C'était une chose si vite arrivé. Un feu rouge brûlé, une voiture qui en percute une autre et voilà que le monde de diverses personnes venant de milieux différents vient d'être bousculés, affectés. Tu n'es pas celui qui est en tort, tu t'apprêtais à démarrer alors que le feu venait de passer au vert pour toi. Sur la banquette arrière, Morgane -la fille de Jessian- est en train de chanter à tue-tête, elle tape également dans ses mains. C'est toi qui la garde cet après-midi puisque sa mère a des rendez-vous et qu'elle ne peut pas y emmener sa fille. Tu n'as même pas penser à demander si son père pouvait la garder. Premièrement parce que tu n'y as pas pensé et secondement parce que toutes les occasions sont bonnes pour t'occuper de la petite fille. Morgane semblait également ravie de rester avec toi durant quelques heures. Tu t'empresses de sortir du véhicule après avoir pris Morgane dans tes bras. La petite fille est en train de pleurer, elle se tient la tête et renifle de chagrin. Tu es en colère contre ce type qui vient de ruiner ta voiture mais aussi d'avoir cru qu'il était judicieux de griller ce feu rouge. "Putain ! T'es bourré ou quoi ? T'as pas vu que t'étais au rouge ?" T'évite de dire trop de grossièretés devant la petite fille. Déjà que Jessian va te paniquer au moment où tu la préviendras de l'accident, si en plus sa fille apprend des gros mots par sa faute. Tu viens serrer Morgane dans tes bras. La panique s'empare de toi. Les ambulances et les pompiers arrivent. Ni une, ni deux, tu grimpes dans l'ambulance te conduisant à l'hôpital. T'es certain que Morgane n'a rien, mis à part une bosse sur la tête, mais tu préfère t'en assurer. La fillette ne te lâche pas. Tu la sers contre toi, essayant de la calmer en lui faisant quelques caresses sur son bras. Sur le trajet vous conduisant à l'hôpital, tu viens envoyer un message à Jessian afin de la prévenir. Cellulaire dans la poche de ton jean, l'ambulance se gare sur le parking de l'hôpital. Tu détestes cet endroit, il te donne la chair de poule. Tu viens d'en sortir suite à un problème avec ton coeur lors du road trip avec tes collègues de travail. Tu ne pensais pas y revenir si rapidement. Cette fois, ce n'est pas pour toi. Le médecin vient s'occuper de la petite fille. "Rien de grave. Juste un coup sur la tête mais elle devrait s'en remettre très vite." Morgane a cessée de pleurer, l'infirmière lui donne une sucette à la fraise. En sortant de la salle, tu tombes nez à nez avec Jessian, un air furieux sur son visage. "Plus de peur que de mal, Morgane n'a rien .. Juste une petite bosse." Morgane réclame les bras de sa mère, tu la laisses donc retourner voir sa mère. "Pas la faute de tonton .. Faut pas le gronder .." Tu souris face aux paroles de la demoiselle qui tente de te défendre face à sa mère. Jessian te connait, elle sait que jamais tu n'aurais blessé sa fille volontairement. Tu l'adore la fillette, jamais tu ne pourrais lui vouloir du mal.

Quand tu étais en shooting photo, tu laissais ton portable dans ton sac. C’était une règle que tu t’étais fixée car tu détestais les gens qui ne prenaient pas les choses au sérieux. Morgane était avec John de toute façon donc tu ne voyais pas pourquoi tu aurais eu besoin d’avoir ton téléphone. Le shooting fut assez rapide, ce n’étaient que des photos pour l’agence, pour renouveler le stock et mieux vous vendre apparemment. Voilà pourquoi, quand tu fis une pause, tu attrapais ton portable et ton sang se glaça. Un message de John s’afficha sur ton écran pour te dire que Morgane et lui avaient eu un accident et qu’ils se dirigeaient vers les urgences. Ce message était arrivé il y avait une dizaine de minutes. Tu n’hésitais pas une seconde de plus, tu enfilais sur le maillot de bain que tu avais une robe qui trainait par terre avant de dire au manager se chargeant du photoshoot que tu avais une urgence familiale et que tu devais partir. N’attendant pas sa réponse, tu pris la voiture en direction de l’hôpital de Brisbane. Tu es à peu près certaine que le fait que tu n’aies toi-même pas eu d’accident était un miracle car l’inquiétude qui s’était emparée de toi était bien présente et brouillait ta vision par moment. Le message de John ne disait rien sur l’état de ta fille, ni son état à lui mais s’il pouvait envoyer des textos, il devait bien se porter. Une fois garée sur le parking des urgences, tu te précipitais à l’intérieur et demandais à la secrétaire de te donner le numéro de chambre de ta fille. Mais alors que tu te diriges vers cette dernière, tu vois John sortir de la chambre avec Morgane dans les bras. Première vague de soulagement, ta fille ne semble pas être couverte de sang et n’a pas besoin d’être sur un brancard, elle ne va pas mourir, tout va bien … Tu te précipites vers eux et tu n’hésites pas une seconde à prendre Morgane dans tes bras alors que John te dit : « Plus de peur que de mal, Morgane n'a rien .. Juste une petite bosse. » Tu l’entends seulement d’une oreille alors que tu serres ta fille contre toi et que tu déposes des bisous sur son front. Tu sens son souffle chaud dans ton cou et tu respires un peu mieux soudainement : « Pas la faute de tonton .. Faut pas le gronder .. » C’est la voix de ta fille qui te ramène à la réalité alors que vous quittez le couloir pour vous diriger vers une salle d’attente. Il n’est pas encore temps de quitter les urgences, du moins pas sans signer des papiers et pas tant que tu n’auras pas parlé à un docteur pour savoir exactement ce qu’il en retourne. Mais bloquer des chambres n’est pas une option non plus. « Qu’est-ce qui s’est passé John ? » Demandas-tu à l’homme que tu considérais comme ton frère. Une fois installée sur un canapé dans la salle, tu sortis ton téléphone et tu envoyais un message à Abel car il avait le droit de savoir ce qui s’était passé. Tu espérais qu’il ne débarquerait pas à l’hôpital mais tu te doutais qu’il allait le faire ce qui ne t’arrangeait pas parce que John et Abel n’étaient pas les meilleurs amis du monde … Tu laissais tes doigts se promener dans les cheveux de ta fille qui avaient sa tête sur tes genoux et se reposaient. « Elle a quoi exactement ? Qu’a dit le docteur ? » Demandas-tu à John toujours inquiète.

Vingt ans que tu possèdes ton permis de conduire, tu n'as jamais le moindre accident. Il faut bien avouer que tu ne te sers pas souvent de ta voiture, tu préfère largement conduire ta deux roues. Étant seul, ça ne dérange personne. Aujourd'hui, c'est toi qui garde Morgane. Il s'agit de la fille de ton amie d'enfance, Jessian. Tu l'as vu grandir, évoluer. Passer du stade de petite fille à celui de femme ainsi que de devenir maman. Tu es très fier de ton amie et Morgane est une petite fille tout à fait parfaite, comme sa mère. Tu ne connais pas le père, tu ne peux donc pas te prononcer à ce sujet. Tu ne peux pas te permettre de le juger. Même si lui et Jess sont divorcés, l'homme est présent dans la vie de sa fille et c'est tout ce qui compte. On fait un enfant à deux, tu ne tolère pas que l'un des deux parents puissent rejeter son enfant. Tu as envie de devenir père, tu ne sais malheureusement pas si tu seras à la hauteur. T'as jamais eu de modèle de paternité digne de ce nom mis à part le paternel de Jess lorsque tu venais chez eux afin de garder les trois filles. La famille Reed a toujours été le modèle de famille que tu rêvais d'avoir, tu les jalousais. On ne choisit pas sa famille, malheureusement. Cet accident ne tombe pas vraiment à pic. Il a fallu que tu es la garde de la fillette pour que tu ai ton tout premier accident de voiture. Ton premier réflexe fut de prendre Morgane dans tes bras. La gamine ne cesse de pleurer à chauds larmes, ça te brise le cœur. Morgane te tient fortement par le cou, elle ne te lâche pas. Tu viens passer ta colère verbale sur l'homme qui a grillé cette saleté de feu rouge. L'ambulance ne tarde pas à arriver. Une fois arrivé à l'hôpital, les médecins s'occupent de Morgane. Tu tiens sa petite main en essayant de la rassurer, de la calmer. Message envoyé à sa mère, tu sais que Jess va rappliquer en moins de temps qu'il en faut pour le dire. Elle sera sans doute paniquée au possible. Tu serais dans le même état qu'elle si on t'apprenait que ton enfant se trouvait à l'hôpital. Pendant ce temps, les médecins terminent d'ausculter Morgane. Tu la garde contre toi, elle a cessé de pleurer mais ses jolis yeux sont rouges à cause des larmes. Tu te moque de ta voiture, c'est le cadet de tes soucis. Pour le peu que tu t'en sers de toute façon. Jessian arrive et prends immédiatement sa fille dans ses bras alors que tu lui explique brièvement ce qu'il s'est passé. Tu t'en veux tellement mais Morgane te défend bien vite en disant que ce n'est pas de ta faute et qu'il ne te faut pas te gronder. « Morgane voulait qu'on fasse un gâteau au chocolat. On a décidé d'aller chercher de quoi faire ce gâteau .. » Commence-tu par raconter en enlevant quelques détails sans grande importance. « Le feu est passé au vert pour nous mais un abruti nous a grillé la priorité .. J'ai essayé de freiner, de l'éviter mais il arrivait trop vite.. » Dis-tu en repensant à ce que vous venez de vivre Morgane et toi. « Me suis cogné la tête dans le siège de tonton, maman. Mais vais bien ! » Encore une fois, la fillette te défend. Tu lui fais un sourire afin de la remercier. « Elle a juste une bosse sur le haut de sa tête mais rien de grave. Pas de commotion cérébrale, rien. Elle s'en remettra vite, c'est une guerrière cette enfant ! » dis-tu en faisant allusion à la fois où Morgane et toi aviez construit une cabane dans le milieu de ton salon. « J'suis désolé Jess .. J'ai jamais eu d'accident avant aujourd'hui .. Bordel jm'en veux tellement.. » Dis-tu en t'énervant légèrement. Pas contre Jess, ni contre Morgane mais contre toi. Tu t'en veux que cela puisse être arrivé. T'aurais dû faire plus attention. Jess t'as confié sa fille et la retrouve à l'hôpital, plus de peur que de mal certes mais tout de même, ce n'est pas le meilleur endroit pour retrouver sa fille. Un homme entre dans la pièce, tu ne le connais pas mais tu devines rapidement qu'il s'agit du père de Morgane vu qu'elle l'appelle « papa » dès qu'elle le voit. « Oui, il l'a ausculté. Elle a juste une bosse sur le haut de sa tête, c'est tout. » Tu te répète encore une fois. Des tatouages partout, cet homme n'a pas l'allure d'un père. Tu ne le juge pas, tu te contente simplement de l'observer. « Un connard qui n'a pas respecté le feu rouge. » Réponds-tu à l'homme tandis que tu le toise du regard, bras croisés sur ton torse. « J'ai été le baby sitter de Jess lorsqu'elle était haute comme trois pommes. Aujourd'hui, nous sommes amis et elle me confie votre fille lorsqu'elle le souhaite. » Ce n'est pas la première fois que tu garde Morgane, il ne lui ai jamais rien arrivé avant aujourd'hui. Avant cet accident de malheur. Morgane demande à son père s'il est fâché, l'homme ne répond pas. Tu pourras t'éclipser, les laisser en famille. Au lieu de ça, tu restes face à eux, ton regard posé sur Jess qui ne dit rien. Certainement encore sous le contre coup de cette nouvelle. « ça va Jess .. ? »

Il n’y a rien de pire comme situation que de savoir sa fille à l’hôpital après un accident. Tu avais déjà eu à te rendre aux urgences avec Morgane quand cette dernière était malade mais cela n’était arrivé que deux fois et cela avait été plus de peur que de mal. Tu savais qu’elle était venue ici avec Abel quelques mois plus tôt quand elle s’était fait mal au poignet lors de son cours d’équitation et tu avais espéré que ce serait la dernière avant un bon moment mais la vie en avait voulu autrement. Morgane s’était retrouvée dans un accident de la route avec John, alors que tu lui avais laissé la garde de te fille. Tu n’avais pas hésité à laisser en plan toutes tes activités du moment pour te précipiter à l’hôpital sans oublier de prévenir Abel. Vous étiez retombés dans vos travers, ne vous parler que de Morgane même après ce qui s’était passé entre vous ces derniers temps. La vérité c’était que tu ignorais comment gérer cette situation, tu ignorais comment te comporter avec Abel alors que tous ces sentiments contradictoires continuaient à exister dès que tu le voyais. Tant que Morgane ne se rendait compte de rien, c’était le principal à tes yeux. Vous alliez finir par trouver un moyen de communiquer. Une fois à l’hôpital, les infirmières ne tardèrent pas à te montrer la chambre de Morgane que tu allais retrouver sans attendre. La voir réveillée et en train de parler avec John te soulagea un peu mais tu n’hésitais pas à la prendre dans tes bras. « Morgane voulait qu'on fasse un gâteau au chocolat. On a décidé d'aller chercher de quoi faire ce gâteau .. Le feu est passé au vert pour nous mais un abruti nous a grillé la priorité .. J'ai essayé de freiner, de l'éviter mais il arrivait trop vite.. » Ta fille semblait sentir que quelque chose n’allait pas parce qu’elle n’hésita pas à te dire que John n’y était pour rien et que tu ne devais pas lui en vouloir. Elle avait raison au fond, les accidents portent bien leur nom, personne ne peut les prévoir et si John n’était pas en tord … Mais tu savais que malgré toutes les raisons rationnelles qui existaient, tu allais hésiter à confier Morgane à ton ami pendant quelques temps. Réaction injuste et irrationnelle mais tu ne pouvais pas t’empêcher. Tu es incapable de répondre pour l’instant et tu préfères demander si on s’est déjà occupé de Morgane. « Me suis cogné la tête dans le siège de tonton, maman. Mais vais bien ! » Un sourire qui se veut rassurant se dessine sur tes lèvres en direction de ta fille mais c’est la réponse de John qui t’intéresse : « Elle a juste une bosse sur le haut de sa tête mais rien de grave. Pas de commotion cérébrale, rien. Elle s'en remettra vite, c'est une guerrière cette enfant ! » Que ta fille soit forte, tu n’en doutais pas une seconde. Mais tu aimerais qu’elle n’ait pas à l’être, qu’elle puisse continuer à grandir sans avoir à se remettre d’accidents de la route et de petits accidents de la vie. La mère qui était en toi voulait la protéger plus que tout au monde mais ce n’était pas une chose facile. « Si ce n’est qu’une bosse alors … J’aimerais juste voir les médecins avant de partir. » Même si tu ne mettais pas la parole de John en doute, tu avais besoin de l’entendre de la voix d’un membre du personnel de l’hôpital. Ta fille était encore si petite, tu ne voulais pas que cet accident puisse se transformer en grosse complication par mégarde. « J'suis désolé Jess .. J'ai jamais eu d'accident avant aujourd'hui .. Bordel jm'en veux tellement..  » Il semblerait que cette histoire se termine avec plus de peur que de mal mais tu n’allais pas te remettre de la peur de perdre ta fille tout de suite. « Les accidents portent bien leur nom, on ne peut pas les prévoir. » Dis-tu simplement en haussant les épaules. John ne pouvait rien changer au passé désormais, cet accident était arrivé et vous alliez tous devoir faire avec. Alors que tu allais enchaîner, le cri de Morgane te coupa la parole alors qu’Abel entrait dans la pièce pour se jeter sur Morgane qui accueillit ses câlins avec bonheur. Abel ne prit même pas la peine de vous saluer et vous demanda : « Il a dit quoi le médecin ? Vous l’avez vu ? » Tu connaissais assez bien Abel pour savoir qu’il était sur les nerfs. Le stress de savoir Morgane à l’hôpital jouait beaucoup, tu te souvenais à quel point cela l’avait retourné la dernière fois. « Oui, il l'a ausculté. Elle a juste une bosse sur le haut de sa tête, c'est tout. » Tu doutais que cela convienne à ton ex-mari et cette réponse n’allait pas le calmer. Il avait Morgane dans les bras cependant donc cela jouait en ta faveur. « John l’a vu avant que j’arrive, dès qu’une infirmière passe, je vais lui demander à voir le docteur avant que l’on puisse tous sortir d’ici. » Si Morgane n’avait rien de grave, tu n’avais pas l’intention de t’éterniser dans ce lieu. Tu préférais que ta fille soit à la maison, quitte à ce qu’Abel rentre avec vous si nécessaire. « C’est qui qu’était en tort ? Dans l’accident. T’es baby-sitter depuis longtemps toi ? » La culpabilité de John ne va pas tarder à se transformer en autre chose et ses premiers mots en sont la preuve. « Un connard qui n'a pas respecté le feu rouge. J'ai été le baby sitter de Jess lorsqu'elle était haute comme trois pommes. Aujourd'hui, nous sommes amis et elle me confie votre fille lorsqu'elle le souhaite. » Abel n’avait jamais mit son nez dans les personnes qui gardaient Morgane pour toi auparavant mais quelque chose te disait qu’il n’allait pas tarder à le faire. Ce qui était ridicule car John t’avait gardé toi avant ta fille sans qu’il n’y ait aucun souci. « T’es fâché Papa ? » Tu sais déjà que cette soirée va être très longue si les regards que se jettent les deux hommes en sont une preuve. Ta fille voit que quelque chose ne va pas mais elle ne semble pas comprendre quoi. Comment le pourrait-elle ? « ça va Jess .. ? » La voix de John te sort de tes pensées. L’inquiétude que Morgane ait plus qu’une bosse sur la tête, la tension entre John et Abel, tout cela ne faisait rien pour te rassurer. Adressant un timide sourire à John, tu lui dis : « Ça ira mieux quand j’aurai vu un médecin. » Tu passes une main dans tes cheveux avant de les attacher. Tu viens déposer un baiser sur le front de ta fille en lui disant : « Ton père n’est pas fâche, il s’est juste fait du souci. On aime pas quand il t’arrive quelque chose. » Tu ne voulais pas inquiéter ta fille et tu jetais un regard à John et Abel pour leur faire comprendre que ce n’était pas le moment de jouer à ce jeu. Te tournant vers Abel tu lui dis : « John garde régulièrement Morgane, c’était un accident, ça aurait pu être nous dans la voiture. » Puis te tournant vers John tu lui dis : « Merci de ne pas utiliser ce genre de vocabulaire devant ma fille. » Le ‘connard’ n’était pas vraiment nécessaire finalement. « Vu que vous n’avez pas pu faire le gâteau, vous voulez que j’aille chercher quelque chose pour goûter ? » Proposas-tu en tentant de détendre l’atmosphère.

Tout de suite après l'accident, tu as envoyé un message à Jess. Cette dernière t'as fait confiance en te confiant son unique enfant, c'est la moindre des choses que de la prévenir de ce qu'il vient de se passer. L'ambulance vous transporte à vitesse raisonnable jusqu'à l'hôpital. Tu as horreur de venir dans cet endroit mais il le faut, tu dois t'assurer que Morgane va bien. Contre toute attente, le médecin arrive rapidement et ausculte la petite fille qui a cessé de pleurer. Tu pousses un soupir de soulagement lorsque le médecin t'informe que Morgane n'a rien, t'es rassuré. En revanche, t'ignore totalement comment la mère de la fillette va réagir. Va-t-elle s'énerver après toi ? Te frapper ? Te hurler dessus ? Ce n'est certes pas de ta faute mais parfois, dans la panique, on fait des choses que l'on ne veut pas faire. Tu tiens Morgane dans tes bras, elle a terminée de pleurer et une fois qu'elle aperçoit le visage de sa mère, la petite réclame ses bras. Tu la donne donc à Jess, petit sourire sur les lèvres. Elle ne semble pas énervée, plutôt paniquée. Morgane prend les devants, elle s'empresse de dire à sa mère que ce n'est pas de ta faute et qu'elle ne doit pas te gronder. Elle est mignonne cette enfant, elle te rappelle Jess lorsqu'elle était enfant. Elles étaient trois les soeurs Reed mais il n'y a qu'avec Jess que tu as réussis à lier cette amitié si forte, si spéciale. Une relation qui dure depuis des années maintenant et qui n'a pas souffert du départ de la demoiselle en Angleterre. Tu reprends la parole afin de rassurer la mère de l'enfant en lui répétant ce que le médecin t'as dit peu avant qu'elle n'arrive. Plus de peur que mal. « Si ce n’est qu’une bosse alors … J’aimerais juste voir les médecins avant de partir. » Tu comprends et tu l'accepte. Au moins, elle n'est pas fâchée contre toi. Ça t'aurais clairement bien embêter de te brouiller avec elle pour si peu. Ce n'est pas rien non plus, il s'agit de l'état de santé de Morgane tout de même mais elle va bien, c'est tout ce qui compte. "Il devrait revenir dans peu de temps. Il est partis chercher les papiers à remplir afin de pouvoir sortir de cet endroit .." Cet horrible endroit devrais-tu dire. Tu déteste tellement l'hôpital, c'est ta bête noire. Tu ne supporte pas venir ici. La dernière fois, t'as failli y laisser la vie à cause de ta connerie et du manque de contrôle des nerfs de ce videur à la noix. Tu sais que Jess te croit, en tant que mère elle a simplement besoin d'être rassuré et c'est tout à fait normal. Tu serais sans doute dans la même situation qu'elle si ton enfant se trouvait à l'hôpital. Tu ne sais pas comment tu réagirais, t'imagine simplement que tu serais très paniqué. Tout le contraire de tes parents. « Les accidents portent bien leur nom, on ne peut pas les prévoir. » Pas de cris, pas de hurlements. Jessian est sereine, calme et, surtout, elle ne t'en veut pas. Mais ce calme ambiant vient de se rompre à l'instant où un homme entre avec perte et fracas dans la chambre. Tu comprend rapidement qu'il s'agit du père de Morgane. Tu l'observe du coin de l'oeil. Il n'a pas tellement le profil type d'un père mais bon, il en faut pour les styles. Tu t'explique le premier et Jess ne tarde pas à répliquer en appuyant tes dires. Tu pris pour qu'un médecin, ou au moins une infirmière arrive rapidement et te sorte de là. Ce type te fait clairement sentir que t'es de trop et que t'es pas prêt de garder sa fille de si tôt. Ce n'est pas à lui d'en décider. Il n'est rien pour toi, juste le père de Morgane. C'est à Jess de décider si t'es apte à garder sa fille ou pas. Et à en juger par son ton calme et ses paroles, t'en déduis qu'elle continuera à te laisser Morgane de temps en temps. « Vu que vous n’avez pas pu faire le gâteau, vous voulez que j’aille chercher quelque chose pour goûter ? » T'as envie de hurler de rester ici, de ne pas te laisser seul avec son ex mari. Il serait bien capable de te refaire le portrait cet idiot. "J'nsais pas ! J'ai pas des yeux derrière la tête." Dis-tu en prenant un ton légèrement hautain afin de lui montrer qu'il ne te fait pas peur. "– Il ne peut pas y aller, lui ? " Tu soupire face à sa réponse. Tu as bien envie de lui demander de partir, après tout c'est Jess que t'as prévenu pas lui. Il s'agit du père de Morgane, c'est toi qui est de trop dans cette pièce. Morgane te prend la main et prend la parole. "Faut pas se fâcher. Vais bien moi !" On dit souvent que la vérité sort de la bouche des enfants, la preuve est là aujourd'hui. Tu te racle la gorge, tout en fixant le père de la gamine. "Ecoute, j'comprend que tu sois énervé de savoir ta fille à l'hôpital mais elle va bien j'te jure. J'pouvais pas prévoir qu'un mec allait nous couper la priorité. J'te demande pas de m'apprécier, jm'en fiche un peu en fait !" Tu hausse les épaules et viens t'assoir dans le fauteuil derrière toi. Ton dos a pris cher pendant le choc et t'as réellement besoin de t'assoir. Ça t'ennuie déjà assez comme cela d'avoir eu cet accident, ce mec n'a pas besoin d'en rajouter. "Qui veut un café ?" Tu bondis sur tes pieds, prêt à les laisser tranquille le temps qu'il parle de tout ça.

Il fut rapidement clair pour toi alors que vous étiez tous les quatre dans cette chambre d’hôpital que ta mission allait être d’éviter un affrontement entre Abel et John. Tu n’avais jamais vraiment envisagé qu’ils se rencontrent un jour même s’ils auraient pu se croiser à un anniversaire de Morgane. Mais John avait eu son mot à dire sur ton mariage avec Abel et sur Abel lui-même à l’époque et cela ne t’étonnait pas de les voir se sauter à la gorge maintenant qu’ils étaient dans la même pièce et alors que la santé de ta fille était en jeu. « Comment elle s’est faite une commotion sur le crâne si elle était bien attachée dans son siège auto ? » Tu pouvais sentir le venin dans les paroles d’Abel mais tu te retins de soupirer. Ce n’était pas avec ce genre de questions que vous alliez calmer la tension. Tu doutais que John ait été assez idiot pour ne pas attacher ta fille qui aurait finit contre le pare-brise si c’était réellement le cas. « J'nsais pas ! J'ai pas des yeux derrière la tête. » Cette fois tu te tournes vers John et tu lui jettes un regard assassin. Sérieusement ? Il veut lui aussi jouer à ce jeu ? Décidant de couper court de suite à cette histoire, tu dis : « Elle a dû faire un petit saut en avant et sa tête a dû rebondir sur le siège auto qui n’est pas en papier. Si Morgane n’était pas attachée, elle serait dans un pire état. » Pour ne pas faire peur à ta fille, tu ne mentionnais pas qu’elle serait sans doute en salle opératoire à l’instant si elle n’avait pas été tuée sur le coup. Tu essayais de communiquer à travers ton regard à Abel que son comportement n’était pas en train d’aider. Pour essayer de calmer le jeu, tu proposais d’aller chercher quelque chose à grignoter pendant que vous attendiez le médecin. Tu ne sais pas encore quel impact aura cet accident sur la place de John dans la vie de Morgane mais il n’est pas en train de marquer des points avec Abel ça c’est certain. « Il ne peut pas y aller, lui ? » Tu serres les dents pour ne pas leur crier dessus à tous les deux et ce que tu veux éviter finit par arriver, Morgane a bien compris que la situation était loin d’être apaisée entre son père et John. « Faut pas se fâcher. Vais bien moi ! » Tu t’approches de Morgane, toujours dans les bras de son père et tu déposes un baiser sur son front : « Bien sûr que tu vas bien ma belle. C’est papa et tonton John qui sont idiots. Ce sont des garçons, il faut leur pardonner. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil complice. Tu te fichais qu’ils se cassent la figure à l’extérieur s’ils en avaient envie mais tu ne voulais pas qu’ils continuent de jouer à ça devant Morgane. Elle n’avait peut-être que quatre ans mais elle était plus intelligente que ce qu’elle laissait entendre. « Ecoute, j'comprend que tu sois énervé de savoir ta fille à l'hôpital mais elle va bien j'te jure. J'pouvais pas prévoir qu'un mec allait nous couper la priorité. J'te demande pas de m'apprécier, jm'en fiche un peu en fait ! Qui veut un café ? » Tu ne commentes pas sur la première partie de sa phrase, tu te décides simplement à lui dire : « Trois cafés et un chocolat chaud s’il te plaît. N’hésite pas à prendre quelques petites friandises à grignoter également. Merci John. » Lui dis-tu simplement avant de le laisser partir à la recherche de ces petits plaisirs qui, tu l’espérais détendraient l’atmosphère. Te tournant vers Abel, tu lui dis : « Je comprends que tu sois énervé mais ce n’est pas le moment de régler tes comptes avec John. » Dis-tu en posant un regard sur votre fille, espérant être assez claire. « Attendons de voir un docteur avant de sauter sur des conclusions hâtives. » Dis-tu avant de reprendre place dans le fauteuil près du lit d’hôpital. « Tu pourras passer la soirée à la maison si tu veux. » Dis-tu à Abel espérant que cette proposition le calme un peu même si tu en doutais fortement.

Tout ce qui comptait pour toi c’était de préserver Morgane de ce climat de tension. Même si Abel n’avait pas à apprécier John, Morgane l’aimait beaucoup de son côté et tu ne voyais pas d’un bon oeil ce qui était en train de se passer entre les deux hommes. Ton explication sur la bosse de votre fille sembla calmer Abel. Tu aimerais être aussi rassurée que tu sembles l’être mais ce n’est pas le cas. Tu as désespérément envie de voir un médecin pour qu’il te rassure. Mais tu as appris que laisser ton inquiétude et ton stress transparaître dans tes paroles et tes gestes n’était pas la meilleure manière de gérer la situation. Quand Morgane sera dans son lit, quand elle dormira tranquillement, tu auras l’occasion de craquer pour laisser tout ce stress s’évacuer. « C’est pas histoire d’être énervé en vrai, bouff- Quand ta gosse est à l’hosto, la priorité c’est en effet de savoir comment elle va. Et j’ai pas encore vu de doc’ pour me le confirmer, ok ? Et tu ne devrais pas tant que ça te foutre du fait que je t’apprécie ou pas, mec… Genre, vraiment. » Tu n’as pas besoin d’être un génie pour comprendre ce que ces paroles veulent dire. Tu sais qu’une conversation avec Abel se prépare, qu’il te demandera de ne plus laisser Morgane à John très certainement. Tu ne sais pas encore comment tu vas gérer cette situation, tu n’as envie de blesser personne. Tu sens les reproches dans chaque parole d’Abel mais il devait assez te connaître pour savoir que tu ne laisserais pas ta fille à des inconnus qui pourraient la mettre volontairement dans des situations dangereuses. Ce n’était pas toi tout simplement. Tu finis par envoyer John vous chercher des cafés et des petites choses à grignoter pour essayer de calmer les tensions. Mais la remarque que tu fis à Abel à ce sujet ne fut pas bien prise par ton ex-mari, chose que à laquelle tu aurais dû t’attendre car tu n’avais jamais pu le raisonner. « Je règle mes comptes avec lui ? Mais… Tu l’as entendu en fait ? Le mec il est tranquille t’sais. Ouais j’suis à l’hôpital avec ta fille, pas besoin d’en faire tout un drame, c’est pas ma faute ! Mais fuck ouais ! Je l’emmerde ! Il devrait baisser la tête t’sais au lieu de parader ! Et même s’il n’est pas en tort putain ! Sérieux, ça m’soule de ouf ! C’est qui ? Tu l’connais d’où ? ça se voit qu’il a pas d’gosses lui putain. » Tu as envie de soupirer mais tu te retiens. Tu peux comprendre la colère d’Abel, tu comprends son inquiétude car tu es toi aussi terrifiée à l’idée que tu aurais pu perdre Morgane, à l’idée qu’elle puisse avoir quelque chose de grave. Toutefois, ce n’est pas pour ça que tu te vois sauter à la gorge de John qui s’en veut déjà, tu peux le voir. Cela ne va rien arranger et surtout ne rien changer au passé. Tu laisses un sourire se dessiner sur tes lèvres alors que tu vois l’échange entre Abel et ta fille. Il est évident pour toi à cet instant que tu as fait le bon choix en ne les séparant pas, en t’opposant au conseil de tes parents de sortir Abel de la vie de ta fille. « Tu crois que je ne suis pas inquiète ? Que ça me fait plaisir d’être là ? » Finis-tu par demander à ton ex-mari. « John n’a pas d’enfants certes mais je le connais depuis que je suis môme. C’était mon babysitter et il a déjà gardé Morgane à de nombreuses reprises sans qu’il ne lui arrive rien. Je peux comprendre que son attitude t’énerve mais ce n’est pas le moment de s’énerver, cela ne va rien changer. » Dis-tu en essayant d’être la voix de la raison. Tu ne voulais pas que la situation dégénère, tu voulais qu’on te rassure sur l’état de santé de ta fille et que tu puisses rentrer chez toi. Tu auras l’occasion de discuter avec John de la situation plus tard. « Et j’aurai l’occasion de discuter de tout cela avec John également. » Ajoutas-tu en haussant les épaules. Tu ne voulais pas qu’Abel pense que tu prenais le parti de John, ce n’était pas le cas. A tes yeux, il n’y avait pas de parti à prendre de toute manière dans cette situation. Pour essayer de calmer le jeu, tu proposais à Abel de venir passer la soirée chez toi. Ce sera un moyen pour lui de s’assurer que Morgane va bien et il est peut-être temps d’essayer de se retrouver de nouveau dans la même pièce, rien que tous les deux pour vous prouver que vous pouviez le faire. « J’veux bien ouais. » Tu hoches la tête sans rien ajouter. Tu peux voir le grand sourire qu’affiche Morgane dans les bras de son père. Tu ne sais pas si c’est une bonne idée, c’est peut-être une très mauvaise idée mais vous allez devoir trouver un équilibre un jour de toute manière. « Parfait ! J’espère que nous allons bientôt voir un médecin. » Dis-tu en passant délicatement la main dans les cheveux de ta fille. A peine avais-tu prononcé ces mots que des coups furent frappés à la porte de la chambre.

Il était inévitable que tu viennes faire la connaissance d'Abel, cet homme qui se trouve être l'ex mari de Jessian et le père de Morgane. Le rencontrer à l'hôpital après avoir eu un accident ave sa fille n'est certainement la meilleure rencontre qui soit. La pauvre Jess, elle va devoir se trouver entre son ex mari et toi. Tu ne lui demande pas de choisir l'un ou l'autre, il s'agit quand même du père de sa fille. L'homme en question te fait clairement comprendre que t'es pas le bienvenue, il ne cesse de te lancer des piques afin que tu fiches le camp. Comme si t'allais le laisser faire. Jamais personne n'a réussis à te faire faire ce qu'il souhaitait que tu fasses, ce n'est pas cet homme qui va y parvenir. Abel doit avoir à peu près l'âge de Jess, c'est à dire à peine trente ans. T'en as quasiment quarante toi et il n'est pas question de le laisser avoir le dessus sur toi. Il a certes été marié et a une fille, ça ne lui donne pas le droit de te parler de la sorte. Un peu de respect pour ses aînés. « Elle a dû faire un petit saut en avant et sa tête a dû rebondir sur le siège auto qui n’est pas en papier. Si Morgane n’était pas attachée, elle serait dans un pire état. » Heureusement que Jessian t'apprécie et prend ta défense même si tu te doute que cet accident aurait des conséquences sur votre amitié. La jeune femme sera certainement plus froide quant au fait de te confier Morgane dorénavant. Putain d'automobiliste ! Si tu le tenais entre tes mains, tu lui referais le portrait. Morgane semble peinée de te voir te disputer avec son père, il n'a qu'à pas être si froid et si bête. Ça arrive les accidents, il ne pourra toujours couver sa fille comme il le fait. Néanmoins, même si tu n'as pas encore d'enfants, t'imagine la douleur qu'il doit ressentir de savoir sa fille avoir été victime d'un accident de la route. Tu serais probablement dans le même état d'esprit -voire pire- qu'Abel si cela avait été ta fille à la place de Morgane. « Bien sûr que tu vas bien ma belle. C’est papa et tonton John qui sont idiots. Ce sont des garçons, il faut leur pardonner. » Tu souris à la remarque de Jessian. Elle n'a pas tort, Abel et toi vous vous comportez comme deux enfants. Deux mâles qui tentent de marquer leur territoire. Sauf qu'il n'y a aucun territoire à marquer ici. Jessian est ton amie depuis qu'elle est haute comme trois pommes et t'apprécie beaucoup la compagnie des deux demoiselles. « Trois cafés et un chocolat chaud s’il te plaît. N’hésite pas à prendre quelques petites friandises à grignoter également. Merci John. » Tu hoche simplement la tête et pars chercher la commande que vient de te passer Jess. Tu ne perds pas une minute, c'est toujours appréciable de fuir une situation pesante et là, t'as bien du mal à garder ton calme face aux remarques déplacées et blessantes de son ex mari. Ok, il est énervé de trouver sa fille à l'hôpital. Mais il n'y a pas mort d'hommes, Morgane va bien. Quelle journée ! Toi qui pensais t'occuper de Morgane tranquille à faire des pâtisseries avant de les dévorer devant un bon disney, te voici à l'hôpital entre une Jessian plutôt calme et son ex mari qui ne cesse de te montrer à quel point il te déteste. À la cafétéria de l'hôpital, tu prend de quoi se ravitailler. Durant de courtes minutes t'as hésité à rejoindre la petite famille dans la chambre qu'ils occupent et puis finalement, t'as décidé de les rejoindre. Tu sais que tu vas avoir le droit à un sermon de la part de ton amie mais tu le tolèreras un peu plus venant d'elle que du père de la fillette. A l'instant où tu viens à pénétrer dans la chambre, un médecin vient à sortir. Tu le salues d'un simple signe de la tête avant de refermer la porte. Tu poses les ravitaillements sur la table et viens faire face à Jessian mais aussi à Abel. "Ecoute, j'suis désolé pour ce qui est arrivé à Morgane.." Commences-tu par dire à l'attention de l'homme surtout. "J'comprends que tu sois énervé, j'serais certainement dans le même état si j'avais un gosse et qu'il était à l'hôpital avec un type que j'connais pas." T'aurais certainement également traité ta partenaire ou ex partenaire de folle de le laisser dans les bras d'un inconnu. Morgane vient te sauter dans les bras et te fais un bisou sur la joue." Te pardonne moi tonton. Pis surtout que t'as pris des cookies et moi j'adore !" Tu souris faiblement et la repose à terre, elle vient directement pioché dans le paquet un cookie. Tu reste face à l'ancien couple, les mains dans les poches.

Il fut un temps où tu aurais réagi comme Abel. Tu te souviens encore de ces années où tu laissais tes émotions prendre le dessus sur tout le reste. Tes émotions dictaient tes comportements et cela n’a pas eu que du mauvais mais avec l’arrivée de ta fille dans ta vie, tu n’avais pas pu continuer ainsi. Si tu avais écouté tes émotions, Morgane ne serait pas là aujourd’hui car tu aurais avorté tout simplement. Terrifiée à l’idée de devenir mère, à l’idée d’infliger une grossesse à ton corps, à l’idée que cet enfant changerait tout dans ta vie, cela aurait été le plus facile. Et pourtant, tu ne l’avais pas fait. Premier pas d’une transformation qui s’était effectuée tout au long de ta grossesse. Une maturité gagnée en quelques mois qui vinrent se cracher sur l’absence de maturité chez Abel. Oh tu l’aimais comme une folle mais tu avais besoin de lui et il n’a pas répondu présent, pas comme tu en avais besoin en tout cas. Alors aujourd’hui, lui aussi grandi mais petit à petit, plus doucement et tu vois ses émotions prendre le dessus avec John alors que Morgane est légèrement blessée. Tu le comprends, toi aussi tu aimerais t’énerver sur John parce que c’est la cible facile, parce que dans cette situation, il n’y a que lui à blâmer. Toutefois, il faut peser ses mots. Certains font plus mal que d’autres et tu n’as pas envie de trop blesser John qui s’en veut lui aussi. « J’ai pas dit ça… » Tu ne dis rien, contente qu’il l’admette. Ce n’était pas parce que tu n’étais pas en train de lancer des insultes et des remarques à John que tu n’étais pas inquiète et que tu ne lui en voulais pas. Mais les accidents arrivent à tout le monde. Cela aurait pu être toi dans la voiture à ce moment-là et tu n’aurais pas fait les choses différemment de John. Il avait fait tout dans les règles de l’art vu que Morgane avait été très rapidement amenée aux urgences. Tu souris d’ailleurs à ta fille, dégageant une mèche de ses yeux alors qu’elle était blottie contre son père. « Et tu vas lui dire quoi ? D’excuser l’attitude puérile de ton ex-mari parce qu’il ne sait pas se contrôler le crét… Si le mec est pas capable de comprendre que ce n’est pas le moment de parader vu les circonstances, j’vais pas le laisser faire sagement. Tu m’connais en plus. » Tu retiens un soupir. Pourquoi faut-il qu’Abel pense que tu allais toujours tout faire contre lui ? Ce n’était pas le cas et tu comptais bien discuter de la situation avec John mais pas de la manière dont il le pensait. Pour toi, aucun des deux hommes n’était innocent et tu cherchais à les calmer tous les deux pour apaiser Morgane, pas pour une autre raison quelconque. « Je ne cherche à excuser ni lui, ni toi. Tout ce que je veux c’est que notre princesse n’ait pas encore plus mal à la tête en vous entendant crier. » Dis-tu simplement en espérant qu’Abel comprenne où tu voulais en venir. De toute manière, tu ne pouvais pas développer car quelques secondes après que tu aies terminé ta phrase, un médecin fit son apparition dans la chambre. « Les parents de Morgane je présume ? » Tu hoches la tête avant de dire : « Tout à fait. » Tu le laisses ensuite poser des questions à votre fille et faire quelques examens le laissant noter ce qu’il voulait dans les feuilles qu’il avait amené avec lui. Quand il sembla satisfait, il se tourna vers vous pour vous dire : « Bien, elle n’a pas perdu connaissance et a été amené directement ici. Les premiers signes ne démontrent rien d’alarmant ou de grave. Comme il y a eu un choc à la tête, nous préconisons une surveillance accrue les 48h premières heures. Il faudra être vigilant, surtout en cas de vomissements ou d’étourdissements. Ma collègue va vous faire passer une feuille de surveillance où tout est résumé. Elle reste avec vous demain ? Ce serait bien qu’elle ait un membre de la famille avec elle, surtout après un tel choc. » Tu sens le regard qu’Abel pose sur toi et ton emploi du temps le lendemain n’est pas le plus tranquille mais vous alliez trouver une solution. « Merci docteur, nous allons attendre que votre collègue passe nous donner les dernières consignes. » Lui dis-tu avec un petit sourire. Inutile pour toi de préciser que vous alliez suivre à la lettre ses recommandations, la santé de Morgane passait avant tout le reste. « J’ai des rendez-vous à l’agence le matin que je peux reprogrammer mais j’ai un photoshoot l’après-midi que je ne peux pas louper. Tu es disponible demain ou pas du tout ? » Tes parents pourront certainement garder Morgane quelques heures si jamais vous étiez dans une impasse niveau emploi du temps. Déposant un baiser sur le front de Morgane, tu lui dis : « On va pas tarder à rentrer ma puce et tu vas pouvoir te reposer. » Tu comptais bien lui faire un petit quelque chose à manger avant de la mettre au lit. Tu savais déjà que les prochaines 48h s’annonçaient épuisantes, tu n’allais pas arriver à fermer l’oeil …Et puis la porte de la chambre s'ouvre de nouveau et John refait son entrée avec les victuailles qu'il est allé chercher. Il les pose sur la table près du lit avant de dire à Abel : « Ecoute, j'suis désolé pour ce qui est arrivé à Morgane.. J'comprends que tu sois énervé, j'serais certainement dans le même état si j'avais un gosse et qu'il était à l'hôpital avec un type que j'connais pas. » Tu n’es pas certaine que John soit en train d’arranger son cas mais il essayait moins de faire un pas vers Abel et de calmer la situation ce qui était déjà pas mal à tes yeux. Morgane semblait de son côté ne pas en vouloir à ton ami. Prenant une grande inspiration, tu dis : « Et si nous quittions cette chambre ? Abel et moi devons passer par la réception pour signer les papiers mais il est temps de rentrer se reposer. » Dis-tu en buvant la fin de ton café d’une gorgée.

Tu comprend très bien la réaction d'Abel. Tu n'as pas d'enfants, néanmoins tu sais que si tu venais d'apprendre que ton enfant a eu un accident avec un ancien ami de ta compagne -ami que tu ne connais pas- tu péterais toi aussi un câble. Tu sais déjà que tu ne seras pas comme ton père. Tu ne laisseras jamais ton enfant se débrouiller et grandir tout seul. Tu seras toujours présent pour lui. Qu'il soit heureux ou malheureux, qu'il est des ennuis ou, au contraire, que tout aille bien pour lui. Tu seras un père différent du père, ça c'est certain. Tu t'occupe déjà assez bien de Morgane, sa mère n'a jamais eu à se plaindre de toi. Sauf aujourd'hui. Tout ça à cause d'un accident de voiture dont tu n'es même pas en tort. T'aurais sans doute préféré l'être, au moins Abel aurait une vraie raison de te refaire le portrait. Jessian tu l'as vu grandir et même si vous avez été séparés durant des années, t'es content que cette relation qui vous lie depuis qu'elle est haute comme trois pommes perdurent dans le temps. Mais aujourd'hui, tu ne sais pas si la jeune femme va tirer un trait sur votre amitié à cause de cette erreur que tu as commise. Elle serait dans son droit. C'est tout de même sa fille qui se trouve en ce moment-même à l'hôpital même si Morgane n'a rien à part une jolie bosse sur sa petite tête. Tu tentes vainement de t'excuser auprès de l'ex mari de ton amie même si tu te doute bien que ça ne va clairement pas suffire à le faire changer d'avis sur toi. T'aurais essayé au moins. – Ok, ça va. T’étais pas en tort toute façon alors bon… C’pas ta faute au final. Contre toute attente, Abel ne s'énerve pas. Il est même plutôt calme. Que s'est-il passé en ton absence ? Jessian lui aurait-elle remontée les bretelles ? Connaissant le caractère bien affirmé de la jeune femme, cela ne t'étonnerais pas. Mieux vaut être son ami que son ennemi, t'es bien content d'être du bon côté de la barrière pour le coup. Tu en réponds rien à Abel, tu te contente de lui adresser un signe de la tête en lui souriant. « Et si nous quittions cette chambre ? Abel et moi devons passer par la réception pour signer les papiers mais il est temps de rentrer se reposer. » Tu hausse les épaules avant de reprendre ta veste en cuir posée sur le fauteuil de la chambre. "Pas de soucis. Je dois y aller de toute façon, faut que je m'occupe de cette épave qui me sert encore de voiture .." Tu n'es pas certain de t'en racheter une, pas pour le moment du moins. T'es très bien sur ta bécane et au moins, ça te fera une dépense en moins. Toi qui espérait passer une chouette après-midi en compagnie de Morgane, c'est raté. Vous aviez même prévu de faire des pâtisseries avant de sortir faire un tour au parc de la ville. Le destin en a jugé autrement. Il a un incroyable sens de l'humour quand même le destin. En un battement de cil, le programme de ta journée qui était prévu peut s'envoler instantanément. – Allez-y, j’vais récupérer les documents. T’es venue comment Jess ? Tiens, je te file mes clés, j’suis garé sur le trottoir en face de l’hôpital. J’vous rejoins ! Abel éclipse aussitôt, sans demander son reste. Tu viens poser ton regard sur ton amie, une main qui gratte le sommet de ton crâne. "Si tu savait comme je m'en veux Jess .." La jeune femme ne va pas tirer un trait sur votre amitié pour si peu, du moins tu ne l'espère pas. Néanmoins, t'es bien conscient que cet accident ne te fera pas gagner des points. Elle va réfléchir à deux fois désormais avant de te confier sa fille durant quelques heures. Tu souris faiblement à ton amie. Tu t'approche de Morgane et fait un bisou sur sa joue de petite fille. À en juger par son sourire, on ne dirait pas qu'elle a eu un accident quelques heures plus tôt.

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