas le mien. « Et tu peux pas aller contre qui t'es, contre tes convictions, contre ta vision de ce qui te rend heureuse et dans quelles conditions tu peux ou veux t'épanouir. C'est pas donné à tout le monde d'être intime naturellement sans sentiment ni attache. Et c'est tout sauf stupide de te battre pour ton bonheur ou lutter contre ce qui te fait de la peine. » Je regarde Isaac, je souris, ses paroles sont justes et c’est touchant ce qu’il dit, ca m’amuse un peu, enfin, je sais pas si c’est le mot, mais on sait tous les deux que ce qu’il dit est vrai, par contre, en ce qui concerne l’application de la théorie, on a tous les deux à faire… « Peut-être qu'Andy est vraiment hypersexuel et c'est vraiment généreux de ta part de vouloir l'aider. Mais tu sais, de l'aide ça s'offre, ça s'impose pas. Et si pour lui il a aucun souci et n'a pas besoin d'aide, tu pourras jamais rien faire pour l'aider. Et comme tu en as conscience, changer les gens, ça ne se fait pas vraiment non plus sans qu'ils le veuillent. » S’il y a bien une chose qu’on nous apprend en formation d’éducateur, de travailleur social, c’est exactement ça : l’aide ça s’offre, ça s’impose pas. Et pourtant, si c’était bien mon let motiv au travail, c’était bien plus compliqué dans ma vie personnelle. Sans doute parce que je manque de cette distance et que dès que je suis impliquée, j’ai envie de tout donner, à tort, visiblement. « Si la vie m'a bien appris un truc, c'est que parfois, quand on a pas ce qu'on veut, même si on le veut à nous en crever le cœur, c'est juste parce que c'est pas pour nous et que y'a quelque chose d'encore mieux qui nous attend plus tard. » et j’imagine que c’est maintenant qu’il fait le lien de sa relation catastrophique avec Chloé à sa relation idyllique avec Ginny. « J'suis désolé que ça se soit passé comme ça avec Andy. » je hoche la tête, moi aussi Isy, moi aussi, mais je lève à présent ma bière, ayant l’impression que la conversation soit close, du moins, je pense que l’essentiel à été dit et que maintenant, Andy n’est plus qu’un bon mauvais souvenir. « Moi aussi et merci pour ta vision, que je partage d’ailleurs… mais la théorie et la pratique… » je grimace et bois une grande gorgée de ma bière. « Pas toujours évident ! Mais, ça va aller. Ca va déjà mieux qu’il y a quelques jours. J’suis bien entourée ! » De mes amis, de ma sœur. Je sais sur qui je peux compter. « On va piquer une tête ? » histoire de terminer le sujet en se changeant vraiment les idées. « Le petit lac m’a fait de l’œil à peine arrivée et on peut se rafraichir un peu avant la tombée de la nuit ! T’as un programme ou c’est tout au feeling ? L’un ou l’autre, tout m’va ! » je me redresse et sort de ce fauteuil si confortable que j’y passerai sans doute tout le reste de la soirée une fois qu’on sera de retour.
Jetant un œil dans ma valise et fronce les sourcils en fouillant dedans. « J’t’ai demandé quel maillot de bain prendre pour finalement n’en avoir pris aucun… » je fouille encore, j’avais pourtant l’impression de l’avoir jeter dans mon sac. « J’ai du le laisser sur mon lit… » la déception, la tristesse, pourquoiii ?! « Bon… » je sors au moins ma serviette de bain. « Culotte ou maillot de bain, il n’y a qu’un pas ! » ca fera l’taf. « Je t’attends dehors ! » l’obligeant ainsi à me rejoindre dehors.
Je vire rapidement mes fringues, me retrouvant en sous vêtement pour aller sauter du petit ponton qui donne sur le lac. L’eau est un peu fraiche mais après quelques minutes à s’agiter, ça ira bien mieux. « Aller, elle est super bonne ! » tour de passe passe pour qu’il ne traine pas à plonger à son tour.

vagabondes, nos âmes ont pris la route

Noa & Isaac

Ils m'étaient précieux, ces moments où Noa et moi pouvions parler librement et sérieusement de sujets qui nous touchaient férocement à cœur. J'avais toujours eu du mal à m'ouvrir, j'étais un garçon extrêmement secret qui ne se laissait pas aller aisément aux sentiments. J'avais reçu une éducation où confier ce qui tiraillait ou enchantait notre âme frisait l'interdit, où les termes étaient risibles et seuls les gestes comptaient. Toutefois, j'avais conscience aujourd'hui que j'avais énormément besoin de parler et d'écouter, que c'était par ces dialogues que j'étais enfin capable de mieux analyser des situations et partager les miennes ainsi que ce qui me pesait. Les échanges verbaux constituaient de réelles thérapies à mon être et plus d'une fois, Noa m'avait permis de réaliser et assimiler des situations qui, par ses explications ou avis, m'étaient enfin parues cohérentes ou naturelles, si bien que j'avais pu les digérer et les accepter.

Mais ces discours chargés de sémantiques ne pouvaient pas s'éterniser. Nous n'étions pas des philosophes et la vie n'attendait pas non plus. Si bien qu'après une nouvelle gorgée de bière et un hochement de tête approbateur confirmant le fait que nous peinions tous les deux à appliquer nos théories, je quittais le canapé en direction le lac. « Pas toujours évident ! Mais, ça va aller. Ça va déjà mieux qu’il y a quelques jours. J’suis bien entourée ! On va piquer une tête ? » J'étreignais amicalement la Jacobs et déclarais : « C'est parti ! » « Le petit lac m’a fait de l’œil à peine arrivée et on peut se rafraîchir un peu avant la tombée de la nuit ! T’as un programme ou c’est tout au feeling ? L’un ou l’autre, tout m’va ! » Je souris tendrement à mon interlocutrice avant de répliquer, lui tenant la porte : « J'me suis dit que le mieux c'était d'y aller au feeling, en mode no pressure. Mais j'ai des pistes de programme que je pourrais te soumettre. » Parce que l'ennui serait proscrit. On pouvait se la couler douce si c'était ce que l'on souhaitait, mais tourner en rond n'était pas dans mes ambitions.

Tenant toujours la porte à Noa, je l'observe fouiller dans sa valise en terminant ma bière d'un trait. « J’t’ai demandé quel maillot de bain prendre pour finalement n’en avoir pris aucun… » Je ne peux m'empêcher de rire. « J’ai dû le laisser sur mon lit… » « T'es pas croyable, » je taquinais avec malice. « Culotte ou maillot de bain, il n’y a qu’un pas ! » La couleur est annoncée. La brune quitte la maison et je m'oriente vers la cuisine pour jeter la bouteille de bière vide.

Quand j'arrive au ponton, Noa saute dans l'eau. « Aller, elle est super bonne ! » Je plisse les yeux, soupçonneux. Je me débarrasse de mon t-shirt et de mon pantalon pour plonger dans l'eau du lac. On repassera pour ma part aussi pour le maillot de bain, n'ayant jamais su mettre la main dessus et soupçonnant que je l'avais oublié à l'une de mes dernières escapades ici. Peu importait, les boxers faisaient très bien l'affaire. « Super bonne, tu disais ? » Je nargue en éclaboussant ma meilleure amie une fois que j'ai émergé près d'elle. Je me recule de quelques mouvements de manière à ne pas recevoir ses foudres et continuer à l'éclabousser. « En fait, ce week-end c'est aussi pour te donner un avant-goût de ce que sera notre voyage ensemble. A moins qu'on le fasse avec le TBBC parce que je t'aurais fait trop affoler ici, » je présentais avec plaisanterie. Je n'avais pas oublié ce petit budget remporté au casino pour notre envol.

 

 « J'me suis dit que le mieux c'était d'y aller au feeling, en mode no pressure. Mais j'ai des pistes de programme que je pourrais te soumettre. » déjà partante pour aller piquer une tête, j’étais forcément pour qu’on y aille au feeling et en même temps, j’étais déjà très excitée de savoir ce qu’il avait derrière la tête. Des pistes à me soumettre, tout c’que tu veux Isy. « Une chasse au trésor ? t’as caché des billets un peu partout et j’dois les retrouver ? » que je m’amuse. « J’ai hate en tout cas ! » je dis plus sérieusement, curieuse de la suite ! Enthousiaste, je cherche déjà à mettre mon maillot de bain qui m’est introuvable, optant alors pour y aller en sous-vêtements, après tout personne ne viendrai nous voir dans le coin et entre un bout de vêtement et un autre bout de vêtement, mis à par le tissu, rien ne changeait vraiment. Entre un deux pièces et un ensemble sous vêtement, quelle était bien la différence ? « T'es pas croyable, » mes yeux se posent aussitôt sur lui et son regard malicieux. « J’suis sûre que tu l’as vu mais t’as rien dit ! » après tout, il était tout comme moi présent dans cette chambre tout à l’heure. Je m’empresse d’aller vers le lac et pique aussitôt une tête, l’eau fraiche est revigorante, m’oblige à bouger dans l’eau pour ne pas laisser le froid m’envahir trop vite. J’invite Isaac à me rejoindre, fientant qu’elle était bien plus chaude que prévu. Alors qu’il me rejoint, il sort sa tête hors de l’eau et son regard accusateur en dit long. « Super bonne, tu disais ? » forcément, je ris, fière de ma blague qui n’en est pas vraiment une. « En fait, ce week-end c'est aussi pour te donner un avant-goût de ce que sera notre voyage ensemble. A moins qu'on le fasse avec le TBBC parce que je t'aurais fait trop affoler ici, » c’était donc ça le but, notre voyage ensemble, un avant gout. « J’ai pas besoin d’avoir un avant gout ! » je fais quelques brasse dans l’eau pour rester en mouvement. « Je sais déjà qu’un voyage avec toi, ce sera le pied ! » parce qu’on est cent pour cent compatible, parce qu’on a jamais eu un mot de travers l’un pour l’autre, parce qu’on se connait si bien, qu’on a déjç vécu cinq ans ensemble et que c’était peut être les plus belles années que j’ai vécu. « J’ai pas peur. » j’ose plonger ma tête dans l’eau, l’eau était trouble, c’était pas si clair que l’océan mais ca avait le mérite de ne pas être salé et de ne pas tirer la peau. Je réapparais à quelques centimètres d’Isaac. « Tu sais, maintenant que mon salaire me le permet, on pourrait viser plus large ! » on avait parlé des Philippines ou de la Papouasie parce que ca restait pas très loin de chez nous et relativement abordable, mais maintenant on était plus obligé de se fixer des limites. « Qu’est ce qui te ferait vraiment rêver ? sans te poser de question ! » L’amérique latine m’avait toujours attiré, d’autant plus depuis que j’étais sortie avec Andy, il m’avait tant parler de son pays, de sa culture, de tout ce qui l’animait la bas, tout ce qu’il y adorait faire, il m’avait tant fait voyager à travers ses récits, j’avais la ferme intention d’y mettre les pieds un jour ! Pourquoi pas avec Isaac? Pourquoi pas avec le TBBC? Avec l'un ou l'autre, ici ou là, on pouvait aller partout.

Je n'allais pas mentir : l'idée de ce week-end avec Noa n'était pas totalement spontanée. En réalité, elle émanait d'un petit programme que j'avais élaboré question de m'assurer qu'un bon nombre de fausses routes soient évités. Il n'y aurait ainsi normalement pas de mauvaise surprise au chalet, ni d'appel de mon boulot pour me réquisitionner sur le planning des soins. Le facteur Noa avait été le plus aléatoire, sachant que j'avais souhaité lui faire une surprise. Bien heureusement, elle avait été disponible pour cette mini aventure qui nous permettrait de souffler hors de Brisbane une poignée de dizaines d'heures.

J'avais certes quelques pistes d'activité à soumettre à ma meilleure amie mais j'étais partisan également de jours sans prise de tête. Ce ne serait pas difficile avec la Jacobs : nous avions cohabité ensemble pendant cinq ans et nous connaissions plus du double de ces années. On savait se supporter et passer du temps ensemble comme séparé mais à proximité l'un de l'autre. Je ne me faisais pas de souci, j'étais persuadé que ce week-end se passerait bien. Même quand nous nous disputions - ce qui était assez rare - ces altercations ne duraient jamais longtemps, les abcès étant crevés en même temps que les excès de colère.

« Une chasse au trésor ? t’as caché des billets un peu partout et j’dois les retrouver ? » Je ris avant de plaisanter : « En effet... J't'ai pas dit mais j'ai reçu une sacré prime au boulot... Puis j'suis retourné au casino aussi, les nanas sur les machines me manquaient trop ! » J'adressais un clin d’œil à mon interlocutrice qui assurait avoir hâte de découvrir la suite des événements, mais avant ça, il y avait le lac à tester. Noa a oublié son maillot de bain, fait dont elle ne tarde pas de me désigner complice. « J’suis sûre que tu l’as vu mais t’as rien dit ! » « Ha, j'dois plaider coupable... C'est que finalement, c'était l'autre maillot de bain que je préférais... » Je taquine, sourire en coin, prenant un faux air navré.

Ni une ni deux, Noa plonge en sous-vêtements dans l'étendue d'eau et je la rejoins. Je souligne sa promotion mensongère sur la température de l'eau et reviens sur notre projet de voyage. Il était vrai que l'année 2019 avait été très chargée, de mauvais comme de bon, mais je ne démordais pas de cette optique de quitter l'Australie avec ma meilleure amie. « J’ai pas besoin d’avoir un avant-goût ! Je sais déjà qu’un voyage avec toi, ce sera le pied !  » Un large sourire apparaît sur mon visage, ravi que nous nous trouvions sur la même longueur d'ondes quant à cet objectif et le fait qu'un tel voyage serait forcément génial. « J’ai pas peur. » Elle ajoute, encourageant une moue impressionnée sur mon visage, jeu à la clef. « Si téméraire... » La brune disparaît sous l'eau puis réapparaît à quelques centimètres de mon corps peu de temps après. « Tu sais, maintenant que mon salaire me le permet, on pourrait viser plus large ! » Je fronce les sourcils, intrigué et intéressé. « Qu’est ce qui te ferait vraiment rêver ? Sans te poser de question ! » J'ouvrais instantanément la bouche, prêt à répondre à l'interrogation, avant de la refermer, sourire timide en son lieu. La question avait l'air si simple, mais en réalité, même si Noa me demandait de ne pas me poser de question, j'avais du mal à m'autoriser aux rêves. Ça n'avait jamais été dans ma nature de fantasmer sur des événements à concrétiser et je n'étais pas du tout quelqu'un d'impulsif. « Partir dans un endroit qui ressemble pas du tout à l'Australie. Mais pas un endroit sophistiqué. Un endroit où les choses sont naturelles et coulent de source. Ça nous irait bien, tu penses pas ? » Je réfléchissais à mesure de mes paroles. Je n'étais pas attiré par les grandes villes développées, bourrées de culture, de gastronomie, d'architecture... Ce qui m'intéressait, c'était l'humain et sa manière de vivre de base. Puis, entre Noa et moi, le courant avait toujours passé naturellement, sans qu'on se pose de questions. Je trouvais ça intéressant d'avoir une excursion sous cette même enseigne, au risque de paraître candide. « Genre.. Le Pérou. Ça doit être bien, le Pérou, non ? » Je suggérais en riant doucement, quelques étoiles s'installant néanmoins dans mon regard. « Ou le Chili... Le Guatemala... » Les grands complexes touristiques n'étaient pas trop ce que je recherchais non plus. Je ne souhaitais pas en baver, mais je n'étais pas en quête de luxe. Un certain standing, mais rien d'excessif afin de ne pas se priver de l'authenticité de ces pays latins. « Je sais pas... T'aimerais aller où, toi ? Tu veux en faire quoi, de tout ton fric, Madame la Directrice ? » Je demande sur un ton léger et amusé. C'était pas mal, finalement, de s'autoriser à se projeter sous les nuances de la convoitise.